Ce texte est un « article presslib’ » (*)
La date d’aujourd’hui, le 18 mars 2009, sera retenue par l’histoire, tout comme celle du 29 mai 1453 le fut pour la chute de Constantinople ou celle du 9 novembre 1989 pour la chute du mur de Berlin, comme celle qui signa la fin du capitalisme.
Aujourd’hui en effet, la Federal Reserve Bank, la banque centrale américaine, a annoncé son intention de racheter des Bons du Trésor (dette à long terme des États–Unis) en quantités considérables (pour un volant de 300 milliards de dollars), son budget atteignant désormais le chiffre impressionnant de 1,15 mille milliards de dollars. Pareil au serpent ouroboros dévorant sa propre queue, les États–Unis avaleront donc désormais leur propre dette, un processus désigné par l’euphémisme sympathique de « quantitative easing ». Pareille à celui qui tenterait de voler en se soulevant par les pieds, la nation américaine met fin au mythe qui voudrait que l’argent représente de la richesse : dorénavant la devise américaine représentera uniquement le prix du papier et de l’encre nécessaire pour imprimer de nouveaux billets. Elle se coupe aussi, incidemment, de la communauté internationale, mais baste !
Le dollar cessa de valoir de l’or quand, en 1971, le président Nixon mit fin à la parité du dollar avec ce métal. En 2009, le président Obama, en permettant à la Fed d’imprimer autant de dollars qu’elle le jugera bon, a mis fin à la parité du dollar avec quoi que ce soit, faisant de l’arrogance de la nation américaine la seule mesure restante de la valeur de sa devise. « Your Mamma still loves you ! » : le gosse, tout faraud, présente son premier spectacle et sa mère qui n’a pas voulu que son amour-propre courre le moindre risque a acheté tous les tickets !
Si la Chine attendait un signal pour se débarrasser de ses dollars, le voici ! Un article très intéressant dans l’Asia Times d’aujourd’hui, signé par Joseph Stroupe, explique comment la Chine, tentant de se délester en douce de ses dollars, les transfère discrètement à des fonds qui achètent des ressources minières et pétrolières. Stroupe, faisant reposer ses analyses sur des chiffres rassemblés par Rachel Ziemba, une collaboratrice de Nouriel Roubini, calcule que la Chine pourrait atteindre son objectif de réduction massive de son exposition au cours du dollar en un an environ. Nul doute que l’on ne dormira pas beaucoup cette nuit à Pékin et à Shanghai, tout occupé que l’on sera à acheter fébrilement des mines et des puits pétroliers aux quatre coins du monde !
Ah oui, j’oubliais : la bourse de New York, considérant qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle, a clôturé en hausse.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
154 réponses à “Le 18 mars 2009 : fin du capitalisme”
Salut, je voulais savoir si les Americains et le Chinois sont des colaborateurs ou si ils se font des coups en douce ou si ils font les deux, par la je veux savoir si les americains se fichent du fait que les chinois revendent leur bon du trésor.
Nous qui lisons ce blog, savions au moins depuis le post du « vase brisé » que la fin était inévitable. Ce 18 est une bonne date pour l’histoire, mais à l’inverse du mur de Berlin, ce ne semble pas bonne date une date pour les médias. La Chine prend le relais et a tout intérêt à faire croire que nous serons encore longtemps sous une forme de capitalisme. Le mouvement d’accaparement des terres et des ressources limitées ( mines, matière premières) a été initié il y a quelques années par les multinationales, il est maintenant repris par la Chine, cette tendance me semble indicative d’un mode de domination basé sur la propriété du sol, avec tout ce que cela comporte de tendances néo-féodales. Les Chinois ont leur population pour « coloniser » et contrôler des zones stratégiques entières. Est ce monde-là qui se dessine ? Je veux juste dire que puisque l’ancien c’est fini, cherchons à critiquer le mal en gestation dans ce qui vient ; entamons, pour une fois, la nouvelle guerre avant de l’avoir perdue, non pas contre les Chinois, mais les corruptions du système qui s’établit.
désolé d’être légèrement hors sujet
légèrement seulement car l’annonce de shell pourra occuper les insomnies chinoises évoquées ci-dessus par Paul Jorion
* guardian.co.uk, Tuesday 17 March 2009 19.04 GMT
Shell will no longer invest in renewable technologies such as wind, solar and hydro power because they are not economic, the Anglo-Dutch oil company said today. It plans to invest more in biofuels which environmental groups blame for driving up food prices and deforestation.
