L’un des programmes du plan américain pour tenter de sortir de la crise est le Term Asset-backed Securities Loan Facility, ou TALF, au budget de 200 milliards de dollars. Le programme prêtera des fonds aux institutions disposées à acheter des titres adossés à des prêts étudiants, des prêts automobiles, des dettes de PME ou sur cartes de crédit. Les meilleurs candidats sont des hedge funds. Malheureusement, la plupart sont domiciliés dans des paradis fiscaux. Le Wall Street Journal en date d’hier nous apprend que la nouvelle administration a trouvé le moyen de tourner cette difficulté.
Ouf on respire ! Nul doute que la solution se trouvait dans le projet de loi déposé en 2007 par Mrs. Levin, Coleman et Obama en vue de l’élimination des paradis fiscaux en question !
129 réponses à “Rions un peu – Les paradis fiscaux (II)”
Je viens de lire avec délectation ce combat des chefs entre Etienne et Julien… et vraiment, je pense que Julien a raison. Les banques commerciales ont bien, c’est écrit, le droit de prêter les dépôts (c’est vrai qu’il est difficile de savoir de quels dépôts il s’agit.)
Donc, imaginons que Julien, vienne verser 100000 euros par un virement dans la banque A ( en provenance d’un autre compte qu’il détient dans une autre banque, mais c’est sans importance pour cette histoire)
Le banquier va pouvoir offrir 90000 à Etienne qui a fait la demande d’un prêt. La banque inscrira donc dans sa comptabilité 90000 euros supplémentaires contre une simple créance sur Etienne . Julien et Etienne seront l’un et l’autre persuadés que le chiffre, au crédit de leur compte, représente bien leur « pouvoir d’achat »… et c’est vrai : la banque a bien créé de la (fausse) monnaie en prêtant les dépôts.
Mais Julien, qui est intelligent, ne peut quand même rejeter d’un revers de main les affirmations de Galbraith ou de tous les « contradicteurs » (ceux qui pensent que la banque émêts de la nouvelle monnaie scripturale en émettant des prêts nouveaux). Julien n’a pas non plus pu prouver que la banque « prête les dépôts à vue » (je ne parle pas ici de tous les dépôts, seulement d’une partie, car il est bien évident que si vous déposez votre épargne en banque, avec ordre au banquier de la faire fructifier, dans un livret de dépôt quelconque, il va prêter ce dépôt en empochant la différence des intérêts..)
D’ailleurs Galbraith explique
Donc, je reprends: Paul se pointe à la banque et demande un prêt. Sur ces 190 000 que la banque a maintenant sur ces comptes d’Etienne et de Julien (que cette monnaie soit « fausse » ou non) … elle va pouvoir prêter (selon ce que je comprends de tous ceux, dont Galbraith, qui expliquent que les banques peuvent créer de « purs crédits » par une simple inscription sur leur actif et leur passif) par un acte de « création monétaire » nouveau, 190 000 x 90% = 171 000 à Paul
Total « créé » (difficile d’utiliser ce terme… je veux dire « qui n’existait pas lorsque Julien est venu déposer les 100000 initiaux ») par la banque = 261000
Au total les 3, ensembles, pensent disposer de 361000..
Ca peut continuer longtemps!
Comme ca va se reproduire dans d’autres banques, c’est bien pire que l’on pensait … mais même si Julien pensait que son seul dépôt scriptural est de la vraie monnaie, je pense que tous les Julien du monde seraient très surpris s’ils veulent récupérer ensemble et immédiatement leurs dépôts en monnaie fiduciaire…
Conclusion: les banques sont bien des « faux monnayeurs »… non ?
@ Etienne Chouard :
Besson, 1995, Monnaie et finance, PUG
La monnaie (fiduciaire et scripturale) émise par la Banque Centrale est la seule à avoir cours légal. « Moi » vous l’a très bien expliqué dans son post ici
Lisez le paragraphe sur l’activité des banques ici : http://www.fimarkets.com/pages/marches_financiers.htm
Ou ce document de la Banque de France http://www.banque-france.fr/archipel/publications/bdf_bm/bdf_bm_2001/bdf_bm_88_etu_2.pdf qui dit page 62 ceci pour expliquer la marge d’intermédiation :
Ou ce document encore de la BDF sur l’intermédiation financière pour comprendre de quoi il s’agît : http://www.banque-france.fr/fr/publications/telechar/bulletin/etu146_3.pdf
De mon côté, le contre-défi est relevé avec les références ci-dessus. La Banque commerciale prête non seulement ces dépôts, mais elle emprunte également pour prêter davantage (ce qui accroît les revenus de l’intermédiation pour elle).
