Billet invité.
CANDIDE AU PAYS DE L’OR NOIR
Comme de nombreux visiteurs sur ce site je découvre un monde jusqu’à présent masqué au commun des mortels, mais qui, grâce aux interventions éclairées des uns et des autres devient un peu plus limpide à ma cervelle de Candide…
Mais un truc me chiffonne toujours… Quid du pétrole ?
Certes il est vient de repasser au dessus de 50$ après avoir flirté avec les 35$ en février. Logique si le dollar est appelé à baisser après ce que nous savons du 18 mars 2009. Mais tout le monde sait, ou devrait savoir, que (indépendamment des fluctuations monétaires) le cours du pétrole n’est que transitoirement bas, conséquence d’une baisse de la consommation (deux millions de b/j en moins comparé à juin sur les 85mb/j « habituels »), et à la marge d’une spéculation moins marquée. Baisse de la consommation, baisse des prix… rien de nouveau sous le soleil de l’offre et de la demande.
Néanmoins, que cela nous fasse plaisir ou pas, si le pic officiel n’est pas atteint (s’agit-il en fait d’un pic ou plutôt d’un plateau ondulant temporaire ?), le pétrole brut de qualité issu des champs classique a lui « piqué » en 2007 comme le montre ce schémas extrait du dernier rapport de l’AIE.
(J’ai rajouté une série de verticales pour situer le début de décroissance de la courbe bleue – crude oil currently producing fields.)
Pour rappel, notre consommation n’est autre que la somme de ces jolies intégrales colorées… du moins jusqu’en 2008 (date du rapport), au delà…
J’ai tout de même un sentiment étrange en lisant « crude oil YET to be developed or found ». Cela devrait laisser rêveur tout lecteur attentif. Sans être fin spécialiste (que je ne suis pas) cet extrait d’intégrale bleue ciel ne manque pas de sel et d’optimisme… Au passage on se référera à l’intervention du PDG de Total disant récemment que la production mondiale ne dépasserait jamais les 89 mb/j. Ici, on appréciera surtout la remarque concernant les « six times the current capacity of Saudi Arabia »…
En d’autres termes, ce beau triangle bleu clair nous indique que pour continuer à consommer ce dont nous avons besoin, il va nous falloir trouver tous les ans des quantités phénoménales de pétrole brut de qualité à un rythme que nous ne connaissons plus depuis… les années 60, 70 (date du pic des découvertes : autour de 1965). Depuis, les découvertes faites sont d’année en année de moins en moins importantes et depuis longtemps, inférieures à notre consommation.
« This is unsustainable » : sans commentaire
Pour information, voici la courbe des prix (non corrigée) du pétrole depuis 1999.
Dès lors, me viennent certaines questions.
– Les cours du pétrole ne risquent-ils pas de remonter très bientôt à une vitesse grand V avec ou sans crise ?
– Peut-on sérieusement envisager une relance keynésienne avec une énergie de plus en plus chère et de moins en moins abondante ?
– Peut-on imaginer encore une relance de la consommation dont l’essentiel passe toujours par une économie carbonée ?
– L’effondrement de l’immobilier aux USA ne peut-il être imputé en partie à l’augmentation continue du prix du pétrole depuis 1998 dont l’habitat dispersé et mal isolé implique de longs trajets dans de grosses voitures gourmandes ?
– La crise à venir ne serait-elle pas pire que celle que nous connaissons aujourd’hui, n’ayant à ce jour aucune capacité à remplacer un pétrole au niveau de sa consommation actuelle si ce n’est à la marge (éoliennes, agro-carburants, hydrogène et autres gadgets journalistiques), même le nucléaire ne produisant QUE de l’électricité ne peut faire voler les avions, naviguer les porte-conteneurs et rouler les camions (dans des projets technicistes peut-être, mais pas demain et encore moins à l’échelle du parc actuel !) ?
– Seul remplaçant crédible : le charbon ! mais à quel prix environnemental (!) et pour combien de temps encore ?
Posons des questions encore plus surprenantes car, comme dirait Michel Audiard, » Les Candides osent tout, c’est d’ailleurs à ça qu’on les r’connaît ! »
– L’histoire du capitalisme ne se calquerait-elle pas sur celle de l’énergie fossile : charbon dans un premier temps, pétrole et gaz dans un second ; production puis surproduction dans une première phase et pour finir délocalisation (habitat, tourisme, production…) dans une seconde ?
