Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Le capitalisme est un système social caractérisé par l’existence de trois classes principales : celle des « rentiers », détenteurs de capital (= « investisseurs » = « capitalistes »), celle des « entrepreneurs » (= « chefs d’entreprises ») et celle des « travailleurs » (= « salariés »), et par la domination au sein de ce système de la classe des « capitalistes », d’où son nom.
Le rapport de force entre rentiers et entrepreneurs détermine le partage entre eux du surplus créé par le travail des travailleurs : les rentiers obtiennent les intérêts et ce qui reste du surplus revient aux entrepreneurs comme profit, à charge pour ces derniers de redistribuer à leur tour ce profit entre eux et les travailleurs dans une proportion que détermine le rapport de force existant entre ces deux classes.
L’introduction des stock options à la fin des années 1970 permit aux rentiers et aux entrepreneurs, dont les intérêts coïncidaient dorénavant, de s’allier contre les salariés, dont la part dans le partage du surplus ne cessa pas de diminuer depuis.
Les banques centrales, dirigées dès leur origine par les rentiers ou capitalistes (officiellement aux États–Unis et officieusement en Europe), ont toujours travaillé à leurs ordres et aujourd’hui plus que jamais. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les nations ont délégué une part toujours grandissante de leurs pouvoirs à leurs banques centrales qui sont devenues soit un État dans l’État (comme aux États–Unis) soit un État par-dessus les États (comme en Europe).
Capitalistes et entrepreneurs, désormais alliés, encouragèrent la création d’un abysse de dettes contractées par les entreprises et par les travailleurs. Le processus était condamné à s’interrompre aussitôt qu’ils seraient tous insolvables, stade qui fut atteint en 2007. Plutôt que d’enrayer la crise de la seule manière possible, c’est–à–dire en redéfinissant la donne entre rentiers, entrepreneurs et travailleurs, les gouvernements ont choisi d’encourager entreprises et travailleurs à s’endetter encore davantage, produisant ainsi de nouveaux intérêts dont bénéficient les rentiers, tandis que les banques centrales se voient confier parallèlement la tâche de créer de toutes pièces la montagne d’argent qui sera déversée dans l’abysse toujours plus profond de la dette. Captif désormais d’une rétroaction positive, autrement dit auto-renforçante, le capitalisme est entré dans une phase d’autodestruction.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
130 réponses à “Qu’entend-on par « capitalisme », et pourquoi sa phase finale est-elle amorcée ?”
Apparemment nous devrions assister à la fin d’un monde.
Nous le croyons presque tous.
Un monde qui n’aura duré que quelques générations, une « minute » de civilisation…
Combien de temps pour le changement ?
Et en passant par quels errements pour qu’un nouvel ordre mondial se constitue (en espérant qu’il sera juste et moral) ET surtout PAR QUELS MOYENS ?
@ Alotar :
Merci pour vos observations, vos réflexions … et votre franc – parler !
Beaucoup « d’alternatif » constructif….
@Dissonance.
Il y a probablement du rentier en chacun de nous, entrepreneur ou pas. Ce n’est pas une raison pour confondre, dans l’absolu, deux principes distincts que le système des stock-options a largement conduit à amalgamer dans nos esprits depuis trente ans.
A la base, le rentier tel Midas, aime l’or. L’argent sert à faire de l’argent, et l’argent plus d’argent encore. Point. Résultat : plus d’eau, plus d’air, fin de l’espèce ! et fin de l’angoisse du rentier, dirait Freud ! Tandis que l’entrepreneur – à défaut d’être un créateur tout court – est toujours un créateur de richesse économique qui utilise l’argent comme moyen de développer une activité génératrice de revenus (et non l’inverse).
[…] Article communiqué par Paul Jorion […]
rentier= seigneur
entrepreneur= paysan libre
salarié= serf
et on est de retour au moyen âge.
Mais qui va faire le clergé ?
@ Pierre025
Votre argumentation est intéressante. Vous prenez le contrepied de la thèse de la fin du capitalisme en
objectant que c’est en poursuivant la mondialisation des échanges que la capitalisme trouvera sa porte de sortie, puisque, selon,
vous, il s’opérerait alors une égalisation des salaires, ce qui aurait pour effet de « démocratiser » le capitalisme.