De votre côté, j’attends toujours votre publication d’une seule, je dis bien UNE SEULE référence sérieuse qui a écrit dans une publication sérieuse que les banques ne PEUVENT PAS prêter les dépôts.
Bon courage!
@tous
J’interviens à nouveau dans ce débat qui passionne toujours autant les intervenants du blog, au point de resurgir dans ce fil originairement consacré aux paradis fiscaux.
J’observe les mêmes objections faites à l’encontre de Paul et de Julien depuis des semaines sur la création « ex nihilo » au niveau des banques commerciales, toutes objections réfutées à mon humble avis depuis l’irruption du dit Julien sur ce blog. Pour autant, la question de savoir si les banques prêtent ou non les « fonds » qu’elles détiennent ne parait pas tranchée pour tout le monde.
Si j’ai bien compris le système des réserves fractionnaires, et le film de Grignon sur ce point est trés clair en dépit de ses erreurs ou approximations déja relevées, bien sur que la banque prête l’or de ses déposants, persuadée d’être toujours en mesure de faire face aux « retraits » quotidiens opérés par ses clients. Ceci hors période de Crise évidemment.
Pour le reste, la distinction Monnaie/Dette mérite peut être encore quelques explications?
Paul? Julien?
Un musicien égaré, au royaume des économes.
@ Air du Verseau (Age of Aquarius?): je vous renvois à mon commentaire détaillé de 9h58.
Et je rajoute ceci : votre description du mécanisme est correcte. Simplement, vous le pensez illimité, alors qu’en réalité, il est très limité par les fuites de liquidité, la réglementation (ratios prudentiels), et surtout par l’obligation faite à la banque d’assurer la convertibilité de sa propres monnaie privée scripturale en monnaie centrale.
Donc en effet, si tout le monde veut retirer en monnaie légale ses billes bancaires, la banque ferme les portes, et appose un écriteau « Nous n’avons pas l’argent, désolé ». C’est logique, puisque la banque prête les dépôts, à vue et à terme.
J’ajoute que je ne rejette pas les propos de Galbraith : je les précise!
Il ne fait pas la distinction entre reconnaissance de dette et monnaie pour parler des dépôts : moi oui 🙂
C’est pourquoi lui et bien d’autres parlent de « création monétaire » par les banques commerciales, pour simplifier les choses, et que je dis qu’elles ne créent rien, mais mettent à disposition simultanément des moyens de paiement qui ne peuvent pas être utilisés simultanément sans que la banque trouve les ressources nécessaires.
Mais au final, nous disons la même chose.
Sur le lien suivant; fourni par Julien Alexandre
http://www.fimarkets.com/pages/marches_financiers.htm
il est écrit:
« Chaque banque a le droit de distribuer sous forme de crédit la quasi-totalité de l’argent (mais pas tout ! cf. plus bas) mis en dépôt par ses clients sur les comptes à vue. Mais ce crédit distribué par la banque n’annule pas pour autant le dépôt, qui reste disponible pour le client. Il y a donc création de monnaie par la banque. Ces crédits, octroyés sous forme de dépôts à vue, viennent grossir l’encaisse des banques et donc leur possibilité de distribuer de nouveaux crédits, etc. »
le voir plus bas, c’est le rapport au multiplicateur de crédit, donc se paragraphe décrit simplement ce qu’on peut retrouver dans l’argent dette, à savoir: un crédit dans la banque devient un dépot dans la banque B et donne le droit a la banque B de faire un autre crédit (en mettant de coté la fraction de reserves, voila pourquoi il y a écrit « la quasi-totalité »
Donc une fois de plus, vous dites que les banques pretent les dépots, simplement parce que les crédits sont comptabilisés comme des dépots, et c’est précisément la que se trouve l’arnaque, si bien résumé sur ce meme lien par:
« Le pouvoir de création monétaire des banques n’est évidemment, et heureusement, pas infini. Il est limité d’abord par le fait qu’une partie seulement du crédit octroyé restera sous forme de dépôt. Le reste sera converti en monnaie fiduciaire (billets) par des retraits . C’est d’ailleurs pour garantir la capacité des banques à faire face aux retraits que la banque centrale leur impose de bloquer un pourcentage de leurs dépôts sous forme de réserves obligatoires, non utilisables pour distribuer du crédit. Ce taux de réserves obligatoires est un des instruments de contrôle par les banques centrales de la quantité de monnaie en circulation. »
voila, votre lien n’est qu’une autre confirmation des crédits font les dépots, il n’en serait etre autrement dans un systeme ou l’argent apparait apres reconnaissance de dette. il n’y a pas d’argent, tout ce qui existe c’est le crédit !
