Billet invité.
OPACITES
J’ai hésité sur le mot à employer pour caractériser l’actualité de ces deux derniers jours, pour finalement conclure qu’opacité s’imposait sans aucun doute possible, dans ce monde où la transparence est un maître mot (pour en réalité mieux la dissimuler). Dans cette phase finale de préparation du G20, qui se tiendra le 2 avril prochain, nous sommes désormais en immersion dans un monde du silence, de manière d’ailleurs hautement suspecte, avant que ne retentissent les prochaines clameurs du sommet des chefs d’Etat. Mais, comme chacun sait, ce monde est plein de bruits étranges, que les océanographes parviennent à écouter et interpréter quand ils étudient la biologie marine.
Pendant ce prologue sous forme d’interlude, des paravents continuent d’être les uns après les autres dressés, avec comme fonction première d’occuper le devant de la scène pour mieux en restreindre la vision. L’expression d’une toute bête stratégie de communication. C’étaient hier les bonus et les dividendes, les paradis fiscaux ont pris la suite, les primes et les stock-options prennent le relais. C’est proprement indécent, surtout si l’on constate que c’est à chaque fois le même scénario qui se déroule, l’opinion publique est d’abord prise à partie, afin de partager l’indignation des politiques, ces derniers annoncent que l’on va voir ce que l’on va voir, font des effets de manche, et l’on ne voit à l’arrivée rien du tout, ou si peu. C’est aussi bien valable en France qu’aux USA, deux pays où ces tours d’esbroufe sont époustouflants, sans doute parce que c’est là que je les remarque le plus.
Si l’on prend le thème du partage des richesses agité en France par Nicolas Sarkozy, qui préconisait il y a peu le partage des profits en trois tiers, dont un en faveur des salariés, la question s’est vite dégonflée. L’idée est plus modestement devenue de distribuer plus largement les stock-options, et non pas de les supprimer, une vieille resucée de la participation, afin de faire mieux passer l’inégalité un peu trop flagrante de leur distribution.
Si l’on considère la question des paradis fiscaux, dont le « manque de coopération » n’est évoqué qu’à propos d’un aspect somme toute mineur de leur activité, à savoir la fraude fiscale des grandes fortunes (oubliant les colossaux avoirs qui y sont réfugiés via les filiales off shore des banques et des grandes entreprises), les premières pelletées de terre ont déjà été jetées avec l’annonce que les principaux « paradis » européens n’étaient plus dans le carré des criminels, des inscrits sur la liste noire de la honte de l’OCDE.
Enfin, si l’on suit l’actualité américaine et la question brûlante des primes d’AIG, on se frotte les yeux d’étonnement en lisant la déclaration de Barack Obama, expliquant qu’il n’est pas possible de gouverner sous l’emprise de la colère. Dimanche dernier, dans le cadre du magazine « 60 minutes » du réseau CBS, il a mis en garde contre la tentation d’ « utiliser le code fiscal pour punir les gens », alors que le Congrès étudie un projet de taxation des primes, sous l’effet semble-t-il de sa colère et de celle de ses électeurs.
Mais ne traiter l’actualité que suivant le thème « on nous cache quelque chose » serait un peu décevant. Et risquerait de ne susciter que nouvelles explications conspirationnistes, alors que nous avons l’extraordinaire bénéfice de vivre, presque à livre ouvert en réalité, une crise dont l’issue n’est connue comme certaine que par ceux qui ne cherchent pas nécessairement à la comprendre. Que peut-on donc déceler de ce qui se trame derrière ces paravents, tels des changements de décor opérés dans le noir et avec le minimum de chocs, dans la délicieuse attente que la lumière se fasse à nouveau, qu’elle éclaire de nouveaux décors ainsi que des comédiens, qui feront leur entrée avec comme principal choix d’emprunter les masques de la tragédie grecque, de la tragédie ou de la comédie ?
Il faut écarquiller les yeux un peu. Faire le compte des petites phrases des seconds couteaux chinois, qui comme dans le bon vieux temps soufflent publiquement le chaud et le froid sur de discrètes négociations qui, elles, ne le sont pas. A propos de l’achat des Bons du Trésor américain un jour, dont la perspective est maintenue les yeux dans les yeux, de la reprise des négociations du cycle Doha un autre, laissant espérer de nouvelles concessions permettant de les débloquer. Pour mieux masquer d’autres intentions, en premier lieu la diversification de leurs risques, et donc de leurs placements. En second des visions à plus long terme, comme on le verra plus loin.
