Billet invité.
La gestion de la crise des années 2010 : Grand retour de l’Etat ou utopie post politique ?
C’est semble t-il la question posée par Pierre Dardot et Christian Laval dans leur essai sur la société néolibérale : « La nouvelle raison du monde » (La Découverte , Janvier 2009). La question est sans doute dans l’air du temps et dans la plupart des pays on ne parle plus que du grand retour de l’Etat.
Et cette interrogation est essentielle pour qui veut comprendre en profondeur ce qui nous attend dans la gestion de la crise des années 2010 et son issue. Le diagnostic de la crise est maintenant assez bien établi. Ce qui l’est moins est le point de départ. S’est ‘elle déclenchée dans un univers déréglementé, ou, au contraire, dans un univers encore très largement keynésien ?
Utilisons la grille classificatoire de F Hayek pour répondre à cette question. Comme on le sait, ce prix Nobel de sciences économiques a construit une théorie des ordres sociaux dans laquelle il oppose classiquement les ordres où le mode de coopération dominant entre les hommes est la hiérarchie, d’une part , et les ordres où ce même mode de coopération est le marché, d’autre part.
L’irréalité des ordres purs.
Ce sont les règles fondamentales du jeu social qui distinguent ce qu’il désigne par les expressions « d’ordre organisé » et « d’ordre spontané ».
Dans le premier cas, celui de « l’ordre organisé » ces règles fondamentales sont finalisées, c’est-à-dire chargées de sens, et sont invitation, à construire un monde jugé souhaitable (construire l’égalité, la paix universelle, le socialisme etc.). C’est dire aussi que constructrices d’ordre qui est lui même une finalité précise, un souhaitable, voire un devoir, ces règles fondamentales seront aussi très prescriptives : elles précisent ce qu’il faut faire et comment il faut faire. Sans doute le droit est-il codification des gestes des hommes, mais ici ces derniers sont pris par la main et les règles les conduisent sur le chemin de la construction de l’ordre. Et puisqu’il y a un but, ces règles sont probablement émises par un pouvoir qui connait l’objectif à atteindre. L’ordre est ainsi probablement équipé d’un capitaine, qui sait où il va, et qui sait adapter les règles pour atteindre les objectifs. Ainsi ces règles ont t’-elles probablement été émises par un véritable centre de commandement qui contrôle leur application et qui est capable de les changer, ou de les faire évoluer, en fonction de la conjoncture.
Toute autre est la nature des règles fondamentales de l’ordre spontané. Les règles n’ont pas à dire ce qu’il faut faire, mais à l’inverse elles procurent des espaces de liberté : elles ne sont pas prescriptives, mais simplement limitatives et prohibitives. Limitation et prohibition qui ne sont que les espaces de liberté de l’altérité. Et puisque la liberté est au centre du système, les règles ne sauraient être finalisées : l’ordre n’a pas de fin, et n’est que moyen pour des fins particulières, c’est-à-dire celles de ses acteurs. Maintenant l’ordre connait un capitaine qui n’est que le serviteur des règles : il ne les dominent pas et ne sont pas l’outil de son pouvoir. C’est la raison pour laquelle lesdites règles, sont probablement intangibles et qu’il ne peut les changer. On comprendra enfin que ces règles de l’ordre spontané disposent d’un socle commun : le droit de propriété perçu comme l’un des tous premiers droits de l’homme. La propriété est ainsi bouclier protecteur et règle constitutive de liberté.
Bien évidemment les ordres hayékiens sont des types purs que l’on ne rencontre dans la réalité que sous des formes bâtardes. Concrètement, une nation ou un continent est une combinaison des deux types avec dominante de l’un d’entre eux. La mondialisation, en particulier financière, est t’-elle une forme d’ordre proche de l’ordre spontané ? Si tel est le cas, on pourrait interpréter la thèse à la mode du grand retour de l’Etat, comme le passage de l’ordre spontané vers un ordre organisé. Et partout, depuis le déclenchement de la crise, on entend le même discours : on ne peut faire confiance au marché qui ne peut- désormais- que fonctionner sous la férule de ce grand architecte qu’est l’Etat. Et, simultanément ,on entend les libéraux dire à quel point nous sommes dans l’erreur : le catalyseur de la crise, est historiquement le trop grand interventionnisme de l’Etat américain, notamment dans la question des prêts hypothécaires. Et donc, il ne faut pas en rajouter, en demandant le grand retour d’un l’Etat qui aurait ainsi, déjà suffisamment pollué l’ordre spontané.
La réalité de la réalité : la complexité.
De fait l’humanité n’a probablement jamais connu d’ordre spontané relativement pur. Même les ultra libéraux, sont obligés d’admettre que nombre de règles, furent générées par une instance dont on explique qu’elle est issue du marché, mais qu’elle est elle-même un ordre organisé : l’Etat. Ce dernier, selon la pensée ultralibérale n’est que le résultat involontaire de la coopération volontaire, et marchande, entre les hommes. De ce point de vue les ultralibéraux sont proches de Marx : cet ordre organisé qu’est la société incorporant un Etat, relève d’un processus d’aliénation. L’Etat reste fondamentalement une entité étrangère aux hommes. L’Etat n’était pas désiré : il est arrivé comme résultante inattendue de la coopération marchande. Au cœur de l’humanité il y aurait le marché auto- régulateur, malheureusement cette autorégulation, a débouché historiquement sur une mutation génétique engendrant l’Etat. L’objet du présent texte n’est pas de critiquer la théorie ultralibérale et d’en proposer une autre. Il est à l’inverse, de voir en quoi une telle vision du monde a pu devenir une fausse prophétie auto réalisatrice qui anime encore nombre de théories économiques, lesquelles sont présentement candidates au statut d’outil providentiel de gestion de la crise.
La mutation génétique à provoqué la naissance de l’ordre mixte : spontané/organisé. Dans la sphère juridique, sur un plan empirique, cela donne par exemple en France le dualisme droit privé/droit public. La majorité des écoles de pensées économiques – et ce même en dehors de la pensée ultralibérale, a largement mis à l’écart le pôle organisé de l’ordre mixte : théorie de la main invisible ; théorie de la faillite des marchés, public choice et anticipations rationnelles , etc. Niant ainsi, ou minimisant, ou à tout le moins critiquant, la réalité empirique : l’Etat n’a pas toujours été le complément du marché ; il édicte des règles à l’encontre du plein épanouissement de l’échange marchand et intervient sur nombre de marchés avant même la naissance de Keynes ; il limite le champ des droits de propriété et se trouve au cœur de l’échange en utilisant son pouvoir monétaire ; etc. Il faut d’ailleurs reconnaitre qu’ici, la pensée ultralibérale jouit d’une capacité explicative du réel, plus conséquente que celle d’autres écoles de pensée: l’Etat est une instance qui permet à certains groupes de briguer des objectifs privés, plus difficiles à atteindre en respectant le marché. Le politique devient un substitut du marché, et les groupes les plus divers utilisent la contrainte publique (les règles de l’ordre organisé) à des fins privées (fins jugées inaccessibles par le jeu des règles de l’ordre spontané, c’est-à-dire les règles du marché). De ce point de vue, la France fût et reste un magnifique exemple de cette demande d’Etat, voire de son accaparement, par des groupes qui par ailleurs n’hésitent pas à le vilipender en déifiant le marché autorégulateur. D’une certaine façon, il est des situations où l’ordre, qu’il soit spontané ou organisé se nourrit de son contraire. Nous reviendrons ci-dessous sur cette dernière idée.
L’ordre de la mondialisation : l’inversion de la fable du pêcheur et du phare.
Dans cette vision des choses, le passage à la mondialisation financière est la nouvelle forme d’utilisation du politique à la réalisation d’objectifs privés : les règles de l’ordre organisé sont devenues trop étroites, et si l’Etat de droit était devenu un monopole à conquérir pour conquérir des avantages privés, il faut aujourd’hui casser le monopole devenu trop étroit : le marché mondial, est devenu pour certains groupes, plus avantageux que le confinement dans l’ordre organisé antérieur. C’est, par exemple, la fin du capitalisme à la française et le passage à l’internationalisation des entreprises du CAC40.
