Tout le monde aura compris maintenant que la crise est due au fait que les investisseurs et les dirigeants d’entreprises n’ont pas su réfréner leur cupidité et ont fait monter toujours davantage la pression sur les salariés – avec la complicité des banques centrales. Cela, tout le monde l’a compris… tout le monde, enfin… sauf un :
Lors d’une récente visite à Dublin, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a appelé les gouvernements « à poursuivre des politiques de dépenses courageuses, en particulier en matière de salaires dans le public ». Pour lui, l’Irlande, et tous les pays de la zone euro qui ont connu une expansion rapide ces dernières années, ont intérêt à réduire les salaires, afin de regagner en compétitivité, sans vivre au-dessus de leurs moyens. « L’accumulation de pertes relatives de compétitivité et de déséquilibres domestiques nécessite, à un certain moment, d’être corrigée », selon M. Trichet.
Face à la crise, plusieurs pays réduisent les salaires de leurs fonctionnaires par Philippe Ricard.
34 réponses à “Rions un peu – Les banques centrales (I)”
On ne savait pas ce qu’étaient les moyens non conventionnels que s’autoriserait la BCE. On en a un avant-gout avec cette diminution des salaires des fonctionnaires en échange de pret d’argent .Le FMI approuve en plus. La réaction des populations concernées risque de ne pas etre conventionnelle non plus.
« Pressez, pressez, il en restera toujours quelque-chose ».
Plus jeune, Jean-Claude Trichet devait adorer la piscine à vague, en ce qu’elle lui permettait déjà à l’époque de satisfaire son envie de nage à contre-courant. Les photos d’époque montrent un fier maître-nageur tchèque qui surveillait la piscine : Václav Klaus 🙂
« Nous nous approchons du moment où il y aura une reprise », a déclaré aujourd’hui à Bâle Jean-Claude Trichet. Tempérant son propos optimiste, dont on remarquera la précision, il a toutefois ajouté : «Il y a un très fort engagement des autorités, des gouvernements à ne pas laisser sombrer des institutions d’importance systémique (…) qui n’a pas été totalement pris en compte par les marchés ». Tous les registres de la réthorique sont explorés, aujourd’hui la litote.
La réduction des salaires est au contraire un moyen conventionnel, ancestral même. C’est bien le problème…
Cela repose sur une hypothèse d’élasticité de la demande aux prix qui n’est pas forcément celle de la réalité.
moi, je veux bien, qu’il diminue le sien déjà, celui de Sarko (+175°/° !!) et tous les députés et sénateurs!! ça devient décadence de l’empire romain ce truc!
Je vois d’ici les réactions :
Non seulement on sauve les banques avec l’argent du contribuable mais en plus on doit réduire nos salaires ?!
Révolution assurée…
Sur quelle planète vivent donc nos chers responsables de la BCE et du FMI ?
On peut se poser la question…
Je crains que cela fasse rire jaune pas mal de monde…
On peut également voir le pré-rapport de l’OCDE au gouvernement français, très agressif, demandant de préparer une cure d’austérité.
http://www.mediapart.fr/journal/france/030309/malgre-la-crise-l-ocde-prescrit-une-cure-d-austerite-a-la-france
Trichet est dans la droite ligne, lui qui il y a quelque temps s’étranglait de colère qu’en Allemagne puisse instaurer un SMIC pour les postiers (d’ailleurs un SMIC très raisonnable) ou qui tonnait contre les augmentations de salaires des infirmières finlandaises.
Une grande futilité.
Maintenant, les solutions des grandes institutions pour les états en rupture de paiements s’accompagnent de demandes qui étranglent encore plus les populations, qui n’ont de cesse de casser ce qui est social, ce qui protège des inégalités.
La recherche de solutions à la crise qui se proposent d’amplifier les raisons de la crise ont double injustification : morale et objective et ce sont quelque part des des pompiers qui mettent de l’essence dans les lances à eau, tout en réclamant des moyens plus efficaces, du napalm par exemple.
