Parlant de Roubini, je mentionne le Liban comme son pays d’origine, c’est une erreur : j’aurais dû dire l’Iran et la Turquie.
Sur la stupidité des LLM… Dernière vidéo de Monsieur Phi sur leur capacité à mentir. https://youtu.be/cw9wcNKDOtQ?feature=shared Moi je ne sais…
34 réponses à “Le temps qu’il fait, le 13 mars 2009”
Merci pour cette précision qui me paraît déterminante…L’exemple de Stilglitz est de ce point de vue assez resprésentative.
Dans son livre « la grande désillusion », il expose de façon brillante l’échec de la politique néo-libérale, il dénonce le fameux « consensus de washington » pourtant il est loin d’être un affreux gauchiste….
J’avais été impressionnée par la raison qu’il donnait pour changer de modèle économique (je résume de mémoire) : « Pour que l’économie propsère, il faut un certain calme social or les inégalités sont propices aux désordres sociaux donc c’est pas bon pour le business ».
La lutte des classes au sens des rapports de force entre les différents agents économiques ( investisseurs, chef d’entreprise, salariés), voilà le véritable cadre général auquel ses messieurs refusent de se frotter…
un dernier mot, au-delà de la nécessité de « produire des analyses »…qui à elles seules ne changeront rien…nous devons nous inspirer des précédents combats…et agir collectivement !
how does change happen ?
» it wasn’t disestablished because presidents or legislators or judges, one day had epiphanies about the injustices and immoralities of segregation. It was disestablished because ordinary people, ordinary people became collectively aware of themselves as potential agent of SOCIAL CHANGE ».
excellent w.e à tous ! (powa !)
Merci de nous rappeler ce grand nom.
Pour compléter l’intervention sur le cadre, lire Frédéric Lordon, économiste au CNRS qui a une cohérence très construite, c’est très bien pensé.
Si vous vous voulez seulement faire sa connaissance, allez sur le site de la telelibre et entendre la musique qu’il fait, comme Paul Jorion -claire et libre- Ecoutez son intervention sur « Nationalisons les banques ». Ou son intervention sur le site d’acrimed à propos des Media.
Il m’a semblé que vous avez négligemment omis de parler d’Immanuel Wallerstein comme penseur de référence étatsunien de cette crise. Il se démarque au contraire en restant toujours attaché à un cadre général de longue durée. Peut-être est-ce d’ailleurs pour cette raison que vous n’avez pas pensé à l’inclure..
Transcription de la vidéo et liens vers les sources citées :
« L’actualité, c’est plutôt le calme avant la tempête. Une période d’attentisme. Comme les choses ne vont pas beaucoup plus mal, on se dit qu’elles vont sans doute beaucoup mieux. La bourse reprend un peu du poil de la bête. Quand on dit de Citigroup que la catastrophe n’est pas pour demain, son action remonte en flèche : 30 % d’un coup. Évidemment, au niveau où elle est, ces 30% ne représentent pas encore grand-chose. C’est l’époque !
Du point de vue de l’administration de Mr Obama, ça patine, ça n’avance pas beaucoup. En fait, quand ça avance, c’est parce que ça recule ! Hier, il s’est adressé aux PDG d’un certain nombre de grosses entreprises américaines en leur disant qu’il était prêt au compromis sur le réchauffement climatique. Ce n’est pas vraiment rassurant, car ça ne va pas dans la bonne direction. Son problème essentiel, c’est qu’il n’arrive pas à recruter les membres de son administration. Tous les jours on a des informations sur des personnes qui ont été pressenties pour rentrer dans les cabinets ministériels. Ces gens doivent se retirer soit parce qu’ils n’ont pas payé leurs impôts, soit parce qu’ils ont payé des gens au noir, soit parce qu’ils se sont compromis dans des affaires, etc. D’une certaine manière, c’est plutôt positif puisque ça montre qu’il y a un souci de ne pas recruter n’importe qui. Mais en même temps, ça montre qu’aux Etats-Unis, on ne trouve pas les gens qu’il faudrait.
