Money Creation ‘ex nihilo’, par Robert Mittelstaedt

Robert Mittelstaedt, qui a déjà eu l’occasion d’intervenir sur ce blog, a produit une vidéo intitulée Money Creation ‘ex nihilo’ . Son message, comme vous le verrez, est identique à celui que je vous ai proposé ici au fil des mois.

En guise d’introduction, je vous offre quelques extraits d’un livre que je suis en train de rédiger, sur le même sujet exactement que celui traité par Mittelstaedt dans sa vidéo :

Les banques n’ont cependant pas le droit de prêter tout l’argent sur votre compte-courant : elles sont obligées de tenir compte de votre désir éventuel de récupérer les sommes déposées sans préavis, comme le compte-courant le permet. Les réserves qu’elles sont tenues de maintenir légalement sont appelées « réserves fractionnaires ». Ces réserves sont faibles, aujourd’hui de l’ordre de 2 % généralement. Ce taux de 2 % a été calculé pour permettre à la banque de faire face aux retraits en temps ordinaire. Ceci suppose bien entendu une grande confiance de la part des déposants que leur argent demeure effectivement à leur disposition. En cas de panique bancaire ces 2 % ne feraient, cela va sans dire, pas l’affaire : seules des réserves couvrant la totalité des sommes déposées, c’est–à–dire des réserves fractionnaires de 100 % pourraient l’assurer.

Le système des réserves fractionnaires permet à l’argent inutilisé de ne pas être simplement thésaurisé mais d’être utilisé par l’économie là où le besoin s’en fait sentir. À cette fin, la fiction est maintenue que, bien que l’argent sur les comptes-courants aie été prêté – à l’exception des réserves fractionnaires – il demeure aussi disponible pour celui qui l’avait déposé sur son compte-courant. En général, lorsque celui-ci se présente pour retirer son argent, les réserves fractionnaires s’appliquant à une multitude de comptes permettent que la somme lui soit rendue. Si ce n’était pas le cas la banque devrait recourir à un expédient : ponctionner ses fonds propres, emprunter sur le marché interbancaire ou emprunter auprès de sa banque centrale.

Le système des réserves fractionnaires permet en fait une démultiplication monétaire qu’on aurait tort cependant de confondre avec une « création monétaire », le principe de conservation des quantités restant d’application sans être jamais enfreint.

Bien que les réserves fractionnaires soient aujourd’hui en général de 2 %, les illustrations de la manière dont le système opère utilisent le plus souvent le chiffre de 10 % et je ne faillerai pas à la tradition. La raison pour un nombre plus élevé se comprendra aisément. Voici comment le système fonctionne. Eusèbe dépose 100 € sur son compte à la banque. La banque est obligée de conserver sur cette somme des réserves fractionnaires de 10 %. Le reste elle peut le prêter. Ce qu’elle fait : Casimir avait besoin de 90 € et elle les lui accorde.

Le calcul à partir des réserves fractionnaires ne produit de chiffres mirobolants : 9 fois plus de crédits que de dépôts pour 10 %, 49 fois plus pour 2 %, que dans un seul cas de figure – qui n’a pas la moindre plausibilité dans le monde réel : qu’au sein de la chaîne de ceux qui empruntent, chacun utilise la totalité du montant de son prêt pour le déposer sur un compte à vue… tout en ne s’inquiétant pas du fait qu’il doive verser des intérêts pour ce privilège. Certains n’hésitent cependant pas à affirmer qu’un dépôt autorise une banque à accorder des crédits 9 fois, 49 fois… supérieurs aux dépôts. Comme seul un abruti emprunterait de l’argent à sa banque pour le laisser ensuite dormir sur un compte à vue, alors que sa banque lui compte des intérêts au fur et à mesure que le temps passe, la seule situation présentant une certaine vraisemblance est donc celle mise en scène par l’illustration initiale : celle où l’argent sur le compte-courant d’Eusèbe est prêtée à Casimir à concurrence de ce que les réserves fractionnaires autorisent, autrement dit que la banque est à même de percevoir des intérêts sur une somme un peu inférieure (90 % pour des réserves fractionnaires se montant à 10 %) à celle qui fut déposée initialement.

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302 réponses à “Money Creation ‘ex nihilo’, par Robert Mittelstaedt”

  1. Avatar de NingúnOtro

    C’est bien cela le problème… ce droit de création monétaire…

    … c’est même tout le problème:

    Pourquoi dois je travailler comme un forçat durant 40 ans pour me payer une maison?
    … et eux ils ne doivent pas travailler comme un forçat durant 40 ans pour obtenir l’argent qu’ils me prêtent pour acheter la maison… il leur suffit de faire une inscription.

