Billet invité.
AUTOUR DU POT
Avec les déclarations de Timothy Geithner de ce jour, l’administration Obama donne l’impression d’augmenter la mise, avec des effets d’annonce destinés à impressionner, mais elle continue en réalité de tourner autour du pot. C’est également le cas des Européens, au sortir de la réunion de Bruxelles des ministres des finances de l’Union européenne, à propos des modalités d’encadrement d’éventuelles bad banks, une perspective évoquée pour le moment en Grande-Bretagne, RFA et Belgique.
Aux USA, il est dorénavant annoncé une enveloppe pouvant aller jusqu’à 1.000 milliards de dollars, au lieu des 200 initiaux acquis dans le cadre du TALF, afin d’aider le crédit à la consommation et aux petites entreprises. Vraisemblablement sous forme de garanties de la Fed, à l’exception, sans doute, d’une petite partie prise en charge par le Trésor. Le curseur de la création monétaire semble donc avoir été relevé par rapport à ce qu’annonçait ces jours derniers la presse américaine.
De nouvelles injections de fonds fédéraux sont prévus dans le système bancaire, sans que les montants et les conditions d’attribution n’en aient été précisés. On a seulement appris qu’un trust (une fiduciaire) allait regrouper les prises de participation de l’Etat.
Nouveauté également, une structure à capitaux mixtes public/privé, dotée de 500 milliards de dollars, serait crée en vue d’inciter les investisseurs privés à acheter les actifs douteux des banques.
Enfin, un plan logement destiné à éviter de nouvelles saisies immobilières continue d’être à l’étude et sera prochainement annoncé.
Au final, l’impression qui se dégage du plan est qu’il exprime beaucoup d’intentions, mais celles-ci devront se concrétiser. Et que les mécanismes complexes qui sont prévus devront être précisés pour devenir opérationnels. Et, enfin que la Fed se révèle comme prévu, très largement mise à contribution, afin que le Trésor ne le soit pas.
Auditionné mardi par la Chambre des représentants, Ben Bernanke, président de la Fed a d’ailleurs simultanément justifié l’importance des engagement pris par la banque centrale en déclarant que « les risques financiers inhérents aux crédits accordés par la Réserve fédérale ont été, d’après moi, largement dépassés par les risques auxquels le système financier et l’économie auraient été confrontés si nous n’avions pas agi ».
Du côté européen, les très grandes lignes de mécanismes d’encadrement du rachat des actifs douteux on été annoncés lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion des ministres des Finances de Bruxelles. Il appartiendra à la Commission européenne de les concrétiser dans les semaines à venir, a-t-il été précisé. Un double objectif a été poursuivi, éviter les distorsions entre Etats et réduire les coûts qu’ils pourraient avoir à supporter. D’où l’idée de règles communes et d’une valorisation des actifs douteux selon une « approche correcte et cohérente ». Les commentateurs traduisent cette dernière formule en parlant de l’adoption de valeurs au plus près de celle du marché, ce qui n’est pas très explicite dans le contexte actuel, sauf à dire qu’elles seraient valorisées selon à un très bas niveau. Impliquant des dépréciations de la part des banques, puis des recapitalisations. On n’en sort pas. Il va falloir attendre pour en savoir plus, là aussi.
39 réponses à “L’actualité de la crise : Autour du pot, par François Leclerc”
@Bob,
Vous dites :
« Sans démocratie, pas de capitalisme
Sans capitalisme, pas de démocratie. »
Cela me semble une conclusion un peu hâtive. Une démocratie sans capitalisme est-elle possible ? à approfondir…
En tout cas Sans démocratie pas de capitalisme…je crois que les faits vous donnent tort. La chine est une dictature et le capitalisme s’y porte très bien…
Je crois d’ailleurs que cela prouve comme le démontre Naomi Klein dans son excellent ouvrage ( le capitalisme du désastre) que le capitalisme sous sa forme néo-libérale se porte d’autant mieux que le contexte politique est dictatorial (l’exemple du Chili comme premier laboratoire des Chicago Boys est de ce point de vue tout aussi prégnant).
Je crois que lorsque qu’on assène ce genre d’affirmation , il est important de développer une argumentation visant à l’étayer.
Sinon les mots ne sont que des slogans publicitaires…
@Bob,
J’ajoute que l’entiereté de votre commentaire et particulièrement votre analyse de la crise, vont totalement à l’encontre des propos développés sur ce blog.
Particulièrement par Paul.
