Dans le numéro du 4 mars de Télérama paraîtra un long entretien que j’ai eu ce matin avec Vincent Remy.
Vincent Remy m’avait envoyé hier une liste de questions dont nous pourrions discuter. En fait, la conversation a rapidement pris un tout autre tour et nous avons parlé de bien d’autres choses. Mais j’aimais bien ses questions, et je vous propose les réponses que je leur aurais offertes s’il me les avait posées.
Quel rôle a joué « l’argent » dans cette crise ?
Un rôle central : l’hypertrophie de la finance a fait que l’économie de l’argent a pris la place de l’économie productive. Des grandes puissances comme les États–Unis et la Grande-Bretagne se sont spécialisés dans le service financier, c’est–à–dire dans la manipulation de l’argent. L’argent est devenu la principale marchandise faisant l’objet d’un commerce.
A travers l’histoire, le rôle de l’argent a t-il changé ?
Il a été conçu comme instrument de taxation par les princes. Il est devenu fin en soi à partir du moment où sa distribution inégale en a fait une obsession pour tout le monde : pour ceux qui en ont trop peu bien entendu, mais aussi pour ceux qui en ont trop : en avoir moins demain qu’on n’en a aujourd’hui est là aussi devenu une obsession.
L’argent est-il toujours un étalon de mesure ?
Oui
Et que mesure t-il ?
Il mesure la richesse et la richesse, c’est un double pouvoir : celui d’acheter des objets et celui de faire des avances à ceux qui manquent d’argent, en échange d’intérêts. Comme la richesse ne fructifie que par le travail, l’argent c’est le pouvoir de subordonner le temps des autres à sa propre volonté et à consacrer son propre temps à tout ce que l’on veut plutôt que de travailler.
Dans une économie mondialisée, sophistiquée, l’argent a t-il toujours la même fonction ?
L’argent servait à obtenir des biens, des marchandises au sein de l’économie. Il est devenu le moyen d’obtenir plus d’argent au sein de la finance grâce à des paris sur les fluctuations des prix (la spéculation).
Des contrats comme les CDS sont-ils encore de l’argent ?
Non : ce sont des paris. Celui qui perdra devra trouver de l’argent pour payer le vainqueur. Ceci dit, ces contrats représentent bien entendu des sommes d’argent. Si l’on additionne toutes les sommes impliquées dans des paris, on trouve des sommes faramineuses mais cela ne signifie pas que tous ceux qui devront s’acquitter de leurs dettes le jour dit, trouveront l’argent nécessaire. De la même manière, si l’on additionne le prix de tout ce qui a un prix on trouve des sommes encore plus faramineuses mais cela ne signifie pas qu’il existe de l’argent en quantités suffisamment grandes pour acheter tout ce qui a un prix.
Que dit-on quand on dit que Bernard Madoff a fait disparaître 50 milliards de dollars ?
On dit qu’il a donné de l’argent a certains qu’il avait simplement reçu d’autres. Il a donné à ses clients A, celui qu’il recevait de ses clients B. Ce qu’il prétendait, c’est qu’il donnait à A et à B de l’argent qu’il avait fait fructifier ailleurs, autrement dit qui avait été ponctionné sur le labeur de certains C. Il affirmait à A et B être en train de voler C, alors qu’il ne volait que B pour payer A. Quand on dit qu’il a fait perdre 50 milliards, on veut dire que ses reconnaissances de dette vis–à–vis de ses clients ont ce montant. Il a probablement volé 30 milliards à B donnés à A et prétendu à A que leur argent avait fructifié de 20 milliards, ce qui n’est pas le cas bien entendu. Ceux qui se disent maintenant escroqués réclament non seulement l’argent qu’ils ont placé chez Madoff, mais aussi celui que celui-ci leur a fait croire qu’il leur avait fait gagner. Dans l’argent qu’ils affirment au fisc avoir perdu, les B mentionnent l’argent qu’ils ont effectivement perdu et les A l’argent que Madoff prétendait leur avoir fait gagner dans ses bobards. Pour les A, c’est un manque-à-gagner (un potentiel qui ne se réalisera pas) que l’on fait passer pour une perte (un réel qui a disparu). Même l’imagination a donc de la valeur.
Ou que la crise financière a entraîné la destruction de 37 T de richesse nominale ?
Certains ont prêté 37 T à d’autres qui ne pourront pas les rembourser. La richesse qu’on imaginait être là ne répondra donc pas à l’appel.. Les gens qui placent de l’argent sont tellement habitués à ce que d’autres travaillent à leur place, que le fait que l’argent rapporte leur semble posséder le statut de loi naturelle et ils sont tout surpris quand cela ne se passe pas comme prévu.