Tout à l’heure je lisais sur le fil de l’agence Bloomberg un article sur Mr Stiglitz, qui posait la question : « pourquoi est-ce qu’on emploie pas ces gens-là, qui connaissent les solutions, au gouvernement ? ». L’explication donnée, c’est que ces gens là n’ont pas nécessairement le profil qu’on voudrait dans ces positions là, où on met en application les solutions. Mr Stiglitz n’est pas un diplomate. Il a dit parait-il à propos des chercheurs du FMI que ce sont des étudiants de 3ème rang venant d’universités de 1er rang. Évidemment, on ne se fait pas des amis de cette manière là. Ce sont les gens qui font sans doute les meilleures analyses, mais ce ne sont pas ceux que l’on veut au niveau des gouvernements et des administrations pour mettre les mesures en application.
Mrs Stiglitz, Roubini et Krugman sont des gens sur lesquels vous attirez mon attention, sur le fait que nous disons des choses parallèles. Au départ, quand j’ai commencé à m’intéresser à ces questions autour de 2004-2005, je ne faisais pas très attention à ce que disaient les autres. Je m’intéressais essentiellement aux chiffres, je les analysais, je poursuivais les données là où je les trouvais. Hier, on attirait mon attention sur le dernier papier de Roubini qui est traduit d’ailleurs sur ContreInfo, et je me disais que c’était amusant, car ça pourrait passer pour un résumé de mon premier livre sur le sujet, « Vers la crise du capitalisme américain ? », publié en janvier 2007. Il n’y a pas de rencontre, car comme je l’ai dit, à l’époque, je ne lisais pas Roubini, et il ne me lisait pas non plus ! Mais on s’intéressait aux mêmes choses, et du coup, on en tirait les mêmes conclusions.
Depuis 1 an maintenant, je lis ces gens là, ceux qui disent des choses semblables à moi, comme Roubini, Krugman, Stilgitz… et je fais attention à ce qu’ils disent. Je regarde les convergences et les divergences. Et là, je voudrais faire une petite remarque, non pas pour être « pro domo », mais pour attirer l’attention sur quelque-chose. Je devrais ajouter à la liste James K. Galbraith, qui a fait une communication devant des membres du Parlement Européen le même jour que moi. (3 mars 2009) Je lisais hier le papier qu’il a présenté, qui n’est pas une production originale mais simplement la communication qu’il avait fait devant le Congrès américain peu de temps avant. Et là aussi, c’est une très bonne analyse, sur des points particuliers. Mais les uns comme les autres, Roubini peut-être un peu moins, je dirai plus tard pourquoi, ce sont des analyses de faits séparés, c’est disparate. Ce sont des analyses sur des points particuliers, avec des listes « il y a ceci, puis ceci, puis cela … ». Ça s’applique à Krugman en particulier. Il n’y a pas de cadre théorique, parce que ce sont des Américains. Américains de récente date ou d’ancienne date, mais ce sont des gens qui produisent des analyses économiques dans le cadre de la pensée économique américaine. C’est l’un de vous qui a attiré l’attention là-dessus, vous faisiez un commentaire en disant qu’il n’y a pas chez Stiglitz d’investisseurs, pas de capitalistes, pas d’entrepreneurs, pas de salariés. Il n’y a pas ce cadre sociologique. Il n’y a pas la société derrière. Je ne dis pas qu’il ne parle pas du tiers-monde ou de choses importantes, mais il n’y a pas de cadre théorique derrière ça. Ce ne sont pas des Européens, ce ne sont pas des gens qui ont l’habitude d’analyser un problème à l’intérieur d’un cadre général. Comme on l’a fait traditionnellement en France, comme on l’a fait dans le cadre de la philosophie germanique, dans la pensée italienne, espagnole, et ainsi de suite… On a cet intérêt pour la théorie. Même les Anglais qui sont beaucoup plus à la surface des choses que nous ne le sommes – ils en restent davantage au niveau de l’empirique – il y a quand même dans leurs analyses un cadre général. Ce cadre général n’existe pas aux États-Unis. Pourquoi ? Parce qu’il y a cette idée d’individualisme méthodologique. Il n’y a pas d’entrepreneurs, pas de salariés, pas de gens qui apportent leurs capitaux, il n’y a que des agents économiques, auxquels on ne s’intéresse pas, sauf pour savoir s’ils ont accès à une information complète, etc. Mais ils ne sont pas « là ». Cette structure économique est comme pendue dans le vide.
