L’entretien du Président de la République française

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Je viens de regarder et d’écouter Mr. Sarkozy. Ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est son « On regrette toujours les petites phrases ! », à propos de sa petite phrase précisément qu’en France on ne remarque pas les grèves. Parce que ce n’était pas simplement hautain ou condescendant de dire ça, c’était pire : c’était anti-démocratique. Parce que les gens ne font pas la grève, ne vont pas à la manif’, parce qu’ils ont simplement le sens de la fête : ils font la grève parce que ce qu’ils demandent d’une autre manière, personne ne l’entend. Ils font la grève comme une dame qu’on a vu : parce qu’il ne leur reste que 80 euros.

La France, c’est une démocratie et ça, c’est une très belle chose. Ça permet entre autres que des journalistes puissent poser au président les questions insolentes que tout le monde se pose, sans se retrouver le lendemain en prison, torturés ou assassinés. Ça n’a pas toujours été le cas, même en France, et il faut que ça continue, merci donc à tous ceux qui y veillent.

Je passe sur les questions franco-françaises et j’en viens à la finance. Je terminerai par l’économie.

Modifier la rémunération des traders, c’est du détail : si les traders touchent des millions, c’est parce qu’ils sont rémunérés à la commission sur des opérations spéculatives qui rapportent des milliards dans les salles de marché des établissements financiers. Ce qu’il faut faire, c’est interdire aux banques ces opérations spéculatives sur fonds propres et la question de la rémunération des traders s’en trouvera automatiquement réglée.

Même chose pour les agences de notation : si elles ont fait du mauvais boulot, c’est qu’en tant qu’ingénieur financier on est payé tant pour travailler chez elles et cinq fois plus pour travailler dans une banque. Qu’on ne vienne pas dire, comme l’a fait le Président, que le dimanche tel titre avait une note « AAA » et le lundi « BBB » ou « CCC » si l’événement qui est intervenu entretemps est la faillite de Lehman Brothers ! Il n’y aurait aucun rapport entre les deux ? Et les agences de notation ne devraient pas en tenir compte ? Bien sûr elles tirent des plans sur la comète, bien sûr elles ont attribué des notes à des CDO synthétiques sur la base de matrices de corrélations, bien sûr il y a des choses à améliorer, mais si on cherche des responsables, les agences de notation ne sont pas le premier endroit où il faille aller chercher.

Repenser, comme le Président français l’a dit, la titrisation et le hors-bilan, qui permettent aux dirigeants d’établissements financiers et aux actionnaires d’empocher par anticipation le prix de leurs châteaux en Espagne : excellente idée ! De même pour la régulation de tous les établissements financiers, y compris les hedge funds.

Les paradis fiscaux : ce ne sera pas une mince affaire, et il faudra à Mr. Sarkozy, et comme Alain Duhamel a eu raison de le souligner, des alliés, et des alliés de marque, pas seulement la Russie et le Brésil. Le président Obama viendra paraît-il en France en avril, ce sera le moment opportun de lui rappeler le projet de loi contre les paradis fiscaux qu’il avait déposé en 2007, à l’époque où il n’était encore que sénateur de l’Illinois.

« Banques de mauvais aloi » (bad banks), la France n’en aurait pas besoin parce que les banques françaises se porteraient mieux que les autres. Si c’est vrai, tant mieux, si c’est parce que les banques françaises ont retardé l’heure du bilan, alors ce n’aura été que reculer pour mieux sauter.

Mais le plus important, ce n’est pas la finance, et si l’on n’avait parlé que d’elle, on n’en serait pas beaucoup plus avancé. Le plus important, c’est le partage du profit : c’est le fait qu’on a bâti le château de cartes de la prospérité économique des trente dernières années sur l’endettement des ménages, c’est le fait que si tout allait bien c’était parce qu’on surfait sur la crête d’une bulle du crédit. Pour que les choses repartent, et ne repartent pas à la vitesse du bolide dans le même cul-de-sac, il faut que les ménages puissent vivre de l’argent qu’ils gagnent et pas seulement de celui qu’ils empruntent. Cela, Mr. Sarkozy affirme l’avoir entendu. Et il semble qu’il l’a non seulement entendu mais qu’il y a aussi réfléchi : trois tiers, un pour les actionnaires, un pour les salariés et un pour l’investissement. L’étape suivante sera que l’argent ne doive pas toujours être emprunté, qu’on fasse en sorte désormais qu’il se trouve au bon endroit pour commencer. Mais les trois tiers et le fait que le partage soit au menu des rencontres sociales du 18 février, c’est un excellent début : ne boudons donc pas notre plaisir !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Partager :

