Robert Mittelstaedt, qui a déjà eu l’occasion d’intervenir sur ce blog, a produit une vidéo intitulée Money Creation ‘ex nihilo’ . Son message, comme vous le verrez, est identique à celui que je vous ai proposé ici au fil des mois.
En guise d’introduction, je vous offre quelques extraits d’un livre que je suis en train de rédiger, sur le même sujet exactement que celui traité par Mittelstaedt dans sa vidéo :
Les banques n’ont cependant pas le droit de prêter tout l’argent sur votre compte-courant : elles sont obligées de tenir compte de votre désir éventuel de récupérer les sommes déposées sans préavis, comme le compte-courant le permet. Les réserves qu’elles sont tenues de maintenir légalement sont appelées « réserves fractionnaires ». Ces réserves sont faibles, aujourd’hui de l’ordre de 2 % généralement. Ce taux de 2 % a été calculé pour permettre à la banque de faire face aux retraits en temps ordinaire. Ceci suppose bien entendu une grande confiance de la part des déposants que leur argent demeure effectivement à leur disposition. En cas de panique bancaire ces 2 % ne feraient, cela va sans dire, pas l’affaire : seules des réserves couvrant la totalité des sommes déposées, c’est–à–dire des réserves fractionnaires de 100 % pourraient l’assurer.
Le système des réserves fractionnaires permet à l’argent inutilisé de ne pas être simplement thésaurisé mais d’être utilisé par l’économie là où le besoin s’en fait sentir. À cette fin, la fiction est maintenue que, bien que l’argent sur les comptes-courants aie été prêté – à l’exception des réserves fractionnaires – il demeure aussi disponible pour celui qui l’avait déposé sur son compte-courant. En général, lorsque celui-ci se présente pour retirer son argent, les réserves fractionnaires s’appliquant à une multitude de comptes permettent que la somme lui soit rendue. Si ce n’était pas le cas la banque devrait recourir à un expédient : ponctionner ses fonds propres, emprunter sur le marché interbancaire ou emprunter auprès de sa banque centrale.
Le système des réserves fractionnaires permet en fait une démultiplication monétaire qu’on aurait tort cependant de confondre avec une « création monétaire », le principe de conservation des quantités restant d’application sans être jamais enfreint.
Bien que les réserves fractionnaires soient aujourd’hui en général de 2 %, les illustrations de la manière dont le système opère utilisent le plus souvent le chiffre de 10 % et je ne faillerai pas à la tradition. La raison pour un nombre plus élevé se comprendra aisément. Voici comment le système fonctionne. Eusèbe dépose 100 € sur son compte à la banque. La banque est obligée de conserver sur cette somme des réserves fractionnaires de 10 %. Le reste elle peut le prêter. Ce qu’elle fait : Casimir avait besoin de 90 € et elle les lui accorde.
Le calcul à partir des réserves fractionnaires ne produit de chiffres mirobolants : 9 fois plus de crédits que de dépôts pour 10 %, 49 fois plus pour 2 %, que dans un seul cas de figure – qui n’a pas la moindre plausibilité dans le monde réel : qu’au sein de la chaîne de ceux qui empruntent, chacun utilise la totalité du montant de son prêt pour le déposer sur un compte à vue… tout en ne s’inquiétant pas du fait qu’il doive verser des intérêts pour ce privilège. Certains n’hésitent cependant pas à affirmer qu’un dépôt autorise une banque à accorder des crédits 9 fois, 49 fois… supérieurs aux dépôts. Comme seul un abruti emprunterait de l’argent à sa banque pour le laisser ensuite dormir sur un compte à vue, alors que sa banque lui compte des intérêts au fur et à mesure que le temps passe, la seule situation présentant une certaine vraisemblance est donc celle mise en scène par l’illustration initiale : celle où l’argent sur le compte-courant d’Eusèbe est prêtée à Casimir à concurrence de ce que les réserves fractionnaires autorisent, autrement dit que la banque est à même de percevoir des intérêts sur une somme un peu inférieure (90 % pour des réserves fractionnaires se montant à 10 %) à celle qui fut déposée initialement.
302 réponses à “Money Creation ‘ex nihilo’, par Robert Mittelstaedt”
@ Nadine et @ tous.
Dans mon dernier post, Nadine, j’avais posé une question très explicite :
Vous ne me répondez pas ! On repart pour un tour ? Je pensais que vous me répondriez : oui, je suis d’accord. En effet, sauf erreur de ma part, j’ai bien fait attention de n’enchainer que des propositions qui sont vôtres et qui sont aussi les miennes.
Au lieu de cela, vous tentez de tout reprendre, non sans m’encourager :
Comme je vois que vous êtes désireux de comprendre et c’est très bien, oubliez les commentaires précédents sauf l’exemple en 3 étapes que j’ai donné à Stilgar et essayez de l’avoir toujours en tête sinon on risque de ne pas se comprendre.
Oui, Nadine, je suis désireux de comprendre, mais pas le fonctionnement du système monétaire . Je pense, mais peut-être à tort, commencer à bien le connaître ; je suis notamment d’accord sur vos trois étapes :
@Stilgar
C’est très poétique tout ça. Calmez vous.
J’ai beaucoup progressé à votre contact et vous avez fait du bon boulot avec TL ( surtout la formule !).
Mais excusez moi ce n’est pas parce qu’il y a 12 fois plus de monnaie scripturale privée que de monnaie centrale que cela prouve quoique ce soit en faveur de votre thèse ou alors le petit exemple que l’on a fait ensemble n’a servi à rien.
Pouvez vous répondre à la question que j’ai posé à Jean sur les cautions ? Je viens de la poser à un économiste réputé et très compétant qui n’a pas su me répondre (il adhère à vos thèses semble t il).
