Billet invité.
Nous avions, d’un côté, les USA et ses feuilles de décor cinématographiques, de l’autre, un monde où l’on nous promettait de raser gratis, mais mal et à condition de faire longtemps la queue. Nous sommes aujourd’hui devant l’inconnu…
UN MONDE A LA DERIVE
Le dollar a brusquement dégringolé, hier mercredi, lorsque Tim Geithner a considéré la proposition chinoise autrement que par un refus catégorique, alors que j’en étais resté à l’épisode précédent d’une mini ouverture. Cette actualité, décidément, galope. Le secrétaire au Trésor a dû très vite réviser ses propos et réaffirmer son ferme attachement à ce qu’il reste la principale monnaie de réserve, pour que la situation se rétablisse. En d’autre terme, si l’on comprend bien, envisager un compromis avec les Chinois sur les questions monétaires internationales, s’est s’exposer à une chute immédiate du dollar. Voilà la réponse faite par le marché aux Chinois, détenteurs de 2.000 milliards de dollars (estimés), qui vont prochainement subir la dévalorisation de l’inflation. Voilà bien une image de plus, mais édifiante, de la situation de blocage dramatique dans laquelle nous nous trouvons. Jusqu’où, dans ces conditions, va nous entraîner « le marché » ? Jusqu’au fond ?
Une conclusion s’impose désormais : il n’est plus possible d’attendre des USA de véritable solution à la crise actuelle, comme beaucoup l’espéraient. Souvent d’ailleurs en s’appuyant sur l’espoir qu’a fait naître, aux USA d’abord, mais aussi dans le monde entier, l’élection de Barack Obama, l’assimilant abusivement avec la réalité d’un pouvoir qu’il occupe plus qu’il ne le détient.
Cette constatation laisse la crise intacte et ceux qui croyaient en cette issue, un peu orphelins et démunis, sans sauveur de rechange. La dynamique qu’elle va engendrer, toujours aussi incertaine, n’en va être que plus cruciale, mais que peut-on en escompter ?
Sans attendre de le savoir, il est notable que les énormes résistances à l’adoption de mesures radicales que l’on enregistre, seules solutions à la crise, ont toutes les chances non seulement de la prolonger, mais de l’accentuer. Au nom de la préservation des intérêts du « monde de la finance » (cette entité abstraite et mystérieuse), la crise économique est exacerbée, ainsi que ses conséquences sociales, d’incertaines traductions politiques en sont attendues ou plus souvent redoutées.
Nous vivons une époque étonnante. Encore marquée dans nos têtes par la guerre froide USA-URSS, l’équilibre de la terreur disait-on, alors que ses deux protagonistes s’écroulent successivement sous nos yeux, l’un après l’autre, minés par leurs propres contradictions et impasses. C’est donc cela : ils étaient chacun leur meilleur et plus impitoyable ennemi ! Ce n’est pas comme cela que cela nous était présenté.
Pour poursuivre sur cette lancée, devons-nous craindre que, comme l’a été la suite de l’effondrement de l’URSS, celle du capitalisme financier que nous connaissons maintenant ne va pas être plus glorieuse ?
Un grand vide succède à cette ère révolue, que l’on comble aujourd’hui en parlant de monde multipolaire, ou bien dominé par le multilatéralisme, si l’on est diplomate, après un long tunnel peuplé de « néocons ». Nous en avons émergé, pour partager un monde dans lequel sont charriés beaucoup de phantasmes, de peurs et de confrontations, faute d’arbitre ou de pouvoir dominant et rassurant. Où tout semble pouvoir être remis en question, même les situations les plus établies, mais pas nécessairement en bien. Où les repères font défaut, après que les idéologies se sont effondrées, au profit de cet ersatz pathétique qu’est le « néo libéralisme », dont les dogmes destructeurs viennent d’être balayés à leur tour. Où l’intolérance redevient une vertu et où les déshérités frappent avec insistance à nos portes, quand ils ne sont pas résignés, nous incitant trop souvent à faire mine de ne pas les entendre, ni même les voir. Sans que nous sachions nous-mêmes à quel saint nous vouer, derrière les murs de quel Etat nous réfugier, ou de quelle communauté, le risque étant que nous construisions notre propre prison, aidé par quelques bonnes âmes que nous élisons. Et que nous rejetions encore plus loin les déshérités que nous côtoyons, si nous ne finissons pas par les rejoindre.
