L’actualité de la crise : Petits comptes d’une gigantesque crise, par François Leclerc

Billet invité.

PETITS COMPTES D’UNE GIGANTESQUE CRISE

S’il fallait tenir la comptabilité de la journée, afin de décrire les modestes pas en avant accomplis comme les prévisions désastreuses qui sont faites, cela donnerait quelque chose comme cela :

Une bad bank de créée,
Une good bank aussi, les deux en Grande-Bretagne,
Des nationalisations qui s’annoncent masquées, aux USA,
Une fusion bancaire française qui s’apparente à un sauvetage déguisé,
Une banque d’investissement allemande dans les entreprises, dont la création est pour l’instant démentie,
Un pays européen dont le système bancaire et la monnaie chancellent,
D’autres qui ne se sentent pas non plus très bien,
et
Une prévision impressionnante de recul de la croissance en RFA.

Norbert Walter, l’économiste en chef de la Deutsche Bank a prédit que « l’économie allemande reculerait de 5% (cette année), s’il y a une vraie reprise à l’été. Il est possible que cette reprise ne se fasse pas. C’est pourquoi un plus fort recul de la croissance est envisageable », a-t-il ajouté. Voilà qui, d’ores et déjà, donne une idée de ce qui va suivre, car la prévision d’une reprise cet été est tout aussi fiable que le vieil adage « Noël au balcon, Pâques au tison ».

Est-ce en raison de cette très fraîche perspective que le sérieux quotidien économique Handelsblatt a publié l’information selon laquelle le ministère allemand de l’Economie envisageait de créer une « banque pour l’économie », financée par les entreprises disposant de liquidités et coordonnée par la Fédération allemande de l’industrie (BDI), afin de répondre aux problèmes de liquidités des entreprises ? Thomas Steg, porte-parole du ministère de l’Economie, a immédiatement démenti cette intention, un tel projet ne pouvant relever que « d’entreprises qui mettraient sur pied une banque privée ». Il prend ses distances mais ne dément pas que ce projet circule. On verra par la suite.

Privée ou publique, la création de cette banque ferait pourtant écho aux déclarations tenues lundi à Paris par Jean-Claude Trichet, reconnaissant pour la première fois à ma connaissance avoir observé « les premiers signes d’une baisse de l’offre de crédit » en zone euro, signe incontestable d’une vision acérée et d’une franchise à toute épreuve. Il y a « certainement une grosse partie de cette chute qui est liée à une baisse de la demande, mais il y a aussi des signes montrant que la baisse du crédit est liée à des facteurs d’offre et à des conditions de financement plus restrictives… » a-t-il conclu en marchant un peu sur les œufs.

Autre approche plus d’envergure du problème, RBS et Lloyds, les deux banques britanniques en grande difficulté, ainsi peut-être que Barclays, vont selon le Sunday Telegraph bénéficier du lancement du plan déjà annoncé de garantie de leurs actifs, à hauteur de 500 milliards de livres. Ces banques seront ainsi garanties contre le défaut de paiement de leurs actifs toxiques et incitées à relancer le crédit. C’est tout du moins l’intention. Cette assurance de l’Etat, qui ne serait que partielle, les banques conservant une partie du risque, pourrait être payée sous forme d’émission par les banques bénéficiaires de titres qui donneraient droit à dividendes, mais pas au vote.
RBS, enfin, qui joue visiblement dans cette affaire le rôle de cobaye pour le gouvernement britannique, scinderait en deux ses actifs pour placer dans une filiale environ 300 milliards de livres d’actifs toxiques. dont elle veut à terme se séparer. Le dispositif détaillé de cette opération est complexe et ne fait pour l’instant que l’objet d’informations non officielles. Quoiqu’il en soit, RBS créerait ainsi avec l’appui des pouvoirs publics une bad bank, une vraie, la première d’une série selon toute vraisemblance.

Toujours selon le même plan d’ensemble, c’est Northern Rock, déjà nationalisée, qui jouerait dans ce dispositif le rôle de la good bank. La banque a elle-même annoncé qu’elle avait l’intention de relancer son activité de prêts immobiliers, afin de contribuer à la relance générale du crédit, et qu’elle mettrait sur le marché dans les deux prochaines années 14 milliards de livres de prêts, en s’appuyant sur de nouvelles aides de l’Etat, 10 milliards de livres selon le Financial Times. L’Etat débarrasserait également la banque de ses actifs toxiques, qui seraient logés dans la holding bancaire publique UKFI.

