Ce texte est un « article presslib’ » (*)
L’opinion publique américaine – et le Président lui-même – commencent à s’énerver sérieusement du fait que les dirigeants d’AIG qui ont perdu plus de 100 milliards de dollars pour leur firme méritent cependant 450 millions de dollars en primes PPC (= « payé par le contribuable »). L’argument selon lequel, sans ça, ces dirigeants passeraient à la concurrence ne convainc pas l’homme de la rue : « Ne serait-ce pas la meilleure chose qu’une firme puisse espérer, que de tels incapables soient débauchés par la concurrence ? », s’interroge-t-il. C’est que Monsieur-tout-le-monde mélange tout : le fait de gagner de l’argent et celui d’être indispensable. Ce n’est pas parce que ces dirigeants ont eu un peu de malchance ces temps derniers qu’ils ont cessé d’être indispensables et du coup, aimés par leur direction.
Quoi qu’il en soit, les esprits s’échauffent quelque peu autour de ces primes PPC. Les banquiers ne se découragent cependant pas pour autant et le Wall Street Journal d’aujourd’hui rapporte que des équipes d’avocats (PPC) travaillent ferme en ce moment chez des éclopés notoires comme Citigroup (45 milliards $ PPC) et Morgan Stanley (10 milliards $ PPC) à mettre au point des formules qui permettent d’augmenter aisément les… salaires (PPC). Les dirigeants de Wells Fargo (25 milliards $ PPC) de leur côté se sont déjà accordés de telles augmentations : les mesures ont précédé les injonctions relative aux bonus, déclare-t-on à la firme.
On aimerait voir la tête du Président Obama quand il apprendra ça ! Ces banquiers vont décidément lui donner du fil à retordre ! Sacrés lascars !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
54 réponses à “Rions un peu – Les banquiers (II)”
A une époque, ce genre de problème se réglait avec du goudron et des plumes (au mieux).
Bon, c’était avant les hordes d’avocats (PPC ou pas). Aujourd’hui, ils seraient capable de se faire rembourser le coût des plumes et du goudron.
Arf !
Zgur
« Les banques, je les ferme. Les banquiers, je les enferme » (Vincent Auriol).
Rions jaune. Etes-vous sûr que ce sont des humains ?
Je ne sais pas pourquoi tout cela me fait penser à « La liste de Schindler » lorsque le personnage principal réalise que s’il avait fait des choix différents, il aurait pu sauver encore plus de personnes. Belle conscience cet homme là.
Il y eut un temps où le but d’une entreprise était ce quelle produisait. Aujourd’hui ce n’est plus sa fin, son seul rôle est de redistribuer l’argent. De là beaucoup vendraient leur mère si cela leur rapportait de l’argent qui est devenu la seule fin en soi.
Ce qui énerve plus que tout les citoyens américains c’est surtout que leurs impots aillent en partie dans les poches des banques européennes.
http://www.sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?f=/c/a/2009/03/17/MNR516GA5N.DTL
Et d’ailleurs la guerre économique est déclarée entre Merckel et Obama.
http://www.spiegel.de/international/world/0,1518,613582,00.html
L’Europe reste sur une politique de rigueur inflexible, on verra rapidement si c’est la stratégie la plus adaptée à cette crise systémique.
A Anne.J
Excellent! Un bon mot est toujours bon pour le moral.
Un article de Bloomberg va même juqu’à dire que l’Europe bascule sous le controle hégémonique de l’Allemagne:
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601109&sid=aL4VMcMofiI8&refer=exclusive
« Faites du bien à un vilain, il vous crache dans la main »
ou encore
« Ces lascars entre quatre mur ? C’est trois murs de trop ! »
@ Bob : voir le lien vers le GEAB que j’ai donné dans l’humeur précédente à propos de AIG « une analyse à mettre en parallèle »:http://www.leap2020.eu/GEAB-N-33-est-disponible%21-Tensions-transatlantiques-croissantes-a-la-veille-du-G20-Exemple-d-une-tentative-de_a2936.html
@Alexis: les prévisions du GEAB sont annoncées depuis tellement d’années quelles deviennent un peu douteuses.
Moi ce qui m’interesse ce sont les faits et la réalités c’est que la crise systémique n’est pas évaluée à sa juste valeur par les dirigeants européens (cf les prévisions encore une fois peu crédibles de Mme Lagarde).
Je rappel au passage que toutes les prévisons économiques de Mme Lagarde se sont avérées erronées malgrés les nombreux avis contradictoires et rectificatifs de l’INSEE.
A cause des risques pris par ces banquiers, l’etat est obligé de sauver leur entreprise. si ils avais pris moins de risques, leur boite aurais simplement coulé. ils sont donc recompensé pour avoir attiré le bateau de sauvetage de leur propre nauvrage…
a la prochaine crise, les banques ne seront pas sauvés, et on auras droit au bank rush etc etc …
Ces banquiers prouvent qu’il existe des salariés qui ne se laissent pas berner par le patronat.
@ Bob : je suis bien d’accord pour ce qui concerne le GEAB, mais l’analyse faite dans l’article est assez pertinente sur la vision qu’ont les étasuniens de l’Europe, on peut douter de même de l’article de Bloomberg, diviser pour régner n’est pas nouveau.
Néanmoins, merci pour les liens, je vais aller m’y instruire !
Le renflouement des banques avec l’argent du contribuable est tout simplement le plus grand hold-up de l’histoire, opéré par les banques elles-mêmes. J’espère qu’après ça, on ne va plus nous emmerder avec des petits braquages de province ou des attaques de fourgons.
Dans son livre « La sorcellerie capitaliste », la philosophe Isabelle Stengers explique que la capitalisme ne peut pas développer sans recourir un système rhétorique qui empêche littéralement les gens de penser les situations qu’ils vivent. Elle appelle ça « Les alternatives infernales. Un exemple d’alternative infernale: celle qui est imposée aux travailleurs d’une entreprise auxquels on s’adresse en ces termes « Ou vous acceptez de baisser vos salaires ou nous serons contraints de délocaliser ». Le renflouement des banques participe également d’une alternative infernale, adressée par l’Etat aux citoyens: « Ou nous secourons les banques (même si celles-ci sont responsables de la situation qu’elles ont créée), ou le système financier tout entier s’effondre, et nous allons tous en payer les conséquences ». Le post de Paul évoque autre alternative infernale, cette fois-ci dans le chef des banques ou de l’assureur AIG: « Ou nous payons de gros salaires à nos meilleurs éléments, même si ceux-ci ont été responsables de pertes considérables, ou nous sommes contraints de les laisser partir à la concurrence, ce qui nous affaiblit et nous rend moins aptes à rembourser nos dettes à l’Etat, c’est-à-dire vous ».
Isabelle Stengers pose la question suivante: comment apprendre à nous désenvoûter de toutes ces alternatives infernales qui nous sont imposées et paralysent notre pensée et notre action?
est ce que le plus simple n’aurait pas été de faire un tour de passe-passe administratif, du style faillite-résurrection?
En mettant la boite en faillite, on lui évite d’assumer tous ses contrats et en en ressuscitant une nouvelle boîte qui reprendrait les actifs mais aussi une bonne partie du passif, on évite le big-bang et l’effet domino. Entre temps, on n’honore plus les contrats véreux passés avec les traders car la nouvelle boite ne reprend pas ce genre de contrats. Pas très moral mais vu le monde de la finance, un peu plus ou un peu moins…
« Même les voleurs de grand chemin ont disparu : les uns, habitués au plein air, exercent la profession de pickpockets sur les champs de course ; les autres se sont adonnés à la haute banque. »
[Alphonse Allais]
Il reve de politique pour etre un gangster moderne…
gangster moderne, c’est juste ajouter quelques zéro.
On change pas une horde de pillards en gentils samaritin en 2 siècles, faut un peu plus de temps je penses et le temps c’est de… l’or en barre plein les coffres.
Sur cette page !
Quel défoulement !
J’ai ri ! … j’ai ri !
Mes yeux encore humides !
Mes joues toujours fendues !
Merci à tous
@ AuVieuxCopainMichel
La réponse est
stratégique,
aussi vitale que l’air et l’eau !
La Réponse ?
Ne serait-ce pas
(1) des billets périodiques
avec
(2) dans le prolongement un NovlangueGlossaire
plan social remplace licenciements massifs
Responsable déontologie remplace en charge des FCE
[Frais Commerciaux Extérieurs (assurés par la Coface) :
corruption, bakchihs, lobbying, marchés truqués, entes illicites, etc.]
RSE, Responsabilité Sociale d’Entreprise, la transparence, remplace
la guerre secrète pour le contrôle de la représentation de la réalité (ce que certains appellent parfois — à tort — la vérité)
Nikademus [14 mars billet 2294] 2294
a surement de bonnes preconisations à ce sujet.
A Orléans, ville transformée en laboratoire sécuritaire,
Florent Montillot, adjoint UMP à la sécurité — très fier de lui
Aus Usa (Washington ? NY ?) Frank Luntz
responsable d’un « Atelier Sémantique » au service du Parti Républicain,
mena bataille (gagnée) pour imposer aux Nations Unies de remplacer,
dans les documents officiels,
le terme « réchauffement climatique » par celui de « changement climatique« ,
dixit (dans un memo) « moins effrayant » [Ref. The New Statesman, 20 fevrier 2006]
Paul Moreira dans son livre « Les Nouvelles Censures » [Robert Laffont]
L’obligation actuelle des commanditaires de LaBrochette G20 :
Ppréserver au monde son ordre discret et harmonieux
Moreira
Une chose est sûre: plus ça va, moins ça change. A part quelques mesures cosmétiques, la crise n’a pas provoqué un changement profond des mentalités. Tout ce délire financier va bientôt recommencer comme aux plus belles heures. L’appât du gain est plus fort que tout. J’en veux pour preuve le cas de Dr Doom, à savoir l’économiste Nouriel Roubini, l’un de ceux qui ont déclenché la sonnette d’alarme. On apprend avec une certaine surprise que cet économiste a investi dans des fonds d’indices et qui plus, est, à la hausse, alors qu’il ne cesse d’annoncer une chute des bourses. Sa stratégie financière personnelle serait donc l’exact contraire de ce qu’il clame un peu partout. Bref, il dit une chose et fait le contraire. Les observateurs sont également étonnés que ce professeur, devenu célèbre grâce à la crise, se soit transformé en prédicateur financier, voire en conseiller financier. Ne serait-il pas lui aussi, en train de tout confondre ?
http://finance.yahoo.com/tech-ticker/article/208703/Roubini-Says-Rally-Is-a-%22Dead-Cat-Bounce%22?tickers=^dji,^gspc
Il est tout à fait clair que les banques ne remplissent plus leur rôle d’intermédiation : elles ont, à quelques exceptions près, pris le parti des investisseurs et ou entrepreneurs quand ceux-ci sont eux-mêmes détenteurs d’importants actifs financiers ou qu’ils dépendent des investisseurs-actionnaires pour leurs rémunérations et revenus.
Elles sont devenues des machines à faire de l’argent au profit de quelques uns et ce en toute légalité, des hordes d’avocats
étant déjà la manoeuvre pour contrer toutes les mesures et autres velléités de changement de nos timides gouvernants.
Ce ne sont donc pas quelques nouvelles lois qui changeront la donne. Bref, la constitution pour l’économie — dont l’adoption traduirait un nouveau contrat social — est la seule vraie alternative. Mais je vois déjà l’objection : non, une constitution, tout comme les lois et règlements, cela peut se contourner. Et tout recommencera comme avant.
A ceux là je réponds deux choses :
1. Cela n’est vrai que si la dite constitution ne traduit pas des aspirations à un profond changement. Or, si une telle constitution était adopté, ce ne sera pas du fait de la seule « bonne volonté » des gouvernants et encore moins des banquiers, mais bien parce que les peuples et-ou les évènements les y auront contraints.
2. Cela n’est vrai que si le contenu de cette constitution entérine des réformes faites en marge du système. Ce qui serait une constitution faux-nez. Or l’interdiction des paris sur les prix n’est pas une petite mesure, elle touche au coeur même du système actuel. Il s’en suivrait des conséquences incalculables dans les sphères économiques et financières. Dégagés enfin des alternatives infernales dont parle Ton vieux copain Michel (que je salut au passage pour son retour !), nous pourrions alors nous atteler à des tâches autrement plus intéressantes et constructives : comment, où, quand et pour quelle finalité, produire ?
En conclusion : il ne faut pas voir cette constitution comme un simple dispositif juridique extérieur à la société, mais quelque chose qui la (re) constitue, au sens propre du terme. Toute constitution doit être entendue comme étant la fois l’aboutissement d’un processus et l’origine d’une nouvelle configuration économique et sociale. Une constitution est constitutive d’une nouvelle société ou économie, aussi bien en amont, à cause du nouveau rapport de forces sociales qu’elle stabilise, qu’en aval, en offrant une nouvelle règle du jeu claire pour tout le monde. Les acteurs sociaux s’y conformant impriment alors de nouvelles dispositions et donc de nouvelles pratiques économiques et sociales alors naturellement associées, centrées sur de nouvelles valeurs.
Ton vieux copain Michel : il peut y avoir deux explications (au moins):
– la nouvelle est fausse et Roubini n’a pas investi en bourse ou n’a pas investi à la hausse
– la nouvelle est vraie et Roubini investi en bourse à l’inverse de ce qu’il prédit pour se couvrir. Ainsi, si ses prédictions sont fausses, il se grille professionnellement mais gagne en bourse de quoi compenser une perte de revenus professionnels. Et si ses prédictions sont vraies, ce sera une petite perte par rapport à ses gains professionnels vu qu’il continuera à être écouté et à faire du conseil payant.
En tout état de cause, Roubini court après le fric, c’est clair et cela se voit au premier coup d’oeil. D’ailleurs qu’attendre de quelqu’un participant au forum de Davos?
@Ton vieux copain Michel:
Il veut peut être se faire des ROUBINI.oles en or
@ Ton vieux copain Michel
Actualité : la fermeture de l’usine Continental de Clairoix où les salariés avaient accepté, il y quelques mois, de repasser à 40h payées 35 pour sauver leur emploi.
Bel exemple d’alternative infernale.
désolé pour la mise en caractères gras, je ne pensais que changer le sous-titre qui lui a disparu . Étude de cas
@Bob ! [14:05] Très bien !
Apès avoir bien ri, j’en souris encore
… Henri VIII, roi de 1509 à 1547, ne portait-il un truc un peu comme ça ?
avec des fils d’or entrelaçant des petites pierres precieuses ou des perles
@ Pierre-Yves D [13:29]
Existerait-il — dans ce secteur — un (des) draft(s) de « nouveau contrat social »
et/ou de « constitution de l’économie »
se plaçant en amont ou en aval de xxx (de quoi ? de qui ?)
régulé par quoi et qui ? … inspecté par quoi et qui ?
Oui, rions un peu… jusqu’à la chute.
Voici, concernant Madoff, une petite joke qui rejoint une des hypothèses que Paul faisait il y a peu
http://www.youtube.com/watch?v=XJ8OjAB_e3g&eurl
ça fait du bien de rigoler un peu même si les amerlocks sont pas trop rigolos actuellement (surtout avec certaines banques qui vont se faire voler dans les plumes)
http://fr.biz.yahoo.com/17032009/202/blanchiment-la-societe-generale-rappelee-l-ordre-par-la-reserve.html
Pour illustrer la phrase de Ton vieux copain Michel
« Le renflouement des banques avec l’argent du contribuable est tout simplement le plus grand hold-up de l’histoire, opéré par les banques elles-mêmes. J’espère qu’après ça, on ne va plus nous emmerder avec des petits braquages de province ou des attaques de fourgons. »
http://public.globecartoon.com/cgi-bin/WebObjects/globecartoon.woa/wo/3.0.9.3.9.3.3.1.0
Dans le cas du présent billet, et selon « l’aternative infernale » de Stengers dont nous à parlé plus haut ton vieux copain michel:
1 – la moral
2 – le droit
3 – le temps
Ou comment l’impact de la morale changeante au cours du temps et des évènements, se trouve en rivalité à l’instant présent avec un contrat signé et couvert par la loi et le droit dans le passé.
Un hypothétique changement du droit sera t il pour autant rétroactif ?
Encore une fois qui doit être montré du doigt ?
Celui qui a signé le contrat qu’on lui a proposé ? ceux qui ont proposé le contrat ? ou ceux qui ont créé l’environnement dans lequel le dit contrat peut exister ?