Robert Mittelstaedt, qui a déjà eu l’occasion d’intervenir sur ce blog, a produit une vidéo intitulée Money Creation ‘ex nihilo’ . Son message, comme vous le verrez, est identique à celui que je vous ai proposé ici au fil des mois.
En guise d’introduction, je vous offre quelques extraits d’un livre que je suis en train de rédiger, sur le même sujet exactement que celui traité par Mittelstaedt dans sa vidéo :
Les banques n’ont cependant pas le droit de prêter tout l’argent sur votre compte-courant : elles sont obligées de tenir compte de votre désir éventuel de récupérer les sommes déposées sans préavis, comme le compte-courant le permet. Les réserves qu’elles sont tenues de maintenir légalement sont appelées « réserves fractionnaires ». Ces réserves sont faibles, aujourd’hui de l’ordre de 2 % généralement. Ce taux de 2 % a été calculé pour permettre à la banque de faire face aux retraits en temps ordinaire. Ceci suppose bien entendu une grande confiance de la part des déposants que leur argent demeure effectivement à leur disposition. En cas de panique bancaire ces 2 % ne feraient, cela va sans dire, pas l’affaire : seules des réserves couvrant la totalité des sommes déposées, c’est–à–dire des réserves fractionnaires de 100 % pourraient l’assurer.
Le système des réserves fractionnaires permet à l’argent inutilisé de ne pas être simplement thésaurisé mais d’être utilisé par l’économie là où le besoin s’en fait sentir. À cette fin, la fiction est maintenue que, bien que l’argent sur les comptes-courants aie été prêté – à l’exception des réserves fractionnaires – il demeure aussi disponible pour celui qui l’avait déposé sur son compte-courant. En général, lorsque celui-ci se présente pour retirer son argent, les réserves fractionnaires s’appliquant à une multitude de comptes permettent que la somme lui soit rendue. Si ce n’était pas le cas la banque devrait recourir à un expédient : ponctionner ses fonds propres, emprunter sur le marché interbancaire ou emprunter auprès de sa banque centrale.
Le système des réserves fractionnaires permet en fait une démultiplication monétaire qu’on aurait tort cependant de confondre avec une « création monétaire », le principe de conservation des quantités restant d’application sans être jamais enfreint.
Bien que les réserves fractionnaires soient aujourd’hui en général de 2 %, les illustrations de la manière dont le système opère utilisent le plus souvent le chiffre de 10 % et je ne faillerai pas à la tradition. La raison pour un nombre plus élevé se comprendra aisément. Voici comment le système fonctionne. Eusèbe dépose 100 € sur son compte à la banque. La banque est obligée de conserver sur cette somme des réserves fractionnaires de 10 %. Le reste elle peut le prêter. Ce qu’elle fait : Casimir avait besoin de 90 € et elle les lui accorde.
Le calcul à partir des réserves fractionnaires ne produit de chiffres mirobolants : 9 fois plus de crédits que de dépôts pour 10 %, 49 fois plus pour 2 %, que dans un seul cas de figure – qui n’a pas la moindre plausibilité dans le monde réel : qu’au sein de la chaîne de ceux qui empruntent, chacun utilise la totalité du montant de son prêt pour le déposer sur un compte à vue… tout en ne s’inquiétant pas du fait qu’il doive verser des intérêts pour ce privilège. Certains n’hésitent cependant pas à affirmer qu’un dépôt autorise une banque à accorder des crédits 9 fois, 49 fois… supérieurs aux dépôts. Comme seul un abruti emprunterait de l’argent à sa banque pour le laisser ensuite dormir sur un compte à vue, alors que sa banque lui compte des intérêts au fur et à mesure que le temps passe, la seule situation présentant une certaine vraisemblance est donc celle mise en scène par l’illustration initiale : celle où l’argent sur le compte-courant d’Eusèbe est prêtée à Casimir à concurrence de ce que les réserves fractionnaires autorisent, autrement dit que la banque est à même de percevoir des intérêts sur une somme un peu inférieure (90 % pour des réserves fractionnaires se montant à 10 %) à celle qui fut déposée initialement.