Ce M. Trichet va mettre l’Union à feu et à sang. Il est totalement irresponsable de pointer du doigt les salariés quand cette crise a d’abord été alimentée par des mécanismes économiques financiers qui favorisaient le rendement du capital au détriment des revenus des classes moyennes et pauvres. C’est dans les situations de crise que le fond d’une idéologie — néo-libérale, monétariste —
montre son vrai visage : les travailleurs n’ont qu’à bien se tenir, ils ne sont que de la piétaille, juste bonne à faire des économies … de bouts de chandelles quand des centaines, milliers de milliards sont déversées sur les banques pour soit-disant refaire partir la machine économique. La banque centrale au service des riches. Point barre.
La colère des Antilles françaises c’était quoi pour lui ?!!!
Rions encore…
« La banque postale allemande, qui a accusé une perte de 821 millions en 2008, a distribué une prime exceptionnelle de 11,9 milions d’euros à ses 10 membres du directoire afin de les inciter à rester dans le groupe. »
http://www.lefigaro.fr/societes/2009/03/09/04015-20090309ARTFIG00505-50-d-augmentation-pour-les-patrons-de-la-postbank-.php
Et il paraît qu’il est socialiste. J’ose pas imaginer ce que pensent les vrais néo-libéraux. 🙂
Y’a rien à faire, il suffit de voir en Guadeloupe, ils ne comprennent et ne respectent que la force.
Tiens, au fait, il me semblait que la mutualisation des pertes était devenue impossible. Y’en a qui n’ont pas compris on dirait…
« Border song » pour les propos borderline de Trichet
Jean Claude Trichet, très engagé à gauche pendant la guerre d’Algérie et ancien du PSU à Nancy, lorsqu’il était tudiant à l’école des mines, né à Lyon en 1942, ce fils de normalien entre en 1963 dans une filiale de la Caisse des dépôts avant d’intégrer l’Éna (membre de la section CFDT, où il signera une pétition contre la répression du pouvoir à l’encontre Alain Gesmar) dont il sort en 1968 dans le corps de l’inspection des Finances. Devenu sympathisant socialiste, il alimentera le PS en notes de réflexions tout en entamant une carrière dans les cabinets ministériels comme conseiller technique de René Monery à l’Industrie puis de Valéry Giscard d’Estaing à l’Élysée, de 1978 à 1981, y suivant tous les grands programmes industriels (nucléaires, télécommunication, espace, etc.). Toutefois sa conversion à l’économie de marché paraît antérieure, datant sans doute des années 1974-1978, lorsqu’il suit aux Finances les entreprises en difficulté comme secrétaire général du Comité interministériel pour l’aménagement des structures industrielles. Chargé comme sous-directeur des relations financières au sein du Trésor de 1981 à 1986 (promu chef du service des affaires internationales par Pierre Bérégovoy en 1985), il se crée un précieux carnet d’adresses national et international, présidant en particulier le puissant Club de Paris (qui regroupe les créanciers des pays lourdement endettés). « C’est un haut fonctionnaire surdoué, sans doute le meilleurs de sa génération » (Le Monde, 29 novembre 1995). Cet homme qui dispose d’une influence énorme appartient à la Fondation Saint Simon, au Bilderberg Group, au club archi fermé Le Siècle, au Forum de Davos, au Groupe des trente (club très fermé de financiers internationaux), et a appartenu au » Milford Gang of Five » qui regroupe les directeurs du Trésor des cinq principales puissances industrielles. Promu directeur de cabinet d’Édouard Balladur, ministre de l’Économie en 1986-1987, sur la recommandation de Jacques Friedmann, il devient alors le fonctionnaire le pus puissant de France, comme directeur du Trésor, poste qu’il conservera au retour de la gauche, aussi bien avec Michel Rocard, qu’Édith Cresson ou Pierre Bérégovoy (il ne relevera aucune anomalie à l’époque dans la gestion du Crédit-Lyonnais de son condisciple des Finances, Jean-Yves Haberer). Partisan d’une intégration européenne forcenée, il a été (en dehors des hommes politiques) le principal négociateur du traité de Maastricht avec son ami le président de la Bundesbank Hans Tietmeyer. « Cela fait des lustres maintenant que Jean-Claude Trichet hante les couloirs des sommets et les corridors des grandes institutions internationales. Depuis près d’une décennie, il est à tous les carrefours de la haute finance et de la haute administration (L’Express, 16 septembre 1993). « En 1993, il devient le gouverneur de la Banque de France nouvelle formule, ce qui le rend « indéboulonnable » jusqu’en 1999, et en fait l’un des deux ou trois hommes les plus puissants de France, dirigeant la politique monétaire française… Voire le plus puissant, comme l’affirme par exemple le Nouvel observateur (19 mai 1994). Partisan du franc fort et d’une faible inflation, ce défenseur de Maastricht et de l’intégration européenne – devenu la « tête de Turc » de Jacques Chirac (qui à pourtant bien signé sa nomination à la tête de la BCE…) – estime que la survie économique de la France passe par une étroite alliance avec l’Allemagne, même au prix d’un taux de chômage élevé…
Voilà ce qu’on pouvait savoir de J. C . Trichet il y a environ 11 ou 12 ans.
