Paul Jorion : remettre l’argent au service de l’économie, propos recueillis par Vincent Remy
Crise des subprimes, effondrement financier, Paul Jorion avait tout prédit. L’humanité ne s’en sortira que si nous pensons l’argent autrement.
L’argent en folie hante tous les esprits. Chaque jour qui passe engloutit des milliards. La destruction de valeur semble sans fin. Personne, nous dit-on, ne pouvait imaginer une crise d’une telle ampleur… Faux. Dans un livre visionnaire, Vers la crise du capitalisme américain ?, écrit entre 2003 et 2007, Paul Jorion avait tout prédit. Décortiqué les mécanismes qui conduiraient à la catastrophe actuelle. Anthropologue belge, devenu trader (1) en Californie, puis spécialiste de la formation des prix en matière de crédit, Paul Jorion – que les parlementaires européens veulent entendre ce mercredi 4 mars à Bruxelles – nous rappelle une évidence : l’argent est vital mais il faut le replacer au service de l’économie, d’une économie respectueuse de la Terre et des humains. Question de survie, nous dit-il…
Vous intitulez votre prochain ouvrage L’Argent, pourquoi ?
Le terme s’est imposé. J’avais perçu dès 2003 la crise en gestation, que j’ai ensuite chroniquée au jour le jour dans mes deux derniers ouvrages. Il faut maintenant aller plus loin. Sur mon blog, je constate que les gens sont en colère. Ils se rendent compte que la crise va les atteindre profondément dans leur vie quotidienne. Et ils constatent qu’on prend l’argent de l’Etat, c’est-à-dire celui des contribuables, pour le donner aux banquiers. Cela vient après toutes ces années qui ont conduit à la dégradation du pouvoir d’achat des salariés. Personne ne comprend le rôle joué par la finance dans nos économies, les mécanismes bancaires, la création de la monnaie…
“Il n’y a pas eu besoin de complot
pour nous amener là où nous sommes !”
Malgré l’avalanche d’informations sur le sujet, on ne comprend toujours pas ?
Non, et quand les gens ne comprennent pas, ils ont tendance à penser que quelqu’un « cache », qu’il y a un complot. Mais il n’y a pas eu besoin de complot pour nous amener là où nous sommes ! Ce qu’il y a eu, c’est une mise entre parenthèses du rôle que joue l’argent dans nos sociétés. L’institution financière a juste dit : c’est trop compliqué pour qu’on vous explique, ne vous occupez pas de ça, on sait faire…
Pas de complot, certes, mais êtes-vous d’accord avec Jacques Attali, qui parle dans son dernier ouvrage d’« initiés » ?
Pas exactement. Ayant une formation dans les sciences dures, avant d’incriminer les gens, j’incrimine les systèmes physiques. Nous avons mis en place un système économique qui a abouti à une concentration de l’argent entre les mêmes mains. N’oublions pas que nos sociétés étaient guerrières avant d’être démocratiques. Les guerriers se sont partagé le territoire. On a donc des propriétaires partout, et il faut ajouter nos systèmes d’héritage. Le tout aggravé par le fait qu’on peut aujourd’hui « faire » de l’argent, car le prêt appelle des intérêts. Résultat : aux Etats-Unis, 1 % de la population détient 38 % de la richesse. Il est urgent de redistribuer l’argent là où on en a besoin. Et on en a besoin pour produire et pour consommer.
“Le développement de la finance
a entraîné une activité parasitaire,
la spéculation, qui a fini par la tuer”
Devant le manque d’argent, lié à la baisse de la part des salaires dans le PIB, les salariés américains ont eu recours massivement à l’endettement…
Oui, aux Etats-Unis, c’est devenu naturel de penser que l’argent dont on a besoin pour vivre, il faut l’emprunter ! Et cet endettement croissant, utilisé à son tour par les possédants pour spéculer et faire des profits, a joué un grand rôle dans le déclenchement de la crise. Mais la vraie rupture idéologique, ce sont les stock-options, mises au point dans les années 70 par des disciples de l’école de Chicago, dans un but bien précis : faire basculer les dirigeants d’entreprise du côté des actionnaires. Depuis les origines du capitalisme, on avait un système tripartite : des gens qui avaient l’argent ; des gens qui avaient l’esprit d’initiative et créaient des entreprises ; et des gens qui faisaient le travail réel et produisaient les richesses. Ces trois groupes sociaux se disputaient le partage de la richesse produite. A partir du moment où on a délibérément aligné les intérêts des dirigeants d’entreprise sur ceux des capitalistes-investisseurs, les salariés étaient fichus. Ils se retrouvaient face à deux groupes très puissants. Le plus dramatique, c’est que les Etats qui auraient pu les défendre ont laissé les Banques centrales faire le jeu des capitalistes et des dirigeants d’entreprise.
L’argent est donc au cœur de la crise que nous traversons ?
L’hypertrophie de la finance a fait qu’elle a pris la place de l’économie. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont spécialisés dans le service financier, c’est-à-dire dans la manipulation de l’argent. La principale marchandise-objet de commerce, aujourd’hui, c’est l’argent.
Peut-on dire que le rôle de l’argent a changé ?
Il reste un étalon de mesure. Et il mesure toujours la richesse, qui donne un double pouvoir : celui d’acheter des objets et celui d’avancer de l’argent à ceux qui en manquent en échange d’intérêts. Le problème, c’est que l’argent servait avant tout à obtenir des biens et des marchandises au sein de l’économie, et qu’il est devenu le moyen d’obtenir toujours plus d’argent au sein de la finance grâce à des paris sur les fluctuations des prix.
C’est-à-dire spéculer…
Oui. Le développement de la finance a permis de faire circuler l’argent des endroits où il y en avait trop vers les endroits où il n’y en avait pas assez. Mais ça a aussi entraîné une activité parasitaire, celle des spéculateurs. Les parasites peuvent vivre sur un système hôte, mais à partir du moment où ils sont trop nombreux, ils le tuent. Or, aucune mesure n’a été prise pour diminuer leur pouvoir de nuisance.
Est-ce parce que, dans une société d’échanges très sophistiqués, la frontière entre ce qui est nécessaire à la fluidité de l’économie et ce qui relève de la spéculation n’est pas nette ?
