Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je suis en train de regarder en direct la réunion d’un comité du Congrès américain consacré à AIG.
L’un des parlementaires, Gary Ackerman, vient de donner une définition des Credit–Default Swaps (CDS) : il y a deux gars sur un radeau, il y a autour d’eux des vagues de six mètres et des requins qui font la ronde. L’un des deux commence à avoir très peur. L’autre lui dit : « Si tu veux, je peux te vendre une assurance ».
PS : @ LeClownBlanc
De ne trouver personne avec qui faire quelque chose de ce qui est lu.
Oui, c’est extrêmement frustrant. La première réaction des gouvernants me semble-t-il est de dire : « Pas d’affolement dans l’entrepont ! » et de continuer de procéder comme ils l’ont toujours fait. Dans un deuxième temps, ils se rendent compte que les vieilles formules ne marchent plus mais ils nient. Dans un troisième temps, ils commencent à regarder autour d’eux (mon invitation par les membres socialistes du Parlement Européen, tombe à mon sens dans cette catégorie) mais ils continuent de nier. Dans un quatrième temps, on fait appel à toutes les expertises authentiques. Pour parvenir à ce quatrième moment, il faut avoir dépassé le déni, la réunion au Congrès américain dont je viens de suivre le déroulement tombe dans cette dernière catégorie.
L’Europe n’a pas encore atteint ce quatrième moment, c’est ce dont se plaint Krugman dans son dernier billet. Il affirme que l’Europe est toujours dans le déni et il a raison et il faudrait que cela cesse le plus rapidement possible pour limiter les dégâts (ceci dit, l’accent mis sur la régulation plutôt que sur une relance aveugle de la consommation par l’endettement est l’approche correcte – pour autant qu’on sache bien entendu quoi réguler et comment). À la décharge de l’Europe : depuis combien de temps les États–Unis sont-ils sortis du déni ? Est-ce depuis cinq ou depuis six jours ?
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
16 réponses à “« De ne trouver personne avec qui faire quelque chose »”
OUI l’Europe est dans le deni, et ils seront comme d’habitude en retard et asynchrone; ceci devient donc de plus en plus grave vu la guerre économique qui se joue actuellement entre les continents.
Mais la question c’est pourquoi ce deni de la réalité: est ce par manque de moyen ou par manque de confiance envers ces forces productives que sont les classes moyennes?
Les dirigeants européens sont ils au courant que la force d’une société ce sont justement ces classes moyennnes productives?
Je rappel au passage que la France possède la plus grande productivité horaire des pays de l’OCDE.
A titre d’illustration, non pas du déni mais du niveau de l’argumentation présentée, quelques édifiantes déclarations françaises relevées au cours du débat à l’Assemblée Nationale à propos de l’éventuelle suspension du « bouclier fiscal » plafonnant l’impôt sur le revenu des plus fortunés mis en place par Nicolas Sarkozy (qui persiste) :
Bernard Accoyer, président de l’Assemblée Nationale: « La France a besoin de stabilité fiscale (…) des décisions prises rapidement de façon circonstancielle peuvent soulever les problèmes créés par l’instabilité fiscale ».
Luc Chatel, porte-parole du gouvernement : « Le problème en France n’est pas qu’il y ait moins de riches, mais qu’il y ait moins de pauvres. »
Eric Woerth, Ministre du budget : « Lorsqu’on gagne de l’argent en France parce qu’on réussit, on n’est pas un voleur (…) Si l’on veut faire partir toute la richesse de France, alors il faut faire cela (…) Augmenter les impôts des plus riches, c’est à terme augmenter les impôts des moins riches ».
Pour sortir du déni … c’est triste d’avoir à penser ici :
quelques premiers palefreniers doivent se décider à ne plus tirer un carosse
quelques bedeaux doivent se décider à ne plus mettre de bougies à côté des chapelles
quelques journalistes doivent s’arrêter de jouer la comédie à leur public.
Pour sortir du déni, il faudrait que certains de « NOS » fonctionnaires
(théoriquement à notre service) … au moins
les plus opportunistes d’entre eux (faux-culs, courtisans, rapaces aux aguets,…)
commencent à sentir que le vent pourrait éventuellement tourner un peu.