Je suis hallucinée de constater que malgré les nombreux post de Paul, vous puissiez encore nous enfumer avec des inepties du genre :
« Je rappelle naturellement que le capitalisme évolue par crises successives pour se réorganiser, c’est le cas actuellement ».
Le tout est à l’avenant…
Avez-lu un seul des livres de Paul concernant cette crise ???
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Par contre, on ne pourrait pas se poser la question suivante: y a-t-il démocratie dans un monde capitaliste? Si la démocratie se réduit à désigner quelle est l’équipe qui va protéger les privilèges d’une petite élite, alors pas de problème.
Il me semble pour le moins qu’après la crise des années 30 et ses suites désastreuses, pendant un certain moment on a eu affaire à un monde un tant soit peu plus démocratique qu’aujourd’hui. Peut-être que je me trompe…
Mais peut-il y avoir démocratie dans un système qui croit que le bien général soit la somme de intérêts individuels et égoïstes? Il me semble qu’un livre de l’auteur de ce blog touche la question…
Enfin, personnellement, je me demande sérieusement de quelle solidarité je suis capable… Solidarité. En Suisse, l’Assurance Vieillesse et Survivant, qui fonctionne par répartition, s’est brûlée les doigts en bourse! Comme c’est amusant! Le parlement de chez nous lui avait donné le droit de jouer au casino une partie de ce qu’elle possède… Quelques 18% ont disparu… Et ce n’est que l’AVS en CH, pas un fond de pension aux USA. Sympa le parlement… Sinon pour financer l’AVS, notre parti socialiste (qui, parce qu’il participe au gouvernement depuis 1959, est un parti « bourgeois ») propose, non pas d’augmenter les salaires, les cotisations patronales… non, non, mais d’augmenter la TVA…
En CH, il y a aussi ce qu’on nomme le 2e pilier pour les retraites, et là c’est par capitalisation. En ce moment ça perd pas mal. Mais demandez à un syndicaliste de chez nous ce qu’il pense de fermer les fond par capitalisation pour tout axer sur la solidarité intergénérationnelle… On va pas faire peur aux petits capitalistes quand même! Ben non…
Enfin voilà, si on veut changer quelque chose, c’est bien de réfléchir, certes, mais je me demande aussi comment on va faire le poids si on ne se sert pas un peu les coudes… D’où ma question: de quelle solidarité suis-je capable?
Mais suis-je sot. Il y a bien quelques uns qui s’interrogent sur une Constitution pour l’économie… C’est donc que la démocratie est un objectif. Un projet. Un dessein intelligent, si l’on veut, encore que je me demande si l’expression est heureuse, parce qu’elle renvoie à certains obscurantistes, non?
Alors dans cette constitution, y aurait-il un endroit où on pourrait préciser: l’économie est au service de l’homme. Je fais le ménage chez moi pour le plaisir d’y vivre, pas comme un but en soit auquel je devrais sacrifier mon existence…
Au service des besoins humains. Besoins, désirs, je sens qu’on va me refiler des liens sur un modèle… 🙂 mais bon, aux services de quels besoins devrait-on atteler l’économie? La propriété privée ou le droit au logement? Les jeux olympiques ou la lutte contre la faim? Les centres de rétention ou la liberté de mouvement?
@ 2casa,
Je comprends bien votre point de vue. Mon commentaire n’était pas pour minimiser les difficultés de certains, mais peut-être pour dédramatiser une situation qui, pour moi, dans le réel est encore fort théorique. Mais bon, je crois qu’il y a là une différence culturelle que tout français débarquant dans mon pays finit par réaliser: ici, le râlage est moins populaire et on aime les optimistes, c’est l’Amérique! Je vois encore des boulots dans le journal, y a de l’argent dans mon compte de banques, pour le moment, dans le monde que je côtoie, du monde bien ordinaire, pas d’alarme encore, je cherche un boulot que je suis confiant de trouver… Évidemment, la situation pourrait se détériorer si la catastrophe annoncée se produit. Une grande dépression…
Je pourrais bien avoir à recourir à la soupe populaire aussi… Ça m’embête même assez parce que je suis allergique aux produits céréaliers et plein d’autres produits alimentaires qui demande que je contrôle chaque aspect de mon alimentation, bref pour moi la soupe populaire signifiera aussi d’être malade en plus… Mais bon, la soupe est au moins là… et s’il venait à en manquer, nos pays sont encore assez organisés pour y voir. Notre tâche est d’être à l’affût et de revendiquer la décence.