Elle est parfaitement nette ! Je ne sais pas s’il va pleuvoir demain, si ma moisson sera bonne. Ces aléas induisent des risques qui ne dépendent pas de moi, mais de la planète. Ces risques-là, je peux m’en protéger par des assurances. Quelqu’un prendra ce risque pour moi si je lui donne une fraction d’argent. Mais je peux aussi créer des risques. Je peux parier un million que la sécheresse aura ou n’aura pas lieu. Si vous acceptez mon pari, l’un de nous aura perdu un million à l’échéance. Nous aurons créé de toutes pièces un risque qui n’existait pas. 80 à 85 % des acteurs intervenant sur les marchés des matières premières créent ce risque artificiel. Ils n’ont ni de pétrole à délivrer, ni à prendre livraison de blé. Ils n’ont rien à faire là, juste faire de l’argent, et sont en train de tuer le système d’assurance des marchés. Ce serait très facile de les éliminer, les lois existent déjà aux Etats-Unis, mais elles distinguent les spéculateurs uniquement pour des raisons fiscales. Il suffirait de les transposer en lois de prohibition et le problème serait réglé.
“Les gens mélangent leurs châteaux
en Espagne et l’argent qu’ils
avaient dans leurs poches”
Quand on dit que la baisse de l’immobilier et des actifs financiers a déjà entraîné la perte de 40 000 milliards de dollars, c’est-à-dire quatre fois le PIB américain, ça a un sens ?
Non, parce qu’on additionne des pertes réelles – de l’argent que les gens avaient et n’auront plus – et des manques à gagner – c’est-à-dire des sommes que les gens imaginaient qu’ils allaient récupérer et qu’ils n’auront jamais. Ceux qui avaient, à crédit, acheté 100 000 dollars une maison dont le prix avait grimpé à 500 000 dollars se disaient : « J’ai 400 000 dollars dans les murs, ça me permettra de prendre ma retraite. » Ils s’aperçoivent aujourd’hui que ces 400 000 dollars n’ont en réalité jamais été là. Mais, pour eux, c’était l’argent de leur retraite, c’était « vrai », et ils considèrent avoir perdu tout l’argent de leur retraite. De la même façon, ceux qui avaient placé de l’argent chez Madoff se plaignent non seulement des sommes qu’ils lui ont données mais veulent aussi récupérer les sommes imaginaires que Madoff leur avait promises. Les gens mélangent leurs châteaux en Espagne et l’argent qu’ils avaient dans leurs poches. Il y a un problème de crédulité…
Que dit-on quand on dit que Bernard Madoff a fait disparaître 50 milliards de dollars ?
Ce n’est pas exact. Il a donné à A ce qu’il avait reçu de B. Mais il prétendait donner à A et à B de l’argent qu’il avait fait fructifier ailleurs, autrement dit qui avait été ponctionné sur le labeur de C. Il affirmait à A et B être en train de voler C, alors qu’il ne volait que B pour payer A. Il a probablement volé 30 milliards à B et prétendu à A que son argent avait fructifié de 20 milliards. Ceux qui se disent escroqués veulent faire passer un manque à gagner (un potentiel qui ne se réalisera pas) pour une perte (un réel qui a disparu). Même l’imagination a de la valeur…
S’il y avait trop d’argent en jeu, pourquoi les Etats en créent-ils encore ?
Aujourd’hui, A ne peut plus rembourser B, du coup B ne peut plus rembourser C, C ne peut plus rembourser D. La même somme circule, mais on additionne les pertes. Plus longue était la chaîne des gens qui s’étaient prêté les uns aux autres, plus les pertes sont élevées. Si cent personnes se sont prêté les mêmes 1 000 euros, on considère que 100 000 euros ont été perdus. Les Banques centrales disent : on va remplacer cet argent-là par du nouveau. Elles donnent de l’argent aux banques en disant : vous pouvez prêter à nouveau. Mais les banques s’aperçoivent que tous les gens qui leur demandent de l’argent sont en réalité insolvables et elles décident de ne pas prêter. Donc, l’Etat verse de l’argent dans un puits sans fond. Car plus la situation se dégrade, plus le nombre d’emprunteurs potentiels qui pourraient rembourser diminue.
Alors, qu’est-ce qu’il faut faire ?
Remettre tout le monde au travail ! La seule solution est de type New Deal, ou ce que la Chine est en train de faire. Mettre le maximum de personnes sur les énergies renouvelables, la recherche, l’industrie médicale. Réaliser de grands projets d’intérêt mondial dans le cadre d’une planète dont les ressources s’épuisent. Cette crise est tombée au bon moment. Il faut faire d’une pierre deux coups. Si on résout le problème à la manière ancienne, on n’échappera pas au fait que dans dix, vingt ans, on aura atteint le taux d’utilisation maximal des ressources naturelles, et on aura totalement empoisonné l’atmosphère. Il faut donc un changement de société.
“Les Etats-Unis dégringolent plus vite que ne
l’avait prévu la Chine, mais les Chinois sont prêts”
La Chine en prendrait le chemin ?
Les Etats-Unis dégringolent plus vite que ne l’avait prévu la Chine, qui aurait bien aimé que les Américains consomment encore un peu ses biens, mais les Chinois sont prêts, ils ont leur plan de rechange, s’occuper du pays lui-même, et pas seulement avec des gadgets, mais dans une perspective de développement durable. Ils le font avec leur passé communiste, centralisé, autoritaire, qui leur permet de prendre des décisions au quart de tour, sans avoir à tenir compte des actionnaires ou des banquiers.
Le fait que des pays comme les Etats-Unis et l’Angleterre aient consacré une grande part de leur énergie et de leurs talents à l’industrie financière les a-t-il irrémédiablement affaiblis ?
Non, parce qu’il y a plein de gens dynamiques. Les « quants », ces petits génies de la finance, peuvent aussi construire des ponts ou travailler sur les énergies nouvelles. Ce sont des gens de premier plan, peut-être pas sur le plan moral, mais du point de vue intellectuel. Ce ne sont pas des gens perdus, ils sont récupérables. Evidemment, les reconversions ne sont pas faciles parce qu’il faut créer ces secteurs.
Les Anciens, depuis Aristote, avaient une grande méfiance de l’argent. De totem, l’argent pourrait-il redevenir tabou ?
L’argent est un très bon outil, et on en aura encore besoin pour la production et la consommation. En revanche, toute la finance spéculative – les paris sur les cours futurs du blé, du pétrole, des changes, des taux d’intérêt, etc. – disparaît à grande vitesse. On est en train de retomber au niveau de ce dont l’économie a réellement besoin. Lorsque le processus sera achevé, la finance ne représentera plus que 10 ou 20 % de ce qu’elle était en 2006. Ça va aller très vite.