    … et en plus, si finalement je n’arrive pas à payer les échéances de l’hypothèque… ils saisissent la maison? C’est à dire, finalement ils obtiennent la maison comme actif pour pouvoir effacer l’inscription… qui ne leur à couté rien que l’effort de faire l’inscription.

    ILS ONT TOUT INTÉRÊT A NOUS AFFAMER D’ARGENT… C’EST COMME CELA QU’ILS NOUS OBLIGENT A NOUS DÉFAIRE DE TOUS NOS ACTIFS…

    Et puis, la CRISE… ce n’a été que la course folle vers NOS ACTIFS… de ceux qui se font la compétence pour nous voler DE LA FAÇON ENCORE PLUS EFFICACE… jusqu’à inventer les subprimes, parce-que la magie des réserves fractionnelles n’allait pas assez vite.

    Et puis, la solution qu’ils cherchent… c’est comment se règlementer entre eux pour retourner à une compétition à mort oui mais avec le minimum de règles nécessaires pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or que nous sommes, nous esclaves volontaires du système.

    Lisez donc « Emphyrio » de Jack Vance!

  2. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Julien Alexandre
    Ces 100000 c’est pas pour les laisser sur un compte non rémunéré, le bénéficiaire en fait ce qu’il en veut, y compris spéculer pour empocher la différence avec les intérêts qu’il devra payer .. mais ce n’est pas le sujet, c’était seulement un exemple de création monétaire par une banque …
    Et une fois de plus, NON, la banque n’a pas besoin « qu’ils sortent de quelque part  » pour me prêter X euros… c’est là où vous faites (ainsi que d’autres) une erreur fondamentale!

  3. Avatar de antoine
    antoine

    1/ Julien Alexandre dit :
    28 janvier 2009 à 15:25

    (si vous l’avez acheté 50.000 € et que vous comptez empocher 100.000 € le jour où vous le vendrez, vous êtes un “méchant spéculateur” :))

    Encore une fois il y a spéculer et spéculer… Entre ce genre d’opération et ce que Paul propose de prohiber il y a une différence de NATURE, que je lui laisse le soin d’éclaircir. Il y aurait sans doute plusieurs manières de faire.

    2/ Sur l’idée que l’argent n’existe en tant que tel qu’au moment où il est échangé sur la base de la confiance…
    Ca ne veut rien dire. C’est digne d’un manuel d’économie c’est tout dire… sourire.
    Avant l’ »argent » comme « instrument » ou simple moyen technique d’échange il y a la monnaie comme « institution normative » qui repose non pas sur la confiance mais sur des modèles plus ou moins raffinés de distribution de la responsabilité et de la reconnaissance. Bref il faut se sortir ces absurdités sur la « confiance ».

    (Quelle conception d’ailleurs? celle qui s’appuie sur la philosophie analytique anglo-saxonne, proche de l’idée de « trust » qu’on trouve chez Locke, ou celle de la philosophie disons plus continentale, qui lierait plutôt le fait d’accorder sa confiance à une sorte de pari? Inutile de dire que dans les deux cas c’est le jour et la nuit, et on constate encore une fois que l’économie à son niveau le plus fondamental n’est in fine qu’une sous-catégorie de la philosophie politique et morale, voire de la métaphysique. Je m’empresse de préciser que les théories de la reconnaissance n’ont de toute façon rien à voir avec ces problématiques!).

    Il faut désapprendre cet espèce de catéchisme (et malheureusement c’est bien plus dur que de l’apprendre… sic).

  4. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Que se passe-t-il quand vous utilisez vos 100.000 € de votre prêt accordé par la banque A pour acheter un appartement à quelqu’un qui n’a pas de compte à la banque A?

    Pour la réflexion sur la spéculation, c’était de l’ironie malicieuse!

  5. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    NingúnOtro dit :
    28 janvier 2009 à 17:39

    Le banquier nous dit: je ne veux que votre bien, et je l’aurai…

  6. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Julien Alexandre

    pourquoi ne lisez-vous pas tranquillement, en essayant de comprendre, le lien que j’ai donné ? ..; ca m’éviterait de répondre à ces questions…
    Quel est le problème? « Je » dois toujours 100000 (+ intérêts du prêt) à ma banque et maintenant mon compte bancaire est à zéro. Celui du vendeur dans la banque B devra être demain à + 100000 .

