L’actualité de la crise. Obama : l’enlisement, par François Leclerc

Billet invité.

OBAMA : L’ENLISEMENT

Vers où tourner la tête, quand cela continue partout de dégringoler ? Vers le cœur de la crise, les USA, d’où tout est parti et où beaucoup doit être réparé. Là, en dépit de la succession ininterrompue de plans de sauvetages, de soutien et de relances, dont les montants s’expriment à chaque fois en centaines de milliards de dollars, la situation semble toujours incontrôlée. Chaque jour qui passe apporte ses nouvelles incertitudes. Ce ne sont pas les spéculations de mardi de Ben Bernanke, président de la Fed, destinées à rassurer les membres du Congrès, qui pourront y répondre («…il y a une perspective raisonnable que la récession s’achève en 2009 et que 2010 soit une année de reprise »), ni les « vigoureux messages d’espoir » prononcés par Barack Obama et annoncés par son porte-parole Robert Gibbs, et qui n’ont pas manqué de l’être : « Notre économie est affaiblie et notre confiance ébranlée; nous vivons des temps difficiles et incertains ; mais ce soir je veux que tous les Américains sachent ceci : nous allons reconstruire, nous allons nous rétablir, et les Etats-Unis d’Amérique en sortiront plus forts qu’auparavant ». Le service de presse de la Maison Blanche avait pris la précaution de communiquer par avance quelques extraits du discours, dont cette phrase clé destinée à être reprise dans les médias.

Nous n’en sommes pas à nous demander comment, demain, la société américaine pourra soit recommencer à vivre à crédit sans compter, soit vivre autrement et on se demande bien comment. Ni comment le couple sino-américain va pouvoir réaménager son idylle financière et commerciale, brisée par la crise mais toujours indispensable. Non, la question pendante reste, toujours et de manière lancinante, comment guérir le système financier américain des maux qui le paralysent et l’enfoncent progressivement ? En attendant de le savoir, on continue de bricoler en Europe, les Britanniques ayant seul désormais un plan de route plus ou moins ficelé. Les maux, on les connaît, les remèdes, on ne les applique qu’au compte-gouttes.

L’administration Obama semble avoir fait preuve d’une certaine naïveté politique avec ses tentatives de conciliation et de recherche d’un consensus avec les Républicains. En réalité, elle a probablement voulu tester la possibilité de prendre des mesures plus audacieuses, qui nécessitaient un large accord politique, mais le résultat n’a pas été probant, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans ces conditions, l’équation que le Trésor et la Fed avaient à résoudre devenait sans solution solide. D’où la poursuite de ce cortège désordonné de demi-mesures, de cadres généraux d’intervention, pétitions de principes dont la concrétisation reste vague, la pose de rustines dont la taille n’est jamais suffisante, n’exprimant rien d’autre qu’une difficulté endémique à choisir, une fois pour toutes, un plan financier musclé, à l’image de ceux conçus dans le but de favoriser la relance économique. La nouvelle administration continue de donner, comme la précédente, l’impression de ne pas savoir sur quel pied danser. Faut-il se demander pourquoi ?

Est-ce, comme on le lit beaucoup, qu’il y a des mots qui tuent dans ce pays, ou en tout cas qui font mal, comme celui de nationalisation ? Et que nous assisterions à un blocage de nature idéologique, culturel pour tout dire ? Comme la réaction des Républicains pourrait le faire penser, qui se raccrochent à leurs dogmes ? Mais qu’en est-il, alors, de ce pragmatisme tant vanté par ailleurs, et qui fait aussi partie des bagages ? N’est-ce pas, plutôt, parce qu’une résistance désespérée des milieux financiers et de ce qu’ils représentent dans la société américaine fait obstacle aux timides velléités d’un appareil politique et d’une administration, totalement impréparés à l’épreuve qu’ils traversent et qui naviguent au plus près, sans recul possible, imprégnés des compromissions sur lesquelles ils sont bâtis ? Il faut appeler un chat un chat.

Voilà pourquoi, en dépit des appels réitérés lancés par des universitaires et des économistes reconnus et respectés, aucune mesure radicale et tranchée n’est toujours adoptée, et que les USA s’enlisent dans la crise, avec le monde entier à leur suite par la même occasion. Les USA ne montrent pas la voie, ils la bouchent, et avec une certaine persévérance. A leur décharge, ils ne sont pas les seuls. A ce jeu, Ils ont d’ores et déjà irrémédiablement perdu une partie de leur stature. C’est la poursuite du déclin.

Le savoir-faire reconnu de Timothy Geithner, hier Président de la Fed de New York (depuis 2003, et à ce titre en charge de la gestion de Wall Street), aujourd’hui secrétaire d’Etat au Trésor, ne lui est visiblement pas d’une grande aide dans cette crise. Il exprime à lui seul l’impasse dans laquelle le système financier américain est entré, l’incapacité qu’il a de trouver en lui-même les ressorts de son aggiornamento. Témoignant même d’un fort acharnement à démontrer que sa restructuration est impossible. Ne pouvant pas aborder de front les questions qui fâchent, Timothy Geithner ne peut donc les résoudre. Cherchant à ménager la chair d’un système financier dont il a une pratique étendue, il ne parvient pas à accomplir le délit d’anthropophagie, le seul que ce système rebelle à la réforme n’ait jamais commis. Sa nomination était en gage. Comme le maintien de Ben Bernanke, le président de la Fed, nommé par George W. Bush en 2005. A eux deux, ils expriment la continuité là où il faudrait le changement.

Barack Obama a hier soir mis en scène au Congrès une tentative de rassurer les Américains, qui en ont bien besoin, en étant sur tous les fronts et en multipliant les promesses. Moins de déficit, plus d’argent pour les banques, a-t-il annoncé, et pour l’industrie automobile, plus d’argent pour des prêts et une loi « pour réformer un système de régulation dépassé ». Il n’y avait pas d’autre solution que d’annoncer une nouvelle pluie de dollars. Ni le lieu ni les circonstances ne se prêtaient à donner le détail de mesures qui vont être très attendues. Leur financement aussi.