Aristote disait : le bonheur, c’est de faire fonctionner son cerveau. Oui, il y a un certain bonheur à cette crise. Il y a un défi d’une grandeur extraordinaire. On est à une période charnière de l’histoire de l’humanité. Si on parvient à survivre, nos descendants diront : ces gens ont découvert qu’ils vivaient dans un monde limité, ils ont dû faire quelque chose. Ils avaient trouvé un système pour faire marcher l’économie, ils se sont aperçus que ce système épuisait les ressources et ne pouvait plus fonctionner. Le défi pour notre espèce est considérable. Et je ne parierai pas sur le fait qu’on y arrivera ou qu’on n’y arrivera pas…
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(1) J’ai été « trader – profil recherche » sur les instruments de dette à la Banque de l’Union Européenne (Groupe CIC) à Paris en 1990 -1991. J’écrivais des logiciels qui permettaient de passer des opérations et j’en évaluais les résultats. Je suis ensuite passé à la valorisation des instruments de dette, puis à la gestion de risque et à la validation des modèles financiers. Je n’ai jamais été trader aux États–Unis.
117 réponses à “Télérama, le 4 mars 2009”
Que d’optimisme, Paul, je te reconnais bien là. Pendant cette morosité, il faut bien qu’il y en ait un qui remonte le moral à tout le monde. Continue Paul, les gens ont besoin d’espoir. Les voyants, medium, curés et autres charlatans fonctionnent pareil, ils jouent sur la faiblesse des gens, ils leur disent ce qu’ils ont envie d’entendre. Ceux-ci paient et sont contents en sortant, car ils y croient, comme ceux qui vont acheter tes livres. Les chinois pour l’instant ont été attaqués sérieusement par l’empire qui veut les repousser mais si tu crois qu’ils ne spéculent pas, les chinois, explique nous pourquoi Bank of China est rentrée dans Rothschild France depuis un an ? Depuis que tu as quitté une fonction dans le système, tu fais semblant de le critiquer, mais en réalité tu fonctionnes de la même manière : tu n’hésites pas à mentir pour faire de l’argent. Tu fais semblant de renier la thèse du complot par peur de t’aliéner une partie du public, à qui ce mot crée des boutons, pour ne pas perdre ce potentiel de contributeurs, alors que tes propos accréditent la thèse du complot. Paul Kaizerman t’es rentré dans le lard à juste titre. Le million de morts en Irak sur une population de 17 millions, c’est pour quoi ? Le nouveau Moyen-Orient, l’Afghanistan , c’est pour quoi ? Pour le contrôle des richesses, et la vente d’armes, c’est à dire l’économie. La vraie. Tu aimes l’histoire, moi aussi. On peut remonter aux croisades et aux Templiers, leur économie parallèle particulièrement prospère que Philippe IV, le Bel, a détruits. Lesquels se sont transformés en sociétés secrètes, les francs-maçons. L’emblème des Illuminatis, la pyramide, est sous vos yeux au dos du billet de un dollar. Bush, Sarkozy, tous les chefs d’état en sont et surtout l’illustre Rothschild, maître le la City. Cette destruction de l’économie réelle a été planifiée pour détruire les démocraties et toutes les formes de résistances et ensuite reconstruire sur les cendres de l’humanité. Installer enfin le nouvel ordre mondial, le gouvernement unique : celui de la finance ! Et toi tu les trouves intelligents, bravo Paul. Disons que tu en as peur et que tu n’as pas envie de te les mettre à dos, oui. Tu fais les choses à moitié, tu fais même de la politique en ne prenant pas ouvertement parti pour ne pas risquer de perdre des…contributeurs. Tu sais que tu leur ressembles, Paul ? Enfin pour conclure, un proverbe afghan : donne un cheval à celui qui dit la vérité, il en aura besoin pour fuir. T’inquiètes pas, Paul, tu crains rien.
Si tu effaces encore mes deux commentaires comme tu l’avais fait précédemment pour un autre article, tu prouveras être tout sauf un démocrate.
@ Thierry Dorée
Vos commentaires sont là. Vous avez fait quelquefois des commentaires injurieux à l’égard d’autres commentateurs et j’en ai alors discuté la teneur avec vous, ce qui a alors été publié le fut d’un commun accord.
Et be… j en reste sans voix.
Eric, qu’appelez vous le credit libre?
Oulala ! Quand Paul théorise, il lui est souvent reproché de s’enfermer dans sa bulle et de ne rien proposer de concret ; qu’il briefe les politiques et le voilà accusé de collaboration honteuse avec l’ennemi. Avec une violence inhabituelle en ces lieux.
Finalement, les anticipations apocalyptiques de LEAP trouvent ici une préfiguration alarmante : quand le situation pourrit, la « guerre civile » est prompte à se déchaîner.
@ JeanNimes
Le « qu’on les pende » était une boutade rhétorique. Mais vous l’avez observé : Paul est doté du même humour au énième degré que feu Raymond Barre, qu’il libère seulement lorsqu’il est très en colère…
« Mais il n’y a pas eu besoin de complot pour nous amener là où nous sommes »
Peut-être si on s’en tient à l’aspect purement technique et financier de cette crise, ce que vous revendiquez d’ailleurs, mais si on élargit à l’ensemble de la « société », si on prend en compte l’aspect politique entre autres, difficile d’écarter ce que nous pourrions par exemple appeler un « réseau d’acteurs coordonnés ».
Prenez les plus grands problèmes auxquels nous devons faire face, pauvreté, écologie, chômage, OGM…etc… il y a toujours une piste qui remonte au même groupe de décideurs. Mais il semble que les enquêtes doivent s’arrêter juste avant (à quoi bon aller plus loin, ils « ne seront jamais poursuivis »).
La distanciation explicite envers le « complot » est devenu un passage obligé pour tout intervenant dans les débats au sujet des pouvoirs. Une sorte de révérence, garante de la crédibilité du propos. Il serait intéressant d’avoir l’avis d’ Etienne Chouart, initiateur d’un autre « cerveau collectif », qui n’a pas fait la révérence, et dont le nom désormais est souvent suivi du « qui a viré conspirationniste », un peu comme le « soutenu par l’Iran ».
Quelques fissures peuvent cependant apparaître dans le mur, même si les « acteurs coordonnés » ne sont pas nommés:
http://www.pbs.org/moyers/journal/02132009/watch.html
@ JJJ
J’avais bien saisi l’implicite de P. Jorion, et j’ai répondu sur le même mode !
@ clive
Je crois aussi que toutes les pistes remontent plus ou moins directement aux mêmes groupes de personnes « influentes » d’après la presse, mais peut-être ne vit-elle que de rumeurs, fausses ?
Je suis d’accord avec l’expression « réseau d’acteurs coordonnés » et j’ai suivi la même évolution qu’Etienne Chouard : plus on creuse la succession historique des événements plus l’histoire officielle paraît une histoire pour les enfants.