Votre thèse est très séduisante mais elle ne me convainc pas car e elle s’apparente à la thèse de Lénine selon laquelle l’impérialisme serait le stade suprême du capitalisme après quoi il y aurait le socialisme, mot auquel vous substituez curieusement celui de « démocratisation du capitalisme. »
Il me paraît douteux que la démocratisation soit une phase, ultime, du capitalisme. Après le capitalisme il y aura autre chose car capitalisme et démocratie sont antinomiques. Le capitalisme est un système hiérarchique, quasi militaire. Le mécanisme qui permet le reproduction et l’augmentation du capital implique que le capital puisse se concentrer. Toutes les régimes politiques qui abritent le capitalisme rendent celui-ci garantissent en effet les titres de propriété et richesses accumulées par les individus et les personnes morales. Un principe d’illimitation est donc inscrit dans sa logique. A l’inverse, en accordant aucun pouvoir aux salariés ceux-ci ne sont jamais qu’un facteur de production, en vue de la reproduction d’un capital investi. D’un point de vue fonctionnel le rôle des salariés est alors seulement de faire fructifier le capital.
Le capitalisme n’a donc pas pour finalité d’offrir à tous les salariés des salaires égaux et encore moins des pouvoirs égaux à tous ceux qui participent au processus de production. Dans le cas contraire on entrerait en contradiction avec le principe, capitaliste, de la libre concurrence. Et si j’évoque la libre concurrence c’est pour ajouter aussitôt qu’elle est toujours faussée, et ce précisément parce que les pouvoirs respectifs des salariés et des capitalistes ne sont pas égaux.
Quant à la baisse tendancielle des taux de profit c’est ce qui menace la survie du capitalisme : un capitalisme sans concurrence, sans parts de marchés à conquérir, sans différences économiques et sociales à exploiter ( aussi bien dans les pays qu’entre les pays), sans inégalités, n’est plus un capitalisme. La mondialisation des échanges si elle a généré une production de richesses sans précédent a dans le même temps accru les inégalités à un niveau inégalé dans l’histoire humaine.
Si la crise actuelle aboutit à une certaine égalisation des salaires à l’échelle planétaire ce sera la conséquence d’une contradiction du capitalisme et non pas de son effet vertueux. Selon les cas, cela signifiera simplement un recul tactique — peu probable comme vous semblez l’indiquer vous-même — des capitalises, pour préserver le système, ou bien, bien plus surement, l’autodestruction du capitalisme faute de nouveaux marchés solvables et de ressources naturelles suffisantes nécessaires pour relancer la machine et donc à même d’enrayer la baisse tendancielle des taux de profit.
Les salariés n’ont pas droit au chapitre dans l’entreprise, la démocratie ne fait pas partie du programme. S’il y a une dose de démocratie elle s’impose de l’extérieur via les syndicats, voire de l’intérieur pas des grèves sauvages ou organisées. Et si les les salariés deviennent tous actionnaires à part égales cela signifierait alors qu’ils sont tous devenus capitalistes, ce qui aboutit alors à la disparition du salariat.
@Stubborn
Je ne crois pas confondre quoi que ce soit, mais soit, oublions deux secondes le capitalisme en lui-même, et concentrons nous sur les deux principes « distincts ».
P.J. dit ceci:
« L’introduction des stock options à la fin des années 1970 permit aux rentiers et aux entrepreneurs, dont les intérêts coïncidaient dorénavant, de s’allier contre les salariés[…]. »
Autrement dit, les deux acteurs se retrouvent dans une même communauté d’intérêts, par le jeu des stock options.
La problématique que je tente de mettre en évidence est la suivante:
Ces deux acteurs étant adossés l’un à l’autre, en cas de chute du premier, que peut-on prévoir pour le second?
>A priori, je serais tenté de dire que la chute de l’un provoque la chute de l’autre.