La preuve en est, remboursez toutes les dettes et il n’y a plus un sous en circulation avant que vous ayez pu le faire.
Il n’y a plus rien a discuter si ce n’est la raison de la désinformation et de la manipulation qui règne ici.
@Julien Alexandre
Sans dépôts, pas de crédits possibles. Mais sans nouveaux crédits, pas de nouveaux dépôts … non ?
Pour le lien sur Fimarkets, il est intéressant de noter que vous ne relevez que les passages dont vous pensez qu’ils servent votre propos (ce qui n’est pas le cas). Permettez-moi donc d’en extraire un autre passage :
Que comprenez-vous de cette phrase?
Mais bon, soit, que pensez-vous alors de l’extrait de Besson cité plus haut?
J’aimerais bien avoir votre explication sur « la raison de la désinformation et de la manipulation qui règne ici » : care to share?
Les dépôts font les crédits qui font les dépôts qui font les crédits qui…
Si je fais un virement à un ami qui à un compte en banque vide, c’est un nouveau dépôt pour la banque, et il n’y a pas eu de crédits 🙂 (pas de ça entre amis)
@Julien Alexandre
Une page qui vous intéressera surement
http://web.mac.com/fmorintlse/La_finance_globale/annexe_8.html
Du professeur François Morin de l’Université des sciences sociales de Toulouse,
Je cite: A partir de ses travaux de recherches sur les questions financières d’une
part, et de son expérience monétaire au Conseil de la Banque de France
pendant 9 années (1985-1994) d’autre part, François Morin a pu analyser au
cours de ces dernières années la montée de la globalisation financière et
des instabilités croissantes qui lui étaient intrinsèquement liées. Il a
écrit en septembre 2006 un ouvrage considéré comme prémonitoire sur
l’avènement de la crise actuelle (« Le nouveau mur de l’argent : essai sur
la finance globalisée », Edition du Seuil).
Je connais bien François Morin : j’ai suivi ses cours 🙂
Je vois bien quel est le passage qui vous intéresse : celui où il dit
A aucun moment vous n’entendrez François Morin soutenir la création monétaire ex-nihilo (le reste de son article dit bien mot pour mot le contraire). Comme beaucoup d’autres, il fait un raccourci en parlant de « création monétaire » par les banques commerciales. Il y a aussi un peu de confusion sur la base monétaire :
Il aurait fallu préciser que le terme « réserves » dans la dernière phrase fait référence non seulement aux réserves obligatoires, mais également aux réserves en monnaie scripturale Banque Centrale sur les comptes courants des banques auprès de la BC.
@Julien Alexandre
Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire dans votre derniere phrase… il y a une différence importante ?
Importante non, mais il peut y avoir des excédents de réserve, minimes parce que mal rémunérés.
En novembre 2008, les réserves obligatoires à constituer étaient de 216,1 milliards d’€, et les comptes courants des établissements de crédit affichaient un solde de 218,6 milliards d’€. Soit 2,5 milliards d’€ d’excédents qui sont pris en compte dans le calcul de la base monétaire.
<b<Quid de la compensation ?
@ Julien Alexandre,
Dans votre message de 9h58, vous citez un texte très intéressant qui décrit (encore une fois) la création monétaire par les banques commerciales.
Je vous remercie, je ne connaissais pas cet ouvrage (Besson, 1995, Monnaie et finance, PUG).
[Je commente dans le texte, entre crochets, et je graisse ce qui me semble important. ÉC] :
Mais à la fin du passage cité, l’auteur affirme que la portée pratique de ce mécanisme est fortement réduite à cause de l’obligation de convertibilité (qui occasionne ce qu’on appelle des « fuites ») :
Il me semble que tout cela est connu :
D’abord, la convertibilité en monnaie manuelle est garantie, effectivement, mais jamais effective (et c’est justement là-dessus que les banques jouent) : rares sont ceux qui retirent toute leur provision en billets… C’est ce qu’on appelle les « fuites », et ça représente autour de 10% selon les habitudes de la clientèle. Mais en quoi ‘garder plus ou moins 10 % des dépôts disponibles pour les clients qui veulent de la monnaie manuelle’ est-ce une grave limitation ?