Il faut être aux aguets d’autres petites phrases prononcées par d’autres joueurs de ce stud poker américain planétaire, avec des cartes cachées et d’autres que l’on découvre. La situation économique mondiale reste « extrêmement inquiétante et difficile », a estimé ce jour lundi à Genève Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI. Justifiant d’autant mieux par ce sombre pronostic sa préconisation insistante : « Il y a une possibilité de reprise en 2010, mais cela dépendra de certaines conditions », en particulier « des politiques audacieuses mises en œuvre par les gouvernements », précisant pour qui n’avait pas compris qu’il fallait relancer la demande, les politiques monétaires ayant atteint leurs limites. C’est exactement ce que veulent les autorités américaines et cela montre qu’ils n’ont pas abandonné l’espoir d’obliger les Européens à mettre au pot à leur tout pour soulager leur propre effort financier.
D’autres signes éclairent ce qui est en train de se jouer. François Fillon , premier ministre français, est en train de jouer les sherpas à Washington, sous couvert d’une rencontre avec Joe Biden, vice-président américain. Il s’est ainsi entretenu à huis clos avec Tim Ryan, le président de l’Association des marchés financiers et des courtiers (SIFMA), Eric Dinallo, le responsable de la régulation des assureurs dans l’Etat de New York, William Dudley, le Président de la Réserve fédérale de New-York et Bruce Wasserstein, le PDG de la banque Lazare frères. Il doit également rencontrer Larry Summers, le conseiller économique de Barack Obama et Barney Frank, président de la commission des Finances de la Chambre des représentants. Tout laisse à penser que François Fillon effectue une mission d’information en prélude au G20, qui porte sur la future régulation financière, afin de connaître les véritables intentions américaines à ce propos et d’ajuster la position française. Nous n’en saurons pas plus dans l’immédiat, sauf peut-être en écoutant la conférence qu’il va prononcer devant la Fondation Carnegie pour la paix internationale, dont le thème est « la vision française de la réponse à la crise », un intitulé très américain, donc flatteur, ont sans doute cru les membres de son cabinet, puisque les hommes politiques ont tous dorénavant des visions, ce qui n’est pas à portée du commun des mortels et les en distingue donc.
Mais venons en au morceau de choix de ce dimanche et lundi. L’annonce par Tim Geithner de son plan de sauvegarde du système financier américain, que Paul Krugman vient de qualifier dans la chronique particulièrement au vitriol du New York Times que Paul a reproduite dans son billet le plus récent, de « terrible gâchis ». Ce nouveau plan n’a en réalité pour seule nouveauté que l’habillage, il s’inscrit dans la continuation du plan Paulson d’origine, abandonné et aujourd’hui repris, renouant avec la même « philosophie ». Tout un échafaudage est en effet construit avec comme seul objectif de masquer une vérité crue et inavouable : c’est l’Etat qui, indirectement et discrètement, financera l’achat des actions toxiques, les investisseurs privés qui figureront dans la vitrine décorée par le Trésor ayant obtenu les garanties qu’ils ne risqueront rien, ou bien des compensations, probablement via des sociétés off shore. Ce qui leur permettra d’acheter à un haut niveau ces actifs, au profit des banques, puisqu’ils n’auront pas à se soucier de leur valeur future. Voilà le mécanisme, que Tim Geithner a on s’en doute présenté sous un jour plus flatteur, ne reconnaissant que l’Etat prend dans cette affaire des risques que pour aussitôt ajouter que les investisseurs privés les prendront aussi et que tout le monde bénéficiera des éventuels bénéfices de l’opération, s’il y en a… Pour ensuite ajouter que les USA n’étant pas la Suède, qu’ils ont un système financier bien plus compliqué (à un point tel, qu’il n’a pas besoin de l’expliquer) et que la nationalisation des banques, comme elle y avait été pratiquée dans les années 90 n’est pas possible. Il ne prononce même pas le mot en N., c’est dire la distance qu’il prend avec la Suède. Paul Krugman parle d’un « plan désespérant », non seulement en raison de cet habillage, mais parce qu’il estime qu’il ne marchera même pas. Un comble.
J’ai déjà modestement eu l’occasion d’évoquer les grandes interrogations, qui ne font que s’accroître, à propos des moyens de financement des plans de sauvegarde du système financier et de relance de l’économie. Des calculs impossibles destinés à optimiser un équilibre introuvable entre emprunts d’Etat et création monétaire des banques centrales. Des risques, que l’on devine moins calculés, d’inflation qui pourrait découler de cette dernière, comme s’il était puisé dans un coffre au trésor sans fond, pris par les mêmes démons et la même fièvre « court-termiste » que celle de la finance et du casino, avec le même fol espoir dans une martingale ou une bonne étoile.
Cette pièce-là n’est pas encore jouée, et l’inflation n’est pas seule inscrite au répertoire. Car on en peut en filigrane pressentir un autre enchaînement, un filage comme disent les professionnels. La menace montante qui va peser sur le statut du dollar, la recherche d’une alternative, la farouche résistance des Américains devant le risque de disparition de ce privilège exorbitant, très lourd de conséquences pour eux. Ce qui n’empêche pas, déjà, de premières spéculations, qui pour ne pas être financières n’en sont pas moins déstabilisatrices de l’ordre monétaire existant, en vue de chercher pour l’avenir de nouveaux points d’appui.