Au reste, le jugement de valeurs sur l’un et l’autre acteurs ne me semble pas pertinente ici. Vouloir présenter l’entrepreneur comme inconditionnellement bon, ou le rentier comme inconditionnellement mauvais, ne suffit pas à prédire que l’un échappera aux phénomènes annoncés par P. J. et l’autre non, dans la mesure ou les phénomènes décrits ici sont purement mécaniques.
> Par ailleurs, j’estime que le terme de rente est interchangeable (bijectif au sens algébrique du terme) avec un autre, à savoir l’investissement. En effet, l’investissement génère la rente, et la rente génère l’investissement. Autrement dit, si on considère les propositions précédentes comme exactes, cela revient à dire la chose suivante:
>> La chute de l’investissement provoque la chute des entreprises.
N’est-ce pas précisément la crainte fondamentale que les milieux financiers et autres analystes économiques expriment quand ils parlent de crise?
bonjour,
j’ai publié un commentaire il y a quelques jours car je ne comprenais pas l’association que vous faites entre la fin de la version du capitalisme que l’on connait aujourd’hui et la fin du capitalisme. Je dois dire que c’est toujours aussi peu clair.
il me semble que le capitalisme, loin d’être une politique est
== l’organisation du travail dans le salariat
== la propriété privée des moyens de production (ou du capital, c’est la même chose)
== la baisse tendancielle du taux de profit et donc l’obligation de la croissance
c’est à dire 3 conditions quye l’on peut torturer et mettre dans tous les sens pour obtenir une infinité de variations.
Même dans le cas où la crise actuelle menerait à un univers à la mad max je ne vois pas en quoi cela signifierait la « chute finale » du capitalisme, tant que ces conditions sont remplies.
Dans un autre post vous dites que l’Europe va se social-démocratiser. La social-démocratie est bien la version « régulatrice » du capitalisme non ? Que la Chine va se re-collectiviser, mais les 3 conditions sont toujours vérifiés, on parle de capitalisme d’état là ! (pour la propriété privé c’est la création d’un classe administrative qui permet la réalisation de la condition. Pour des arguments là dessus voir par exemple J. Sapir et son travail sur l’économie de l’URSS)
@Eric: il vous faut les 3 conditions mais si y’en a une qui manque, par exemple la propriété privée du capital, là vous parlez toujours de capitalisme d’Etat? Et s’il manque le salariat, vous parlerez de capitalisme féodal? Et s’il manque la croissance, vous parlerez de capitalisme décroissant?
En ce qui me concerne, j’appelle capitalisme un système social dominé par les capitalistes. Les 3 conditions que vous décrivez s’attachent plus à définir le marché. Or les capitalistes existaient avant le marché, ce sont eux qui l’ont imposé. Ainsi Venise était clairement capitaliste dès le XIV-XVè siècle, pourtant il manquait le salariat et la croissance. Le jour où il n’y aura plus de capitalistes, il n’y aura plus de capitalisme. (et pour moi l’URSS n’était pas capitaliste, pas même capitaliste d’Etat. Ce terme de capitalisme d’Etat est apparu a posteriori pour justifier un échec.)
@Pierre-Yves D.
J’ai été peu clair, mon mot de « démocratisation du capitalisme » prête à confusion. Je voulais simplement remarquer que les invités à la table de la concurrence étaient plus nombreux qu’autrefois. Samuel Huntington disait il y a 15 ans : nous, occidentaux, etions les rois en 1920 ; nous contrôlions toute l’économie mondiale ; ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Je crois donc que la part affaiblie des salaires dans la valeur ajoutée, au-delà de la cupidité des capitalistes, est la prise en compte de la concurrence des pays à faibles salaires.
Hier, dans Le Monde, Pierre Larrouturou faisait remarquer la baisse du poids des salaires dans le PIB ; il appelle les partis socialistes des 27 à un nouveau Bretton-Woods. S’il réussissait avec l’appui de majorités populaires à augmenter les salaires en Europe, il faudrait fermer Europe à la concurrence. Cela ne serait-il pas bien difficile et bien dangereux ?