Le Trésor américain a lui aussi commencé à dévoiler ses projets, sous la forme d’un « plan d’assistance en capital », mais bien plus timidement. Non, il ne dit toujours rien à propos de la structure de défaisance mixte privé-public, dont les modalités de création et de fonctionnement restent inconnues, et cela pèse sur toutes les annonces gouvernementales. Mais, par contre, il a rendu public le cadre très général – et très politique – dans lequel il entend poursuivre son sauvetage des banques. Après avoir évalué les besoins en capitaux des principales banques (les fameux « stress tests), les banques en question seront invitées à rechercher des financements privés. Si la réponse du marché n’est pas à la hauteur, le Trésor interviendra alors. Habillage présentant comme une dernière extrémité ce qui sera la seconde marche quasi immédiate du processus. Les financements publics auront alors pour contrepartie des actions convertibles, sans droit de vote, « qui seraient converties en actions communes, seulement si cela s’avère nécessaire avec le temps, pour maintenir les banques correctement capitalisée ».

« Parce que notre économie fonctionne mieux quand les institutions financières sont bien gérées par le secteur privé, l’hypothèse forte du Programme d’assistance en capital est que les banques devraient rester aux mains du privé », conclut hypocritement le communiqué commun du Trésor, de la FDIC et de la Fed. Ces précautions de style étant prises, il sera prochainement possible d’annoncer ce que tout le monde attend et qui a déjà été dans ses grandes lignes publié par le Wall Street Journal et le Financial Times dès dimanche, la détention publique d’actions avec droit de vote de Citigroup (on évoque jusqu’à 40% de celui-ci). Et peut-être des mesures concernant Bank of America. Une fois de plus, la politique de l’administration Obama fait trop de politique et pas assez de finance, en se refusant à prendre le taureau par les cornes quand il s’agit du système bancaire américain. Un connaisseur de celui-ci, le Premier ministre canadien Stephen Harper, a été clair lors d’un passage lundi à New York devant les caméras de la chaîne Fox. « Nous sommes tous immensément préoccupés par le système financier américain et celui d’autres pays…Tant que ce problème ne sera pas corrigé, je ne vois pas très bien comment nous allons réussir à sortir de la récession dans laquelle nous nous trouvons actuellement ».

Il y a peu à dire du mécano à la française qui reste depuis le début des opérations extrêmement peu transparent, les banques françaises ayant réussi, tout du moins jusqu’à ce jour, à conserver ne serait-ce que l’apparence d’une relative bonne santé. L’Etat va injecter entre 2,5 milliards et 5 milliards d’euros dans l’opération de fusion partielle entre la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire, ce groupe devenant la deuxième banque française, chacune de ses deux entités devant annoncer des pertes au titre de l’exercice 2008. C’est donc l’Etat qui les renfloue par avance et sans le dire. L’avenir de Natexis, filiale commune d’investissement serait ainsi assuré. La formule des prêts subordonnés, ayant valeur de fonds propres selon les accords de Bâle, ne serait plus utilisée, au profit de celle d’obligations convertibles en actions. l’Etat contrôlerait, si cette option était activée et suivant les sources, de 11 à 23% du capital. Les méchantes langues, il n’en manque pas, pouvant faire remarquer que l’absence de contrôle de l’Etat sera, si la nomination en est confirmée, contrebalancée par la nomination comme PDG d’un des artisans de cette réforme, très proche conseiller du Président de la République. Il n’est pas certain que cette forme « soft » de soutien financier pourrait être conservée pour d’autres opérations, si la tempête annoncée en provenance des pays de l’Est se déchaînait. La forte exposition de la Société Générale et de la BNP Paribas dans ces pays est bien connue.

Toutefois, ce n’est pas la France mais bien la Suisse qui pourrait être en premier atteinte par cette crise dans la crise, si les plans de sauvetage de pays de l’Est qui ne sont aujourd’hui encore qu’à l’état d’ébauche n’étaient pas rapidement mis en place. Car la Suisse n’est pas seulement soumise à la vindicte du fisc américain, dont tous ceux qui ont eu affaire à lui se souviennent douloureusement qu’il est particulièrement redoutable et tenace. UBS n’est pas seulement prise en tenaille entre les autorités fédérales suisses et la nécessité de trouver un accord avec les autorités américaines pour ne pas perdre l’accès au juteux marché américain des « private equity » (fonds se consacrant à la restructuration des entreprises). La banque a aussi devant elle de nombreuses procédures judiciaires, suite au rôle qu’elle a joué dans l’affaire Madoff. Cela fait déjà beaucoup.