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30 réponses à “L’actualité de la crise. Obama : l’enlisement, par François Leclerc”

  1. Avatar de Les Fougerêts
    Les Fougerêts

    On est en train de réaliser que M Obama malgré tous les espoirs fondés sur sa personne continue à prendre les vieilles recettes mais avec plus de grâce que son prédécesseur pour continuer à nourrir le système financier avide, gargantuesque. Qui a fait élire M Obama, qui a financé sa campagne : les multinationales donc toujours les mêmes. Que ce soit ici ou en France nous sommes dans un contexte de chambre introuvable avec les ultras, autrefois c’étaient les nobles, aujourd’hui les dirigeants capitalistes qui détiennent le vrai pouvoir. Le propre d’une « chambre introuvable » c’est qu’elle mène dans le mur ; à quand les 3 glorieuses ? Mais rassurons-nous M Bernanke, spécialiste de la crise de 1929 est un visionnaire lucide qui ne s’est jamais trompé ; on peut lui faire confiance l’embellie est pour 2010 sans doute dans une boule de cristal. Si il ne s’agissait derrière ces gesticulations, de vies humaines, de souffrance, d’angoisse on rirait de ces pantomimes..
    Le début des 3 glorieuses est peut-être en train de se jouer aux Antilles qui ont atteint une lucidité pleine de la profitation, gangrène propagée par l’ultracapitalisme moderne.

    J’ai relu « l’horreur économique » sorti en 1996 de V Forrester, quelle lucidité, quelle vision, quelle pertinence : quelques passages ci-après. 12 ans avant la crise, on reste pantois..

    Les décideurs de notre temps sont devenus ce que R. Reich appelle des « manipulateurs de symboles » qui ne communiquent pas, ou fort peu, même avec l’ancien monde des « patrons ». Qu’en auraient-ils à faire de tous ces « employés » si coûteux, inscrits à la Sécurité sociale, si incertains et contrariants en regard des machines pures et dures, ignorées de toute protection sociale, par essence manoeuvrables, économiques en sus et dénuées d’émotions douteuses, de plaintes agressives, de désirs dangereux ? Machines qui ouvrent à un autre âge, lequel est peut-être aussi le nôtre, mais sans que nous en ayons l’accès.

    Voici donc l’économie privée lâchée comme jamais en toute liberté – cette liberté qu’elle a tant revendiquée et qui se traduit en déréglementations légalisées, en anarchie officielle. Liberté assortie de tous les droits, de toutes les permissivités. Débridée, elle sature de ses logiques une civilisation qui s’achève et dont elle active le naufrage.

    « Produits dérivés » qui envahissent aujourd’hui l’économie, la réduisent à des jeux de casino, à des pratiques de bookmakers. Les marchés des produits dérivés sont aujourd’hui plus importants que les marchés classiques. Or, cette nouvelle forme d’économie n’investit plus, elle mise. Elle tient de l’ordre du pari, mais de paris sans enjeux réels, où l’on ne mise plus tant sur des valeurs matérielles ou même sur des échanges financiers plus symboliques ( mais encore indexés à la source, fût-elle lointaine, sur des actifs réels) que sur des valeurs virtuelles inventées à seule fin de nourrir ses propres jeux. Elle consiste en paris engagés sur les avatars d’affaires qui n’existent pas. Et à partir de là, relativement à elles, sur des jeux autour de titres, de dettes, de taux d’intérêt et de change, dès lors détournés de tout sens, relatifs à des projections purement arbitraires, proches de la fantaisie la plus débridée et de prophéties d’ordre parapsychique. Elle consiste surtout en paris engagés sur les résultats de tous ces paris-là. Puis les résultats de paris pris sur ces résultats, etc…

  2. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Les Fougerêts

    « Larima /Larima quoi / La rime à rien »

    Jacques Prévert (L’amiral)

  3. Avatar de A.
    A.

    Faut dire que le recyclage de Paul Volcker était de mauvaise augure

  4. Avatar de JJJ
    JJJ

    Oui, l’enlisement, comme dans les sables mouvants : plus les autorités s’agitent, plus le système s’enfonce.

  5. Avatar de Ahmed
    Ahmed

    A lire tout ça, il ne reste plus qu’une seule solution : le peuple américain doit se réveiller, descendre dans la rue et punir ces vieux délinquants. Mais avant, le peuple devra se dégager de la drogue et de l’alcool et ça c’est déjà un grand chantier que les vieux ne laisseront pas faire. Que faire ????

  6. Avatar de Steph
    Steph

    « Notre économie est affaiblie et notre confiance ébranlée; nous vivons des temps difficiles et incertains ; mais ce soir je veux que tous les Américains sachent ceci : nous allons reconstruire, nous allons nous rétablir, et les Etats-Unis d’Amérique en sortiront plus forts qu’auparavant ».

    J’ignorais que ce pays était dévasté. Mais par quoi ?

    J’ai probablement manqué un grand bout. Quelqu’un pourrait-il me dire de quelle destruction fait allusion Obama quand il dit qu’ils vont reconstruire ?

  7. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Steph

    Les banques, les compagnies d’assurance, les sociétés de crédit en tout genre, hypothécaire, automobile, de cartes de crédit, etc… Ainsi que les réassureurs pour faire bonne mesure. J’espère n’avoir rien oublié.

  8. Avatar de Champignac
    Champignac

    Mr Leclerc,

    Vous soulignez, à juste titre, que ce qui a littéralement plombé le premier plan de « sauvetage financier » de Mr Obama, pour, au final, le réduire à une sorte de patchwork à options multiples qui ne satisfait personne, c’est, précisément, la crainte d’avoir à subir l’épreuve du Congrès. Cela avait été souligné, à l’époque. Mr Obama semble avoir découvert, très cruellement, que sa prétention à agir de manière « consensuelle » était sapée dès les premières semaines par des élus Républicains visiblement décidés à ne lui faire aucun cadeau. Arc-boutés qu’ils sont sur des « principes de bonne gouvernance » qu’hier encore, ils foulaient aux pieds.