Je ne crois pas comme vous à la fin du capitalisme, parce que je crois que les humains compteront toujours des individus plus entreprenants, plus charismatiques, plus courageux que la moyenne. Toujours ces gens-là sauront-ils se subordonner d’autres hommes pour entreprendre. Et restera toujours un outil (la monnaie) qui sanctionnera cette différence de statut. L’égalité n’existe pas dans le règne animal, et nous sommes des animaux. Le riche a besoin du pauvre et le pauvre a besoin du riche, « mais peu de gens veulent le voir » disait déjà Sophocle dans son Ajax.
@Pierre025: « « mais peu de gens veulent le voir » disait déjà Sophocle dans son Ajax. »
Et le capitalisme existait déjà à l’époque? Si non, est-ce parce que les grecs manquaient d’individus d’exception?
Et puis qu’appelle-t-on individu « plus entreprenants, plus charismatiques, plus courageux que la moyenne »? Madoff? Kerviel? Ou Pericles, Socrates, Jules César, Alexandre, etc, etc?
Ce qui prouve la fausseté complète de cet argument : « Je ne crois pas comme vous à la fin du capitalisme, parce que je crois que les humains compteront toujours des individus plus entreprenants, plus charismatiques, plus courageux que la moyenne. » Il n’y a aucun lien entre qualité des individus et capitalisme. Au contraire, plus les individus sont médiocres et semblables et plus le capitalisme a de chances de fleurir (à moins que le capitalisme ne soit la cause de cette décadence de l’esprit?).
@ Moi (très bon le pseudo !)
Évidemment il s’agit de définitions.
Ceci dit j’aimerai bien savoir dans quel cadre il pourrait y avoir un capitalisme décroissant. Ou alors dans le cas d’un transition historique. Le PIB a bien diminué par periode pour les pays capitalistes dans ce siecle sans que jamais on ne sorte du système capitaliste.
De la même manière il ne faut pas voir la propriété privée comme uniquement par des personnes privées. Comme je le disais lorsqu’une classe (par exemple administrative) obtient la jouissance des moyens de production et même si ce ne sont pas des individus il y a, à mon sens, propriété privée.
La seule hypothèse que je vois étudiée c’est la sortie du salariat par la transformation du travail productif: du materiel au créatif qui va nécessiter (voir Gorz) une autonomie inadmissible dans le salariat.
Le capitalisme est une réalisation historique qui s’est pas faite en un jour. Dire qu’il a existé des systèmes proto-capitalistes ne change rien à l’affaire.
@ Pierre025
« et nous sommes des animaux »
Un extrait de Mahdi (Introduction ou chapitre 1): « la naissance de la philosophie politique en Islam »:
» Selon l’opinion commune, l’activité humaine appelée philosophie n’est ni nécessaire ni utile, et la prégnance de cette idée impose à la philosophie de se justifier. Mais il convient au préalable de s’interroger sur ce qui est nécessaire et utile à l’homme, et éventuellement sur la propre nature de l’homme. L’une des façons d’aborder la question « Qu’est ce que l’homme » consiste à observer la place qu’il occupe dans le monde et à spéculer sur sur ce qui pourrait le distinguer des autres être que l’on voit ou imagine. La question revient à ceci: la raison ou l’intelligence de l’homme est-elle différente du reste du monde naturel et des parties de lui-même qu’il partage avec les animaux supérieurs? Ou bien la raison de l’homme est-elle seulement un mécanisme mental plus complexe que celui des autres animaux, une simple extension ou amélioration des facultés animales, qui servirait à satisfaire les mêmes besoins, désirs, passions que les animaux éprouvent, mais de façon plus efficace et parfaite? Cette question est INSÉPARABLE de la nature du politique. Les Anciens et les Modernes ont appréhendé l’homme comme un animal politique, un animal qui diffère des autres en vivant, agissant, et poursuivant des objectifs au sein d’une communauté politique. Les questions « qu’est ce que l’homme » et « qu’est ce que la politique » visent le même objectif en partant de deux positions différentes.