C’est probablement de cette façon qu’il faut lire, au cours des années 80, le démantèlement des espaces monétaires nationaux ,avec des marchés des changes, qui deviennent d’authentiques marchés de la marchandise monnaie, qu’il faut assurer par la finance ; avec la libre circulation du capital ; avec la fin de toute forme de contrôle des changes. Mais la mondialisation ne peut n’être qu’une œuvre de déstructuration des Etats. Répétons que l’ordre organisé, qui n’est selon la vision ultralibérale qu’un lieu où chacun est à la fois voleur et volé , est à la fois travaillé par les groupes qui veulent plus de marché libre ou réputé libre, et les groupes qui exigent le maintien, où la production de nouvelles règles organisatrices de protection , et d’avantages de toutes nature. Il est également tout aussi clair que des ordres organisés vont utiliser les règles de cet ordre spontané naissant à l’échelle planétaire – la mondialisation- pour ne pas jouer clairement le jeu des droits de propriété (refus de la complète libéralisation des mouvements de capitaux en Chine par exemple). C’est la raison pour laquelle, nous disions que la gestion de la mondialisation était aussi difficile que de construire un cercle carré. En effet, beaucoup d’acteurs, voire et surtout ces ordres organisés de plein exercice que sont les Etats, voudront goûter aux délices de la déréglementation (l’ordre spontané) planétaire, tout en conservant les avantages de l’ordre organisé qu’est l’Etat-nation. C’est probablement vrai du couple « Chimérique » déjà évoqué.
Nous retrouvons du reste ici une nouvelle version de la théorie des marchés défaillants ( ordre spontané) illustrant la nécessité des biens publics (ordre organisé). Ainsi celle de la fable- que l’on trouve dans les manuels de sciences économiques- du phare (bien public émergent) et du pêcheur pressé de rentrer au port . Parce que l’ordre spontané est défaillant- les caractéristiques du produit empêchent de faire naître la marchandise lumière- un phare ne sera jamais construit, d’où l’irruption de l’ordre organisé pour le construire sans passer par le marché. Simplement, la problématique est ici renversée : ce sont des Etats qui sont à la place des pêcheurs pour demander non pas de l’ordre organisé (la réglementation de la mondialisation) mais pour exiger plus de marché (plus de liberté) . Et de la même façon que les pêcheurs veulent continuer à bénéficier de l’ordre spontané, malgré l’irruption du phare en tant que bien public, des Etats nations et leurs représentants voudront conserver leur ordre organisé tout en bénéficiant de l’ordre spontané de la mondialisation. Il est des situations où l’ordre organisé se nourrit de son contraire.
On comprend mieux pourquoi la mondialisation consistait à faire émerger un cercle carré : elle est assez bien peuplée de « free riders » qui peuvent se déclarer par ailleurs très keynésiens. On comprend aussi pourquoi la gestion de la crise financière verra l’irruption de nouvelles réglementations : il s’agit, à tout le moins, de faire reculer ce que l’on croit être l’ordre spontané planétaire. De quoi faire en sorte que l’on puisse construire un cercle sans trop passer par le carré.
Gestion inacceptable de la crise, diront les libéraux et ultralibéraux, rejoints en cela par les tenants de certains ordres organisés, qui se lovaient dans les délices de l’ordre spontané planétaire .Comme le pêcheur qui ,satisfait que le phare soit finalement construit , exigeait aussi le report des charges fiscales correspondantes , sur des citoyens non pêcheurs . Concrètement, un certain nombre d’Etats, parfois très keynésiens verront très mal un recul de la mondialisation libérale. Ce colossal ordre organisé qu’est la Chine, est-il prêt à revoir sérieusement son taux de change ? Ce non moins colossal ordre organisé, revêtu des habits des ordres spontanés, que sont les USA, est- il prêt à diminuer, sérieusement, ses dépenses militaires partiellement financées par la Chine ?
Retour triomphal de Keynes ou banal maintien de l’ordre public ?
Les libéraux croyaient voir dans la mondialisation le plein épanouissement de la liberté et suivaient en cela l’utopie hégelienne de la fin de l’histoire chère à Fukuyama. Ils voyaient surtout la fin du politique, et de ce qu’il représentait : l’ordre organisé. Ils souffrent sans doute aujourd’hui de voir, ceux d’entre-deux en charge de la gestion de la crise, c’est-à-dire des gouvernements, se transformer en dociles mécaniciens keynésiens. Souffrance accrue du fait que leur propre explication de la crise, ne semble guère écoutée des nouveaux mécanos de la tuyauterie keynésienne. Pour autant, qu’ils se rassurent : le grand retour de l’Etat n’est pas celui de keynes et les mécanos ne cherchent pour le moment, qu’à maintenir l’ordre public partout où c’est encore possible. Le processus de deleveraging est loin d’être terminé et pouvait mal se terminer : l’effondrement monétaire planétaire. Par les garanties prises dans la hâte , par les recapitalisations…peut-être par les nationalisations partielles ou totales, partout dans le monde, les mécanos ont réussis , et continuent de réussir , à empêcher le retour de la barbarie. Qu’ils en soient remerciés. Il est d’ailleurs étonnant, que la littérature n’ait jusqu’ici jamais évoqué le risque de retour de la barbarie dès l’automne 2008. Les choses sont pourtant évidentes : que se passe-t-il dans un ordre spontané, donc un ordre marchand quand l’outil assurant l’échange paisible, c’est-à-dire la monnaie disparait ? L’effondrement du système bancaire signifiait, sans les mécanos, la fermeture des banques… et les émeutes et pillages résultant de l’impossibilité d’échanger. Aujourd’hui, même si le système bancaire s’effondre partout, les guichets des banques resteront ouverts, et au moins pour ce qui est du court ou moyen terme , la vie continuera. Les libéraux à la tâche, ceux de nombre gouvernements, ont dans la hâte veillé à l’essentiel : le maintien de l’ordre public, par le maintien – même artificiel- de la ronde des échanges. Ils ne sont pas nécessairement keynésiens et rêvent encore du passage mythique des ordres organisés aux ordres spontanés. En cela Ils sont fidèles à la sagesse de Montesquieu et de son doux commerce, et savent que le maintien de la ronde des échanges, est le plus sûr moyen de maintenir les hommes dans une posture relativement paisible. Le marché, lorsqu’il fonctionne bien est un bon lieu de dressage des hommes : ils y perdent une partie de la violence naturelle qui les anime.
Simplement, les libéraux à la tâche , viennent de se rendre compte que l’ordre spontané peut connaitre des défaillances et que le politique tant vilipendé car trop englué à leur goût dans le keynésianisme, était aussi le fil invisible qui pouvait maintenir l’ordre spontané.
Le retour de l’Etat n’est donc que le maintien de l’ordre public, et la nationalisation des banques ne sera là que pour rassurer les acteurs : convertir les titres préférentiels du trésor US chez Citigroup en actions ordinaires, ne relève pas d’un projet économique, mais de la volonté d’ajuster un simple ratio de solvabilité jugé trop risqué car pouvant alimenter une éventuelle panique. Il ne s’agit pas de donner du sens mais de maintenir l’ordre.
L’utopie post-politique comme dépassement des ordres hayékiens.
La logique du maintien de l’ordre comme simple évitement d’un désordre, aboutit, dans le monde des apparences, à extirper les dimensions idéologiques des ordres hayékiens . L’ordre spontané, quoiqu’automatique, car reposant sur les ressorts du marché, et moins chargé de sens que l’ordre organisé, bénéficiait d’une base idéologique solide : la liberté, en tant que premier des droits de l’homme, est un projet qu’il faut assurer avec cet outil essentiel qu’est la propriété. Et seul l’individu est en charge de construire son propre projet de vie.
Il semble pourtant, que si l’on continue de vilipender le keynésianisme comme version civilisée des ordres organisés, la dimension idéologique des ordres spontanées disparait – ou se cache- désormais derrière les apparences de la rationalité. Il ne s’agit plus de dire que le marché libre est supérieur à la tyrannie administrative, il s’agit de rendre obligatoire le bon fonctionnement du marché : une injonction à rester libre en quelque sorte. Ce que Dardot et Laval appellent « l’ordo libéralisme ». L’économie politique s’était faite sciences économiques, elle se fait aujourd’hui simple injonction comportementale.