Nous avions, d’un côté, les USA et ses feuilles de décor cinématographiques, de l’autre, un monde où l’on nous promettait de raser gratis, mais mal et à condition de faire longtemps la queue. Nous sommes aujourd’hui devant l’inconnu, qui fait toujours un peu peur, face à face avec des civilisations et des cultures qui nous sont étrangères, des pays où le contrôle social emprunte des formes qui ne nous sont pas familières et que nous ne voulons pas subir. Devant les méfaits de notre propre héritage, d’un monde émergeant construit autour d’une très grande inégalité sociale endémique, responsable de l’appauvrissement des richesses de la planète, après que nous lui avons montré la voie et incité à la poursuivre, producteur, dans notre société devenue si normative, de dérèglements en tout genre et à des niveaux jamais atteints, climatique, culturel et social. Un monde, enfin, qui nous est promis d’une certaine manière, après que nous ayons cherché à le contenir, où l’Etat y est l’expression fruste d’un pouvoir très peu partagé, alors que s’y développe une informalité économique et sociale échappant à l’emprise de ce même Etat, telle une condition nécessaire et indispensable à la survie de ceux d’en bas. Tristes tropiques.
Désorientés, nous essayons d’analyser les confrontations d’intérêt, en cours ou à venir, scrutant les pays et les blocs qui peinent en ce moment à trouver leur voie pour y trouver notre place. Nous recherchons dans l’histoire, telle que nous la percevons, souvent remplie de préjugés et de fausses vérités, des clés d’analyse, des certitudes un peu péremptoires derrière lesquelles nous nous réfugions faute de mieux.
L’URSS est morte, les USA vont mal et nous ne nous sentons pas très bien. Il y a comme un malaise dans la civilisation. La Chine prend l’initiative, en tête des pays émergeants du fait de sa puissance, nous le constatons mois après mois. A sa manière, au nom de la défense de ses propres intérêts, apportant dans la corbeille non seulement ses réserves financières et ses excédents monétaires, mais aussi ses exigences de reconfiguration des règles de fonctionnement du monde et de ses échanges. Ainsi que ses propres travers et déséquilibres, dont nous redoutons les effets pour avoir commencé à les subir. Mais qui l’atteignent en premier lieu : il y aurait 25 millions de travailleurs émigrés de l’intérieur, au chômage depuis le début de la crise.
La mondialisation a fait en quelques décennies des pas de géant, cela devrait nous inciter à adopter une nouvelle grille d’analyse que celle reposant sur des affrontements nationaux ou de blocs. Revenant pour cela à cette dynamique de la crise évoquée plus haut, en se demandant dans quelles conditions il serait possible d’en sortir par le haut.
Sans s’enivrer de mots et de prédictions hasardeuses, pour se demander sur quelles ressources les centres transnationaux du pouvoir économique et financier, qui n’ont été encore que très partiellement dévoilés, peuvent toujours s’appuyer pour imposer que le monde continue de fonctionner suivant leurs règles et selon leur logique destructrice, quitte à y faire encore beaucoup de dégâts ? Et sur quels refus et prise de conscience collectifs pouvons-nous compter pour s’y opposer, profitant des déséquilibres que la crise occasionne et des opportunités qu’elle offre, pour favoriser l’émergence d’une autre voie, bien que celle-ci ne se dessine encore qu’à peine, et que cela semble bien présomptueux quand on y pense, encore plus quand on l’écrit ?
35 réponses à “L’actualité de la crise : Un monde à la dérive, par François Leclerc”
Ça bouge et pas qu’ici : voyez le programme du Yéti sur rue89.com.
Où l’on trouve « ou encore le sociologue-anthropologue américain Paul Jorion »
Vous êtes Etats-Unien, Paul Jorion ? Je vous croyais citoyen belge.
Mais croyez-vous que ce monde de la finance soit prêt à aller jusqu’à la guerre ?
Par ailleurs des situations burlesques, surtout le commentaire du Wall Street Journal :
Démission de 2 dirigeants d’AIG à Paris
AP
26/03/2009
Deux dirigeants à Paris du groupe AIG, l’assureur sauvé de la faillite par l’Etat américain, ont démissionné la semaine dernière de leurs fonctions.
Dans un communiqué confirmant une information initialement donnée par le « Wall Street Journal », AIG a indiqué que Mauro Gabriel et Jim Shepard, respectivement directeur général et vice-président de la Banque AIG, basée à Paris, ont quitté leurs fonctions le 20 mars.