@kerema29
d’accord pour la lecture et l’écoute de la musique
et … voir ses enfants rire et jouer
@Philippe Deltombe: les journaux ont repris la nouvelle un peu partout, mais juste la depêche. Evidemment, ils ne vont pas expliquer ce que cet évènement signifie et ils le placent presque au même rang qu’un fait divers. Donc, en fait, ça ou taire la nouvelle, cela revient au même.
Je pense que les russes de l’époque pravda étaient mieux informés de ce qu’il se passait réellement chez eux et dans le monde que le pékin de base dans un pays libéral-démocratique.
Bonjour, pour moi avec ce que vient de faire la FED c’est surtout des pays qui ont d’énormes stocks de dollars qui ont du souci à se faire (comme la chine le japon). Peut-être que les américains testent les reins de ses « partenaires économiques » qui mine de rien sont coincés. Car ils ne peuvent pas se débarrasser de leurs dollars, si ceux-là ne valent plus rien. Mais j’ai l’impression d’une fuite en avant d’une panique de la part des US. Peut-être que si ils ont choisi cette solution c’est parce-que justement des pays comme la chine ne veulent plus financer leur dette. Si quelque-un peut éclairer ma lanterne…
Il se peut que cette légère baisse du dollar ne soit que conjoncturelle. Histoire de se refaire une petite santé aprés avoir autant investi grâce aux émission massive de bons du trésor durant les 12 mois qui viennent de s’écouler.
Pas sur que les Chinois soient perdant en misant sur les Etats Unis d’Amérique sur du moyen terme.
Traiter de FIN du capitalisme une telle opération qui serait simplement « figer dans le marbre » la propriété des richesses extérieures vraies (terres, moyens de production, …) acquises par les différents cartels capitalistes mondiaux, et sans changer aucune des règles du jeu, simplement au détriment des détenteurs des créances pourries (mistigri) dont ils n’ont pu se débarrasser, et qui n’est pour moi qu’une étape (logique et nécessaire) pour repartir de plus belle, est un pur CONTRESENS si on reste sur le terrain de la logique, une TROMPERIE si on se refuse à considérer les responsables comme des gens complètement stupides.
C’est une simple étape de CONSOLIDATION
Je ne comprend pas se qui est chaquant dans l’attitude US. Il me semble que racheter une vieille dette qui vous coute 5%, pour la remplacer par une nouvelle qui ne vous en coute que 0.5% soit un choix judicieux a vrai dire. Par contre se qui me trouble le plus , c’est comment y arriver.
Pourquoi les detenteurs de de bon du trésor a 5% vendrait pour ensuite racheter des bonds avec un rendement moindre ? Le seul moyen d’ariver a cela ne serait il pas de faire croire que le dollar va s’effondrer ?
D’ailleur pour ceux qui suivent le marché US, il se porte bien mieux lorsque le dollar est bas (voir le DJ de 2003 a 2008 et comparer le avec la valeur du dollar).
En tout cas je ne comprends pas pourquoi vous trouvez que cette decision est dangeureuse. Ok elle l’est pour l’exportation européenne Mais si l’enjeu est l’aquisition des matières premières mondiales avec une monnaie forte ont reste reste trés competitif.
@ Anne.J
« De toute façon, que la monnaie soit émise par la FED ou les banques commerciales comme cela a été le cas à l’excès ces dernières années, le résultat est exactement le même.
Non, pas tout à fait cependant: les américains se payeront les intérêts à eux mêmes au lieu de les payer aux Chinois.
Nous ferions bien de faire pareil en Europe… »
En effet après avoir défendu à tous prix que la création monétaire par les états était le pire des pêchés, après avoir imposé leur modèle de création monétaire exclusivement par les crédits, ils se mettent à faire exactement le contraire en réponse à la crise.
