La belle époque où l’on pouvait encore collectiviser les pertes

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Le rejet de la vente de Fortis à la BNP par ses actionnaires est intéressant à plusieurs points de vue. Le premier, c’est la révolte d’investisseurs contre l’intervention d’un État tentant de sauver les meubles. Le second, c’est la mise en évidence du caractère démesuré qu’ont pris les empires financiers par rapport aux États qui les abritent. On pense d’abord à l’Islande engloutie en raison de son secteur bancaire hypertrophié, ou de la Belgique, poids plume financier quand on la compare à sa banque Fortis, mais il s’agit aussi de la Grande-Bretagne désormais incapable de porter à bout de bras son secteur financier, il s’agit enfin des États–Unis qui reculent devant la tâche de mettre en place une banque de défaisance qui mettrait en quarantaine la masse de ses produits de dette aujourd’hui trop dépréciés.

Les pertes causées par les bulles financières quand elles éclatent dépassent désormais en taille la capacité d’absorption des États et le monde découvre les conséquences à long terme de la privatisation des profits alors que l’issue de secours si pratique autrefois de la collectivisation des pertes a disparu de l’horizon des possibles.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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51 réponses à “La belle époque où l’on pouvait encore collectiviser les pertes”

  1. Avatar de maquis29
    maquis29

    Bonsoir,
    pourriez-vous commenter ceci (quantitative easing)?

    http://www.ft.com/cms/s/0/c85f7af2-f82e-11dd-aae8-000077b07658.html?nclick_check=1

    Impact sur les monnaies et mécanisme inflationniste.

    Merci pour votre travail. Ah la valeur travail.

    Un petit commentaire sur les complots et autres théories. Je n’y crois pas. Seuls chaos incurie arrivisme et lutte des classes expliquent la situation actuelle. C’est déjà pas mal. Warren Buffet a raison sa classe à gagner. Malheureusement pour notre petite planète c’est une victoire sans lendemain.
    Bon courage à tous et plus spécialement à P. Jorion pour ce qu’il crée.

  2. Avatar de bob
    bob

    C’est sur que si l’ambition des Etats c’est d’éponger les milliers escroqueries de milliers de traders et de milliers de vendeurs de titre « foireux », on va pas y arriver.

    Les Etats doivent se contenter de réamorcer l’investissement sur une production innovante et stratégique.

    Il serait donc souhaitable de planifier sur du moyen terme (disons 5 ans) par l’intermédiaire de fond public et donc probablement monter une banque publique.

    Une sorte de plan quinquennal libéral, transitoire bien entendu: pour le respect de l’économie de marché.

  3. Avatar de Tigue
    Tigue

    « la collectivisation des pertes a disparu de l’ horizon des possibles »

    Ceci au motif que le secteur déprécié pèserait beaucoup plus lourd que l’ état sensé le soutenir…

    Le problème est que le secteur déprécié est plus lourd que la totalité des états !
    Il ne tient qu’ aux gens de refuser d’ être mis en esclavage par un machin qui s’ est hissé au dessus des états, de tous les états !
    Et si tous se disaient en faillite, qu’ est ce que cela ferait après tout ?
    Qui s’ en plaindrait ?

  4. Avatar de dag
    dag

    « Le moment est venu en effet pour les monnaies de représenter la richesse effective, ce qu’elles n’ont jamais fait ou ont cessé de faire. Elles ont cessé de le faire quand la finance a ajouté au montant de la richesse constituée des biens produits, la somme des paris sur l’évolution des prix. Mais les monnaies n’ont surtout jamais représenté la richesse effective parce que le rôle qu’elles auraient du jouer n’a jamais pas été pensé avant qu’on n’en introduise l’usage. La richesse s’est jusqu’ici toujours évaluée localement et non à l’échelle de la planète.  » P Jorion 13 novembre 2008

    Depuis l’an dernier , rien n’a changé , les états sont débordés par ces prêts en dernier ressort qu’ils croient devoir mettre en place et au niveau international : quid du FMI , de la BRI , du G20 , de Mr Bank Ki Moon …est-ce qu’une monnaie panier ou quelquechose de similaire est si difficile à mettre en place ? vous évoquiez le silence des matheux , est-ce à ce sujet là ?