302 réponses à “Money Creation ‘ex nihilo’, par Robert Mittelstaedt”
De même lire 100 + 90 = 190 et non pas 100 + 90 + 190 … La déprime sans doute ! …
@ Stilgar : les références n’ont aucun intérêt à partir du moment où vous et moi pouvons lire un texte de la Banque de France ou un bouquin comme celui de Burda (Macroéconomie, édition 1997, qui faisait partie des lectures…) et interpréter ce qui est dit de façons différentes. Si dans mon dernier commentaire, la seule chose qui vous interpelle, c’est que j’ai dis qu’à Sciences Po, on n’enseigne pas la « création monétaire ex-nihilo », je retire volontiers cette affirmation.
Je prends donc note de votre changement de position et de votre opposition désormais à l’affirmation de Jean Bayard sur les “parkings monétaires” : l’épargne des déposants est “aussi” prêtée par les banques. Sur cette affirmation, nous sommes d’accord.
@Julien Alexandre
Prenez note de ce que vous voulez, mais manifestement vous n’avez pas compris de quoi il est question… ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit.
En tant que tenant du fait que les bcom ne créent pas de monnaie, je suis poignardé dans le dos par la BC suisse 🙂
Site de la banque nationale suisse
= Création de monnaie
Les banques créent de la monnaie en accordant des crédits. Les dispositions légales régissant les réserves minimales et la politique de la Banque nationale, généreuse ou restrictive, en matière d’approvisionnement en monnaie influent sur leurs possibilités de créer de la monnaie
Masses monétaires M1, M2 et M3
Outre la monnaie centrale M0, la Banque nationale suisse distingue trois autres agrégats, à savoir M1, M2 et M3.
= Contrairement à la monnaie centrale, les agrégats M1, M2 et M3 sont constitués essentiellement de monnaie créée par les banques (création de monnaie).
ex-nihilo ne figue nulle part, mais bon, c’est pas une preuve…
je suis très déçu 🙁
pourquoi étais-je persuadé que les bcom ne créént pas de monnaie ?
eh bien parce qu’ayant travaillé dans une banque, je n’ai jamais , ô grand jamais, perçu , ni dans les faits au quotidien, ni dans le discours de la direction ( y compris financière) que la banque créait de la monnaie.
j’avais plutôt l’impression que la banque courait après l’argent 🙂
mais bon, …
Désolé si j’ai mal compris votre propos.
J’ai compris en lisant ceci que vous disiez que les établissements bancaires prêtent la monnaie épargnée au préalable par leurs déposants sur leurs comptes à terme (par opposition aux comptes à vue). Ce n’est pas ce que vous vouliez dire?
il me semble que prêter quelque chose qui nous a été prêté ne crée rien sauf un risque de ne pas pouvoir rembourser celui qui nous a prêté, non ?
@ Nadine
La monnaie ex nihilo n’existe bien évidemment pas. Sauf fraude éventuelle ! Toute monnaie qui serait identifiée sur le marché qui ne s’explique pas par le modèle de création monétaire (que vous connaissez) est par définition frauduleuse ou sortie de l’imagination de celui qui en affirme l’existence. Je l’ai donc appelée monnaie-bulle…
J’ai mis le principe de mon raisonnement sur mon blog : http://www.plang.be/blog/blog-2009-02/2009-02-03.php
Si on fait le bilan de la monnaie qui circule et qu’on trouve des écarts, alors il faut enquèter pour trouver qui a triché et punir le coupable! C’est là qu’il faut aller investiguer et pas vérifier la pertinence du modèle.
Par quel tour de passe-passe comptable éventuel, les banques ont-elles pu pomper des liquidités dans l’économie pour justifier de prêter à tire larigot à des gens insolvables, sans que les banques centrale disent « stop » ?
Pourquoi les BC ne se sont pas aperçues, ou ont négligé, que la durée de vie moyenne de la monnaie scripturale créée par les banques commerciales diminuait anormalement ? Je suppose qu’elle devait diminuer puisque les banques tritrisaient les prêts (durée de vie quasi-nulle pour les prêts titrisés) pour restaurer leurs liquidités (pour prêter plus sans trahir le taux de réserve) en faisant rembouser la dette immédiatement par des spéculateurs via les SPC (Special Purpose Company)…
Par quel tour de passe-passe une partie du résultat de l’activité financière des banques s’est-elle retrouvée cachée dans une augmentation virtuelle des PIBs ?