les propos de MrTrichet sont un appel à la révolution .C’est avec ce genre de discours provocateur que les consciences se réveillerons et qu’une prise en main de leur destin par les peuples se fera.
Ce ne sera pas 1968 ,mais pire ,et ce du fait que toutes les catégories sociales sont touchées excepté quelques nantis.
Le jour où l’ensemble des gens productifs,ceux qui sont à l’origine des richesses,prendra conscience de sa force ,la donne changera.
Continuez dans ce sens Mr Trichet et un nouveau 1789 arrivera.
Peut être faut il en passer ,hélas ,par là
Voilà qui démontre que la réflexion sur la monnaie n’est pas inutile. Sacré « gourou » de la finance, Greenspan est désormais cloué au pilori et l’Histoire le retiendra sans doute comme le plus grand fossoyeur du siècle. Salué pour son indéfectible « orthodoxie » (traduction : vous pouvez tous pointer à la soupe populaire pourvu que « mon » euro soit respecté), Trichet ne pourra bientôt plus traverser la rue sans déclencher une émeute.
La « violence de la monnaie » conduit à la guerre monétaire : nous y sommes. Alors que toutes les nations appellent à la solidarité dans l’action, les Etats-Unis prônent un soutien de la demande et la BCE recommande la baisse des salaires ! Pas vraiment compatible. Mais tous poursuivent le même objectif : sauver l’ancien monde, c’est-à-dire la fortune de ses créanciers. Encore et toujours la lutte des classes…
Je pense au contraire que Trichet joue son rôle, celui de rempart contre l’inflation. Donner de belles primes aux dix membres du directoire de la poste n’aura aucun impact sur le panier de la ménagère alors qu’augmenter le salaire de toutes les infirmières ou des postiers…
D’autre part, il a sans doute quelques raisons de penser que les différentiels de compétitivité sont trop importants entre les pays européens et que c’est cela le plus grand risque qui menace la monnaie dont il a la charge! A terme, la zone euro ne sera pas viable avec des coûts de productions faibles en Allemagne et en Europe de l’Est et trop élévés en Italie, Grêce, Espagne et Portugal. Ces derniers n’auront d’autre choix que de décrocher de l’Euro et jouer avec leur monnaie pour pallier à leur incurie économique.
Trichet est le berger d’un troupeau de moutons qu’il doit tant bien que mal forcer à rester ensemble. Il doit se désoler de voir que certains s’en écartent dangereusement, trainent la patte ou font bande à part,…. Il doit être encore plus désolé de voir qu’il est le seul à se soucier de cette Europe qui n’a toujours pas de politique économique commune!
ça a l’air d’une blague !!! alors rions …
Je pense que Trichet a raison…du moins temporairement.
Je suis persuadé que cette crise va se dérouler en deux temps. Nous sommes dans le premier temps, où suite à la crise financière, la crise économique prend toute son ampleur.
Sous les coups de frein des plans de relance d’une part et des mesures de rigueur « à la Trichet » d’autre part, nous allons ensuite avoir l’illusion d’une fin de crise. L’acivité économique va repartir, la bourse va remonter…Trichet va pavoiser !