Ceci pour dire que nous avons quand même quelque-chose à apporter. Quand je dis nous, je ne pense pas seulement à moi mais à l’interaction que j’ai avec vous et les apports extraordinaires que vous produisez dans vos commentaires. Il y a pour nous une place dans cette analyse, parce que des gens comme Roubini, Krugman, Galbraith, etc., ils ne produisent pas cela. J’avais dit que j’allais dire quelque-chose d’un peu plus spécifique sur Roubini, parce que lui c’est un Américain je dirais de relativement récente date. Il vient d’Iran et de Turquie, et il sait que l’on peut penser les choses dans un cadre conceptuel. C’est pour ça que je dirais que je suis moins désespéré vis-à-vis de lui que vis-à-vis des autres. Je crois qu’il faut continuer dans cette direction là, à produire des analyses de la qualité de ce que produisent ces gens-là. Mais il faut, comme nous avons cette capacité à le faire, il faut se placer dans un cadre général, où les choses s’expliquent, parce que sinon, on fait cette liste de choses à réparer, que l’on va réparer comme des items indépendants des uns des autres. Et quand les choses changeront, ils ne verront pas que le cadre général a changé, et feront une autre liste ! Et une fois de plus, cette liste sera constituée d’éléments qui ne seront pas inter-connectés au niveau de la théorie. »
Je signale une intervention qui si elle n’est pas la plus récente (13 février 2009) a tout de même le mérite de développer une analyse intéressante sur les problèmes de l’administration Obama, à la fois en termes de recrutement et de « courage » politique.
Je précise que cette intervention est le fait d’un de ces obscurs étudiants de 3ème rang qui ont atterri au FMI dont parle Stilgitz dans l’article de Bloomberg!
http://www.pbs.org/moyers/journal/02132009/watch.html
Morceau choisi :
C’est vrai que Stiglitz est assez, disons… déroutant. Par moments, il donne l’impression d’avoir la tête près du bonnet et, entre nous, ses développements sur l’asymétrie d’information naviguent entre l’anecdotique et le ridicule. C’est pourtant ce qui lui a valu son Prix… Sont pas très regardants, les Suédois !
Si on veut se « marrer » un peu, voir ce lien du FMI.
S’agissait-il de figurants? Que sont tous ces « groupes » devenus? Il devrait être intéressant de pointer ce qu’ils feront, diront, ou ne feront pas ni ne diront pas dans l’actualité présente et à venir…
Impresionnate! Ces floppées de sommités fnancières! Toutes au service de la « stabilité financière », vous avez dit « stabilité fianncière »?. Apparemment (??), une immense machinerie, mais pour faire semblant seulement et semblant de quoi? On n’est pas au bout de nos surprises dans l’ « organigramme » financier mondialiste…
http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/groupsf.htm
Cela fait penser à ces logiciels auxquels on a ajouté tellement de correctifs qu’on ne voit plus la trame et qui tournent de moins en moins vite .Le festival des IF,GOTO,GOSUB…..Le syndrome de la pelote de laine ou de la boite noire. Un matin , après le x-ième bug catastrophique on se décide à le réécrire .L’économie c ‘est pareil, la dérégulation a fait sauter la trame.On part d’un pret rapace et on atterrit après 3000 GOTO et 5000 GOSUB à véhicule flingué de titrisation.Le tout à consommer sans modération de réserve fractionnaire après recommandation du banquier et agrément des hopitaux,des caisses de retraite, des universités , etc…….Cette trame qui nécessite une réécriture s’appelle une constitution pour l’économie.