    Ma banque et la banque A vont « compenser » ce soir. Si la compensation est équilibrée (un client de la banque A a fait un chèque de 100000 à un client de ma banque), il ne se passe rien de particulier. Si par contre ce n’est pas le cas, ma banque a une dette envers la banque A, donc deux solutions:
    – la banque A accepte de faire crédit (au taux Euribor) à ma banque … celle ci payera la banque A quand elle le pourra en annulant le prêt de la banque A
    – la banque A ne fait pas confiance à la mienne. Ma banque va donc devoir demander un « refinancement » à la Banque Centrale qui lui accordera mais lui demandera peut être la « prise en pension » de ma créance initiale (l’hypothèque qui a permis à ma banque de me créditer 100000 sous forme d’un prêt). La la compensation aura lieu au niveau des comptes « bancaires » des deux banques à la banque centrale, en monnaie centrale. Bien sur la banque Centrale demandera à ma banque un intérêts pour ce refinancement … intérêt en général plus « lourd » que l’Euribor.

    Bon, j’arrête avec vous …

  7. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    j’ai l’impression que le système de comptabilité à partie double laisse imaginer que la richesse ou la monnaie est 2 fois plus importante qu’elle n’est en réalité.
    en tant que citoyen lambda (ni banque, ni entreprise) , si je dois faire un bilan (comptable) de ma situation ca devrait donner ça :
    ma situation =
    détient un compte bancaire de 100
    une voiture évaluée à 200
    un prêt de 100

    bilan comptable de ma situation actuelle =

    actif passif

    compte banque 100 fonds propres 200

    voiture 200 credit 100

    total 300 total 300

    ma richesse n’est pas de 600 (300 + 300) ni de 300 (en net) mais de 200 ( 300 d’avoirs moins 100 de dettes).
    ma situation de trésorerie (argent effectivement disponible immédiatement) est de 100, la voiture étant un actif immobilisé (non monétaire).

    si je vends ma voiture 200 sans solder mon crédit, mon bilan sera de

    actif passif

    compte 300 fonds propres 200
    crédit 100

    total 300 total 300

    donc inchangé, ma richesse est toujours de 200 en net mais ma situation de trèsorerie est de 300.

  8. Avatar de Nadine
    Nadine

    Selon Jacques Attali, il y aurait aujourd’hui pour 85 000 milliards de $ de crédits bancaires dans le monde, ce qui signifie qu’en moyenne les banques vont empocher sur cette somme 50 000 milliards de $ d’intérêt.
    Où vont elles prendre ces 50 000 milliards de $ ? Sur de nouveaux crédits si tout se passe bien…
    (50 000 milliards de $ c’est le produit mondial brut par an !)

  9. Avatar de pitalugue
    pitalugue

    désolé les colonnes pour isoler actif et passif ont disparu…

    dans situation n°2, le crédit est au passif (droite).

    @Nadine : 50 000 d’intérêts sur 85 000 de crédit, ca fait un bon petit taux de 58 %
    ca doit être 5 000 d’intérêts ce qui est déja très très beaucoup.
    mais les intérêts c’est la cerise sur la gateau, le gateau c’est le principal (capital prêté) et là je sais pas s’il sera remboursé le gateau.

  10. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Stilgar :

    Ma banque et la banque A vont “compenser” ce soir. Si la compensation est équilibrée (un client de la banque A a fait un chèque de 100000 à un client de ma banque), il ne se passe rien de particulier. Si par contre ce n’est pas le cas, ma banque a une dette envers la banque A, donc deux solutions:
    – la banque A accepte de faire crédit (au taux Euribor) à ma banque … celle ci payera la banque A quand elle le pourra en annulant le prêt de la banque A
    – la banque A ne fait pas confiance à la mienne. Ma banque va donc devoir demander un “refinancement” à la Banque Centrale qui lui accordera mais lui demandera peut être la “prise en pension” de ma créance initiale (l’hypothèque qui a permis à ma banque de me créditer 100000 sous forme d’un prêt). La la compensation aura lieu au niveau des comptes “bancaires” des deux banques à la banque centrale, en monnaie centrale. Bien sur la banque Centrale demandera à ma banque un intérêts pour ce refinancement … intérêt en général plus “lourd” que l’Euribor.

    Donc si j’ai bien suivi, dans votre 1ère hypothèse où la banque B, comme par hasard, a une créance envers la banque A, après avoir comme par hasard accordé un prêt d’un montant comme par hasard égal à ce lui de la banque A, comme par hasard le même jour, et bien dans cette hypothèse dont chacun appréciera la faisabilité et le degré de réalité, il n’en demeure pas moins que la banque A a pu accorder un prêt de 100.000 € parce qu’elle satisfait au niveau de réserves obligatoires (cf. mon post précédent). Sa marge d’intermédiation est donc importante puisque les fonds qu’elle prête sont bon marché.