En ce cas, il faudrait commencer à jouer non pas 2 ou 3 doubles-jeux, mais davantage.
En ce cas, quelques medias pourraient commencer à anticiper aussi peu …
Auguste s’est justifié auprès de moi de son comportement un peu grotesque:
Déposer une aimable petite provocation sur RMC.
Manière de dire … vous savez
Voici l’URL pour ceux qui aurait manqué cette petite anecdote
Billet 2315 16 mars à 19:21.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=2315#comment-19691
Ce n’était pas bien méchant.
Juste pour faire saisir un peu la réalité
Juste pour faire sortir un peu du déni
Juste une idée en l’air pour faire un peu réfléchir
Pour une raison inconnue … le hasard ? ,
Auguste recopia son aimable petite impertinence
et la déposa sur RMC (blog de M. Bourdin).
Seule et unique fois où il est allé sur ce site.
[ah oui, c’est probablement un blogueur d’ici qui procura le lien.
Auguste a dû simplement appuyer, par curiosité ! ]
Cela aurait été intéressant de savoir
s’il y avait eu un petit echo … … d’au moins un blogueur
Auguste avait totalement oublié son geste.
Moi, LeClownBlanc,
il y a 5 minutes j’étais vraiment décidé à me remettre enfin au travail.
[Nota: Je ne fais vraiment plus rien de profond ]
La curiosité !
La curiosité !
Aaaaaaaaaah !
Je suis trop long. Vous avez deviné.
… vous êtes trop rapide ! ! ! …
Effectivement la contribution d’Auguste n’y était plus.
censure.
Ceci est un test… ceci est un test… ceci est un test (ad nauseam)
Les européens complexent… et ils sont fatigués/écoeurés de la guerre sous toute ses formes. Ils n’aspirent qu’à vivre en paix, en oubliant que cette paix a un prix.
Ils ne veulent pas assumer toute forme quelle qu’elle soit de leadership mondial, tout en se plaignant régulièrement des pratiques états-uniennes et britanniques, qui eux ne leur font pas de cadeaux et ne leur en feront jamais (le fait que le commonwealth commence à vaciller annonce peut-être un changement dans la distribution géoéconomique et géopolitique des rapports de force). J’espère que les européens vont savoir profiter la fenêtre de tir qui s’ouvre à eux.
Mais ils sont devenus tellement lâches que je ne me fais pas beaucoup d’illusions…
Globalement, les européens préfèrent continuer à se faire tondre et denier non pas seulement la crise mais plus profondément la GUERRE OUVERTE qui les oppose aux anglo-saxons (bien plus qu’aux chinois ou aux islamistes), qui font tout ce qu’ils peuvent pour ruiner la construction européenne (et qui y parviennent avec succès). Parce-qu’au fond ce sytème économique en place a été développé par et pour les anglais dès la fin du XIXe.
Les économistes libéraux français se rendent-ils compte qu’ils ont entériné sous le terme de « théorie économique » un pur discours d’influence destiné dès le départ à servir les intérêts d’une puissance étrangère (à l’époque l’Anglerre disposait d’un avantage technologique sur le plan industriel)? Se rendent-ils compte que la critique du « protectionnisme » n’avait fondamentalement un intérêt géopolitique majeur que pour une puissance impériale maritime???
Autres propos de crise de Laurence Parisot, présidente du Medef (l’organisation patronale française) :
Evoquant le « message unanime du patronat », lors de sa conférence de presse du 17 mars : « quelle que soit la gravité de la crise, il faut être conscient que l’on aggrave la crise en refusant d’en imaginer le bout ».
A propos du tollé déclanché par Total qui a annoncé supprimer 555 postes de travail en dépit de bénéfices records, la même a annoncé que le comité d’éthique du Medef allait « engager une réflexion sur l’éthique patronale en temps de crise » (remplacer le mot éthique par celui de communication pour une meilleure compréhension).
On peut aussi trouver une autre image pour illustrer l’acheteur d’un contrat CDS (comme la Société Générale). C’est un parieur qui mise non pas pour un cheval mais contre un cheval qu’il estime être un tocard et qui de surcroit, a le droit de tirer des chevrotines dans ses pattes du cheval pour freiner sa course.