La puissance du dollar, qui sert encore de refuge tant qu’il ne se sera pas écroulé, comme le risque en grandit, comme la prochaine étape d’une crise qui ne cesse de surprendre, gèle aujourd’hui la situation. Mais pour combien de temps ? Quand va-t-il falloir, effrayé par les additions qui se succèdent, chercher une troisième voie, en se souvenant par exemple de la mécanique des droits de tirage spéciaux et de cette faculté reconnue au FMI de créer lui aussi de la monnaie ? Afin de soulager ainsi les banques centrales, dont les bilans deviennent hydrocéphales à force de tenir à bout de bras le système financier, ainsi que, petit à petit, des secteurs entiers de l’économie ? Car le marché obligataire, devenu unique roue de secours des grandes entreprises, n’est pas peuplé de bons samaritains et fait payer cher ses services, et les moyennes entreprises n’y ont pas accès. Les Américains feront, sans pouvoir se tromper à ce sujet, obstacle à cette perspective, car cela serait consacrer la chute de son trône du dollar, mais auront-ils les moyens de l’éviter ?
Certains économistes évoquent de leur côté, à propos du système monétaire international, la nécessité de substituer au dollar dans son rôle de monnaie de réserve et de référence un panier de devises, dans lequel le dollar conserverait certes un rôle, mais amoindri. D’autres élaborent un nouveau système s’appuyant sur la coexistence réglementée de différentes zones (à l’image de la zone euro), extrapolation des tentatives brésiliennes de créer une telle zone en Amérique Latine et une autre en Asie, mais là le jeu est encore plus compliqué.
Tout ceci n’est encore que du domaine de la spéculation, certes, mais les autorités chinoises ont franchi le pas, du haut de leurs coffres-forts, pour jouer leur propre petite musique. Anticipant la fin d’un règne annoncé, ils appellent à la création d’une monnaie de réserve internationale stable sur le long terme, pour remplacer le dollar, qui serait contrôlée par le FMI. Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque de la République Populaire de Chine l’a écrit et signé sur le site web de la banque, en anglais pour qu’il n’y ait aucune équivoque. D’après le Financial Times d’aujourd’hui, Qu Hongbin, économiste en chef pour la Chine de HSBC a déclaré que « c’est un signe clair que la Chine, plus importante détentrice d’actifs en dollars, s’inquiète des risques potentiellement inflationnistes résultant de la création monétaire de la Réserve Fédérale américaine ».
78 réponses à “L’actualité de la crise : Opacités, par François Leclerc”
La réaction de la Chine me parait la plus juste .Un panier de devises assurera une meilleure stabilité des échanges que le seul dollar. On ne met pas tous ses oeufs dans le meme panier.Ceux qui ne croient pas à la chute du dollar comme monnaie unique de référence s’aveuglent comme certains qui ne croyaient pas à la décolonnisation.
@champignac,
Raisonement logique concernant les investisseur US. Mais je pense qu’il en ait de même pour tous les investisseur. Ils préfereraient bien sur que les cour soient haut et qu’il contunuent de monter. Hors pour faire monter un cours c’est comme en thermo, il faut y appliquer une certaine quantité d’énergie et surtout maitenir cette quantité d’énergie pour maintenir la temperature des cours. Mais est ce que le maintiens des cours est necessaire aux bon fonctionnement des entreprises cotées ?
Salut à tous,
d’abord une petite synthèse de la façon dont je comprends cette crise (s’il y ‘a des erreurs merci de me les signaler) et quelques interrogations par rapport à ce qui se passe.
Donc, depuis 2001/2002, la croissance économique américaine basée sur la consommation des ménages est en réalité alimentée par la dette de ces même ménages.
Ces dettes (achats immo, cartes de crédits, voitures etc) ont été revendu sous forme d’obligations (titrisation : ABS,RMBS CDO) par les banques à des investisseurs privés (banques, hedges-funds, universités, musées, ville en France !!!).
Tout cela fonctionnait comme sur des roulettes tant que les américains gardaient une possibilité de s’endetter grâce à la valeur de leurs biens immo qui grimpait, grimpait grimpait…
crise des subprimes (emprunteurs insolvables), éclatement de la bulle immo, contagion ( RMBS, CDO ?) qui finit par toucher le rendement des tranches prime.
Les obligations deviennent invendables (illiquides ?), leurs prix baissent, des trucs noté AAA deviennent Junk.
Les banques qui en ont plein leurs bilans doivent revoir le montant de leur actifs, déclarer des pertes, à l’extrême , elles sont en faillite.