Le contre-défi n’est donc pas du tout relevé, me semble-t-il, puisque vos documents apportent de l’eau claire au (déjà très puissant) moulin de ceux qui constatent quotidiennement la considérable création monétaire des banques commerciales à travers le monde 😉
Je vous rappelle que le contre-défi est de “trouver une seule, je dis bien UNE SEULE référence sérieuse qui a écrit dans une publication sérieuse que les banques commerciales ne créent pas la monnaie qu’elles prêtent à l’occasion du crédit, mais que ce sont plutôt les euros déposés chez elles qui sont prêtés par elles.”
Votre propre défi n’est pas relevé non plus, je vous l’accorde, mais je plaide pour reconsidérer d’un œil critique la pertinence de ce défi, compte tenu de ce qu’il consiste à nous faire chercher l’affirmation du droit commun (« il est interdit de voler son prochain ») dans un ouvrage d’économie monétaire…
Est-ce bien raisonnable ?
Est-ce un vrai défi ou un leurre inaccessible par construction ?
😉
Amitiés.
Étienne.
____
PS : j’ai bien aimé ce nouveau document, de François Morin (je suis justement en train de lire « Le mur de l’argent »). Comme vous le reconnaissez vous-même, François Morin dit expressément :
Peut-on être plus clairement dans le camp de ceux qui ont compris le pouvoir de création monétaire des banques commerciales ?
Il faudra que je mette ces deux nouveaux documents, celui de Morinet celui de Besson, au sommet de ma pile 😉
_____________
PPS : à propos de fimarkets.com :
Vous relevez (à 16h59) le passage suivant (dans le document que vous citez vous-même) comme un argument en votre faveur, mais je crois pourtant qu’il n’en est rien :
Vous posez la question : « Que comprenez-vous de cette phrase ? »
Je trouve que la création monétaire n’est pas du tout contradictoire avec la fonction de transformation confiée aux banques privées, au contraire : elle en est même l’outil indispensable si l’on considère que la banque n’est pas propriétaire des fonds qu’elle reçoit en DAV.
Est-ce qu’on ne peut pas dire que (si je suis une banque), pour faire un travail de transformation (de créances à court terme en créances à plus long terme) à partir de sommes qui ne m’appartiennent pas (c’est important), j’ai BESOIN du pouvoir de créer de la monnaie supplémentaire (le pouvoir de créer ma propre dette, transmissible, à long terme) en n’acceptant comme (prétendue) garantie que des créances à court terme (ma propre dette encore, mais sur les DAV).
Qu’en pensez-vous ?
Reconnaissez que, quand votre document précise :
On a effectivement dit (comme vous) que la banque a « le droit de distribuer l’argent mis en dépôt », mais pour préciser immédiatement après que l’argent distribué est toujours disponible (ça ne correspond pas à la définition du ‘transfert’) et qu’il y a donc (forcément) création…
Encore de l’eau abondante au grand moulin de ceux qui voient bien (et qui déplorent) que ce sont les banques privées qui créent la plus grande partie de la monnaie, alors que ce devrait être une mission (non lucrative) de la collectivité.
Je vous remercie pour votre apport.
Étienne.
@Julien Alexandre
.. à propos du cours légal, si je me fie à wikipedia
» L’expression cours légal ne concerne donc pas une monnaie ou unité monétaire mais seulement certains moyens de paiement qui peuvent lui servir de support. »
Donc, d’après vous, la monnaie scripturale bancaire serait de la fausse monnaie ?
« Mais ce crédit distribué par la banque n’annule pas pour autant le dépôt, qui reste disponible pour le client. IL Y A DONC CRÉATION DE MONNAIE PAR LA BANQUE. »
Il reste disponible en théorie et en temps normal lorsqu’il n’y a pas trop de retraits sur ces dépôts. En réalité, l’argent des dépôts n’est pas disponible en totalité. S’il y a un bank run, seuls les premiers sont servis. Il n’y a donc pas création monétaire au sens où vous l’entendez. La banque prête l’argent des dépôts et garde une petite partie au cas où un client viendrait retirer de l’argent. Comme tout le monde ne vient pas retirer son argent, le peu qu’il reste suffit. Tout est dans le timing, il faut que les prêts soient remboursés au fur et à mesure sinon la banque risque de se retrouver insolvable lorsque les déposants voudront utiliser leur argent. Elle peut louvoyer temporairement en empruntant sur le marché monétaire ou en faisant venir encore plus de déposants mais le principe est là: si les prêts ne sont pas remboursés, les déposants perdent leur argent.