Mais ils se trompent de nouveau. Cette pratique de création monétaire par les états est une très bonne solution quand elle sert l’économie, crée de la monnaie en cohérence avec de la création de richesse, mais pas pour faire du crédit à la consommation, ni pour racheter des actifs toxiques.
amha…
Y’a pas besoin de la FED ou des banquiers centraux, ni même des banquiers privés pour faire de la création monétaire. l’état devrait fermer la FED et son système de réserve fractionnaire, et donc aussi les banques centrales, et reprendre toute la création monétaire sans intérêt ! Voilà, je l’ai dit…
Le tout sous le contrôle d’instances démocratiques. Vive la Démocratie !…
@Noviant:
Laissons faire la loi de l’offre et de la demande, c’est ça l’avenir du capitalisme efficace qui gagne.
Vive le capitalisme triomphant.
Un retour au source est inéluctable.
@ Rentacar
Le Capitalisme que tu souhaites triomphant est justement en totale faillite. C’est intéressant d’imaginer comment notre problème pourrait devenir notre solution. Sincèrement je ne vois pas…
Mais je vois que tu es spéculateur sur les devises, les marché d’actions, et forcément je comprends mieux ton discours probablement lié aux derniers paris que tu as fait. Bon courage.
Au fait, que t’apporte se blogue ? Et quel message cherches-tu à faire passer ?
Monsieur,
Bravo pour vos commentaires pertinants, je les apprécie toujours beaucoup même si parfois j’ai un avis contraire. Le débat d’idées en direct est une merveille apportée par la toile.
Je suis normalement un anti-américain de base, illogique et raciste à l’égard d’un peuple qui a fait un merdier sans nom sur notre terre. Je dis peuple, même si ce sont leurs élus (on a ceux qu’on mérite).
Cependant, il ne faut pas oublier que les US sont la première puissance militaire mondiale, quoi qu’on en dise, que ce sont des va-t-en-guerre, et qu’ils sont capables de déstabiliser nombre de pays sur la planète (par leurs services secrets).
Pour ce qui concerne la Chine, je suspecte qu’ils aient bientôt une révolution intérieure qui pourrait faire le retour du communisme (le vrai, le vieux, celui de la belle époque).
Donc avant d’enterrer le $ et les US, faudrait avant voir qui peut leur faire face!
Cordiales salutations,
Serge
Y a pas de « loi de l’offre et de la demande »… ça n’existe pas (aucun concurrent rationnel ne veut jouer le jeu et je suis bien placé pour le savoir…)
C’est comme la confiance, ça n’existe pas
Un marché pur de désutilités non plus (qui sont la règle et non pas l’exception, et dont l’existence même ruine la théorie)
Des « liquidités » (il y a de la monnaie ou du crédit liquides , mais pas « des liquidités »)
Une allocation effisciente des ressources
Tout comme la théorie de la valeur-travail, tout ça ça n’existe pas
C’est comme un cercle carré
Et un cercle carré ne peut pas faire une bonne roue… de secours
Mais vivement le retour aux sources… à la bonne époque où l’on pensait.
@Hervé de Bressy
« Si l’Eurozone actionne à son tour la planche à billets, n’allons-nous pas ruiner l’échafaudage européen, au seul profit de la survie artificielle de la finance anglo-saxonne ? ‘
Je suis d’accord il ne faut pas tomber dans el piège tendu par les Américains.
Ne faisons pas une politique de relance trop dispendieuse.
D’ailleurs je ne suis pas sur que cela soit un piège mais c’est pour eux une façon naturel d’agir.
@JLS
Mais quelle différence voyez vous entre « la planche à billet » des banques commerciales (M3 >10%/an depuis 6 ans) et une « planche à billet » de la banque centrale ( si corrélativement les banques commerciales sont plus limitée pour que l’évoution de la quantité de monnaie reste raisonnable)?
Moi j’en vois une (une grosse différence) : c’est les intérêts…
@ Herve de Bressy
La finalité de tout ça ?
Manifestement certains chez nous la connaissent…et ont choisi leur camp !
http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/03/17/la-france-va-doubler-ses-commandes-d-armement_1168918_3234.html#ens_id=1168917
Si les peuples ne les arrêtent pas avant….
Je n’avais pas osé être aussi cash…
Est-il possible suite à ce genre d’annonces de voir les capitaux fuirent les US pour venir se réfugier en Europe ?
Ne sommes nous pas en train de montrer au monde entier que nous sommes capable de rembourser notre dette sans la monétiser, même si c’est douloureux.