Mais la situation ne sera plus la même. Les populations déjà fragiles seront auront atteint le stade du désespoir. Les populations fragilisées auront une peur panique de rejoindre le camp des premières. Et en face, les milieux financiers n’auront qu’une obsession : récupérer leurs pertes, à n’importe quel prix. Et là, le schisme deviendra insupportable, comme celui des noirs et des békés en Guadeloupe.
Par ailleurs, une fois les plans de relance épuisés, le bouche à bouche au cadavre du capitalisme cessera, et la crise repartira de plus belle. Cette seconde phase débutera avec un seïsme : la faillite des grands états, qui se trouveront alors dans l’incapacité d’emprunter de nouveau.
Jusque là, c’est très prévisible…quant à la suite, personne n’ose l’imaginer.
Trichet fait indéniablement partie de ceux qui SAVAIENT l’inévitable arrivée de la crise.
Un gros ego et une grosse envie de pouvoir l’ont poussé au poste qu’il occupe maintenant.
Il se sait exposé physiquement en cas de révolutionnite et n’en donne pas moins des avis assez provocateurs sur le montant des traitements des fonctionnaires.
Ce type n’est pas fou.
Il fait partie de trop de think tanks semi secrets pour jouer les naïfs.
Il sait probablement à quel signe se fier pour décider du jour où sa famille et lui prendront avion spécial pour une résidence discrète et bien pourvue en vivres pour tenir jusqu’à la fin du L.
@ Pierre Canart
Votre raisonnement -et celui de Trichet- n’est pas un raisonnement de crise. Par déni ou par autisme, vous n’en prenez pas la mesure.
Des primes se chiffrant en millions n’ont peut-être qu’un faible impact sur le panier de la ménagère, mais leur impact psychologique est sans commune mesure. Dans les esprits, tous ces éléments sont vécus comme de profondes injustices qui s’aditionneront jusqu’au point de rupture sociale.
Aujourd’hui, les différentiels de compétitivité sont devenus anecdotiques. Face au tsunami qui s’annonce, la vitesse des bateaux a-t-elle de l’importance ? Seule leur solidité structurelle va compter.
A propos, je serais bien etonné de voir l’Espagne ou l’Italie décrocher de l’Euro ! A moins qu’elles veuillent concurrencer le Zimbabwe…
Avec des déclarations de ce genre, je ne donne plus très longtemps à l’UE avant son implosion finale.
Et personne ne la regrettera.
Surtout pas les PECO qui vont goûter comme dessert à la « solidarité européenne » de la BCE.
Je vais essayer de répondre poliment à Jason! 🙂 Non je ne suis pas autiste!
Que Trichet n’ai rien dit concernant les primes versées aux membres du directoires n’implique pas qu’il les approuve. Son rôle n’est tout simplement pas celui-là! Il est évident que l’impact psychologique sur la population sera nuisible. J’espère (voeux pieux) pour ma part que ces gens trop gourmands pris la main dans le sac seront punis d’une manière ou d’une autre! Dans le cas contraire la rupture sociale risque effectivement d’apparaître au grand jour et d’entrainer quelques remous!
Qu’est-ce qu’un raisonnement de crise? Et quel serait le bon raisonnement la concernant? Non les différentiels de compétitivité ne sont pas annecdotiques, surtout quand on parle d’une monnaie puisque c’est le principal paramètres qui va faire évoluer les taux de l’une par rapport à une autre!
Trichet propose une relance via les gouvernements et une politique de grands travaux ou d’investissements publics. Cette forme de relance ( à crédit) peut être saine si elle correctement faite et améliore réellement notre quotidien, nos infrastructures. Il s’oppose bien évidemment à une relance par la consommation qui se ferait en augmentant les salaires différemment dans chaque pays européens créant ainsi de nouveaux déséquilibres au sein de la zone mais également aurait pour impact immédiat de diminuer notre compétitivité envers l’extérieur! Avec comme conséquence de créer un déséquilibre de notre balance extérieure et de vivre dés lors grâce au crédit que nous obtenons auprès de ceux chez qui nous allons acheter ce que nous ne faisons plus nous même. Ca ne vous rappelle rien? Il n’y pas d’autres alternatives face à cette crise que la rigueur (au bas de l’échelle comme pour le haut d’ailleurs).