– La fin du pétrole abondant et gratuit (on ne paye que le travail nécessaire pour l’extraire, le raffiner et le distribuer), ne marque-t-elle pas la fin du capitalisme ? (je ne parle pas de libre-entreprise, ce que beaucoup confondent, détracteurs comme zélateurs ).
– Au sens de Jean-Maxence Granier dans Sémiotique de la crise, peut-on encore sérieusement évoquer une posture A, B ou même C ?
– In fine, peut on encore discourir du sexe des anges ou de mécanique financière quand énergie et matières premières ont atteint leur plateau de production et sont appelées à décroître inexorablement dans un monde de six milliards et demi d’habitants, bientôt sept, huit et davantage d’ici peu ?
– Quel dirigeant politique ou économique ici ou ailleurs a pris conscience de ce que représente réellement une augmentation de 2°C minimum à la fin de ce siècle, une élévation de 1m (voire 2 m ou plus) des océans à cette échéance ? A-t-on le droit d’attendre encore plus longtemps ?
73 réponses à “Candide au pays de l’or noir, par Alexis”
>Jorion
Je suppose que vous avez lu l’article de George Monbiot suivant, traduit chez contreinfo:
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2598
Il y a aussi un autre paramètre à tenir compte, celui de la fabrication des engrais: ce n’est pas nécessairement l’élément le plus coûteux énergétiquement de la chaîne de production agro-alimentaire, comme le montre Vaclav Smil dans Enriching The Earth chez MIT press, mais il n’empêche que c’est une contrainte forte sur la population humaine.
D’après ce grand géochimiste, plus de deux milliards de personnes n’existent sur Terre que parce que l’azote nécessaire à la synthèse de leurs protéines a été emprunté à l’atmosphère terrestre.
Sans production d’engrais industriel, ces gens disparaîtraient. Or, c’est une production très centralisées, dépendant de réseaux technologiques fort sophistiqués (à l’origine, le procédé Haber était à la pointe de la technologie humaine), qui est désormais arrivé à un degrés d’optimisation assez époustouflant.
Une destructuration des réseaux de productions et de distributions des engrais seraient désastreuses pour l’humanité.
C’est devenu l’un des maillons essentiels de l’histoire humaine: par exemple, l’un des objets de la rencontre entre les dirigeants chinois et Nixon lors de son voyage en Chine fut l’acquisition d’usines d’engrais, sur lesquelles les États Unis avaient un monopôle.
Cette rencontre fut certainement l’un des points de départ de l’ère actuelle, qui s’achève avec cette crise, parce qu’elle mena aux réformes de 1978, déclenchant le signal de la mondialisation libérale de la fin du XXeme siècle.
En terme de consommation énergétique, une seule solution soutenable : l’abstinence ! La question reste : « Comment valoriser l’abstinence, ou au moins l’économie, quand la pensée unique ne parle que de plan de relance ? »
@ Alexis
Voila la cause racine de la crise actuelle. Quand le futur s’assombrit à ce point, il n’est par surprenant que ceux qui exploitaient le futur avec profit, fassent maintenant feu de tout bois pour disposer au plus vite de ce qui leur permettra de survivre.
Paul Chefurka a publié en octobre 2007 une étude qui met en évidence le problème posé à l’humanité.
http://www.courtfool.info/fr_Energie_et_population_mondiales.htm
Questions globales et conclusives à mon propos.
Une majorité d’analystes, amateurs de comptoir (dont je suis…), amateurs éclairés ou professionnels éclairants, ne reconnaissent aux trois crises, avérée comme la crise financière et économique (pour faire simple) ou futures comme les ressources et le changement climatique (pour schématiser encore), qu’un lien causal a minima, lointain et superficiel…
Peut-on sincèrement en rester là ?
Il ne fait des doutes pour pratiquement plus personne (passons sur les sceptiques…) que le réchauffement est la conséquence directe de l’activité humaine (origine anthropique des GES) dont la consommation des énergies fossiles par sa combustion est le principal émetteur. Le rapport 2007 du GIEC et la réunion préparatoire de Copenhague début mars 2009 en apportent si besoin était de nouvelles preuves.