Le truc fondamental que je capte absolument pas…c’est comment l’état US en rachetant ces actifs peut espèrer leur redonner de la valeur ?
Est-ce que ce plan consiste pour l’état à rembourser toutes les dettes qu’il achète sous forme de titres ?
En clair je ne comprends absolument pas le sens de ce plan…
En fait je ne comprends pas comment des trucs qui valent plus rien pourraient avoir de nouveau de la valeur, si au bout de la chaîne, le gars qui a emprunté pour sa bagnole, ses études ou sa baraque est incapable de rembourser…
je me demande aussi comment ça se passe pour les pékins moyens, est-ce que ce plan va avoir une influence sur les gens qui sont en train de perdre leurs maisons ou qui sont devenus insolvables ?
Bon ,je suis un peu désolée pour ces questions stupides mais j’avoue qu’à ce stade ( éh,éh,éh) je décroche un peu car tout me paraît surréaliste….
Bonne journée les amis !
Bienvenue sur Avanti-Populo, le site des Francs Plombiers
Dès fois que ça soit moins opaque, présenté sous cette forme là , à l’inspiration de la polchtronologie, l’avenir de l’économie lu dans le dépot d’une bouteille de vin
« Aujourd’hui Jeudi 17 avril 2008, révélations importantes sur l’année en cours!
Cliquez sur « lire la suite » pour découvrir nos prédictions exclusives, faites à partir de la lecture du dépôt d’une bouteille de Côte du Rhône E.Guigal 1984 !!!
Tout sur la crise financière, ses répercutions, ses corrélations et tout le folklore… »
c’est là
http://avanti-populo.com/index.php?option=com_content&task=view&id=156&Itemid=1
@Gostdog,
Se que tu ne semble pas comprendre c’est qu’en rachetant des titres dont personne ne veux ont leur donne du coup de la valeur. Mais c’est clair que donner de la valeur a se qui n’en a pas, c’est un peux comme pisse dans un violon est se prendre pour une musicien d’excellence. Pour le reste tu me seble avoir tout compris. En fait il se serve des contribuable pour régler la note en leur faisant espérer une amélioration de la situation. En quelleque sorte il prennent l’argent des contributions pour racheté la dettes des contribuables. En esperanr relancer l’inflation qui serait a elle seul capable de ruiner ces mêmes contribuables. C’est un peut du n’importe quoi, mais comme personne ne veux plus ou ne peux plus rien y comprendre. La seul remonté des cours et saluer comme le résultat d’une bonne manoeuvre. M’enfin a quand la prochaine relance et le nouveaux plan. D’ailleurs Cécile tu aurait trés bien pu faire la demonstration avec une bouteille de beaujelais nouveaux. Car si il y a bien un vin que change sans arrét tout comme les prédictions et les mesures de relance, c’est bien celui la.
Les nouveaux fonctionnaires du capitalisme
Quant « le capitalisme » sera jugé et programmé par des fonctionnaires, on ne parle plus de « l’économie de marché » mais plutôt de la nouvelle « administration » du marché.
Quant les acteurs du marché (traders, dirigeants, actionnaires) seront rémunérés par une grille comme celle des fonctionnaires, on attend plus de miracle de ce marché.
Quant ces acteurs qui ont fait le bonheur du capitalisme seront jugés de traître, et les fonctionnaires seront les héros, on attend plus de signe de reprise de ce marché.
Pour combler certaines lacunes et faire plaisir au « peuple » on s’acharne aujourd’hui sur les bonus des « traders », les parachutes doré des PDG de « Valeo », les stocks -options de la « société générale » et la liste des condamnés risque d’être plus longues dans les prochaines jours.
L’inflation dans les taux d’intérêts et les crédits immobiliers ont été la source de cette crise, et aujourd’hui on se trouve face à une inflation de la logique des fonctionnaires au détriment de la créativité économique.
Ce n’est pas qu’on adopte l’extrême limite de la pensé pour avoir la solution magique, mais le juste milieu sera suffisant pour résoudre un problème: « Une simple dose sera suffisante pour guérir une maladie, mais une overdose sera mortelle »
@ champignac, @ Dissonance, @ logique
Merci pour vos réactions et conseils.
J’ai peut-être tendance à idéaliser un peu, surtout en ce qui concerne le public US. mais globalement est-ce le particulier qui investit ses économies en action ou la banque chez qui il dépose ses économies ? Est-ce l’acheteur d’une maison individuelle qui de lui-même crée un titre spéculatif en contractant un prêt immobilier ? Lui a-t-on demandé son avis ? L’américain moyen comme on dit, bercé dans le confort de son opulence, n’a-t-il pas été convaincu de laisser « ceux qui savent » gérer ses richesses (enfin, ses dettes) afin de lui garantir pour l’éternité son niveau de vie ?