Causes de la crise ? Excès d’endettement…
Causes de l’endettement ? Faiblesse des salaires..
Cause du travail ? Besoin d’argent pour consommer…
Bien sûr il s’agit d’un raccourci mais qui n’est pas exempt d’exactitude.
Pour remédier à la crise que font les « génies » qui nous ont précipité dedans ?
Ils favorisent l’endettement sous toutes ses formes…injections massives de liquidités, taux zéro ou presque, …etc.
Ils prônent la baisse des salaires pour favoriser l’endettement…
Ils détruisent l’argent à chaque tour de la planche à billets…
Mais ce sont, selon l’avis d’experts, des génies.
A-t-on, encore les moyens de s’offrir de tels génies ? Voilà une p… de bonne question.
… Cause de l’endettement ? Le système de création monétaire exclusivement par le crédit. Notre système de réserve fractionnaire cause de toutes les crises depuis plus de mille ans ! Non il ne faut pas prêter les dépôts. Il faut un mécanisme contrôlé de création monétaire et des outils de répartitions de cette monnaie là ou elle est utile et nécessaire. Quel système ? je ne sais pas… Comment reprendre le contrôle de la monnaie aux banquiers centraux et leurs alliées ?…
Donc, dans le système actuel, l’endettement des États est la seule solution pour protéger les particuliers et les entreprises contre la faillite jusqu’à… La faillite des états ou l’hyperinflation.
@ Pierre Canart
Votre exemple des postiers et des infirmières est tout à fait emblématique, et j’ajouterais un peu cynique (même si c’est un cynisme involontaire de votre part) car il touche à des secteurs de l’économie qui ont fait les frais — humains — de politiques purement gestionnaires dans les hôpitaux, les services publics en général, en contribuant à la dégradation de ces services.
Et ces politiques ont été encouragées, dictées, par les dispositifs européens, par voie de directives et autres traités au nom d’un soit-disant nécessaire désengagement financier des Etats. L’Etat c’est le problème avait dit Reagan, la Commission européenne, à mots plus feutrés, disait exactement la même chose. D’aucuns reportent maintenant la faute exclusivement sur les USA, pourtant en matière de dogme néo-libéral, l’Union n’avait rien à envier à l’oncle Sam.
Comment imaginer qu’une baisse des salaires puisse arranger les choses, sans parler de la perte du pouvoir d’achat et de rentrées fiscales au moment où la demande faiblit. Et vous n’avez pas répondu l’objection que je faisais plus haut, à savoir que le « coût » induit par les augmentations de salaires doivent être comparés à un problème autrement plus urgent, celui milliers de milliards d’actifs toxiques pour lesquels la banque centrale et les Etats consentent des efforts à fonds perdus ou sans contreparties sérieuses. Trouvez-vous que M. Trichet a le sens des priorités ?
Il n’y a qu’une explication à ce type d’analyse à la Tichet : c’est que le système financier va pouvoir être apuré rapidement et que l’économie va repartir comme avant. Préconiser un remède micro-économique – la baisse des salaires — dans certains secteurs, quand il s’agit d’une crise systémique est un non sens absolu.
Une politique économique commune a-t-elle un sens lorsque la banque centrale a pour mission première de lutter contre l’inflation et non pas lutter contre le chômage ? Or, si Trichet applique des politiques dites non conventionnelles, nous aurons et l’inflation et le chômage. On la connaît l’antienne : il ne faut pas augmenter la masse salariale pour rester compétitif. La présente crise ne vient-elle pas d’administrer un cinglant démenti à cette fausse théorie ? Ou plutôt une théorie qui ne vaut que dans le cadre d’une environnement dérégulé, dérèglementé. On entend peu Trichet sur ces sujets, autrement plus cruciaux pour l’avenir.
En comprimant les masses salariales (hors cadres dirigeants) on a abouti à rendre insolvables un nombre considérable d’agents économiques. Il faudrait tout de même se rendre à l’évidence. Nier ce fait basique relève de l’autisme comme l’a relevé un précédent commentaire.