Normalement la citation de Nadine ne comporte que deux lignes :
Le reste est censé être de moi … espérons que si lecteur il y a , il s’y retrouvera !
J.J
C’est quoi la question sur les cautions ?
@Jean Jegu
Excusez moi mais c’etait pour vous faciliter la tâche je vous ai donné la thèse et l’antithèse et j’espèrais que vous fassiez la synthèse en espèrant que vous répondiez aussi à deux questions :
1) Les banques demandant à se refinancer pour constituer leurs réserves obligatoires peuvent elles le faire en caution de créances dont l’origine provient des crédits hypothécaires qui n’ont pas bénéficié de notation de la part des agences de notation ?
2) Si toute les banques procèdent de la même façon (création de crédits ex-nihilo), comment se débrouillent elles pour rentre la monnaie M0 qu’elles ont emprunté tout en gardant les réserves obligatoires et fiduciaires de ces mêmes crédit ?
Normalement vous devez avoir la réponse sinon comment pouvez vous croire à votre système.
Encore une fois je ne cherche pas à avoir raison, je cherche à comprendre c’est tout et comme c’est un blog entre autre sur la monnaie je ne pense pas être hors sujet.
@Nadine
Ah, et puisque vous aimez poser des questions, permettez que je vous en pose une.
Imaginez une zone monétaire où il n’y a qu’un seul réseau bancaire et pas de banque centrale. Quel est le montant maximum de monnaie dans la zone et quels sont le ou les facteurs limitants ce montant ?
@Stigar
vous dites: »C’est quoi la question sur les cautions ? »
Quand vous écrivez vos commentaires je les relis 3 ou 4 fois pour bien les comprendre (quand il s’agit de démonstrations ou informations importantes)
Si vous aviez bien lu mon commentaire vous ne me poseriez pas cette question mais ce n’est pas grâve du tout, si vous pouviez répondre aux deux questions que j’ai posé à Jean ça serait sympa car je pense que le contact est rompu avec lui.
@Stilgar
Le montant maximum n’a pas de limite théorique puisque cette banque n’a pas la contrainte des réserves obligatoires et qu’elle imprime ses propres billets de banque je suppose.
Facteur limitant: La demande de crédits et la confiance en cette monnaie.
La quantité est la somme des créations – les remboursements (de crédits)
J’espère que cette réponse va nous permettre de répondre à mes deux questions initialement posées à Jean.
@ Stilgar
Pour votre système féérique sans BC :
– s’il n’y a qu’une monnaie : crédits octroyés plus dépenses des banques, moins remboursements,
– s’il y a plusieurs monnaies (chacune propre à une banque et émise physiquement) : idem, mais la quantité de chaque monnaie peut fluctuer avec la confiance et la spéculation entre les différentes monnaies (cependant ce cas est plutôt celui de plusieurs BC).
@ Nadine
Désolé, je ne trouve pas non plus votre fameuse question sur les cautions, je réponds directement à vos deux dernières, et je ferai une remarque.
1) Aujourd’hui non, certes. Mais il existe… LE MARCHE INTERBANCAIRE !! Et les banques commerciales entre elles sont plus accommodantes (bon ces temps-ci, c’est un peu troublé, mais en temps normal j’entends).
2) Rembourser à qui ? à la BC ? pourquoi donc, il suffit de renouveler l’emprunt : s’il a été contracté une fois, c’est que des cautions acceptables avaient été fournies, et a priori elles le restent…
3) Cela me fait venir à votre dichotomie entre dépôts nécessaires au crédit, et « créationnisme » (excellent jeu de mot) : j’ai envie de vous dire : les deux thèses sont justes et fausses !!!
Au départ, les banques (lorsqu’elles sont petites) ont intérêt à avoir des fonds propres et des dépôts avant de prêter ou dépenser (et peut importe d’où vient cet argent – on parle d’un point de vue microéconomique), puisqu’elles ont peu de chances d’accueillir les dépôts créés par leurs octrois de crédits ou leurs dépenses.
Au fur et à mesure qu’elles grossissent, elles ont une probabilité de plus en plus importante d’accueillir de nouveaux dépôts, quand bien même elles ne seraient pas à l’origine de la transaction qui crée ce dépôt ! Ainsi elles voient affluer les dépôts (comme le dit John Hicks, les banques jouent sur la loi des grands nombres). Et c’est là qu’on peut presque parler de création monétaire, à une condition : que les gens acceptent de détenir une bonne partie de leur richesse monétaire en dépôts à vue. Car alors, les crédits octroyés vont revenir chez elles, et ce d’autant plus qu’elles sont grosses. Et si dans le pire des cas, l’argent du crédit qu’une banque octroie file chez une autre, cette dernière lui reprêtera sur le marché interbancaire. Et dans l’ensemble, les banques peuvent prêter tant que quelqu’un de solvable demande à emprunter, et que les gens considèrent la monnaie sur dépôt à vue comme de la vraie monnaie.
(Si je voulais être exhaustif, je dirais qu’il y a deux phases de création monétaire par dépôt lié au crédit : la première immédiate après octroi, lorsqu’en contrepartie du crédit l’argent est sur un compte à vue, i.e. instantanément reprêté à la banque ; et la seconde lorsque le prêt est dépensé, et que tout ou partie de l’argent reçu va sur un compte dans la même banque ou une autre, qui répétons-le peut reprêter à la première et faire jouer au niveau du système bancaire l’effet de quasi-création monétaire.)
A côté de cette dynamique d’afflux des dépôts, qui est déjà un privilège bancaire, il y en a un autre, dû à l’intérêt et au monopole du système bancaire sur le droit au refinancement central. Pour isoler ce deuxième phénomène, je vais annuler le premier en supposant (hypothèse de Allais) que les dépôts sont couverts à 100% en monnaie centrale (alors par contre là, il est clair que la BC ne peut plus demander des cautions éligibles au sens actuel du terme, sinon on ne prête plus qu’aux Etats et aux grosses entreprises).