Comme je le subodorai plus haut, le capitalisme tel que défini par ses maîtres britanniques au XVIIIe siècle n’a réellement été possible que par l’existence d’une énergie abondante et gratuite (on n’a jamais payé que les mineurs pour extraire le charbon, et encore…). La production de coke, d’acier, de machines à vapeur, de trains, de steamers sillonnant les océans, de machines outils, de fées électriques, de viaducs, de tunnels, de tracteurs et d’engrais, de Ford T, de réfrigérateurs, de machines à laver, d’ordinateurs et… un raton laveur a-t-elle été initiée par des inventeurs, des entrepreneurs, des banquiers, des Eiffel, des Edisson, des Krupp, des Rockefeller, des Gates et autres citizen Kane ? Ou bien permise par des énergies fossiles et des matières premières gratuites et que l’on cru infinies ?
Qui autorise le nénuphar à occuper toute la surface de l’eau, la volonté de ce dicotylédone, ou l’étendue de l’étang ?
Il serait inscrit dans les gênes du capitalisme la recherche du profit maximal par tous les moyens en saisissant toutes les opportunités… soit. Il n’est pas nécessaire d’avoir l’âme fondamentalement sombre mâtinée de cynisme et de méchanceté gratuite pour décider de fermer une manufacture européenne pour la remonter quelques fuseaux horaires plus à l’Est en y faisant travailler d’anciens paysans de provinces centrales humides et boueuses… La main d’œuvre y est moins onéreuse qu’à l’ombre de la City ou de la Tour Eiffel. En revanche la question du coût de transport en est balayée en quelques frappes de calculette. Peanuts !
Habiter loin, travailler loin, tourismer loin et fabriquer loin est-il le fruit de la volonté de méchants élèves de non moins méchantes écoles de management, de commerce, de finance… que sais-je, ou bien à l’instar des nénuphars et de leur étang, permis par un kérosène et un fuel et une essence globalement gratuits ?
Un seul litre de ce précieux liquide fournit autant de travail que cent bras. La rareté d’icelui et sa cherté nous autoriseront-elles encore longtemps une production de masse ? un gaspillage phénoménal ? des délocalisations totales et réglementaires de toutes nos activités ? Par la grâce du « Crude oil YET to be developped or found » comme le suggère sans rire Fatih Birol (AIE) ? Sans se soucier le moins du monde des conséquences délétères de sa combustion ?
L’énergie gratuite et la crise induite par sa disparition fatale ne sont-elle pas à la base même de la société capitaliste (et même collectiviste, qui au final ne se démarquait de la première que par une gestion financière et humaine discutables…) et donc de sa crise actuelle et par voie de conséquence, à terme de sa disparition, avec pour ultime conséquence une montée des eaux de un mètre ou deux dans un siècle et plus dans un millénaire (inertie climatique), agrémentée de bouleversements environnementaux à faire regretter les larmes aux yeux l’heureuse époque de la fin du capitalisme de 2009 ?
La crise actuelle n’est-elle pas que l’aimable épiphénomène d’un bouleversement induit il y a un peu plus de deux siècles maintenant avec l’abandon du charbon de bois, du cheval, du vent et du travail humain au profit d’un concentré carboné à porté de mains, de pioches et de pompes au fond du jardin ?
Sept milliards de jardins à cultiver, cher Pangloss…
à Japp, pour plaisanter
« Comment valoriser l’abstinence » : le pape viens de montrer l’exemple.
à Alexis, pour replaisanter
Une blague un peu idiote que j’ai faite à mon banquier (on se défoule comme on peut) qui me demandait mon avis sur la situation pour lui récente (il faut dire que j’ai refusé pendant plusieurs années de m’endetter pour un achat immobilier comme il m’y invitait, en lui expliquant que j’attendais la baisse inévitable et surement pas l’atterrissage en douceur qu’il me vendait. Depuis j’ai acquis une sorte d’aura prophétique à ses yeux). Je lui ai répondu qu’il devait commencer par lire Karl Marx. Le regard vide qu’il me présenta à ce moment me restera longtemps. Depuis, à sa demande de lui donner mon avis sur l’évolution de la crise, je lui est ajouté un livre à sa bibliothèque : le jardinage pour les nuls.
Enfin, il me semble me souvenir que les futures à un an sur le brut se négociaient en début d’année à 90 $ le baril donc attendus à 120 $ environ un an plus tard.
Le site de Jean-Marc Jancovici » manicore.com » est suffisamment édifiant pour que ce sujet devienne pour nos dirigeants, au même titre que la crise, un sujet majeur pour l’avenir de l’humanité.