Une banque commerciale (contrairement à une banque centrale) peut-elle faire faillite, oui ou non? Comment expliquez-vous cela?
Etienne, vous lisez les textes en y cherchant vos conclusions.
Je cite le passage suivant, de Besson :
Ce à quoi vous répondez :
Je comprends en effet pourquoi vous ne comprenez pas le texte si à chaque fois qu’on fait référence à un acteur, vous ne savez même pas de qui il s’agît! Evidemment que les banques sont des intermédiaires financiers. Et donc évidemment que nous ne sommes pas d’accord : Besson dit noir sur blanc que la banque prête les dépôts qu’elle a récoltés… 🙂 Défi relevé… oups pour que ce soit bien lisible Défi relevé
Plus loin, je cite de nouveau Besson avec votre commentaire entre crochets :
Vous remarquerez que c’est l’auteur, Besson, et pas moi, qui a mis l’expression « pouvoir de création monétaire » entre guillemets. Pour la bonne et simple raison qu’il explique juste en dessous :
Je répète la phrase essentielle : « tous les emplois doivent être financés par des ressources ». Et bien si tous les emplois doivent être financés par des ressources, alors la banque n’a rien créé.
Vous me dites enfin :
Non, l’auteur n’oublie pas de prendre en compte la compensation. Si vous voulez comprendre les mécanismes de la compensation, j’en fait une description détaillée ici ==>http://www.pauljorion.com/blog/?p=1116#comment-16825
Enfin, dernière citation de votre part :
Non Etienne, on ne peut pas dire ça. Quand vous confiez votre argent à la banque sur un dépôt à vue, c’est l’équivalent d’un prêt (si vous avez un compte à vue non rémunéré, vous vous faites en effet voler:)) : la banque a le droit d’en disposer à sa convenance. Ce qu’elle fait en prêtant la plus large partie de votre dépôt.
Quand on parle de transformation par l’intermédiation bancaire, on distingue 3 types de transformation :
– la transformation de devise : conversion de dépôts dans une monnaie en crédits dans une autre monnaie
– la transformation d’échelle : la banque regroupe des petits dépôts pour les transformer en gros crédits
– la transformation de terme : la banque finance des crédits à moyen ou long terme (un achat de bien immobilier sur 20 ans) à partir de dépôts à court terme. Le risque est lié à l’obligation pour la banque de garantir au client déposant qu’il dispose de son argent, tout en finançant l’emprunteur. Pour cela, la banque accepte de prendre un risque de taux.
Exemple : la banque finance un prêt à 5 ans au taux de 8% par des dépôts à 3 mois au taux de 6%. Elle dégage ainsi une marge d’intermédiation de 2%. Mais à la fin de chaque période de trois mois, il lui faut renouveler ses dépôts (rappelez-vous : « tous les emplois doivent être financés par des ressources »). Si pour une raison ou une autre, le taux des dépôts à court terme augmente, passant à 8%, elle perd sa marge bénéficiaire. Si le taux à court terme dépasse 8 %, elle perd de l’argent. Si le taux à court terme baisse, sa marge d’intermédiation augmente.
N’hésitez pas si vous avez des questions!
Et courage pour le défi!
Je rappelle à toutes fins utiles la loi : http://tinyurl.com/cyw49q
« Sont considérés comme fonds reçus du public les fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous forme de dépôts, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle de les restituer. »
Les banques prêtent les dépôts.
C’est pour cela que la loi prévoit une garantie des déposants : http://tinyurl.com/but5w9
« Les établissements de crédit agréés en France adhèrent à un fonds de garantie des dépôts qui a pour objet d’indemniser les déposants en cas d’indisponibilité de leurs dépôts ou autres fonds remboursables »
Comment une banque ne pourrait-elle pas restituer des dépôts devenus indisponibles si elle ne les a pas prêtés?
@Julien Alexandre
« Comment une banque ne pourrait-elle pas restituer des dépôts devenus indisponibles si elle ne les a pas prêtés? »
…par exemple si la banque fait faillitte, si elle a déplacé les dépôts aux iles Caiman sans autorisation du déposant, et si, justement, elle les a prêtés alors qu’elle n’en aurait pas le droit
Mais ces dépôts sont de toute façon de simples écritures dans ses livres, une dette de la banque envers les déposants (qui sont donc, en comptabilité, assimilés à des dettes de fournisseurs) … c’est donc normal qu’il y ait une garantie dans ce cas particulier de la monnaie.