Doit-on assigner une autre place à l’argent ?
Oui : il faut le ramener au cœur de l’économie.
Limiter sa place ?
Oui : l’empêcher de sortir de l’économie.
Peut-on rationnellement lui assigner une place « juste » ou est-ce toujours un choix idéologique ?
Sa place juste est auprès de ceux qui créent la richesse dont il est le reflet. Est-ce idéologique ? Si l’on entend par « idéologique », qui remet radicalement les choses en question, alors oui : on s’est habitué à l’idée que l’argent aille par priorité à ceux qui le possèdent déjà : les investisseurs ou « capitalistes », qui prêtent l’argent qu’ils ont en trop en échange d’intérêts ou de dividendes (c’est la même chose) et aux dirigeants d’entreprises qui emploient des salariés qui sont eux les authentiques travailleurs, c’est–à–dire les authentiques créateurs de richesse.
Peut-on définir ou redéfinir une morale de l’argent ?
C’est difficile : le comportement rationnel vis–à–vis de l’argent est soit immoral, soit, dans le meilleur des cas a-moral.
Que sortira-t-il de cette crise ?
Un nouveau monde.
42 réponses à “13 bonnes questions”
limpide, comme d’habitude.
merci
excellent !
La crise en 13 questions, des réponses sans jargon et qui vont à l’essentiel.
Dommage simplement que cela ne paraisse pas en article dans la presse magazine.
AH si les partis politiques (très) réformistes pouvaient reprendre ce type de discours,
ils seraient beaucoup mieux compris et plus crédibles ! Et les conservateurs auraient du soucis à se faire 😉
Merci, (mais je lirais télérama aussi.)
oui, ce qui se conçoit bien s’énoncent clairement et…
merci !
que pensez-vous des complementary currencies ? pardonnez-moi si ce sujet a déjà été abordé sur votre blog…
http://www.er.ethz.ch/inspire/systemic_bank_crises
(…) allow several types of currencies to circulate among people and businesses to facilitate their exchanges, through the implementation of complementary currencies.
These different types of currencies are called complementary because they designed to operate in parallel with, as complements to, conventional national moneys. The problem is the monopoly of one type of currency, and replacing one monopoly with another isn’t the solution.
As Edgar Cahn’s work in Time Dollars demonstrates whenever complementary currencies begin flowing through the mainstream, this strategy will ensure also a much higher increase the degree of diversity and interconnectivity in the system, due to their ability to catalyze business processes and individual efforts that are too small or inefficient to compete for national currencies in a global market place.
This approach will certainly appear unorthodox to conventional thinking, but conventional thinking is precisely what got us into this trouble to begin with. This tactic can also resolve the dilemma of what to do now about today’s systemic banking crisis (…).
Les 50 milliards de Madoff, qui n’étaient évidemment pas en billets de banques (donc anonymes), doivent bien pouvoir être « tracés »: ces 50 m n’ont absolument pas disparu, ils ont seulement changé de main…
Super chouette !
Grand Kawabonga président !
Je partage l’avis général : excellent et limpide.
J’aimerai aussi que la crise debouche sur un nouveau monde (meilleur tant qu’a faire) mais je n’y croit pas trop.
Nous vivons actuellement une nieme crise financiere et le monde n’a jamais vraiment changé (de pauvres qui bossent, des riches qui encaissent leurs rentes et s’enrichissent encore plus – aucune crise n’y a jamais rien changé).
A moins que celle-ci soit la der des der, tellement destructrice qu’elle aura raison du capitalisme?
Wait and see…
Mr Jorion,
J’adore la manière dont vous résumez certaines situations (sans ironie de ma part). Ainsi:
» Que dit-on quand on dit que Bernard Madoff a fait disparaître 50 milliards de dollars ?
On dit qu’il a donné de l’argent a certains qu’il avait simplement reçu d’autres. Il a donné à ses clients A, celui qu’il recevait de ses clients B. Ce qu’il prétendait, c’est qu’il donnait à A et à B de l’argent qu’il avait fait fructifier ailleurs, autrement dit qui avait été ponctionné sur le labeur de certains C. Il affirmait à A et B être en train de voler C, alors qu’il ne volait que B pour payer A. »
C’est simple. Brutal. Mais ô combien exact…
Dans le même ordre d’idées, peut-être faudrait-il songer à écrire un « Petit lexique de la mondialisation, vue de la planète d’en-bas »? Après tout, c’est bien par le matraquage continuel de leur propre lexique idéologique que les imprécateurs de la « main invisible des marchés » ont gagné, pendant deux décennies, la bataille, sinon des idées, en tout cas celle des « élites » politiques, économiques & médiatiques.