Voilà le genre de questions que je me pose… Pas en termes descriptifs (car le blabla ne prouve rien) mais en termes permettant une démonstration fiable. Le hic, c’est que je ne suis, comme je l’ai dit, ni financier, ni prophète, ni professeur, ni gourou et qu’en plus je ne suis pas comptable ! On est peu de chose…
Voir aussi dans cette page-ci :
– Pierre Lang dit : 1 février 2009 à 19:14
– Pierre Lang dit : 2 février 2009 à 18:24
@ Pitalugue : ne soyez pas déçu, on ne vous a rien caché quand vous travailliez dans votre banque (à part peut-être les bonus de vos patrons!). La communication « publique » sur le sujet est un exercice difficile pour les banques, et la « création monétaire » des banques de second rang est la solution retenue à mon sens pour 2 raisons (déjà dit plus haut) : d’un côté, la complexité du système qui nécessite d’utiliser des raccourcis sémantiques, et de l’autre l’intérêt évident pour les banques à se montrer « indispensables » pour assurer leur influence sur les décisions.
Mais comme vous le soulignez, il n’est pas question de « création ex-nihilo », ce qui in fine signifie qu’il n’est pas vraiment question de « création » tout court, mais plutôt de mise à disposition d’un moyen de paiement. Les banques se gardent bien d’aller aussi loin dans le raccourci.
Et effectivement, prêter quelque chose que vous avez emprunté ne crée rien sauf un risque de non-remboursement, et c’est bien la gestion de ce risque qui justifie la rémunération des banques via la marge d’intermédiation.
@tous
Bonsoir.
Le film de Grignon avait au moins une vertu: son titre. L’argent Dette.
Les banques créent de la monnaie dette, dette, dette…
@ Julien Alexandre
je vois que dans sciences po, y a po comme politique.
quelle capacité à retourner les situations !
ça me redonne espoir dans ma croyance – les bcom ne créent rien – 🙂
merci
voici un lien vers le programme de sciences économiques et sociales trouvé sur le site de l’académie de bordeaux :
http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/SudMedoc/ses/2002/cours/financement_eco/rep_crea_mon.htm
il va tous nous mettre d’accord, je sens !
@Jean jégu
Désolé mais vous n’avez pas compris le mécanisme qui marche à deux niveaux, on a la monnaie scripturale privée qui est une dette de la banque sur son client et la monnaie centrale scripturale M0 qui est la monnaie des banques, si vous ne comprenez pas ça, vous ne pouvez pas comprendre cette exemple.
Vous dites : Le 1 jour : la banque A prête 90 % de son nouveau dépôt… puis concluez qu’à la fin de cette journée on a Le bilan : la banque A se retrouve avec 190 en dépôt”.
Je ne comprend pas. Au départ il y a 100 ; je prête 90 % soit 90 , reste donc 100 – 90 = 10 ; je reçois de ma consoeur B, 90 ; j’ai donc toujours 10 + 90 = 100 ! Comment pouvez-vous dire que A se retrouve avec 190 en dépôt ?
Quand on prête 90% d’un dépot de 100 (sous entendu la banque perd 90% de la monnaie centrale auquel correspond ce dépôt). Ce dépôt reste toujours crédité à 100, la banque a toujours une dette de 100 vis a vis de son client! c’est la raison pour laquelle avec le nouveau crédit de 90 qui finit en dépôt ça fait 190 au total.
Par contre à l’issu de l’opération les quantités M0 sont conservées on a toujours pour chaque banque 100 (10+90=100 dans votre commentaire)
Est ce que c’est plus clair pour vous?
@Stilgar
Je rentre du boulot, je regarde maintenant votre démonstration et vous dis si je suis ok avec vous.
@ Nadine
Merci de votre réaction, Nadine.J’avais bien raison : vos explications sont souvent très claires. Ce sont probablement les miennes qui ne le sont pas, mais j’ai comme l’impression qu’au fond nous sommes d’accord. Ce serait une excellente nouvelle !
Votre premier paragaraphe sur les deux niveaux : d’accord à 100 %. Si vous avez lu mes pages perso vous le sauriez. Mes on ne peut pas tout lire, surtout si ce n’est pas très sexy.
Passons à votre quatrième paragraphe : encore d’accord à 100 % ! Y compris sur votre (sous entendu la banque perd 90% de la monnaie centrale auquel correspond ce dépôt). .Les paragraphes 2 et 3 qui sont ce que j’avais écrit – en faisant volontairement l’âne ! – étaient justement là pour vous faire remarquer le non-dit qui est bien que la banque utilise 90 % de son avoir en banque centrale mais ne touche en rien au DAV. Moi, pour dire cela, j’écris que la banque ne reprête pas le DAV qui est le dépôt du client. Est-ce mal dit ? Je veux bien, mais vraiment je pense que nous sommes totalement d’accord sur le fait.
Tout ça est donc parfaitement clair pour moi comme pour vous !
Alors cherchons quand même une différence …ou alors on se demande pourquoi on continue à ne pas être d’accord.
Eh bien, bizarre … je cherche et n’en trouve pas de ce post particulier. Je me demande quand même si, au fond, notre différence ne serait pas seulement dans votre refus comme beaucoup sur ce blog à admettre ce que je disais dans mon quatrième paragraphe :
Alors,Nadine, les DAV, ce sont des dettes des banques envers leurs clients ou bien de la monnaie bancaire utilisée par ces clients ? A la fois les deux n’est-ce pas ; des dettes des banques qui sont les moyens de paiements utilisés par les clients, ce que les gens … ordinaires (*) appellent la monnaie en usage dans l’économie.
* ordinaires : je veux dire qui n’ont pas été conditionnés par le langage très étudié des banquiers. Peut-être, comme pitalugue et notre hôte Paul J. travaillez-vous en banque … là où on parlerait parfois de création monétaire mais seulement pour se donner de l’importance selon Julien Alexandre. Voilà qui expliquerait votre difficulté à admettre une réalité que vous connaissez pourtant parfaitement et qui est enseignée partout – sauf dans les banques – : la création monétaire par les banques commerciales.
Avec mes salutations si vous le voulez bien, amicales.
@Jean Jegu
Si vous êtes d’accord avec cet exemple alors vous êtes d’accord avec Paul, non?
Croyez moi, creation « ex-nihilo » ou pas création c’est trés important de trancher pour comprendre la crise et trouver des solutions pour réformer le système. Ce n’est pas un pur débat académique.
Je vais aller voir vos pages persos mais avant il faut que je réponde à Stilgar (sa démonstration est assez curieuse vous ne trouvez pas ? mais interessante)
Amicalement
Nadine
Les contreparties de M3 regroupent l’ensemble des éléments du
bilan des institutions financières qui ne sont pas retenues dans le
calcul de la masse monétaire ; elles fournissent ainsi une
information précieuse sur les modalités de la création monétaire.
En 1994, les variations des contreparties « créances sur l’extérieur »
et « créances sur l’économie » ont eu un impact négatif sur le stock
de monnaie. En revanche, l’accroissement des créances nettes des
institutions financières sur l’État a constitué une source très
significative de création monétaire.
À la fin du premier trimestre de 1995, l’évolution des contreparties
apparaît moins contrastée. L’impact sur la croissance de M3 de
l’évolution des créances sur l’économie est devenu moins restrictif,
sous l’effet de la reprise de la progression des crédits, tandis que le
repli de la contrepartie « extérieur » s’est amoindri. Enfin, la forte
croissance des créances nettes des institutions financières sur l’État
s’est ralentie.
LUC JACOLIN
BULLETIN DE LA BANQUE DE FRANCE – N° 22 – OCTOBRE 1995 107
le lien
http://www.banque-de-france.fr/fr/publications/telechar/bulletin/etud22_1.pdf
@ Nadine
Je ne crois pas que Paul soit d’accord avec ce que j’ai écrit. Mais peut-être pourra-t-il nous le dire lui-même…Mais êtes-vous vous même d’accord ou pas sur ma compréhension qui, me semble-t-il, est aussi la vôtre – mais justement je ne veux pas me tromper ; c’est à vous de le dire.
Merci en tout cas pour cet échange serein. Nous tentons tous de pousser dans ce qui pourrait être le bon sens. Alors autant essayer de bien l’identifier.
@ pitalugue
Document de l’académie de Bordeaux :
Voilà qui mettra effectivement tout le monde d’accord… 😉 Tout est malheureusement de la même eau.
Relisez ce que j’ai écrit : la « création monétaire », c’est pour se donner de l’importance, mais c’est avant tout un raccourci sémantique.
Nadine, vous avez raison me semble-t-il.
@ P Jorion
dois-je comprendre que vous douteriez de la qualité de l’enseignement des sciences économiques dans le pays qui produit les meilleurs vins du monde ?