La question écologique est essentielle, mais je pense qu’elle dépend de l’économie, plus précisément du système monétaire. A ma connaissance, personne dans ce blog n’a parlé de l’excellent livre de Michael Rowbotham, ‘Grip Of Death’. Sa thèse est que la création monétaire avec intérêt (le système actuel) engendre automatiquement la plupart des maux de l’économie.
La destruction de la planète, la consommation effrénée d’énergie (fossile, donc) sont des conséquences de la situation de ‘lutte pour la vie économique’ créée par notre système monétaire fondé sur la rareté de l’argent, comme Darwin (ou plus précisément Malthus) fondait la lutte pour la vie sur la rareté des ressources (lire également Bernard Lietaer). Puisque ce blog est celui d’un sociologue, je me permet une ‘analyse sociologique’ (sans doute simpliste) : La raison pour laquelle rien ne change, malgré les évidentes malversations du système, est la croyance collective en une évolution ayant pour moteur la lutte et la sélection. Cette croyance interdit de voir un meilleur système, car effectivement le système actuel est le meilleur dans ce cadre : il exacerbe la compétition (compétitivité dit-on) et confirme la loi du plus fort (du plus riche) qui gagne.
@Alexis: en ce qui me concerne, je considère comme Braudel que le capitalisme est apparu dès la fin du Moyen-Age (Florence, Venise, puis les Pays-Bas, etc).
Ce dont vous parlez, ne serait-ce pas plutôt la révolution industrielle qui effectivement est apparue en Angleterre à la fin du XVIIIè? Considérez-vous cela comme identique au capitalisme? (dans ce cas vous risquez vous-même de confondre capitalisme et libre-entreprise)
Pour le reste, je partage votre sentiment quant au lien entre la crise énergétique et la crise financière.
Le pétrole c’est bien mais ça n’étanche pas la soif,
y a t il des études similaires à propos de l’eau potable ?
Le pétrole, l’énergie en étant certainement une composante mais de quelle degré d’importance ?
Pour quels bassins de population ?
Un billet publié sur TheOilDrum sur les liens possibles entre crise financière et pétrole.
http://www.theoildrum.com/node/5047
@ Moi. Bonne remarque en effet concernant l’apparition du capitalisme au Moyen Age, mais je pose sincèrement la question de savoir si le rôle de l’énergie et des matières premières dans l’histoire du capitalisme n’a pas été minimisé pour faire la part belle aux « entrepreneurs », aux hommes. En d’autres termes je pense que les paramètres environnementaux au sens large (richesse des sols, accessibilité à ces ressources, climat, situation géographique…) déterminent profondément l’évolution des sociétés et leur histoire. En ces temps de bicentenaire darwinien, c’est donner bien moins d’importance aux hommes et à leurs (bonne ou mauvaise) volonté et bien plus à l’environnement.
De là à verser dans un déterminisme borné, il y a un pas que je ne franchirai pas et de toutes façon je pose avant tout des questions.
@ Alexis
« La crise actuelle n’est-elle pas que l’aimable épiphénomène d’un bouleversement induit il y a un peu plus de deux siècles maintenant avec l’abandon du charbon de bois, du cheval, du vent et du travail humain au profit d’un concentré carboné à porté de mains, de pioches et de pompes au fond du jardin ? »
Vraiment je ne le pense pas. Les réserves de pétrole conventionnel représentent environ 40 ans de consommation au rythme actuel – un chiffre qui devrait évidemment être revu à la baisse au fur et à mesure du développement industriel de la Chine et de l’Inde. Bref on a le temps de voir venir la crise énergétique… Mais elle sera inévitable, c’est certain. Une remarque en passant : la fin du pétrole entraînera également la fin de l’industrie chimique (engrais, …).
@Candide et Allegra
En deux messages, vous avez évidemment tout dit.
Mais seul Pangloss est autorisé d’antenne.
Et Pangloss a une solution D’….
J.M. Jancovici a réalisé une conférence assez complète et assez effrayante au sujet des énergies dans leur ensemble, disponible entre autres ici: http://www.espci.org/fr/jancovici (il me semble qu’elle a déjà du être déposée en commentaire sur un autre billet).
Son analyse sur les énergies dites « propres » notamment est assez fracassante. Le « tout électrique » dans un pays qui produit l’essentiel de son électricité au charbon n’est finalement pas si propre que ça, par exemple.