  5. Avatar de DTX
    DTX

    A mon avis la réponse que vont apporter les Etats concernés se résume à la monétisation de la dette…
    Il n’y pas d’autre solution pour éviter la faillite des Etats…
    l’Europe, enfin surtout l’Allemagne, hésite encore…
    mais pour combien de temps ?

  6. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    “la collectivisation des pertes a disparu de l’ horizon des possibles”, cette remarque de Paul Jorion est le pire des constats, pleinement justifié, qui soit possible. Que je n’osais formuler, préférant me réfugier derrière l’idée, pourtant peu encourageante, qu’il allait être possible de provisoirement retomber sur ses pieds. La dynamique de cette crise n’est pas prête d’être maitrisée.

  7. Avatar de jonas
    jonas

    Stp, depuis le 6 fevrier contreinfo n’affiche plus de nouvelles, est ce que quelqu’un peut me dire si on a encore bloque ce site. reponds moi stp, ce serait navrant si ce site est bloque

  8. Avatar de BDphile
    BDphile

    Les monnaies aussi vivent et meurent.
    C’est pas irremplaçable.
    Ce sera remplacé.
    par une autre monnaie.

    Le problème n’est donc pas là…dévaluation…inflation..changement de gré…de force…
    pas dans les monnaies à un instant T,
    peut être plus dans ce qu’EST LA monnaie en générale.

    Changer les variables qui en font la justesse, la force, le chiffrage,…ça ne change en rien ce qu’elle EST pour l’être humain.
    Nouvelle monnaie, même dépendance.

  9. Avatar de jpg
    jpg

    La faillite d’une génération hédoniste entraîne les suivantes dans l’abîme.
    Il est bien dommage que la culture alpiniste ne soit pas plus répandue dans nos élites 🙂
    Mais trêve de plaisanterie , plus un cent pour les banquiers !!!

  10. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    « Je propose que les pays à revenus élevés, emmenés par les Etats-Unis et les pays riches en réserves comme la Chine et les pays exportateurs de pétrole, rassemblent 2.000 milliards de dollars dans les cinq années à venir, environ 1% du produit intérieur brut des pays riches, pour aider les pays pauvres ».

    Voilà ce que Justin Yifu Lin, économiste en chef de la Banque Mondiale, très alarmiste sur la situation de l’économie mondiale, a déclaré lundi à Washington, pour proposer la mise en place d’un « plan Marshall » mondial.

  11. Avatar de DTX
    DTX

    est ce la même chose d’avoir une dépendance au jus de fruit ou une dépendance à une drogue dure ?
    bien sûr nous serons toujours dépendants de la monnaie mais la nature même de notre dépendance est primordiale…
    depuis l’abandon de l’étalon or, le système monétaire international reposait sur le prisme du dollar
    nous sommes arrivés à l’extrême limite du système, il implose sous nos yeux…
    sur quoi reposera t’il maintenant ? un panier de devises ? de matières premières ? que sais je encore ?
    Mais la réponse à cette question conditionnera la nature même de notre dépendance et par là même notre bien être…

  12. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Bonsoir,

    Aider les pays pauvres et aider les pauvres des pays riches aussi ?

    Pays pauvres en quoi ? en pouvoir d’achat ? écrans plats ? cliniques privées pour véritables pierrots des faubourgs du gai Paris ? mégasupermarchés ? distributeurs de billets ? …

    Pauvres en crises des subprime ?

  13. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    La valeur d’ une chose n’est t-elle pas le fruit du mariage entre sa rareté et son besoin?