Quand je lis les propos de Trichet, j’ai l’impression qu’il s’accommode d’une certaine déflation (cf cas de l’Irlande ou il se réjouit de la baisse des rémunérations) pour faire gagner en compétitivité notre production. À l’inverse des US qui ne veulent pas entendre parler de déflation. Notre différence est peut être là.
Certes le poids de la dette va augmenter, mais cela aura une valeur hautement pédagogique pour les générations futures. Le crédit à la consommation est mauvais, le crédit pour investir dans un moyen de production à forte valeur ajoutée est bon.
18 mars 2009, fin du capitalisme ?
Pas sûr, début du grand incendie inflationiste ? Certainement…
à suivre…
Face à la déflation, il faut ranimer la création monétaire. Or les banques n’osent pas prêter ni les entreprises emprunter. Quant aux ménages ils sont déjà lourdement endettés. L’Etat est donc en première ligne pour la reflation. Tout ceci est très classique.
Comme sont classiques les comportements de passager clandestin comme celui de l’Allemagne qui compte sur la relance des autres tout en faisant l’économie d’une politique de relance. Classiques encore les comportements des entreprises qui chercheront à dans la baisse des salaires l’oxygène qui leur fait défaut du côté du crédit et de celui des ventes. Si la politique allemande et la panique antisalariale font tache d’huile, la déflation étendra ses ravages malgré la politique monétaire américaine. Car il ne suffit pas de monétiser des dettes pour réamorcer le circuit. Encore faut-il renverser les anticipations pour stopper la course à la liquidité. Pour que l’argent se remette à CIRCULER.Je ne suis donc malheureusement pas sûr que l’inflation soit déjà à l’ordre du jour.
Et si cette politique américaine fonctionne, la situation s’améliorera sans doute aux États-Unis, mais l’Europe subira de plein fouet les effets conjugués du monétarisme de la BCE et de ses gouvernements, d’une part, et de la dévaluation compétitive du dollar, de l’autre. Les états européens ont renoncé à leur politique économique au nom de l’Europe, mais sans être capable de construire une conscience collective et un état européen capable de faire contrepoids au capital financier. D’où la paralysie actuelle et la tentation déflationniste de cette « Union » sans contenu et de ses états qui se sont ligotés eux même. Voilà pourquoi nous serons sans doute les premières victimes de cette crise, même si nous n’en fûmes pas les initiateurs…
La principale raison pour laquelle je ne suis pas trop certain que nous assistions à « la fin du capitalisme » est que j’ai la nette impression que ce qui pourrait lui succéder n’est pas encore prêt à surgir. Problème de timing sans plus, sans savoir si ce n’est que partie remise et n’est pas une occasion manquée de plus, comme l’histoire en est si friande quand on la regarde par dessus son épaule. On peut en voir des traces, de cette alternative, c’est pour l’instant tout.
Par contre, sans même attendre que la crise actuelle se dénoue d’une manière ou d’une autre, je constate avec étonnement que, pour accrédite r l’affirmation selon laquelle elle ne se répète pas mais bégaye, l’histoire est bel et bien en train de trébucher une seconde fois. L’URSS et avec elle cet avatar de socialisme qu’elle représentait, était un colosse (certains disaient aux pieds d’argile), qui s’est effondré en prenant de court tout le monde. Le capitalisme financier, personnifié par les USA par simplification, vient d’imploser, et on ne sait pas trop bien quels débris nous allons en ramasser. Par deux fois, à si peu de temps d’intervalle, des systèmes présentés comme inébranlables et installés pour l’éternité s’effondrent du fait de leurs propres contradictions. De leur incapacité à évoluer dans le premier cas, de leur dérapage immaîtrisable et dans le second. Dans les deux cas par construction.
Dans ces deux situations, nous semblons comme un peu hébétés par ce qui nous arrive, comme un prisonnier qui vient d’être libéré et fait ses premiers pas, ne sachant pas quoi faire de sa nouvelle liberté. La confrontation du mythe avec la réalité, de la liberté connue à l’Ouest et interdite à l’Est avec l’impétueuse arrivé en fanfare d’un capitalisme qui triomphait d’autant plus qu’il n’était pour rien dans sa victoire, était le précédent épisode de cette série. Ne sommes-nous pas en passe de vivre sa suite ?
