Billet invité.
LE FINANCIAL TIMES, UNE LECTURE QUI PINCE FORT
Il y a des gestes étroitement associés dans la vie de tous les jours. Ouvrir le Financial Times m’amène immanquablement à me pincer ces temps-ci. Les propos qui y sont tenus n’auraient pas avant été imaginables dans ses colonnes. Paul Jorion citait l’article de Janet Tavakoli, paru dans le FT, démontant certains mécanismes du krach financier pour déplorer qu’aucun de ses acteurs ne soit aujourd’hui devant les tribunaux. A quelques pages du même journal, j’ai lu la fameuse « lex column » commentant, hier jeudi, les décisions de limitation des salaires des banquiers annoncées par Barack Obama. Le chroniqueur faisait remarquer, pour en mettre en doute la portée, qu’ « en réalité, celles (les banques) qui ont besoin d’une aide exceptionnelle devraient déjà être une propriété publique et que leur dirigeants devraient émarger sur la feuille de paie du service public ».
Toujours dans la même prestigieuse colonne, un article sur les CDO faisait état de la descente aux enfers de leur valorisation, 350 milliards de dollars au premier trimestre 2007, virtuellement rien du tout actuellement, selon Creditflux, la société qui fait autorité en matière d’information sur les produits dérivés et les hedge funds. « The Lex column » concluait en recommandant l’utilisation de la lumière du jour comme étant « le meilleur désinfectant » pour les livres de compte des banques, ainsi qu’une « injection massive de transparence, renforcée par une réglementation » sur ces produits financiers.
A quelques pages de cette rubrique, un article de David Pilling était publié sous le titre « La Chine devrait augmenter les salaires afin de stimuler la demande », reposant sur la comparaison, à propos de la contribution à la croissance de la consommation des ménages, entre les USA et la Chine. 72 pour cent dans un cas, environ 40 pc dans l’autre. L’article s’appuyait également sur des données japonaises, comparant l’évolution des dividendes perçus par les actionnaires à celle des salaires, de 2001 à 2005. Plus 175 pour cent d’augmentation des premiers, une diminution nominale de 6 pour cent pour les derniers. Voilà la vérité toute nue, après avoir été dévoilée dans le Financial Times.
L’idée d’un nécessaire rééquilibrage global entre salaire et profit est la conséquence logique d’une analyse macro-économique comparée de deux des principales puissances économiques du monde et non pas d’une proclamation anticapitaliste que l’on ne s’attendrait pas à trouver dans cet honorable quotidien de la City. L’une structurellement endettée et l’autre débordant d’excédents. L’une bénéficiant (en moyenne) de hauts salaires, l’autre de bas revenus. L’une empruntant à l’autre, qui vend ses produits meilleur marché chez la première. Mais l’article de David Pilling aurait tout aussi bien pu s’intituler « les Américains vont devoir consommer moins ou produire à moindre coût », une perspective plus difficile à évoquer mais tout aussi envisageable dans le cadre de ce rééquilibrage. L’heure de vérité n’est pas toujours bonne à sonner.
33 réponses à “L’actualité de la crise : Le Financial Times, une lecture qui pince fort, par François Leclerc”
A ce propos comment fonctionne la banque postale ?
Est ce une banque publique ou privée ?
Peut on lui dicter sa conduite pour qu’elle ne reproduise pas les erreurs de ses ainées …
un avis 🙂
@ galapiat
La Banque Postale est pour le moment une filiale publique du groupe public La Poste. Voici comment elle est dirigée:
https://www.labanquepostale.fr/index/groupe/le_groupe/Gouvernance.html
A noter qu’il y a 5 représentants des salariés au Conseil de surveillance (de 15 membres).
@ galapiat et François Leclerc
Lecteur régulier de ce blog, je me permets de vous renvoyer pour La Banque Postale vers d’autres sources d’information
http://www.sud-poste-informatique.net/spip.php?article236
Un éclairage intéressant et prémonitoire juste avant la naissance de cette filiale de droit privé qui a remplacé les Services Financiers de La Poste, ainsi que sur la question de la banalisation du livret A comme monnaie d’échange pour que La Banque Postale soit admise au »banquet » des Banques
Les banques ont depuis le 1er janvier 2009 accès au pactole du livret A; en ces temps difficiles, voilà pour les banques françaises une autre forme d’aide qui ne dit pas son nom…
A noter que la toute jeune Banque Postale (née au 1er janvier 2006) a été du fait de sa jeunesse largement épargnée par la crise financière, ceci ne l’a pourtant pas empêchée d’afficher 60 Millions d’€ de pertes sur des obligations Lehman Brothers (Source Commision Ailleret sur la privatisation de La Poste)