  14. Avatar de Moi
    Moi

    “la collectivisation des pertes a disparu de l’ horizon des possibles”

    Quelqu’un pourrait-il m’expliquer cette phrase? N’est-ce pas ce que l’on est pourtant en train de faire? Même si la perte dépasse le PIB d’un état, celui-ci ne devra-t-il pas la combler quitte à devoir faire travailler sa population pendant des décennies?

  15. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    L’économiste en chef de la Banque mondiale ferait mieux de demander l’interdiction de la spéculation, ce qui éviterait les émeutes de la faim. Les plans de relance, très bien, mais on ne voit pas en quoi cela pourrait résoudre une crise systémique.

    Même son de cloche du coté de l’Ecole d’économie de Paris, dont un des professeurs, Philippe Martin, prix du meilleur jeune économiste de France, ne trouve rien d’autre à dire dans son dernier papier au journal Libération qu’il faut un plan de relance global et que le protectionnisme est dangereux. Bref, aucun rappel sur les causes de la crise, tout sur la relance. Comme si le plus urgent était d’alimenter la chaudière du bateau en perdition, plutôt que de lui indiquer le meilleur cap à suivre. Bien entendu, comme il existe un Samu pour la santé, il faut des aides pour ceux qui vont prendre la crise de plein fouet. Mais c’est bien le moins que l’on puisse faire. La science économique officielle est bien en crise, elle aussi quand on voit l’indigence de sa pensée.

    Aujourd’hui tout « citoyen honnête » du XXI siècle sait pertinemment que la présente crise est systémique et comporte plusieurs dimensions, toutes corrélées, et que par conséquent nous ne en sortirons pas avec des remèdes classiques, même à la puissance 10.

  16. Avatar de iGor milhit

    Dire qu’il n’y a pas si longtemps, on a entendu parler de la fin de l’Histoire, alors que s’ouvre l’aventure, l’exploration de terres nouvelles, inconnues.
    C’est peut-être le rythme qui est pénible, le rythme de la transition, ça change, ce n’est déjà plus comme avant, on ne sait toujours pas comment ce sera.
    On ne sait plus s’il faut espérer remettre la machine en état de dysfonctionner, ou qu’elle se disloque entièrement… Dans les deux cas on est dans une drôle de situation.
    Mais peut-être que notre espèce est capable de tout quand elle perd ses jouets inutiles… Il y a un gros ras-le-bol de ce monde, non? Inégalités entre classes, entre l’Occident et la majorité des humains… Des extrêmes richesses et de l’extrême misère qui rendent la vie psychique de tous assez peu enviable…

    Réapprendre à vivre. Tout un programme!

    Seulement, il y a aussi l’aspect sécuritaire, je veux dire cette orgie de moyens militaires, armées privées, polices, polices privées, prisons, prisons privées… ça va pas aider… Elle a un côté Dr. Strangelove cette crise.

  17. Avatar de LIONEL
    LIONEL

    Pour les BANQUES L estimation de leurs « bad assets »afin de s en défaire conduit dans un premier temps a avouer a quel point elles sont ruinées ;la valorisation des mauvais titres tenus par ces banques conduirait comptablement a prouver leur insolvabilité!la seule réponse a cette crise est de nationaliser CITI bank,BANK OF AMERICA ETC…FASTEN YOUR SEAT BELTS!

  18. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    La privatisation des profits versus la collectivisation des pertes n’est plus possible.

    On arrive au noeud du problème.

    Comme toujours en semblable situation cela commence à sentir la révolution.

    On en reparlera en octobre 2009 puisque (selon moi) c’est à partir de ce moment que nous commencerons à entendre
    les chants les plus beaux, ceux que l’on dit aussi les plus désespérés.