A propos de la Société Générale. Le contribuable américain a déboursé 4.1 milliards d’USD pour permettre AIG de rembourser la Société Générale sur ses paris nus. En estimant à la grosse louche qu’il y ait 100 millions de ménages américains, cela fait 40 USD par ménage. Admettons qu’AIG soit incapable de rembourser l’Etat américain (ce qui est probable) et que les Français soient actionnaires pour moitié de la Société Générale. Morale de l’histoire: la prochaine fois que les frenchies iront aux States, qu’ils n’oublient pas d’offrir une bouteille de champ’ à leurs amis américains.
Bonsoir !
Suite à la lecture du dernier billet de Mr KRUGMANN sur le site contre info, je suis embarassé, quelque peu …
Je m’interroge sur l’intention derrière le billet, sur l’objectif derrière le contenu ….
Mr KRUGMANN serait il, quelque peu, dans sa sphère ( bulle ?)
Je préfère, loin s’en faut, le dernier paragraphe de votre billet, Mr JORION!
PS : un article interessant (sur certains aspects), de MR FRIEDMANN, sur le site contreinfo.
On y décèle les graines de l’ESSENTIEL d’un « futur- après »! « Après » quoi? je ne sais, mais certains dessins apparaissent ! Toutefois, elles ne sont pas entrées dans un stade global de germination….
Bonne soirée !
Je ne pense pas du tout que les Européens soient dans le déni, je pense plutôt que les Américains poussent pour que nous fassions une politique de relance comme eux, de type Keynésien.
J’espère qu’on ne le fera pas.
Les taux d’endettement des Etats sont déjà assez élevés, de plus ce sont aux pays en excédent commercial à faire des politiques de relance c’est à dire la Chine, Le Japon et l’Allemagne.
Surtout pas à la France, La Grande-Bretagne, l’Espagne, L’Italie et s’il y a un pays qui ne devrait pas faire ce type de politique c’est bien les Etats-Unis.
Pour la régulation OK, mais ne pense pas que les Américains soient en point sur ce sujet.
Ne tombons pas dans le panneau tendu par les Américains (consciemment ou non).
Allons nous vers une confrontation economique usa contre europe?La remontée de L Euro face au dollar suite a la decision de la fed ,d acheter plus de « treasuries », va nuire aux exportations européennes! Les américains vont ils nous forcer a relancer encore plus nos economies?, Les discussions lors du G20 seront « franches »!
@Antoine:
La France et l’Europe se sont fait attaqué par des pays ultralibéraux de l’époque parce que nous avions décider de sauvegarder un système équilibrée. Les dirigeants européens (Barroso en porte étendard) ont cédé et n’ont pas voulu défendre ce modèle unique au monde.
Aujourd’hui nous payons l’incurie de ces dirigeants incapable de défendre les intêrets des citoyens européens et son modèle qui était performant il y a encore peu de temps.
Résultat on inflige aux classes moyennes la responsabilité d’un échec qui ne correspond qu’à de grave erreur de gestion au plus haut niveau décisionnaire.
Mon point de vue actuel est assez clair, je ne soutient pas une relance économique en injectant de l’argent dans des services publiques chancelants mais je soutiens sans aucune réserve un plan de soutient massif aux industries, aux PME et à toute structures permettant d’améliorer l’innovation en France et en Europe. Il en va de la compétitivité économique de notre continent.
Et quand j’écoute Mme Merkel qui se permet de parler de façon hégémonique au nom de l’Europe pour affirmer de façon sectaire qu’un plan de relance n’est pas utile, je me dis qu’il y a un grave problème pour réussir à surmonter cette crise systémique et politique de plus en plus profonde et dévastatrice.
Je me ralie donc de jour en jour à la ligne directrice que les USA ont décidé de défendre et pourtatnt je suis un européen convaincu.
Et quand vous dites que certains pays anglo-saxon ont souhaité détruire la construction de l’Europe je suis d’accord, mais on leur a prêté le flanc.