    Dans votre seconde hypothèse, la banque A emprunte bien l’argent à la Banque Centrale ou à une autre banque en échange d’une contrepartie. Dans ce cas précis, la marge d’intermédiation est faible, c’est la différence entre le taux d’intérêt du prêt initial et le taux de refinancement.

  11. Avatar de Nadine
    Nadine

    @pitalugue

    5000 milliards par an

    Le calcul est très approximatif car il y a des emprunts qui s’étalent sur plusieurs périodes différentes à des taux différents mais si on prend une moyenne sur dix ans entre 2% et 10% par an on trouve à l’issus des 10 ans à la louche 50 000 milliards de $ d’intérêt.

  12. Avatar de Fab
    Fab

    Les banques commerciales ne créent pas la monnaie ex nihilo. Elles la démultiplient.

    Démultiplier : Utiliser un effet de levier pour augmenter le rapport des forces en jeu.(Wiktionary)

    Le bras de levier pompe, pompe et pompe encore et toujours.
    Et la qualité de vie est aussi démultipliée ?
    La qualité de notre environnement est-elle démultipliée ?
    La qualité de nos relations sociales est-elle démultipliée ?

    Effectivement ça ne doit pas être fréquent qu’un « abruti emprunte de l’argent à sa banque pour le laisser ensuite dormir sur un compte à vue » ! En général il emprunte pour améliorer quelque chose…

    Donc les banques démultiplient, ce qui permet d’alimenter l’expansion nécessaire au système…économique. Un truc de malade ! On produit des choses dont on n’a nul besoin et qui en plus abîment notre planète ! On s’accorde à dire que certains abusent du système mais on refuse d’admettre que si on vit dans un pays riche c’est uniquement parce qu’il existe un pays pauvre…en contrepartie ! Et que le levier démultiplicateur, ou il l’actionne frénétiquement ou il le prend sur le coin du télencéphale, le pauvre… ! Donc les banques démultiplient : petit pignon, grand pignon, classique. Et il y en a qui ponctionnent sur cette démultiplication : ils cachent leurs sous, ils investissent dans la drogue, ils prêtent à l’état etc etc. Et le pompeur, il le voit bien qu’il manque des sous ! C’est pas un abruti (c’est l’hypothèse) ! Que va-t-il faire ? Il va emprunter ! Et ouais ! Et à qui ? A la banque, oui oui oui ? Et la banque, que va-t-elle faire ? Elle va démultiplier ! Et oui ! Et elle peut le faire, elle a le droit de le faire : les sousous qui avaient été cachés après avoir été ponctionnés sur l’argent démultiplié…elle va les démultiplier ! Et oui !

    Donc les banques commerciales ne créent pas la monnaie ex nihilo, elles démultiplient la monnaie.

    Et le levier lui, il continue à pomper, à actionner la machine à démultiplier. Et il n’a pas intérêt à s’arrêter ! Sinon attention ! C’est la crise ! Attention ! Finies les grosses vroum-vroum ! Fini la télé qu’on change tous les six mois ! Attention ! Finis les gros missiles qu’on vendait aux autres pour qu’ils s’amusent ! Entre parenthèses, au lieu de s’amuser à s’envoyer des missiles sur le télencéphale ils feraient mieux de travailler…de pomper quoi ! Attention à la crise !!! Attention…tout le monde y va perdre son emploi…de pompiste ! Attention ! On vous aura prévenu, on vous l’aura dit ! Vous viendrez pas, après, faire vos étonnés : Ah mais on savait pas, on n’avait pas vraiment fait attention…on l’a pas vue venir ! Il sera trop tard ! C’est maintenant qu’il faut réagir, consommer pour relancer la machine ! Allez ! Courage ! On va y arriver. Tous ensembles ! Et personne ne pourra s’opposer à notre volonté, je dis bien personne !

    Sinon, je suis entièrement d’accord avec Julien Alexandre et avec Stilgar. Comme ils ont l’air tous les deux d’être de bonne volonté, je voudrais juste qu’ils se donnent la main.

  13. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Taux d’intérêt simple ou composé, ce n’est pas la même chose…
    85.000 milliards prêtés à un taux composé moyen de 5 % sur 10 ans, ça fait bien 53.456 milliards d’intérêts. Les banques ne touchent sur cette somme que la résultante de la marge d’intermédiation : la différence entre leur taux de financement et le taux auquel elles accordent le crédit.

    @ Fab : merci pour votre commentaire. Stilgar et moi sommes d’accord sur l’essentiel (quand on parle travail, soleil, richesse…), mais pas sur les moyens d’y arriver.