Bien sûr on veut, avec beaucoup de rigueur, maintenir ce bouclier de la liberté qu’est la propriété. En la matière, la stabilité monétaire est, et reste, fondamentale. Bien sûr, comme nous le disions, partout dans le monde, la planche à billets quitte déjà son grenier, mais tout est entrepris pour nier le risque d’inflation. La stabilité monétaire, est le garant essentiel du respect des contrats, et s’est historiquement annoncée comme la victoire du libéralisme sur un keynésianisme honni, un keynésianisme qui, justement, n’a jamais respecté la rigueur des contrats. La stabilité monétaire est l’axiome de base de la grammaire libérale. Et si un jour – jour fort probable- se manifeste une nouvelle « euthanasie des rentiers », elle ne sera qu’un fort regrettable effet pervers.
Mais la stabilité monétaire, première annonce du dressage comportemental, n’est pas encore l’ordo libéralisme. Il y aura ordo libéralisme lorsqu’on légiférera sur les conséquences, souvent constatées, du fonctionnement des marchés libres, à savoir les ententes mais surtout les monopoles. Le monopole acquis, en respectant les droits de propriétés des acteurs , sur les marchés, n’est jamais condamné par les libéraux traditionnels qui savent que, de fait, le monopole sera toujours contesté par le marché. Et chacun sait, que beaucoup de monopoles sont aujourd’hui au cimetière. Les ordo libéraux vont plus loin, et imposent la concurrence, comme naguère l’Etat pouvait imposer son monopole public. C’est évidemment le cas de la commission européenne, qui sous ses apparences libérale, impose la concurrence et plus encore impose de jouer au meccano, avec autant d’autorité qu’à l’époque des politiques industrielles. L’industrie de l’énergie en est un bel exemple.
Il y a ordo libéralisme, et donc obligation de respecter les lois du marché, lorsque, constatant une rationalité trop limitée, des comportements opportunistes, des contrats incomplets, des asymétries d’informations, des relations d’agences troubles etc., se trouve mis en place tout une série d’outils propres à faire émerger la maximisation des gains à l’échange, telle que prévue dans les manuels de théorie économique. Dans le monde des apparences, ces outils n’ont d’autre ambition que celle de la mise en œuvre de l’efficacité comportementale : qui pourrait raisonnablement s’opposer au projet d’aller plus loin dans la rationalité ? Et ces outils, sont évidemment des règles qui viennent s’ajouter aux libres négociations qui, elles, s’appuient en théorie sur des règles simplement prohibitives, limitatives et intangibles, celles de l’ordre spontané. Ces règles issues de la rationalité venant surplomber celles des ordres spontanés, n’ont-elles mêmes rien de spontanées. Elles ont un sens, celui d’une injonction, alors que les autres en sont dépourvues, puisqu’en théorie simple espace de liberté. Elles sous tendent par conséquent un véritable dressage des comportements, et correspondent parfois, à ce qu’on appelle le développement de la « soft law » face à la « hard law » en recul. Certaines de ces règles sont sans doute légitimes, notamment celles concernant les possibles passagers clandestins, les possibles externalités, etc. D’autres, sans doute les plus nombreuses, posent la question de la liberté : peut-on forcer les hommes à être rationnels ? Surtout si l’on envisage le niveau politique que l’on voudrait aussi changer en marché forcé. Ainsi peut-on adhérer aux thèses de l’école du « libéralisme paternaliste » qui avec Thaler et Sunstein propose de remplacer « le » politique par la politique des « nudges » ( les coups de pouce ou incitations) qui aurait l’avantage d’orienter les hommes, ces hommes parfois irrationnels, pulsionnels, animés de passions et affects divers, etc., vers les bonnes décisions ? L’Etat peut-il se transformer en dompteur bienveillant, sanctionnant et récompensant les bonnes décisions des citoyens ? Peut-on adhérer à nombre de thèses qui ,bien qu’auréolées du prestige du prix Nobel (Hurwicz, Maskin et Myerson), en viennent à repenser le fonctionnement des marchés politiques, afin que les hommes respectent davantage les lois fondamentales de l’économie ? A-t-on le droit d’interdire la politique économique soupçonnée de polluer l’efficience des marchés ? A-t-on le droit au nom de la rationalité, d’envisager des dispositifs constitutionnels, rendant impossible le vote de budgets déficitaires par des gouvernements ? A un moment où certains- très peu nombreux- veulent encadrer le marché par une constitution économique (Paul Jorion) la majorité des adeptes de la micro économie veulent encadrer le politique par réduction du champ de sa constitutionnalité, donc de sa légitimité.
Les thèses se fondant sur une théorie plus générale des incitations, qui peuvent parfois rejoindre aujourd’hui les sciences cognitives, sont en vogue et constituent aujourd’hui un axe essentiel de la recherche économique, recherche à vocation- on l’a compris- normative. Nul besoin de préciser qu’elles sont déjà à l’Å’uvre , dans la recomposition du paysage financier d’après le désastre de la crise :les nouvelles réglementations du G20 seront largement déduites de ce nouveau paradigme. Elles sont discutables, car véhiculent l’idéologie d’un espace humain post-politique. Les hommes n’auraient plus à débattre, effectuer des choix sur des modes d’organisation, ne seraient plus des sujets citoyens, etc. et seraient simplement des acteurs, dont le comportement- grâce à un bon cocktail d’incitations- s’avère prédictible. Même les gouvernements se feraient dociles sous la férule d’une constitution simplement confectionnée de « nudges ».
La gestion de la crise des années 2010 ne sera pas aisée : le keynésianisme ne fait plus recette et ses nouveaux supporters manquent de conviction. L’ordo libéralisme peut-il prétendre à la nouvelle régulation du système, en invitant l’humanité à se déployer dans un espace post-politique ?
49 réponses à “Une constitution pour l’économie (II) : Grand retour de l’Etat ou utopie post politique ?, par Jean-Claude Werrebrouck”
Un homme libre n’est pas prédictible car il met ses passions (voire ses pulsions d’achat) à distance en les satisfaisant qd même partiellement (voir l’axiologie dialectique chez Jean Gagnepain), par contre les chantres du toujours plus sont, eux, très prédictibles!
http://www.lacrisedesannees2010.com/article-27571553.html
à recommander !
@ Paul,
Ce texte, pour intéressant qu’il soit, est très pénible à lire en raison de ses nombreuses erreurs de ponctuation, qui rendent sa lecture et sa compréhension difficiles.
Pourriez-vous le « nettoyer », en supprimant notamment les virgules superflues ?
Merci d’avance.
Excellent texte pour comprendre le combat idéologique des dernières décennies et dont le dénouement arrive actuellement.
Prenons un peu de hauteur avec H. Arendt
(C’est plus court, et beaucoup plus incisif sur la relation du politique et de l’économique.)
Et tellement vérifié par l’histoire….
»
Il n’est pas tout à fait exact de dire que la propriété privée, avant les temps modernes, était considérée comme une condition évidente pour l’admission au domaine public; elle était BEAUCOUP PLUS:
Le privé, était comme l’autre face, sombre et cachée, du domaine public et si, en étant politique, on atteignait à la plus haute possibilité de l’existence humaine, en ne possédant point de PLACE A SOI, on CESSAIT d’ÊTRE HUMAIN
……..
En tout cas, les défenseurs modernes de la propriété privée, QUI Y VOIENT UNANIMEMENT LE RICHESSE PRIVEE ET RIEN DE PLUS, sont bien mal fondés à se réclamer d’une tradition pour laquelle il ne pouvait y avoir de domaine public libre sans statut et sans protection du domaine privé. Car l’énorme accumulation de richesse, toujours en cours, dans la société moderne, …, n’a jamais eu beaucoup d’égards pour la propriété privée, sacrifiée au contraire, chaque fois qu’elle est entrée en conflit avec l’accumulation de richesses.