Selon le « Wall Street Journal », ces départs pourraient entraîner des défauts de paiements de 234 milliards de dollars de transactions dérivatives si des remplaçants ne sont pas trouvés. AIG a affirmé jeudi que les deux hommes avaient accepté de conserver leurs postes le temps d’assurer la transition avec leurs successeurs, même si l’on ne savait pas combien de temps cette situation perdurerait.
@ lacrise
Il y a eu la guerre des tranchées, du gaz moutarde et des charges de nids de mitrailleuse , puis celle des stukas, des panzers et des U-Boot, puis les charges légères aéroportées dans les rizières, puis encore les frappes chirurgicales et les avions furtifs, on nous annonce maintenant les robots mitrailleurs urbains. Mais l’arme privilégiée du monde de la finance, c’est une machine à faire de l’argent et à le distribuer à sa façon, qui est en réparation.
Le programme du Yéti:
Ayant déjà commenté son plan sur son blog http://yetiblog.org/index.php? je m’abstiens de le refaire ici.
@François Leclerc
Votre hypothèse d’une chute façon « jeu de domino » de l’URSS aux États Unis est audacieuse, mais je ne saurais dire pourquoi, elle me plaît.
@ lacrise
C’est burlesque, mais surtout instructif. Les 234 milliards de dollars en question, pour lesquels Banque AIG, filiale de droit français d’AIG Financial Products (par qui le malheur est arrivé), pourrait faire défaut. Cela déclancherait un cataclysme dans le système financier européen, si la Fed n’y veillait encore. Cette histoire, révélée par le Wall Street Journal, illustre comment les banques européennes, notamment françaises, ont pu faussement prétendre se porter bien, alors qu’elles avaient de gros soucis à se faire. C’est un jeu de poker menteur.
Contrairement à bien des fois où il a été dit: « plus rien ne sera comme avant », cette fois ça semble crédible… L’inconnu a un parfum… inconnu. Vraiment. Très beau texte, merci.
Pendant la guerre de cent ans, les Rois de France, pour financer la levée des troupes, rognaient la monnaie tout en imposant un cours forcé.
C’était la banque centrale.
A la différence de notre époque ils pendaient ou écorchaient les usuriers…Etaient-ils plus sensés?
Autres temps, autres moeurs…
Mais en ce 14 ème siècle les peuples n’étaient pas réduits à la misère par l’hyper-inflation;ils mourraient avant de la guerre ou de la peste…
@ Paul Jorion et François Leclerc
Cela bouge certainement ailleurs aussi, car ailleurs aussi sont les sources du monde de demain, ce monde que l’on espère multipolaire – euphémisme des diplomates que souligne justement François Leclerc.
Votre site est captivant. La discussion est y libre et vive, avec ce petit quelque chose de viscéralement francophile.
Mais je suis convaincu qu’il faut tenter de l’ouvrir à d’autres univers et schémas de pensée.
Certains sont proches : Allemagne, Russie, Proche-Orient… (les grands journaux allemands online titraient en une sur la décision de la FED il y a quelques jours lorsque les autres en Europe continentale se taisaient… pourquoi? l’explication par l’incompétence journalistique des autres est trop simple)
D’autres sont lointains : l’Inde, dont le silence est assourdissant, ou le Brésil et le Japon, par exemple.
Les billets percutants de Paul Jorion, les interventions à la fois denses et synthétiques de François Leclerc déclenchent des échanges musclés où l’on refait le monde (et cette fois, c’est urgent!). Cela devrait séduire bien au-delà du monde francophone, l’urgence aidant!
Création de rubriques « Inde », « Russie » ou autres – embryons de traduction compris ?
Qu’en pensez-vous?
réflexions et pensées intéressantes , bien que ce futur nous est connu …
J’ai particulièrement apprécié cette « ouverture » qui se dessine à travers votre texte… Plus exactement, cette ouverture qui nous offerte, dès à présent.
Un océan d’espoir dans un océan d’inconnu et de désespoir !
Merci Mr LECLERC .