  14. Avatar de Paul Jorion

    @ Stilgar, Mathieu

    Les écritures comptables enregistrent des flux monétaires – éventuellement dématérialisés – ce sont de simples constatations : leur pouvoir de création de flux monétaires est nul. Même dans le cas des banques centrales qui ont elles le pouvoir de créer de la monnaie – fiduciaire et « scripturale » (dématérialisée), ce ne sont pas les écritures qui la créent : « scriptural » décrit un support, pas un mécanisme.

  15. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    @Paul

    Mais si l’argent prêté (et toujours inscrit au compte des déposants) peut être utilisé par les déposants comme paiements au sein de la même banque sans qu’il n’y ait aucune contrainte de remboursement, n’y a-t-il pas là une utilisation d’un moyen de paiement qui n’existait pas auparavant ?

    J’insiste sur le fait que mon interrogation porte sur un aspect différent de celui classique des exemples de création ex-nihilo. Quand de l’argent doit être utilisé par un déposant, la banque doit fournir du ‘vrai’ argent, et peut dans un cas extrême faire faillite si trop de clients veulent utiliser leurs argent en même temps. (car une bonne partie de celui-ci est prêté). Mais si tous les clients utilisent la totalité de leurs argent en même temps comme paiement vers un compte de la même banque d’où provient l’argent, la banque ne fait pas faillite car l’argent qui circule, circule chez elle. Elle a déjà prêté une partie de l’argent, et en MEME TEMPS, cette argent prêté est utilisé par les clients de la banque.

    N’y a-t-il donc pas là création ?

  16. Avatar de Vincent
    Vincent

    Bonjour,

    Je ne saisis pas bien en quoi il serait abruti d’emprunter de l’argent de 200 000 à 300 000 euros par exemple à 4,5 ou 5,5 % sur 20 ans pour le laisser sur son compte courant, et accessoirement le consommer pour vivre agréablement, en pleine disponibilité immédiate, avec possibilité de jouissance instantanée en plus de mes revenus mensuelles. Que de beaux voyages lointains, de bon repas bien arrosés de crus exceptionnels entre amis , de délicieux parfums pour mes douces, de belles étoffes, de vacances au soleil, de soirées galantes en perspectives. Arf arf arf !

    Et il est d’ailleurs remarquable qu’aucune banque ne vous octroiera ce type de crédit si vous en faites en la demande. A cet effet, il y a toujours plus abruti que soit (celui qui pense qu’on est abruti au point de rester contemplateur d’un solde de compte).

    La vie est courte et volage quand on a l’occasion, le banquier le sait bien, c’est pour cela qu’il préfère la garantie de la pierre, à la promesse de remboursement d’un Pierre à laquelle il n’accorde aucune confiance. Dommage ! D’ailleurs pour alimenter votre compte courant dans cette hypothèse, le banquier, et l’abruti forcé auront comme moyen l’outil du crédit revolving assassin à 16 voir 22 % d’intérêt.

    De grâce, permettez que je sois l’abruti heureux. Laissez moi m’enchaîner à crédit aux plaisirs de la vie qu’à un tas de cartons plâtre surmonté de morceaux de bois recouvert de tuiles.

  17. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Paul … mais j’arrête là..
    Les banques centrales ont le droit et la mission de monétiser, en monnaie centrale, des actifs non monétaires.
    Les banques de second rang ont le droit et la mission (dans le cadre de règles strictes) de monétiser, en monnaie scripturale (èh oui, c’est comme cela qu’on l’appelle depuis le pari bancaire des orfèvres londonniens, et vouloir changer la signification de ce terme va être difficile si c’est ton but, car la création monétaire aujourd’hui est une simple écriture au bilan d’une banque, si on exclue les billets qui sont un type de monnaie), des actifs – existants ou à créer – non monétaires.

    Evidemment que les écritures comptables enregistent des flux, mais y compris les flux de monnaie créés par les banques.

    Comme le fait remarquer André Chaineau (mécanismes et politique monétaires):
     » la preuve de ce pouvoir de création monétaire est que la masse monétaire n’est pas fixe comme elle le serait si le banquier ne ferait que prêter les avoirs monétaires des déposants », et je rajouterais que l’existence de plusieurs types d’établissements financiers (certains ayant le droit, et d’autres devant se contenter de prêter l’épargne) est en soi une autre preuve du droit de création monétaire bancaire.

    Et je suis obligé de redire que  » la monnaie scripturale n’est finalement qu’une dette de banque commerciale qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de payement; l’essentiel est que cette créance soit reconnue comme une véritable monnaie.  » ..; alors, si vous voulez, appellons cette « dette de banque qui circule » du nom de « bons d’échanges commerciaux libellés en euros  » .. ca ne me gêne pas… le tout est que la confiance dans ces « bons d’échanges » permette leur utilisation par la plus grande majorité des habitants d’une « zone monétaire ».