Les banques doivent emprunter auprès de la BC pour prêter quoi que ce soit, et les dépôts sont mis dans des coffres à part. Eh bien, malgré cela, les banques peuvent d’une certaine manière créer de la monnaie.
Elles prêtent à un taux plus élevé qu’elles n’empruntent (à la BC ou auprès de la clientèle). Donc leur créance à l’actif gonfle plus vite que leur dette au passif. Or, si l’endettement initial a pour contrepartie une injection physique de monnaie, les intérêts augmentent la dette sans aucune injection physique en contrepartie. Pourtant, il faudra bien que tout soit remboursé, pour que les banques ne fassent pas faillite. Cela ne peut se produire que si :
A) l’argent des nouveaux crédits (le principal) sert à payer l’intérêt des anciens crédits, mais il y a alors fuite en avant par l’endettement, et l’on peut calculer un moment où cela n’est plus possible pour un taux d’intérêt donné,
B) les banques dépensent ces intérêts reçus, et une partie crée des dépôts, donc de la monnaie, le reste constitue des fuites en monnaie centrale hors des banques, qui sont obligées de se refinancer auprès de la banque centrale, qui crée de sa monnaie pour l’occasion.
Alors l’un dans l’autre, les banques sont en situation de privilège parce qu’elles voient les dépôts affluer, et qu’elles facturent des intérêts faramineux qu’elles peuvent dépenser.
C’est sûr que dit comme ça, il n’y a rien de très spectaculaire, et l’on est bien loin de l’idée de création monétaire au sens un peu magique… dont en réalité seule la BC est capable.
Et pourtant, je pense que ces deux choses confèrent un pouvoir gigantesque aux banques, car les dépôts c’est plusieurs milliers de milliards d’euros en stock, et les intérêts c’est facilement plusieurs centaines de milliards en flux chaque année.
Pour finir, s’il y a un moment où vraiment une banque commerciale va créer de la monnaie, c’est à dire que le crédit va anticiper le dépôt, c’est quand elle est déjà assez grosse, et qu’elle se débrouille pour que même après dépense l’argent reste chez elle en dépôt.
Ok, elle devra filer un petit pourboire (temporaire) à la BC…
Non pardon, pour finir : MAIS COMMENT CE SYSTEME A T-IL PU SE METTRE EN PLACE ?
Un jour les Rois créaient et dépensaient la monnaie, aujourd’hui on s’inflige des systèmes de caution invraisemblables pour mettre en circulation le bien le plus facile à produire que l’on n’ait jamais inventé !
Nadine
Pour mon petit « problème », c’est pas mal … allez, 16 sur 20. 🙂
Je rajouterais :
Le montant maximum de monnaie dans la zone est équivalent à l’ensemble des prêts en cours, et vous voyez bien qu’il n’y avait pas nécessité d’une monnaie initiale pour créer de la monnaie.
Le facteur limitant est seulement la demande, qui sera aussi une fonction des taux d’intérêts demandés.
Pour que les emprunteurs puissent payer les intérêts, il faudra chaque année une augmentation des prêts en cours correspondante à l’intérêt demandé.
Pour vos deux questions
Bien que n’étant pas spécialiste, il me semble que nous avons vu dernièrement que quand il y avait besoin de refinancement (c’est de la « monnaie centrale ») et si les banques ne se font plus confiance entre elles pour prêter leurs surplus de liquidités à leurs concurrentes, les Banques Centrales ne deviennent plus très regardantes concernant les garanties prises en pension… Je dirais donc que c’est suivant les besoins exprimés par les banques commerciales pour éviter que le système ne capote, notation ou pas. Nous sommes ici dans la théorie non pas du multiplicateur, mais du diviseur.
WP : « L’approche dite du « diviseur » considère au contraire que la monnaie est endogène, c’est-à-dire que son évolution est déterminée par les besoins de financement des agents non bancaires ; la causalité est alors inverse, dans le sens de la monnaie nécessaire vers la monnaie « banque centrale ». Le système bancaire, puis »in fine » la banque centrale, ajuste la quantité de monnaie émise en fonction des besoins »La monnaie et ses mécanismes », éditions La découverte, page 23, 5° édition. En période de crise, modifiant les habitudes financières (préférence pour la liquidité, etc.), le multiplicateur peut changer alors que le besoin de monnaie subsiste, provoquent un resserrement du crédit (« credit crunch »), ce qui justifie une augmentation des émissions par les autorités monétaires pour maintenir la quantité de monnaie. »
Jean Bayard va plus loin en considérant qu’une prise en pension permet aux banques de rajouter directement le montant de monnaie centrale dans leurs réserves, sans pour autant devoir supprimer le prêt initial dont la garantie (que la B.C. prends en pension) a permis ce prêt … mais j’avoue que je ne suis pas assez « expert comptable » pour pouvoir infirmer ou affirmer ce point.
Il y a un truc que je comprends mal dans votre formulation, désolé si je réponds un tout petit peu à coté. Les banques commerciales peuvent émettre du crédit tant qu’elles disposent de réserves de monnaie centrale (un solde positif dans leur compte scriptural en monnaie centrale, car il n’y a pas de compte différencié en monnaie fiduciaire).