Pour moi, la solution serait de créer un plan de relance massif et de façon concommitante la création d’une puissante Europe Fédérale.
encore une sur les CDS
c’est qqn qui prend une assurance incendie pour sa maison.
et 10 personnes qu’il ne connait pas lui disent: « ah bon, votre maison peut prendre feu ? Nous allons nous aussi souscrire a cette garantie ». Ce faisant ils sortent leurs briquets.
L’Europe parlant plusieurs langues, on ne sait pas ce qu’elle peut dire. Si l’on entend Mr Barroso et Mr Trichet et si l’on considère qu’ils sont représentatifs, on glisse un marque page dans le polar du jour et on va se coucher en souhaitant que les pages suivantes seront mieux écrites et mieux inspirées.
En regardant et en écoutant ceux qui nous gouvernent, ici en France, c’est tout aussi désolant. Autant Mr Obama impose un respect et un espoir confiant malgré les grandes incertitudes autant nos représentant à nous font toc. Pour ne pas être désobligeant, j’éviterai le commentaire. Notre opposition est elle aussi dans le déni, trop de collusions avec cette même aberration depuis tant d’années. Nos médias toujours aussi rampants ou tournant la tête ailleurs, préférant aller patauger dans les faits divers et les historiettes à quatre sous. Si outre-atlantique le déni se porte bien, ici il a un air buté et porte les stigmates de la bêtise. Demain, lorsque les choses s’aggraveront dans les rues, peut-être se réveilleront-ils ? Hélas ! Je les crois porteurs de beaucoup de maladresses et d’incohérences. Je crois la rue plus responsables qu’eux.
antoine dit
@ le 18 mars 2009 à 18:34
(….) Parce-qu’au fond ce sytème économique en place a été développé par et pour les anglais dès la fin du XIXe.
Les économistes libéraux français se rendent-ils compte qu’ils ont entériné sous le terme de “théorie économique” un pur discours d’influence destiné dès le départ à servir les intérêts d’une puissance étrangère (à l’époque l’Anglerre disposait d’un avantage technologique sur le plan industriel)? Se rendent-ils compte que la critique du “protectionnisme” n’avait fondamentalement un intérêt géopolitique majeur que pour une puissance impériale maritime???
Rien n’est plus vrai!!
Le drame historique de la France est d’avoir pêché par manque de vision maritime et d’avoir dénigrer sans cesse la marine. Pour un pays qui est une avancée dans l’espace maritime avec 4 à 5000 kms de côtes, c’est incroyable! Louis XVI, voulant se dégager des mauvaises influences, s’en était enfin aperçu vraiment et avait fait, avec pas mal de succès, tout ce qu’il pouvait en développant la marine française, mais, mille fois hélas, c’était bien trop tard et il devait être emporté par la Révolution. Révolution « française », soit dit en passant qui germa irrésistiblement à partir de la dernière décennie du XVIIIème siècle en l’Angleterre (époque qui correspond exactement à l’émergence, en 1694, de la banque d’Angleterre dont le modèle devenu mondial nous étouffe actuellement) tandis-que plusieurs décennies avant la Révolution française, c’est à dire dès la Régence qui succéda à Louis XIV, presque tout l’entourage des rois de France ainsi que les « salons » intellectuels, Voltaire en tête, devenaient anglophiles, pire, anglomanes. La Révolution française fit perdre à la France au moins une bonne trentaine d’années au profit de l’Angleterre sur les plans stratégique, industriels et commerciaux. Et cela devait « se terminer », en quelque sorte, par l’ « entente cordiale » en 1904.
Depuis, en effet, les libéraux français n’ont faits que dégoiser des imbécilités, sapant leur propre pays, étant ainsi devenus pour la plupart des suppots de la puissance anglo-saxonne.
Ce n’est pas tout à fait fini… Vous voyez à qui je fais allusion?… D’aileurs ce « puissant courant libéral français » vient de faire réintégrer la France dans l’OTAN…
Je ne vous comprends plus du tout Mr Jorion. Dans ce post, vous critiquez le déni des européens dans le suivant la folie des américains.
à Antoine
Je ne sais pas tout de la Révolution, mais avec l’universalité du système des poids et des mesures, le « mètre étalon », elle avait compris quelque chose…
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