Mais le pire est peut-être à venir, pour elle comme pour le Crédit Suisse ainsi que pour le pays tout entier. Selon une interview de l’économiste Artur P. Schmidt au journal suisse allemand Tages Anzeiger, dont la traduction anglaise est publiée par le site contreinfo, la Banque des Règlements Internationaux (banque centrale des banques centrales) estimerait que sur les 200 milliards de dollars américains de prêts effectués dans les pays de l’Europe de l’Est, une forte proportion de ceux-ci ont été libellés en francs suisses, faisant courir un grand risque de dévaluation de la devise, si le taux de défaut de ces prêts devait comme probable grimper. Pire, selon Artur P. Schmidt, les dépréciations qui s’en suivraient dans les bilans d’UBS et du Crédit Suisse seraient supérieures au PIB de la Suisse. Il en découlerait que, comme l’Islande, la Suisse serait potentiellement en situation de banqueroute, la devise chuterait et pourrait même s’écrouler. La note de la Suisse serait fortement diminuée, surenchérissant d’autant le coût du crédit. Cela représenterait un traumatisme majeur pour le pays, conclut l’économiste.

D’autres pays seraient ébranlés par la crise, l’Autriche, l’Italie, la Suède, ainsi que la France dans une moindre mesure. Ceci en fonction de l’exposition de leurs banques respectives, car elles possèdent les banques des pays de l’Est qui sont devenues leurs filiales. L’exposition des banques autrichiennes est estimée à environ 80% du produit intérieur brut de l’Autriche. A remarquer que l’on utilise ce terme d’exposition comme si l’on évoquait les rayons ardents du soleil, eux aussi brûlent.

« Si cette catastrophe se déclenche, l’UE paiera. C’est certes louable, mais cela ne résoudra pas le problème, surtout si cette crise s’étend. L’octroi d’une aide financière sans un engagement ferme en direction de l’euro serait une politique irresponsable. Le chemin doit passer par l’Euro. » (traduction contreinfo) C’est ainsi que Wolfgang Münchau, l’un des éditorialistes du Financial Times conclut son papier dans le journal daté du 22 février. Il n’y va pas par quatre chemins et préconise un ralliement rapide de tous les pays de l’Europe de l’Est à l’euro, ce qui suppose « l’abandon de critères d’adhésion obsolètes », comme il le démontre sans appel. Les gardiens du temple de Bruxelles, dramatiquement inconsistants dans cette crise, appartiennent à une autre époque.

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41 réponses à “L’actualité de la crise : Petits comptes d’une gigantesque crise, par François Leclerc”

  1. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ A et Alain

    Cette fois-ci je ne prends pas de risque.

    C’est toute la donne qui est en question, même s’il est peu probable que toutes les conséquences soient tirées de la situation actuelle. Au moins peut-on espérer qu’il en sortira des solutions plus équilibrées. Notamment sur les contributions récirproques à la croissance de la demande intérieure et des exportations pour les pays émergents. Un nouveau monde, comme dit Paul Jorion dans une autre discussion, qui a bien raison de ne pas s’avancer d’avantage, et qui sera aussi celui des pays dits « développés ». Je vais essayer d’y revenir un peu plus tard.

    On assiste déjà à une contraction du commerce international, la question étant de savoir si cela est ou non conjoncturel. Cela remet à sa juste place tous ces appels à lutter contre le protectionnisme. Les mesures de cette nature ne sont rien en regard du recul enregistré.

    Quant aux financements qui sont ou vont être nécessaires, oui, des tensions énormes sont à prévoir. Et donc, aussi, la recherche d’autres solutions que l’accroissement de la dette publique ou la création monétaire des banques centrales. C’est un épisode à venir, ne bousculons pas nos gouvernants.

  2. Avatar de tomate
    tomate

    attn Mr Francois LECLERC :

    Merci pour votre commentaire sur les arbitrages financiers chinois.
    Je souhaiterai apporter, suite à la lecture de ce commentaire, ma réflexion et mon aide à nos frères chinois.

    En effet, pour stimuler leur économie intérieure, souhaitons que la chine nous copie: En france, il ya , enfin , de bonnes résolutions prises, ces derniers jours.
    Je veux parler des milles projets . Non pas que les milles projets soient de bons projets . ….
    Mais il y en a certains, qui s’inscrivent dans une logique d’anticipation.