Le mot de Proudhon, « la propriété c’est le vol » a un solide fondement de vérité dans les origines du capitalisme moderne; il est d’autant plus significatif que Proudhon ait hésité devant le douteux remède le l’expropriation générale: il savait trop bien que l’abolition de la propriété privée peut guérir le mal de la pauvreté, mais risque d’amener un plus grand mal, la tyrannie.
Comme il ne faisait pas la distinction entre la PROPRIETE et RICHESSE, ses vues se présentent dans son oeuvre comme des contradictions, ce qu’elles ne sont pas, en réalité.
A la longue, l’appropriation individuelle des richesses n’aura pas plus de respect pour la propriété privée que la socialisation des processus d’accumulation.
Ce n’est pas Karl Marx qui l’a inventé, c’est un fait qui tient à la nature même de cette société: tout ce qui est privé ne peut qu’entraver le développement de la PRODUCTIVITE SOCIALE. et toute considération de la propriété privée est donc A REJETER en faveur du du processus constamment accéléré de la richesse sociale. »
Et voilà pourquoi les marchands de tentes ont de l’avenir si on ne prend pas le problème à ce niveau….
Autrefois, question moderne
« Si Saint Christophe porte le Christ
et que le Christ porte le monde,
-où Saint Christophe pose-t-il les pieds ? »
-Aujourd’hui, question postmoderne
Si les politiques portent un système économique universel,
(irresponsable, insensible, amnésique, indifférent…)
et que ce système économique universel ,
(irresponsable, insensible, amnésique, indifférent…)
détruit le monde
-où les politiques mettent-ils les pieds?
-où allons-nous mettre les nôtres ?
=> « sortons-les.., sortons-les… poubelles …. !
Bonsoir,
Pour info, le LEAP vient de publier une lettre ouverte en vue du G20 : http://sylvainzeghni.over-blog.com/article-29420257.html
autres lectures:
http://www.jpchevallier.com/
Déjà
la résurgence du néodarwinisme social (ce n’est pas Darwin , c’est Galton) s’établit ainsi
-1° La vie en société est comme dans la nature, une lutte pour la survie
-2° Seuls les plus aptes s’en sortent : Il existe un processus de sélection biosociale
-3° Il convient d’encourager la reproduction des plus aptes au détriment des moins aptes
l’illustration là
http://avanti-populo.com/index.php?option=com_content&task=view&id=112
En ces temps de crise.
« Si tu veux dépouiller toute inquiétude, quelque événement que tu redoutes, envisage sa venue de toute façon ; et ce mal, quel qu’il soit, mesure-le toi-même par rapport à toi et évalue ta propre crainte : tu comprendras assurément que ce dont tu as peur est ou bien sans importance ou bien sans durée »
Sénèque.
Bonne soirée.
Rien de nouveau de ce côté là depuis la fin du XIXe… J’espère sincèrement que ces deux messieurs n’ont pas l’impression d’avoir compris/inventé quelque chose de nouveau??!
Du reste, Hayek n’était pas un bon exemple, puisque nombre de libertariens refusent de le considérer comme tel (à juste titre en un certain sens puisqu’il est en dernière alternative un libéral conservateur). Nozick, Friedman, Rothbard, Englehart… tous s’opposent à lui sur cette question de l’articulation du Droit et du Marché.
Ces vieilles lubies seront balayées comme le reste… je ne m’en fais pas plus que ça. D’ici quelques mois, ils seront complètement marginalisés. Il serait bon aussi de supprimer le prix Nobel d’économie, une véritable absurdité… qui ne sert qu’à masquer le fait que l’économie est une sous catégorie des sciences sociales ou de la philosophie pour sa partie normative, en la rangeant artificiellement dans celle des « sciences de la nature », à coté de la physique ou de la biologie… Il n’y a pas de prix Nobel d’histoire, de sociologie, d’anthropologie, de philosophie… pourquoi devrait-il y avoir un prix Nobel d’économie? Influence quand tu nous tiens…
Les américains ne feront pas la bêtise d’aller chercher des auteurs mineurs quand ils ont à leur disposition des auteurs de la classe de Rawls, de Dworkin, de Walzer, de Taylor, de Nozick, de Gauthier, etc etc… !!!!! en matière normative. Faudrait vraiment être stupide. Quoiqu’en fait je m’attends à tout…
@antoine: « pourquoi devrait-il y avoir un prix Nobel d’économie? »
Au sens strict, il n’y en a pas. Cela déplait très fort à certains économistes de se l’entendre dire.
Il s’agit d’un prix en l’honneur d’Alfred Nobel ou quelque chose dans le genre. Autrement dit, et allez savoir pourquoi, des capitalistes ont jugé bon de débourser de l’argent et d’octroyer un prix d’économie comme si c’était un prix Nobel.
J’ai surtout lu ce texte comme un excellent démontage de l’idéologie néo-libérale et de tout ce qu’elle implique comme conception de la société et du politique. Ce démontage montre ainsi en creux toute la nécessité d’une constitution pour l’économie,
c’est à dire d’un retour à l’économie politique, et par la même occasion à une philosophie de l’économie.
Les néo-libéraux, sous prétexte de promouvoir la liberté, aboutissent à faire du marché une tyrannie.
Nous le voyons bien : plus la mondialisation se développait plus l’idéologie sécuritaire se renforçait.
Autrement dit plus le marché avait besoin d’intervention étatique pour persister dans son être, c’est à dire en faisant son office de Police, de maintien de l’ordre suite aux nombreux désordres provoqués par un marché producteur d’inégalités et donc de fractures sociales.
Aujourd’hui, à la faveur de la crise, les plus avisés des néo-libéraux (ces chers messieurs de la City et du n°33 .. bien connu du Clown-Blanc) font tout ce qu’ils peuvent pour que l’Etat garantisse et même, paye avec l’argent du contribuable, leurs actifs pourris. Le néo-libéralisme c’est donc tout sauf la vie au jour le jour, l’oeil rivé aux cours de bourse en temps réel ; tout spontané qu’il soit, celui-ci a besoin d’un cadre qui se maintienne dans le temps, et donc d’Etats à même de garantir la monnaie, les titres de propriété et les contrats de tous types, sans lesquels il n’y a plus d’échanges et donc de marchés possibles.
Comme le rappelle J.-C. Werrebrouck la propriété est pour les libéraux, et a fortiori les néo-libéraux, le premier des droits de l’homme. Pourtant, la propriété ne relève d’aucun ordre naturel, de nombreuses sociétés humaines ont vécu et survécu sans principe de propriété foncière, par exemple.
Le tour de passe passe sémantique des libéraux consiste à faire du droit à la propriété individuelle une justification de tous les types de propriété. Face aux absolutismes royaux et religieux le droit à la propriété de son propre corps fut manifestement une grande conquête, c’est indéniable. De même le fait de pouvoir disposer comme on l’entend de son lopin de terre libéra les paysans du servage. Encore que, déjà sur ce dernier point, cela fut beaucoup moins idyllique qu’on le dit généralement. La grande réforme dite de l’enclosure — la clôture des champs publics — sonna le début de la Révolution industrielle : des milliers de paysans des campagnes anglaises furent paupérisés du fait qu’ils ne pouvaient plus accéder à ces champs, accaparés de fait par la naissante gentry. De même — et c’est tout un symbole pour ce que représenta l’entrée de l’humanité dans l’ère du marché et de l’industrialisation à son service, ces paysans, qui jusqu’alors étaient relativement libres de leur emploi du temps, oisifs à leurs heures, c’est à dire dès lors qu’ils avaient produit suffisamment de quoi vivre, profitant d’ailleurs des nombreux jours fériés du calendrier, furent regroupés par la classe émergente des entrepreneurs dans ce qu’on pourrait appeler des camps de travail, où ils furent soumis à la nouvelle rationalité productive …. laquelle était peu goûteuse des temps morts… Je referme cette parenthèse.
Bref, au nom d’un principe de la propriété individuelle on est passé à la garantie des richesses accumulées. Et ce fut un grand oubli : le bien commun.