La question du rendement des éoliennes et du solaire, ainsi que la cadence des innovations en la matière, est très éclairante: Il semblerait que ces technologies ne constituent pas une alternative crédible, étant cantonnées dans l’épaisseur du trait.
Cela dit, paresseux s’abstenir. La conférence est relativement dense, et longue.
@ Allegra
D’accord sur la compétition.
@ tous
L’écologie dépend de l’économie. L’économie dépend de choix politiques. Si nous n’achetons plus de pétrole, qui va nous acheter nos armes? Pétrole contre missile c’est le deal avec l’arabie saoudite.
Si le chauffage est solaire, comment allez-vous refroidir nos chères centrales?
Les solutions vertes existent. La fiscalité est là pour les promouvoir. Seulement leur mise en place effraie tout le monde. Par où commencer sans tout mettre cul par-dessus tête.
Une centrale nucléaire EPR c’est 1600 Mwatts, une grosse éolienne 1 Mwatts.
Conclusion il faut au minimum 1600 éoliennes pour un équivalent EPR
Bonsoir à Tous,
et merci pour vos argumentaires toujours plus instructifs. Juste un petit calcul d’ordre de grandeur pour éclairer la proposition de bababiz.
Une centrale nucléaire en fonctionnement fournit aujourd’hui une puissance typique d’un GigaWatt, selon la source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucléaire. Pour une éolienne, cette puissance est de 500 kiloWatt, d’après la source http://www.windpower.org/fr/tour/wres/pwr.htm. Il faut donc compter 2000 éoliennes pour remplacer une centrale nucléaire.
Il est probable que la solution la plus immédiate réside dans la frugalité énergétique. Pour un tour d’horizon complet autour des mutations à venir et des relations qu’entretiendront les développements économique, écologique et la démocratie, je vous recommande le site http://www.manicore.com.
Bonne soirée.
@ Vince,
Les réserves de pétrole ne sont pas structurées comme un gigantesque réservoir de voiture dans lequel on pourrait pomper au rythme que l’on veut .
C’est justement là le point fondamental du « Peak Oil », il désigne le moment où la quantité journalière de pétrole produite NE PEUT PLUS CROITRE et commence inexorablement à DECROITRE. Et ce moment commence bien avant la fin du pétrole (réserves = zéro) qui n’arrivera certainement jamais.
Aussi « 40 ans de réserves au rythme actuel » ne veut strictement rien dire du point de vue de la production de pétrole. La crise (énergétique) commence lorsqu’on ne peut plus croitre … car la croissance est la drogue de la société occidentale.
@Alexis
Bien vu,
Tu est en train de déflorer mon mémoire de maitrise en sociologie. Je crois effectivement que ce que Marx appelle les forces productives – travail mort + travail vivant – doit prendre en compte le gisement d’énergie qui leur était offert. Ce ne sont pas que les machines, c’est aussi le pétrole qui peut être situé du coté du travail mort.
Or, une fois la jonction faite avec le moteur à combustion, ce sont toutes les productions et tous les espaces (productifs ou de consommation- le cadre de vie dans son ensemble) qui héritent d’une puissance inouïe, complètement hallucinante par rapport au passé récent. On peut lire Jancovici à cet égard.
Le «gisement» total des forces productives a été d’une telle puissance qu’il est vite devenu évident qu’une alliance sociale élargie et fascinée par la productivité du capitalisme en surgirait, par delà les crises de surproduction à résoudre. Il était quasiment écrit par l’effectivité grandiose de ce «gisement» que toutes les luttes mèneraient à consolider cette alliance.
Le marxisme était nettement en phase avec le capital sur ce point. L’humanité gagnait à être libérée de la nature, à devenir autotrophe comme le suggère Vernadsky.
Cette puissance disponible a développé une culture scientiste, à creuser un sillon performatif clos sur lui-même conforté par ses propres réussites. Les banlieues nord-américaines en sont la représentation incarnée dans l’espace. Elle sont le lieu où s’organise les normes de consommation qui font système avec la productivité du moment.
La saisie de l’opportunité des combustibles fossile était certainement inévitable. Mais il eut mieux fallu qu’elle n’existe pas. Ou encore, il aurait fallu taxer ces énergies au plus tôt (début 20ème siècle) à des niveaux qui empêche le bâti d’infrastructures pas plus soutenable que ces énergies, car interdépendantes. Une taxe de 1000% par exemple.