40 réponses à “L’entretien du Président de la République française”

  1. Avatar de bob
    bob

    Ce qui ma fait le plus mal aux oreilles c’est quand même d’entendre dire que c’est la crise la plus grave depuis 1 siècle.
    Ca fiche un coup au moral des nouvelles pareilles car si c’est vrai les perspectives sont vraiment sombres.
    Et vu la tête de tout le monde à la télé, ça a l’air d’être vraiment grave.

    Espérons que ça parte pas en sucette tout ce bidule.

  2. Avatar de Alain
    Alain

    Si vous êtes content de ce flot de promesses…alors comme vous l’écrivez, ne boudez pas votre plaisir.

  3. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Le plaisir c’est que le président reprenne maintenant les arguments de certains de ses adversaires, et qu’il est donc maintenant le dos au mur.
    Soit il s’engage sur la voie sociale, ce qui serait la conséquence logique de ses propos, soit il ne fait rien ou trois fois rien, et ce sera l’explosion en plein vol du sarkozysme ! Si l’on en croit Fillon, son premier ministre, il n’y aura pas de changement de cap.
    Alors, qui croire ?
    La crise n’est pas un train de sénateur, elle court à la vitesse d’un cheval au galop. Les solutions ne vont pas pouvoir attendre. Nous serons donc bientôt fixés sur la teneur réelle de la politique envisagée par le président.

  4. Avatar de Laurent
    Laurent

    Je suis surpris que tel un Naja vous vous laissiez hypnotiser par les mouvement de la flutte enchantée que le charmeur Nicolas Sarkozy fait danser au dessus de notre panier. Bien sur que devant l’ampleur de la crise il perçoit qu’il faudrait changer la répartition des richesses, il lit d’excellent blog pour se faire son opinion. Mais alors qu’il demande à des préfets d’assumer pleinement leur responsabilité, il ne propose quant à lui que de faire de son mieux et pour qu’on le pleigne, il hésite même à envisager sa future candidature. Maintenant j’en suis convaincu à mon corp défendant il ne va rien se passer, les USA ont déja prévenu qu’ils adopteraient une politique protectionniste (ils l’avaient même écrit dans leur projet de Loi, mais cela ne faisait pas très sérieux), les Chinois, les Allemand et les Anglais ont déja commencé a adopter des politiques qui protégent leurs économies. Personne ne peut faire changer le monde tout seul. Les pays les plus forts résisteront tant bien que mal, les ONG et le FMI s’ocupperont comme ils le pourront des autres, un conflit avec l’Iran est probable, cela monopolisera l’opinion publique sur autre chose. Et puis on reconstruira sur les cendres comme toutes ces villes à flanc de volcan qui sont recontruites à l’identique après chaque éruption car ces terres sont très fertiles, comme notre modèle économique actuel. J’aimerai bien avoir tort.

  5. Avatar de bob
    bob

    Si c’est vraiment une crise centenaire (équivalente à celle de 29) je m’interroge sur le peu de planification des outils économiques actuellement.
    N’est ce pas un peu risqué de laisser syndicats et patrons se débrouiller pour régler ce type de situation instable, voir confuse.
    N’est ce pas le rôle politique et démocratique des Etats et des Continents de planifier l’organisation économique pour une sortie de crise centenaire?
    Et ceux qui ne sont ni syndicalistes ni patrons, doivent ils participer à ce débat?
    Autant d’interrogations me laisse assez perplexe, présentement.