Elles doivent assurer la demande de monnaie fiduciaire qu’elles échangent contre un paiement scriptural de la part du secteur non bancaire qui lui en fait la demande (cet échange est donc neutre pour elles, sauf qu’elles doivent acheter ces billets sur leurs réserves : ce sont effectivement un composant des « fuites ». La monnaie fiduciaire n’est pas dans les coffres des banques mais en actif dans le secteur non bancaire … actif qui correspond à un passif à la banque centrale sous le titre « billets détenus par le secteur non bancaire » (les banques peuvent avoir cependant quelques billets pour compte propre, achats de timbres ou autres petits frais, mais je ne crois pas que beaucoup de banques payent les travaux dans leurs succursales « au black »).
Si les banques « rendent la monnaie fiduciaire M0 qu’elles ont emprunté », en même temps le prêteur (banque centrale ou autres banques) leur rends la garantie qui équilibrait leur bilan, et si elles « remboursent » (diminuent ainsi) une partie de leurs réserves, c’est qu’elles ont moins de dépôts (puisque le montant des réserves obligatoires est un pourcentage des dépôts –scripturaux – en passif) et que probablement elles perdent une part de marché.
Il faut bien voir que le bilan des banques commerciales (je le redis), c’est :
A l’actif
– Disponibilités et réserves auprès de la B.C. (1)
– Crédits (créances sur les emprunteurs) et titres
Au passif
-Fonds propres
-Engagements envers de la BC
-Dépôts du secteur privé
Le bilan de la BC :
A l’actif :
– créances sur l’étranger
– créances sur les banques commerciales
– créances sur le Trésor
Au Passif :
-Réserves des banques commerciales (1)
-Billets détenus par le secteur non bancaire (2)
-Dépôts du secteur public
-Fonds propres
(1)s’annule entre banques commerciales et banque centrale
(2)s’annule entre banque centrale et l’équivalent en actif dans le public
Les seules questions qui se posent sont
1) Une banque commerciale peut elle émettre de la monnaie de crédit sur demande d’un emprunteur ? La réponse est oui
Au niveau d’une banque isolée, la formule est:
k = 1 / b + f *(1 – b) + h *( 1 – b – f *(1 – b))
(avec f = la part de marché des autres banques , b = le pourcentage de besoins en billet et h = le pourcentage de réserves obligatoires).
Exemple: si une banque dispose de 100 en réserves excédentaires, que la part de marché des autres banques (f) est de 90%, la préférence pour les billets (b) de 12% et que le coefficient des réserves obligatoires (h) de 4%, la banque pourra créer 109,23 de crédits nouveaux.
2) Au niveau d’un système bancaire « en fonctionnement » quel est le multiplicateur de crédit en fonction des disponibilités de monnaie centrale ? La réponse est k = 1 / b + h (1-b)
(avec b = pourcentage de besoins en billet et h = pourcentage de réserves obligatoires).
… on est aux environs de 6 pour cette « méthode » de création monétaire.
Mais le processus de création monétaire a lieu aussi quand:
– les agents économiques résidents échangent des devises contre de la monnaie intérieure (une devise étrangère est un titre de créance sur l’étranger)
– la banque achète un actif réel (immeuble par exemple) ou un actif financier (escompte de traites, achats d’actions, achat d’obligations publiques ou privées).
Ce qui explique que le multiplicateur constaté de monnaie centrale en monnaie fiduciaire soit d’environ 12
Dans les règles du jeu actuelles, entre la Banque Centrale, les banques commerciales et le secteur non bancaire, c’est « je te tiens, tu me tiens par la barbichette »
@ TL
N’ayant pas suivi en détail votre discussion avec Stilgar, je me garderai d’intervenir à contre-temps au risque de brouiller vos échanges. D’une manière générale, j’apprécie vos propos. Vous dites ici :
N’est-ce pas là la vraie raison du débat entre ceux qui, dans le langage de la banque, ne considèrent comme « vraie monnaie » que M0, et le grand public qui tomberait des nues s’il apprenait que l’argent M1 qu’il utilise tous les jours n’est pas de la vraie monnaie. Les comptes à vue en banque sont pourtant des moyens légaux de paiement, non ? En France, il est même obligatoire de les utiliser au delà d’une certaine somme ! Est-ce que, nous qui ne sommes pas banquiers, nous n’aurions habituellement à notre usage que de la « fausse-monnaie » selon le vocabulaire de Maurice Allais ? En restant plus modéré, je retiendrais plutôt que l’économie n’utilise qu’une « monnaie fallacieuse ».
Compte tenu de votre dernière remarque à laquelle je souscris entièrement,
j’espère que vous n’êtes pas totalement en désaccord avec mon propos.
@ Nadine, 08/0209 19:33
Non, Nadine, le contact n’est pas rompu … en ce sens que je ne veux pas cesser notre échange sur une suspicion réciproque de mauvaise foi. Je suis seulement un peu usé par les longueurs et les retours au point de départ. En ce sens, pardonnez-moi de lâcher prise.
J’ai quand même fait un dernier effort pour essayer de répondre à vos deux dernières questions, sans être sûr de les avoir bien comprises. Si ce n’est pas le cas, j’en suis désolé.
Réponse à 1) Une Banque Centrale en principe n’accepte pas n’importe quoi : il y a des titres éligibles au refinancement et d’autres qui ne le sont pas. Voilà le principe. Les titres que vous évoquez en sont-ils ? Je n’en sais rien. Il est tout à fait possible qu’ils ne l’étaient pas il y a trois mois et qu’ils le soient devenus aujourd’hui, puisque c’est bien la tendance : pour sauver le système les Banques Centrales sont prêtes à accepter presque n’importe quoi.
Réponse à 2).Oui, quand les banques créent de la monnaie M1 par leurs crédits supplémentaires à leurs clients, elles ont de plus en plus besoin de M0. Comment obtiennent-elles ce M0 ? Vous le savez, par « refinancement » auprès de la Banque Centrale. Mais ce n’est pas cela votre question. Votre question est : comment cette monnaie M0 qui est empruntée, finit-elle par être rendue à la Banque Centrale puisque, in fine , elles doivent bien le rendre ?