L’ordo-libéralisme est l’extension logique du néo-libéralisme. Ce que le néo-libéralisme réellement existant — la mondialisation — avait déjà nettement tendance à faire comme monsieur jourdain fait de la prose sans le savoir, ou plutôt sans le dire explicitement, c’est à dire implémenter une société de contrôle pour pallier à l’impossibilité d’anticiper l’évolution d’un marché spontanément imprévisible et donc chaotique (ce qu’avait vu Von Hayek), l’ordo-libéralisme le réalise complètement en faisant servir le marché par l’Etat : « puisque les marchés sont incontrôlables, adaptons les comportements des individus aux nécessités du marché ». Les Etats sont en effet les mieux placés pour jouer ce rôle car ils qui disposent des moyens pour normaliser les humains, via les systèmes éducatifs, les technologies numériques, certaines classes de médicaments, les implants sous-cutanés, les bilans de compétence humaine normalisés pour les besoins des bilans d’entreprises d’un nouveau genre, où le capital humain aurait sa place..
Le marché est toujours là, mais tout l’espace mental, affectif, intellectuel, politique, qui jusque là n’étaient pas colonisé par la logique du marché se retrouve désormais sous son emprise. Et il n’est pas douteux que cet ordo-libéralisme
@ moi
merci je l’ignorais.
par contre on sait pourquoi… ils y gagnent un avantage stratégique majeur en terme d’influence et de propagande… ils colonisent les consciences (c’était un point de désaccord de méthode avec les marxistes: pour eux l’influence à long terme était plus efficace que la révolution sanglante… un programme mis en œuvre dès le début des années 1880, dont l’exécution parfaite, un siècle plus tard, force le respect!).
Merci M.Werrebrouck pour cette excellent travail ,ou il n’est pas question de verite mais de realite!Merci egalement a Paul de nous permettre de partager ainsi.
Dans le cadre d’une constitution pour l’economie,en relisant la Decroissance de Nicholas Georgescu-Roegen ne faudrait il pas, comme on a adosse notre constitution aux droits de l’homme , adosser l’economie aux droits de la terre( planette); et remunerer ce qu’elle nous apporte (sources d’energie ,matieres premiere).Geree par un college de representant
. (le plus possible hors champs politique) dans un but non profitable(au sens financier) et reinvesti dans l’eco systeme ou toute forme de protection de l’environnement.
@Pierre-Yves D
« Comme le rappelle J.-C. Werrebrouck la propriété est pour les libéraux, et a fortiori les néo-libéraux, le premier des droits de l’homme. »
PUR CONTRESENS !!!
Voyez le texte d’H Arendt ci dessus sur la confusion entretenue entre PROPRIETE et RICHESSE.
Le texte devient alors:
« Comme le rappelle J.-C. Werrebrouck la RICHESSE est pour les libéraux, et a fortiori les néo-libéraux, le premier des droits de l’homme. »
La propriété, celle qui LIE les gens à leur environnement et à leur condition humaine est d’ailleurs de plus en plus étrangère au monde néolibéral qui se construit sous nos yeux:
-on aura (on a déjà) de plus en plus
– les nomades « gagnants », prédateurs extraterritoriaux, partout chez eux, délivrés des contraintes de gouvernances refusant vénalement de voir qu’ils leur ont échappé.
– les nomades « perdants », spoliés de leur propriété (y compris leur environnement vital (environnement).
La CRISE dont on nous rabat les oreilles, n’est que le rapatriement, (obligatoire dans un monde fini), du processus de spoliation à l’intérieur même des territoires qui bénéficiaient jusque là du processus!
Les gouvernances territoriales sont complices actives de la spoliation, en mettant leurs pouvoirs au service de sa perpétuation, via le bâton du maintien de l’ordre public, la « morphine » du discours palliatif, et le maintien du statu quo.
Je vous propose de construire une constitution sur la base de la phrase unique suivante:
« NOUS NOUS ENGAGEONS A LEGALISER LES COMPORTEMENTS LEGITIMES »
cet article unique donc très contraignant
1- supprime les discussions stériles sur la liberté, la propriété, les droits de l’homme dont on a encore jamais vu l’application UNIVERSELLE effective à commencer en France ds les prisons par exemple, sans même parler des pays musulmans vivant sous le régime de la charia. Etc.
2- Oblige à s’interroger sur les 4 mots clés de la phrase:
2a-Nous? Qui fait partie du démos si l’on accepte l’idée de rester en démocratie comme actuellement, mais tellement sous tutelle économico financière qu’on se demande bien ce qu’il en reste…
2b-S’engager? Moralement bien sûr! Qu’est-ce à dire? en fait celà renvoie directement à « comportement légitime » ci-dessous.
2c- Légaliser? càd produire des lois et codes qui devront être mis en application dès que des propositions remplissent les critères de vérification.
2d- Comportement légitimes? Nous arrivons « enfin au coeur de la difficulté compte tenu et de la relativité des valeurs et de la relativité morale ne serait-ce que pour une même personne au cours de la journée, sans même parler du relativisme culturel moral (voir cette entrée ds le dictionnaire d’ethique et de philosophie morale sous la direction de M. Canto-Sperber pour les illustrations de cette relativité).
3- Ds L’immédiat, nos élus on l’air de quoi qd on les voit faire des arbitrages portant sur les seuls intérêts? des gros nuls à la botte des marchands et des intendants. C’est comme si ds n’importe quelle religion les intendants s’occupaient du dogme; je vous parie alors qu’aucune ne résisterait longtemps! Retour au boulot donc pour ces messieurs nos représentants et à la case formation s’ils sont trop incultes pour mépriser le coeur de leur job que j’ai résumé d’une phrase « ma constitution » ci-dessus.
Comment sait-on que l’on soit parvenu à légaliser du légitime? En ce qu’il vérifie le modèle axiologique de la théorie de la médiation ds son interférence avec nos autres rationnalités; plus précisément en permettant de mettre les quatre formes de psychopathies en opposition deux à deux. (ce que l’une conserve encore ds sa capacité d’abstinence formelle est perdu par l’autre, et réciproquement)
Au fur et à mesure que vous parviendrez, que nous parviendrons, à construire des Codes de ce type, les questions relatives aux qualités et choix des chefs disparaitront de ce qu’ils peuvent être tenus par presque n’importe qui d’effectivement libre, càd jamais inquièt des aspects autocontraignants des dits Codes!
Dans l’immédiat, je vous met au défi de me trouver une application, càd un bout de Code remplissant les critères ci-dessus de mise en opposition. ET c’est bien parce que c’est très difficile qu’on se rtetrouve avec n’importe qui au pouvoir cédant aux sirènes des financièrement puissants!
Allez! Au boulot
NB:1- la question d’une constitution pour l’économie disparaitra d’elle même devant des entités politiques qui auront effectivement repris les commandes sans abuser de leurs pouvoirs!
2- ma phrase constitutionnelle est suffisament ouverte pour que des pays sous Charia puissent aussi l’adopter!
3- la théorie de la médiation:
3a-ne prétend pas apporter des solutions à tout mais d’abord poser les pb autrement,
3b-distingue l’universel du général en ce que le premier s’oppose à singulier,
3c-etc, une petite révolution conceptuelle dans l’anthropologie et à la hauteur de la complexité de nos pbs qui ne viennent que de nous, humains.
L’ « ordo-libéralisme » ( autrement décrit comme « l’uchronie » du capitaliste avancé)
post-politique, (c’est la perte du jugement réfléchissant, l’usage du temps n’est plus qu’une affaire de gestion )
post-historique, (« la post-histoire est explosive, amnésique, éternelle comme l’enfer, indifférente comme l’équilibre thermodynamique, fatale par manque final de finalité », elle n’est plus celle de l’histoire du sujet pensant, c’est le parti pris de l’objet )
me remémore irrésistiblement des 3 slogans de Big Brother :
» 1°) La guerre c’est la paix,
2°) La liberté c’est l’esclavage,
3°) L’ignorance c’est la force. «
Je dirais aussi :
« Quand on n’a pas d’ontologie, il faut une déontologie »
(réf : « Au nom de l’art » Thierry de Duve)
@ Eugène
Si vous dîtes quatre formes de psychopathie c’est parce que chacun de vos plans est « interféré » par celui qui « fait défaut » (IV) y compris lui-même ? Vous est-il possible de détailler pour clarifier ?