En tout cas, ce qui est actuel c’est l’alliance sociale autour de la productivité du capitalisme. Cette alliance entretient un ordre systémique surnature (social) contre la nature.
Le New Deal Vert, s’il est souhaitable, sera néanmoins une chimère.
Il doit être un surcroit d’activité orienté vers une moindre transformation du monde, vers moins d’énergie disponible, vers un ralentissement qui nous permette de mieux voir ce que l’on fait.
Notre inattention à la nature a été totale au 20ème siècle. Nous avons franchi les seuils naturels de contre-productivité en raison de la vitesse de harnachement de la nature conféré par les forces productives, dont le pétrole.
Nous y participons par beaucoup des outils que nous utilisons. Nous en avons été aveuglé. La publicité y a beaucoup contribué. L’alliance première de l’État et du Marché (unification des marchés par les capitalismes) plus encore. La modernité existait pourtant déjà sans que nous ayons à céder à cette frénésie productiviste. Il est clair que cette frénésie la caractérise maintenant beaucoup.
Il n’est plus du tout certain que nous ayons l’occasion de se reprendre.
P.S. Je crois, contre Braudel, qu’il y a marchés et Marché. Les premiers sont anciens et ne sont pas tirés vers la production de surplus. Ils sont orientés vers l’échange à échelle locale. Tout au long de son existence, le mercantilisme ou le commerce aux élites est insignifiant pour la production dans son ensemble, sinon il contribue à faire croître le désir de puissance et de richesse de ces élites. Les marchés, incluant le mercantilisme, ne forme pas système.
Avec le capitalisme et le salariat, les élites productivistes n’ont le choix de s’orienter vers des marchés distants (régionaux, nationaux, internationaux) et ainsi d’entrer en concurrence. Se forme alors le Marché, la sphère économique autonomisée. Une fois celui-ci mis en mouvement, il corrode tous les marchés. Il leur est difficile de conserver à leurs productions leur orientation locale. La pression des bas prix commande plus de volume. On produit et échange des marchandises dont les qualités naturelles sont abstraites pour ne considérer que l’argent que l’on aura en retour.
Dans ce même mouvement, toute la nature tant alors à s’abstraire du regard, pour devenir ressource à la production de marchandises et d’argent.
A mon avis vue les déboir du secteur automobile US. Le pétrole n’est pas prét de remonter a 150 dollar le baril. Ou sinon c’est que nos compatriote US sont devenu complétement fou. Qui peut encore pensé que notre monde n’est pas sous l’emprise des état unis d’amérique. Ils n’ont plus d’argent a dépenser et plus personne ne veut leur en preter. Si il veulent survivre et garder leur dominance il n’ont que 2 solution, La guerre ou la seduction (négociation).
1) la guerre économique made in US = hyperinflation et production monnaitaire incontrolé + intervention des services secret pour destabiliser leur adversaire. Se qui bien sur risque d’entrainer leur défaite car il sont fort mais il auront beaucoup d’ennemi.
2) la séduction made in US = on va tout faire pour que tout reparte et ont vous demande de pardonner nos fautes. Résultat il ne perdent pas la face et réconforte leur ennemi par des discours amicaux.
Je ne les connait pas vraiment, les ricains, mais je pense qu’il vont opter pour la seconde solution, puisque leur suprémacie ne depends que du fait que leur monnaie soit une devises de réserve. La guerre économique impliquerait que leur adversaire cherche a se débarrasé de leur monnaie se qui entrainerait une grosse cassure de leur système (ayant deja delocaliser leur production une baisse même enorme du dollar ne leur servirait a rien puisqu’il ne produisent presque plus rien en local, donc aucune compensation a l’exportation).
Donc a mon avis il vont tout faire pour séduire , Chinois, russe, japonais et européen plutot que de se retrouvé a 1 contre 4.
Par contre la seul interrogation est : est ce que les 4 autres ne vont pas avoir envie de profiter de la situation. Ont en est donc a la phase négociation du monopoly. Les 20 dernières année ont servi a se départager les territoires et les prochaine années vont servir a négocier les territoires(d’ailleurs si les chinois s’implique dans le rachat de sites de production de matières premiers c’est que la phase 2 du monopoly a deja commencé). A la phase 3 c’est trop tard il faudras payer cash si ont tombe sur la proprièté d’un autre.