😉
@Stilgar
La première partie de mon exemple commence ainsi:
Le 1 jour :
la banque A prête 90% de son nouveau dépôt soit 90 qui finit en dépôt chez la banque B
la banque B prête 90% de son nouveau dépôt soit 90 qui finit en dépôt chez la banque A
En fin de journée
la banque A transfert 90 en M0 à la banque B
la banque B transfert 90 en M0 à la banque A
Le bilan:
La banque A se retrouve avec 190 en dépôt
La banque B se retrouve avec 190 en dépôt
Et les réserves en M0 reste à 100 pour les deux banques
Et voici comment vous traduisez cela comptablement à l‘issus de l’opération (je commente à coté):
Banque A
Actif :
90 (billets)——————————> dites plutôt M0 c’est plus générale
10 (réserve obligatoire à la BC)
Crédit à Alain = 90
Passif
Compte de X = 100
Compte de Alain = 0
Dette envers banque B = 90 ————–> Faux c’est la dette de la banque A envers Beber c‘est à dire le dépôt de Beber …(car la banque B a déjà été payer lors du transfert des 90 par la banque A)
Donc la banque A se retrouve bien avec un dépôt =190
D’ailleurs heureusement car quand vous dite plus loin :
« La banque A se retrouve avec 100 en dépôt + dette de la banque B = 90 » …..et Beber dans tout ça où est passé son dépôt !
Bon, j’arrête là puisque du coup la suite est fausse, Stilgar, il va falloir bosser un peu plus, je vous laisse corriger pour avoir la suite du raisonnement.
Encore merci pour être rentrer dans le jeu.
@ Pitalugue : si c’est pour dire ça (cf. le document de l’académie de Bordeaux), je préfère en effet qu’ils se concentrent sur le fait d’élever des pieds de vigne plutôt que les esprits des futurs économistes 🙂
@Nadine
Je résume en recopiant certaines choses et on arrêtera là, car il est impossible de poursuivre sur ce blog si on ne veut pas admettre que :
– toute la monnaie moderne corresponds à des dettes inscrites au passif sur les bilans des banques (commerciales et centrales) et la double inscription simultanée d’un même montant à l’actif (une créance) et au passif du bilan de la banque constitue donc l’acte par lequel elle crée la monnaie
– le fonctionnement du système bancaire est un processus continu de création et de destruction de monnaie
– Et qu’enfin la monnaie scripturale n’est finalement qu’une dette de banque commerciale qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de payement
Détail : , vous écrivez dites plutôt M0 c’est plus général
Non, ca n’a rien à voir … M0 est un total interne à la BC … : on ne retrouve pas M0 inclus dans un quelconque agrégat de l’économie ( M1, M2, M3)
J’avais effectivement fait un raccourcis… je développe donc ici avec les comptes de Bébert et d’Arthur .
Donc, deux banques reçoivent de la monnaie fiduciaire pour 100 chacune d’un de leur client (X et Y), en échange d’une inscription du même montant sur le DAV de ces clients. Elles ont donc cette monnaie fiduciaire à leur actif et créditent au passif le compte de leurs clients (X et Y) de 100 chacun
Pour pouvoir émettre de la nouvelle monnaie scripturale de 10% des DAV,, les deux banques sont obligées de fournir 10 chacune à la banque centrale qui portera ce dépôt en R.O.
Le 1 jour :
la banque A prête 90% de son nouveau dépôt à Alain soit 90 qui finit en dépôt chez Arthur dans la banque B
la banque B prête 90% de son nouveau dépôt à Bernard soit 90 qui finit en dépôt chez Béber dans la banque A
En fin de journée
la banque A transfert 90 à la banque B et 10 à la B.C.
la banque B transfert 90 à la banque A et 10 à la BC
Le bilan des 2 banques, en cours de journée, est le suivant :
BANQUE A
Actif :
– 100 (billets)
– Créance sur Alain = 90
Passif
– Compte de X = 100
– Compte de Alain = 90
BANQUE B
Actif :
– 100 (billets)
– Créance sur Bernard = 90
Passif
– Compte de Y = 100
– Compte de Bernard = 90
Arrive le soir
BANQUE A
Actif :
– 90 (billets)
– 10 (billets en réserve obligatoire à la BC)
– Créance sur Alain = 90
Passif
– Compte de X = 100
– Compte de Alain = 0 (il a payé Arthur en banque B) => ce qui amène une dette de 90 de la banque A vers la banque B
– Compte de Béber = 90 (reçu de Bernard, client de B)
BANQUE B
Actif :
– 90 (billets)
– 10 (billets en réserve obligatoire à la BC)
– Créance sur Bernard = 90
Passif
– Compte de Y = 100
– Compte de Bernard = 0 ( il a payé Béber en banque A) => ce qui amène une dette de 90 de la banque B vers la banque A
– Compte de Arthur = 90 ( reçu de Alain, client de A)
Ce n’est pas la peine d’aller plus loin (vous pourrez recommencer autant de fois que vous voulez jusqu’à ce que tous les billets soient transférés en RO à la BC) … vous voyez que si on fait un rapprochement comptable entre la Banque A et la Banque B les deux dettes se compensent, et que même si l’on peut faire, sans aucun intérêt pour aucune des 2 banques, un transfert d’un montant identique de A vers B et de B vers A, il n’y a aucune justification pour que ca se fasse.