  19. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ François Leclerc

    Les « pays riches » sont décavés. Il faudrait apparemment recapitaliser leurs banques à hauteur de 3.600 milliards de dollars pour les rendre (à-peu-près) solvables. C’est déjà impossible. 2.000 milliards de plus pour les pauvres ? Sont toujours aussi brillants, à la Banque mondiale…

  20. Avatar de Alotar
    Alotar

    Conflit de générations? N’est-ce pas comme cela qu’il faudrait aussi le comprendre? Une génération d’après-guerre, qui a connu l’expansion de la reconstruction, et qui vit des rentes de ce capital. Vieux et belgicains? À partir du moment où il n’y avait plus grand chose à reconstruire (1975?), la finance prend de plus en plus la place de l’économie. L’État-providence a laissé la place à l’individualisme concurrentiel. Les générations suivantes, qui doivent payer la dette creusée par les vieux, il ne faut pas le cacher, vivent – certains survivent – de la générosité ou plutôt de la charité de cette génération dite des « 30 glorieuses ». Il n’y a plus rien à (re)construire, le monde est bouché sans débouchés. En attente de missions…
    Les (petits) actionnaires sont pour la plupart de cette génération de la reconstruction de la Belgique après la guerre 40-45. Le sens de leur existence, étant lié à l’idée « Belgique », ils s’accrochent encore à cette illusion; ils ne comprennent pas que comprendre les Flamands, autrement dit respecter ces Flamands, passe par un renoncement à cette Belgique, devenue un ectoplasme.
    Bref, voir l’histoire et la temporalité comme partie prenante aux enjeux en cours?

  21. Avatar de scaringella
    scaringella

    “la collectivisation des pertes a disparu de l’ horizon des possibles”,

    Franchement, ça ne tient pas debout de dire ça. Les pertes sont collectivisées, toujours. Seule la manière change. Les actionnaires de Fortis qui refusent le rachat vont collectiviser les pertes non plus par de la dette d’état mais par leurs propres pertes donc de la baisse de consommation donc du chomage/misère donc de la dette d’état. Quelle différence au bout du compte???? Aucune. Pour dé-collectiviser réellement les pertes il faudrait saisir les biens des escrocs et les donner à ceux qui se sont fait escroquer. C’est la seule chose qui ne sera pas faite. Sauf quelques exemples pour amuser la galerie. Et les ammendes iront dans les caisses de l’état et tout de suite àprès dans la caisse des …. banques pour … renflouer la faillite. Le monde financier n’est pas séparé de la collectivité. Les patrons qu’ils soient politiques, industriels, financiers ou autres sont la collectivité autant que le chomeur et autres miséreux. L’état en France c’est aussi les grandes banques, les grandes industries et tout le reste. Ce sont les mêmes personnes qui les dirigent. Intouchables (jusqu’à ce que le peuple est suffisamment faim pour …..). Donc collectivisation des pertes.

    Par exemple l’argent prété aux banques doit rapporter un interet a l’état. Tout le monde applaudi. Mais qui paie les intéréts aux banques pour payer les intéréts à l’état pour payer l’intérét de la dette????? Les clients finaux, nous, vous etc … C’est donc un impot déporté sur un longue chaine de paiement d’intéréts. C’est donc la collectivité par l’impot déguisé qui DONNE de l’argent aux banques pour survivre. L’état ET les banques ET les industries c’est la même chose, la preuve en est que TOUS ne peuvent que se financer sur les marchés financiers.

    Pour réllement dé-collectiviser les pertes, il faut quelles ne mettent pas en danger la collectivité. Il faut donc d’abord limiter la quantité que chacun peut possèder. Ce qui en même temps accroitra le nombres d’échanges (et non pas la masse de quelques échanges comme dans la globalisation) et donc la richesse de beaucoup de gens et non pas seulement de quelques uns.

    BHO est allé voir en Floride les miséreux. Formidable entend on. Ah bon???? Moi ça m’a fait penser aux séances de doléances des seigneurs du moyen-age. Les états, banques, industries sont menées par les mêmes personnes qui ne laisseront pas leur place. Les pertes sont déjà collectivisées sinon comment des gens qui avaient un plan 401K et une maison pourraient ils maintenant faire la manche???