    (d’ailleurs, dans beaucoup de bouquins des spécialistes de la monnaie, l’explication de la création monétaire par monétisation d’actifs est « découpée » en expliquant que chaque banque commerciale crée sa propre monnaie ( monnaie, BNP, monnaie C.A., monnaie S.G.) et que c’est le système central qui crée le lien indispensable.

  18. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    @Paul,
    je comprends bien, du moins, je le crois, parce que si ni les banques commerciales, ni les banques centrales créent la monnaie, alors, il faut bien que l’argent sorte de quelque part, non ? il faut bien que quelqu’un le « crée » a la base (avant qu’il ne soit « multiplié »), non ? qui fait ca ? et surtout QUI TOUCHE LES INTERETS (in fine … dans les banques centrales …) ?
    C’est juste a cause de l’argent qui existait avant avec l’indexation sur l’or ? tout est bâti sur cet historique ?
    si Stilgar se trompe, j’avoue que je ne suis plus sur de comprendre, car il y a tout de même un souci..
    J’insiste parce que je pense que c’est une question cruciale qui fait qu’il y a encore des « guerres » d’opinion ici !!!

  19. Avatar de Pierre Lang

    Imaginons, qu’au bout de la crise, toutes les dettes soient remboursées et que tous les bilans soient à zéro (particuliers, banques, BC). Il reste seulement une banque qui a encore 100.000 Eur. Comme les règles n’ont pas changé, elle peut prêter jusqu’à ‘k’ fois 100.000 EUR, par (k = 1.818 pour un taux de liquidité des particuliers de 50% et un coefficient de réserve de 10%).

    Il y a maintenant 181.800 Eur en circulation (masse monétaire M1), dont presque la moitié de monnaie scripturale. Si les emprunteurs remboursent tout, on revient à la situation initiale. Il n’y a pas eu de monnaie créée. Paul a raison.

    Entre la date des prêts et la date des remboursement, les moyens de paiement ont augmenté. On peut qualifier l’augmentation comme on veut (monnaie-dette, monnaie temporaire, dette, crédit, etc). Si d’aucun qualifie cette monnaie excédentaire de monnaie tout court, ce n’est qu’une convention de vocabulaire (en l’occurence un mot général utilisé sans qualificatif). Et les opposants de Paul ont aussi raison.

    Entretemps, les écritures comptables font apparaître un trou dans la caisse de la banque. Que cette banque renvoie ou non le trou à la BC, cela ne change pas grand chose à la question. Que la banque commerciale crée et détruise cette monnaie ou que ce soit la BC, n’est qu’une question de réglementation bancaire. Le résultat est le même aussi bien quand les moyens de paiement circulent, qu’au moment où les prêts arrivent à échéance et qu’on (BC ou Bcom) détruit ces moyens de paiement temporaires basés sur un crédit, qui disparaissent avec lui.

    Entretemps aussi, les emprunteurs ont utilisé leur dette comme moyen de développer leur activité. Ils ont créé de la richesse. Et cette richesse pourra justifier à la BC de créer de la (vraie) monnaie adossée à cette augmentation du PIB. Peu importe par quel processus cela se passera. C’est une question de réglementation, de régulation et surtout de conception du modèle monétaire.

    Note : comme les emprunteurs ont payé des intérêts, la banque commence à alimenter ses fonds propres. Un pourcentage de la richesse créée par les emprunteurs (grâce au crédit) s’est déplacée des particuliers vers la banque, pour rémunérer le service rendu et les risques pris par la banque.

    Question : comment la monnaie créée par la BC, reflétant l’augmentation du PIB, est-elle introduite dans l’économie ?

    PS : N’est-il pas temps de créer des mots de vocabulaire dans le glossaire, car 40 sigles existant c’est un peu peu… Alors, tous les participants du blog parleront peut-être de la même chose…

  20. Avatar de Pierre Lang

    paiement temporaires basés sur un crédit, qui disparaissent avec lui

    Bulle de crédit : si par un tour de passe-passe, les banques arrivent à augmenter le nombre de prêt (en assouplissant les règles par exemple, mais je ne vise personne ;-), la masse monétaire (scripturale) augmente démesurément. Si tout le monde remboursait, on reviendrait à la situtation normale. Comme de nombreuses personnes font défaut, certains acteurs accuseront des pertes et devront rembourser pour les premiers.