  6. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    Bonsoir à tous,
    Vous avez du temps à perdre je vois, vos yeux méritent mieux que ça. Si révolution il doit y avoir, elle sera individuelle, le grand soir tout les jours lorsque l’on agit ,sans faillir, à briser les habitudes et le plaisir malsain de se conformer à l’environnement toxique. Une vraie réponse, ce soir, était pour moi d’éteindre cette télé, qui, on l’oublie parfois, est un outil d’endoctrinement de masse. Le net, c’est mieux. Mais je ne boude pas mon intérêt: En lisant, vite fait, le flot d’infos sur notre président érotomane, j’ai cru saisir un certain désarroi devant l’avancée de la crise. C’est au fond ce qui il y a de bien dans cette histoire, un goût d’inconnu, peut-être prometteur…
    Et pour dire à Paul que, malheureusement, la démocratie française devient une tyranie light de l’égo surdimensioné( un recul impardonnable) de nos élites, face aux problème stratégiques qui se posent. On réglera ça tout seul, je crois que cela vaut mieux. Les hommes d’Etat ont toujours étaient rarissimes.

  7. Avatar de Patrice
    Patrice

    Bonjour bonsoir.

    J’ai noté la force symbolique de la proposition des trois tiers, l’élément-clé du spectacle selon moi, étant donné ce qu’a dégagé Sarkozy jusqu’ici…
    J’ai relevé aussi l’inévitable évocation d’Obama, vers la fin. Je sais combien les égos se comparent les uns les autres, pour les gens en vue : je vous soumets donc le commentaire suivant, initialement rédigé suite au billet « Obama » mais que je n’avais pas soumis. Pardonnez le hors-sujet SVP ! Quoi que, en cherchant bien… Voir à ce propos mon commentaire relatif à « Je cherche un homme ! ».

    Bref, à son niveau et dans son contexte, Nicolas Sarkozy jouera lui aussi sa partition, en traitant la question -centrale- de la JUSTICE SOCIALE comme il le décidera : j’abonde dans le sens de Paul, j’ai été surpris par cette esquisse des trois tiers qui, traduite dans une loi, effacerait bien des préjugés sur notre omniprésident !
    Rendez-vous dans quelques semaines toutefois, quand les partenaires sociaux se seront signalés…

  8. Avatar de BDphile
    BDphile

    Si la part du dividende diminue, la bourse aussi.

    Si la bourse baisse, les bilans des banques et société régressent encore.

    Si les bilans régressent la crise s’amplifie….

    A la fin il n’y aura guère de dividende à redistribuer (ni à l’actionnaire, ni directement aux travailleurs)

    Il faudra attendre un forte croissance pour que tout le monde s’y retrouve.
    Tout le monde ?
    Toutes les ressources naturelles ?

    Après le gagnant gagnant, le perdant perdant!

    Sinon il est terrble de voir que la spéculation n’a pas de bon lorsqu’elle vise seulement l’amélioration du dividende de l’investisseur/spéculateur mais qu’elle est absoute dès lors que le travailleur s’en trouve intéressé.

    Justice sociale…sociale pour quelle société, pour la planète ?

    Le problème n’est peut être pas que la répartition des richesses…

    http://www.youtube.com/watch?v=0rx8hUiibiY

  9. Avatar de Grégory
    Grégory

    « un conflit avec l’Iran est probable »

    Ce projet neo con semble fini depuis que Robert Gates est aux manettes (vous savez, l’homme qui reste aux commandes sous Bush comme sous Obama). Je m’attends pour l’instant surtout à une guerre de basse tension contre la Russie et contre la Chine. En pratique ça ne changerait pas grand chose, des habitants de pays pauvres y passeraient en quantité probablement plus grosse qu’en Irak mais ce serait moins scandaleux car les apparences seraient à nouveau préservées. La diplomatie se tendrait mais il n’y aurait pas d’affrontement direct. Ceci dit, les derniers développement des relations USA – Russie montre un Obama plus smooth que son administration. C’est un espoir. Pour contrebalancer, les inconnues économiques, énergétiques et écologiques sont tellement massives qu’un impondérable peut changer la donne extrèmement vite.

  10. Avatar de Jean-Baptiste

    La répartition des trois tiers pourraient être satisfaisante si les investisseurs et actionnaires avaient au départ obtenu de l’argent par leur propre travail pour le moins au départ ce qui est loin d’être évident. De plus cela entraine tout de même à être payé pour l’employé que le tiers de ce qu’il produit et à celui ci « de payer pour avoir le droit travailler » les deux tiers restant pour la mise à disposition de l’outil de travail, l’employeur rajoutant quelques heures par semaine pour lui aussi avoir donné l’opportunité d’avoir donné du travail à l’employé et l’état enfin encore en impôt le tiers de ce qui reste (TVA+impot sur le revenu+…). On finit par se demander ce qu’il reste et est ce que le « droit au travail » mérite une telle participation pour ne pas dire un tel coût pour le salarié à qui apparemment on fait porter la majorité du fardeau alors que c’est celui qui a le plus de labeur !