    Prenons un exemple …. voyons …voyons…. aaaaahhhh ! Voilà :

    La RENOVATION des 75 CATHEDRALES . Voilà un bon exemple !

    En terme d’anticipation de la crise, voici une mesure cohérente, à l’attention DIRECTE du peuple .
    A défaut d’augmenter les salaires, smic, rmi et rsa….., diminuons les charges de nos concitoyens….
    Bien entendu, cela suppose de bien s’entendre sur le contenu de ces mises en chantier de rénovation…

    Si cela conduit à :

    1/ remplacer les chaises par des bancs dont l’assise est suffisamment large pour permettre à un de mes semblables de se coucher … sans se retrouver par terre, sur les pierres froides du sol, à chaque quart de rotation sur lui même, tout emmitouflé qu’il sera, dans sa couverture du 54° RT …. eh bien , c’est une bonne chose que cette rénovation!
    2/ l’installation de panneaux solaires sur leurs toitures , le tout relié à un dispositif de chauffage correct , maintenant une température constante de 16 ° à l’intérieur ( pour – 15° à l’extérieur ) . Voilà une 2 ème composante de rénovation bienvenue,… résultat visible d’une méthodologie bien conçue et mise en application…
    3/ Le remplacement de tous les carreaux et vitraux cassés …. et si possible par du double , voir triple vitrage… Car, actuellement,  » On se les pèle… là, dedans !!!AHHH, la vache !  » .
    4/ L’installation de wc et douches … idéalement à l’intérieur des cathédrales… à défaut , à l’extérieur, mais à proximité immédiate de l’entrée principale de chaque cathédrale ….
    5/ l’ouverture et l’accès permanent de ces cathédrales aux « nouveaux résidents ponctuels ». Et là , on créé un volume d’emplois pluri-annuels (contractualisés ou non) très importants . Faut juste se mettre d’accord sur une législation et règlementation spécifique, en concertation avec le clergé ( pardon la bénédiction du pape, du locataire principal des lieux – soit l’évêque ou l’archi-évêque, ses sbires ( pardon son équipe…), les associations locales ( nécessite une modification de la loi de 1901…elle est pas neuve celle-là!!!) les éventuelles ONG et OG ; enfin, les syndicats anciens (qui ne manqueront pas de créer des branches spécifiques pour être représenté dans ces futurs lieux collectifs ou la vie bouillonnera…) et les nouveaux syndicats ( CGCAF- Confédération Générale des Curés Apostoliques Franciscains , CGCAD – les même chose mais Dominicains, etc…. ) .
    6/ accorder , et donc permettre aux habitants de bâtir, à partir de matériaux divers ( palettes- tôles ondulées…), récupérés et glanés ici et là, en appui contre les murs extérieurs de la cathédrale – cf l’histoire durant le moyen age, en copie conforme;
    7/ Permettre une optimisation considérable, avec la mise en place d’un bureau administratif permettant de suivre précisément les 2 indicateurs suivants: le taux d’utilisation des monuments ( calculé en RNP – Réconfort net Partagé) et le taux de fréquentation ( nb d’heures / nb de personnes accueillies ) …entre autres.
    8/ Une dotation complémentaire significative de bacs à eau … et pas seulement située de part et d’autre après les portes d’entrée ( après l’anti-chambre…je veux dire!) …. et correctement approvisionné de leur contenu ( l’eau FROIDE, un anti-ride de première….) … ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui !
    9/des distributeurs automatiques multiples ( cotons tiges, papiers WC, dentifrices, lames de rasoirs et mousses à raser, antalgiques basiques, serviettes hygiéniques, baumes du jour …et du soir ! du henné, pourquoi pas….que sais-je encore????) .

    Alors je dis oui !!! ET ENCORE OUI !!!! Oui à « cette rénovation » immédiate des 75 cathédrales, car le besoin est urgent … Et puis c’est une vision , plus encore , une idéologie issue d’une volonté forte de Mr SARKOZY et de son gouvernement , à l’image de Mr le Général De GAULLE, avec le nucléaire civil et militaire …en son temps!