@ Paul
J’ai vu que sur votre blog en langue anglaise est mise en ligne votre communication au Parlement européen de Bruxelles,
C’est une excellente chose évidemment. Mais, tout de même, une question me brûle les lèvres :
quelle est votre audience réelle aux USA ? Les milieux intellectuels, voire au delà, les journalistes et autres politiques, s’intéressent-ils à vos analyses concernant l’économie, la finance, et la crise en particulier ?
Serait-il impensable qu’un de vos articles paraisse dans un grand journal américain, voire qu’on invite un jour dans une institution américaine pour y faire aussi une communication ? Avez-vous fait de tentatives en ce sens ?
Etant données les circonstances actuelles, ce que la vieille Europe a de meilleur à offrir c’est vous. Vous étiez et êtes toujours à l’endroit précis d’où la crise est partie, vos différentes casquettes font de vous un des hommes les mieux équipés intellectuellement pour répondre à certains défis que présentent cette crise inédite, aussi serait-il vraiment dommage et incompréhensible que les américains se passent — durablement — de vos lumières et services ! Et, après tout, les penseurs français ou francophones ont eu leurs heures de gloire dans les universités américaines : les Bourdieu, les Derrida, Paul Ricoeur, René Girard et d’autres. Pourquoi pas bientôt un Paul Jorion en inspirateur des meilleurs esprits du pays de l’oncle Sam ?!! En rénovateur de la pensée économique ! Que s’ouvre une petite brèche dans l’édifice inébranlable de l’individualisme méthodologique ! C’est le moment ou jamais.
D’un autre coté, je comprendrais aussi que vous vouliez garder une certaine tranquillité et une certaine distance, car c’est aussi loin du tumulte et des sollicitations de toutes parts que l’on peut développer une pensée originale. Mais, tout de même, l’acquis est là, et sans doute se seriez-vous pas mécontent non plus de partir vers ce front-ci, à moins que votre terrain de prédilection soit encore l’Europe ! Je sais, tout ceci est sans doute trop demander à homme qui n’a après tout que des journées de 24 heures !
Et vous savez très bien ce que vous avez à faire 🙂
@ Pierre-Yves D.
Bonne question. La réponse c’est celle-ci : j’ai débuté le blog en simultané, français et anglais et au début vraiment en parallèle. Voici la fréquentation en nombre de visites hier : 2879 en français et 16 en anglais.
Comme tu as pu aussi le voir, on m’invite quelquefois à parler aux USA et j’ai droit à quelques bayeurs et ronfleurs au fond d’une petite salle. L’explication, c’est que le courant ne passe pas, j’ai d’ailleurs expliqué pourquoi dans un billet sur ce blog en anglais :
La désaffection est réciproque : honnêtement, je n’ai pas grand-chose à dire à des Américains. Tu parles de Français ou francophones invités, voire adulés aux États–Unis, deux choses à ce sujet : lorsque l’on gratte un peu, il s’agissait en réalité de strapontins. Combien de ces vedettes françaises aux US enseignaient en réalité le français dans un département de langues (tu serais étonné !) Quant à Lacan ou à Foucault, comme je le dis dans le paragraphe que je reproduis de mon billet : il s’agissait d’énormes malentendus, je me cite : « … le Lacan qui m’est familier et dont j’ai été l’élève est un tout autre animal que celui qui résulte de l’extraordinaire métamorphose qu’il subit en traversant l’Atlantique ».
@Jacques
Oui, une constitution pour l’économie avec un revenu maximum par exemple…
C’est vrai quoi, il y a bien un revenu minimum.
@Paul
En vous écoutant, je pensais que l’on aurait sacrément envie que ça casse rapidement et que l’on passe à autre chose. Ma femme dévore Doris Lessing en ce moment, elle me disait (Valérie ma femme pas Doris) que c’était plutôt un lent délitement qui se produisait en ce moment comme dans le roman qu’elle lit actuellement, d’où la frustration que l’on peut avoir en constatant les hausses incongrues de la bourse. Pensez vous qu’il y aura une journée particulière à la place du grand soir?