  11. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Ces 3 tiers devraient être, selon moi, après investissements (qui ne doivent pas être ainsi pénalisés par une quelconque règle), d’un tiers pour la collectivité (I.S.), un tiers pour les salariés, un tiers pour les actionnaires. Mais ne pourrais t-on pas trouver un système où l’on ait plus besoins d’actionnaires, où l’investissement nécessaire soit financé par création monétaire sans revenus sur cette création qui ne coûte rien ?

  12. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @BDphile

    Changeons les régles comptables afin que la valeur boursière n’interviennent plus dans les bilans et votre raisonnement n’a plus lieu d’être.
    Ceci dit, les boursicoteurs on s’en fiche qu’ils gagnent ou qu’ils perdent.. la seule chose importante pour une entreprise est de trouver des financements pour sa création, ses développements et sa trésorerie… le rôle des banques, non ?

  13. Avatar de Les Fougerêts
    Les Fougerêts

    Je dois l’avouer, j’ai été fort surprs par la teneur du discours, NS serait-il devenu un adepte de l’économie administrée soudainement par un songe? Non il semble avoir compris que ça va chauffer si rien n’est entrepris pour les salariés notamment un partage des bénéfices : la Guadeloupe, la Martinique et demain .. préfigurent l’avenir ; le président semble vouloir reprendre la main face aux multinationales et imposer ses vues car il n’a plus le choix.

  14. Avatar de Moi
    Moi

    Je n’ai pas regardé le discours mais l’extrait que j’ai entendu ce matin à la radio c’était une phrase convenue du genre « on va diminuer les charges sociales des entreprises pour leur éviter de devoir délocaliser ». C’est un peu contradictoire avec la répartition équitable, non?

  15. Avatar de Fab
    Fab

    @ BDphile,

    Merci pour le lien qui résume bien la situation.

    @ Omar Yagoubi,

    « …cette télé, qui, on l’oublie parfois, est un outil d’endoctrinement de masse ». N’y allez-vous pas un peu fort ? N’oublions pas que la télé permet à tous d’être informés des résultats de la starac et du championnat de foot du Burundi ! Quand même ! S’cusez du peu. Et puis, quand vous parlez d’outil d’endoctrinement de masse, j’imagine qu’il y a quelqu’un qui tient cet outil ! A qui pensez-vous ? Connaissez-vous un outil de désendoctrinement de masse ?

    @ …

    Chez moi on parle de croyances : la semaine des quatre jeudis, la poupée qui tousse, le père Noël pour les plus jeunes…
    Mais c’est promis, ce coup-ci c’est pas pareil ! Ayez confiance…

    PS : Une question qui s’adresse à tous. Supposez que je sois endoctriné de masse (ou secte, drogue,…) et donc que je ne sois pas apte à m’en rendre compte. Comment feriez-vous pour me sortir de là, pour que je vous écoute et vous fasse confiance ?

  16. Avatar de béber

    A la question cruciale de Lagache :  » votre plan va créer combien d’emploi? » , le président sarkozy a menti ( par omission, c’est plus pratique) puisque ses ministres se sont déjà exprimés sur la question.

    Celà lui a permis de s’éviter le ridicule du comparatif entre besoins et moyens mis en oeuvre , ce qui aurait été un signe trop voyant d’imcompétence. Associé à l’incapacité de prévisions ( gouverner , c’est prévoir) , mr sarkozy sait il seulement demander si ses conseillers avaient le niveau requis?

    Le pire ayant été de laisser supposer aux français que les millards nouvellement sortis de caisses ne coûteraient pas un centimes aux français.Qui peut croire celà?

    Bref, beaucoup d’effets d’annonces comme d’habitude , et un oeil rivé sur ce que font les autres pays.
    En attendant , le bateau coule. A part les chiffres des organismes officiels , nous disposons de ceux trés contradictoires donnés par les associations caritatives .

    Mais tout va bien, le président a prévu de construire les routes qui mènent aux soins intensifs.
    D’ici là , suite aux « investissements » , on prendra peut être le temps de trouver les architectes de nos nouveaux hôpitaux.