Actuellement on assiste à un morcellement de tous les pouvoirs. Selon le domaine les dominants ne sont pas les mêmes. Il me semble que la géographie va reprendre ses droits. Les états vont multiplier les accords bilatéraux de proche en proche, chacun connaissant son voisin et sa réalité du moment bien mieux que les lointains. De même que l’EU doit composer avec divers pays de plus en plus lointains pour le gaz, la plupart des échanges se feront de gré à gré entre pays et les entités supra-nationales essaieront de maitriser ces accords pour éviter des guerres, militaires ou commerciales. Un pays comme le japon sera inexorablement aspiré par la chine, qui colonise commercialement toute l’asie. Le Japon ferait une excellente plate-forme d’intermédiation entre l’EU, les US-Canada-Mexique. Le Mexique lien avec l’amérique du Sud, tampon avec le nord. etc, etc. Les grands gagnants de demains seront ces pays liens entre univers culturels trop différents/lointains. La turquie est bien placée comme tampon avec les monde musulman, comme le liban l’a été longtemps avec sa multitudes de communautés confessionnelles.Le Maroc avec l’afrique de l’ouest. Les perdants? Ceux sans liens forts avec leurs proches. Si les USA perdaient leur orgueil et leur morgue, un monde de grands ensembles apparaitrait tres vite grace à une monnaie unique mondiale. Cela ne semble pas le cas. Alors ce sera chacun pour soi. Les USA semblent préférer etre roitelet de leur coté de l’atlantique plutot que de participer à un trium-vira.
Ca bouge aussi au G20 :
http://alternatives-economiques.fr/blogs/chavagneux/2009/03/23/le-g20-prepare-une-revolution-financiere/
Un extrait d’un article du WSJ en plein dans le sujet (article à lire en entier)
http://blogs.wsj.com/economics/2009/03/24/volcker-china-chose-to-buy-dollars/tab/print/
L’extrait annoncé, mis entre signes cabalistique (ajoutés par mes soins), n’a pas été pris. Ce n’est pas grave, l’article n’est pas très long …
Très court extrait issu du lien proposé par fnur:
« Le contenu de la liste noire des paradis fiscaux proposé par l’Ocde ne contiendrait pas la Suisse, le Luxembourg, etc. »
L’intérêt de stigmatiser les paradis fiscaux ne devient-il pas nul et non avenu dès lors qu’ils ne le sont pas tous? Est-ce que ça ne revient pas à mettre une rustine sur certains trous de la « chambre-à-air finance » mais pas sur d’autres?
Cynique, moi ? Jamais….
Les chinois ont plein de défauts. Outre qu’ils ont fait fuir le Yeti du Tibet, et qu’ils disent Tintin aux droits de l’homme (et aussi des femmes), ils sont nombreux, jaunes et mercantis.
D’ailleurs n’importe quel vrai syndicaliste ne peut que détester les jaunes. C’est ainsi depuis plus d’un siècle.
Merci à celui/celle qui rappellera, en détail, pourquoi.
Bref l’Empire du milieu (le milieu ça dit déjà tout- pègre & C°) (lol) à décidé de faire la peau aux cow-boys. C’est vache, mais bien vu.
Lorsqu’on réfléchi en termes de civilisation (et les chinois ont une longueur d’avance sur les successeurs de Christophe C.)
que pèsent 2000 milliards de dollars ?.
Citoyens aux abris.
@ Philippe Deltombe : « Création de rubrique « Inde », « Russie »… » Excellente idée, lancez vous !
Voyez, j’ai franchi le pas avec mon article « Candide au pays de l’or noir ». Spécialiste de rien, je me suis contenté de poser des questions. Certes je commence à connaître un peu le sujet… en amateur, mais n’ai aucune prétention particulière à ce propos, alors, grâce à cet outil extraordinaire qu’est internet, lancez vous ! Proposez un topo argumenté à Paul et « la nave va ».
Je pense d’ailleurs que la « révolution » des idées se fera en montant soi même aux créneaux. Pour l’heure nous sommes tous des francs tireurs partisans… du clavier !
Ce n’est pas le sujet du fil, mais on apprend tous les jours du nouveau à propos d’AIG.
1. Cuomo a diligenté une enquête à propos des versements d’AIG à 20 banques dont Goldman Sachs, la Société Générale et Deutsche Bank. Il suspecte une escroquerie. Il paraîtrait que ces banques ont été payées trop généreusement par AIG, avec l’argent du contribuable.
« AIG sold swaps to more than 20 U.S. and foreign banks. After the company was rescued by the U.S. from collapse last year, banks that bought credit-default swaps got $22.4 billion in collateral and $27.1 billion in payments to retire the contracts, the insurer said earlier this month. Goldman Sachs, Deutsche Bank and Societe Generale were among the largest recipients.