Votre argumentation ne plaide donc pas spécialement pour votre point de vue.
Pour reprendre votre message du 11 février 2009 à 17:37… Pourquoi Morin aurait fallu (en plus) préciser que le terme “réserves” dans la dernière phrase fait référence non seulement aux réserves obligatoires, mais également aux réserves en monnaie scripturale Banque Centrale sur les comptes courants des banques auprès de la BC. » alors qu’il écrit » l’ensemble des réserves » ?
Moi qui pense néanmoins que vous avez peut être raison concernant le fait que les banques prêtent – sans autorisation formelle, je n’ai pas signé de contrat leur donnant ce droit en déposant mon salaire chez elles – les dépôts en compte courant (qu’il est difficile d’effacer tout ce que je pensais savoir !), je crois néanmoins, à la vue de tout ce que j’ai lu sur ce blog, que les banques disposent en plus du pouvoir de monétiser des actifs … mais que cette monétisation est limitée à la création de « leur » monnaie (monnaie CA, SG, etc) et que le lien entre les monnaies tiens justement à l’existence d’une Banque Centrale. Alors pourquoi ne pas appeler la monnaie centrale » monnaie centrale » (puisque de toute façon, toutes les monnaies sont bien « de confiance » le terme « fiduciaire » me gêne) et la monnaie des banques « monnaie -dette » ?
Relisez la loi, c’est marqué noir sur blanc : http://tinyurl.com/cyw49q
“Sont considérés comme fonds reçus du public les fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous forme de dépôts, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle de les restituer.”
Les banques prêtent les dépôts. Vous pouvez tourner autour du pot, faire des aller-retours, questionner chaque mot, chaque syllabe ou chaque lettre, faire de la rhétorique, reformuler les termes qui vous gênent pour qu’ils aillent dans le sens de ce que vous « croyez » plutôt que de ce qui « est », mais au final, cela ne change rien à la réalité : les banques prêtent les dépôts, chaque emploi doit être financé par une ressource, il n’y a pas de création de monnaie ex-nihilo par les banques.
Vous pensez vraiment que le législateur français proposerait une loi qui serait destinée à couvrir les pertes liées à des activités bancaires illégales? Une loi qui stipule que le « vol » que vous supposez commis par la banque qui prête un dépôt sera garanti et indemnisé par l’Etat? Allons allons, soyons sérieux un instant!
Je comprends que ce soit difficile, mais ce n’est pas en tordant la réalité pour ne pas remettre en cause ses présomptions que l’on fait bouger les choses. Proposer de changer le système implique d’abord de le comprendre. La description que Paul Jorion, moi-même et d’autres ici en font ne l’exemptent pas de critiques, bien au contraire! Regardez les conclusions de Gerolstein : la Banque Centrale injecte de la monnaie parce qu’elle considère à tort que de nouvelles richesses sont créées : ça, c’est un vrai problème. Mais ce n’est qu’en comprenant bien pourquoi cela est possible que l’on peut proposer des réformes.
Cordialement,
Mais ce que ce système bancaire, tel qu’il est (autrement dit un cycle enflant de dépôts faisant des crédits faisant des dépôts…etc., bref l’oeuf et la poule), ce système donc, au final, ne génère qu’un endettement généralisé de plus en plus profond, et même nécessite cet endettement pour continuer à fonctionner.
Si le résultat de ce système est un endettement généralisé et s’amplifiant, peut-on encore dire qu’il crée de la monnaie? Quelle est cette idée d’une monnaie-dette, c’est-à-dire d’une dette qui serait de l’argent, de la richesse? De la dette, c’est pas de la non-monnaie, du non-argent? Comment est-ce que de la dette peut être de l’argent (ou de la richesse)? Si ce n’est en obligeant l’emprunteur à travailler pour rembourser, c’est-à-dire en assujettissant les gens quant à leur futur dans une soumission au remboursement et au système? Ce système financier n’est pas neutre. À chaque fois, pour chaque emprunteur, il y a création non de monnaie mais d’un futur soumis au système. Le crédit ne crée pas de la monnaie, mais oblige l’emprunteur à travailler comme esclave devant fabriquer de la richesse ou de la monnaie. On ne crée pas ex nihilo, mais sur base d’une obligation pour l’emprunteur de se plier à un futur de travail. Donc on s’appuie ou on se base sur quelque chose : soit sur le passé dans le cas « les dépôts font les crédits », soit sur le futur dans le cas « les crédits font les dépôts ». On aura reconnu que le passé, c’est le capital; et le futur, c’est le travail. Donc il n’y a pas de ex nihilo. Le présent est le croisement du passé et du futur ou encore du capital et du travail, et donc ce présent, en une sorte de va-et-vient, est le cycle dépôts-crédits-dépôts-crédits-etc.