Il n’empêche que les liquidités dont disposeront chacune des 2 banques ont été réduites à 90….
Bon courage pour comprendre le système bancaire et la création monétaire si vous n’acceptez pas les prémisses citées en haut de ce commentaire.
Et juste pour Julien Alexandre: NON “création monétaire”, n’est pas un raccourci sémantique, c’est une absolue réalité: vous avez vraiment du sécher vos cours à Science Po pour écrire des inepsies pareilles.
@Jean Jegu
Bonjour Jean
Je réponds à votre question avec un peu de retard.
Sommes-nous d’accord?
Si j’ai essayé avec d’autres de démontrer que ce sont les nouveaux dépôts arrivant sur les comptes qui sont prêtés c’est simplement pour dire que si la banque n’a pas l’argent correspondant, elle ne peut pas faire de crédit à moins d’emprunter cet argent à quelqu’un d’autre. Alors c’est vrai que ce système fait gonfler M1 par rapport à M0 mais uniquement (et c’est la spécificité principale des banques) parce que le banquier espère que son client ne viendra pas retirer tout son dépôt. En faisant cette opération il prends le risque de s’endetter vis à vis du déposant sans pouvoir peut-être le rembourser si celui ci change de banque par exemple.
Dans la version « ex-nihilo » avec la création de crédit grâce à une simple garantie hypothécaire les banques n’ont pas besoin d’avoir l’argent correspondant et là je suis d’accord on peut vraiment parler de création monétaire, mais excusez moi, c’est simplement absurde car cela sous entend que la garantie suffit à cette création monétaire, mais Jean, imaginez simplement qu’avec ce crédit le client exige un retrait en espèce sur la totalité de ce que la banque lui à prêter pour payer « son fournisseur » par exemple. Comment fait la banque avec une simple garantie?
Vous allez me dire sans doute qu’elle échange cette simple garantie hypothécaire contre de la monnaie centrale à la BCE ou à ses consœurs. Non, ce n’est pas la garantie hypothécaire qui est échangée mais la créance complète avec sa garantie hypothécaire(créance dont elle est pleinement propriétaire=actif) qu’elle échange éventuellement contre de la monnaie centrale mais le fait qu’elle soit obligée de faire cette opération prouve de façon certaine que aucune banque ne peut faire de la création ex-nihilo à partir d’une simple garantie hypothécaire puisqu’elle est obligé de céder sa créance pour se financer en espèce (dans cet exemple).
Êtes-vous d‘accord avec ceci ?
@Nadine
Petite réponse sur le site de la BNS ( http://www.snb.ch/f/welt/questions/2.html#5 ) à votre question « imaginez simplement qu’avec ce crédit le client exige un retrait en espèce sur la totalité de ce que la banque lui à prêté »
Les espèces (billets et pièces) représentent environ 7% de la monnaie existante (pour que ca vous convienne mieux si vous voulez, « des signes monétaires existants »)
@Stilgar
Pardon mais pour pouvoir vous répondre correctement et sérieusement j’ai besoin de quelques précisions:
Vous dites « Pour pouvoir émettre de la nouvelle monnaie scripturale de 10% des DAV,, les deux banques sont obligées de fournir 10 chacune à la banque centrale qui portera ce dépôt en R.O »
Vous voulez plutôt dire 90% des DAV et non pas 10% non?
En conclusion:
Vous dites:« vous voyez que si on fait un rapprochement comptable entre la Banque A et la Banque B les deux dettes se compensent »
Vous parlez de quelles dettes ?
Vous dites: « et que même si l’on peut faire, sans aucun intérêt pour aucune des 2 banques, un transfert d’un montant identique de A vers B et de B vers A, il n’y a aucune justification pour que ca se fasse »
Vous voulez parler des compensations interbancaires?