    C’est très ironique, d’ailleurs, de constater que les « marchés », qui exigeaient (et exigent toujours) un plan avec comme seule priorité une solution de parking ou d’élimination de ces actifs toxiques qui les plombent, se soient vu, en quelque sorte, retirer le tapis de sous les pieds par ceux-là même qui les ont tant protégés. Et dont ils sont l’émanation idéologique.

    En attendant, le champ de bataille principal du front financier est toujours au même endroit. Les « marchés » continuent à exiger des autorités US un plan, si pas définitif, en tout cas, presque, qui les débarrasse de l’essentiel de leurs toxiques. Et peu leur importe la forme, ou le nom de ce dispositif. C’est très clair dans les commentaires quotidiens des « analystes » boursiers. Il savent aussi que, si une solution de ce genre était mise en place aux Etats-Unis (seul pays auquel son apparent crédit illimité semble donner cette possibilité), le reste du monde, d’une manière ou l’autre, devrait suivre. Ou… essayer (c.f l’Europe).

    Mais, du coté de ces autorités, quand bien même ils en auraient la volonté (ce qui n’est pas sur du tout), on sait que l’assentiment du Congrès, et de sa « minorité bloquante » est quasiment impossible à obtenir. Il suffit de se souvenir de leur opposition féroce au premier TARP. Aujourd’hui, les mêmes semblent plutôt préférer le suicide collectif à quoi que ce soit qui pourrait permettre à Obama de réussir là où ils ont échoué.

    La question est, aussi, de savoir si ce plan d’élimination « définitive » des toxiques, tel que fantasmé par les « marchés », est tout simplement possible. Vu les énormes masses de capitaux en jeu. Et vu les très gros risques d’effets collatéraux ailleurs. Ne parlons même pas du fait que ce transfert total, et complètement a-moral, signifierait la victoire définitive des « marchés » sur les gouvernements et les gouvernés. Pourquoi faudrait-il accepter l’usage de cette « bombe thermonucléaire financière » si c’était, au final, pour réaliser que tout le terrain est devenu radioactif? Sauf, évidemment, pour les financiers, bien à l’abri dans leur bunker?

  9. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Champignac

    La seule réponse possible ne semble devoir être de laisser les actifs toxiques avec les financiers dans leurs bunkers, et de créer sur fond public des GOOD banks. Cela coûterait beaucoup moins cher que de remplir un tonneau sans fond et cela serait moins dangereux pour ceux qui seraient en dehors des bunkers.

    Les actionnaires des banques veulent recevoir des financements, mais tout en conservant leurs actifs toxiques, en s’efforçant de procéder au minimum possible de dépréciations, car elles les atteignent au portefeuille. Ils espérent pouvoir se refaire, d’autant qu’ils sont strictement incapables de faire le tri dans leurs actifs.

    Les machés, eux, ne savent plus à quel capitalisme se vouer.

  10. Avatar de Champignac
    Champignac

    @ François Leclerc

    Par GOOD banks, vous entendez, des banques publiques, d’Etat, je suppose?

    Ce serait encore plus simple d’en nationaliser, je veux dire vraiment nationaliser (plus d’actionnaires, etc…) au moins une par pays. Le transfert de clientèle serait quasi-spontané. Ou d’attendre que l’une d’elle fasse vraiment faillite. Et puis de la racheter pour trois fois rien.

    Et qu’on ne nous dise pas qu’une banque ne peut pas faire faillite. Ni que c’est forcément une catastrophe incommensurable. Ni que l’on ne peut pas sécuriser l’opération pour que les clients & dépôts s’en tirent sans casse. Après tout, que fait donc la FDIC, depuis des mois, aux Etats-Unis? Elle euthanasie « proprement » des banques en dépôt de bilan. Les clients et leurs avoirs sont transférés ailleurs sans casse. Et les dettes impayables, on les fourre dans la « bad bank » qu’est devenue la FDIC. Dont tout le monde sait fort bien qu’elle ne les remboursera jamais. Alors, si c’est possible pour le secteur privé, il n’y a aucune raison pour que ça ne puisse pas, aussi, servir à créer des banques publiques « sécurisées ».

    Quand aux actionnaires des banques, ne m’en parlez pas. Ici, en Belgique, qui est devenue à notre corps défendant une sorte de laboratoire fou de l’expérimentation bancaire, on n’entends qu’eux. Ca fait quatre mois qu’ils gueulent. Et Quatre mois qu’ils sont dans le déni total de responsabilité. Tout est de la faute des autres (les autorités, les contrôles, leurs conseils d’administration, etc…). Mais, eux, ils n’ont rien à se reprocher! Ce sont des victimes. Ils ne sont absolument rien dans ce qui arrive. Et, évidemment, on (= l’Etat) doit les dédommager. Ben tiens.

    Et rien n’est bon pour eux. On ne peut pas laisser leurs banques faire faillite. On ne peut pas nationaliser. Encore moins les exproprier (scandale absolu). On ne doit pas trop toucher aux salaires des dirigeants. On accepte, du bout des lèvres, une perte « temporaire » du dividende. Bref.

    Enfin, vu la quasi-impossibilité de se débarrasser de leurs « toxiques », même en les refilant très cyniquement aux Etats, faudra bien que des tabous tombent. Et celui de la nationalisation « horreur absolue » en premier. Ça viendra.

    Mais, semble-t-il, il n’a a guère d’autre choix, pour l’instant, que de continuer à assister au pourrissement de la situation. Quelque part, plus ils feront de dégâts, plus il leur sera difficile de revenir sur l’avant de la scène.

  11. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Champignac

    Oui, des banques financées sur fonds publics, qui accueillerait les dépôts des bad banks. Ce qu’il adviendrait de ces dernières serait l’affaire de leurs actionnaires.