Autrement je suis d’accord sur le fait que la décence est une notion « non appréciée » dans ce monde car non valorisable (enfin qui sait ?), mais je ne pouvai m’empêcher de livrer mon sentiment.
@+
Le journal « Le Monde » publie ce qui semble être une « déclaration d’intentions de Mr Obama quand à la position qu’adopteront les Etats-Unis au G20 ».
Ici: http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/03/24/obama-au-g20-les-etats-unis-assumeront-leur-leadership_1171799_3232.html
Pas de commentaire pour l’instant 🙂
@ ghostdog
Normal que vous ne compreniez pas : cela n’a pas de sens. Sauf celui-ci : le plan consiste à faire accroire que tout ce papier pourrave vaut quelque chose. Comment ? En encourageant les « capitaux privés » à l’acquérir, grâce à des financements publics massifs, garantissant la « bonne fin de l’opération ». A savoir le remboursement de la mise si l’affaire tourne mal (ce qui est certain). S’il n’y a pas de risque de perte en capital, il est facile de ne pas se montrer trop chipoteur sur la valeur des sous-jacents (qui ne valent pourtant pas tripette). Imaginez que l’on vous prête 5 millions d’euros pour acquérir un appart, disons, à Montmartre (où je pense que vous aimeriez habiter). C’est trop cher payé, bien sûr. Mais si l’appart vaut davantage dans cinq ans, vous encaissez le profit; s’il vaut moins, le banquier paiera. Vous signez ?
Geithner offre un pari sans risque à ses potes. C’est un bon garçon de l’écurie Rockefeller (Trilatérale, Bilderberg, CFR). Son plan est une arnarque (de plus) aux fonds publics. Le plus triste dans cette affaire, c’est que cette proposition insensée pourrait bien être validée.
Question personnelle : est-ce que le chignon vous va bien, quand vous défilez en « tailleur noir Monsanto » ?
Ce matin j’écoutais à la radio un politicien, je ne sais plus lequel, s’indigner sur le parachute doré du PDG de Valéo mais reconnaître dans le même souffle que les rémunérations des patrons devaient rester conséquentes, eu égard à leurs prises de risque. Franchement, pour avoir bossé dans des multinationales je me demande encore en quoi les patrons/managers de ces boîtes prennent des risques. Ils ne misent pas un centime sur leurs biens personnels. Leur contrat est en béton et il est généralement assorti d’un plan de stock-options (dont l’échéance est suffisamment éloignée pour garantir une hausse de l’action sous-jacente) et d’un beau chèque à la sortie. Où est la prise de risque, je vous le demande? Qu’un petit entrepreneur prenne des risques, d’accord. Mais un manager d’une grosse boîte??? Quelle blague!!!
Un retour sur les constituants de la crise financière à savoir les foreclosures immobilières est nécessaire pour tenter d’apporter une réponse aux interrogations de ceux qui se demandent, comme Gostdog, comment imaginer qu’un investisseur puisse s’intéresser aux produits dérivés, des prêts hypothécaires, devenus toxiques ?
Au moment de la crise, septembre 2008, un correspondant américain qui voyait favorablement se préparer le Bailout d’Henri Paulson de 700 Mds$ me rapportait que la crise s’était développée sur une crise de confiance mettant en jeu un taux de foreclosure (défauts de paiement et perte de sa maison au profit de la banque) relativement limité de 3% (1Q-2008).
Pour lui et ses collègues traders l’Etat était peut-être en train d’effectuer le deal du siècle (achat des valeurs à prix Super-discount, revente aux enchères). Six mois plus tard après bien des hésitations et une large contagion de la crise financière à l’économie réelle entrainant l’accélération des défaillances (foreclosure), le plan Paulson est réactivé par Tim Geithner dans sa version initiale.
L’Etat ne se fera pas des C…..es en or mais pour autant les contreparties des produits dérivés toxiques tout en ayant poursuivi une courbe ascendante représentant l’équivalent d’un cyclone Catarina par mois, ses contreparties sont loin d’être nulles.
En 2007 ce sont 1 million de foyers (1-4 personnes) qui entrèrent en processus de foreclosure ; pour les trois premiers trimestres de 2008, ce sont 1.7 millions de foyers supplémentaires soit environ un taux supérieur à 4%. Début 2009 la crise s’accentue et les autorités s’attendent à atteindre 10% en 2010. Pour mémoire le parc américains serait de 110 millions d’unités résidentielles dont 75 millions sont occupés par leurs propriétaires et 51 millions d’entre elles font l’objet d’un financement hypothécaire.
Ces chiffres tout en étant impressionnants et sérieux en termes de dégradation, laissent néanmoins place à des valeurs qui sont loin d’être résiduelles et donc valorisables (même en prenant un marché de l’immobilier à 50%).