    On pourrait , par ailleurs, étendre ce projet aux églises, salles des fêtes ( hors mariages et bals costumés ou non …) …
    Alors, pour revenir à notre sujet, à savoir, les arbitrages que va devoir effectuer la chine, pour relancer ( maintenir???) son économie intérieure, il m’apparait qu’une étude sur le recensement de tous les monuments ecclésiastiques présents sur son territoire, et une rénovation des ce derniers pour une finalité similaire à celle envisagée par Mr le président SARKOZY, son gouvernement et ses sbires ( pardon ! ses conseillers … ) permettrait d’envisager la rénovation de :
    – 750 temples principals
    – 7702 1/2 temples secondaires ( 1/2, parce que celui-ci ne dispose pas d’une superficie totalement couverte et fermée …) ….

    Et là , la CHINE crée un nombre significatifs d’emplois… comme chez nous !!!!

    Maintenant , je dois, auprès de vous … je l’avoue…. me confesser :
    le doute m’habite !!!!
    « Pourquoi donc ? »:
    Le contenu de cette rénovation ….
    Attendons …. et voyons !

    Bonne journée

  3. Avatar de Alain
    Alain

    @François Leclerc

    Le taux d’épargne des ménages américains de négatif en 2007 est redevenu positif en 2008.
    Ils consomment moins, moins de produits, moins de produits made in China. La Crise de l’endettement, et même du surendettement, a été peut être comprise par les américains.
    Pour la Chine, c’est donc aussi moins de travail dans ses usines, moins de dollars qui rentrent dans ses caisses.
    Pour les USA, la vertu de ses citoyens lui pose une difficulté complexe : maintenir un flux suffisant de dollars vers la Chine pour maintenir le refinancement de sa dette gigantesque.
    On le comprend aisément, ce n’est pas simple, la temprance.
    Reste que le soutien de la Chine, à la croissance américaine, ne peut exister que dans le soutien de l’Amérique à la croissance chinoise.
    Pour le moment il semble que les américains, (au premier rang desquels le Président Obama), ne semblent plus aussi préssés « d’aider » la Chine.

  4. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Alain

    On parle souvent de la corde qui soutient le pendu. Qui est la corde, qui est le pendu ?

  5. Avatar de François78
    François78

    Le PIB des USA est (était, corrigez moi si je me trompe) de 14000 milliards de dollars, incluant 4000 milliards de dollars d’accroisemment de dette majoritairement privée. Le chemin à parcourir pour un simple équilibre est de 4000/14000 soit 28 % de PIB. Les dettes accumulées sont de 4000 milliards de dollars par an pendant 10 ou 15 ans soit 40 000 à 60 000 milliards de dollars.

    D’abord financier, le problème est devenu maintenant prioritairement économique, du fait des comportements individuels de protection, avec un impact sur la finance qui, en dehors de ses débordements, reste le sang de l’économie.

    On voit aux chiffres des plans de relance d’aujourd’hui que le chemin restant à parcourir est immense, long et difficile, sauf mesures exceptionnelles qui évidemment incluent une concertation au niveau politique voire stratégique, entre les USA et la Chine notamment.

    En restant dans la litote, les USA ont été à la fois naïfs, rapaces et imprudents, et les chinois trop pressés de « vaincre » sur foi de leurs seules performances, extraordinaires, voire anormales et peut-être en parties indues (je pense au mécanismes de délocalisation, dans une certaine mesure imbéciles).

    J’espère que c’est ce qu’on abordé Madame Clinton et les dirigeants Chinois, sachant que c’est maintenant les USA ET la Chine qui tiennent (peut-être) le destin du monde entre leurs mains. Pourvu qu’ils s’entendent …

  6. Avatar de Alain
    Alain

    @François Leclerc

    Peut être inversement, je me soumets à la notation pour devenir AAA+,…et je lève des fonds.

    Ma complexité n’a rien à envier à celle des modèles qui justifie le triple A.

    Je me note donc AAA+, merci.

  7. Avatar de AAA+
    AAA+

    C’est bien ce qui me laisse perplexe. La « grosse machine » construite par les deux protagonistes n’a pu fonctionner que dans la démesure.
    La « machine » s’est grippée. Des rouages sont certainements cassés. La réparer à l’identique n’est pas réaliste, (les moyens font défaut).
    C’est donc bien de créer une nouvelle machine dont il est question, et là je vous rejoins pourvu qu’ils s’entendent…
    Mais au fait pour faire quoi, tant les intérêts (financiers) de l’un sont si éloignés des intérêts (non financiers) de l’autre.
    Et dire que la même « grosse machine » a servi de modèle un peu partout dans le développement des pays émergents.