Votre question me surprend. Vous avez compris que la monnaie M1 vient des crédits bancaires. Ces crédits eux aussi doivent être rendus. Ils ne peuvent l’être que parce que d’autres crédits viennent immédiatement prendre leur relève. S’il y en a plus qu’avant ( supplémentaires, ai-je noté) M1 augmente. Mais M1 peut tout aussi bien être stable ou, s’il y a moins de crédits, diminuer. Eh bien pour les prêts de la Banque Centrale, c’est exactement la même chose. Il y a un roulement indéfini des crédits ( quand tout va bien ) et M0 croit ou diminue selon l’humeur de la conjoncture.
Mais je voudrais aussi vous faire remarquer quelque chose qui est sans doute important quoique je me demande si beaucoup de gens en ont conscience. Quand une banque achète des actions, elle monétise cette acquisition. La monnaie M1 ainsi créée a-t-elle à être rendue dans l’avenir ? A mon avis, non. Le système secrète aussi de la monnaie M1 « permanente » … De même quand une banque revend des devises étrangères à la Banque Centrale a-t-elle à rembourser la monnaie M0 ainsi acquise ? Je crois bien que non. Le système secrète donc aussi de la monnaie M0 « permanente ». Bref ce système, s’il savait limiter la prédation qu’il exerce sur l’économie à la juste mesure de ce qu’elle peut rendre, pourrait durer jusqu’à la fin des temps pour le plus grand bonheur de ceux qui sont placés sur son bon coté.
@Jean Jegu
Cela me fait plaisir que vous repreniez contact avec moi avec ce commentaire, ce ci dit je serai sans concession sinon comment pourrait-on progresser ensemble et de ma part aucune mauvaise foi.
La question des titres éligibles est fondamentale car la part principale de l’agrégat M1 est constituée de crédits accordés aux particuliers et aux entreprises. Donc si ces créances ne sont pas éligibles (ce qui est le cas…) les banques dans la version ex nihilo ne peuvent en aucun cas se refinancer avec ces mêmes créances, elles le font avec leurs fonds propres qui n’est pas infini et qui permet de palier aux simples fuites (je ne parle pas de spéculation pour ne pas compliquer).
Et ceci invalide complètement à mon sens la version ex-nihilo. De plus si c’était le cas pourquoi les banques auraient-elles eu recours à la titrisation pour justement rassembler ces créances non éligibles et les transformer par paquet noyées dans d’autres les rendant éligibles et donc acceptables par la banque centrale ou les autres banques.
Lisez bien le bulletin de Paul sur le système bancaire du grand Duché 3 qui explique la titrisation de manière remarquable.
Ensuite vous dites:« Mais M1 peut tout aussi bien être stable ou, s’il y a moins de crédits, diminuer. Eh bien pour les prêts de la Banque Centrale, c’est exactement la même chose. Il y a un roulement indéfini des crédits ( quand tout va bien ) et M0 croit ou diminue selon l’humeur de la conjoncture »
Je ne vois pas en quoi vous avez répondu à la question:
« Si toute les banques procèdent de la même façon (création de crédits ex-nihilo), comment se débrouillent elles pour rentre la monnaie M0 qu’elles ont emprunté tout en gardant les réserves obligatoires et fiduciaires de ces mêmes crédit ? »
Pouvez vous approfondir ?
Pour finir vous dites:
« Quand une banque achète des actions, elle monétise cette acquisition. La monnaie M1 ainsi créée a-t-elle à être rendue dans l’avenir ? A mon avis, non. Le système secrète aussi de la monnaie M1 “permanente” … De même quand une banque revend des devises étrangères à la Banque Centrale a-t-elle à rembourser la monnaie M0 ainsi acquise ? Je crois bien que non. Le système secrète donc aussi de la monnaie M0 “permanente »
Si une banque achète des actions ou tout autres choses d’ailleurs, elle ne monétise qu’avec sa propre monnaie scripturale privée qui en passant par les compensations interbancaires obligera la banque à avoir la monnaie centrale correspondante.
De plus vous devez savoir que lorsque la banque vend des actions ou tout autres choses elle fait l’opération inverse, elle démonétise sa monnaie scripturale en échange de monnaie centrale.
Non M1 (scripturale) permanent n’existe pas.
Quand une banque échange des devises contre sa monnaie centrale c’est surtout parce que son client a fait de l’exportation, la banque les échanges sur le marché monétaire pour récupérer de la monnaie centrale qui lui permettra de crédité le compte de son client avec la parité du jour et la banque ensuite met en réserve 12% et le reste soit 88% sera prêté si possible.
Dans un contexte inverse, les banques payent les autres banques étrangères en monnaie centrale et celles ci l’échangent sur le marché monétaire mais pour soutenir le cours (si ça va mal) la banque centrale se doit d’intervenir et elle rachètera sa monnaie (qui disparaîtra) en échange de ses réserves en monnaie étrangère ou actifs.
M0 n’est pas permanent non plus.
Nadine
La liste des titres éligibles est ici : http://tinyurl.com/b7llvp
@ tous ceux qui s’intéressent à la monnaie, source de vie économique
La politique des banques centrales
La politique des banques centrales repose presque exclusivement sur la théorie quantitative de la monnaie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vitesse_de_circulation_de_la_monnaie) qui n’a jamais été remise en question. Cette théorie nous enseigne grosso modo qu’une émission trop grande de monnaie a pour conséquence une hausse des prix, proportionnelle et générale, en distribuant trop de pouvoir d’achat et en créant donc de la rareté . Cette théorie suppose d’abord que la monnaie circule exclusivement pour les besoins de l’activité de production, ce qui n’est pas le cas puisqu’elle est aussi employée à l’activité financière et montaire dans un rapport voisin de 1 à 50. Elle suppose en outre que la monnaie émise circule sans restriction, ce qui n’est pas le cas non plus puisque l’épargne en banque est une épargne morte, immobilisée dans les parkings monétaires.
Pour bien comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de l’inflation, il faut d’abord savoir de quoi l’on parle. Aussi, convient-il de bien distinguer l’inflation monétaire – trop grande quantité de monnaie – et la hausse des prix, c’est-à-dire la cause et ses effets supposés, car si l’inflation monétaire peut avoir pour conséquence la hausse des prix, ce n’est pas toujours le cas : on est en droit de penser que la hausse des prix n’a pas exclusivement pour origine l’inflation monétaire (loin de là, même !). Le terme d’inflation passé dans le langage commun entretient tout naturellement la confusion.
En fait, la masse monétaire n’a aucune incidence sur les prix dès lors que l’offre et la demande (la production et la consommation) sont équilibrées, c’est-à-dire quand les moyens de production de l’offre sont en phase avec les moyens financiers de la demande.
Il s’est trouvé par le passé – et il se trouve encore – des situations économiques critiques dans lesquelles l’émission inconsidérée de signes monétaires produit, à coup sûr, la hausse des prix. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour en faire une règle absolue et unique.
L’effort de guerre démesuré, par exemple, est souvent la cause d’une situation de pénurie généralisée, et l’émission excessive de monnaie (moyen pour l’État de régler ses dépenses) a fatalement pour conséquence une hausse tout aussi excessive des prix. L’effort militaire est tel que la main d’œuvre et les produits de base font défaut pour assurer les besoins vitaux de la population. C’est le règne du rationnement et du marché noir. Dans cette situation de pénurie généralisée, la structure de la production n’est pas adaptée à la demande. L’ajustement entre les quantités demandées et les quantités offertes se fait par le surenchérissement des prix, seul moyen d’éliminer la demande excédentaire d’une population disposant d’une quantité de monnaie inconsidérément émise par l’État.
C’est la rareté d’un produit qui fait son prix.
Dans nos pays industrialisés, dits riches, caractérisés par une certaine profusion de moyens en hommes, en technologies et en matières, on peut parler d’abondance. Ici, la structure et l’outil de production sont généralement bien adaptés à la demande courante. Les hausses comme les baisses de prix répondent à des règles différentes et à d’autres critères d’influence, car l’ajustement entre les quantités demandées et les quantités offertes est rapide sinon quasi-instantané (produits agricoles et matières premières exceptés), en raison de l’existence même de puissants moyens de production et d’habitudes de consommation bien connues et maîtrisées.
Aussi, dans nos sociétés modernes, la véritable cause de la hausse des prix se trouve plus simplement dans l’attitude des entrepreneurs n’hésitant pas à modifier, qui les tarifs, qui les pancartes, qui les étiquettes pour faire leur profit et améliorer leur pouvoir d’achat. Il s’agit là pour eux de l’une des deux voies qui conduisent au profit, sans doute la plus directe, la seconde étant la réduction des coûts.
Voilà résumé tout ce que la théorie monétariste de l’inflation est incapable de traduire parce qu’elle ne prend pas en compte la réalité.
Enfin, délibérément ou non, en agitant le spectre de l’inflation, les autorités monétaires ont réalisé l’exploit de contaminer le corps économique de la planète entière d’un mal que l’on peut qualifier de syndrome de la peur de l’inflation, inflation qui n’est qu’un spectre !, une fiction, une illusion qui sert à nous rendre dociles devant la nécessité proclamée d’une monnaie (permanente) rare.
Il est grand temps de mettre au placard la théorie quantitative de la monnaie, carcan de nos souffrances, fondée des expériences historiques limitées de pénurie endémique, et aveuglément généralisée à toutes les situations économiques possibles. Pour comble de notre malheur, cette théorie est le fondement même des politiques monétaires des banques centrales et la raison de leur toute-puissance.
Des projets grandioses dans les domaines de la recherche scientifique, de la santé, de l’environnement, de l’espace, de la culture, ou tout simplement de la vie quotidienne, ne voient pas le jour, non pas parce que l’on manque de moyens en hommes et en matières, mais seulement parce que l’on manque de monnaie !
Seule une prise de conscience collective peut nous affranchir du joug que nous imposent les autorités monétaires. Le moment est venu de libérer la monnaie de ses dogmes, de ses tabous et de ses carcans. Le moment est venu de rendre le pouvoir monétaire au peuple, c’est-à-dire à ses élus (avec les garde-fous indispensables qu’envisage Frédéric Lordon). La monnaie peut et doit être le moyen démocratique d’accès au bien-être pour tous. Le salut économique passe par la régulation monétaire, que seul l’État est apte à assumer. Il n’y a pas d’autre alternative si l’on veut trouver ou retrouver le chemin de la paix, de la prospérité, de l’abondance et du travail pour tous.
Jean
@ Nadine
Pour rester court, je me permets d’insérer mes commentaires en italique (si la balise marche) dans votre texte que je place entre guillemets. N’y voyez pas malice. C’est un procédé commode.