Que l’on songe, par exemple, à l’usage de ce simple mot, « réformes ». Il n’y a pas si longtemps, ce mot nous était balancé à la figure quinze fois par jour. Il était littéralement impossible d’entendre, ou de lire, la moindre déclaration verbale ou écrite d’un quelconque expert, décideur, responsable politique ou économique, sans retrouver les (inéluctables, indispensables, nécessaires) « réformes » dans tous les paragraphes. Ce terme était devenu une sorte de « mot magique ». Dans le sens où il n’était même plus nécessaire d’en expliquer la signification, la teneur, la justification pratique ou économique. La « réforme » n’était pas contestable… par définition (devenue unique). Toute tentative d’en contester la nécessité, les motifs, ou les résultats aboutissant quasi-automatiquement à la remise en cause de… la totalité du système de pensée dont elle était la liturgie. Chose qui, évidemment, n’arrivait jamais. Aucun éventuel contestataire ne disposant jamais du temps d’antenne, ou des deux pages, que cela aurait nécessité.
Aujourd’hui, les « nécessaires réformes » (surtout celles du « marché », qui n’est plus, ô ironie, celui du travail), et, nous assistons, là, à un véritable miracle d’ouverture du carcan mental et terminologique, on en entend plus parler. Et pour cause. Car elles concernent, aujourd’hui, principalement, les « réformateurs ». Raison pour laquelle ils en ont instantanément abandonné l’usage quotidien.
Accessoirement, on gagne beaucoup à s’intéresser aux pratiques langagières des « marchés ». Certains termes des « investisseurs », de ceux qu’ils n’utilisent qu’entre-eux et dans leurs cercles spécialisés, sont très révélateurs de ce qu’ils font, pensent, et veulent réellement, en tant que groupe social. Prenez le mot « rally », par exemple. Vous ne le verrez jamais apparaître dans les grands médias. Mais souvent dans les médias spécialisées en bourse et en placements. « Les marchés s’attendent à un rally de fin d’année ». « Il y a eu un rally de fin de séance ». Tous les intervenants boursiers savent ce que cela signifie. Comment traduire autrement que par « un rally, c’est, littéralement une course éperdue au pognon facile entre lévriers boursiers, dont le vainqueur sera le plus malin, le plus joueur, et… le plus retors »? Ca n’est pas un terme rationnel. C’est un langage, d’initié, de caste.
Ca fait inévitablement penser à… la chasse à courre. Avec les spéculateurs et traders dans le rôle de la noblesse qui s’amuse. Les banquiers conseils, analystes & et autres « orienteurs de tendances » chargés de veiller, en bons rabatteurs, à ce que le gibier ne s’échappe pas. La meute des petits actionnaires « suiveurs » se chargeant d’aboyer fort (les « marchés sanctionnent ») tout en n’ayant guère conscience d’être des pions manipulés, eux-même aussi affolés qu’un troupeau de bisons en fuite. Enfin, évidemment, dans le rôle ingrat du gibier, les entreprises. Et, surtout, derrière elles, leurs salariés. Victimes sacrificielles d’une parodie de joute sans honneur, sans gloire, ni réelle possibilité de gagner. Dont la tête n’ornera même pas les salons des nobles financiers. Car aussitôt convertie en totaux bilantaires anonymes.
C’est ça, un « rally ». Mais combien d’entre-nous ont, enfin, pris conscience de n’être plus que le gibier sacrificiel d’une noblesse financière en quête perpétuelle de « fête », de « rally », et d’euphorie de l’accumulation perpétuelle? A bien des égards, cette « noblesse » évoque dans ses comportements de caste, son arrogance, son ivresse du pouvoir, sa certitude d’être au sommet par « l’ordre naturel du monde », la noblesse pré-révolutionnaire d’Europe. Connaîtra-t-elle le même sort?
Vous voyez toute la symbolique que peut contenir un seul mot? 🙂
Dans le même ordre d’idées, je vous conseille, si vous voulez vous amuser un peu, d’analyser la plupart des communiqués financiers & boursiers sous l’angle… psychanalytique. Ou sociologique. Vous verrez, c’est fascinant. Il n’y est question que de « craintes », de « peur », « d’inquiétude », d’être « rassurés », de « sanction », de « soulagement », d’attentes « déçues ». Très peu de termes positifs. Et, quand il y en a, on se croirait à la foire. « Envolées », « valeurs reines de la cote », etc…
Les types qui écrivent ces communiqués ne semblent même plus réaliser qu’ils parlent du quotidien des « marchés » comme s’il s’agissait… d’un être vivant! Mais, surtout, que si cet « être marché » devait être analysé en tant que tel, il devrait être considéré, au grand minimum, comme un dépressif profond. Voire pire. Un dépressif à tendance très fortement suicidaire. Comme nous avons pu le constater très récemment. Un dépressif qui, en sus, possède de nombreuses caractéristiques propres au toxicomane (besoin irrépressible d’euphorie permanente, addiction à des produits de plus en plus forts, incapacité à affronter le réel, perte du sens moral pour cause de financement de l’addiction, et, pour finir, danger réel pour l’entourage et la société). Bref, pas le genre de personne à qui vous confieriez la garde de vos enfants. Encore moins la gestion d’un commissariat de Police. Et, pourtant, c’est ce véritable cas psychiatrique qui est au manettes de commande. 🙂
Quelqu’un avait écrit « Ces malades qui nous gouvernent ». Il n’avait, semble-t-il, pas envisagé la suite: « Ces malades mentaux qui nous gouvernent ».
Et comment fait-on, nous, pour les enfermer, ceux-là? Sachant qu’ils n’envisagent même pas, de se faire soigner? Peut-on colloquer la finance parvenue au bout du chemin de sa folie? Vaste question…
A Fabrice:
« J’aimerai aussi que la crise debouche sur un nouveau monde (meilleur tant qu’a faire) mais je n’y croit pas trop. »
Mais si, il nous est de plus en plus donné d’y croire, le pessimisme tue la volonté. Il se rapproche le nouveau monde; Le meilleur des mondes peut être même… Attention cela dit, l’optimisme tue l’esprit.
Quant à la « der des der » l’Histoire associé à la référence… Tout un programme.
Je me permet une petite digression, une petite question:
Je ne doute pas que Obama soit l’Homme providentiel, mais vous n’avez pas le sentiment que son équipe économique a déjà suffisamment fait ses preuves sous le gouvernement Clinton? Ils ont quand même étaient les champions de la dérégulation (mise à mort du glass steagall act entre autre, c’est bien aujourd’hui que l’on voit les résultats).
En fin de compte ce n’était pas une digression, certains qui ont dérégulés hier nous vendent aujourd’hui LEUR régulation, celle d’un nouveau monde: surement; celle de LEUR nouveau monde: peut être
\o/ Paul, 100% d’accord avec tout.
Oui on s’en serait douté 😉
Lorsque vous dites:
» Limiter sa place ?
Oui : l’empêcher de sortir de l’économie. »
Je sens comme une réponse dite en se mordant la langue car on sait ou cela mène, ou plutôt ce que vous suggérez ensuite en parlant de moralité.
Comment sérieusement envisager que l’homme se contentera de regarder l’argent remis exclusivement au sein de l’économie sans tenter d’en tirer un profit personnel ?
Je prends le problème par tous les bouts et jusqu’à présent, étant donné que je ne pense pas qu’il faille s’atteler à changer la nature humaine pour garder l’argent, je ne vois pas d’autre solution raisonnable que cheminer vers un monde sans argent.
le dilemme étant que museler la nature humaine, même pour son bien, porte à la dictature à cause des déviances faciles qui frapperont les organes de contrôle avec le temps.
Donc faute de déplacer la source du mal autant la supprimer non ?
Les solutions les plus simples….sont les plus difficiles à faire entendre.
Au fait comment ce journaliste avec de telles questions peut arriver à faire une entretien sur « tout autre chose »… ?
il n’a pas eu du tout vos réponses alors ?
…
Bientôt, Télérama aura 13 fois 13 films sur la crise à commenter.
« Un nouveau monde », je l’espere aussi.
Mais ce qui me fait peur c’est par quoi on devra passer pour y arriver;
Une troisieme guerre mondiale ?
Une depression economique ?
De nouvelles dictatures ?
Des emeutes de la faim?
Il faut esperer que le changement se fasse tout « naturellement » ,progressivement sans heurs,sans qu’on s’en apercoive,
et pouf un matin,ca y est on est dans un nouveau monde….
mais j’en doute.
En tout cas bravo pour votre superBlog
W.
bonjour,
nous interpretons le passé,nous tentons de décrypter le présent avec beucoup de moderation, beucoup d’hésitations….mais nous assénons des qualificatifs grandiloquents, positifs ou négatifs, pour exprimer notre vision de l’avenir………il est tellement difficile de dire à ce sujet « je ne sais pas » « je ne sais rien » à ceux qui revendiquent peut être leur quête d’ un maître à penser, mais au fond d’eux-mêmes recherchent , cette fois-ci sans l’exprimer ouvertement, leur gourou
@ Paul
Vous vous plaigniez du manque de de référence à Marx dans l’une de vos réponses à un commentaire. Pourtant, son ombre plane. Parmi les causes évoquées de la crises financière, les inégalités figurent en bonne place. Patrick Artus a écrit dans le bulletin publié par Natixis, dont l’objet était le capitalisme financier, que les inégalités expliquaient le développement du crédit pour soutenir la croissance éconmique. Les économistes de l’OFCE tiennent le même discours.
On pourrait résumer le processus de la manière suivante :
– baisse du taux de profit au moment où les économies européennes et japonaise rattrappent le développement des E-U.
– pression à la baisse sur les salaires par de multiples biais dont le développement du temps partiel ; accroissement de la spécialisation internationale du travail qui prive de nombreux employés du secondaires de leurs emplois et provoque l’apparition d’un chômage de masse
– à l’échelle internationale : apparition d’un éxcès d’offre de marchandises auquel répond un excès de demande financé par le crédit car l’accroissement des inégalités salariales font que c’est la seule manière de soutenir la demande.
– intégration poussée de la Chine et, dans une moindre mesure de l’Inde, dans l’économie internationale. Les entrées de devises en Chine sont recyclées pour financer les déficits jumeaux américains. L’excès de liquidité maintient les taux longs à un niveau inférieur après le relèvement des taux par la FED en 2004. L’envolée des actifs supplée la répartition inégale des richesses et crée un effet richesse qui prolonge la stimulation de la demande.
@Paul Jorion
Pouvez-vous préciser certaines réponses,SVP ?
« L’argent est devenu la principale marchandise faisant l’objet d’un commerce. »
Pensez-vous qu’il soit possible de réorienter l’argent dans l’économie productive, et si oui, comment ?
(Peut-être, financer un grand nettoyage de la planète?)
« Comme la richesse ne fructifie que par le travail, l’argent c’est le pouvoir de subordonner le temps des autres à sa propre volonté et à consacrer son propre temps à tout ce que l’on veut plutôt que de travailler. »
Les animaux sauvages, trop habitués à la présence des hommes, ne peuvent retourner dans la nature au risque d’y périr.
Pensez-vous qu’il soit possible de faire travailler tous ces animaux sauvages de la Finance ?
(Sauf erreur ou omission involontaire de ma part, je ne connais pas de « penseur » ayant eu la nécessité de travailler.)
« Dans l’argent qu’ils affirment au fisc avoir perdu, les B mentionnent l’argent qu’ils ont effectivement perdu et les A l’argent que Madoff prétendait leur avoir fait gagner dans ses bobards. Pour les A, c’est un manque-à-gagner (un potentiel qui ne se réalisera pas) que l’on fait passer pour une perte (un réel qui a disparu). Même l’imagination a donc de la valeur. »
Comme la bonne vieille pratique bancaire de la « déchéance du terme » qui permet d’augmenter la créance/dette, des intérêts qui auraient été perçus jusqu’au terme convenu.
« salariés qui sont eux les authentiques travailleurs, c’est–à–dire les authentiques créateurs de richesse. »
N’est-ce pas une « bonne » raison pour Télérama pour ne pas publier cette réponse, et les autres ?
Votre billet n’est-il pas une chance pour Télérama de « rectifier » le tir, (si l’impression n’est pas encore lancée)?
En Guadeloupe, l’étroitesse de l’île rend impossible de se cacher, d’autant que ceux qui possèdent n’ont jamais eu la nécessité de le faire, ni même de travailler.
Finalement, aprés tant d’années de « liberté », les Guadeloupéens « désoeuvrés » par encore plus de chômage ne peuvent que constater que travailler ne leur est même plus permis.
« un nouveau monde »…
Est-ce mon désir que je prends pour une réalité, mais il s’agit d’une posture en « D » !
Bravo!
Bonjour,
Un nouveau monde…suivant qui entend ça l’interprétation peut aller de A à D, non ? Par contre, quand on le lit, c’est sec, abrupt, et si en plus on ressent le « sortira-t-il » de la question comme un accouchement, alors là, plus de doute, c’est le plan D qui se profile à l’horizon…non ?
Qui a une idée pour ce plan D ?
Merci!
Il reste une question:
d’où vient l’argent des très riches?
Ils l’ont « gagné » à la sueur de leur propre front?
Ils l’ont hérité de leurs ancêtres qui se sont enrichis en travaillant?
Ils l’ont volé au cours des pillages guerriers?
Ils l’ont détourné par influence de caste ou influence politique ce qui revient au même que la proposition précédente?
etc..
Il faudrait savoir..pour empêcher que çà recommence.
Après l’apocalypse; parce que s’il n’y a pas d’apocalypse le cycle crise/croissance recommencera avec les mêmes clivages .
Riches/travail mais il semble que ce « modèle » soit assimilable au PRINCIPE DE CARNOT!!
Source froide vs source chaude.
Ce qu’il faut c’est un déséquilibre cyclique sinon rien ne se passe.
Vincent Rémy n’aurait-il pas oublié la question 14: l’actionnariat n’est-il pas la forme nouvelle la plus répandue du « colonialisme »?
Vite! Aux abris
Bonjour Fab,
Vous l’avez déjà donnée vous même la réponse il me semble, le plan D c’est le système D à la Mad Max.
« Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France »
En filigrane de ce que dit Paul, qui ne fait plus dans la dentelle, il y a :
– Reprenons le pognon à ceux qui ont tout pris et rendons le à ceux qui en ont besoin.
C’est le plan RH comme Robin Hood le seul pour éviter le plan SqPG (sauve qui peu général) et son sytème D.
@BDphile
Les solutions trop radicales sont de fait les plus difficle à mettre en oeuvre et lees ne sont pas exemptes de dérives possibles. Plutôt que d’imaginer un monde sans argent (alors comment échanger autrement que par le troc et donc revenir 10.000 ans en arrière), pourquoi ne pas imaginer d’enlever aux monnaies conventionelles leur monopole mortifère? C’est complexe et à mettre en oeuvre progressivment mais cela recommence à marcher (comme toujous lors des grandes crises monétaires). Un exemple: http://www.lesoir.be/actualite/economie/une-monnaie-ancree-dans-l-2009-02-25-692530.shtml
@BDphile
Ou encore: http://www.lietaer.com/images/Trends_Tendances_Octobre_16,_2008.pdf . Mais oui, les monnaies complémentaires sortent peu à peu de la discrétion…
Soros a dit le 22 février que le système financier était désintégré (desintegrated). Il a déjà probablement envisagé une alternative à l’économie de marché tel qu’on peut l’observer sur les places actuelles.
En attendant sa solution, on fait quoi, on nationalise?
http://uk.reuters.com/article/businessNews/idUKTRE51K0AV20090221
[…] le Blog de Paul Jorion ce matin. Share and […]
@Fab
Pour moi, le plan D passe necessairement par l’impossibilité de s’enrichir sans travailler.
Cela suppose la suppression de toute forme de rente:
– 1) Interdiction de preter avec interets (des interets egaux à l’inflation tout au plus)
– 2) Suppression des dividendes (donc suppression du capital privé – ENORME consequence)
– 3) Taxation à 100% des plus-value, randant inutile toute spéculation
– 4) Limiter la rentabiliter de l’epargne à l’inflation (La loi impose => taux de l’epargne= taux d’inflation)
Bref, un monde ou il faut necessairement bosser (et donc produire puisque la finance est exclue) pour acquerir des richesses.
Quel modele remplirait ces conditions ?:
– Le point 3 et 4 peuvent etre facilement mis en place par la loi.
– Le point 1 suppose que le credit soit accordé exclusivement par des organismes publics. En gros, on nationalise les banques et on en fait un service public. Faisable.
– Le point 2 pose plus de problème : ca s’appelle de l’economie planifié et ca n’a pas franchement fait ses preuves…
Les nouvelles monnaies alternatives ne passent pas par les « bad » banques…
« Des monnaies alternatives à l’euro, destinées à encourager le commerce local, rencontrent un succès grandissant en Allemagne, et le « Chiemgauer », en Bavière, est la plus populaire d’entre elles.
Le but de ces monnaies, qui ne prétendent pas remplacer l’euro, est d’encourager le commerce régional tout en finançant des projets associatifs, comme des crèches, des orchestres ou des complexes sportifs.
Les billets, semblables à des bons d’achats d’une valeur de 1 à 50 Chiemgauer –du nom de la région du Chiemgau, à l’est de Munich– se différencient par leur couleur vive, et sont proposés au consommateur dans 42 points de vente de la région, au taux d’un euro contre un Chiemgauer (CHM).
Le consommateur fait ses achats dans les magasins locaux partenaires du projet. Ces entreprises, qui fidélisent ainsi leur clientèle, doivent verser 3% de chaque transaction à une association d’utilité publique.
Il existe actuellement en Allemagne et en Autriche 28 monnaies régionales, indique à l’AFP Christian Gelleri, directeur de l’association Chiemgauer.
Le Chiemgauer, considéré comme le plus efficace, fait le chiffre d’affaires le plus important et compte le plus d’utilisateurs. Depuis 2006, l’association est la seule à proposer un moyen de paiement électronique.
« La région n’est pas encore vraiment touchée par la crise, mais on constate que de plus en plus d’entreprises demandent à participer au système », dit M. Gelleri. Lorsque la crise se fera sentir, le nombre d’entreprises participantes va continuer à croître, estime-t-il.
Le Chiemgauer a l’avantage de s’ancrer dans l’économie réelle et d’éviter que la monnaie stagne sur des comptes en banque, a expliqué Klaus Kopp le vice-directeur de l’association Chiemgauer dans une émission télévisée. Il reste toujours en circulation et doit être dépensé rapidement puisqu’il se dévalue progressivement et est périmé au bout d’un an.
« Il y a une monnaie qui encourage l’économie régionale, et une autre qui est plus adaptée à l’économie globale », a-t-il déclaré . « Il importe, en ces temps de crise extrême, de ne pas tout miser sur un seul cheval. »
« Chaque Chiemgauer mis en circulation dans la région rapporte trois fois plus de chiffre d’affaires que l’euro, constate M. Kopp. Il reste plus longtemps dans l’économie réelle alors que l’euro est déposé sur un compte ou investi après 1,5 échange », a-t-il ajouté.
« Le consommateur sait qu’il y gagne une meilleure infrastructure régionale, les communes des impôts stables grâce à une économie régionale stable et les entreprises constatent le « fair play » du système: si les consommateurs achètent vraiment dans la région, ces entreprises sont prêtes à donner un peu d’argent à des associations », a expliqué M. Kopp.
« Pour moi c’est un instrument de fidélisation de la clientèle et j’ai avec le Chiemgauer définitivement plus de clients », déclare à l’AFP Alexander Jäger, vendeur de meubles à Traunstein, associé au projet depuis 4 ans et demi.
Les transactions effectuées avec le Chiemgauer représente environ 20% de son chiffre d’affaires. 5 à 10% des clients paient en Chiemgauer, rapporte à l’AFP M. Vachenauer, un épicier à Siegsdorf, membre du projet depuis un an et demi. « L’argent doit rester dans la région », ajoute-t-il.
Il y a trois ans encore, le projet lancé en 2002 par M. Gelleri pour financer un lycée, était souvent raillé, se souvient-il. Aujourd’hui, il est pris au sérieux, notamment par les hommes politiques et les chercheurs.
Le Chiemgauer, qui avait commencé modestement avec 20 entreprises et un volume de transactions de 70.000 Chiemgauer, touche aujourd’hui 600 entreprises, 180 associations partenaires et 2.500 habitants, pour un volume d’affaires de 3 millions, note Christian Gelleri.
« Nous avons d’un côté une situation de crise historique, de l’autre une situation historique pour les possibilités d’actions des citoyens », a conclu M. Kopp.
dépêche transmise par l’Agefi
@Paul Jorion
Je vous soumets quelques remarques à partir de vos réponses au questionnaire:
« […](L’argent)Il est devenu fin en soi à partir du moment où sa distribution inégale en a fait une obsession pour tout le monde[…] »
Analyse que je partage, à une nuance près, je ne suis pas persuadé du caractère obsessionnel (au sens psychologique du terme) de ce comportement, qui impliquerait une conscience du besoin. Il me semble plutôt que par le jeu de la culture (occidentale pour l’essentiel), la recherche de l’argent comme moyen incontournable de subsistance (avec tout ce que cette conception à d’absurde) est devenu un réflexe quasi inconscient.
L’expression « gagner sa vie » est typique de cet oubli de la fonction première de l’argent. Alors même que les peuples primitifs (d’Amazonie par exemple) nous démontrent qu’il est parfaitement possible de vivre sans recourir à l’argent (selon les cas il me semble que le concept même d’économie ne soit pas universellement mis en œuvre – à confirmer -), la « sagesse populaire » de nos sociétés civilisées le place au contraire comme condition sine qua non de la subsistance.
Dans un registre plus familier, on parle de « gagner sa croute ». Ici non plus, il n’est pas envisagé qu’on puisse « produire sa croute » par soi-même. Non, ce qu’on attend de l’individu est qu’il entre dans la grande spirale de l’emploi et de l’économie, afin d’en retirer de l’argent qui lui procure son moyen de subsistance. Ainsi, une activité telle que la production vivrière est totalement occultée.
Étant en contact direct avec le monde agricole, je suis toujours amusé lorsque j’en entends dire qu’ils « n’arrivent pas à vivre de leur travail »… Alors même que leurs élevages sont remplis à ras bord d’animaux tout ce qu’il y a de plus consommables, et que leurs champs couverts de céréales ou de légumes s’étendent à perte de vue. Cela dit j’admets oublier volontairement dans cette vision le fait que la plupart d’entre eux se sont endettés sur 40 ans pour acheter leurs outils de production. Victimes consentantes du système en quelque sorte…
« […]Comme la richesse ne fructifie que par le travail, l’argent c’est le pouvoir de subordonner le temps des autres à sa propre volonté et à consacrer son propre temps à tout ce que l’on veut plutôt que de travailler. »
Effectivement, il devient bien difficile à notre époque de se représenter que la barquette de produits surgelés exposée dans le rayonnage d’une grande surface représente le fruit du travail de plusieurs (dizaines?) de personnes. C’est pourtant bel et bien le cas. Quand j’achète un de ces produits, c’est effectivement le fruit du travail des autres que je monnaye. Aussi on doit en déduire que votre réponse implique tout individu appartenant à la société mondialisée, et pas uniquement les plus favorisés d’entre nous. Nous sommes tous, dans une certaine mesure, les exploiteurs de nos congénères. L’homme est un loup pour l’homme comme disait l’autre…
A propos des réponses aux questions 7 et 8 (Madoff et suivante), je crois comprendre que vous accusez à demi mot les investisseurs (voir les spéculateurs) de ne pas assumer les risques inhérents à leur activité. Par ailleurs il semblerait que les différentes actions de nos gouvernements tendent à leur donner raison, bien qu’ils s’en défendent. Dans ces conditions, pourquoi arrêter d’investir si tout risque est couvert? Question subsidiaire: FAUT-il mettre fin au système par investissement (si l’on souhaite mettre en place une société plus « morale » par exemple)?
« […]on s’est habitué à l’idée que l’argent aille par priorité à ceux qui le possèdent déjà : les investisseurs ou « capitalistes », qui prêtent l’argent qu’ils ont en trop en échange d’intérêts ou de dividendes (c’est la même chose) et aux dirigeants d’entreprises qui emploient des salariés qui sont eux les authentiques travailleurs, c’est–à–dire les authentiques créateurs de richesse. »
Finalement, la réponse à ma question précédente ne se trouve-t-elle pas dans ce paragraphe?
« le comportement rationnel vis–à–vis de l’argent est soit immoral, soit, dans le meilleur des cas a-moral. »
Peut-on en déduire que la réponse à la question « Comment mettre en place une société plus morale (au sens de plus juste socialement, par exemple)? » serait l’abandon de l’argent au profit d’un système d’échanges totalement neuf?
Ces extraits de vos réponses me font finalement penser au proverbe (dont j’ignore l’origine) qui dit: « Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas ». Il serait en effet temps que les dirigeants de tous ordres en prennent conscience…
Un nouveau monde ?
Votre blog nous donne une vision claire des choses et de ce qui nous attend.
Mais il ne propose pas trop de pistes de travail ou d’action aux simples citoyens qui ne sont pas économistes ou financiers ou encore responsables politiques pour faire venir sans trop de souffrances ce nouveau monde.
Oui que peut-on faire pour ne pas subir la crise en spectateur lucide mais contribuer à faire bouger les choses à notre petite mesure ?
@ Shiva et Fabrice,
Loin de moi l’idée d’un système D à la Mad Max ! Trop dangereux ! Plutôt un nouveau monde dans lequel l’économie aurait retrouvé son rôle d’outil, indispensable certes, mais avec des garde-fous et autres nouveaux cadres « à la » EC ou AJH ou JPL ou PJ…et laisserait sa place de pilier qu’elle a aujourd’hui à un nouveau « paradigme ».
Nos sociétés ont eu comme « occupation » la religion, la « royauté », la consommation… Les signes qui émanent du monde entier en grand nombre et depuis plusieurs années semblent montrer que la société de consommation a fait son temps, et qu’il nous faut trouver une nouvelle occupation. Tout simplement.
Alors, des idées ? Pour éviter que la posture D ne s’impose à l’insu de notre plein gré, et que nous nous retrouvions avec un système D à la Mad Max…avec (en plus ?) la pollution, le réchauffement climatique et autres problèmes écologiques.
@Alain
Concernant l’inventaire des monnaies régionales , l’agence Agefi relaye un reportage Afp , papier sympathique sur le
chiemgauer allemand lien http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=213370&PHPSESSID=d9cea914e2b595fea03e6beb2da50673
PS: A l’attention du modérateur
Cela évitera effectivement le collé un peu long . Sorry