    Par contre même si ils ont perdu un peu, pour la plupart des gens comme Paulson et autres, tout va bien. Pour BHO aussi, merci.

  22. Avatar de Jean Luc D
    Jean Luc D

    Bonjour,
    tout d’abord merci pour votre blog.
    On parle ici de collectivisation des pertes et donc j’imagine d’augmentation de la dette publique.
    Mais qui sont les créanciers de cette dette publique ?
    merci

  23. Avatar de Yves
    Yves

    @ tous
    Ces nouveaux templiers des temps modernes, que sont nos financiers, au service du Dieu (Diable?) argent ont bien un trésor quelque part?

    Qui sera leur Philippe Le Bel ??

  24. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Yves,

    Un nouveau Moïse avec les troisièmes Tables de la Loi. Ils étaient bien encore devant Le Veau d’Or, non?

  25. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ JJJ

    La référence à un plan Marshall est toujours significative, lorsqu’elle est rencontrée, d’une très grande catastrophe appréhendée et d’une intervention massive, en l’occurence publique, réclamée. C’était ce que je souhaitais d’abord en retenir.

    Ainsi que l’idée d’une participation au financement de ce plan par les pays « excédentaires », Chine, pétroliers… Nous allons assister à une nouvelle « émergence »;dans le vocabulaire de la crise, celle des « pays excédentaires », qui vont être beaucoup sollicités. Non sans raison, ils pourront assortir de leur intervention de quelques conditions. Ils ont les cartes en main, comment vont-ils les jouer ?

    Suivons la liste des pays actuellement visités par les dirigeants chinois pour en avoir une première idée…

  26. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Un plan Marshall dans les conditions actuelles de limitations « écologiques » me semble inenvisageable. C’est seulement en re-localisant les productions (les rendant plus « locales » ) qu’on peut espérer que l’humanité se sortira de cette crise

  27. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Air du Verseau

    Ce qui est étonnant dans cette crise, c’est précisement l’écart que l’on observe entre les remèdes évoqués, les difficultés de leur application, et le sentiment de plus en plus partagé que ces remèdes n’en sont pas ou ne vont pas au fond des choses.

    L’exemple, parmi d’autres, des nationalisations bancaires est exemplaire. Des analystes, qui n’auraient au grand jamais évoqué cela avant en viennent à dire que c’est inévitable, et pourtant cela ne se fait (toujours) pas. D’autres, un peu en embuscade, savent que cela poserait de facto une redoutable question: nationaliser, pour en faire quoi, au juste ?

    Nous sommes en train d’assister, et de participer, au démontage d’une machine dont il était interdit de la mettre en cause. Les évènements se sont chargés de lever l’interdit. Le caractère inextricable de la crise demeure.

  28. Avatar de Loïc Abadie

    « Les pertes causées par les bulles financières quand elles éclatent dépassent désormais en taille la capacité d’absorption des États »

    Voilà (enfin !) écrit ce qui constitue LE point essentiel de cette crise. Tant que cette évidence ne sera pas reconnue et prise en compte, les solutions proposées ne seront que du vent ou des sparadraps permettant de gagner quelques semaines ou quelques mois.

    Cela signifie en particulier :
    – Que les nationalisations ne résoudront pas le problème (qui a été créé par les politiques étatistes et keynésiennes d’expansion du crédit précédentes), mais aggraveront encore la situation.
    Désolé pour les nostalgiques de la nationalisation, mais le système entier étant massivement insolvable (dette totale US : 51 000 milliards de $, dette en excès > 35 000 milliards), ce n’est pas le fait de renommer « citigroup » en « US state group », « bank of america » en « bank of US state » ou « general motors » en « US state motors » qui changera quoi que ce soit à la situation.