    En vérité, la gestion de la crise ne suit pas des principes de remise en question , mais ceux d’une vieille recette de succès électoral :

    1) Suivre la ligne des sondages , repérer les catégories sociales à séduire , leur faire des promesses ( leur dire ce qu’ils ont envie d’entendre ).
    2) Continuer le plan de quelques puissants qui financent de grands médias ( pour modeler l’opinion publique) , et réaliser l’un après l’autre les objectifs prévus par ceux ci ( casse du code du travail, cadeaux fiscaux aux plus riches de la nation, destruction des prud’hommes , privatisation des moyens de productions d’énergie, fin des taxes professionnelles, donnés à des privés le travail effectués par des fonctionnaires etc…)

    L’avenir dira.

    Et puis , comme aurait diogène, un tonneau, çà flotte….

  17. Avatar de A.
    A.

    Cela fait quarante ans que l’on nous rabat les oreilles avec la participation des salariés aux bénéfices. Ca ne coûte rien de le dire et cela n’engage à rien. On pourra prendre ce propos au sérieux quand un projet de loi sera proposé au Parlement.

    Savez-vous qu’en ce qui concerne les rémunérations des dirigeants des banques, il n’a rien fait à part de les dénoncer. Aucun acte n’a suivi.

  18. Avatar de quoi
    quoi

    De mon côté, je n’ai pas pu résister plus que deux minutes au spectacle de notre acteur national. Sinon j’ai deux questions :
    La première est pour monsieur Jorion Est vous vraiment sincère en affichant votre autosatisfaction que nous sommes en démocratie, Pouvez vous en rappeler la définition et essayer de la superposer à ce que nous vivons actuellement ( un exemple pour vous aider: La ratification du traité de Lisbonne par votre président est elle légale alors que la France d’en bas a dit NON, et rien que la semaine dernière la mutation d’un préfet ….etc )
    La deuxième: Y a-t-il quelqu’un qui peut nous expliquer exactement d’où vient l’argent que Sarko a prêté aux banques et quel en est le mécanisme sachant que notre état n’as pas de sous et que l’argent qu’on pays à l’état sous forme d’impôts ne fait que payer une partie des intérêts que l’état doit aux banquiers ( voir la dette de l’état français environ 1400 000 000 000 euros)

  19. Avatar de Jb
    Jb

    Sur le coup, votre éloignement ne vous aide pas. Pour avoir écouté à peur près toutes ses interventions depuis 2 ans, je peux vous dire que celle de hier soir était dans la lignée de toutes les précédentes: on reformule les questions à partir d’évidences, on balance des réponses « plus c’est gros plus ça passe », on fait confiance aux journalistes carpettes pour le reste et fait en sorte de sortir un maximum de mesures avec un minimum de cohérence pour que le débat qui pourrait faire suite tombe à l’eau. C’était du très grand Sarkozy hier soir. Il ne faut pas oublier que l’on est à l’air de la pensée zéro et que Sarkozy ne doit pas mieux saisir les enjeux économiques qu’un grand nombre de français, il se forme avec les banquiers français et les « économistes » de Bercy.

  20. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Et pourquoi 1/3 1/3 1/3?
    Quelle est la proportion de capitalistes dans la population française et mondiale?
    pourquoi tout le monde pense que 33% pour les travailleurs est JUSTE?
    Je suis vraiment fatigue de tout ça… vive notre pseudo démocratie (démo = plouto? non!)

  21. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Quoi

    A mon avis, mais il n’engage que moi, je me trompe peut être… : si ces 25 milliards prêtés aux banques aboutissent d’une manière ou d’une autre en réserves obligatoires à la banque centrale, ils vont permettre aux banques commerciales un « multiplicateur de crédit », ce qui va leur permettre d’émettre de la nouvelle monnaie de crédit (x 6 ?) qu’elles pourront ensuite préter à l’Etat dans l’achat de titres de la dette…

  22. Avatar de zebulon
    zebulon

    « Bad bank » : Le problème de la France c’est que l’on a déjà donné.
    Le CDR a été créé pour sauver le crédit lyonnais de la faillite, et pouvoir ensuite le privatiser, la responsabilité de l’état était clairement engagée. Ce qui s »est traduit par l’absorption du lyonnais par le crédit agricole. La consanguinité du milieu bancaire et de l’inspection des finances relativise d’ailleurs les privatisations françaises. L’état n’est jamais bien loin dans dexia qui finance les collectivités locales, dans les caisses d’épargnes etc.
    Les banques françaises n’ont plus de fonds propres, le choix de la nationalisation n’est qu’une question d’opportunité politique. Bien évidemment l’ump a moins de facilité pour franchir le pas sauf à faire appel aux valeurs gaulliennes et à la défense de l’intérêt national, ce qui suppose évidemment quelques contorsions sur la position européenne.