  12. Avatar de Jonathan Livingston

    Voilà qui dans le fond montre ce que je pensais de la situation: on est dans un grand combat de bras de fer qui visent à déterminer qui va subir les pertes… et on n’a pas encore même déterminé la profondeur du puits… S’affrontent sur le ring, les banquiers, les actionnaires, des capitalistes, des fonds publiques, des entreprises en difficulté, des dirigeants élues démocratiquement, des nationalités, des banques centrales, et… et… l’opinion publique, la moins féroce, avec laquelle on tente de jongler pour lui refiler au max la note… tout en prenant soin donc de minimiser les soulèvements populaires et l’endettement sans issu des États… Évidemment, on veut faire repartir le biseness aussi…

    Derrière les discours vides, les combats de coulisse doivent être épique…

  13. Avatar de Blob
    Blob

    > À tous

    Je voudrais signaler un excellent ouvrage sur la crise de 1929, écrit par un économiste marxiste de l’école fondée par Duménil et Lévy, qui fait une synthèse très clair du travail de Bernanke sur cette crise.

    Il s’agit de La crise de 1929 et l’émergence américaine de Isaac Johsua aux PUF, collection Actuel Marx. L’ouvrage date de 1996, mais il est vraiment d’actualité et propose une analyse originale et éclairante sur ce sujet, en replaçant la crise de 1929 dans le contexte géopolitique et historique mais aussi sociologique de l’entre-deux guerre.

    À la lecture de cet ouvrage, on comprends bien mieux l’action de Bernanke dans la gestion de notre grande crise.

  14. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    Obama, par deux ou trois lapsus, corrigés aussitôt, a surtout fait la démonstration qu’il était un acteur plus éloquent que son prédécesseur, mais un acteur quand même. Son discours lui défile sur un prompteur cérébral, il y met quelques intonations à faire pleurer un auditeur biberonné au cinéma Hollywoodien, mais que de frisson en l’écoutant sombrer dans cette démagogie. Il a le charisme à la ramasse, et le speech effrayant sorti de chez Walt Disney. Si Disney ne vous avait jamais encore inquiété, venant vous débiter des comptines à ce niveau de l’état, il est temps d’attraper vos sueurs froides.
    @François
    Franchement, le clivage entre démocrates et républicains n’est pas évident. Un certain type de républicain ( doit-on dire « historique » ? ) reste accroché à cette idéologie de prise de responsabilité hors de l’intervention de l’état, mais avec la tête à Pelosi calée juste dans le dos d’Obama pendant ce discours au congrès, il y a une rivalité entre les deux, palpable même ganté de protections à sortir des dindons carbonisés du four d’halloween, plutôt que de Thanksgiving.

  15. Avatar de leduc
    leduc

    Le coup est rude pour les capitalistes financiers. Leur patrimoine est très fortement menacé, avec des chutes de leur portefeuille d’actif qui peut aller de 25% à 90%. Toutes les classes d’actifs sont touchées, les produits dérivés, les actions, même les détenteurs d’obligation sont menacé par des faillites qui pourrait les laisser sur la paille. Impossible de vendre à prix cassé dans l’état actuel des choses, et les mauvais résultats des entreprises peuvent en outre les priver de dividendes. Les détenteurs du patrimoine financier ne veulent pas assumer les pertes alors que l’essentiel des contribuables est déjà surendetté et ne peut tolérer des charges supplémentaires. Je voudrais dire que de gré ou de force, il y aura une redistribution des richesses, et au pire si c’était un réajustement brutal contrarié par la résistance trop forte du système alors il y aura simplement destruction de richesse pour les plus nantis sans forcément qu’il y ait création pour les moins favorisés.
    Dans cette crise du crédit, dans l’explosion de cette bulle de dette, les financiers veulent jouer la guerre d’usure, faire la guerre des tranchées comme en 1914, mais cet enlisement risque de durer longtemps et d’être une véritable saignée économique.
    Je ne les blâme presque pas, j’arrive presque à les comprendre car s’y j’étais à leur place j’imagine que j’aurais la même mentalité et je ferais tout pour perdre le minimum et empêcher que ce système de capitalisme financier perdure. Malheureusement cette attitude de déni, cette politique de l’autruche, cette addiction au crédit et aux intérêts est bien trop enracinée, et je les vois mal accepter un sevrage brutal mais salvateur.
    Ce capitalisme financier si typique des anglo saxons au point qu’il en devienne une part prépondérante de l’économie aura bien du mal à trouver une solution heureuse. On l’imagine mal accepter son auto dissolution au profit d’un système financier, d’un système du crédit plus « publique », « social », et « mutuel » ; tout le contraire de ce qu’il est avec ses caractères de profits privés et un individualisme poussé au paroxysme. Je ne vois vraiment pas comment la mentalité pourrait changer réellement, comment le « yes we can » pourrait être un « fiat lux » créateur non pas de monnaie mais bien d’un nouvel ordre économique avec des règles et des comportements radicalement différents.

  16. Avatar de MrGreen
    MrGreen

    Êtes-vous tellement myopes ?

    Vous focalisez uniquement sur la finance, et par le fait même vous passez à côté de l’essentiel: le plan de relance de l’économie réelle. Avec l’ouverture d’un marché officiel du carbone (cap and trade) et des efforts politiques pour mondialiser ce même marché (voir le voyage de Clinton en Chine), avec des investissements majeurs dans les énergies renouvelables et les biocarburants de deuxième génération, les USA vont stimuler l’ouverture des nouveaux marchés qui manquent cruellement actuellement, et se positionner avantageusement dans les nouveaux secteurs de pointe de l’énergie renouvelable. Ils ont les moyens techniques de réaliser cette « révolution ». Et avec la menace du changement climatique, ils pénétreront même des marchés qui leur auraient été autrement hostiles politiquement.

    Quant aux banques américaines, inutile de se faire du mauvais sang pour elles: elles seront sauvées coûte que coûte. Les USA ont dans les mains un atout majeur: le contrôle de la devise de référence, que ni l’Euro au bord de l’éclatement et ni le Yuan – devise d’une Chine avant tout exportatrice, donc qui doit maintenir sa monnaie sous-évaluée – ne peuvent assumer. Les USA ont une possibilité presque illimitée de création monétaire, étant donné qu’ils sont la monnaie étalon.