« Donc si ces créances ne sont pas éligibles (ce qui est le cas…) les banques dans la version ex nihilo ex-nihilo = il existe, à un moment donné, de la monnaie qui n’existait pas avant ; j’ai noté que vous en étiez d’accord ne peuvent en aucun cas se refinancer avec ces mêmes créances, elles le font avec leurs fonds propres qui n’est pas infini et qui permet de palier aux simples fuites (je ne parle pas de spéculation pour ne pas compliquer). OK
Et ceci invalide complètement à mon sens la version ex-nihilo. Ah, bon ? Un peu rapide comme conclusion ! Elle n’ont vraiment que ces créances non-éligibles sous la main ? De plus si c’était le cas pourquoi les banques auraient-elles eu recours à la titrisation pour justement rassembler ces créances non éligibles et les transformer par paquet noyées dans d’autres les rendant éligibles et donc acceptables par la banque centrale ou les autres banques. Justement, une combine de plus car elles ont poussé le bouchon un peu loin dans les crédits qu’elles ont à refinancer. Et font tout pour pouvoir continuer ce business juteux »
Question en passant : les fonds propres d’une banque ( utiles au refinancement ) sont-ils fixés une fois pour toute ? n’augmentent-ils pas parfois et si c’est le cas, le bénéfice non distribué de la banque peut-il être introduit dans les fonds propres ou assimilés (i.e. acceptables pour le refinancement ) ? Je veux vous faire comprendre qu’en définitive c’est avec leurs gains auprès de leur clientèle que les banques obtiennent de quoi se refinancer auprès de la BC pour continuer à gagner auprès de leur clientèle …
« Ensuite vous dites:« Mais M1 peut tout aussi bien être stable ou, s’il y a moins de crédits, diminuer. Eh bien pour les prêts de la Banque Centrale, c’est exactement la même chose. Il y a un roulement indéfini des crédits ( quand tout va bien ) et M0 croit ou diminue selon l’humeur de la conjoncture »
Je ne vois pas en quoi vous avez répondu à la question:
« Si toute les banques procèdent de la même façon (création de crédits ex-nihilo), comment se débrouillent elles pour rentre la monnaie M0 qu’elles ont emprunté tout en gardant les réserves obligatoires et fiduciaires de ces mêmes crédit ? »
Pouvez vous approfondir ? »
Non, je ne peux pas. Il faut que vous compreniez qu’un crédit ( en M1 ou M0, peu importe ) qui vient à échéance peut être remboursé grâce à un emprunt suivant …C’est souvent comme cela dans un système où la pénurie monétaire est savamment entretenue
« Non M1 (scripturale) permanent n’existe pas. »
Encore une jolie affirmation ; Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qu’une banque ne puisse accepter et donc détruire quand elle vend un actif à un agent économique, je suis d’accord. Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qui ne naisse autrement que par un crédit, je crois que vous exagérez. L’exemple que je donne montre qu’il circule dans l’économie de la monnaie M1 née de la monétisation d’achat d’actifs par les banques et que cette monnaie n’est due à personne et n’est aucunement chargée d’intérêt ( je vous concède qu’elle peut être source de dividende, mais il y a une différence de nature entre les intérêts et les dividendes )
« Quand une banque échange des devises contre sa monnaie centrale c’est surtout parce que son client a fait de l’exportation, la banque les échanges sur le marché monétaire pour récupérer de la monnaie centrale qui lui permettra de crédité le compte de son client avec la parité du jour et la banque ensuite met en réserve 12% et le reste soit 88% sera prêté si possible. »
Nous y voilà : de la monnaie centrale que la banque n’aura pas à rendre car elle n’est pas empruntée et qui sera si possible reprêtée et donc gonflera les comptes de client par le jeu des prêts successifs ! C’est tout à fait comme cela que je vois la chose !
» Dans un contexte inverse, les banques payent les autres banques étrangères en monnaie centrale et celles ci l’échangent sur le marché monétaire mais pour soutenir le cours (si ça va mal) la banque centrale se doit d’intervenir et elle rachètera sa monnaie (qui disparaîtra) en échange de ses réserves en monnaie étrangère ou actifs.
M0 n’est pas permanent non plus. » J’ai seulement dit que, aussi bien dans M1 que dans M0 on trouve des cas où la monnaie ne nait pas d’un crédit, c’est à dire qu’elle n’a pas a priori à être remboursée, mais je n’en fais pas un pilier du système ; je n’en montre que la complexité …
Merci d’avoir explicité que la Banque Centrale fait disparaitre sa monnaie quand elle la rachète en échange de ses réserves. J’avais conclu depuis longtemps que c’est ce qui devait se passer, mais je n’ai pas souvenir de l’avoir vu aussi clairement écrit. Ceci ne me choque pas le moins du monde car tout à fait cohérent avec ma conception de la nature de la monnaie.
Je me demande, Nadine, si nous ne devrions pas laisser reposer … car vous avez une position qui me parait illogique sur la création monétaire – tous ces chiffes qui gonflent et vont peut-être rapidement dégonfler viennent bien d’un processus qui les crée , non ? – mais vous êtes si convaincue qu’en dehors de notre ami Paul J. – dès qu’il sera lui-même convaincu ! – je ne vois personne qui puisse vous ébranler. Ce n’est pas le but d’ailleurs. Si jamais quelques lecteurs nous lisent , ils se feront leur opinion. C’est quand même un système monétaire curieux ; certains qui le pratiquent récusent la théorie des universitaires qui ont pour métier de l’analyser ! Car je ne connais aucun universitaire qui nie la création monétaire par les banques commerciales, avec bien sûr d’un coté leurs clientèles et de l’autre leur Banque Centrale. Bref, je ne connais pas la théorie que vous semblez vouloir défendre et dont le point central serait que les banques commerciales ne créent aucune monnaie. Aucune monnaie centrale ? D’accord. Aucune monnaie bancaire ? Pas d’accord ; d’ailleurs vous l’admettez vous-même que les DAV gonflent, n’est-ce pas ?
@Jean B
Bonjour Jean
A partir de ce que nous a trouvé Stilgar que je remercie, pouvez vous nous dire en tant qu’expert technicien de la chose si les créances que les banques accordent aux particuliers et aux entreprises sont eligibles pour un refinancement bancaire?
La réponse sera lourde de consequence pour notre débat.