Si les « topRéseaux » du ClownBlanc , bien barricadés, résistent comme ils en sont convaincus d’y parvenir, que nous sera-t-il réservé ? Que nous sera-t-il consenti, sous forme de lest lâché avec parcimonie, quel prix devront ensuite payer pour ces frayeurs qu’ils se seront fait à eux-mêmes ? En mai 68, on y revient parfois, certains ont voulu brûler la Bourse, et d’autres – dont j’étais – les en ont empêchés. Ayant conscience que ce n’était qu’un symbole, la dématérialisation des marchés étant passée par là. Combien d’autres statues ont été depuis déboulonnées en pure perte ? Leur cimetière est rempli et nous en sommes toujours là.
« La fin du capitalisme » Hum !
En attendant de trouver moins pire, voici quand même le système qui, avec ses vilains excès, a apporté de la croissance là ou il n’y en avait pas.
Alors est-ce un plus ou pas ? Certains se demandent d’ailleurs si l’accroissement mondial de la population de ces dernières décennies, qui ravagent au passage notre planète, dans un système autre que celui de la croissance capitaliste aurait pu se produire dans de telles proportions.
Mais, aujourd’hui, la question ne se pose pas en ces termes puisqu’il faut bien que plusieurs milliards de terriens affamés puissent au vivre décemment. Les émergents se posent-ils des questions métaphysiques sur la fin du capitalisme ? Sans vouloir justifier quoi que ce soit, j’ai été faire un tour en 2008 de 2 mois en Chine, dans plusieurs régions, et je peux vous dire qu’ils ne s’encombrent d’aucun états d’âme sur ce qui est bien ou mal quand il s’agit d’accéder à plus de…
La fin d’une certaine idée du capitalisme ? A voir, mais en aurons-nous le temps ?
Qui croyait donc, que depuis plusieurs mois, les autorités US ne faisaient autre chose que de faire « tourner la planche à billet » ?
L’analyse du bilan de la Fed et celle de l’évolution de la structure de la dette globale US, tout au long de l’année 2008, ne montrent rien d’autre. Maintenant c’est officiel, voila tout.
A ce rythme de politique quantitative, l’insolvabilité totale du $ va encore attendre un peu, encore quelques mois. La seule partie de la dette publique qui compte vraiment peut encore bien grimper de 4T, décisions d’hier comprises; ceci dit, clairement, on y va tout droit.
La BCE ne pourra pas faire de la Zone euro un îlot de désinflation voir de déflation trop longtemps alors que ses « partenaires » commerciaux et ses voisins directs voient leurs devises dévaluées volontairement ou non. On devrait y avoir droit aussi.
J’ai du mal à croire au côté surprise d’hier soir, alors que Me Clinton vient faire un tour en chine. Ce n’est peut être pas innocent si la Chine se désengage depuis peu de ses réserves de change vers les minières ou les énergétiques. Pour l’instant, le manque de retour sur cet événement majeur pour la Chine est trop beau pour être…
En tout cas si rien de tangible ne sort du G20, ce ne sera peut être pas trop la peine de se poser des questions sur « comment construire un monde meilleur » car les intérêts des participants (US, zone euro, Chine…) divergent de plus en plus et les sombres perspectives d’un éclatement des grands équilibres internationaux deviennent de plus en plus crédibles.
Et dans ce monde là, capitaliste ou pas, il y aura peut être moins de très riches mais surtout beaucoup plus de très très pauvres.
@Alexandre
« Quand je lis les propos de Trichet, j’ai l’impression qu’il s’accommode d’une certaine déflation (cf cas de l’Irlande ou il se réjouit de la baisse des rémunérations) pour faire gagner en compétitivité notre production. À l’inverse des US qui ne veulent pas entendre parler de déflation. Notre différence est peut être là.
Certes le poids de la dette va augmenter, mais cela aura une valeur hautement pédagogique pour les générations futures. Le crédit à la consommation est mauvais, le crédit pour investir dans un moyen de production à forte valeur ajoutée est bon. »
Je crains que les ignorantins de la BCE, et de nos gouvernements, raisonnent en effet comme cela ! Sacrifions (un peu plus) les salariés du présent en espérant que ce sacrifice nous permettra de tailler quelques croupières aux américains. Sacrée « pédagogie » en effet : ne spéculez pas sinon nous réduirons les salaires. Les traders vont en trembler pendant des générations. Quand au « gains en compétitivité » et tutti quanti, il faudrait montrer comment une politique de déflation peut produire de tels effets en récompensant les rentiers et en massacrant les producteurs !