Cependant, je vous dirais, pour avoir eu pendant des années des ennuis de santé et dû vivre de l’aide sociale (RMI), j’ai pu constater qu’avec des enfants et en famille, on y arrive. Seul, la prestation pour se loger et se nourrir est ici (Québec)en tout cas ridicule, bref il faut aller à la soupe populaire et ce, même quand l’économie va bien. Ici, l’aide sociale n’augmente pas du tout depuis des années et, j’oserai dire à cause d’une certaine démagogie que la classe moyenne travaillante et payeuse de taxe gobe, qui fait qu’on est très réprobateur face à des soit-disant profiteurs du système. Pour avoir fait un mois dans ma vie dans ces conditions, malade et en plus aidé d’un copain pour le logement, je reste toujours sidéré de l’avis moyen de la populace à ce sujet bon an mal an. D’un côté, on nous médiatise la situation des sans-abris qu’on aide et de l’autre on honnit les gens sur l’assistance sociale en leur donnant une prestation si faible qui les mettent à la rue… Bref, j’étais outré bien avant la crise…
J’en conclue qu’il faut mieux être en difficulté pendant les crises qu’en temps de prospérité économique, au moins on porte attention à ceux qui en ont besoin.
pour confirmer ce que dit jonathan livingston : http://www.commongroundrelief.org/
perso, je me sens si stérile dans mon costume de petit-suisse 🙂
mais les actifs dits toxiques ont quelle espérance de vie? en principe ça devrait être des créances émise par des sociétés au bord de la faillite, ou non? et quand elle feront faillite, qu’est-ce qu’on va revendre?
le cout de ses actif serait de 4000 milliards, Obama vient de déclarer qu’il ne le sortirait pas des poches du contribuable (comme l’espéraient les marchés financiers), ses 500 milliards alloués sont une misère, et le privé..où on va trouver des investisseur sur de junk bond qui justement ne trouvent pas preneur?
n’est-il pas en train de tourner autour du pot en attendant de pouvoir nationaliser les banque? n’est pas cela que craignent les marchés?
il me semble que les marchés boursiers se fichent éperdument de l’économie réelle, qui représente globalement 40 fois moins que les mouvements de capitaux, et les bourses sont bien plus sensibles au ventes à découvert de titres en dollar (quand les bourse baissent le dollar monte et vice versa, m’a semblé)
mais bon, il y a bien des chose qui me dépassent!
@ Scaringella,
Je n’aime pas que vous détourniez ce que je dis, mais bon c’est une manière de faire du style.
Je ne crois pas que la faculté de se tromper, de se mentir à soi-même pour se disculper, que la malhonnêteté ne soit de l’ordre de l’inhumain, mais des tendances fort humaines que chacun rencontre en lui-même s’il n’est justement pas complaisant!
La cupidité et l’égoïsme aussi sont des aspects de la psychologie humaine qui ont leur face positive. Sans une once de ces aspects en soi, les gens hyperdépendants abuseront de votre bonté, de votre effort, de votre travail sans aucune honte. La liberté, c’est aussi de pouvoir dire non à l’autre qui veut profiter de mon labeur… Dans un monde d’abondance, sans rareté, l’utilité de ces tendances naturelles est moins pertinentes évidemment…
Évidemment certains humains ont besoin de se faire rappeler qu’autour d’eux il en existe d’autres et que la condition humaine requiert un certain partage…
Je vois après coup en vous relisant que mon commentaire réagissait à une impression laissée par finalement vos commentaires… Vous portez beaucoup de jugements (voleurs, escroquerie, ami du pouvoir, etc.) et faites une interprétation fort peu expliquée à l’endroit de gens fort imprécis…
Comme vous, je suis en désaccord avec la distribution de la richesse actuelle, n’en doutez pas. Cependant, j’ai du mal à voir clair au milieu de jugements à l’emporte-pièce qui met dans le même sac tous les acteurs d’un système et cherche à en faire justement des êtres démoniaques qu’il faut détester. La permission que vous vous donnez d’interpréter mes propos est assez remarquable à cet effet.
Accepter de démoniser, c’est accepter les procédés du religieux, et on s’approche tranquillement de l’esprit des bûchers, ça ne pose problème… Bref, j’essaye autant que possible de m’en garder… Il importe avant tout de garder le contact avec la réalité… La peur sans validation d’un danger dans le réel est du délire…
il faut bien sûr lire dans mon dernier commentaire: l’esprit des bûchers, ça me pose problème…