Je voulais vous poser la même question que Pierre-Yves à propos de votre écoute aux USA également.
Au fait, quel temps fait-il en californie.
Bonsoir à tous.
Paul, vous savez bien qu’une des grandes limites historiques qui ont encore des répercussions profondes dans les mentalités, la structuration des sociétés, des modes de pensée et du droit c’est le limes de l’empire romain qui sépare les pays de droit coutumier ( modèle anglo saxon) et de droit canon ( ô combien français)!
le principe face à l’habitude !
Voilà bien une des causes majeures aux malentendus et aux difficultés de trouver, ne serait ce que des approches communes à certains problèmes. Il me souvient comme exemple frappant en europe d’un extraordinaire dialogue de sourds entre Helmut Kohl et Franz Olivier Gisbert à propos de l’évacuation des forces soviétiques de l’allemagne…
Continuons!
Bonsoir, bonjour,
Je vous lis et vous écoute Paul Jorion, toujours avec plaisir. Vous parlez de « calme avant la tempête » dans cette dernière vidéo.
Auriez vous quelques chiffres en réserves ? Quelques indices de dessous les fagots ? Quelques tendances lourdes encore sous le coude ? Enfin quoi, quelques éléments probants des prémisses de cette future « tempête » à venir ? Non que je n’y souscrive pas, mais rendez moi grâce d’avoir perdu mes réflexes de croyant. Je manque de données chiffrées, et vous avez fait étale de cette immersion dans les chiffres et les données afin de déduire vos précédentes analyses. Cette prise de la réflexion dans les faits me manque un peu, je dois avouer, en ce moment, de quelle tempête parlez-vous donc ? Parce que ça tangue sacrement en ce moment et ça prend déjà l’eau d’un peu partout, pour tout dire c’est déjà la tempête. Vous me faites peur ! La peur vient de l’ignorance, affranchissez-moi je vous prie !
Nous nageons dans le commentaire, de qualité certes, mais où situez vous l’abîme qui va engloutir le bateau ? Ouais je sais, je vous demande de faire la pythie ce qui n’est pas très malin de ma part, disons que quelques prospectives étayées seraient du plus bel effet !
A vous lire.
Parfois je suis frustré du peu d’analyses qui accompagnent certains articles pourtant fracassants : récemment Wen Jibao, haut responsable chinois s’inquiétait du remboursement des prêts énormes accordés aux américains. Reprise de ss propos dans le Monde, le Figaro, dans les medias américains, mais nulle part je n’ai trouvé une analyse des causes de la crainte exprimée par ce monsieur. Hyper inflation à venir ? Autre raison qui m’échappe ? J’aurais aimé être éclairé sur ces possibles raisons. J’ai dû me contenter de cette déclaration inhabituellement brutale, surtout dans le contexte jusqu’à lors sarkozystement optimiste des G 20 et autres raouts bling bling. Si quelqu’un, ici, veut bien éclairer ma lanterne, je l’en remercie d’avance 🙂
@ lacrise
Juin 2007, ici dans Les États–Unis otages de la Chine :
Juillet 2008, ici dans La Chine tire-t-elle les ficelles ? :
Dans le Wall Street Journal d’aujourd’hui (14 mars) :
Merci M. Jorion. Hmmm, mais si le dollar plonge les bons ne valent plus rien et le chinois perdent leur argent…On dirait un serpent qui se mord la queue.
Est-ce la tempête force 10 ?
Il me semble que c’est une révolution épistémologique ayant pris naissance au début du XXème siècle, pour s’incarner opérationnellement après la seconde guerre mondiale, qui est à l’origine d’un cataclysme naissant dont on note aujourd’hui les prémices.
Cette révolution épistémologique est introduite entre autres par des mathématiciens (Poincaré, Hilbert), des physiciens ( Bohr, Einstein, Planck) des philosophes (Frege, Russel) qui ont pensé le discontinu et le discret (au sens mathématique du terme)
Ces approches permettent de mettre en place de façon naïve des solutions de type combinatoire, qui comme tout problème combinatoire, ne résiste pas à la taille du problème traité (c’est l’explosion combinatoire)
En définitive:
. cette révolution épistémologique a armé les ignorants, les cyniques et les voyous en leur permettant de s’affranchir de la matière et des heuristiques.
. les ignorants, les cyniques et les voyous ont axiomatisé, à leur convenance et de façon opérationnelle de multiples réalités (mondialisation).
. les ignorants, les cyniques et les voyous ont vu leur nombre croître de façon combinatoire, et cette combinatoire de combinatoire, une combinatoire au carré en quelque sorte, explose aujourd’hui.
Je ne vois pas comment le système pourrait aller autrement que vers le chaos. Il est désormais impossible, faute de temps, d’introduire de l’heuristique dans nos comportements. Ne pas oublier, en effet, que cette révolution est née il y a plus d’un siècle et qu’elle a irrigué durant toute cette période l’ensemble des sociétés occidentales.
En fait selon monsieur paul jorion plus on fait intervenir de sciences plus on a de chance de trouver une théorie valable.
mais jusqu’ou doit on s’arreter car je me doute que l’économie,la sociologie et l’anthropologie en feront partie mais les trous et le manque de connections entre les « réparations » établies sont donc bien dues a certaines science manquante.
est ce bien ça et si oui ne doit on pas commencer a chercher de ce coté la ?
« Quand l’homme se laisse aveugler par les choses, il se commet avec la poussière. Quand l’homme se laisse dominer par les choses son cœur se trouble.
(…)Aussi, je laisse les choses suivre les ténèbres des choses, et la poussière se commettre avec la poussière ; ainsi mon cœur est sans trouble, et quand le cœur est sans trouble, la peinture peut naître. »
Å’uvrer loin de la poussière, c’est aussi ce que disait un vieil amis chinois (la poussière au sens bouddhique signifie honneurs et mondanités…) qui a pour nom (le plus connu) Shitao. Se prononce chie tôt.
@ le Fan,
bien sûr, mais on tombe sur des sciences dont l’alpha et l’oméga ne sont plus les mathématiques mais leurs propres procédures de vérification-falsification… du fait qu’il faille même rendre compte des aptitudes du bipède à plume aux mathématiques elles-mêmes. Du coup, il faut imaginer des sciences fondamentales de la culture (4?) dont l’économie n’est qu’une interférence, autrement dit une science appliquée, une sociologie de la fonction naturelle de valorisation en nous.
Tiens, on parle d’Albert?
Il disait à peu de chose près ceci justement:
« Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau. »
Ce que je comprends de cette phrase, c’est qu’elle met en relief deux facettes distinctes de ce qu’on nomme réflexion: D’une part la culture, d’autre part l’intelligence.
La culture par définition ne se repose que sur l’acquis, les connaissances déjà établies. Par conséquent, même si elle est nécessaire pour comprendre un phénomène résultant du fonctionnement d’un système, elle ne peut être suffisante. Conclusion que René Descartes avait déjà à l’esprit en son temps quand il évoquait le dogme scolastique. Parvenir à s’extirper d’un modèle pour formuler les solutions à sa défaillance, (ce qui revient à ce que nous dit Einstein), nécessite l’intelligence.
A ce point de la réflexion, je m’interroge: Le modèle d’enseignement actuel, ayant produit (entre autres) la « merveilleuse méthode » dite du bachotage, méthode dont on constate le paroxysme dans les classes préparatoires aux grandes écoles, passage obligé d’une forte proportion de nos élites (en France), permet-il de produire autre chose que de la culture?
Un autre penseur, quoi que d’un niveau plus modeste (mon professeur de physique au lycée), aimait à répéter « qu’il vaut mieux avoir une tête bien faite qu’une tête bien pleine ». Finalement, n’y a-t-il pas trop de têtes bien pleines (singes savants) et trop peu de têtes bien faites (penseurs) aux commandes?