    Entretemps les liquidités scripturales auront été abondantes et on les aura utilisées pour alimenter des mécanismes pyramidaux créant de la monnaie scripturale virtuelle ou de la vraie monnaie scripturale adossée à du vent… Mais cela, c’est une autre histoire !

  21. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Bonjour Stilgar

    Très clair mais pour relativiser cette création monétaire, on peut dire que les banques prennent le risque d’avancer de l’argent qu’elles n’ont pas en totalité.

    Chaque banque crée sa monnaie scripturale et les compensations des unes avec les autres leur permettent finalement de n’avoir en réserve que très peu de monnaie centrale. Mais si une banque qui a émis beaucoup de crédits vient à perdre tout ses clients (ou presque tous), il faudra qu’elle se débrouille pour récupérer en monnaie centrale l’équivalent de tout les crédits qu’elle a pu faire (moins ce qu’elle a déjà régler à ses concurrentes par les compensations).

    Donc une banque qui émet un crédit doit potentiellement l’intégralité de la somme en monnaie centrale à ses concurrentes.

    Amicalement

  22. Avatar de H.F.D
    H.F.D

    La solution à la crise de liquidité ne serait elle pas pour les banques centrales d’ouvrir un compte indépendant, de prêter de l’argent avec intérêt à partir de ce compte vide, de conserver les intérêts et de détruire le capital remboursé au fur et à mesure? L’avantage serait d’une part de ne pas creuser les déficits (en permettant même au banques centrales de faire des bénéfices et donc d’améliorer leur fonctionnement ou de diminuer la cotisation des états), cet argent prêté ne serait pas de l’argent provenant du budget de l’état et donc des contribuables, et cette création monétaire n’engendrerait pas de dévaluation de la monnaie prêtée, l’argent étant détruit après remboursement ce qui éviterait le gonflement de la masse monétaire. Bien évidement cet argent serait prêté uniquement pour financer les projets ayant de l’avenir et non pour renflouer les gouffres financiers crée par la spéculation et l’incompétence. Il me semble actuellement que se serait le meilleur moyen de lutter contre la récession sans laisser la facture à nos descendants. Qu’en pensez-vous ?

  23. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine

    Oui, presque 😉

    Si une banque A qui a émis beaucoup de crédits (son poste « créances » à son actif est important) voit ses clients (déposants) partir, c’est à dire si son passif (les DAV) diminuent par rapport aux autres banques, son bilan va être déséquilibré (car en plus elle aura toujours probablement autant de fuites en monnaie fiduciaire). Elle va donc devoir augmenter ses fonds propres (appel à ses actionnaires si c’est structurel)
    Si par contre la valeur de ses actifs diminuent (l’hypothèque qui valait 1000 ne vaut plus que 800 du à l’effondrement de l’immobilier), elle va devoir, puisque qu’elle ne peut pas toucher aux DAV qui ne lui appartiennent pas, augmenter sa trésorerie propre dans son actif, également en augmentant ses fonds propres…

    L’équilibre crédit/dépôts au sein du système bancaire est réalisé par le fait que les déficits des uns ont mécaniquement pour contrepartie les excédents des autres, mais comme de la nouvelle monnaie est créée en permanence par la monétisation de titres ou le crédit (aux entreprises ou aux ménages), dans le respect des régles imposant aux banques de satisfaire les besoins de monnaie centrale, cette nécessité de refinancement interbancaire provient de parts de marché inégales entre les banques A et B, tant dans la collecte de dépôt que dans la distribution des crédits. Si chaque banque accorde des crédits en fonction de ses parts de marché de dépôts les fuites se compensent, e marché bancaire est équilibré et les banques n’ont pas besoin de se « refinancer » en monnaie centrale auprès de la Banque Centrale.

    Il y a toute une série d’explications universitaires et bancaires sur ces sujets, sous forme d’images de pages de livres, à télécharger sur http://www.societal.org/monnaie/ … le plus « explcatif » et accessible est à mon avis la série « amphiX.png »

  24. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Stilgar

    ” la preuve de ce pouvoir de création monétaire est que la masse monétaire n’est pas fixe comme elle le serait si le banquier ne ferait que prêter les avoirs monétaires des déposants”

    Dans ce qu’explique Paul il y a bien inflation de la masse monétaire sans création monétaire par la banque commerciale:

    Paul met 100 sur son dav, Stilgar emprunte 90, la banque les prélève sur les 100 de Paul tout en continuant à reconnaitre lui devoir 100.

    Les 100 de Paul ne font plus partie des coffres de la banque, il reste 10 en tout à la banque lorsque Stilgar a retiré ses 90.