    Il y a quelques mois, nationaliser était un mot interdit, alors désormais tout est possible, les rapports de force politicos économiques sont des équilibres instables, tout dépend de la stratégie des uns et des autres. Mais certains peuvent être tenter de ramasser le jackpot.

  23. Avatar de Moi
    Moi

    @Fab: « Supposez que je sois endoctriné de masse (ou secte, drogue,…) et donc que je ne sois pas apte à m’en rendre compte. Comment feriez-vous pour me sortir de là, pour que je vous écoute et vous fasse confiance ? »

    Intéressante cette question. Mon opinion est qu’une fois endoctriné aucun argument contraire à la croyance n’aura le moindre poids, cela renforcera plutôt la croyance. Donc inutile de discuter. Il faut attendre que la réalité contredise fortement la croyance et celle-ci s’effondrera (ou le croyant se suicidera).
    C’est ainsi que le communisme a été réfuté, que les religions le sont, que le libéralisme est à son tour en train de l’être. (cela me fait penser que les Glucksmann de service sont déjà sans doute en train de préparer le retournement de veste).

  24. Avatar de ph
    ph

    Je ne comprends rien à votre article Mr Jorion. Votre raisonnement, votre interprétation du discours bal-bla bling-bling sarkoziste est confondant de naïveté. Est-ce là une analyse d’ « une autorité reconnue dans le domaine de l’Intelligence Artificielle ». En aucune manière vous n’avez compris celle de Sarkozy ! Ce président parvenu spécialiste ès marketing ne peut en aucune manière, AUCUNE, être pris au « sérieux », d’autant plus qu’il fait partie de ceux et celles qui nous ont mené dans la crise systémique actuelle! Merci par contre aux commentaires bien plus éclairants sur cette « pensée zéro » dont j’attends une analyse cognitive (et politique) autrement formulée que celle dont vous venez de nous gratiner …

  25. Avatar de JLM

    Je trouve la tonalité générale inquiétante. Après avoir rappelé sa lignée, Sarkozy s’est affirmé comme « le patron », mais j’ai le sentiment que ce rappel de la continuité vient à point pour dissimuler une rupture. Il y a un glissement entre « Chef d’État » et « patron de l’entreprise France » … laquelle doit sortir plus vite de la crise que les autres entreprises, etc. L’exercice du pouvoir selon d’état de droit est converti en management ! Dans ce cas, les journalistes sont en complet décalage, ils respectent un protocole désuet, alors qu’ils devraient intervenir sur le plateau télévisé comme représentant des petits actionnaires dans une AG : dossiers en main, contre les manoeuvres de la technostructure au services de plus gros actionnaires ! Mais c’est vrai, Sarkozy « est bon », il a entendu l’écoeurement, réfléchi aux causes – par le partage déséquilibré du profit- . De plus – ne boudons pas notre plaisir – , l’usage du plateau télévisé en tant que modalité de l’assemblé générale est efficace comme « rituel d’adhésion ».

    Si le management des États est une nécessité du temps, si le Chef de l’État « fait le Job » comme un  » grand patron « , alors l’expression de la démocratie devrait également changer de ton.

  26. Avatar de BDphile
    BDphile

    Stilgar,
    Mon « raisonnement » est principalement un pied de nez au système qui se mort la queue plus qu’une réelle réflexion sur l’intéressement en lui même.
    Tout est lié et on efface pas les problèmes en modifiant ou effaçant quelques lignes comptables.
    Et si les chiffrent de disent plus rien la réalité parlera pour eux

    Fab,
    « Soleil vert » est, au delà de son sujet et sa catégorie, un excellent film.
    L’un de ceux que je mettrai au panthéon du cinéma.