Voila comment je raisonne, cela semble trés basic a vrai dire (surtout avec les fautes d’orthographes) mais ne vous y tromper pas, c’est exactement là ou nous en sommes.
@ Dominique
Le chiffre que je donne est effectivement purement théorique. Je n’ignore pas que plus les puits s’épuisent et plus leur exploitation est techniquement difficile et coûteuse.
Seulement il ne faudrait pas non plus tout mélanger. Au risque de me répéter je ne vois aucun lien entre la crise économique actuelle et une crise énergétique qui, même s’il elle est inévitable, n’est pas pour demain.
Chaque chose en son temps. Paul Jorion voit dans l’actualité récente les prémisses de la fin du capitalisme, j’y vois quant à moi le début de la fin de l’hyperconsumérisme qui a permis des décennies de croissance quasi-ininterrompue – le crédit aidant. La récente chute prodigieuse et historique des ventes de voitures dans tous les pays industrialisés – le bien de consommation par excellence, presque un symbole en Amérique – témoigne de ce changement radical de comportement, qui ne peut être expliqué uniquement par la crise du crédit. Et qui n’a selon mon humble avis aucun rapport avec la future crise énergétique.
Et au risque de paraître cynique nous devrions nous réjouir de cette crise : elle permet la décroissance, donc un répit pour la planète. Quant au prix du pétrole, s’il reste bas cela freine les investissements dans le domaine. Ceux qui pronent un pétrole cher par soucis écologique doivent également comprendre qu’un prix élevé rendrait économiquement viable l’exploitation de pétroles non-conventionnels comme les schistes bitumineux dont l’exploitation est loin, très loin d’être écologique.
Je rajoute juste un commentaire suite aux news que je viens de lire.
Arret de d’OPEL en allemagne et arret de levis struss en hongrie. Réponse des état unis aux allemands qui ne veulent pas dépenser plus pour des américains qui leur ont fait deja perdre beaucoup. Suppréssion d’emploie en Hongrie pays deja économiquement trés fragile et trés proche de la turquie(suive qui peut). Facile d’intervenir en europe par ce que les état sont encore divisé même si il ont conscience de la chance que leur donne l’euro pour une croissance a long terme.
Je pense personnellement qu’un panier de devise international comme garrantie de réserve et tout naturellement la meilleur solution. Puisqu’il est important dans une partie d’échec de prendre l’avantage d’une erreur de l’adversaire (US subprimes). Voila dans quelle jeux nous sommes, mais croire que le capitalisme est mort, c’est croire que la notion d’INTERET et morte. Hors elle n’est que le mobile de l’adaptotion. Qu’elle interet a avoir une carapace ou qu’elle interet a avoir des ailes. L’interet ne dépends que de l’oibjectif a atteindre et des faiblesse a compenser.
Vince, l’argument des 40 ans de réserves n’a aucune valeur : ces 40 ans de réserves sont à peu près exactement ce qu’on a deja consommé dans le passé (environ 1200 Gbl) , ce qui signifie qu’on est au milieu de la courbe de production globale. Or toute forme raisonnable de la courbe est à peu près symétrique, donc on est proche du maximum – et en réalité toutes les statistiques montrent que la production de liquides n’a plus augmenté depuis maintenant presque 4 ans , y compris avant la crise !
la baisse inéluctable de la production pétrolière ne peut qu’entrainer la quasi-impossibilité de la croissance au moins du PIB/habitant, et probablement du PIB total. Ce n’est pas une crise momentanée à laquelle nous avons affaire, mais le début de la fin de la civilisation industrielle.
Petit point sur trois idées reçues sous jacentes vues ci-dessus.
– Vince vous dites que nous avons « 40 années de pétrole devant nous » savez vous comment cette malheureuse approximation a été créé ? En divisant les reserves mondiales par la consommation annuelle. Cette méthode ne prend pas en compte : le fait que la demande augmente, le fait que la production va diminuer, et le fait que la population augmente (plus de détails sur simple demande) Avez vous regardé sérieusement le document graphique et sa provenance ?
– Logique, ce ne sont plus les pays industrialisés qui constituent l’augmentation de la demande, même en récession, la planète grignote allègrement ses 81,6 millions de baril/jour (février 09 source BP) Le pétrole n’a même pas besoin de nous pour grimper à nouveau.