(…) Si l’existence de l’homme et ce qui le distingue des autres animaux ont pour raison l’exercice de l’intelligence et la capacité à connaître, ce dont le philosophe [classique] est fermement convaincu, si pareille connaissance est destinée à examiner les convictions et opinions et à enquêter sur tout, et si la communauté dénie le besoin d’une telle investigation et la rend impossible, cette communauté politique a, par conséquent, déjà opté en faveur d’une vision selon laquelle l’objectif propre de la vie politique et de l’homme lui-même est d’acquérir une plus grande capacité à poursuivre des fins qui ne sont pas spécifiquement humaines, mais qui sont des versions élaborées des fins recherchées par certains animaux: le plaisir, la richesse, l’honneur, etc… C’est là que commence le CONFLIT classique entre la philosophie et la communauté politique. »
Moi je maintiens, à la suite des Anciens, mais également de Bergson, Heidegger et d’autres… que nous sommes radicalement distincts des animaux (notez le lien direct entre le réductionnisme scientiste et le projet politique des européens: ils sont comme les deux faces d’une même pièce, la pièce étant la façon particulière dont cette « civilisation » porte son regard sur le « domaine des affaires humaines »).
Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qu’il y a comme problème à « fermer Europe à la concurrence »… ou à ne l’ouvrir qu’à ceux qui ont des ressources naturelles à échanger? En quoi est-ce dangereux? Pour qui eaxctement (je n’ai aucune idée préconçue sur ce sujet j’aimerais juste comprendre cette espèce de chasse aux sorcières contre le protectionnisme… sous toutes ses formes)? Merci.
@pierre025
« nous, occidentaux, etions les rois en 1920 ; nous contrôlions toute l’économie mondiale »
j’adore cette phrase, « nous puissants étions puissants ! mais maintenant nous.. euh…Occidentaux ne le sommes plus ! » De l’art et la manière de créer des familles qui n’existent pas…
Pierre025,
Pourquoi organisation d’un quelconque projet afin de le mener à bien et distribution des fruits de l’aboutissement du projet doivent obligatoirement être liés au prorata de la soit-disante importance de position hiérarchique que chacun avait pour l’accomplissement du projet ?
Le mettre d’oeuvre ne ferait rien s’il ne perçoit pas une rémunération en adéquation avec sont soit disant statut ?
L’entrepreneur n’entreprendrai donc qu’en fonction de se que cela lui apporterai de plus que les autres ?
Ce serait un spéculateur de plus alors ?
ma réponse:
orgueil et cupidité (pour pas dire plus et pire …) face à l’intérêt général.
Je ne jette la pierre à personne étant donné la structure du monde dans lequel nous vivons.
Néanmoins on peut aussi envisager les choses en tentant de s’affranchir de cette structure non ?
Tentez l’aventure 😉
L’intérêt général peut être un moteur de satisfaction et de récompense personnelle.
Si ce n’est pas le choix de tout le monde (on est pas obligé hein) est ce une raison pour empêcher d’autres de vivre ce choix là ?
@Eric: je ne vous comprends. Vous nous dites qu’il y a 3 conditions pour pouvoir parler de capitalisme et ensuite ceci : « Le PIB a bien diminué par periode pour les pays capitalistes dans ce siecle sans que jamais on ne sorte du système capitaliste. » Ou encore vous parlez de capitalisme d’Etat, etc.
Donc soit on abandonne vos 3 conditions pour définir le capitalisme, soit il n’y avait plus de capitalisme lors des récessions, en URSS, etc. Affaire de cohérence. Mais évidemment, si on accepte des phrases pareilles « il ne faut pas voir la propriété privée comme uniquement par des personnes privées », la logique est abandonnée… 🙂
@Moi
Le capitalisme n’existait pas au temps de Sophocle. Mais existaient des personnes qui en entraînaient d’autres, tel Périclès qui, – c’est intéressant – expliquait aux Athéniens que la démocratie n’était pas concevable sans l’impérialisme.
Pour ce qui est des individus entreprenants, excluez peut-être Jérôme Kerviel, qui est un pauvre qui se joue des riches. Mais les autres noms de votre liste sont bons.