    Les dettes seront toujours là malgré le changement de propriétaire, et l’état US avec ses 2500 milliards de recettes annuelles et son budget qui n’était même pas à l’équilibre pendant la période faste d’avant crise n’aura jamais les moyens de garantir les montagnes de pertes qui vont déferler (les subprimes, CDO et dérivés de crédit ne sont que la partie émergée de l’iceberg, avec la récession qui s’amplifie, toutes les catégories de prêts, sans exception, vont être attaquées).
    Si l’état tente malgré tout de devenir le prêteur en dernier recours de tout le système jusqu’au bout, il deviendra à son tour insolvable (ou produira une monnaie « zimbabweenne », ce qui revient au même), et nous aurons alors une catastrophe sans limites et une situation sociale incontrôlable à la place d’une crise grave.

    La seule solution raisonnable consiste à mettre en oeuvre une liquidation la plus ordonnée possible de la montagne de dettes en excès (et surtout pas de « relancer le crédit »), ce qui suppose :

    – Qu’il faut accepter que les faillites jouent leur rôle et participent de façon importante à liquidation des dettes en excès et que ceux qui ont pris trop de risques paient les conséquences de leurs choix.

    – Que les garanties de l’état, quand elles seront vraiment indispensables pour limiter l’effondrement du système (bank run généralisé), soient les plus limitées possibles, et soient associées à des négociations systématiques avec les créanciers visant à dévaluer leurs créances, donc à réduire les dettes (Vous voulez que l’état garantisse vos créances parce que vous avez peur que votre emprunteur fasse faillite ? ok, mais dans ce cas nous vous les rachetons à prix cassé, 50 ou 60% de leur valeur initiale, et c’est à prendre où à laisser).

    En clair, tout doit être mis en oeuvre pour réduire le montant des dettes dans le système économique, au lieu de chercher à l’augmenter comme le font les keynésiens en ce moment.

    – Qu’il y ait la mise en place d’un filet de secours minimal (le « revenu d’existence » dont je parle dans mon blog), ce « filet de secours » permettant simplement la survie et n’étant en aucun cas un outil permettant de vivre confortablement sans rien faire (sinon nous aurons dans la société au moins 95% de gens qui choisiront de ne rien faire et le système s’effondrera complètement).
    Ce filet de secours étant associé en contrepartie à une flexibilisation très importante du marché du travail (seule solution pour relancer le marché de l’emploi en temps de crise).

  29. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Même dans un système bancaire qui serait moins pourri que celui dans lequel nous somme actuellement le simple fait d’une baisse d’activité mondiale serait très difficile à supporter puisque le système de monnaie de crédits impose une augmentation permanente des crédits en cours pour payer les intérêts.
    Comme les banques n’ont plus beaucoup d’actifs nouveaux à monétiser, ca va encore être plus difficile.
    La « solution » ( juste une idée, je n’ai aucune prétention de détenir la solution) ne serait-elle pas l’abandon de tous les actifs financiers, une réévaluation de tous les actifs physiques (les « vrais » actifs), et leur financement direct par une création monétaire centrale.
    Ainsi les banques commerciales perdraient leurs actifs pourris en même temps que leurs actifs « pas pourris »: les mauvaises banques deviendraient des « bad banks » , et celles qui survivraient deviendraient des « good banks »

  30. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Je serais presque d’accord avec Loïc Abadie sur la solution ( à partir de  » La seule solution raisonnable  » et sauf la dernière phrase concernant la flexibilité)… par du tout sur son analyse des causes de la crise.

    Mais après les effets de son plan, il faut au contraire une vraie politique de relance keynésienne, avec de la création monétaire centrale (et gratuite), qui soit totalement orientée vers les besoins d’économie d’énergie et de développement raisonné nécessaire pour la suite de l’aventure humaine. Ca sous entends de supprimer la bourse et la possibilité de spéculation financière et boursère.

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