– Bababiz, l’électricité ne représente que 17 % de l’énergie consommée en France. Résoudre la question électrique, par quoique ce soit ne règle que 17 % du problème. Le sujet de ce soir, ce sont les 83 % restants.
Merci à Alexis de mettre les pieds dans le plat. Ce blog me passionne, mais souvent, l’absence du problème énergétique me donne l’impression que l’on veut y remettre une voiture en route, alors que les roues sont braquées vers un précipice.
Pour ceux qui veulent du concret, gardez un oeil sur le Mexique dont la production décroit de plus de 10 % par an, et qui, de 5 ème exportateur mondial, va passer importateur net en 2010.
@ Dissonance, Stéphane et d’autres… je dois rendre à César ce qui lui appartient et à Jancovici ce que je lui en quoi je lui suis redevable dans l’analyse que je viens de pondre…
J’ai écouté ses conférences, et suivi (grâce à internet) ses cours à l’école des Mines – 16 h passionnantes) et lu ses bouquins que je recommande pour avoir un éclairage objectif et argumenté concernant l’Energie.
Désolé, Vince, mais le fameux discours des quarante ans de réserves… à fait long feu. Dominique Larchey-Wendling résume très bien en quelques mots la situation et Jancovici nous en donne pour plusieurs heures sur son site ou dans ses ouvrages : « Le Plein SVP » (2006), « C’est Maintenant » (2009), « Le réchauffement climatique expliqué à ma fille » (2009). En revanche je suis d’accord avec toi sur la décroissance actuelle.
Par ailleurs je pensais que mes deux schémas extraits du dernier rapport de l’AIE étaient suffisamment explicites, ils ne semblent pas l’être.
@ Alain Vézina : je serais intéressé par la lecture de ton mémoire de socio. Howard Kunstler et Jancovici vont tout à fait dans ce sens.
Désolé de prendre un peux de place se coup ci,
Mais pour en revenir a la relation pétrole = GM (general motors) en peut y ajouter l’avantage que la russie doit aussi payer cette perte de revenu, d’ou d’une pierre deux coup.
Donc, intimidation et ensuite séduction. C’est presque du cinéma.
@ Thomas
Je le répète : ce chiffre est purement théorique et est le résultat d’un calcul très sommaire, car oui, la consommation augmentera – mais pas partout. En revanche la baisse de la production ne provoque nullement une baisse des réserves, qui restent encore importantes au Moyen-Orient. Pas illimitées, certes, mais elles sont là.
Vince, la consommation augmentera, alors que la production baissera? voila une théorie qu’elle est intéressante !
@logique : logique. Cinq blocs monétaires (au final deux, je préfère ne pas savoir à quel prix) en lutte pour la vie sur notre petite planète aux ressources limitées. On ne peut que déplorer les dégats collatéraux (au rythme actuel, bientôt 0,01% de la population mondiale possédant 99,99% des ressources mondiales, des morts ‘économiques’ par (centaines de) millions, …).
Et si nous vivions dans le meilleur des mondes ? Nos dirigeants (surtout américains) et nos central bankers ont tout calculé avec une habileté de chat (Greenspan est resté 19 ans à diriger la Fed) afin de détruire le puissant lobby pétrolier et forcer GM and Co à passer à l’électrique. Tant il est vrai que les riches non plus ne veulent pas mourir.
J’imagine sans peine un futur totalitaire, où ne pas travailler est synonyme de mort (économique, et donc éventuellement physique), où nos moindres faits et gestes en tant que consommateur soient tracés (à des fins publicitaires), où nous naissions endettés. En toute démocratie. Et avec des voitures électriques :-).
Je crains que sans changement du système monétaire, sans changement de notre vision globale du monde, l’enfer ne continue sur fond d’éoliennes.
@ Vince
Pour le pétrole, il ne suffit pas qu’une réserve « soit là ». Elle peut être là, et pourtant hors de portée, parce que hors de prix, et pourtant comptabilisée comme réserve.
Nous sommes d’accord là dessus, le pétrole il en restera encore longtemps mais comme dans la chanson, sera-t-il pour nous ?
Pensez vous, sans rire, que l’homme irait forer sous 600 mètres d’eau dans des zones arctiques, comme il le fait actuellement, si ce que vous sous entendez (°) était vrai ?
(°) « il reste des réserves importantes au moyen orient sous entends : on peut continuer ainsi sans regarder la jauge pendant un moment, puis, nous verrons bien »