    Il y a deux scénarii possibles:
    1) Ils sauvent les banques avec des emprunts locaux et aussi en empruntant aux fonds souverains (principalement à la Chine, mais aussi à l’Arabie Sahoudite, à Singapour, etc.) Ces fonds souverains préféreront de loin prêter leur argent à la FED que de voir la valeur du dollar US (et la valeur de leurs liquidités) chuter, ce qui serait le cas de la 2eme option
    2) Ils sauvent les banques par création monétaire, et ça cause de l’inflation, mais ça réduit le poids de leur dette, ça les oblige à acheter aux USA parce que leur monnaie est moins forte pour importer, bref ça relance leur économie mais ça fait tomber le marché mondial.

    Dans les deux cas ils sont gagnants, et je suis certain que tout le monde, Chinois et Américains, privilégient le scénario 1, ne serait-ce que pour la stabilité.

  17. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Leduc

    Je suis d’accord avec vous, je ne les vois pas, d’ailleurs cela prend exactement le sens contraire. Un rafistolage en guise de refondation.

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Mr Green

    Quelle est la part possible de l’industrie des énergies renouvelables ? N’avait-on pas déjà investi l’industrie informatique de la même mission ? Certes, ce sont des activités d’avenir, elles contribuent au PIB américain et peuvent le faire davantage encore. Mais de l’autre côté, la forte désindustrialisation du pays est acquise, avec encore un joyau, l’industrie aéronautique, et un cadavre sur les bras, l’industrie automobile. Quand sera-t-il si les USA diminuent comme prévu leur effort de guerre ?

    Qaund au dollar-Roi, vous avez raison d’expliquer l’intérêt pour beaucoup à ce qu’il ne soit pas dévalué. Mais ces mêmes pays qui ont intérêt à ce que le dollar reste stable pour ne pas dévaloriser leurs avoirs doivent aussi penser à l’avenir et diversifier leurs portefeuilles de devises. Même en le faisant en souplesse, progressivement.

    Il reste effecivement la création monétaire.

  19. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Vi,

    De plus ils restent la première puissance militaire ce qui diminue leur vulnérabilité aux attaques économiques internationales…via un sous-entendu pervers de risque de réaction guerrière.

    Pour l’instant…
    Car le Pentagone est en révolution.
    Le programme JSF capote…
    Le patron du bureau 3 est changé.
    In De DEfensa

    http://www.dedefensa.org/article-un_sacrilege_au_pentagone_25_02_2009.html

    Au Pentagone, le poste de n°3, – Under Secretary of defense for acquisition, technology and logistics, – est d’une réelle importance. On appelle la personne qui l’occupe “le tsar des acquisitions” (ou la “tsarine”?) parce qu’elle a l’autorité directe sur des sommes considérables (d’une façon générale, autour de $300 milliards par an) pour l’acquisition des systèmes d’arme des forces armées US. Dans un temps d’affirmation de restrictions non encore réalisées, de possibilités et d’intentions de réforme, etc., c’est un poste toujours aussi important et, en plus, extrêmement délicat et polémique. C’est pour cette raison qu’on attendait avec intérêt la nomination par l’administration Obama de son n°3 du Pentagone.

    Ashton B. Carter, qui fut au Pentagone avec le secrétaire à la défense Perry (1997-2001), sous Clinton, remplace donc John D. Young. Un homme paraît-il complètement (à peu près) indépendant des pressions directes des industries concernées, Carter, remplace un homme qui, venu de Lockheed Martin (LM), sut s’occuper avec zèle des intérêts qui comptent. Jusqu’à peu près aux derniers jours, Young fut un fidèle soutien du JSF, produit-vedette de LM, avant de prendre les précautions du dernier jour, avec un mémo désormais fameux où le même Young expliqua à son chef la catastrophe qu’est le JSF.

  20. Avatar de MrGreen
    MrGreen

    M Leclerc,

    J’ignore quelle sera la part exacte des énergies renouvellables dans le futur. Cette part dépend à la fois de décisions politiques (marchés et taxes sur le carbone) et du nivau de raréfaction de la ressource pétrolière. Toutefois, les infrastructures de production d’électricité aux USA sont viellissantes, beaucoup ayant plus de 40 ans, alors leur fin de vie est proche. Ce qui veut dire que le marché intérieur sera très fort dans les prochaines années.

    J’insiste de même pour dire que l’administration Obama poussera de plus en plus fort politiquement sur la lutte aux changements climatiques au niveau mondial (les visites de Clinton en Chine et de Obama au Canada le montrent). Cette volonté politique est à mettre en lien avec le plan de relance, parce que c’est leur tentative de stimuler l’ouverture d’un nouveau marché vert dans lequel ils se voient dominants.

    Je suis d’accord avec vous pour dire que le tissu industriel américain est très affaibli comparativement à ce qu’il a été dans le passé, mais dire que le seul joyau qu’il leur reste est l’aéronautique est un peu mélodramatique. Le PIB américain, c’est tout de même le quart du PIB mondial ! Ils sont encore dominants dans le matériel électrique (tiens donc !), l’agroalimentaire, l’électronique de pointe, l’informatique, les technologies militaires, la pharmaceutique, les biotechnologies, et j’en oublie sûrement. Ils disposent encore d’un puit énorme de ressources naturelles, et leurs principaux alliés fournissent ce qui manque. Ils sont le premier producteur mondial de céréales et produisent plus de nourriture que ce qu’ils consomment.

    Bien sûr ils sont pris avec une industrie automobile très mal en point, en faillite. Mais les plans de relance de GM et Chrisler vont dans le même sens que le plan de relance global: GM prétends pouvoir offrir 26 modèles d’hybrides rechargeables en 2014. Considérant que le parc automobile américain finira bien par se renouveller, même si c’est tranquillement, on peut penser qu’une partie du secteur sera éventuellement sauvée. Mais je ne pense pas que le l’industrie redeviendra ce qu’elle a déjà été. Elle sera plus modeste.

    Le retrait américain de l’Irak diminuera le budget militaire, mais l’industrie militaire ne sera pas affectée aussi fortement que vous le pensez parce que les coûts de l’opération Irakienne ne sont pas dans l’achat de matériel militaire (combien d’avions, de bateaux ou de tanks ont été détruits en Irak ?), mais dans les coûts d’opération: main-d’oeuvre, transports, intendance, sous-traitance (presque la moitié de la présence militaire US en Irak est privée).