    Si Paul vient chercher ses 100, la banque emprunte 90 à la BC qui crée ex-nihilo cette somme en contrepartie de la créance de Stilgar gagée en BC…

    La masse monétaire n’est pas fixe et pourtant la banque ne crée pas de monnaie.

    Il me semble que ça marche aussi.

  25. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Stilgar

    Merci pour la doc une remarque cependant:

    Dans votre résumé « Ce qu’il faut au moins savoir sur la création monétaire » dans le chapitre sur les fuites vous avez oublié me semble-t-il, la fuite qui provient de la banque elle même lorsqu’elle tire sur elle même pour régler ses propres dépenses (salaires, services, immo, spéculations, etc). Donc pas 4 mais 5 fuites de natures différentes.
    non ?

  26. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Shiva

    Les opérations de crédit bancaire qui finissent en dépôt consistent à transformer des créances en moyens de paiement. C’est ce phénomène de monétisation « de fait » des créances dans la sphère économique qui permet de dire que les banques font de la création monétaire bien que cela ne soit que de la création de créances.

  27. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Nadine

    Bonjour,

    Si les établissement ne possèdent en réalité pas les sommes des dépôts puisque prêtées ou est la création monétaire ?

    Si les établissement conservent les sommes des dépôts puisque non prêtées les crédits sont de la création monétaire pure.

    Dans ce cas à quoi les banques de la zone euro utilisent-elles les 10 000 milliards d’euros (voir mes liens plus haut) de dépôts qu’elles ont la possibilité légale d’utiliser pour leur propre compte ?

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=871BBBC364B1A9CF00D4C7A789BDB366.tpdjo11v_1?idSectionTA=LEGISCTA000006170367&cidTexte=LEGITEXT000006072026&dateTexte=20090129

    Et que fait Stilgar ?

    Il est à la manif ?

    🙂

  28. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    @Shiva
    Et moi je maintiens que si Paul vient chercher ses 100, pour effectuer un paiement vers un compte de la même banque, personne n’a besoin d’emprunter quoi que ce soit à la BC. Les 90 qui sont prêtés circulent toujours, et à travers son tranfert, Paul magiquement, transforme un chiffre qui ne correspondait plus à de l’argent (les 100 inscrit sur son compte) en de l’argent, car bel et bien utilisé en temps que tel comme moyen de paiement.

  29. Avatar de Felipe
    Felipe

    A Paul Jorion.

    Vous faites bien de prévenir que l’exemple d’une réserve de 10% a été choisi pour « illustrer » le mécanisme. Néanmoins, c’est à mon avis un choix très peu pédagogique. Pour deux raisons:
    (i) car il fait penser que 10% est la véritable valeur de la réserve et
    (ii) car il est choisi pour corriger l’idée fausse que les 90% prêtés sont intégralement redéposés, comme vous le remarquez vous même.
    En résumé, vous combinez deux erreurs pour tenter d’aboutir à une vérité numérique. Vous brouillez complètement le message!

    Je vous suggèrerais, si j’osais, de
    1) rétablir clairement la vérité des 2% et
    2) de décider qu’une fraction (à choisir) des 98% prêtés est redéposée.
    L’arbitraire n’est plus ainsi sur la fraction de réserve (qui est règlementaire), mais sur la fraction redéposée (qui est difficile à connaitre).

    Ainsi vous ne tordez pas la réalité des faits, vous retombez sur vos pieds en termes d’ordre de grandeur d’argent créé, et vous conservé la simplicité de l’exposé.
    😉

  30. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Nadine dit : 29 janvier 2009 à 11:27

    Excellente remarque. Nous avons un débat (hors ce blog) à ce sujet… et il nous semble évident (sans arriver encore à le démontrer) que la banque monétise également les salaires qu’elle verse à ses employés. En tout cas, ça ne semble pas être une fuite en monnaie centrale, puisque, comme toute entreprise, les banques font des recettes, ont des dépenses et payent leurs employés sur leur propre compte bancaire (compte courant au sein de leur entreprise évidemment)

    @Shiva: Ne confondez-vous pas dépôts et dépôts à vue… ?
    Je n’ai pas pu ouvrir le lien concernant ces 10000 Md€, mais s’il s’agit de M3, vous vous trompez, ce n’est pas le total des dépôts en banque… Mais de toute façon les banques n’ont aucune possibilité d’utiliser des dépôts pour leur propre compte sauf celles des obligations qu’elles peuvent émettre et de la trésorerie que peuvent éventuellement leur fournir leurs associés sous forme d’augmentation de capital ou de prêt en compte courant.

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  1. @CORLAY Ah ! Cette publication sur les arbres vient donc redoubler votre intérêt dans cette activité du moment. Heureuses concordances.…

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