    Quant à sortir quelqu’un d’une dépendance/conditionnement il n’y a malheureusement ni bcp de solution, ni de marge de manoeuvre.
    A mes yeux, je parle d’expérience (bien malheureusement là encore), il y a 2 méthodes:
    – la douce:
    L’exposition simple et prolongée au principe de réalité peut déboucher sur une amélioration.
    Il faudrait faire en sorte que cette réalité s’impose à la personne de par elle même.
    Ensuite il faut la chance qu’elle ait encore la possibilité de s’y rallier.
    Nul ne le peut à sa place.

    – la forte:
    Extraire la personne de son milieu de dépendance/conditionnement.
    La forcer à vivre dans un nouveau système.

    Dans les 2 cas un résultat final positif est loin d’être acquis et il faut s’adapter, à la personne, en fonction du « mal » (la dépendance et le conditionnement sont d’ailleurs deux choses bien différentes et qui peuvent se cumuler).

    Pour terminer, en matière de conditionnement à l’adhésion au système capitaliste et plus simplement monnaitaire, les verrous sont particulièrement difficiles à faire sauter.
    Ne serait ce que parce qu’ils sont peut nombreux ceux à voir les choses e cette manière.

    Après tout dans un monde de drogués, le sain de corps est l’exception marginalisée.
    Dans notre système, le rebelle est le fou contre qui on « sort les revolvers ».

  27. Avatar de quoi
    quoi

    @Stilgar
    Merci de me répondre, mais excusez mon ignorance dans ce domaine, pouvez vous me donner davantage d’explications, alors qui prête à qui ( l’état prête aux banques ensuite ce sont les banques qui re-prêtent à l’état.
    La première partie de ma question était de savoir d’où vient cet argent prêté aux banques alors qu’on prétend dire que les caisses de l’état sont vides et que Mr Fillon avait déclaré fin 2007 que l’état était en faillite.
    Donc comment peut faire l’état pour prêter l’argent qu’il n’a pas?