Qu’en pensent ceux ici qui auraient quelques lumières dans le domaine, pas de la théorie de la médiation, mais des psychopathies ? Existe-t-il une typologie des psychopathies ?
@ Bernard
je ne dis pas autre chose que vous.
« Bref, au nom d’un principe de la propriété individuelle on est passé à la garantie des richesses accumulées. Et ce fut un grand oubli : le bien commun. »
Et j’aurais pu développer et ajouter : « et la propriété privée elle-même » dans la mesure où dans les faits nombreuses et récurrentes seront les atteintes à la propriété privée, celle-ci n’étant pas répartie universellement et définie pour son contenu par les régimes libéraux, ce qui crée des inégalités de statut et de richesse.
Si j’ai rappelé la position des libéraux c’est justement pour indiquer l’usage qu’ils font de la notion de propriété individuelle.
IL existe en effet une autre conception, qui fait de la propriété privée l’expression de droits sociaux, c’est à dire garantis pour tous, autrement dit effectifs pour tous, droits qui précisément n’existent pas dans les régimes libéraux, ceux-ci se contentant de garantir des titres de propriété, lesquels peuvent être amassés sans limite, ce qui est bien le point de départ de tout l’édifice du libéralisme économique. Les droits sociaux — déjà peu contraignants — sont découplés de la notion de propriété individuelle.
D’un point de vue plus philosophique à la suite d’Arendt, Proudhon, Marx et d’autres encore, on peut aussi considérer que la propriété est ce qui appartient à chaque individu en propre, bref ce qui constitue sa singularité, chose qui si on le lui retirait serait une atteinte à sa personne. Or ce qui fait cette singularité ce sont les liens sociaux, liens sociaux qui, s’ils sont dignes de ce nom impliquent un milieu — y compris naturel — favorable à l’épanouissement de chacun, ce qui ne peut être conditionné, garanti seulement par la possession de titres de propriété. La propriété privée, dans le sens que lui donne Arendt, est donc bien à l’horizon d’une émancipation qui ne ressortit pas à l’avoir, mais à l’être. Mais, il est vrai, dans le contexte des sociétés libérales ne pas avoir, ne pas posséder des titres de propriété, c’est tout simplement ne pas être.
Quand j’évoquais la propriété individuelle je me référais à l’idée que s’en font les libéraux, et il se trouve que c’est l’idée qui a prévalue et s’est traduite dans l’histoire du monde moderne qui touche à sa fin : les Etats libéraux se sont attachés à garantir les titres de propriété sans offrir de dispositif permettant de limiter l’accumulation des richesses matérielles (elles mêmes convertibles en richesses symboliques et réciproquement si l’on suit Bourdieu) que permet le droit foncier, commercial et autres droits qui viennent en renfort des deux premiers quand les individus se mettent à contester, voire enfreindre un ordre légal qui apparait inique et dégradant.
Vous avez raison de dire que le néo-libéralisme consiste à nier dans les faits ce droit à la propriété pour une masse toujours plus importante d’êtres humains. Il le fait d’autant plus facilement que le propriété c’est pour lui la possession des richesses. Pour eux il n’y a problème qu’à partir du moment où les dispositifs juridiques qui garantissent les titres de propriété sont déficients ou caducs et – ou que l’Etat je joue plus son rôle de dernier recours.
La notion de propriété des libéraux et néo-libéraux est toute formelle. Elle ne s’intéresse pas à son contenu humain, social, bref relationnel.
L’ordre néo-libéral est à la fois anti-humaniste et anti-démocratique. Il s’appuie sur le droit pour créer les conditions qui permettent de soustraire, via la logique universelle du marché, des humains à la jouissance de droits élémentaires, tels que ceux de respirer, boire, manger, dormir, s’éduquer dans de bonnes conditions et d’autres choses encore, comme développer des dons artistiques, ou vivre en travaillant autrement. Une classe de privilégiés amasse des fortunes considérables grâce au respect d’un droit purement formel, qui n’a qu’une vision quantitative de la vie humaine. D’autre part, le néolibéralisme a pour règle d’airain qu’un euro de gagné appartient à celui qui l’a gagné légalement, et peu importe que l’on en possède très peu ou en quantités astronomiques, car l’Etat garantit ces sommes, quoi qu’il arrive. Puisque la propriété individuelle des titres est un droit inaliénable et la pierre de touche des sociétés libérales et plus encore néo-libérales. Nous en avons la démonstration aujourd’hui jusqu’à l’absurde, et cela devient de plus en plus insupportable pour les citoyens qui voient maintenant où le respect absolu de la propriété individuelle des titres de propriété individuelle mène nos sociétés et le monde.
Quant à la déclaration universelle des droits de l’homme elle ne définit pas ce qu’est la propriété, elle dit seulement que l’on ne peut en priver quiconque de façon arbitraire, ce qui est une définition très limitative, qui fait le jeu du libéralisme économique.
@ 2casa,
La fonction naturelle de valorisation est sériation de projets P1-> P2-> P3->……..Pi->Pi+1……… Pn-1->Pn …. où l’un est sacrifié à l’autre par non indifférence. J’hésite à dire ici que le projet Pi sacrifié est le ‘prix’ à payer en vue de Pi+1 qui devient un ‘bien’ , lui-même devenant le ‘prix’ en vue de Pi+2 parce que vous allez immédiatement foncer la-dessus pour y voir des concepts économiques alors que c’est le mode de fonctionnement naturel qui permet aussi à mon chien de choisir entre sa gamelle d’eau et celle des croquettes (mon chien n’est pas économiste, çà se saurait. Les pathologies de cette fonction naturelle de valorisation s’appellent aboulies, comme la défaillance totale ou intégrale de ce qui va suivre les caractériels)
La faculté d’analyse éthique formelle (sans contenu autre que réciprocité et mises en rapports qualitatifs et découpages unitaires ou quantitatifs) analyse en nous humains cette fonction naturelle, sur le mode de la réciprocité tout d’abord: le prix (de Pi)devient ‘gage’ trouvant son critère d’analyse dans Pi+1, comme Pi+1 devient ‘titre’ de trouver son mode d »analyse ds Pi. On parle alors de réciprocité sur le mode ‘correction-probation’.
Le gage s’analyse, toujours sur le mode formel sans contenu, en ‘garant’ donc qualitativement de s’opposer à tout ce qui n’est pas autre (alius), comme phonologiquement ‘a’ se définit par opposition à du « non ‘a’ » càd tous les sons possibles moin « non ‘a’ »; et en ‘caution’ donc principe unitaire de décomposition du gage sur le mode quantitatif. (ce qui définit l’unité au plan formel est d’être faisceau structurallement déterminé d’identités… sans que le principe qualitatif ne soit concerné aussi paradoxal que celà paraisse).On parle alors d’analyse timologique, en nous et à notre insu!
Le titre de façon toujours aussi ‘abstraite’, formelle, s’analyse en ‘congé’ et ‘cas’, je ne développe pas c’est analogique; on parle alors d’analyse chrématologique (différent de la chrématistique)
Par contradiction dialectique du naturel et du formel ( fonction de valorisation et faculté éthique) la personne parvient à se satisfaire qd même mais de façon rationnée, et l’on parlera alors de morale explicite plus ou moins casuite (laxiste) ascétique ou héroïque suivant que l’emporte l’importance que l’individu se donne de la fonction naturelle de valorisation ou du formel. D’où la jouissance impossible ou jamais satisfaite diraient les psychanalystes qt aux comportements sains.
Pour prendre une image disons que le naturel ici est DU sable attiré vers le sol par la pesanteur, l’instance éthique formelle un tamis de fils entrecroisés mais spécifique de notre humanité, et la morale le sable tamisé. Suivant les individus ou l’heure du jour pour un même individu le tamis va être plus ou moins sélectif sur ce qu’il va laisser passer; Pour certains une fine poussière pour d’autres des pavés ( aucun relation avec l’actualité).