…
En arriver a Albert en 2 posts , n’est ce pas symptomatique de la société actuelle ?
Si l’homme n’est plus capable de comprendre ses interactions avec son environnement c’est qu’il n’en est pas a la hauteur et si le monde extérieur est bien refleté par la pensée humaine alors le salut ne viendra pas des sciences sociales (4?).
La collaboration de gens comme Paul Jorion avec des physiciens et des Biologistes semble s’imposer, pour que plusieurs tetes bien faites (et pleine dans leur specificité propre) puissent trouver ce qu’un seul homme n’a pu faire seul.
(au dela de la théorie, il faut aussi savoir l’interpréter)
cela mériterait bien la création d’une nouvelle science globale a la hauteur des miliards de gens qui peuplent cette terre.
@Paul
D’abord un grand merci ! Vos commentaires, ce blog, les échanges sont un éclairage unique sur cette Crise mondiale.
Pour moi elle n’est pas abstraite car je viens de me faire virer. Mon niveau d’intervention ne sera pas celui d’autres intervenants ; au risque d’être désuet j’essaye d’être un honnête homme (en tous sens du terme).
Mais j’ai une question (naïve) qui pourrait joindre deux de vos remarques : une approche plus unifiée (un cadre général)et celle du ‘particularisme’ intellectuel américain.
Que pensez-vous de Jared Diamond?
J’ai lu avec un intérêt grandissant ses trois ouvrages traduit. Il est Américain et a énormément voyagé (ce qui est atypique…) ; il a une vue certes écolo-catastrophique mais qui peut nier que l’on risque un terrible téléscopage des diverses crises (financières ,économiques, démographiques , alimentaires, eau et environnementales). Que pensez-vous de ses analyses en tant qu’anthropologue aussi?
@Le Fan
Cette science globale existe déjà, elle a des outils, c’est la systémique, bien vulgarisée par Joël de Rosnay dans son livre : Le Macrocosme.
le macroscope plutot mais merci de l’info car je ne savais pas.
@Le Fan
Cette science globale introuvable existe déjà, elle a des outils, c’est la philosophie première ou l’éthique, dont la biologie, la physique, l’économie, l’anthropologie, sont désormais les branches orphelines. A
Aucune de ces disciplines ne peut se passer d’un certain nombre de présupposés fondamentaux. L’étude rationnelle de ces présupposés, ainsi que l’enquête sur les implications ultimes de ces derniers, qui vise à la connaissance et à la compréhension du tout, on l’appelle en effet « philosophie ».
Je me demandais quelle était la position de C-L-Strauss sur la neutralité axiologique des sciences sociales (et l’anthropologie en particulier, qui n’est pas vraiment une science sociale parmi d’autres mais qui se présente comme la ratio ultima des sciences sociales en tant que telles) et le relativisme?
Jusqu’ou parvenez vous à concilier les présupposés ultimes de ces deux maître Paul, Hegel-Kojevnikof et C-L Strauss? Ca m’intéresse beaucoup.
@ Lemar
« Le macroscope » est en effet un excellent livre de vulgarisation de l’approche systémique. Un livre qui a fait date lorsqu’il est paru en 1975.
Malheureusement, Joël de Rosnay, est devenu par la suite (toutefois il s’est un peu ressaisi dernièrement) assez technolâtre lorsqu’il s’est plus intéressé à faire la promotion des applications industrielles des sciences du vivant — biotechnologies, l’homme biotique etc, — qu’à tirer les implications politiques que pouvait comporter l’approche systémique. Comme beaucoup d’autres il a préféré mettre en avant son expertise dans un domaine cloisonné et que stimulait le marché, plutôt que de remettre en cause la globalité d’un système économique, qui au détour des années 80 fut, comme tout le monde sait, dérégulé. Si ceux-là mêmes qui étaient les mieux équipés intellectuellement pour voir les dérèglements sociaux, écologiques, qu’induiraient les boucles de rétroaction positive mises en place par voie législative, règlementaire, dans le système économique, demeurèrent néanmoins aveugles à certains conséquences d’un systémisme idéologique, et ne remplirent donc pas leur rôle de vigie. Dès lors on comprend mieux pourquoi ceux qui ne faisaient que suivre le mouvement — les politiques, à quelques exceptions près comme un René Dumont par exemple, n’aient pas su creuser le filon d’une pensée qu’ils avaient inaugurée, ce pour inverser une tendance économiste alors présentée comme irrésistible.