Y-a-t’il une finitude à ce système? Si oui, d’où pourrait-elle venir? D’une incohérence interne à ce système, d’un emballement qui le fait s’exploser de lui-même? Ou d’une révolte externe des gens assujettis à un système qu’ils n’arrivent plus à soutenir, tellement ils sont broyés?
Julien Alexandre
Question subsidiaire
A propos de l’article de F. Morin, vous écrivez
Morin dans cet article parle bien de « création monétaire » et je ne pense pas que ce soit un raccourcis sémantique .. pas à ce niveau d’explication. Vous avez néanmoins raison, il n’utilise pas ce terme honni de « à partir de rien ».
Par contre, je ne vois nulle part dans son article où il dirait « mot à mot le contraire » ?
Moi je lis simplement
Pourquoi vouloir lui faire dire dans cette phrase l’inverse de ce qu’il a écrit ?
F. Morin décrit l’intermédiation monétaire (que j’ai expliquée plus haut) en la simplifiant. Ce qu’il oublie d’ajouter, c’est que quand cette « monnaie » sera employée, il faudra que la banque trouve les ressources nécessaires. C’est ce mécanisme que de nombreux auteurs décrivent de façon simplifiée en parlant de « création monétaire » par les banques commerciales. Par conséquent, je ne lui fais pas dire le contraire de ce qu’il dit. Demandez lui donc, vous verrez par vous-même.
En revanche, mea culpa sur « l’ensemble des réserves » : c’est en effet suffisamment explicite!
« Nihilo monétaire », évidemment.
@Julien,
On progresse.
Vous et moi, nous lisons, comme tout le monde, en cherchant les cohérences et incohérences avec le système de pensée qui est le nôtre, en mouvement permanent, en transformation, en progrès ; rien que de très naturel.
Et la confrontation pacifique de nos lectures respectives – de nos façons différentes de lire les mêmes livres – est tout à fait instructive.
Vous dites :
Ça y est, je crois avoir identifié une erreur : vous prétendez que l’exigence d’une contrepartie interdit l’usage du mot « création ».
Mais Julien, si la contrepartie n’est pas monétaire, il y a incontestablement davantage de monnaie après le crédit qu’avant le crédit (êtes-vous d’accord sur ce fait-là, au moins ? on butte toujours sur la définition de la monnaie), et il y a donc eu création de monnaie : personne ne parle de création à partir d’un ‘rien absolu’, on ne parle que de création à partir d’un ‘rien monétaire’, évidemment.
Vous dites que, puisque la monnaie ne peut être créée qu’en contrepartie de quelque chose qui existait avant, c’est donc qu’il n’y a pas eu création (vous dites « la banque n’a rien créé »).
Mais c’est une erreur de raisonnement, liée au sens des mots : par l’opération comptable du crédit, la banque a transformé une créance non monétaire (non transmissible, non libératoire dans les échanges) en créance monétaire (transmissible, libératoire dans les échanges), autrement dit en « monnaie » ; cette transformation de ce qui n’est pas de la monnaie en ce qui est de la monnaie est bel et bien une création monétaire. Prêtez attention à ce dernier mot, s’il vous plaît.
Vous niez l’évidence en jouant sur les mots (involontairement, sans doute) : personne n’a jamais dit que la monnaie est créée sans contrepartie, personne n’a prétendu que les banques peuvent créer la monnaie sans contrainte ni sans risque. En donnant un sens déformé à l’expression « ex nihilo », en exagérant sa portée au-delà de la signification pédagogique (anodine) que donnaient ceux qui l’utilisent à cette expression d’ailleurs pléonastique (« création ex nihilo » dit deux fois la même chose), vous entretenez (sans le vouloir) une confusion qui nous distrait de l’essentiel, je trouve.
On perd son temps sur des détails.
_______________
Sur le passage de Besson (« Dans l’intermédiation non monétaire, le financement accordé (qui figure à l’actif du bilan) a pour contrepartie une variation négative de même valeur d’un autre poste d’actif (billets ou compte à la banque centrale). Il faut donc que l’IF ait d’abord obtenu des ressources pour faire des emplois »), je me suis trompé : lisant trop vite, j’ai cru qu’il parlait des établissements financiers (privés du pouvoir de création de monnaie) et j’ai zappé rapidement le paragraphe, trop rapidement, pardon.