La question des pathologies maintenant:
I) Si l’instance éthique « surfonctionne » et sur l’un des points d’abstraction, les hypothèses du modèle font que l’on sera en présence des névroses:
Coté ‘gage’:
N Obsessionnelle par excès ou adhérence au garant (l’homme aux rats de Freud)
N phobique pour la caution
Côté ‘titre’:
hystérie (qualitative/ congé) et hystérie de conversion (quantitative/ Cas) et toujours par adhérence ou excès du formel.
Si l »instance sous-fonctionne, nous sommes ds la configuration inverse avec prégnance du pulsionnel (de la fonction de valorisation) et sur quatre modes possibles:
Côté ‘gage’:
Fusion ou disparition du critère formel qualitatif(garant): les objecteurs (je n’ai pas dit de conscience),
idem quantitatif (caution): les fugueurs,
Côté ‘titre’:
les libertins (disparition du critère qualitatif de la jouissance que l’individu s’autorise)
les monomaniaques (disparition du critère quantitatif).
Voilà, donc rien à voir avec les autres plans de rationnalité, sauf que c’est ce mode d’autocontrôle implicite qui contrôle qd même ce que l’on s’autorise à Dire, Faire ou Etre donc ds le langage, l’art de s’y prendre pour faire ou les rôles qu’on s’autorise.
Pour que l’observation et/ou l’expérimentation soient possibles et relativement à ce qui nous préoccuppe ici sur le blog de Paul Jorion, il faut et il suffit que les codes soient suffisament précis et nombreux pour que la répétition de la même défaillance du formel permette d’établir un diagnostic par prédictibilité structurale. J’en profite ici pour repréciser – je l’avais fait mais je ne me souviens plus sur quel post de PJ – que pour les addictions par exemple, ce n’est pas l’objet de l’addiction qui importe car l’individu pourra en changer, mais le processus implicite lui-même qui font qu’un syptôme – qui peut aussi avoir d’autres causes – n’est pas le syndrome .
Rien ds le principe donc ne s’oppose à ce que l’on puisse concevoir des Codes avec la précision requise comme socialisation du droit qu’on se donne, exactement comme les glossologues parviennent à établir les diagnostics d’aphasies dans la langue comme socialisation du langage!
D’où mon idée de constitution très ramassée, avec le risque que je prends en utilisant ce dernier mot comme ce qui pourrait m’arriver. Au point ou on est cependant, rien ne s’oppose à mettre la barre au niveau nécessaire puisque sur de nombreux commentaires relativement à la conjoncture pointent les idées de dépendances, d’addictions, de manque de sagesse, simultanément un certain nombre d’idées floues sur la liberté, le droit (quel en est le fondement?) etc
Dernière précision:
La socialisation de ce qui se trouve pris ds notre fonction naturelle de valorisation ressemble étrangement à l’objet que se donne l’économie.( rien n’échappe à cette valorisation….naturelle….donc le concept de valeur comme sa relativité n’est plus un pb)
Mais la socialisation de processus minimaux de légitimation devient donc bien l’ »objet » sur lequel il devient nécessaire de se concentrer pour échapper à la tyranie des intérêts, bref, passer de l’économistique dominante à l’art de guider que Jean Ganepain a appelé hégétique. Mais l’autre pb est que la morale, pour autant qu’observable, est elle-même tout aussi relative (A CONDITION QU’IL Y AIT BIEN MORALE, donc PROCESSUS DIALECTIQUE NON PATHOLOGIQUE QUI PERMET DE SE DIRE LIBRE!)
Mais alors, si tout est relatif, comment s’en sort-on?
Tout d’abord, c’est bien parce que tout est relatif que certains peuvent s’autoriser tout et n’importe quoi dont la privatisation des bénéfices et la collectivisation des pertes! D’où l’urgence que nous percevons tous suivant nos angles de reflexions et nos outils d’une refondation de civilisation. ET en fait si vous m’avez suivi, je n’ai rien fait d’autre tout en répondant à 2casa que d’en fixer le cadre…
Ps: pour revenir à la dernière question de 2casa, il ya bien le DSM IV, mais personnellement je n’en attends rien puisqu’il est fondé sur des statistiques de déviances observables sans produire la moindre explication!
@ Eugène
Permettez que je rapatrie vos commentaires ?
@Pierre-Yves D
Dont acte.
Reconnaissez toutefois que la phrase:
“Comme le rappelle J.-C. Werrebrouck la propriété est pour les libéraux, et a fortiori les néo-libéraux, le premier des droits de l’homme.”
étant donné l’histoire politique du XXème siècle en particulier, prend un tout autre sens (son sens véritable) si on remplace par richesse, au moins aux yeux de nos contemporains moins portés à l’analyse que vous-même.
D’autant que, plus que la propriété sociale à laquelle vous faites allusion, c’est surtout la « propriété » pure et dure au sens de la possibilité, pour les communautés, de gérer souverainement l’environnement dont ils tirent leur subsistance, qui est en jeu.
Nous ne sommes certes pas aussi bien placés que Tecumseh, le chef Shawnee, pour bien appréhender le problème, mais les choses deviennent de plus en plus claires.
@Eugène
Bravo pour la concision, on ne peut dire mieux.
Mais quand on va creuse du côté de la légitimité (pour moi pas très loin d’un mot valise), on va certainement flirter avec des termes comme liberté, justice, responsabilité…
@ Bernard,
Sur le dernier § bien sûr, mais l’intérêt de la théorie de la médiation est justement de pouvoir les fonder les uns relativement aux autres, de distinguer aussi ce qui relève du sociologique ou de l’axiologique comme de leur interférence absolument nécessaire pour piger Et la merde ds laquelle l’ecofinanciarisation nous plonge Et l’impossibilité des philosophes fonctionnant encore comme lanterne publique tentant d’éclairer la sortie alors qu’ils pataugent sur la distinction de l’éthique et de la morale; l’une par racine grecque et l’autre latine de plus ou moins la même chose. Et ce serait avec çà qu’ils voudraient nous faire croare qu’il vont pouvoir faire avancer le schmilblic, croa-croa!
Une application intéressante relativement aux questions écologiques:
la distinctionprévention-précaution (préambulisée constitutionnellement qd même), suivant que le risque est positivement connu ou non, est obsolète si on réussit à faire jouer la dialectique axiologique. Je veux dire qu’une stratégie de prévention – ‘a priori’ politique – bien conçue (vérifiant le modèle au point de faire jouer les ‘critères’ de l’instance éthique formelle) pousse jusqu’au sens de la précaution en chaque individu, donc du coup devient opératoire en rendant les théories du conditionnement appliquées à l’humain, comme celles de la prise de conscience via le langage totalement dérisoires. A l’heure de la simultanéité des crises, rien que ce petit truc mériterait que les gens qui s’inquiètent de l’avenir des conditions de vie sur terre pour les humains aillent voir directement à mes sources pour piger par elles-mêmes en quoi j’ai raison ou au contraire galége…
@ Eugène
Je ne possède pas probablement pas les prérequis pour vous suivre conceptuellement de façon précise sur votre analyse des rapports des fonctions de valorisation et d’éthique. La notion de titre notamment m’a échappé complètement.
Cependant, n’est-ce pas une conception de d’autolégitimation purement individuelle du comportement, dont il me semble être parfaitement en phase avec votre « constitution », mais dans laquelle le « nous » deviendrait « je ».
Le passage au « nous », nécessaire pour que la constitution puisse remplir son rôle auprès des citoyens, me semble quelque peu problématique.
Peut-on trouver un arbitrage qui ne soit pas complètement totalitaire ?
Si je ne suis pas complètement à coté de la plaque, comment l’envisagez-vous ?