En fait ce raisonnement a un précédent : c’était celui de la France et de l’Angleterre des années 30, grâce à quoi la route fut libre pour le petit moustachu, avec les joyeuses conséquences qu’on connait. Mais beaucoup ont oublié cette cruelle pédagogie de l’histoire réelle…
[…] Un article de Paul Jorion : Le 18 mars 2009 : fin du capitalisme […]
Fin du dollar ne signifie pas fin du capitalisme, mais fin d’un certain capitalisme. Le nouveau serat social, ecologique et vertueu c’est promis juré sur la tête à M. Tricher. De plus, la seule solution à la crise de la dette est l’inflation qui efface l’ardoise. On ne peut que se rejouir de voir cette évidence penetrer même les esprits obtus de la FED. Cela dit, il peut être avantageux pour les EUROpéens de ralentir la chute de leur monnaie lorsque le dollar va entamer sa glissade. Comme ça, on pourra peut être payer notre riz avec du papier pendant quelques temps.
@Jef: « En attendant de trouver moins pire »
Je ne pense pas que ce soit une question de choix. Le système s’écroule, que l’on aie moins pire ou pas pour le remplacer.
La fin du capitalisme ? pas forcément. La fin du dollar oui.
N’oublions pas la bulle verte en gestation qui pourrait sauver la capitalisme pour un round de plus.
Par contre, personnellement, cette nouvelle qui passe quasi inaperçu dans les média, moi elle m’inquiète.
Beaucoup ici se contente de disserter sur ce qui se passe, mais en réalité, le temps nous est conté avant que les effets de ce choix ne se fassent ressentir, et que la situation deviennent préoccupante.
Explosion des prix des matières premières ?
Dévaluation du dollar ? Améro ?
Bank rush ? Supermaché Rush ?
aux USA, d’abord, mais ensuite, en Europe, le contre coup risque d’être terrible aussi.
Vous dissertez, c’est bien. Ca fait passer le temps.
Mais moi je suis inquiet !
Le danger que représente l’inflation, cette machine à laminer les dettes et le pouvoir d’achat, n’est jamais négligeable, c’est bien vrai. Je voudrais faire remarquer que celui de la déflation est omniprésent actuellement, et qu’un déséquilibre en vaut un autre dans ce système.
N’allons donc pas trop vite dans nos pronostics, appuyés sur des références historiques traumatisantes, sans vouloir bien entendu justifier cet sorte d’autisme et d’aventurisme financier auquel nous assistons.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, car nous n’y sommes pas intellectuellement habitués, rien n’est encore écrit. Il faut s’y faire, car cela va durer. Se mettre à l’école des faits.
Je vois que beaucoup s’inquiète de l’effet de la dévaluation du dollars sur le commerce de l’UE,à juste titre une monnaie stable dans un univers de monnaie dévalué est dangereux pour notre industrie. Cependant on est pas obliger d’en passé par la dévaluation, le gros mot interdit de débat est toujours là, le PROTECTIONNISME. Douane, quotas, permettraient d’enrailler les tentatives de mercantilisme Chinois, US ou autre sur notre sol sans avoir recours au dangereux concours d’émission monétaire excessif.
Du reste c’est peut être dure à envisager mais l’on peut toujours répudier une dette que l’on considère comme non remboursable, ou en réduire la valeur par un acte de culot. Tous çà n’est que volonté politique et la fuite vers la monétisation de la dette n’est que l’énième preuve du peu de courage qu’on les hommes politiques moderne. Surtout quand un état est endetté vis à vis de sa propre population (le cas des USA ou de la GB étant plus compliqué les ayant droits étant étrangers). Je crois que finalement la répudiation de dette nous éviterais des tracasserie nettement plus incommodantes que les hurlement des rentiers injustement spolier (de leur point de vue). Bien sure le problème est que pendant quelques années l’état n’aurait plus la confiance des investisseurs pour emprunter mais ils ont la mémoire courte (on l’a vue avec la crise) ce ne serait qu’un problème passager et l’état vie bien plus longtemps que les individus fussent-il milliardaires.