Je rajouterai, pour contribuer à ce débat qui me paraît important dans la compréhension du fonctionnement idéologique de cette société capitaliste, que contrairement à un complot « caché », tout est écrit, tout est dit ouvertement, depuis longtemps, mais c’est noyé dans une foule d’informations sans intérêt. On sait qui en sont les protagonistes : ils s’en vantent et sont payés pour cela (bien sûr, il y a les minus comme partout qui essaient de faire croire qu’ils en sont…).
Pour ne prendre qu’un exemple, tous ceux qui ont mené les politiques néolibérales depuis 1971, ont été ou sont liés aux membres de la Trilatérale. Quel enfant peut croire que la Trilatérale n’est pour rien dans l’évolution néolibérale du monde capitaliste ?
Paul Jorion donne un exemple de groupe US qui se bat pour les crédits hypothécaires, peut-on croire que les conseillers US de Sarkozy, quand il préparait sa campagne présidentielle, n’étaient pas au courant ?
Peut-on croire que les disparitions, en France, de Fontenay ou de Boulin n’aient rien à voir avec la politique qui se mettait en place et dont ils refusaient la logique ?
Et à « gauche », Bérogovoy ministre des finances qui crée le MATIF, puis premier ministre qui comprend qu’il a été manipulé par le biais de son amitié et qu’il a agi contre tout ce qu’il pensait… pouvait-il, en homme honnête, faire autrement que de se suicider pour signifier cela ?
Et Delors ? Celui qui rédige le traité de Maastricht qui ligote tous les pays européens dans la crise, donne tous les pouvoirs sans contrôle à la BCE et interdit à celle-ci de « prêter » aux Etats et aux organismes publics… mais pas aux banques privées !
L’OCDE, en 1999, dit comment il faut supprimer les services publics sans qu’il y ait de protestation des peuples, il suffit de réduire la disponibilité des services et leur qualité sans les supprimer totalement : le public s’en détourne et choisit les solutions privées qu’il suffit d’ouvrir à côté (concurrence libre et non faussée, une merveille !). Est-ce un hasard si depuis en France, et ailleurs en Europe, mais aussi aux USA, on a des centaines d’exemples de la mise en œuvre de cette tactique qui s’inscrit dans la grande stratégie du néolibéralisme ?
La liste est longue, il y a des noms à n’en plus finir, mais leurs actions vont toutes dans le même sens, comme c’est curieux. Oui, il y a concertation, ouverte, publique, avec l’enrôlement de gens honnêtes, désinformés et in fine à qui on demande de voter sur des textes pipés (traité constitutionnel européen) ou à qui on refuse de voter (traité de Lisbonne) quand ça craint !
Voilà, ce n’est pas un complot avec 3 ou 4 personnes dans un bunker qui décident du monde, ça c’est pour les enfants et leur faire peur la nuit… la réalité c’est ce réseau public, qui conduit des actions concertées sur des décennies aux yeux et au su de tous : il suffit de lire et coller les morceaux qui flottent dans la bouillie pour les chats qui nous est copieusement servie tous les jours sous le nom d’information.
Pour bien comprendre ce que je veux dire dans mon commentaire précédent, veuillez lire attentivement cette Tribune libre [http://www.humanite.fr/2009-03-05_Tribune-libre_Ces-choix-qui-ont-precipite-la-crise-de-l-automobile].
Lisez particulièrement la liste des administrateurs de Renault, consultez sur Wikipédia par exemple les biographies de chacune de ces personnes… Edifiant !
Avec le vol des brevets d’Opel par GM qui les met en gage auprès du Trésor US… nous atteignons les sommets de la prédation capitaliste, en toute légalité, n’est-ce pas ? Pas besoin de chercher des responsables ? Nous sommes tous coupables, alors !
Si nous devons restituer les statuettes chinoises à la Chine, Obama doit restituer les brevets OPel à l’Allemagne !
Un ouvrage intéressant à recommander vu la teneur de certaines interventions sur ce billet ==> « La théorie du complot dans les textes » par Emmanuel Kreis, publié par les Editions du CNRS en janvier 2009.
« La théorie du complot repose sur une vision paranoïaque de la société. Ramenant tous les faits à une causalité unique et malveillante, elle propose un système d’explication totale de l’histoire. Complot maçonnique, juif, communiste, spirite ou occultiste, complot contre l’Eglise ou complot de l’Eglise, menées ténébreuses orchestrées par la Synarchie, la Trilatérale ou les « 200 familles », puissances de l’ombre décrites dans Da Vinci Code…
Après avoir connu ses premiers succès au XIXe siècle, la littérature conspirationniste rencontre aujourd’hui un succès spectaculaire via sa diffusion de masse sur Internet. Un phénomène d’engouement collectif inquiétant que cette anthologie commentée tente de décrypter en replaçant ces textes dans leur généalogie. »
@ Paul,
En lisant la présentation de Polanyi par le MAUSS, je suis tombé sur une note de bas de page qui faisait référence à vos articles parus dans cette revues concernant « le rapport entre valeur des biens et valeur des personnes ».
Un passage de votre entrevue avec Télérama m’a tout de suite fait penser à un passage de cette présentation que j’étais en train de lire. En effet, vous écrivez ci dessus que :
» Mais la vraie rupture idéologique, ce sont les stock-options, mises au point dans les années 70 par des disciples de l’école de Chicago, dans un but bien précis : faire basculer les dirigeants d’entreprise du côté des actionnaires. Depuis les origines du capitalisme, on avait un système tripartite : des gens qui avaient l’argent ; des gens qui avaient l’esprit d’initiative et créaient des entreprises ; et des gens qui faisaient le travail réel et produisaient les richesses. Ces trois groupes sociaux se disputaient le partage de la richesse produite. A partir du moment où on a délibérément aligné les intérêts des dirigeants d’entreprise sur ceux des capitalistes-investisseurs, les salariés étaient fichus. Ils se retrouvaient face à deux groupes très puissants. »
Or le passage que je lisais affirmait que » une implication importante [du passage de l’économie AVEC DES marché à une économie DE marchés] est que, dans le marché autorégulé, le prix des biens dépend davantage du prix des autres biens que la valeurs valeur sociale des personnes qui les produisent ou les consomment, alors que, dans les autres types d’économie, les prix sont d’abord des prix sociaux et politiques. » (Revue du MAUSS n°29, page 12, n° sur Polanyi). Quelques lignes plus loin, les conditions requise à l’érection d’un marché auto-régulé sont présentées : que le travail, la monnaie et la terre se soumettent à la logique de l’échange marchand pour devenir ce que Polanyi appelle des « quasi-marchandises » ou « des marchandises fictives ». Lorqu’elles sont réunies, on passe alors à une société où ce n’est plus « l’économie qui est encastrée dans la société, mais la société qui se retrouve encastrée dans sa propre économie ».