@ Bernard
Le ‘titre’ est une notion abstraite, c’est l’analyse formelle de la jouissance possible se décomposant qualitativement et quantitativement en nous, et à notre insu; c’est l’analyse du bien. C’est elle qui nous fait éprouver ce sentiment de honte indépendamment du regard d’un tiers.
http://pagespro-orange.fr/bcc/Axiologie.htm
Vous trouverez sur ce lien le descriptif complet du modèle axiologique. Pour être anthropologiquement complet, il vous faudra aussi regarder les trois autres modèles (glossologie ergologie sociologie) car la question qui se pose ds la codification est d’abord ds l’interférence de la sociologie et de l’axiologie; mais pour advenir suppose un cadre constitutionnel adapté.
le passage du ‘je’ au ‘nous’ provient de la nécessité sociale d’harmoniser les limites, et du fait que la raison sociale, notre historicité, n’est pas cette autre raison ou rationnalité qui nous fait normalement nous autolimiter.(Confondre les deux serait vouloir trouver une même racine causale aux troubles de la socialité – psychoses et perversions – et aux troubles d’aculturation du pulsionnel – névroses et psychopathies). La question est donc comment permettre de respecter la liberté d’autrui, tout en « instituant des règles » (le dernier concept relève du champ axiologique exclusivement) donc en fabriquant des codes adaptés (l’interférence des deux dialectiques joue déjà ds cet « instituer des règles »; instituer: ds le champ sociologique, règle: ds le champ axiologie) qui puissent simultanément permettre d’observer les troubles de l’autocontrôle. En celà, les codes sont non prescriptifs, sans obligation; avec une toute petite restriction cependant pour ceux qui prétendent gouverner autrui en nous montrant d’abord qu’ils se gouvernent eux-mêmes!!!!!!!!!!!!! bien sûr il leur serait possible de jouer, de se soumettre. La difficulté consiste à multiplier ce type de codes pour, par recoupement, pouvoir estimer la fiabilité de ces « décideurs » (ds fiabilité on retrouve encore ‘fidès’ comme ds confiance, donc aussi crédit, et du coup je pourrais faire retour immédiat ds l’actualité…)
Si ce type de codes était d’ailleurs obligatoire donc totalitaire, il ferait disparaitre la possibilité d’expérimenter** sur l’en-GAGE-ment. bref, la vertu n’est pas obligatoire mais on peut l’attendre de ceux qui prétendent nous gouverner en quelque champ que ce soit sans qu’ils soient des saints (sains me suffit!). Le risque, de mon point de vue, n’est pas tant d’être ds une position totalitaire, mais bien plus dans l’usage de ce type d’informations produites relativement à la connaissance (qu’ils ignorent eux-mêmes!) des citoyens, donc par un type de gouvernement effectivement totalitaire parvenu au pouvoir par la force, et qui lui en abuserait!
** rien ne s’oppose à l’expérimentation concernant les troubles neurologiques (aphasies et atechnies) (rapports à la chose via le langage et l’art), par contre, les troubles plus psychiatriques (rapport aux gens – entre eux ou à eux-mêmes) sont, eux, de fait immergés ds la socialité et le droit que chacun se donne. Pour l’exemple que j’ai trouvé permettant de vérifier l’interférence et structuré par l’instance éthique formelle, je n’ai pas d’autre alternative, pas d’autre choix que d’expérimenter grandeur nature puisque la situation expérimentale doit emporter avec elle tous les éléments de sa vérifiabilité donc respecter la possibilité de liberté telle que les individus la vivent avec ou sans moi … d’où le paradoxe qui me fait écrire ‘expérimenter’ pour « instituer ». (comparaison n’est pas raison mais si vous vous souvenez du jugement de Salomon, il a bien expérimenté ds l’action, pour trancher entre les deux femmes … bon je ne suis pas Salomon), d’autre part, la situation expérimentale n’est jamais qu’une situation d’où ressortaient des possibilités d’illégitimité et d’abus flagrants, donc potentiellement corrigibles – au sens « correction » ds mon message ‘constitutionnel’ ci-dessus 25-03 à 11:03.
En prenant le risque d’une constitution trop synthétique, je voulais d’abord mettre en avant qu’elle devra impérativement comporter cet élément permettant un saut qualitatif ds le gouvernement des hommes par eux mêmes, sans recourir à une justification par le transcendant relativement à la légitimation du pouvoir. Vous verrez un peu plus tard et après mûres reflexions que ce n’est au final absolument pas incompatible… mais un pb de ‘lecture’ des dialectiques en nous
@JC Werrebrouck,
Vous expliquez dans votre excellent article que la prochaine étape politique de l’idéologie libérale consiste en l’Ordo-libéralisme que vous décrivez très justement comme un ordre post-politique.
Pensez-vous que cet « ordo-libéralisme » pourrait émerger à la faveur de cette crise dans nos démocraties ?
N’y a-t-il pas un paradoxe sous forme d’aporie dans la nécessaire existence de l’Etat. Vous dites en effet que l’ordre Hayekien ne peut s’épanouir en raison de la pression que certains « libéraux » exercent à travers la structure Etat afin de tirer un avantage dans le rapport de force en évitant « le marché ».
Cette facilité me semble constitutive de l’ordre actuel, elle avantage de nombreux acteurs, pourquoi y renoncerait-ils entérinant de fait une perte de pouvoir à la faveur de « l’auto-régulation » (dans le cadre de l’Ordo-libéralisme) ?
Je vous pose cette question parce que ce matin le grand ordonnateur de l’émergence des politiques néo-libérales en France et en Europe, Jacques Delors était sur France-Inter pour présenter son nouveau livre « investir dans le social » et les recettes préconisées consistaient à approfondir « les réformes » dans le sens ultra-libéral.
« En prolongeant la durée de la vie active pour réformer les retraites et en refusant d’augmenter les cotisations sociales.
En incitant les chômeurs à reprendre un travail, première qualité du RSA.
En dégraissant le « mammouth », l’« État obèse », « difficilement contestable » ; il suffit de discuter les « modalités d’application ».
En faisant référence à la notion libérale néoclassique de « capital humain » pour désigner le savoir et le savoir-faire des travailleurs. Mieux encore, en remplaçant le mot « travailleur » par celui de « capital humain » ».
http://speculand.com/Investir-dans-le-social-apres-l
Ce qui m’amène à m’interroger, l’ultra-libéralisme actuel n’est-il pas une préfiguration d’un ordo-libéralisme en voie d’aboutissement ?
Naomi klein dans son dernier ouvrage* fait un parallèle saisissant entre l’institution des électro-choc (mythe de la page blanche et du nouveau départ) et le contexte des préconisations économiques de l’école de Chicago (dictature de Suharto ou Pinochet, 11 septembre, Ouragan Katrina, Tsunami 2004).
Son « capitalisme du désastre » dans sa façon d’influer sur les individus ou les peuples ne participe-t-il pas déjà d’une forme non-aboutie de mise en place de l’ordo-libéralisme ?
* « La Stratégie du choc – La montée d’un capitalisme du désastre » Actes-Sud
Bonne journée à tous
@ Eugène
Je suis allé faire un tour sur le site.
Je ne suis pas sûr d’avoir beaucoup avancé dans le détail des concepts, sauf sur l’ambition et la globalité de la méthode.
Sur le sujet qui nous occupe:
« avec une toute petite restriction cependant pour ceux qui prétendent gouverner autrui en nous montrant d’abord qu’ils se gouvernent eux-mêmes!!!!!!!!!!!!! bien sûr il leur serait possible de jouer, de se soumettre. La difficulté consiste à multiplier ce type de codes pour, par recoupement, pouvoir estimer la fiabilité de ces “décideurs” (ds fiabilité on retrouve encore ‘fidès’ comme ds confiance, donc aussi crédit, et du coup je pourrais faire retour immédiat ds l’actualité…)
Je suppose que, vu de l’extérieur, la présomption de fiabilité serait pourrait reposer sur la constatation de l’absence (ou le bégninité) de pathologies de l’autocontrôle chez les prétendants, via les pathologies signifiantes.
Méthode analytique, j’allais dire cartésienne, peut-être assimilable à la précaution, certainement pas facile à utiliser sur les candidats déclarés tellement cette population semble pourvue de symptômes pathologiques forts.
Une autre méthode est peut-être possible, c’est la méthode statistique, dans laquelle on prend suffisamment de prétendants, tirés au sort, de sorte que la statistique permet de à ces pathologies de se neutraliser.
Un principe de précaution en quelque sorte…