À l’examen, dans ce paragraphe-là (seulement), Besson parle en fait de cette partie de l’activité des banques où elles ne créent pas de monnaie : en effet, les banques ne sont pas obligées de créer de la monnaie quand elles prêtent, naturellement : si elles ont des droits sur des fonds (ce qui n’est pas le cas des DAV, à mon avis, mais ce qui est le cas des comptes d’épargne en actions, par exemple), elles peuvent les prêter sans rien créer, bien sûr.
Je ne vois là aucune contradiction avec la thèse que je défends puisqu’on y parle d’autre chose.
Mais votre propre lecture de ce passage est également erronée, me semble-t-il, car, à partir du fait qu’une partie de l’activité de la banque (l’intermédiation non monétaire) ne nécessite pas de création monétaire (ce que personne n’a jamais contesté), vous déduisez l’affirmation que la banque ne crée jamais la monnaie qu’elle prête, alors que l’auteur que vous citez explique dans le paragraphe suivant que tout un pan de l’activité des banques (l’intermédiation monétaire) nécessite la création de la monnaie prêtée…
Vous aussi, vous lisez les textes avec votre propre prisme, non ? 😉
Je n’ai jamais dit que les banques privées créent ‘toujours’ la monnaie ; je dis (comme tous les spécialistes que je lis) qu’elles ‘peuvent’ le faire quand elles en ont besoin (et qu’elles ne s’en privent pas) (et que ça nous coûte les yeux de la tête chaque année en période normale, sans compter le risque systémique engendré par cette cavalerie en période de crise).
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Pour ce qui concerne la compensation, j’ai bien lu votre message http://www.pauljorion.com/blog/?p=1116#comment-16825, mais outre que je le trouve un peu confus (vraiment pas facile à lire), je ne vois pas en quoi il répond à la question que je vous posais.
Besson dit « Au fur et à mesure que le bénéficiaire du crédit tirera sur la banque, celle-ci devra rembourser et, pour cela, se procurer des ressources », comme si le mécanisme de la compensation ne lui fournissait pas, précisément, une partie de ces ressources.
Si (pour simplifier) le marché compte deux banques qui se partagent également les clients, quand les deux banques prêtent ce jour des sommes comparables, elles s’attendent toutes les deux à ce que la moitié de leurs concours à l’économie s’échappe de leurs comptes (ce qui crée pour elles un besoin en monnaie centrale, nous sommes d’accord), mais elles peuvent aussi compter sur le flux inverse des sommes prêtées par les concurrents qui viennent pour partie dans leurs livres (ce qui crée pour elles un apport en monnaie centrale).
Non ?
Donc, faire comme s’il n’y avait des fuites que vers l’extérieur (alors qu’il y en a aussi en provenance de l’extérieur), ça me paraît être une description incomplète, mais c’est peut-être un malentendu.
Le message que vous m’indiquez ne répond pas à cette objection, il me semble.
Pourriez-vous préciser cela, s’il vous plaît ?
Je ne demande qu’à comprendre.
Cordialement.
Étienne.
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PS : à mon avis, votre contre-défi reste entier (et pas facile à relever) : Besson est avec nous. Bon courage, donc 😉
Tiens, à propos, même HSBC utilise le terme « honni » sur ce blog
http://www.aft.gouv.fr/IMG/pdf/184_BMT_FR_septembre_.pdf
(Voir page 6)
HSBC dit en page 6 du document que la banque crée un « pouvoir d’acheter », pas de la monnaie. C’est ce que j’explique en disant que la dette à vue des banques fonctionne comme « moyen de paiement ». C’est la spécificité des banques, et c’est ce qui permet le mécanisme de l’intermédiation monétaire, qui beaucoup appellent à tort « création monétaire » : la banque s’endette à votre place. A charge pour elle de trouver les ressources pour financer ce « pouvoir d’acheter ». Donc aucune création de monnaie ex-nihilo.
@Julien Alexandre
Ce ne serait pas un peu de la mauvaise foi de votre part, juste un peu ?
Car je lis plusieurs fois « création monétaire » (par les banques commerciales) dans ce très court passage
Pourquoi mon commentaire a été supprimé ?
Ah bon, pas supprimé, modéré … autant pour moi