Billet invité.
TELESCOPAGE DE PROBLEMES SANS SOLUTIONS
Nous sommes toujours en « stand by », dans l’attente d’une décision américaine sur un nouveau plan de sauvetage des banques, qui semble encore retardée et est dorénavant annoncée pour la semaine prochaine. La déclaration de Joaquim Almunia, Commissaire européen aux Affaires économiques, lundi à Madrid, selon laquelle les participants à la réunion du G20 du 2 avril de Londres allaient plancher sur la possibilité de créer des bad banks n’est pas faite pour accréditer l’idée que cette question va vite être réglée. Le 2 avril, c’est dans une éternité, ou presque.
De fait, tout se passe comme si les problèmes déjà identifiés faisaient difficilement l’objet de décisions, qui tardent beaucoup – en raison de l’énormité des financements que leur solution implique – et que de nouvelles difficultés apparaissaient simultanément. D’un côté la BCE annonce qu’elle réfléchit à un cadre dans lequel les Etats de la zone euro pourraient créer des bad banks, tandis que de l’autre les tensions continuent de croitre sur les marchés obligataires et des devises, annonçant de nouvelles difficultés majeures.
A ce propos, Joaquim Almunia a eu le mérite de dire tout haut ce que beaucoup pensent tour bas, au cours du même déjeuner de Madrid, estimant que « la possibilité que des pays membres de l’UE qui ne sont pas actuellement dans la zone euro puissent remplir les conditions pour la rejoindre sont très élevées », précisant qu’il s’agit de la Grande-Bretagne, du Danemark ou de la Suède.
Nous sommes dans une période ou le « ni, ni » domine les débats. Ni augmenter outre mesure la dette publique, ni prévoir de l’effacer par l’inflation. D’où des solutions de sauvetage des banques qui tournent toutes autour de la même idée, clairement exprimée en RFA, de les faire uniquement bénéficier de garanties de l’Etat, ombrelle sous laquelle elles pourraient créer leurs propres bad banks, puis de leur demander d’aller ensuite sur le marché pour se renflouer, sans que l’Etat n’intervienne. C’est beau comme un camion Mercédès.
Ce schéma n’est pas exactement celui qui est discuté aux USA, où il semble ne pas pouvoir être fait l’impasse d’un achat des bons du Trésor US par la Fed, une solution typiquement inflationniste à laquelle les Allemands se refusent actuellement. La discussion porterait aux USA sur le niveau d’inflation admissible et sur la manière de la contrôler. Mais ce ne sont que des hypothèses, car ces débats ne sont évidemment pas publics. Rappelons la déclaration de Thomas Steg, porte-parole adjoint du gouvernement, hier lundi : « l’expérience nous a appris qu’il y a certains sujets relevant de l’Eurogroupe dont il vaut mieux ne pas discuter en public. » On touche là aux limites de la revue de presse.
Les gouvernements européens donnent en attendant l’impression de bricoler un peu. Les Espagnols réunissent leurs banques mais en restent pour l’instant aux injonctions, les Suédois annoncent, eux, des injections de capital public (4,7 milliards d’euros avec des contreparties), les Britanniques un plan de soutien aux PME avec un plan d’assurance crédit de 5,7 milliards d’euros, les Suisses lancent l’émission de bons en dollars à courte durée pour financer la bad bank accueillant les actifs « toxiques » d’UBS, les Belges voudraient bien intéresser les Chinois à l’avenir de Fortis, les Allemands envisagent la nationalisation de HRE et même, dans certains cas, des expropriations, selon les termes mêmes de Thomas Steg.
La Commission européenne a, de son côté, pour une fois pris l’initiative, spectaculairement, en proposant d’abolir le secret bancaire pour les non résidents dans plusieurs pays de l’Union Européenne qui le pratiquent. La proposition de Bruxelles prévoit que le Luxembourg, l’Autriche et la Belgique, les trois Etats de l’UE qui conservent le secret bancaire, ne pourront plus refuser de donner des informations fiscales à d’autres pays de l’UE concernant les contribuables de ces Etats. Le Premier ministre du Grand-Duché, Jean-Claude Juncker, n’a pu que répliquer que le Luxembourg était « prêt à discuter », laissant entendre qu’il souhaitait amender le projet.
La crise économique s’amplifie alors que les décisions tardent à venir. De plus en plus de secteurs économiques réclament une aide publique. La situation sociale devient sujet avoué de préoccupation gouvernemental dans de nombreux pays.
14 réponses à “L’actualité de la crise : Télescopage de problèmes sans solutions, par François Leclerc”
A tous les américanophones !
Il se déroule au Capitol des auditions concernant « Bank liquidity ».
CNN.com Live les retransmet en direct (?).
Il semble que des banquiers soient un peu embarrassés pour répondre à des questions précises sur les « réserves obligatoires »… mais je n’ai pas tout compris !
Merci, si quelqu’un peut donner une idée plus précise du contenu…
Sauf erreur…
il doit s’agir des réserves que les banques disposent à la federal reserve
http://www.federalreserve.gov/releases/
H.4.1 releases :
Monnaie en circulation
Currency in circulation (15) 884,160 Milliard de $
Mais :
Reserve balances with Federal Reserve Banks 795,454 Billion $ lol !!!!!!!!!!!!!
Deposits with F.R. Banks, other than reserve balances 238,443 Billion $ lol !!!!!!!!!!!!
Les banques sont assis sur 1 trillion de $ alors qu’il y a 884.160 milliards en circulation
Va comprendre Charles…
http://www.federalreserve.gov/releases/h3/Current/
Quelles sont les niveaux de réserve requis :
Date / Total / Non borrowed / Required / Excess NSA / Monetary base / Total borrowings from the Federal Reserve NSA
09-Jan. 14 904000 341642 60514 843486 1740587 562358
28p 852393 287295 59347 793046 1697962 565099
Bon il y a quand même 565000 Milliards qui viennent de chez ma tante (la Fed) soit la moitié… Il y a 60.000 Milliards de requis… Le reste fait dodo à la Fed… Faut dire que l’ambiance n’est pas à l’emploi de ces fonds… On saura comment et chez qui ils vont partir (si on les prète) mais le moins que l’on puisse dire c’est que l’on est pas certain qu’ils reviennent à échéance…
Mias je ne suis pas un spécialiste 😉
Apparemment les USA n’hésiteront pas une seconde à financer leurs plans divers par le recours à l’inflation et la création ex nihilo de monnaie publique, la masse monétaire va gonfler et suivront les prix et salaires. Les avantages sont assez évidents : diluer la dette notamment vis à vis des détenteurs étrangers, financer leurs projets à vraiment peu de frais c’est à dire rien du tout, et puis évidemment redistribuer les richesses d’une part en réduisant le pouvoir d’achat des rentiers et gros détenteurs de patrimoines tout en soulageant les ménages fortement endettés. Enfin ca c’est ce qui est idéalement prévu, si tout se passe bien, en ne tenant pas compte de toutes catastrophes que peut amener une inflation non contrôlée.
Les européens de l’UE semblent coincés par les institutions et lois de la zone euro, d’autant qu’avec des divergences, des économies très différentes il est peu probable que les pays membres se mettent d’accords. Quant à la qualification de certains pays pour l’entrée dans la zone euro, euh, vu les perturbations actuelles je dirais que ce sera déjà un miracle si la zone euro n’explose pas, si certains pays ne sortent pas du système monétaire de l’euro.
Mais bon parfois ce n’est pas le bon sens et les politiques qui décident en toute liberté, mais c’est bel est bien les conditions, l’urgence de la situation qui impose des décisions forcées. Les déficits vont très certainement exploser, la dette s’envoler.
La crise est là, mais le capital reste toujours dans les mains des capitalistes. On a tous compris je pense, que tant que l’argent restera aux mains d’une poignée de privilégiés qui sont également les décideurs, rien ne pourra vraiment bouger. Oui, mais voilà, reprendre l’argent à ceux qui l’ont accumulé au fil de l’histoire, remettre en cause la sacro-sainte propriété privée, cela fait hésiter…Pourtant, si rien ne bouge, les peuples finiront par mettre la tête de ces gens au bout d’une pique! (on en est pas si loin…) Il faut au plus vite reprendre les capitaux par une imposition juste et forte, et si des milliardaires quittent le territoire pour y échapper, faire comme pour les émigrés pendant la révolution : leur enlever la citoyenneté et récupérer leurs biens immobiliers comme biens nationaux. De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, sinon la guerrre civile..
@ Mika
Les « capitalistes » que vous pointez du doigt détiennent principalement des créances qui sont aujourd’hui largement irrécouvrables. Cantonner ces créances (bad banks ou autres moyens ésotériques), c’est leur maintenir une valeur (fictive), et donc préserver une valeur (fictive) à la « fortune » en cause. Pas besoin d’imposer ces pseudo-milliardaires : il suffirait de constater la dépréciation des créances. Mais évidemment, les dommages collaréaux seraient considérables, avec une banqueroute généralisée. Les grosses fortunes ne sont alors pas les seules à souffrir : vous et moi, votre voisin et la veuve de Carpentras se font (démocratiquement) ratiboiser… Cela dit, au vu des atermoiements officiels qui rendent le situation explosive, il n’est pas improbable que le pékin se fasse tondre en priorité…
François Leclerc écrit:
« »Mais ce ne sont que des hypothèses, car ces débats ne sont évidemment pas publics. Rappelons la déclaration de Thomas Steg, porte-parole adjoint du gouvernement, hier lundi : « l’expérience nous a appris qu’il y a certains sujets relevant de l’Eurogroupe dont il vaut mieux ne pas discuter en public » »
Voilà comment l’on « gouverne », dans des bureaux anonymes, tous les usagers de la monnaie dont les poches sont sensées être les « caisses » de ceux qui discutent à huis clos. Mais, je l’ai dit, la dissimulation renvoie à la culpabilité.
Au fait, cette remarque de François Leclerc ci-desssu, ne viendrait-elle pas de l’effet: paradis fiscaux? Dont le chiffre « mondial » serait voisin de celui de toute l’ « économie normale »? Les paradis fiscaux qui, dans le fond, tiendraient en otage cette supposée « économie normale », qui ne le serait pas du tout…
Passez votre chemins les mecs et allez vite bosser… ou chômer…
Vers l’explosion des prix mondiaux des matieres agricoles a cause de la secheresse hivernale persistante en Chine, Australie, USA et Argentine :
Wednesday, February 4, 2009
Texas and Florida hit hard by winter drought
by Eric deCarbonnel
Storm Exchange Inc reports that Texas and Florida have both been hard hit by winter drought.
Wake-Up Weather for February 3, 2009
La Nina produces drought: Texas and Florida have both been hard hit by winter drought, receiving less than half of normal rainfall since November 1st, and in many areas under 30% of normal. This is a direct effect of a weak subtropical jet stream with La Nina. The southern jet stream is the provider of winter rain storms, but when it is absent, showers are few and far between.
Kansas wheat declining: The lack of winter rainfall is starting to impact the nation’s top wheat producing state, especially in the southwest district where field moisture is 97% short to very short. The state wheat rating on February 1st is still favorable relative to Oklahoma and Texas, 59% good to excellent, 31% fair and 10% poor, but this was a step down from a month ago when 64% was good-excellent, 27% was fair and 9% was poor. January was extraordinarily dry.
Texas drought extreme: Texas wheat was 35% very poor, 29% poor and only 12% good on February 1st indicating irreversible damage in wheat. In addition, pastures and range lands were mostly poor to very poor, straining the cattle industry in the Longhorn state. Producers in the Blacklands and South Texas were considering reducing their herd size due to dry conditions, as supplemental feeding remained high.
Farminguk.com reports that Argentinian wheat exports stopped.
28/01/2009 01:03:29
Argentina-Wheat exports stopped
ARGENTINA
ONCCA BLOCKS WHEAT EXPORTS.
The Agricultural Ministry department ONCCA, has admitted that it has been rejecting export permits for wheat yesterday.
http://www.marketskeptics.com/2009/02/texas-and-florida-hit-hard-by-winter.html
Bravo Mika! Il y a longtemps que je pense la même chose.
Mais il faudrait éviter qu’ils récupèrent leur bien comme sous La Restauration…..
@ Leduc
Ton plan bien joli qui doit aboutir à l’inflation aux US se heurte à une résistance physique de taille…
1° les personnes solvables ne veulent pas emprunter
2° les banques ne prêtent plus aux insolvables
La création monétaire c’est bien joli mais en l’absence de crédit c’est une goutte d’eau dans l’orgie de création monétaire qu’il faudrait pour déclencher un pet d’inflation tellement la sous utilisation des capacités industrielles est énorme. Déclencher une spirale prix-salaire avec les taux de chômage actuels relève de la chimère…
Sauf erreur les tarifs de fret sont descendus à 200 US$ le conteneur sur la ligne Nord chine – Europe…
Que ce soit Europe et US (pour l’instant) l’avenir est à la déflation…
Complètement d’accord avec phev. Le mur de la dette empêchera toute reprise inflationniste avant plusieurs années. Les plans de relance à ce stade de la crise sont voués à l’échec. Leur justification n’interviendra que lorsque le deleveraging sera suffisamment avancé. On met la charrue avant les boeufs.
Bonjour,
Je ne sais pas si François Leclerc est un éminent economiste ou quelque chose de ce gout la, mais si ce n’est pas le cas, ça va finir par le devenir 🙂
Il y a pas mal de sites qui reprennet vos articles monsieur Jorion et finalement, avec cette nouvelle habitude (très bonne idée au deumeurant) on finit par avoir les billets invités un peu partout. Je suis tombé sur un article ce matin « L’actualité de la crise : Télescopage de problèmes sans solutions » par Paul Jorion… heureusement, ils ont laissé la signature de Francois à la fin…
http://www.24hgold.com/francais/contributor.aspx?contributor=Paul%20Jorion&article=1821478284G10020
Continuez comme ca!
@leduc
A moins que vous ne soyez l’un de ces predateurs offshore, en ebullition à l’idée que les taux-de-base bancaires pourraient remonter prochainement et venir etrangler plus vite les dizaines de milliers d’entreprises françaises qui arrivent encore à survivre,
ne vaudrait mieux que vous restiez silencieux sur ces questions de la plus haute importanbce stratégique ?
Nous ne sommes plus à l’époque des Trente Glorieuses où les salaires montaient.
A l’heure actuelle ils descendent vers ceux des BRIC !!!!
La hausse des prix par les TBB serait une catastrophe terrible !
Les forces vives et non corrompues des pays feront pression sur les parlementaires du G20 pour que les taux-de-base maitrisables (malheureusement ils ne le sont pas tous) restent a zero.
Que l’on discute des conditions pour satisfaire cet objectif !
Redisons-le : « La hausse des prix par les TBB n’ajouterait que des catastrophes additionnelles,
sauf pour les banquiers predateurs, bien entendu tels que SG ! »
Je vous rappelle que ce débat a déjà eu lieu, sur ce même blog, le 28 fevrier dernier [19:28 à 20:46]
entre M. François Leclerc, auteur de ce billet, et Auguste, le clown !
Le premier n’a pas présenté un seul et unique argument acceptable pour defendre son propos
( irresponsable aux yeux des contribuables couillonnés, hypercouillonnés chaque jour un peu plus)
Un peu de retenue, MM. Les banquiers !
… S’il vous plait !
Un peu de respect pour ceux dont les interets ne sont pas ceux de vos plus gros clients-creanciers !
@ MisterTee
C’est le problème d’être un invité. Philippe Barbrel reprend souvent mes billets sur ContreInfo. Quand un autre site reprend mon billet à partir de ContreInfo mon billet apparaît initialement comme ayant été écrit par Philippe Barbrel, mon nom apparaît comme dans ce cas-ci, ensuite. Comme on pense à peu près la même chose sur tout, lui et moi, je ne m’en suis jamais formalisé.
@ MisterTee
Vous connaissez l’expression, « Dieu reconnaîtra les siens ! » (je suis athée, et pas économiste). Merci pour le lien.