En vous lisant, j’ai l’impression que la distinction établie ci-dessus entre société de marché régie par le marché auto-régulé et société dominée par la logique du don vole en éclats. On n’est jamais purement ni dans l’une ni dans l’autre. La phrase de l’article de télérama que je viens de citer montre que, selon vous, les évolution du capitalisme sont autant le fruit de l’évolution dans la hiérarchie des personnes (entre managers, capitalistes et travailleurs) que de la mondialisation. Nous serions donc à la fois dans une société authentiquement hiérarchique où la valeur des biens est déterminée par une convention tacite sur la valeur des personnes que dans une société de marché.
Question : en tant qu’ancien trader, avez-vous eu l’impression de faire un métier imaginaire qui ne consistait qu’à appliquer des croyances. Pensez-vous avoir été différent d’un mage ou d’un sorcier ?(question sérieuse)
On est tous coupables certes, mais à des degrés divers tout de même.
Droit a l’erreur oui, mais droit à l’horreur non !
Il faut savoir poser des limites aussi.
Mais d’une manière ou d’une autre, les coupables seraient facile a débusquer si on le voulait vraiment. Il suffirait de changer le règles du système actuel pour les voir rappliquer le défendre bec et ongles, manu militari s’il le fallait.
Et mon petit doigt me dit que c’est bien ce qui risque de se passer !!!
La question est surtout qui mettre à la place.
S’il y a eu des excès avérés, les règles économiques fondamentales ne sont pas « mauvaises » en elles même, c’est surtout le corporatisme qui permet de les dévier de leur sens premier.
merci de parler si clairement en cette période turbulente, vos propos méritent vraiment d’être très largement duffusés.
Quelques points qui ne sont pas abordés et qui me semblent essentiels pour prendre le virage vers un nouveau « progrès »: la question des indicateurs « au-delà du PIB » pour prendre en compte l’écologie et l’équité; le problème de la (re)distribution d’activité induite par l’évolution rapide de ces activités (en nature et en volume). Cette évolution tient à l’évolution des technologies, à leur industrialisation, aux évolutions démographiques etc…
Une question technique : concrètement, comment différentie-t-on le spéculateur des autres acteurs du marché ?
@ Quentin : le spéculateur fait de l’argent avec de l’argent. Il achète du pétrole alors qu’il n’a aucun réseau de distribution. Il achète des céréales sans avoir de silo pour les stocker ou de canaux de vente. Il achète des assurances sur des produits qu’il ne possède pas.
L’acteur du marché fait son travail en vendant sa production ou achetant les matières premières qui sont à la base de son activité économique.
Juste une ou deux questions:
Dans cette dégringolade de la finance qui ne sera plus bientôt que 10 à 20% de ce qu’elle était en 2006 (dixit M. Jorion), nous en sommes rendu où d’après vous ?
Déjà 10, 20, 30% des 80 à 90% à attendre…
Est-ce en volume de transactions, en valeur de transactions, en nombre d’emplois du secteur que cette chute est ainsi estimée ?
Je trouve effectivement cette crise bien positive et, étant donné que toutes (la plupart) les leçons n’en ont pas encore été tirées, que la société civile ne s’est pas encore assez affairée à proposer les alternatives qui vaillent et attend encore trop souvent les solutions venues d’en haut ou de l’intérieur du Marché, je ne suis pas pressé que la relance devienne effective. Au contraire…
J’ai beau avoir perdu 25% à 30% de la valeur de mes placements, cela m’importe peu.
Je pense que les États nationaux doit redonner l’initiative à la société civile sur des bases d’échelle locale, favorisant le face-à-face et l’engagement réciproque sans faire du tout politique un objectif.
Juste que l’on se mêle de la la part publique de nos affaires privées. Que nous arrivions à nous en faire responsable.
Se lancer dans l’expérimentation d’une multitude de Grenelle (de forums sociaux) de longue durée (plusieurs mois) où la question écologique tiendra bonne place.
Entrer dans une démarche d’expérimentations qui généralise celle des Transition Towns (USA, GB), du réseau de relocalisation (www.relocalize.net) ou des Post-Carbon Cities. Gestion des communs en commun.
J’ai sérieusement l’impression que la bonne relance passe par là
http://jeanzin.fr/index.php?2009/03/05/173-l-avenir-radieux
Il faut donc pouvoir réussir à déterminer les intention d’un acteur pour savoir s’il est spéculateur ou non ? Interdire la spéculation reviendrait à cloisonner les marchés en n’autorisant que ceux qui ont une activité réelle à y participer ?
Autre question : j’ai entendu un argument affirmant que la spéculation était utile, qu’elle servait à stabiliser les prix. Par exemple, quand il y a trop de blé, les prix baisse et les spéculateurs achètent, évitant ainsi aux producteurs de faire faillite. Quand il n’y en a plus assez, les spéculateurs revendent, ce qui évite que les prix ne montent trop…
Les spéculateurs joueraient le rôle de l’assurance en quelque sorte. Cet argument est-il valable, et si non, quand est-ce que ça cloche ?
Il m’arrive souvent lorsque je lis les propos des monétaristes, ou encore ceux des libéraux libertaires ( si,si,si, ça exsite) de perdre mon sang-froid…La colère se répand comme une traînée de poudre jusqu’au bout de mes doigts…et mes réponses bien que souvent argumentées et, de mon point de vue assez…justes se révélent à la lecture agressives, violentes, parfois désobligeantes…
C’est une sale manie, je ne sais pas si leurs propos me mettent en danger, mais en tout cas ils réveillent en moi un sentiment profond d’injustice et de colère.
En venant sur ce blog, en échangeant avec d’autres, j’apprends à me « civiliser », j’apprends à m’adresser à mes contradicteurs (humains) avec respect malgré nos « analyses » ou « valeurs » différentes.
Je me permet de parler de cette expérience parce que je crois qu’elle résume assez bien la situation du « dialogue » entre les tenants « de la théorie du complot » et Paul, dont nous sommes malheureusement les témoins dans ce fil de commentaires.
Maintenat, j’aimerais exposer pourquoi, comme Paul, je ne suis pas une « partisane » de la théorie du complot.
Je trouve ces allégations de puissants se retrouvant dans des caves autour des os de géronimo pour instaurer un nouvel ordre mondial tout simplement délirant. Au sens psychologique du terme. Du fantasme, de la paranoïa. Et je crains que les propos développés ici ne fassent que confirmer ce diagnostic.
Par contre, pour continuer dans la métaphore psychoclinique, le comportement systémique de notre organisation économique et financière (entreprise, banques, états) relève lui de la psychopathie :
* indifférence inhumaine aux sentiments d’autrui
*incapacité à maintenir des relations durables
*Désintérêt imprudent à la sécurité d’autrui
*fausseté, mensonge constant envers autrui en vue de son propre profit
*incapacité à ressentir la culpabilité
*incapacité à se conformer aux normes sociales et à respecter la loi
Face à un tel constat on peut comprendre que certains sombrent dans la paranoïa et n’aient de cesse qu’ils aient trouvé un sens…même le plus…délirant.
D’autres, comme Paul Jorion, propose de soigner ces comportements pathologiques en les « civilisant », d’où cette brillante proposition d’une constitution pour l’économie, dont la force politique et la dimension « juridique suprême » constituent de sérieuses « camisoles » pour notre psychopathe de système !
Dans mes propos, il ne s’agit pas d’éluder la responsabilité individuelle de chacun des acteurs, mais plutôt de souligner que le changement ne viendra qu’en modifiant profondément les structures qui rendent possibles de tels agissements.
Si certains veulent approfondir la dimension psychopathique :
un ouvrage d’un excellent romancier américain qui parle d’un…trader ( ouarf,ouarf,ouarf) American Psycho de Brett Easton Ellis
Ainsi qu’un documentaire dont je me suis largement inspirée pour ce post (The Corporation):
http://video.google.fr/videoplay?docid=1643050067177891440&ei=jIWuSauUIqaKrQLp-ui4Bw&q=the+corporation
@ Quentin : les vertus stabilisatrices de la spéculation font partie du corpus théorique depuis Keynes. Outre qu’il ne s’agit que d’une conséquence indirecte (la stabilisation des prix n’étant pas le but des spéculateurs!), elle ne s’effectue que grâce aux anticipations auto-réalisatrices des spéculateurs et ne se vérifie que s’il existe un rapport de force entre spéculateurs à la baisse et spéculateurs à la hausse.
Les bulles immobilières, pétrolières, financières, céréalières, etc. (où le rôle des spéculateurs n’a pas vraiment été de contribuer à la stabilisation des prix!) de ces 30 dernières années ont illustré un renversement de tendance, qui voulait que les spéculateurs contribuaient essentiellement à exagérer des mouvements de hausse ou baisse spontanés basés sur les fondamentaux économiques, en voyant ces mêmes spéculateurs déconnecter leurs investissements de ces fondamentaux et accompagner machinalement les sautes d’humeur irrationnelles des marchés, dans un mouvement auto-réalisateur : je parie que le prix va monter. Tout le monde fait comme moi, donc le prix monte. Donc je gagne de l’argent.
Selon l’Energy Information Administration, autorité américaine, l’offre de pétrole sur les marchés était en hausse du dernier trimestre de 2007 jusqu’à la fin du deuxième trimestre de 2008, alors que la demande était à la baisse au cours de cette période. Dans un tel marché, les prix auraient normalement baissé. Or, c’est tout le contraire qui est arrivé et le prix du baril de pétrole a doublé en l’espace d’un an, passant de 70 à plus de 140 $. Avant de perdre 100 $ en l’espace de quelques mois lorsque les fonds spéculatifs ont retiré leur bille.
Je vous invite à aller voir le film qui vient de sortir » LA VAGUE » , tiré d’une nouvelle et d’une histoire vraie.
Il illustre bien les sous-bassements psychiques sur lesquels prospére le concept de » theorie du complot » ( concept qui pretend qu’une cause UNIQUE est responsable de TOUT) : le clivage paranoiaque et la perversion , la blessure identitaire, la toute-puissance, la defaillance narcissique, la depersonnalisation.
Misérables et merveilleux humains que nous sommes tout à la fois, interpellés sans arret par notre pulsion de vie et de mort. Le bon et le mauvais co-habitant en chacun de nous, les periodes de tension anxiogénes sont propices au clivage qui consiste à rejeter le mauvais à l’exterieur sur un mode paranoide : « moi, je suis totalement bon, mais lui, il est totalement mauvais ». Quand ce mode est collectif, il produit le phenomene du « bouc-emissaire », ferment de « la theorie du complot » et des plus grands génocides.
@Julien Alexandre
Merci pour ces infos c’est très clair.
clive à dit: 6 mars 2009 à 9h36
Je partage votre propos pour l’essentiel.
L’expression « théorie du complot » aurait été inventée pour disqualifier d’avance ceux qui avec constance fourre leur nez là où il ne faut pas. J’en ai parlé plusieurs fois il y a un investigateur hors série (malheureusement non traduit de l’anglais au français) Anthony Sutton (1925-2002), complètement agnostique et d’une honnêteté sans faille. Il fut, après avoir mis en lumière les relations économiques et financières et diverses collaborations soviéto-nazies, un grand connaisseur et un spécialiste des relations économiques, financières et commerciales entre l’Urss et l’Occident durant toute la période communiste soviétique dit des rapports Est-Ouest. Il est un modèle de probité et transcende haut la main toutes ces querelles qui, par l’usage du mot « conspiratrionnisme », brouillent systématiquement les cartes pour éloigner ou ridiculiser ceux qui cherchent à dévoiler la vérité…
En attendant la puissance financière anglo-saxonne n’a cessé et ne cesse de saper et détruire le monde entier
Entre autres, voici quelque chose de bien contemporain, ça ne dit rien à personne ça?
Peu de gens perçoivent le rôle central de la City dans le cartel des pirates
financiers .
Or, sur les 10 000 fonds d’arbitrage (hedge funds) existant dans le monde,
8 000 sont basés dans les Iles Caïman, paradis fiscal situé dans les
Caraïbes et étroitement lié aux banques de la City.
Ces hedge funds sont les nouveaux pirates des Caraïbes, apparemment
autonomes mais dont les raids sur les économies des Etats-nations
bénéficient essentiellement aux institutions britanniques.
En effet, l’autorité juridique de dernier ressort des Caïmans est le privy
council de Londres.
Le Conseil Privé, qui comprend en son sein un Comité judiciaire (*Judicial
Committee*), en est la plus haute juridiction.
http://www.privy-council.org.uk/output/page1.asp
Voir aussi :
http:/www.argentsale.org/ilescaiman.php
Mais heu ! dans le fond ca change quoi qu’il y ait complot ou non ?
que la crise soit le résultat d’un complot ou non, la crise est la ! qu’est-ce que ça change ?