Le problème principal est dans la durée, six mois ont déjà été perdus, la défaisance peut s’échelonner sur plusieurs années voire une décennie comme notre CDR.
On trouvera en lien le rapport COP de mars 2009 du Sénat américain sur les foreclosures.
http://cop.senate.gov/documents/cop-030609-report.pdf
Frédéric Lordon le dit bien dans son petit livre. On agite en permanence le modèle de l’entrepreneur courageux qui s’est lancé en hypothéquant sa maison, dans le seul but de nous faire croire que tout manager prend des risques. Il règne une sorte de mysticisme du risque. Mais il y a des tas de gens, fonctionnant dans les hautes sphères, qui ne prennent jamais de risques, qui passent leur temps à se couvrir et à refiler les risques à d’autres comme une patate chaude. Si seulement, prétend Lordon, le risque était équitablement distribué et assumé, on n’en serait peut-être pas là.
@ Pierre-Yves D [12:12] s’adressant à Alain Soler
Bien dit ! … Parfait ! … Juste la bonne dose !
Juste à mi-chemin entre le tendre don altuiste, d’une part, et
l’énergie sèche et froide, le regard ailleurs, du rapace machoire serrée
… évidemment … ça fait un … fil d’une assez longue portée …
… un peu comme au-dessus des chutes du Niagara !
Mieux vaut regarder le point d’arrivée qu’en dessous.
ne pourrions-nous faire l’exercice sur deux fils parallèles ?
LeClownBlanc ça lui est impossible … beaucoup trop introverti.
lui c’est different il s’exerce dans les changements d’altitude … difficile aussi
@ iGor Milhit 12:13
Vous au moins ! … n’êtes pas comme Auguste ! … vous, je vous comprends
à l’évidence ! montagnard suisse ! … l’altitude, la prise de recul, le long terme … vous le sentez !
99,99% de pigeons … près des églises de Calvin, au bord du lac
moins de 0,01% d’oiseaux rapaces
Ne seriez-vous pas un peu sévère pour l’aigle isolé …
… lancé en silence dans l’ample boucle circulaire de son choix
… embrassant toute la vallée … plusieurs dizaines de mètres au-dessus du dernier col solitaire ?
ses plumes n’ornent-elles pas le couvre-chef du jeune ptit-chef indien initié : d’abord 1 plume !
@ Dissonance [à 12:58] s’adressant à Yves de Bressy
Oh ! LeClownBlanc, merci de me laisser la place, car Disonnacnce soulève une « problématique horizontale »
Condérons le fil tendu — au-dessus des chutes du Niagara — sur lequel se trouve Pierre-Yves D
Il est à mi-chemin
d’un côté, il peut atteindre la rive de l’éthico-affectif (pour ne pas dire morale)
qui ignore les « outils offshore », les superbes montages juridico-financiers, les coquilles vides,
en anglo-saxon les vehicles
de l’autre, il peut saisir les arcanes qui conditionnent la vie ou la survie des 99,99% de couillonné(e)s
Si les occupants de la rive A affaisés devant leur télé (privée ou TrucReputéEtat)
et auditeurs de RadioVichy_PsUmp —
ne veulent absolument rien comprendre (Je ne vois pas – Je n’écoute pas …) à ce qui se passe sur la rive B
croyez-vous que la probabilité d’un changement positif
puisse s’élever de 0.01 à 0.02 … puis un peu plus ?
@Tigue [13:16]
Vous êtes tout excusé
13:16 vous étiez en pleine digestion
En d’autres lieux ou époques c’est un moment de la journée où le corps-et-lEsprit font la sieste.
1/ L’Etat, ou les top décideurs au sommet de l’Etat (parlementaires de la majorité ou de l’opposition, hauts fonctionnaires, proto-inspecteurs des finances populaires, fermiers généraux) ne règlent aucune facture.
Ce sont les 99,99% de couillonné(e)s qui y font face dans la mesure de leurs moyens. On peut tout taxer : les portes, les fenêtres, la télé, la connexion Internet, vos chaussures, votre brosse-à-dent
[un polytechnicien fait les calculs – un enarque pond l’oukaze – un SciencesPo vient l’annoncer au public ]
2/ Quand à imaginer, concevoir ou évaluer les investisements opportuns,
mieux vaut vous débrouiller tout seul, c’est moins risqué.
Le dossier que vous déposeriez à OSEO-Anvar serait examiné par un auditeur délégué, un cabinet américain au service des transnationales offshore qui détiennent déjà 50% de la richesse mondiale
pour ne pas le nommer Ernst & Young
Savez-vous combien « votre Etat » (« notre Etat ») met en oeuvre d’entités d’assistance aux innovateurs ?
3000
… combien d’innovateurs font appel à ce fatras ?
2 %
@ A. [13:42]
Attendez !