    Que l’on me comprenne bien: je ne pense pas que tout est merveilleux aux USA, et que l’économie mondiale va redémarrer très bientôt. Je pense que le reprise se fera lentement quand on aura identifié un secteur suffisamment pesant avec des promesses de croissance intéressantes. Je pense que l’énergie verte sera ce secteur.

  21. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ MrGreen

    C’est vrai qu’ils ont de beaux restes industriels et agricoles dans de nombreux secteurs. Mais à les prendre un par un, tel que vous les énumérez justement, les colosses ont souvent des pieds d’argile. L’industrie pharamaceutique en est un exemple frappant. L’industrie aéronautioque et l’agroalimentaire sont lourdement subventionnés, directement ou indirectement. Seuls subsistent de solides les nouveaux secteurs, mais l’informatique a montré que les réussites pouvaient y être très éphémères. Qu’en sera-t-il demain des biotechnologies, par exemple ? Il est frappant de considérer qu’une des portes de sortie que vous évoquez est le marché du carbone, un marché financier.

    La puissance et la prospérité économique des USA appartiennent dans de nombreux domaines au passé, de nouveaux acteurs émergent. D’autant plus qu’il ne faut pas seulement produire, mais également vendre. Ce qui pose le problème, pour soutenir la consommation, de relancer à nouveau la machine d’endettement des ménages. Ou d’exporter sur des marchés de plus en plus concurrentiels.

    Non, décidemment, je ne crois pas que les choses soient écrites.

  22. Avatar de Mr Green
    Mr Green

    M Leclerc

    Je suis bien d’accord avec vous pour dire que tout n’est pas joué, loin de là. Et aussi qu’il faudra encadrer correctement le marché du carbone pour qu’il joue son rôle d’encourager les investissements dans le renouvelable.

    Je veux seulement pointer du doigt le fait qu’il n’existe pas de sortie de crise qui se ferait strictement dans la sphère financière, qu’un retour à la croissance implique de nouveaux marchés, et qu’il semble bien que les USA fassent le pari que ce nouveau marché sera celui des énergies renouvelables. Étant donné l’âge des infrastructure de production électrique aux USA, et l’avènement de la voiture rechargeable, ce marché a un bel avenir local. Son avenir sera d’autant plus fort que des initiatives politiques internationales et de l’argent public le supporteront. C’est ce qui est en train de se produire.

    Le pari des USA est de se refaire une force dans le département les biens de production, plus difficile à délocaliser, plus techno-centré, offrant de meilleurs salaires, en laissant la production des biens de consommation aux puissances émergentes. Ils ont le niveau de savoir qu’il faut, un exédant de main-d’oeuvre bien formée techniquement, les universités pour en former encore plus, les programmes de recherche et les infrastructures scientifiques nécessaires, et ils auront (enfin !) un réseau électrique digne de ce nom.

    Évidemment cela implique une nouvelle division internationale du travail, et à terme un affaiblissement du poids global des USA. Par exemple, la crise actuelle est probablement la dernière dans laquelle les USA auront le privilège de contrôler unilatéralement la monnaie étalon.

    Je ne pense pas que la comparaison avec le dot-com boom tienne la route ici. Les dot-com n’avaient aucun modèle d’affaires, plusieurs entreprises n’avaient aucune idée de comment elles allaient dégager des revenus. Le côté virtuel de l’internet permettant la copie illimitée de toute forme de contenu numérique a coupé l’herbe sous le pieds de toutes ces nouvelles entreprises.

    Avec le viellissement de la population en Amérique du Nord et en Europe, et avec le plan national d’assurances-maladie annoncé aujourd’hui, il me semble peu probable que l’industrie pharmaceutique ou biotechnologique américaine s’effondre, car ces deux tendances lourdes suggèrent plutôt un accroissement du marché de la santé. Je ne pense pas que les pharmaceutiques pourrons maintenir leurs prix si élevés dans le contexte actuel où l’économie ralenti fortement et où les revenus des retraités sont menacés, mais l’accroissement de la demande compensera la baisse de leurs marges bénéficiares.

    De plus, les biotechnologies seront au centre du développement des bio-carburants de deuxième génération, considérant le pic pétrolier actuel, c’est plutôt une bonne position à avoir sur les marchés.

  23. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ MrGreen

    Tout à fait d’accord avec vous à propos de l’importance des secteurs énergie et biotechnologie. Pour les laboratoires pharmaceutiques, je serais plus dubitatif, considérant qu’ils ont un virage très difficile à prendre. Quelle sera la contribution au PIB des nouveaux secteurs comparé à ceux qui sont irremédiablement en déclin et vont baisser ? Là est le problème. Le poids de l’industrie de l’armement devrait diminuer quant à lui. Nous ne sommes qu’au début de toute cette réorientation de l’appareil de production.

  24. Avatar de Jonathan Livingston

    Très intéressant cette discussion entre M. Green et M. Leclerc… On revient à l’économique…

  25. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Comme l’a justement noté François Leclerc, le développement d’un marché du CO2 à l’échelle mondiale relève de la solution financière, et je dirais même, néo-libérale, ou libérale, comme on voudra. On reste dans la logique du système autorégulé. La seule chose qui change, c’est que les « produits » échangés sur ce marché, sont des « droits à polluer » ! pour inciter à produire propre.

    Le marché des droits à polluer est une idée déjà ancienne lancée par Coase, promoteur de la théorie dite des coûts de transaction. C’était une première tentative de prise en considération des externalités négatives, en attribuant des droits de propriété à tous les agents du marché :

    « Coase condamne cette intervention (de l’Etat) qui modifie la répartition de revenus. Il suffit pour Coase d’attribuer aux agents du marché des droits de propriété sur les biens publics (ou communs), droits échangeables sur le marché. Par exemple, il faudrait instituer des droits de disposer d’air pur: si une entreprise pollue, les ménages environnants peuvent soit exiger l’arrêt de la pollution, soit vendre leurs droits a l’entreprise. Pour Coase, seul le marché est efficace pour gérer les externalités et l’État doit seulement garantir le respect des droits de propriété. l’État retrouve alors son rôle traditionnel, limité a la police et la justice. »(Wikipédia).