  28. Avatar de Alain
    Alain

    En 2007, j’étais en Asie lors de la dernière campagne électorale. Lorsqu’on me demandait ce que je pensais du candidat Sarkozy, et de son éventuelle élection, je répondais qu’à mon avis ce serait la pire expérience pour la France.
    Déjà les sourds craquements du système se faisaient entendre, et l’administration Bush n’en finissait pas d’agoniser, mais le candidat Sarkozy continuait de prôner un copier-coller sur le modèle anglo-saxon :
    Il rêvait d’une France de propriétaires, endettait sur des durées de plus en plus longues, 20, 25, 30 ans. Alors que personne ne sait en matière d’Economie ce qui se passera à un horizon très court de 2 à 3 ans, il voulait des particuliers endettés sur des durées réservées jusque là aux administrations, (sans parler des hypothèques rechargeables, et autres innovations remarquables).
    Les propositions du candidat étaient formulées sur le mode du slogan publicitaire, « travaillez plus pour gagner plus », pour ne reprendre que la plus emblématique, et ça lui a plutôt bien réussi puisque nous voilà doté du Président que la terre entière nous envie.
    Bien mais depuis son élection, qu’avons nous obtenu ?
    – Un paquet fiscal…qui a privé la France des maigres moyens dont elle disposait encore, pour le plus grand profit de ceux qui n’en avaient pas besoin.
    – Des illuminations Sarkoniennes… les enfants du primaire et la Shoah, les laïcards teigneux, les curés et les valeurs …etc., très vite rengainées faute d’approbation, ou plus perfidement, ayant suffisamment jouées leur rôle d’écran de fumée.
    – Des mensonges…mais en cela il n’innove pas plus que tous ses prédécesseurs, si ce n’est dans l’aplomb dont il fait preuve pour affirmer qu’on peut lui reprocher bien des choses mais pas de mentir…
    Hier soir, qu’avons nous vu?
    Un Sarkomytho qui joue une nouvelle partition, à la manière de Chirac. Vous vous rappelez : le coup de la fracture sociale.
    Tout le monde le voit, et le Sarkonaute aussi, ça va mal. Les français les plus éloignés de la métropole, ceux de la Guadeloupe et de la Martinique, vivent de plus en plus difficilement, et ils descendent dans la rue pour le dire. Après les lycéens l’année dernière ; La grande manifestation de la semaine passée, qui a montré un front uni de la part des syndicats, notre Sarkonaparte voit,malgré son intelligence extraordinaire, son hyperactivité, ses promesses renouvelées, et ses réformes engagées, que le bon peuple n’est pas content, (quand la France grogne il semble que cela lui redevienne audible, si pas encore tout à fait visible).
    Alors, pour répondre à l’angoisse grandissante des français, Il a fait ce qu’il sait faire: de la prestidigitation, (la magie, et autres miracles c’est pour plus tard)
    L’argent prêté aux banques; ça n’a rien coûté aux français, mieux ça va leur rapporter, 1,4 milliards d’euros! Que lui Sarko 1er va s’empresser de redonner aux plus fragiles des français, les plus nombreux. A comparer avec les 15 milliards du paquet fiscal. On ne polémiquera pas sur le fait que les 15 milliards ont déjà été reçus par les français les plus aisés, et que les 1,4 milliards ne le seront que plus tard, si tout va bien pour les banques.
    Et voilà la magie : c’est simple, pour alimenter les caisses de l’Etat qui sont vides, selon les propos de Sarkoléon lors de son arrivée au pouvoir, il suffit de prêter de l’argent aux banques. Pourquoi se limiter à des sommes si ridicules, la France devrait leur prêter encore plus et faire partager cette innovation de taille, à la planète entière pour que tous les Etats se mettent à prêter de l’argent à leurs banques. Ah, c’est déjà fait me dit-on…
    Mais revenons à la dangerosité de l’expérience Sarkonienne. C’est bien évidemment cette capacité innée de notre Président à promettre tout et son contraire, pour satisfaire son obsession du pouvoir. Peut lui importe d’être totalement incompréhensible, il se qualifie de pragmatique. Hier il louait le Capitalisme décomplexé, aujourd’hui il nous parle de refondation du Capitalisme. Il se permet même l’exercice préféré des américains: la contrition.
    Et ça marche encore, n’est ce pas M. Jorion, Vous qui ne boudez pas votre plaisir.
    Pour ceux qui veulent y croire, incorrigibles qu’ils sont, il faut attendre le 18 février prochain, et quelques jours, peut-être quelques semaines, voire quelques mois de plus, pour juger si les promesses d’une meilleure écoute du Sarkonissime sont tenues.
    Alors continuez de croire qu’on peut , sans risque, monter les français les uns contre les autres : La France qui travaille, qui se lève tôt contre celle qui ne fiche rien qui profite des allocations, qui parasite le système…au rythme actuel, la France qui travaille, va devenir aussi minime que celle qui touche des allocations. L’enfin l’unité retrouvée dans la misère.

  29. Avatar de Fracture
    Fracture

    BDphile, tu oublies la méthode Audiard « Faut pas parler aux cons, ça les instruit. »

  30. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Bonjour à Monsieur Paul Jorion, aux participants et aux intervenants,

    Le président-patron de tous les français, chef de meute d’une certaine droite particulièrement décomplexée, ostensiblement obscurantiste et agressivement suffisante et triviale, a parlé. Médiocre histrion, feignant l’empathie à l’égard des petits, des sans grade, et voulant persuader du sérieux de ses tirades insensées, lancées à la volée…la routine, somme toute…c’est quasi automatique chez lui, il a récidivé et imposé sa moribonde rhétorique au bien brave bon peuple.

    Quatre-vingt-dix minutes durant? Dur traitement, vraiment: une dose d’hippopotame en réalité…et ça c’est la réalité, c’est ça, la réalité, la réalité c’est ça, la réalité…etc.
    Un flagrant délit d’insulte à l’esprit, mis en langue ( fourchue ) et en image en direct à la télé, la radio, sur la toile. C’est comme ça que l’on communique en régime démocratique, jusqu’à nouvel ordre.

    Il y a des moments, comme ceux-là, où l’on devrait se demander à qui, en réalité, un pareil individu s’adresse. A nous? à vous? à tu? à toi? à eux? à d’autres?
    A très peu, sans doute.

    Merci et bravo! Monsieur Jorion, pour la qualité des propos, et les réflexions éclairantes partagées dans cet espace. Une bonne brise d’air frais pour nos toujours palpitantes narines, et de copieuses pelletées de grain à moudre, plus quelques brassées de foin à ruminer pour nos athlétiques et frétillants neurones. .db.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta