Billet invité.
ROUNDS D’OBSERVATION
En reprenant la dépêche de Bloomberg, Paul Jorion a incontestablement donné l’information la plus importante de la journée. La proposition de loi de Colin Peterson à propos des CDS tranche en effet sur la litanie des nouvelles de la crise financière. Le sort qui lui sera réservé est une autre affaire, mais, au moins, on est entré dans le vif du sujet. Car pour le reste, cela n’avance pas beaucoup.
George Soros, à Davos, vient de nouveau de joindre sa voix à tous ceux qui expliquent qu’il n’y a pas d’autre solution pour sortir de cette crise que de créer une bad bank, puis de nationaliser les banques. Certains disent en totalité, d’autres seulement quand cela est inévitable. La nuance ne résistant pas nécessairement à l’épreuve du feu, selon les premiers. Les problèmes et les résistances qui sont à cet égard actuellement rencontrés ne sont qu’un avant-goût de ce que nous allons voir, lorsque le sujet de la régulation future sera pleinement abordé.
Sans même attendre, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, a déclaré lors d’un point de presse à Washington, non sans une certaine prudence : « Nous avons un système financier qui est aux mains d’actionnaires privés, mené par des institutions privées, et nous aimerions faire de notre mieux pour préserver ce système ». L’idée était visiblement de s’en tenir au rachat des actifs toxiques, sans avoir à injecter du capital dans les banques, mais les choses vont très vite à Washington semble-t-il. De nombreux commentateurs de Davos voient d’ailleurs dans le fait que ce forum ait été ouvert par Vladimir Poutine et Wen Jiabao tout un symbole de ce qui se prépare inévitablement, étant donné le rôle prééminent que joue l’Etat dans leurs deux pays.
En tournée européenne, le premier ministre chinois a affiché à la tribune ses meilleures intentions de coopération, à l’opposé de toute confrontation, en référence implicite aux récentes accusations de « manipulation des cours » du yuan de Timothy Geitnher. Selon Wen Jiabao, les responsables de la crise sont les pays qui ont adopté « un modèle de développement intenable caractérisé par une faible épargne sur une longue période et une forte consommation ». De qui peut-il donc bien vouloir parler ? Quant au taux de change du yuan, le premier ministre a estimé qu’il était « raisonnable et équilibré », lors d’une conférence de presse donnée avec Angela Merkel. Il prend ses marques avant de négocier.
Le premier ministre chinois n’a pas le monopole des passes d’armes feutrées. Dominique Strauss-Kahn et Jean-Claude Trichet viennent de s’y essayer, entre bons Français. L’un au nom du FMI, sous forte influence américaine comme chacun sait, l’autre de la BCE, sous celle des Allemands comme personne ne l’ignore. Le premier a appelé la BCE, dans une déclaration à Die Zeit à « donner encore un peu plus de gaz » (en baissant plus ses taux), espérant que « les Européens règleront eux-mêmes ce problème » (de la cohésion de la zone Euro, en aidant les pays les plus faibles). Le second a répliqué à la cantonade : « Il nous appartient à nous, Banque centrale européenne, d’assurer la cohésion monétaire », défendant son pré carré devant les menaces voilées d’intervention du premier.
Quoiqu’il en soit, la situation de nombreux pays de l’Europe de l’Est devient très périlleuse et les projets d’intervention se multiplient, notamment du FMI, de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne. Tandis que la BERD ne peut qu’émettre des vœux pieux, faute de moyens adéquats, la Commission européenne a de son côté déclaré jeudi surveiller « étroitement » la situation, appelant les banques investissant dans ces pays à se montrer responsables, en faisant profiter leurs filiales des plans d’aides publics dont elles bénéficient à l’Ouest, alors qu’il y a des rumeurs de retrait de leur part.
Le prochain G20 va décidemment avoir des arbitrages difficiles à faire de tous côtés.
Dans un communiqué publié mercredi, le FMI, pouvant apparaître d’autant plus alarmiste que la BCE cherche pour sa part à systématiquement rassurer, s’inquiétait, en préambule de ses « Perspectives de l’économie mondiale », du fait que « la reconnaissance des pertes et la restructuration des créances douteuses ne sont pas achevées » (dans le système financier mondial). Les statistiques diffusées jeudi par la BCE montrent par ailleurs, en dépit de tout commentaire de sa part, que la difficulté à accéder aux crédits en zone euro augmentait encore.
Il semble également que la dernière réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed, qui vient de se terminer, n’ait pas été non plus de tout repos. Ce n’est pas la lecture de son communiqué final qui permet de le dire, rédigé dans la meilleure des traditions du genre, c’est à dire impliquant l’utilisation d’une forte loupe pour tenter de comprendre ce qui s’y est véritablement passé. Les analystes estimaient en effet que cette réunion devait être l’occasion de débattre de l’opportunité de fixer un objectif d’inflation ou une limite maximale à l’extension du bilan de la Fed (qui a doublé au cours des derniers mois du fait de sa politique d’accroissement des liquidités). Mais il n’en est fait nulle mention, ce qui signifierait plutôt que des désaccords persistent en son sein. Vu ce que l’on a depuis appris des futurs besoins de financement de l’Etat fédéral, on peut rétrospectivement le comprendre.
Résultat, on attend toujours que soit effectivement lancé le programme d’achats de bons du Trésor à long terme, afin de faire baisser les taux longs, ou au moins pour éviter que les très importants besoins de financement de l’Etat fédéral en 2009 provoquent une remontée de ceux-ci. Ce programme reviendrait concrètement à ce que la Fed achète directement la dette de l’Etat, notamment celle qui va résulter du plan de relance de 1.000 milliards de dollars de l’administration Obama, s’il est adopté par le Sénat après l’avoir été par le Congrès.
Nous restons donc dans une situation d’attente, qui ne va pas pouvoir perdurer. Un seul exemple, Alex Wieandt, patron de la banque allemande Hypo Real Estate (HRE) va publiquement exhorter dans le Süddeutsche Zeitung de vendredi, rapportent les agences de presse, l’Etat à rapidement entrer dans son capital, faute de quoi elle est condamnée.
On peut toutefois comprendre que l’administration Obama prenne son élan afin de sauter son prochain pas. Elle pourrait vouloir consacrer de 1.000 à 2.000 milliards de dollars de plus pour renflouer les banques américaines, affirme jeudi le Wall Street Journal. Le gouvernement envisage d’abord de créer une structure de défaisance chargée de racheter les actifs invendables des banques, dotée de 100 à 200 milliards de dollars prélevés sur la deuxième tranche du TARP. 1.000 à 2.000 milliards seraient ensuite levés par de nouveaux emprunts du Trésor, ou de la Réserve fédérale, afin d’épurer les bilans des banques et d’acheter des actions ordinaires, avec désormais droit de vote dans les banques.
Il n’est pas possible de terminer ce rapide tour d’horizon de l’aspect financier de la crise, sans faire état du rapport sur l’emploi en 2009 du Bureau International du Travail (BIT), rendu public mercredi dernier, selon lequel jusqu’à 51 millions de personnes pourraient connaître le chômage « si la situation continue de se détériorer ». Le même rapport indique également que « plus de 200 millions de personnes, la plupart dans les économies en développement, pourraient venir grossir les rangs des travailleurs extrêmement pauvres ».
Ni de ne pas faire mention de la venue de cinq chefs d’Etat latino-américains au sommet de Belem (Brésil) du Forum Social Mondial (FSM), qui se tient en même temps que celui de Davos : Luiz Inacio Lula da Silva (Brésil), Hugo Chavez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Equateur) et Fernando Lugo (Paraguay).
17 réponses à “L’actualité de la crise : Rounds d’observation, par François Leclerc”
les chinois financent ils la dettes des pays riches , ou les occidentaux financent ils les excedent budgetaire chinois ?
les chinois n ont ils pas plus besoin des usa que le contraire ?
si la nouvelle administration americaine referme ses frontieres aux produits etrangers et relocalise la production sur son territoire , l emergence de la classe moyenne chinoise sera tres fortement interrompu.
quant a cette legende de petit chinois vertueux , epargnant une grande partie de leur revenus ,
c est simplement pour pallier au manquement d un etat faible qui ne peut ou ne veut prendre en charge des depenses sociales minimum.
le parti communiste chinois a sciemment maintenut la remuneration de sa force de travail a des niveau tres faible en ne reinjectant pas les enormes reserve de change dans son economie accentuant le deficit de competitivite des economie developpes les forcants a s endetter de plus en plus pour preserver son niveau de vie.
la mondialisation n a pas profite au pays riche (exception faites des 5% les plus riches ) mais globalement au pays emergent (emergent grace financement des pays riches).
Le capitalisme a t’il une chance de s’en sortir sans la démocratie?
La démocratie a t’elle une chance de s’en sortir sans le capitalisme?
Pt’être ben que oui, pt’être ben que non.
@Bob
L’exemple de la Chine montre que le capitalisme marche très bien sans la démocratie…
Quant à la croyance que le capitalisme est un pré-requis à la démocratie, c’est une affirmation non vérifiée que psalmodie le chœur des chantres du néolibéralisme. Amartya Sen a pourtant bien montré que si la démocratie est un système où les décisions importantes sont prises après avoir consulté les personnes concernées, le système de démocratie parlementaire avec élections est loin d’être le seul valable, ni nécessairement le plus démocratrique…
@Alain
Je ne pense pas que la chine soit tout à fait capitaliste ni même qu’elle soit tout a fait démocratique, en fait je la vois tout autant libérale que marxiste, bref la Chine est le parfait hybride…
Cependant je ne pense pas les ingrédients miracles sont en Chine, car tôt ou tard ce peuple devra faire un choix entre l’épanouissement de la liberté et l’asservissement communiste qu’ils ont déjà connu et dont il ne sont pas totalement sorti (quel héros ce Mao…) …
Voyons déjà comment nous allons évoluer… :-/
2000 Milliards de $… je leur souhaite bien du plaisir…. et encore on renfloue encore que les banque avec ça… de là à lancer les immense projets d’infrastructure que promet Obama…. faudra déjà voir ce que les banque auront laissé de ce gateau fourré aux milliards…
@ Julien
Une part très importante de la croissance des pays émergents provient de leur activités exportatrices et non de la croissance de leur marché intérieur. Donc elle ne génére que peu de modifications en profondeur de leur structure sociale. Des couches moyennes, selon les critères locaux, se développent, mais les inégalités ont néanmoins tendance à s’accroître encore, même si la pauvreté y recule marginalement.
Le modèle de développement économique de ces sociétés reste en réalité encore à trouver, y associant l’ensemble de la population et non une partie de celle-ci. L’économie et la société sont encore très largement « informels », non régis par l’Etat.
Vous connaissez Celso Furtado, économiste brésilien du développement ?
@ François Leclerc,
Davos…encore Davos…Qui ne dit rien consent ? http://www.pauljorion.com/blog/?p=1689#comment-15632
Je me permets d’insister car je sens en vous une telle maîtrise, de l’actualité et des mécanismes économiques et financiers, que je me tiens le raisonnement suivant : une personne qui a un télencéphale si affûté ne balaiera pas d’un revers de main une supposition sans aucune raison ou justification.
Ne voyez rien dans mes questions qui se rapproche d’une quelconque et méprisable théorie du complot, mais plutôt une occupation différente, un autre jeu de réflexion…Pour illustration de mon propos, le Monopoly. En connaissez-vous les règles nouvelles, adaptées à la sauce des jeux de rôles ? En voici un exemple, pris au hasard, au hasard j’insiste, sur une des nombreuses règles du jeu :
CDS
Un credit-default swap (CDS) fonctionne de la manière suivante : deux parties se mettent d’accord à titre privé sur le fait que l’une, le vendeur du swap, remboursera à l’autre, l’acheteur du swap, les pertes que ce dernier aura subies du fait de la défaillance d’un tiers ; pour bénéficier de ce service, l’acheteur du swap verse au vendeur une prime dont le montant est déterminé par le marché en fonction du risque de perte tel qu’il est alors perçu. Différents éléments permettent aux acteurs en présence d’évaluer la valeur approximative de cette perte éventuelle : l’estimation combine le montant effectif de la perte en cas de sinistre (en anglais : loss given default ou severity), la probabilité en soi du sinistre, ainsi que le degré d’exposition de l’acheteur du swap au sinistre.
Merci en tous cas.
A propos de George Soros à Davos: il a été plus incisif que je ne l’ai écris, proposant non pas la création d’une « bad bank », mais celle d’une « good bank », estimant que cela serait plus simple à faire dans ce sens-là.
@Alain:
L’exemple de la Chine montre très bien une chose et une seule:
La Chine ne fonctionne que grâce aux exportations vers les démocraties occidentales.
Sans démocratie, le capitalisme est une coquille vide et inversement.
En vitesse, il y a aussi ceci du 27 janvier 2009:
http://www.marianne2.fr/Davos,-c-est-fini-_a174450.html
Est-ce que ce serait l’indice visible d’une simple bisbille ou d’une fêlure ? Anglo-américaine d’une part (Attali) et eurasiatique d’autre part?
M1/M0 indice des inégalités ?
Tous les biens et services qui ont été l’objet d’un emprunt (faisant augmenter la Masse Monétaire 1) existent déjà, en ce sens qu’ils appartiennent a l’humanité (si l’on part du principe que tout appartient aux hommes…). L’augmentation de M1 relativement a la base monétaire parait donc être un bon indicateur des inégalités sur la planète : les hommes produisent, sont privés de la jouissance de leur productions par une minorité, doivent emprunter ce qu’ils ont produit a cette minorité. M1/M0 reflète bien le niveau de ce mécanisme et donc du niveau d’inégalité.
@Bru
Vous oubliez les nombreux « patrimoines » qui n’ont pas été financés par la monnaie mais par la force ou même la loi ( propriétés des nobles, appropriation lors des guerres, décision du plus fort, etc)
Je ne crois pas qu’on puisse utiliser un rapport monétaire à partir de la monnaie centrale pour déterminer un niveau d’inégalité, bien que les patrimoines soient le plus souvent comptabilisés en monnaie..
Mais je puis me tromper…
Est-ce quelqu’un peut m’expliquer 2 choses :
c’est quoi cette « bad bank » ??? ils en parlent partout sans dire ce que c’est vraiment, si ce n’est racheter les actifs toxiques… et puis c’est tout ? pourquoi ils ne l’ont pas fait avant si c’était si simple ? c’est quoi le vice caché ? Elle rachète avec quel argent ? a quel prix ? pour combien de temps ? qu’elles sont les conséquences sur le reste de l’économie / finance de cette « bad bank ».
Même question pour le rachat des bon au trésor. C’est quoi le vice caché ? les conséquences ? c’est comme pour des actions, ça veut dire pour ceux qui en ont déjà que leur réserve se dilue (et donc se déprécie) ou c’est autre chose ? quelle conséquence pour le dollar ?
vous seriez bien aimable de m’éclairer sur ces sujets puisque les journalistes ne font pas leur travail correctement…
Quel est le monde dans lequel nous vivons ?
Même questions que Ybabel , à savoir
peut on expliquer le sens de « bad bank » ? racheter les actifs toxiques et puis …
Merci de bien vouloir éclairer ma lanterne
@ Ybabel, César Lambert
Une « mauvaise banque », c’est une structure (de défaisance, dit-on encore) où l’on parque les actifs que l’on ne sait plus évaluer, dont on suppose qu’ils ne valent plus grand chose ou qui n’ont plus d’acheteurs. Je pourrais dire au choix, en réalité c’est tout en même temps.
Avec deux idées en tête: 1/ on appure le bilan des banques à qui on les achète. 2/ on espère qu’ils reprendront de la valeur plus tard et qu’on pourra les revendre au moins le prix qu’on les a acheté. Voilà pour la théorie, mais celle-ci ne précise pas pour autant combien on va les acheter, puisque le marché n’est plus là pour le dire. Alors on va définir un prix, avec deux eccueils à éviter. Trop bas, il ne renfloue pas les banques, trop haut, il laisse peu d’espoir de récupérer sa mise.
Dans la pratique, on sait avoir toutes les chances d’y laisser des plumes. Qui va donc les laisser dans cette histoire ? Celui qui crée la « bad bank », le plus souvent l’Etat. Les banques sont ensuite censées revoler de leurs propres ailes. Et l’Etat ? Il peut mettre des conditions à ce sauvetage, pour se récupérer alors. Ou pas. C’est selon et c’est une question politique.
Les Bons du Trésor (en général les obligations d’Etat). Ils sont émis sur le marché par les Etats, assortis d’une maturité (date de remboursement) et d’un coupon (taux d’intérêt). Les investisseurs achètent, ou pas. S’ils sont très preneurs, les taux baissent, c’est actuellement le cas. Si les émissions sont quantitativement importantes, les taux montent. C’est ce qui risque de se passer prochainement. Voilà la théorie dans toute sa simplicité.
Cela se complique ensuite. Les banques centrales peuvent aussi acheter des obligations pour soulager le marché (éviter que les taux ne montent et que la dette soit de plus en plus lourde dans les budgets des Etats). Elles procédent pour ce faire en créant de la monnaie, comme par magie, c’est une de leurs principales prérogatives.
Il y a donc le choix, pour financer la dette, entre aller sur le marché et augmenter son service (le coût de son remboursement) ou procéder par création monétaire, au risque de relancer l’inflation (qui a par ailleurs l’intérêt « d’effacer la dette », mais crée des victimes « collatérales »). Ou de combiner les deux choix dans une sorte de coktail.
C’est toute la discusion en cours, dans les hautes sphères…Sachant que tout le monde doit se mettre d’accord pour appliquer la même recette.
J’espère avoir répondu à vos questions.
Merci François,
donc les bad banks, c’est l’état, donc les impôts qui payent les pertes des banques. Purement et simplement. Après on essaye peut-être de faire passer la pilule en disant « on se remboursera dans 20 ans », mais bon…
Et pour l’achat des bon au trésors, ok, on monétarise, et donc, on lance la machine a inflation, vu les sommes en jeux.
Dans le premier cas on joue avec l’humeur interne du « peuple » qui en a peut-être marre de payer les pots cassés pour les banquiers qui continuent de se verser des primes… du genre : avec 10 millards d’aide, on a fait 2 milliards de bénéfice, donc, on se verse quelques centaines de millions de prime !
Dans le second cas, on prends le risque de fâcher les « étranger » (chine japon etc…) qui détiennent la dette… et qui, s’ils s’en débarrassent, créent un problème encore plus grand.
Donc, on est pas sorti de l’auberge.
Sachant qu’aucune de ces solutions ne parle du fond du problème : l’industrie de la guerre, les paradis fiscaux, etc…
[…] Original post by Paul Jorion […]