The letter from Cummings and 26 other members of Congress to Neil Barofsky, inspector general for the Troubled Asset Relief Program, asked whether holders received 100 cents on the dollar for their securities, a sum they wouldn’t be entitled to get unless their bonds actually defaulted. »
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aY7f0OgihLiQ&refer=home
Il y a aussi, bien sûr, la nouvelle ubuesque concernant la filiale française d’AIG. IL parait que le départ de deux de ses dirigeants serait considéré contractuellement comme une situation de défaut et obligerait théoriquement à dénouer les contrats CDS pour une valeur de 234 milliards USD.
http://www.lesechos.fr/info/finance/300339054-aig-234-milliards-de-produits-derives-en-risque-apres-le-depart-de-deux-dirigeants-a-paris.htm
@Alexis
ok! merci pour la suggestion
La « révolution financière » annoncée par Chavagneux m’a bien fait rire. Si j’étais banquier je proposerais à ma secrétaire comptable de bien vouloir étudier la mise en place de ces nouvelles règles pour l’année 2012.
Une petite liste à compléter de tentative de déstabilisation de l’Europe par les Yankees avant le G20 :
les actifs pourrris des banques autrichiennes vont mettre le système en l’air : cela a été bien précisé ici, c’est faux ;
le 26 mars soit 5 jours avant le G20 on apprend que AIG France va fiche le système bancaire Européen à terre : quelqu’un de compétent (pas moi !!!) pourrait-il vérifier et nous dire que penser réellement de cette info ?
le premier ministre Tchèque démissionne aujourd’hui alors qu’il assure la présidence Européenne : énorme : nous finirons par apprendre comment cette manipulation a été faite.
Bon, en attendant d’avoir faim, on s’amuse..
@ fnur
Très intéressant, le contenu de ce papier.
Quelques questions que je me pose:
– D’où ce monsieur tient-il ses informations? Cela semble, en effet, un peu plus ambitieux que les relativement vagues « déclarations de principes » dont on a pu avoir l’écho jusqu’ici.
– Surtout, comment comptent-ils faire passer ces règles de l’état de « chantier », à l’état de « régulation effective »
En d’autres termes, qui sera, ou serait, l’exécutif du G20? Comment des décisions prises par une instance informelle internationale pourraient se transformer en règlementations contraignantes aux différends échelons nationaux?
Quel régulateur, et à quel niveau, pourrait, par exemple rendre obligatoires les nouvelles règles en matière de réserves de capital obligatoire et/ou du pourcentage de liquidité de ce capital?
Il faut un relais permanent, pour mener ce genre de régulation. Le G20 n’en a pas (à moins que l’on ne confie ce rôle au FMI?). Sinon, tout cela ne reposera que sur la volonté politique des dirigeants de faire « redescendre » les règles dans leurs propres législations. Et on sait qu’un dirigeant politique, c’est un produit très périssable. La capacité de mener des projets à moyen/long terme, encore plus.
Mwouaip. Beaucoup de questions. Peu de réponses. On a l’habitude. Mais, enfin, on sera très bientôt fixés sur ce les « préparateurs » du G20 mitonnent exactement.
@ François Leclerc
Je suis toujours franchement épaté par votre capacité de synthèse. Mais aussi d’élargir la vision à la scène globale quand nous sommes tous focalisés sur des incendies locaux.
Mais, désolé, je n’ai pas de réponse à l’ensemble de la problématique, tellement complexe, que vous évoquez. Je me demande même s’il c’est possible d’élaborer une telle réponse. Compte tenu de nos (très) petits moyens, des rapports de forces actuels, de tout ce qui bouge déjà sous nos yeux. Que nous avons tellement de mal à appréhender et à comprendre.
Je reste partisan d’un certain pragmatisme en la matière. Il y a des choses sur lesquelles nous avons un peu de prise. Beaucoup d’autres sur lesquelles nous n’en avons pas du tout. En particulier, dans les quelques mois, ou années, où beaucoup de choses peuvent basculer d’un coté ou de l’autre, ce délai ne permettra pas de mettre sur pieds une réponse globale, relativement cohérente, et susceptible (le plus difficile) d’emporter l’adhésion de tant d’intérêts, souvent opposés, à l’ensemble de la problématique que vous décrivez.
Plus bref et plus brutal: on n’a pas le temps, ni les moyens, de refaire un monde entièrement nouveau dans le court laps de temps de cette « fenêtre historique ». Il faudra, je le crains, se contenter d’essayer de faire en sorte qu’il soit (un peu) moins mauvais. Ou, en tout cas, pas pire encore qu’il ne l’était avant.