Car si c’est le cas je vous l’ai dit pour l’exemple je préfère faire apparaître les flux directs, c’est la même chose que la compensation au final sauf que c’est plus pédagogique.
En fin vous dites: « Il n’empêche que les liquidités dont disposeront chacune des 2 banques ont été réduites à 90 »
Vous voulez dire les espèces ?
Car pour moi la liquidité c’est ce dont dispose les banques en monnaie scripturale centrale sur leur compte à la BCE.
J’attends vos précisions pour vous donner une réponse définitive
Merci.
Nadine dit :
3 février 2009 à 21:25
(à @Jean Jegu)
Croyez moi, creation “ex-nihilo” ou pas création c’est trés important de trancher pour comprendre la crise et trouver des solutions pour réformer le système. Ce n’est pas un pur débat académique.
Tout à fait d’accord! Mais quelle est l’ « essence » à trancher ici? Je n’en saisis plus l’enjeu à la longue.
Nadine, quand il y a une crise financière et économique comme maintenant, 2008-2009 (etc?), il y a aussi des exemples historiques tel que la crise partie de 1929 par exemple qui serait analogue sans être la même que 2008. Donc ici, dans tous les cas, les crédits et les échanges commerciaux deviennent difficiles et se raréfient, la demande, qui baisse en spirale, tend à s’effondrer, etc.
La question (évidemment en résumé pour fair court) est là:
Après 2008 (comme après 1929, etc), les moyens de production ont-ils disparus? Les usines se sont-elles évaporées? (en 1930-31-32, les usines existantes en 1929 ne s’étaient pourtant pas envolées). En 2009 on sait que les moyen de production ont « baissé » dans la même proportion que le fonctionnement financier et bancaire, mais leur potentiel, lui, n’a pas baissé ni disparu, comme ça d’un semestre à l’autre?
Le problème de la crise est strictement celui du reflet monétaire qui ne reflète pas du tout la capacité de produire, ne reflète pas la réalité économique, et reflète encore moins la réalité sociale. La représentation monétaire d’un certain potentiel de production et financière a été « trafiquée », et bien au-delà.
Le problème n’est-il pas clairement de rendre réel et sain monétairement et financièrement ce dont on est capables de produire physiquement? Puisque ce « miroir magique » de la monnaie ne fonctionne plus.
J’ai l’impression qu’il y a dans nos têtes une dissociation quasi complète entre le fonctionnement financier et le but à atteindre. Le but que ce fonctionnement financier n’atteint pas et pour cause. La Cause! La Cause devrait beaucoup nous titiller en « bons chercheurs » que nous espérons être (et certains le sont tout à fait). Le – Pourquoi – du système financier semble masqué par le byzantinisme des « investigations », alors que la fausseté patente du système financier accentue ses méfaits (Paul Jorion et François Leclerc, très consciencieusement, nous informent ponctuellement des déroulements implacables de la crises et ses méfaits). Il paraît clair que vous recherchez des détails les plus « pointus » dans un système, faux pour l’essentiel, comlexifié à souhait et où la confusion, qui semble avoir été entretenue à dessein, est manifeste et où le vocabulaire des financiers n’a que peu à voir avec le vocabulaire du public, ou des « profanes ».
Certains l’ont rappelés ici, des dizaines d’auteurs, universitaires, professionnels de la finances, analystes financiers, économistes, même prix Nobel, etc, des centaines d’échanges, sans doute à poursuivre, sur un tel blog, tendent dans le même sens qu’il faut chasser le vice introduit dans le fonctionnement financier et devraient mobiliser les compétences, les savoirs faire, etc, pour former une synergie et rémédier, ou remplacer ce sytème avec lequel il n’y a plus à se gêner (j’allais dire à respecter, pour autant que nous respections les personnes).
Encore mieux. Si toute cette masse documentaire s’avérait un leurre, sans rapport avec le « réel » fonctionnement financier actuel tel qu’il est dans sa « nature » et ses effets catastrophiques, alors là, quelle accumulation de preuves!! Et preuves professionnelles celle-là!!
Il n’y a pas de précautions à prendre avec quelque chose de manifestement faux, nuisible et toxique à haute dose, donc à proscrire. Que faut-il encore?
@Stilgar
A propos du lien qu’est ce que vous voulez me faire comprendre ?
En quoi ce lien infirme ce que j’ai écrit à Jean?