@ Ybabel
Mourir de faim, d’une balle perdue ou d’une épidémie de choléra ne change rien pour le mort. Mais pour les survivants…
@Ybabel
Ça change qu’il est plus simple de mettre en cause, ou hors d’état de nuire, quelques individus à travers le monde (principe du fusible ou encore du bouc émissaire) que d’admettre collectivement (par un consensus très large) que chacun a une part de responsabilité, même indirecte, dans les incohérences, abus, voir atrocités du système.
»
1/ Le droit constant dit que la loi n’est pas rétroactive… les coupables justiciables d’une punition ne peuvent l’être que par rapport à des lois énoncées ;
2/ Les personnes dans un système donné, lui-même légal, peuvent-elles être considérées comme coupables ? Voilà une question intéressante et en effet les vendeurs de subprimes qui contournaient la loi sont certainement coupables individuellement, ainsi que les cadres qui validaient leur prospection puisque la loi leur interdisait au moins dans certaines limites de contracter des prêts avec des personnes insolvables… Mais plus largement un vendeur de titre CDO est-il coupable de la même manière ? Cela dépend de son degré de connaissance de l’illégalité des prêts sous-jacents, etc. Cela va donner du travail aux juges pour des décennies ! »
La règle mentionnée en 1/est justifiée d’après ceux qui la défendent par le souci d’assurer la sécurité juridique des justiciables/ la stabilité; elle repose sur une erreur à mon sens MAJEURE de la philosophie politique moderne sur la nature de la loi, sur ses tenants et ses aboutissants, dans un régime démocratique (c’est à dire sur la nature du lien qui lie/oblige les citoyens entre eux). Ceux qui justifient cette règle ont jeté le bébé avec l’eau du bain dans leur désir, certes louable, de pallier à tout risque d’arbitraire/ de fait du prince.
Cette erreur trouve son origine première dans les écrits de Guillaume d’Ockam. Alors que pour la théorie classique la loi s’adresse à l’intelligence, elle s’adresse pour les modernes à la volonté. Il en découle, entre autre, une inflation exponentielle des normes juridiques, une conception irresponsable de ce en quoi consistent les règles de deontologie professionnelle, une incapacité structurelle à penser la relation entre responsabilité politique et responsabilité juridique, une conception purement arythmétique/formelle de ce qu’est une démocratie, une conception « mécaniste » du social etc etc…
La question 2 est interesssante:
A quelles conditions la communauté peut-elle considérer que ses intérêts fondamentaux ont été trahis par tels ou tels de ses membres? A quelles conditions peut-elle considérer que certains se sont rendus coupables de haute-trahison, et ce faisant qu’ils pourraient être condamnés par exemple à la peine capitale ou au banissement/mort civile (au sens juridique)? (je vous rappelle que sur le plan théorique la prohibition de la peine capitale ne vaut que pour les crimes de droit commun, et pour des raisons qui tiennent au risque de l’erreur judicaire- les arguments prétendument « humanistes » n’étant nullement plus décisifs que les arguments opposés sur le strict plan argumentatif-… je doute qu’il y ait eu risque d’erreur quand il s’est agi de juger Pol Pot ou S. Hussein…) A Athène ou à Rome ces gens auraient été exécutés sur la place publique. Dans l’Angleterre du XIXe aussi.
Evidemment revenir à la théorie classique metterait par terre tout ce bel édifice qui fait sytème.
« Constitution » designe à la fois la Constitutio comme phénomène juridique et la Politeia comme phénomène politique.
Ce que ces citoyens se sont permis de faire, c’est de participer à la mise en place d’un système certes conforme à la Constitution comme phénomène juridique, mais contraire à la constitution comme loi démocratique/politique, qu’ils ne sont pas TENUS d’ignorer. C’est ce genre de distinction qui permet par exemple de condamner la « negligence », et d’inverser la charge de la preuve, alors qu’elle n’est pas punissable dans le contexte d’une interprétation purement formelle/libérale du droit en raison de la clause de mens rea qui exige pour l’accusateur de prouver l’intention de nuire de l’accusé. Ca c’est pour le principe. La discussion de l’identification des responsables est plus complexe, et peut être impossible (quoique je ne le pense pas).
La démocratie libérale est un non sens, dangereusement instable in fine (cf l’effondrement de la Republique de Weimar pour ces mêmes raisons théoriques). Car si l’aspiration démocratique tend à polariser/ politiser les conflits, le libéralisme politique tend au contraire à dissocier le politique de toutes les autres sphères (l’artistique, le religieux, le culturel, l’économique, le social… au final on se demande bien ce qui lui reste…). Politisation de tout contre dépolitisation de tout. On voit le résultat. Une déresponsabilisation totale. Et ceci, sans faire intervenir la question du « système », qui est une bonne excuse pour ceux qui ‘lont mis en place (politiques responsables de commissions parlementaire sur le sujet, financiers, agences de notation, professeurs d’ingénierie financière douteux, lobbyistes… aucune excuse).
@ Julien Alexandre, sur votre commentaire sur la théorie du complot :
Emmanuel Kreis doit certainement avoir sa résidence principale sur l’île volante de Laputa, d’où il émet des théories totales visant à remplacer l’étude de l’histoire par des théories fumeuses appuyées sur des concepts pestilentiels.
Il jette l’anathème ultime sur les curieux et les questionneurs qui se demandent comment on peut faire si peu de cas du libre-arbitre humain et sur les preuves historiques des complots, des concertations plus ou moins secrètes, des décisions d’associés politiques ou économiques engageants les sociétés sur des chemins parfois excellents, parfois terribles.
Les Père fondateurs des Etats-Unis d’Amérique furent des comploteurs pour la république et contre l’empire britanniques, par exemple. Le 14 Juillet 1789 est aussi la conséquence de plusieurs complots.
La dictature consécutive à l’incendie du Reichtag par les nazis provient d’un complot contre l’Allemagne aux profits de cartels économiques internationaux et du projet géopolitique de certaines factions de la Vieille Europe.
Marc bloch, dans « l’étrange défaite », souligne la trahison de certaines forces politiques, militaires et économiques françaises, visant à donner la France aux nazis en organisant la défaite. C’est de cette base qu’Annie Lacroix-Riz a construit son « Le choix de la défaite », dont les conclusions sont difficiles à contester.
Et puis, qu’a donc fait De Gaulle ? Et Ghandi ? Martin Luther King ? ou Pinochet ? Franco ? Lénine ?
Qu’ont donc fait les malades du Club de Rome ? Et le 15 Août 1971, qu’ont accompli Nixon, Schultz, Kissinger et Volcker, dont nous payons aujourd’hui le prix ?