Les entreprenants sont des gens qui prennent des risques. Regardez notre Président de la république, Nicolas Sarkozy. Tous les jours que Dieu fait, des milliers de personnes, dans les journaux, à la radio, sur internet, ne cessent de l’accabler. Avez-vous, dans votre vie, pris ce risque de l’agression constante de l’autre ? Moi pas.
Le capitalisme, parce qu’il sanctionne l’inégalité et la différence, appelle au désir de combler la différence, c’est-à-dire à la vie.
@ moi
ce que j’essai de vous faire remarquer c’est que ces conditions sont une pensée, un système « en vie », qui s’adapte, une tendance vers laquelle on tend et pas une vérité première dont la seule intermitence d’un paramètre fait basculer l’existence.
Mais évidemment si on accepte des phrases comme ou « j’appelle capitalisme un système social dominé par les capitalistes. » qui introduit une définition inquantifiable et à qui on peut donc tout faire dire on est loin de la rationalité.
Par ailleurs, en disant « Le jour où il n’y aura plus de capitalistes, il n’y aura plus de capitalisme. » vous semblez croire que le capitalisme n’est pas un système mais un groupe d’hommes.
@ pierrot025
alors pourquoi Rimbaud n’est pas mort riche ?
le capitalisme ne sanctionne pas la différence mais le conformisme (par la concurence), la vulgarité (par l’apparat de la « réussite ») et la médiocrité (par le mercantilisme).
désir de combler la différence… on n’a pas la même conception de la vie…
@Pierre025: « Les entreprenants sont des gens qui prennent des risques. Regardez notre Président de la république, Nicolas Sarkozy. »
Vous m’avez bien fait rigoler. 🙂
Vous auriez dû citer aussi les risques pris par les dirigeants des banques et d’AIG et la coupe était pleine…
@ Pierre025
« Je ne crois pas comme vous à la fin du capitalisme, parce que je crois que les humains compteront toujours des individus plus entreprenants, plus charismatiques, plus courageux que la moyenne ».
Les individus que vous décrivez comme « entreprenants et charismatiques » et qui ont vocation à prendre les premières places dans « l’ordre naturel capitaliste » ne sont rien, strictement rien, sans le législateur. Il ne faut pas confondre le Capitalisme en tant que système et l’entrepreneur Schumpeterien cher aux « liberaux ». Les classes dominantes, y compris le haut de la classe moyenne, s’est vu promulguée aux places enviées grâce aux grandes écoles, aux universités de renoms, qui produisent des diplômes reconnus par l’Etat Capitaliste pour le Capitalisme.
Lorsque la FED envisage la dernière option à cette crise en rachetant sa dette avec sa monnaie de singe, c’est non seulement sa dernière figure de style avant implosion, mais c’est à coup sûr la fin des haricots pour toute une partie de la classe moyenne dont les boulots sont directement dépendants du Capital. Car la « démocratie libérale » ne tient qu’à sa classe moyenne, à ses « cols blancs », rouages essentiels du capitalisme par sa consommation outrancière et par son activité dans le secteur tertiaire en général et financier (au sens très large) en particulier. Alors l’expression « fin du capitalisme » n’est pas erronée dans son postulat au vu des réactions en chaines catastrophiques que la FED va engendrer.
@Eric: « vous semblez croire que le capitalisme n’est pas un système mais un groupe d’hommes. »
C’est exactement ce que je crois. Un groupe d’hommes qui organisent les choses à leur profit. Pour vous, c’est une loi de la nature? Le capitalisme et la mondialisation nous sont tombés dessus comme la loi de la gravitation? « There is no alternative » comme disait Thatcher?
@antoine
Que nous soyons différents des animaux, l’affaire est entendue.
Mais en quoi le sommes-nous ?
Eh bien, nous ne savons pas.
Notre époque se rit de Descartes, qui voyait dans les animaux des mécaniques. Descartes devait être insensible, lit-on partout, puisqu’il ne voulait pas voir les sentiments des animaux. La vérité est que Descartes devait s’inscrire dans le christianisme, qui était son époque et sa limite, tout en protégeant sa proposition de rationalité. Or le christianisme prétendait que l’humain abritait « une âme ». Les animaux, supposés sans âme, ne pouvaient être régis que par la rationalité, par les lois physiques, comme l’univers, comme les machines.