    Bref, cela reste un concept néo-libéral : on crée un nouveau marché, pour pallier aux inconvénients du marché, plutôt que de réguler, au lieu d’imposer par exemple une taxe carbone, ou en imposant de nouvelles normes écologiques, anti-polluantes. En modulant les intérêts des prêts accordés par les banques en fonction de la plus ou moins grande rareté des ressources, du caractère plus ou moins écologique des projets, comme il a avait été suggéré dans un billet invité. Bref, je reste très sceptique. De plus, si on pollue moins, on ne résout pas le fond du problème, à savoir l’augmentation globale des émissions carbonées au niveau mondial et l’épuisement des ressources non renouvelables, sans parler des autres sources polluantes dont il n’est jamais question, on se demande bien pourquoi d’ailleurs.
    S’agissant même de la mise en oeuvre du dit marché des « droits à polluer », le premier essai européen n’a pas été très concluant, c’est le moins que l’on puisse dire. Les lobbies ont tout fait pour que les Etats se voient attribuer des quotas par l’Unions européenne des quotas surdimentionnés. Résultat les objectifs sont loin d’être atteints !

    C’est peut-être une idée qui aura été nécessaire pour que s’effectue une prise de conscience réelle, à savoir que la santé, la biodiversité, l’air pur sont le bien commun de l’humanité et ne sont donc pas négociables sur le principe, mais avec cette idée de marchandiser le bien commun, on est encore loin du compte. J’espère me tromper, mais je ne vois mal comment ce qui n’a pas marché pour les marchés classiques, marcherait mieux avec le CO2. Et puis il y a toutes les dérives possibles, pourquoi pas des actions tritisées de CO2 ? Et la corruption ….Bref, pas convaincu. Néanmoins je ne suis pas spécialiste de la question, si quelqun a des précisions à donner sur cette question, je suis preneur.

  26. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Mister Green
    Etiez-vous habillé pour le printemps ?
    Les beaux discours restent des discours. Devant le congrès où Républicains et Démocrates se sont levés galvanisés, aux mots du président leur promettant de redevenir les meilleurs du monde, on aurait cru reconnaître la fièvre du dernier congrès de l’UMP où Sarko soit passé.
    Il faut 20 ou 30 ans pour rendre fonctionnel les idées. Où est le potentiel des USA.

    C’est le sens de la question que j’essayais de poser sur un fil à @Jonathan Livingston : la courte histoire du continent ayant eu du mal à l’imprégner, offre t-elle aussi suffisamment de souplesse d’esprit à ses habitants, pour pouvoir changer de paradigme du jour au lendemain ?
    Il m’arrive de croiser de jeunes états-uniens, entre 20 et 30 ans. Ils me parlent tous ( je n’ai peut-être pas de chance avec mes échantillons statistiques ) de musique, de T-shirt business, et de millions de dollars qu’ils vont se faire avec. Pour devenir les meilleurs avec du tel matériel et cette profondeur de réflexion, on n’est pas mal barré !
    Comment s’organise l’éducation dans une ploutocratie ? : on envoie ses gosses à Harvard. Et les gosses des autres devant la télé, que l’idée de consommer hamburgers et sodas ne leur sorte pas de la tête. Apparemment, jusque là, c’est parfaitement fonctionnel.
    Et cette belle prémonition de devenir le meilleur, connaissez-vous la stratégie ?
    Il ne suffit pas de travailler, les autres peuvent le faire aussi, donc il ne faut jamais oublier de tricher. Sinon, vous êtes seulement aussi bons que les autres. Le monde se porte bien, mais ce n’est pas le bon plan pour devenir premier de la classe.
    Rappel historique : Les USA deviennent une grande nation ( relativement )… parce que la première guerre mondiale a ruiné l’Europe et la Turquie. Ensuite, la deuxième guerre mondiale a reruiné l’Europe et le Japon. Vous voulez être le meilleur ? Il faut ruiner les autres, peu importe si vous n’en sortez pas en grande forme vous-même, l’essentiel est que les autres soient laminés. Sans ces guerres, ce pays que vous croyez merveilleux parce que vous regardez trop la télé, ce n »est rien d’autre que l’Australie en plus grand. C’est pas mal l’Australie. Mais elle a le même potentiel que l’Amérique du nord rapporté à son nombre d’habitant, moins le crédit que vous ne lui accorderiez pas.
    Pour devenir plus fort que les autres, je préconise la méthode Anglaise. Pour ne pas se faire avaler par l’Europe continentale, il a fallu diviser celle-ci, de manière à ce que les pays se détruisent les uns les autres, pour ensuite n’avoir qu’à ramasser les miettes. Ensuite, l’Angleterre s’est fait un plaisir d’exporter la méthode ailleurs, avec un grand succès en Inde. Chez les arabes, ça a moins bien fonctionné, d’ailleurs, ils y sont encore.
    Aux States, la leçon a portée, et vous avez de beaux stratèges comme Brzezinski qui préconise de retourner l’Iran contre la Russie, pour alléger leur facture militaire. La Perse, pays plusieurs fois millénaire, pas vraiment des perdreaux de l’année. Pas sûr que ça marche malgré 12 porte-avions à propulsion nucléaire.
    L’industrie pharmaceutique pour sauver la croissance? Vous livrer là une blague clé en main pour stand-up comedien : grâce à des bataillons de malades, on aura une économie fleurissante. Elle est fantastique. On dirait du Michel Debré

    Parlons énergie :
    Je vous rappelle quelques courbes postées ici même, la courbe croissance de l’énergie doit se trouver dans le faisceau :bavard comme des courbes
    A propos d’éolien, je vous fais un renvoi sur un commentaire, toujours sur ce blog
    Thelast, gentil intervenant sur ce blog
    Pour les carburants de 2ème génération, on sens le chimiste qui sommeille en vous, alors expliquez- moi en considération obligatoire du rendement, comment à partir de vieille paille, vous fabriquez de la chaine carbonée à mettre dans votre réservoir ? : fermentation ? Distillation sans source de chaleur ? Incantations ? Désolé si je suis brutal avec vous sur ce point, mais il me semblait que vous rapportiez les paroles d’un ministre tout droit sorti de l’ENA.