Une autre question : le monétarisme cela évoque quoi pour vous ? Une politique juste ou bien comme l’a démontré Paul Jorion avec une logique implacable, un moyen de pression efficace pour tenir les salariés en respect d’un capital dont il faut à tous prix préserver les dividendes ?
L’argument de la compétitivité ne passe plus, car c’est précisément au nom d’une concurrence libre et non faussée – qui permit d’aligner l’économie qui relevait du bien commun (public) sur les critères court-termistes de l’économie privée, que l’on a appliqué des politiques dérégulatrices toujours plus favorables au capital. Capital qui aujourd’hui s’effondre sur lui-même, pour avoir négligé les revenus des travailleurs.
Trichet n’est plus socialiste depuis longtemps, il a fait sienne la fausse théorie du ruissellement selon laquelle l’enrichissement des riches profite à tous.
@ Tomate.
J’ajoute un conseil de prudence:
« Un professionnel c’est quelqu’un qui prend le minimum de risque, et qui efface sa proie avec le maximum d’efficacité ».
@ Paul J.
Je comprend mieux le silence… hébété.
Je crois que vous avez dû redonner du cœur à l’ouvrage à la gauche européenne… je m’étonne toutefois qu’ils ne vous aient pas accordé une salve d’applaudissements… comme ca se fait ici à l’hémicycle lors d’une harangue « osée »…
Ils s’attendaient sûrement – même eux!- à un discours docte, technique, feutré. Le choc culturel a dû les laisser groggy. Est ce qu’ils se sont pincés, pour s’assurer qu’ils ne rêvaient/cauchemardaient pas?
J’ai bien rigolé en tout cas. Merci beaucoup. Vous avez gardé ce côté sale gosse :-)).
N’importe quel parti qui s’engagerait à mettre ce programme en avant serait certainement élu… les européennes sont pour bientôt. A bon entendeur…
Tous ces inspecteurs des finances font partie de la noblesse d’Etat dénoncée par Bourdieu, leurs préoccupations de nantis sont bien loin de celles des croquants qui les font vivre: Il faut une autre révolution…..
Je suis d’accord avec votre raisonnement. L’excès d’endettement est venu de la faiblesse des salaires et la faiblesse des salaires est venue de la volonté de certains de mieux rémunérer le capital (et la direction via des stock options) au détriment des travailleurs. Je suis pour un rééquilibrage sévère mais il faut qu’il soit global (pour les chinois comme pour les occidentaux; les allemands comme pour les polonais). Pas pour les européens seuls sous peine de reprendre le rôle de baudet aux ménages américains épuisés d’avoir tirés l’économie mondiale pendant des années. Ah la fameuse consommation des ménages américains!
Le capitalisme a beau jeu pour le moment de profiter de différentiels énormes entre des pays qui qu’ont le veuille ou non font partie du même village, marché, espace économique,… Oui une politique commune des pays à l’échelle mondiale (dans les matières sociales, environnementales,…) serait nécessaire pour contrer le jeu des multinationales qui font jouer la concurrence dans un monde pour l’instant sans aucune loi.
L’exemple des infirmières et des postiers n’est pas le mien mais celui d’une intervention un peu plus haut que j’ai repris! Je peux vous en donner un tout personnel! En Belgique nous avons l’index, l’évolution automatique des salaires en fonction de l’évoluton d’un panier moyen. Je ne vous apprends rien sans doute! En Janvier mon entreprise s’est trouvée devant un dilemme. Elle devait appliquer les deux sauts d’index de 2008 qu’elle n’avait pas encore pris en compte soit 5% d’augmentation de la masse salariale d’un coup alors que le chiffre d’affaire a baissé de plus de 20%. La direction belge pour ne pas que la situation n’apparaissent suspecte aux yeux de la direction européenne a proposé aux syndicats une diminution momentanée du salaire de 5% (sous différente forme: congé sans solde, temps partiel, diminution sur base volontaire si si). Nous l’avons acceptée ! Trichet à l’époque était intervenu pour dire que cet index était une folie et allait autogénérer de l’inflation. Chez nous elle allait surtout générer des pertes d’emplois. Dans le cas des infirmières, une augmentation du coûts des soins de santé que vont devoir prendre en charge les particuliers et le budget de la sécu.