En tant qu’individu, ma capacité d’influer sur le cours de l’histoire est infime. Il me semble difficile de faire autre chose, pour un individu, que de participer, modestement, à la réflexion collective. Ensuite, d’essayer de refléter cette réflexion et les pistes qu’elle ouvre dans mes choix de vie (en espérant un effet multiplicateur). Enfin, de m’assigner, aussi, un rôle de « relais d’information » afin d’essayer que ce questionnement, et les embryons de solutions qui en émanent, puissent toucher le plus de personnes possibles en dehors de moi-même. Là aussi en espérant un effet multiplicateur qui finisse par faire dévier l’inertie globale.
Ca n’est pas très ambitieux, j’en conviens. Mais je crains assez les trop grandes ambitions qui s’échouent si vite dans les sables mouvants des « projets » jamais réalisés. Le plus souvent parce que la réflexion (trop) à pris le pas sur l’action concrète.
Les USA ne peuvent parier que sur un effondrement de l’Europe de l’Est qui mettrait à mal les banques européennes (plus qu’elles ne le sont déjà) ou sur un effondrement politique de la Chine (toujours possible), effondrement qu’ils ne manqueront pas d’encourager si l’occasion se présente (façon polie de dire qu’en Europe ils ne ménagent déjà pas leurs « efforts »).
La Russie, qui avaité té réduite à rien, renaît de ses cendres (sous l’action de V. Poutine): l’alliance avec la Chine est sur le point d’être scellée (capitaux contre matières et énergie, sans parler des marchés…). L’ alliance que craignaient par dessus tout les Etats-Unis d’Amérique et les pays asiatiques est entrain de se réaliser… Reste à comparer le contenu des propositions russes et chinoises dont la quasi simultanéité n’est certes pas un hasard, les traces éventuelles de mésentente devront être examinées au peigne fin.
Il ne s’agit certes pas d’abandonner les USA à leur (triste) sort. Mais l’Europe doit comprendre qu’elle doit se tourner vers l’Est (sommes nous si sûr d’être plus américains que russes ou slaves?), qu’elle doit travailler avec l’Inde (racine spirituelle de l’Europe, et concurrente de la Chine), et qu’elle doit envisager à nouveaux frais et avec humilité sa relation avec l’Afrique (et cesser de parler et de donner des leçons de morale à tout bout de champ au lieu de financer infrastructures et projets), si elle ne veut pas être engloutie à plus ou moins long terme.
Le monde change. La main passe, comme on dit… Obama n’y changera rien.
@Champignac,
pas mieux comme réponse.
@françois Leclerc
merci pour ce dernier billet particulièrement synthétique… et finalement pas si pessimiste.
Pardon à Paul Jorion de l’avoir traité d’ « américain » sur mon blog et sur Rue 89 ! Erreur corrigée.
Merci abominable homme des neiges !
@ philippe Deltombe
C’est vrai que le silence de l’Inde est étonnant; est ce l’influence anglo-saxone qui la muselle ? Les nouvelles élites copiant le mode de vie américain ?Je ne maitrise pas suffisamment la langue anglaise pour me permettre de surfer sur les sites indiens , mais si vous pouvez le faire, je pense que votre idée d’extension est très intéressante, bonne pioche!….
@ Champignac
La chance que nous pourrons espérer avoir, c’est que la réaction à la crise dépasse celle-ci en raison de sa propre impasse.
Moi j’ai eu le même sentiment de dérive en écoutant Strauss-Kahn, hier. Il nous expliquait que beaucoup d’argent avait disparu d’un coup et que les etats devaient perfuser les banques sinon elles allaient avoir des caillots sanguin qui allaient faire une trombose economique. Mais où est passé le pognon disparu? il l’a pas dit. Pourquoi le pognon perfusé n’irait pas rejoindre celui qui a disparu on sait pas où? il l’a pas dit. Comment une perfusion peut elle dissoudre les caillots sanguins? il en a pas parlé..
Aprés DSK nous a fait miroiter une économie mondiale qui allait ressortir de la crise plus solidaire, ecolo verte et tiermondiste de l’amour fraternel, on sait pas par quel miracle de Lourdes. Vu la réputation du DSK, les bisounourses devraient plutot s’acheter des caleçons en zinc avec fermeture à code, parce que quand il est enjoleur comme ça, c’est qu’il va bientot se lacher.