Il ne faudrait pas confondre les intérêts des investisseurs et banquiers privés de la Fed-Reserve-of-NewYork
et les intérêts des 99,99% de couillonné(e)s du peuple américain (vovant pour blancbonnet ou pour bonnetblanc)
Pour moi, topInvestisseur au 33 Liberty Street,
une usine de 200.000 tracteurs je me fous pas mal qu’elle soit en banlieue de Sao Paulo, dans le MidWest ou
ou kamchamka !
– Où le climat politique est-il suffisamment stable ?
– Comment vais-je faire remonter … management fees, royalties, ponctions sur transfer prices, etc.
(Ernst&Ypung, PriceWaterhouse, PeatMarwick, et qq autres sont là pour aider)
– Où mes risques seront-ils franchement très acceptables ?
– Avec quelle localisation, allons-nous — créanciers choisis et actionnaires choisis —
gagner le max, dans la durée ?
Bon, il y a bien quelques autres petites questions,
mais ce sont des details pour les sous-fifres
L’expression « les USA » n’a rigoureusement aucun sens. Aucun
@ Ton vieux copain Michel dit [17:27]
Attention ! Attention !
La problématique du risque est de la plus haute importance.
Peut-on l’évacuer en quelques paragraphes ?
Assurément pas.
Des financiers peuvent (a) se mettre à quatre (ou davantage) pour partager de vrais risques sérieux,
parfois difficiles à apprécier correcter, ou (b) s’engager dans des opérations malsaines, ou (c) …
Il n’en demeure pas moins que les activités « a » existent, sont très très nombreuses, et
ne sauraient être prises à la légère.
… Bon, je m’arrête ici … pour ne pas froisser ceux qui font confiance aux technocrates des salons royaux
… Haberer – Pébereau – Salzmann – Boublil – Pelat – etc etc … Affairisme et Administration Publique font bon ménage
@ Ghostdog
Ma contribution de 10:59 n’apporte t-elle pas un éclairage à certaines de vos interrogations ?
C’est vivifiant d’observer votre curiosité.
Ceci dit … croyez-vous pouvoir vous retirer sur la pointe des pieds ?
N’y aurait-il pas du boulot pour des personnes proches de vous … voire en partie vous-même ?
http://www.pauljorion.com/blog/?p=2351#comment-20880
et message qui suit
Dans l’attente de la réaction de vos deux Universités,
Votre serviteur,
@le clown blanc,
Concernant l’innovation en france. C’est une grosse arnaque tu monte un dossier en expliquant précisément se que tu as produit. Pas de réponse mais tu est sur que ton innovation va vite changer de main. J’ais préfere ne même pas essayé. Il n’y a pas que les ricains ou les anglais pour l’arnaque, en tant que français ont est pas a la traine surtout sur l’innovation (la c’est juste une boutade car ont est bien mieux reconnu a l’exterieur de la france, tous des fonctionnaire) je me demande comment ont s’en sortirait sans l’arnaque. C’est un peut cru, mais tellement vrai. Ca me fait toujours de la peine de devoir être lucide, surout entouré de 99,9 de pigeon.
M’enfin, je pense qu’on as tous été des pigeon avant de vouloir et devoir changer d’état. Se que je trouve de positif dans cette crise, c’est qu’elle reste un moyen d’éducation somaire mais tellement necessaire. Si cette crise peut faire diminuer de quelques % la quantité de pigeon pour les ammener a prendre conscience du monde sauvage dans lequel nous vivons se sera toujours ca de gagner. Cette perte de confiance, n’est qu’une augmentation de la méfiance. Mais c’est bien la méfiance qui nous évite de tomber dans les piéges, c’est elle qui nous permet d’évaluer les risques. Même du père noél il faut se méfier, car il pourrait ne pas venir.
@Auguste:
Je n’ai pas le courage de décoder, même si je ne doute pas que ce soit très intéressant. 🙂
@JJJ,
Nan pas d’épi de maïs OGM dans le chignon ! faut pas abuser…Sinon, le carnaval était vraiment très sympa, étant française (parisienne exilée à Bruxelles) j’ai été vraiment ravie de voir le joyeux bordel qu’a pu mettre une centaine de personnes dans le centre de Bruxelles, sans heurts, sans problème avec la police (qui nous a joyeusement ouvert la route) alors que la manif’ n’était pas déclarée…bref, un moment festif avec des anar, des clochards, des étudiants et des vieux militants, des chômeurs …un truc vraiment décalé avec des gens à la marge tellement…vivants ! Une histoire de chaos qui aurait plu à notre clown polymorphe.
@Alain Soler
Merci pour vos précisions qui me semblent plutôt éclairantes. Je reste cependant dubitative quant à une sortie de crise possible…l’état de l’économie américaine ne me semble pas promettre des lendemains qui chantent (même pour les investisseurs).