    Il reste le solaire : techniquement, on n’a pas encore atteint les 20% de rendement dans la transformation des photons. De plus, le bon ensoleillement c’est très vertical ( entre les deux tropiques ) sans nuage ( le désert ), et avec tout ces conditions optimums la puissance solaire arrivée sur terre,exploitable au mètre-carré, est un flux limité. Or, si vous avez compris les courbes rappelées en lien ci-dessus, ce sont des exponentiels d’où vous pourriez extrapoler les demandes en énergie futures. Avec le solaire, il vous faut recouvrir le Nevada et le Texas.
    Ouuui, me direz-vous, mais si on combine le tout, ça peut le faire. Les courbes sont des exponentielles, EX-PO-NEN-TIELLES, réclamées par la CROI-SSANCE ! D’autant plus si vous remplacez le parc automobile actuel par de l’électrique. Si il s’agissait de simplement couvrir la demande actuelle … facile ! Ce n’est pas le cas.

    Quand j’entends un président, fût-il étatsuniens qui me dit : «  We are the best ! And for ever, we will be, we shall be, the top of the best of the best of the spirit », je dis «  c’est ça Toto, dis le plus fort et en chantant, ça va marcher. D’ailleurs c’est bien parti avec l’éducation MTV »

    Bien sûr que je suis cruel avec vous, mais justement, puisque vous donniez le conseil de mettre de bonnes lunettes, c’est ce qui est visible. Rien n’est joué. Le jeu s’effectue en permanence, et certainement pas en livrant l’éducation au privé pour éviter le déficit publique, si vous voyez l’insinuation contre une quelconque ligne politique clamée par ci par là.

    Si c’est l’Amérique du sud qui finissait un jour par nous donner des leçons, n’en soyez pas surpris, ils ont été les premiers à comprendre qu’il fallait se débarrasser des idées de l’élite nord américaine.

  27. Avatar de Breakfast
    Breakfast

    Bonjour,

    C’est etonnant que personne ici ne lie plus(se) l’economie aux sciences sociales et plus particulièrement sociétales.
    Un des problèmes majeurs que nous allons rencontrer est la cohesion sociale, en France, en Europe surtout et probablement moins aux US.
    Il me semble que pour bâtir il faut un bon architecte, mais aussi que les ouvriers veuillent travailler ensemble. Or la crise aidant le chacun pour soi ou plutot le chacun pour ses proches refera surface.

  28. Avatar de Vince

    Certes rien n’est écrit mais enfin les chiffres sont là, -6.2% pour le dernier trimestre. La machine à s’endetter est K.O., le chomage explose, l’immobilier se dégonfle, les banques sont en état de quasi faillite – sinon pourquoi l’état envisagerait-il de les nationaliser ? -, seule l’industrie de l’armement s’en sort bien et continuera de s’en sortir tant que durera la guerre en Afghanistan (un bourbier militaire est toujours une excellente affaire pour les fabricants d’armes) mais cette industrie ne profite qu’à une minorité de la population.

    Surtout il ne faut pas oublier que l’homo-consommatus américain est responsable des deux tiers de la croissance de la première économie du monde, or un changement comportemental des foules n’est pas à exclure, auquel cas quand bien même la machine à s’endetter serait réparée cela ne changerait rien à l’affaire.

    Quid de la Chine ? On entend souvent qu’elle finance les Etats-Unis à elle seule. C’est un peu simplificateur : fin 2008 les Chinois détenaient 21% des bons du Trésor US (suivent le Japon et le Royaume Uni, deux économies plutôt mal en point). Si la Chine considère que son marché intérieur est suffisant pour assurer sa croissance alors elle n’aura aucun intérêt à continuer de soutenir l’économie US.

  29. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Breakfast

    La société va se charger de nous rappeller à l’ordre. Américaine ou autre. Soit en raison de la crise économique destinée à encore s’approfondir et durer, soit à cause de son inévitable « reformatage » qui s’en suivra. Plus ou moins d’inégalités sociales ? Plus ou moins de précarité ? Plus ou moins de distribution de la richesse ? Ce sont et ce seront des questions très concrètes.

  30. Avatar de Blob
    Blob

    >Vince

    Dans le cas de la Chine, il y a me semble-t-il une forme de rapport à l’homme, qui s’enracine dans l’anthropologie particulière de ce pays, qui paralyse l’extension à toute la Chine des mesures nécessaire à la stimulation de ce marché intérieur.

    Pour le dire en un mot, pour que ce marché soit correctement stimulé, il faut étendre à tout le pays le début de redistribution qui apparaît dans les villes. Or pour cela, d’un manière ou d’un autre, il faut rompre avec la structure de domination, hérité des millénaires d’existence de la civilisation chinoise traditionnelle qui est à la fois fortement inégalitaire dans son attitude et instrumentaliste dans ses méthodes.

    Il faudrait donc que les élites chinoises apprennent à reconnaître comme des hommes en tant que tel, et donc comme leur égaux les dominés de leur société, et non comme des rouages, que l’on utilise comme tel pour le fonctionnement de l’empire.

    Les nombreux projets de réformes sociales chinoises sont ainsi vu comme une multitude de projets d’ingénierie sociales, pensés comme des dispositifs de rétroaction macroéconomique visant à assurer la stabilité du Parti, et donc possédant comme point aveugle l’autonomie sociale et l’indépendance politique.

    Ce qu’il vaut voir d’essentiel, qu’avait pensé en son temps le CNR en France et qu’à redécouvert visiblement Amartya Sen, c’est que les progammes sociaux, s’ils contribuent à la stabilité économique et au bon fonctionnement du capitalisme sont AUSSI essentiel pour l’épanouissement de la liberté individuelle et donc aussi de la liberté politique.

    On voit ainsi que cela rentre à la fois en collision avec la position du PCC mais aussi avec la philosophie politique traditionnelle chinoise.

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