Etc, etc…
Le Conseil National de la Résistance, dans un document d’étude diffusé clandestinement en 1943, titré « La Haute Trahison des Trusts » (en ligne ici : http://www.larecherchedubonheur.com/article-17882756.html), a fait son devoir de rechercher et dénoncer les crimes des « Honorable men », ce qui lui vaudrait très certainement d’être voué aux gémonies par monsieur Kreis aujourd’hui.
Car quel complot, que celui de la Collaboration ! et celui de la Résistance !
Plus près de nous, ce monsieur Madoff, coupable de cavalerie, de « Ponzi scheme », est bien un comploteur, n’est-pas ? Ou bien, pourquoi est-il inculpé ?
Des exemples de ces concertations, secrètes ou privées, malveillantes ou non, sont partout dans les livres ou dans la presse. Alors, Julien Alexandre, pourquoi vous ridiculisez-vous avec un copié-collé de résumé de livre, surtout pour défendre une théorie idiote ? Voulez-vous aussi vous installer à Laputa ?
D’autant que ce monsieur Kreis semble dans ce livre dénoncer un complot de théoriciens du complot pour tromper les foules, en promettant de révèler la généalogie des différentes théories du complot.
Ce genre d’imbécilité me ferait rire si cette théorie ne faisait pas partie des outils d’ingénieries sociales. Elle est malheureusement si bien répandue que dès que l’on commence à développer une causalité (historique ou autre) au sujet d’un évènement, la plupart des gens se sentent obligés d’éructer un « ça sent la théorie du complot ».
Cette phrase est devenues une formule symbolique, chargée d’évoquer des idées de négationnismes et antisémitismes, ou au minimum de folie (référence au Da Vinci Code. De mon temps, les X-files tenaient ce rôle). Je connais beaucoup de gens honnêtes découragés par cette réaction quasiment atavique d’une grande part de la population.
Kreis est un nocif. La « teneur » de certaines thèses de Kreis relève du délire obsessionnel, et je n’ai jamais bien compris pourquoi le CNRS tolérait ce genre de scribouillard.
Pour finir, monsieur Alexandre, je n’apprécie pas du tout l’insinuation de votre commentaire, dont la « teneur » est insultante. Il s’agit de flicage, et de tentative de dénigrement.
A lire de vous des commentaires plus utiles,
Jean-Gabriel Mahéo
A Ghosdog: +1
Remerciez « les Lumières » pour ça, ce moment privilégié ou on commence à substituer l’intérêt, les passions froides, l’obeissance mecanique à la lettre de la loi, à l’encouragement des vertus conformes au souci du bien commun dans le gouvernement des hommes.
@ Clemence Daerdenne:
Le film « La Vague » est fallacieux. Je l’ai vu, c’est ridicule. Qui plus est, son propos est démoralisant pour la population. Un leader qui entraine les foules par des propositions sociales très vraies est un crypto-tyran. Mais peut-être parlez-vous de François Hollande et de son appel d’Août dernier pour un Nouveau Bretton Woods ? ou du président Sarkozy et de sa lutte contre les paradis fiscaux ?
Ce film me semble être l’adaptation cinématographique libre de la thèse de Anna Harendt sur la personnalité autoritaire. Elle savait peut-être de quoi elle parlait, elle qui a aimé le nazi Heidegger avant la guerre comme après, mais son livre est frauduleux.
Depuis les années 50, des centaines de sociologues et psychologues ont essayé de faire croire aux peuples, dans toutes les langues, que ce sont eux, par leur ignorance, leur lâcheté, leurs angoisses, qui sont responsables de leurs propres malheurs. Cela revient à accuser la victime d’avoir provoqué le criminel.
Certain ont même osé écrire que le nazisme était dans les gènes de la culture allemande ! Mais alors, pourquoi avoir organisé le procès de Nuremberg ?
@ Dissonance :
Votre commentaire est nul, et anti-historique. La vocation naturelle des peuples est le progrès de leur bonheur et de celui des générations à venir. Les dirigeants, nommés, élus, ou putchistes, ne reçoivent ou arrachent de leur peuple QUE le pouvoir d’accomplir cela et rien d’autre. Si ce pouvoir sert à d’autres fins, les dirigeants commettent une trahison, et en sont responsable, pas le peuple qui n’a naturellement pas voulu son nouveau malheur.
Dans ce cas, la seule responsabilité du peuple est est de résister, de se libérer, et de ne pas se faire avoir une deuxième fois.
Mais il ferais beau voir qu’on accuse la victime de s’être fait fait dépouillée, battue et violée, au prétexte qu’elle a fait l’erreur de croire en des menteurs et des escrocs.
@Jean Gabriel Mahéo:
J’ai toujours été mauvais en histoire à l’école, ça doit être pour ça… Peu importe. Il me semble néanmoins évident que dans le système actuel, fondé sur la compétition, le bonheur des uns fait le malheur des autres. C’est même une notion triviale à mon sens.
Un point intéressant de votre commentaire: « les dirigeants commettent une trahison, et en sont responsable, pas le peuple qui n’a naturellement pas voulu son nouveau malheur ».
Naturellement. Cependant, pouvez-vous envisager que tout ce que fait le « peuple souverain » ne le soit pas en toute connaissance de cause? Pouvez-vous envisager que lorsqu’il porte son butin dans l’urne, le citoyen n’ait aucune idée sur la réalité des intentions de la personne pour laquelle il vote? Pouvez-vous admettre l’hypothèse que le consommateur moyen ne se pose pas systématiquement la question de savoir si l’achat qu’il fait est éthique?
Personnellement, j’envisage très bien tout cela. Je ne sais plus qui parlait de la démocratie en ces termes « le pire régime à l’exception de tous les autres ». Personnellement, j’aime l’image de « dictature de la majorité ». Le fait qu’une majorité de personnes s’accorde sur une décision la rend-elle de facto bonne? Rien ne permet de le démontrer. Certains faits historiques ou plus actuels démontrent même le contraire.
Il n’est pas question de culpabiliser « la victime de s’être fait dépouillée au prétexte qu’elle a fait l’erreur de croire des menteurs », mais au minimum d’admettre cette causalité. La victime s’est effectivement faite dépouillée pour avoir cru la fable qu’on lui racontait. Toute la question revient alors à pouvoir garantir que la victime soit suffisamment perspicace pour ne pas se laisser prendre aux mensonges. Vaste programme.
Dernière remarque, plus personnelle: Si vous voulez faire passer des idées, évitez une telle agressivité, ça ne sert absolument pas votre propos, au contraire.