Il avait raison !
Mais nous aussi, humains, somme régis. La concession de Descartes à l’Église disait déjà le défaut de son concept.
Où sommes-nous différents des animaux ? Jacques Lacan voulait que ce soit par le langage. Il a eu raison, mais il n’a eu qu’un peu raison.
Nous ne savons pas !
Les remaniements pour ce qui est de la définition de l’homme sont en ce moment considérables. J’ai vu avec surprise il y a six mois Yves Coppens se débarrasser de Lucy pour admettre Toumaï comme notre premier ancêtre. Nous sommes dans la période de l’incertitude.
@moi
ça n’est pas en changeant quelques personnes que le capitalisme disparaitra. les capitalistes sont déjà en concurence permanente entre eux, ils n’ont de solidarité que classe contre classe. Virez en quelques uns il s’en trouvera toujours pour les remplacer. Combien faut il en virer ? 1%, 10% ou 100% ? En quoi sont ils différents de qui que ce soit ? Pourquoi ceux qui les remplaceront agiraient ils de manière différente ? Il sont capitalistes aussi ?
Il n’y a pas de nature là dedans, juste un système de production et de reproduction. Qu’est ce que vous croyez, que l’on nait capitaliste ?
On ne se bat pas contre des hommes mais contre un système (défendu par des hommes).
@BDphile
« Orgueil et cupidité » sont installés dans le cœur des hommes. Ils sont installés dans votre cœur, votre cœur à vous, parce que vous désirez quelque part vous élever, et parce que vous désirez des biens que vous n’avez point. Ne le niez pas : vous vous mentiriez à vous-même.
Ne cherchez point à vous affranchir de vous-même. Prenez les choses telles qu’elles sont. Vous vous découvrirez faible. Acceptez-le comme je m’efforce de l’accepter pour moi-même. Existez, si vous pouvez, plutôt que rêver.
@ Eric
Je ne comprends pas bien votre critique.
Rimbaud n’a pas cherché la réussite, il ne s’est pas répandu en flagorneries devant les puissants, il a voulu sa solitude. La civilisation française d’aujourd’hui, dont la fondation est capitaliste, l’a pourtant reconnu.
Le capitalisme ne reconnaît pas le conformisme, si ce n’est sur un temps bref. Le capitalisme est appel constant à l’invention.
(C’est sympa de m’appeler Pierrot !)
En plus des stock options qui ont ait basculer l’entrepreneur dans le camp des rentiers. La nature des rentiers n’a-t-elle pas changé elle aussi, changeant du même coup la nature du capitalisme ?
Historiquement le rentier est le « business angel » au cigare rondouillard qui joue avec son pactole pour le faire fructifier en finançant des entrepreneurs intrépides. Et il accepte tous les aléas car s’il perd son train de vie ne sera remis en cause qu’à la marge.
Aujourd’hui les rentiers sont surtout personnifiés par les fonds de pension qui doivent verser mensuellement leur pension aux retraités. Donc on n’accepte plus les risques et compte tenu de la faiblesse des cotisations par rapport aux prestations, il faut impérativement du 15% de rendement si on veut équilibrer les comptes. C’est peut-être pour cela que les stocks options ont été inventées : pour que l’entrepreneur ne s’occupe plus d’innovation, de production, du rôle social d’employeur, mais uniquement de finance.
@Moi
Mais oui, à la différence de vous et de moi, les gens qui s’élèvent dans l’échelle sociale (tel Nicolas Sarkozy par le moyen des élections) prennent des risques.
Les dirigeants des banques prennent des risques. Regardez comme ils sont critiqués aujourd’hui, et d’ailleurs à juste titre, puisque vous citez les folies d’AIG.
Les dirigeants d’AIG s’en prennent plein la poire. Avez-vous pris ce risque, de vous en prendre plein la poire ?
il m’est arrivé de le prendre, à très petite échelle. J’ai parfois réussi, mais je m’en suis souvent mordu les doigts.