Mais, d’autre part, le marché auto-régulé cher au néo-libéraux, et là c’est une critique que j’adresse à l’approche du tout systémique, peut aussi très certainement être présenté comme le système ouvert par excellence, capable de régénération permanente et au fil des siècles. D’aucuns parlent du pouvoir d’adaptation extraordinaire du capitalisme, qui a traversé toutes les crises. Cette idée, sous un angle systémique, implique que le système capitaliste serait le système des systèmes, celui capable de se recomposer sans cesse en échangeant des informations avec les autres systèmes et dont l’évolution dans le temps serait garantie ainsi ad vitam eternam. La crise actuelle nous montre que cette conception est erronée. Le système capitaliste et en particulier le système néo-libéral, est un système très fermé, autiste, entropique. Quelques « lois » économiques prétendues universelles, régissent son fonctionnement. Or ces lois ont poussé le système capitaliste à diverger de plus en plus gravement — via les fameuses boucles de rétroaction positive — avec les sous-systèmes qui en dépendaient ou du moins avec les systèmes avec lesquels il entretenait des liens existentiels : les systèmes sociaux, les éco-systèmes, le système climatique.
Plus fondamentalement encore, il a manqué dans l’analyse systémique du capitalisme la dimension humaine. L’humain s’il a été intégré dans l’analyse n’y a été qu’au titre de simple paramètre dont la nature ne serait pas différente des autres données dont la valeur qualitative est principalement appréhendée en termes quantitatifs. Or, tout système, dès lors qu’il implique l’humain, ne peut être qu’une invention avec tout ce que cela comporte de grandeur mais aussi de faillibilité. En ce sens, tout système comporte une dimension éthique bien vue, ou niée, selon les cas. Les systémistes scientistes auraient pourtant dû tirer toutes les conséquences sociales, philosophiques, du simple fait qu’un système se définit par ses objectifs, une finalité, certes jamais fixée absolument mais indispensable pour le définir comme tel.
Les systémistes à tendance réductionniste, sous couvert d’objectivité, ont éludé le problème du sens — au sens de direction, de finalité des systèmes, des significations qu’ils véhiculent en termes de valeurs — comme si les systèmes existaient indépendamment des représentations qui ont été à l’origine de leur mise en oeuvre et que ces systèmes n’étaient pas eux-mêmes animés de forces contradictoires. Joël de Rosnay évoquait en partie ces problèmes dans son célèbre ouvrage, mais il semblerait que l’on ait vite confondus systémique et applications cybernétiques.
La systémique est une approche globale, c’est indéniable, mais la globalité de l’approche n’en fait pas un outil nécessairement émancipateur. Pour les thuriféraires de l’extension infinie du domaine du marché, par exemple, l’approche systémique consiste à annexer à la « problématique » du marché tout ce qui au départ n’en relevait pas. Résoudre les difficultés du marché, ses externalités négatives, passe par alors par une fuite en avant vers toujours plus de marché(s).
Le système global devient toujours plus intégré mais au final il travaille à la dissolution des différences qui ont pourtant fait son dynamisme. Le marché et sa logique univoque parasite les autres « systèmes » économiques, sociaux pour au bout du compte les détruire et finalement, s’il ne mute pas, s’auto-détruire. Tout l’enjeu de la crise actuelle est de réintroduire de la finalité dans le système, pour le faire muter.