Bref je suis d’accord qu’il faut une plus juste redistribution de la production entre travailleurs et le capital. Ce ne sera possible que si tous les pays s’unissent pour ne plus se faire une concurrence effrénée pour attirer les investissements. Après augmenter certains secteurs sans changer le rapport rémunération capital/travail et sans qu’il n’y ait eu augmentation de la productivité ne sert à rien sinon à défavoriser l’ensemble des travailleurs.
@Pierre Canard,
De la déflation salariale à la nécessité d’une certaine forme de protectionnisme, seul moyen de répondre à la concurrence non-libre et non -faussée (dans les faits) du commerce mondial.
Seulement, je ne sais pas si vous avez remarqué mais le mot protectionnisme est venu remplaçé celui de capitalisme dans le vocabulaire honteux de nos chers brainwashers néo-libéraux monétaristes inhumains au fur et à mesure que la crise rebondit enfin, se crashe en fait…
( ouuuuuuuuh le vilain protectionisme que à cause de lui ça va être la guerre…bouhou…)
Je crois comme le fait souvent remarquer Paul que c’est le discours des enemis qu’il faut écouter pour reconnaître les solutions…
Quand ils disent : « surtout pas le protectionnisme » cela veut dire…
réformer le libre-échange et recourir à certaines formes de protectionisme font partie de la solution…
@antoine : « N’importe quel parti qui s’engagerait à mettre ce programme en avant serait certainement élu… »
Pas sûr. La propagande tournerait à plein pour les disqualifier en dangereux révolutionnaires ou en utopistes à côté de leurs pompes (Besancenot, etc). En tous cas, jusqu’à il y a peu ce sont les partis ayant un programme inverse qui ont été élus (Sarkozy, etc).
@Pierre Canart :
« Je suis pour un rééquilibrage sévère mais il faut qu’il soit global »
Elle ne veut rien dire votre phrase. Si ce n’est reporter le rééquilibrage aux calendes grecques. En quoi augmenter les salaires en Europe nous placerait dans le rôle de baudet (?) des américains. Les américains ont souffert de la baisse de leur salaire et vous nous dites que si on augmente notre salaire on va souffrir comme les américains? Absurde et idiot.
« Ce ne sera possible que si tous les pays s’unissent pour ne plus se faire une concurrence effrénée pour attirer les investissements. »
Si tous les pays s’unissent? Et quand les poules auront des dents aussi? 🙂
Le problème n’est pas que les pays cherchent à obtenir des investissements. Le problème est que dans un pays on peut acheter des produits fabriqués moins cher ailleurs. Si on veut sauver les emplois ici, il faut rendre plus chers les produits venant de l’extérieur. Retour des taxes douanières. Simple. Cela s’appelle développer la consommation intérieure.
« Après augmenter certains secteurs sans changer le rapport rémunération capital/travail et sans qu’il n’y ait eu augmentation de la productivité ne sert à rien sinon à défavoriser l’ensemble des travailleurs. »
En voilà de la belle propagande libérale. Comment voulez-vous changer le rapport capital/travail sans augmentation des salaires? Si la productivité augmente et que les salaires augmentent en proportion, où voyez-vous un changement dans le rapport capital/travail? Ce qu’il faut c’est un transfert pur et simple d’argent du capital vers le travail sans attendre d’augmentation du gâteau (de même que le capital n’attend rien pour essayer d’augmenter sa part et y réussir comme ces dernières 30 années). C’est cela un changement dans le rapport.
Ce qui défavorise les travailleurs ce sont ceux qui acceptent des conditions de travail toujours plus défavorables et toujours en avalant les excuses du patron. On appelait ça des « jaunes » autrefois. Des social-traîtres aussi…
Si vous êtes libéral, dites-le franchement, toute opinion est respectable. Mais là vous avez un discours hypocrite. Et cela m’énerve.