  8. Avatar de l'Attentif
    l’Attentif

    Bonsoir Messieurs Leclerc et Jorion.
    Peu présent et observateur de niveau moyen, je m’étonnes toujours que Monsieur Leclerc parle de RFA.
    Est-ce volontaire ? Est -ce pour nous nous faire réagir?
    Peu importe finalement, car pour moi cela nous raccroche au passé, donc devrait favoriser l’utilisation des expériences passées pour esquisser un minimum l’avenir de nous tous.
    J’apprécie de plus en plus votre présence Monsieur Leclerc et crois que vous formez avec Monsieur Jorion un sacré duo.
    Ma synthèse de ce blog est que le scénario de la crise était écrit, voire rédigé, pour peut être un petit nombre d’initiés qui en ont profité et d’autres comme vous qui nous en font part; Tout du moins pousse à nous forcer tous.
    Je crois que vous forgé un « esprit », un « cerveau » (je n’ai pas le bon mot qui me viens) collectif.
    Que ce « cerveau » puisse contribuer (à défaut de participer aujourd’hui activement) au tâtonnements de nos gouvernements et de leurs conseillers (de tous bords).
    Que vous soyez ou non consultés, le terreau que vous nous offrez me semble être fertile.

    Désolé de faire un commentaire peut être plus personnel que en lien avec le post.
    Mais la situation à tous niveaux des pays dits leaders G(x), émergents, sous développés, dragons etc (ou toutes appelations diverses et d’apoques) n’étant pas en bonne voie….. Je m’inquiète surtout pour l’Afrique qui reste toujours au ban des inquiétudes et vue comme à la traine, et que je n’ai vu nullement citée ou évoquée dans les « subs-conséquences » .
    Monsieur JORION, l’a évoqué il y a bien longtemps désormais cette Afrique (je ne sais pas faire les liens vers d’autres articles ou posts , veuillez m’en excuser), et je vous trouve Monsieur JORION soit encore trop sensible pour en parler soit en attente d’interventions de notre part pour vous y inciter.

    Continuez tous, je n’ai pas l’expertise de certains pour m’exprimer régulièrement sur ce site mais j’apprends et m’enrichis.

  9. Avatar de Blob
    Blob

    >François Leclerc

    Le taux de 8% permettant une croissance stable de la Chine est purement empirique: il corresponds semble-t-il à une situation où en dessous de ce taux, les entreprises sont déficitaires.

    La croissance chinoise depuis les années 90 est caractérisée par des taux de profit très faibles pour les entreprises industrielle chinoise (comme l’a montré Cheng Xiaonong) et un chômage urbain et rural très importants. A tel point que des économistes chinois lors d’un séminaire à Pékin en 2002 ont pu parler de « croissance en contraction ».
    Il faut voir que dans le contexte chinois, ce chiffre de 8% a plus une valeur politique qu’économique, puisqu’il est devenu un critère d’évaluation de la capacité et donc de la légitimité du PCC.

    Dans le système chinois en effet, ce taux de croissance sert en quelque de barème d’évaluation des cadres du PCC et de ses organisations locales, qui, pour avoir une promotion, doivent se soumettre aux ordres indicatifs du Parti.

    Du coup, ces cadres, afin d’arriver à un niveau tel qu’aucune sanctions ne viennent plus entraver leur carrière, ont tendance à « fabriquer » de la croissance.

    Pour un cadre local, il est ainsi inacceptable d’annoncer une croissance plus faible que celle de son voisin. Tout ceci contribue à manipuler les statistiques chinoises et à créer une situation perverse ou une part importante de la production, qui a été évalué à 1/4 de la production industrielle globale chinoise, provient d’industries irrégulières de faibles qualités.

    On arrive ainsi à une situation où la « bonne » industrialisation finit par être chassé par la « mauvaise », produisant des produits de faibles qualités et donc à la merci des donneurs d’ordre étrangers.

  10. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Blob

    J’apprécie beaucoup vos explications. Je ne connais pas la Chine comme vous, mais ce que vous décrivez comme fonctionnement rappelle sans excessive surprise la planification à la soviétique, que j’ai d’avantage fréquenté.

    Par ailleurs, les nouvelles de tensions sociales accrues, qui ont toujours existé mais qui reprennent de l’ampleur, sont de plus en fréquentes.

  11. Avatar de barbidur
    barbidur

    Mais, et si finalement nous etions au pic de la crise?
    J’entends çà et là dans mon entourage d’entrepreneurs exposés à l’international comme au national que les commandes repartent doucement et que les ventes se reprennent.
    Serait ce possible?

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