@clown multi-face,
1/ je ne suis pas un gars.
2/encore moins sérieux
3/ je ne suis pas mathématicienne (pour vous situer à l’oral du bac je crois avoir eu 0.5)
4/ oui, je crois que cette histoire de pigeons me met la puce à l’oreille…
5/ concernant votre lien, cela me semble passionnant bien que très au-dessus de mes capacités ( enfin je peux toujours faire un effort de lecture, mais de là à comprendre…).
6/ il y ‘a eu quiproquo : je pensais que VOUS aviez étudié dans cet fac, parce que vous parliez de ce bld dans le 15ème dans un de vos comment. Et comme vous êtes…sibyllin ( au deux sens du terme ?) :°), je tentais par cette question de vous cerner un peu !
En tout cas merci à tous et excellente soirée !
@Clown
L enseignement des fractales n existe quasiment pas en France. Je connais des ingénieurs qui n en on jamais entendu parler.
J’ avais assisté a un cours de tribologie dans le cadre d’ un DEa de sciences et technologie, l enseignante n avait jamais entendu parler d analyse fractale comme moyen de mesurer les irrégularités d une surface.
Votre Exposé sur les deux formes de complexité et sur le moyen de passer de l une a l autre sans casse, est inintelligible pour les top couillonés que nous sommes (c est un Polytechnicien qui a inventé le terme Fractales).
Il faut lire des livres en Anglais pour comprendre les implications des phénomènes dynamiques non linéaires.
Pour ce qui est de mon « délire » sur la monnaie, il découle de mes conclusions suite au vieux débat sur ce blog « qu est ce que la monnaie ? ».
L absence de prise en compte dans le modèle mathématique de la monnaie de la fonction « d appropriation », nous rend incapables de reconnaitre l existence de la monnaie invisible que vous decrivez très bien.
Sans parler de toutes les simulations dynamiques non linéaires imaginables sur un modèle mathématique correct, avec de gros calculateurs…
Les carottes sont plus que cuites.
@ Auguste-Clown-Blanc 😉
La « solution » c’est la colombophilie ou comment faire de pigeons avaleurs de graines dans les centre-ville
des porteurs de message au long cours.
Et surtout, n’attendez plus pour publier vos travaux et réflexions pour sortie de crise.
Il y a urgence, à long terme, comme disait Keynes, nous serons tous morts.
Alors pourquoi pas un billet sur le blog de Paul Jorion qui pourrait s’intituler : « De la meilleure manière de considérer et traiter le problème des centres offshores » ?
@ Auguste-Clown-Blanc
Je suis preneur.
je lève ma plume de pigeon à edelweiss et soulier à clous POUR le billet proposée par Pierre-Yves D.!
c’est justement le vol du pigeon qui en campagne m’avait fait penser: ne prends pas les pigeons pour des pigeons, c’était l’Internet il y a encore pas si longtemps. Un pigeon qui vole dans un grand ciel à découvert (et pas d’un paquet de graine sur bitume à un autre paquet de graine sur bitume) semble être capable de déjouer bien des danger…
le rapace regarde, hautain, de loin les corneilles, mais il ne s’y attaquerait pas… trop risqué, parce que les corneilles, ça pratique une solidarité étonnante… et pendant que tout ce « beau » monde s’active sur le champ, le pigeon justement, passe à toute vitesse et va se poser sur un arbre près d’une ferme…
@ Auguste & LeClownBlanc
Je joins ma voix au choeur.
@ Auguste
Il ne suffit pas d’être intelligent (au sens de briller dans le calcul intégral) et de tenir des petits copains bien placés en laisse (comme Geithner) pour avoir raison dans les stratégies à haut risque comme celle de la nouvelle titrisation des toxines. A mon avis, ils vont se planter sur ce coup. Par excès de confiance dans leur pouvoir. Les crétins finiront par avoir raison de leur morgue (pour de mauvaises raisons, assurément) et réclameront en premier lieu la tête des… Auguste. Je vous réserve un coin tranquille (dans le Nord de la France)…
@ Dissonance [ 12:58 et 21:24 ]
Mon « Simulateur de Cerveaux Heterogenes »
a capté, décrypté votre phrase puis transmis à Auguste :
La finance est assurément un enjeu de structures dynamiques, notamment télématiques
(Euroclear@London, Euroclear@Brussels, EuroclearParters in the Carribean, Clearstream, etc.)
mais pas que
et le reste, en amont et en avall,
est infiniment plus stratégique.
– – – – – – – – –
Sans vouloir compliquer, le Simulateur attribue un % de la cortexDominante « Mi » à la structure télématique.
D’autres socioDynamiques entrent en jeu, notamment Mx, Ex, Ei, etc.
Ces deux dernieres lignes s’inscrivent dans mes petits glossaires perso — ne pas en tenir compte.