@ Bertrand
Je ne comprends pas tout ce que vous dites.
Mais vous donnez, me paraît-il, trop de place au législateur. Le législateur, dans toutes les sociétés humaines et depuis toujours, a laissé sa liberté à l’entreprenant.
Il est arrivé que des constitutions limitent le droit des hommes a inventer, à entreprendre, à s’enrichir. Elle n’ont jamais duré longtemps.
Il n’y a aucun rapport entre ma citation… et votre commentaire… ou plutôt si il n’y en a un.
Ou bien les hommes ont « une âme » ou sont « capese dei » ou sont capables de « l’Eveil » (ce que vous voulez) ou méritent le titre de Dasein, et en ce cas on bâtit un certain type de société, ou bien ce n’est pas le cas et on bâtit un autre type de société car les fins de l’association politique ne sont pas du tout les mêmes!. L’alternative fondamentale est là.
Vous prétendez qu’on n’en sait rien.
Le simple fait de penser que la paléontologie/psychologie évolutionniste/ethologie humaine ou ce type d’investigation puissent être d’un quelconque intérêt/secours pour répondre à la question « qu’est ce que l’homme » implique dejà qu’on ait déjà tranché dans un certain sens (l’homme n’est qu’un animal complexe et il n’y a pas de différence ontologique entre lui et le reste des étants naturels)… C’est donc passer complètement à côté de la question… et imposer une réponse en faisant mine de l’avoir posée.
Pour revenir au « capitalisme »: votre définition n’a aucun intérêt. Qu’il y ait des leaders « naturels » personne ne le conteste. Quelles que soit les règles de la coopération sociale choisies, il y aura toujours des gens qui se distingueront et qui en tirent un avantage matériel. Vous affirmez que ce sont « ceux qui prennent les risques ».
Or:
1/ C’est faux. Parfois ce sont les prêtres (ou dérivé), parfois les guerriers (ou dérivé), parfois une caste (ou dérivé)… Que l’entrepreneur soit celui qui commande et non celui qui obéisse, cela ne va absolument pas de soi.
2/ Par ailleurs d’après votre définition Staline est typiquement un entrepreneur capitaliste… et le mot ne veut plus rien dire.
Le capitalisme est une forme parmi d’autre d’organisation de la coopération sociale, de distribution des rôles, qui n’a rien à voir avec les caractéristiques psychologiques de tel ou tel. En tant que mode d’organisation de la coopération sociale il s’oppose à tels ou tels autres modes d’organisation de la coopération sociale.
On peut très bien essayer de soutenir que de toute façon quel que soit le système ce sont les plus doués qui s’en sortiront le mieux mais dans ce cas on s’interdit d’avoir un avis sur ces questions, parce qu alors il est évident que chacun lutte contre tous les autres pour imposer le système dans lequel il pense qu’il aura le plus de chances d’avoir la meilleure place. Et in fine, le capitalisme ne vaut pas mieux que n’importe quoi d’autres… si on suit cette logique jusqu’au bout. La règle étant celle de la guerre perpétuelle. Et le fait servant d’argument ou plutôt d’ultima ratio. (C’était la thèse du premier penseur authentiquement capitaliste/libertarie, B.R. Tucker, qui a évité les contradictions performatives de Spencer, et qui a , en toute rigueur logique, finit par justifier la position de son courant de pensée politique de la manière suivante – « nous sommes anarchistes individualistes (libertariens) parce que nous sommes anarchistes individualistes » (et ce n’est PAS une tautologie dans ce cas précis, ar fondamentalement il n’y a pas de meilleur argument ni d’autre manière de l’exprimer).
Votre remarque sur Pericles et le rapport entre Démocratie et Empire est très juste. Mais en général les démocrates n’aiment pas qu’on vienne les chatouiller avec ça (eux qui sont tellement sûr d’avoir « le meilleur mode de gouvernement » ou le « moins mauvais » (sic), de même que les français n’aiment pas qu’on leur ressorte Robespierre ou De Maistre, quoique pour des raisons différentes, parce que certaines critiques/remises en question dures ne sont pas « politiquement correctes »).