Amicalement
Nadine
Expliquez vous Nadine: en quoi le fait que les créances sur les particuliers (crédit immobilier ou à la consommation) seraient ou non éligibles en garantie de refinancement de la BC serait lourde de conséquence pour ce débat ?
De toute façon les banques centrales décident des garanties qu’elles accepteront en fonction de leur choix à refinancer les banques commerciales … ce refinancement n’intervenant que pour 2% (si on se base sur les R.O.) ou peut être 10% des dépôts, si on se base sur les besoins globaux de monnaie centrale par les banques (R.O. + besoins d’espèces du secteur non bancaire) .
Les B.C. suivent elles la demande de monnaie centrale correspondants aux besoins des banques commerciales après qu’elles aient accordés les crédits (puisque les réserves obligatoires sont basées sur les dépôts qui varient à l’instant même où la banque commerciale accorde un crédit qui se traduit par une augmentation du dépôt) ou au contraire les banques commerciales accordent -elles des crédits en fonction d’une disponibilité de monnaie centrale « imposée » (et limitée) par les B.C. ?
@ Nadine
Stilgar m’a devancé. Je ne préjuge pas de la réponse de Jean B. mais il me semble qu’il suffit qu’il y ait des créances éligibles pour que le système marche, que celles que vous évoquez le soient ou ne le soient pas. Or il y a des créances éligibles !
si l’on en croit la banque de france, certes en 1995, la création monétaire ( la problèmatique du « ex-nihilo » n’est pas abordée) a 3 sources :
les crédits à l’économie (les banques commercilaes étant l’acteur principal de ce secteur)
les crédits à l’état ( je ne sais plus qui sont les acteurs essentiels, faut fouiller)
les échanges avec l’extérieur ( les devises qui « rentrent » accroissent la masse monétaire, celles qui sortent la diminuent – et là je crois que la BC a un rôle central au final).
je remets le lien pour ceux que ca interesse.
http://www.banque-de-france.fr/fr/publications/telechar/bulletin/etud22_1.pdf
@pitalugue
Question à 10 balles … comment avez vous fait pour récupérer les adresses de téléchargement de documents aussi anciens sur le site de la BDF … ? (pour ma part, je n’ai jamais réussi)
Merci d’avance.
google
recherche = création monétaire
ce doc figure à la page 10 des trouvailles
mais c’est un « article » de recherche, pas une stat, je crois
@Jean Jégu
Bon commentaire.
Vous dites: »Ah, bon ? Un peu rapide comme conclusion ! Elle n’ont vraiment que ces créances non-éligibles sous la main ? »
Je croyais que ces créances non éligibles étaient le carburant de votre moteur à deux temps. Si ce n’est pas le cas tout va bien.
Vous dites: »Non, je ne peux pas. Il faut que vous compreniez qu’un crédit ( en M1 ou M0, peu importe ) qui vient à échéance peut être remboursé grâce à un emprunt suivant …C’est souvent comme cela dans un système où la pénurie monétaire est savamment entretenue . »
D’accord j’ai compris. Donc c’est bien ce que j’ai dit. La version les dépôts sont prêtés ne coûte rien alors qu’avec la version créationniste le coût du refinancement est une charge tres importante pour la banque. Entre les deux versions que choisiront les banques ? Mais je crois que vous êtes d’accord avec moi.
Vous dites: »Encore une jolie affirmation ; Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qu’une banque ne puisse accepter et donc détruire quand elle vend un actif à un agent économique, je suis d’accord. Si vous voulez dire qu’il n’existe aucune monnaie M1 qui ne naisse autrement que par un crédit, je crois que vous exagérez. L’exemple que je donne montre qu’il circule dans l’économie de la monnaie M1 née de la monétisation d’achat d’actifs par les banques et que cette monnaie n’est due à personne et n’est aucunement chargée d’intérêt ( je vous concède qu’elle peut être source de dividende, mais il y a une différence de nature entre les intérêts et les dividendes ) »
Vue sous cet angle vous avez raison M1 est permanent de la même façon que M0 et c’est la principale chose que j’ai apprise de votre commentaire. C’est un aspect que je n’avais pas vue donc merci.
Vous dites:« Nous y voilà : de la monnaie centrale que la banque n’aura pas à rendre car elle n’est pas empruntée et qui sera si possible reprêtée et donc gonflera les comptes de client par le jeu des prêts successifs ! C’est tout à fait comme cela que je vois la chose ! »
Donc on est encore d’accord
Vous dites:« vous avez une position qui me parait illogique sur la création monétaire – tous ces chiffes qui gonflent et vont peut-être rapidement dégonfler viennent bien d’un processus qui les crée , non ? »
Je n’ai jamais dit le contraire puisque c’est ce que j’ai montré avec l’exemple donné à Stilgar sur les dépôts prétés qui font gonfler M1. Je ne vois pas où je suis illogique.
Ce qui est créé ce sont des créances privées ou si vous préférez de la monnaie scripturale privée pour chaque banque.
Mais ceci vous le savez depuis longtemps alors je ne vois pas encore une fois où je suis illogique.
Mais je crois qu’on a avancé.
@Stilgar
Je vous réponds un peu plus tard.
Super et merci… Ca m’a donné une idée… en remplacant etud22_1.pdf par etud1_1.pdf (et la suite etud1_X.pdf ou etudX_1.pdf )… on retrouve les parties « études » depuis janvier 1994..
Il n’y a plus qu’a essayer de retrouver les stattistiques (j’ai essayé stat22_1.pdf mais ca n’a rien donné.
Nadine écrit Ce qui est créé ce sont des créances privées ou si vous préférez de la monnaie scripturale privée pour chaque banque.
C’était ça que vous vouliez démontrer ? Mais tout le monde est d’accord depuis très longtemps … sauf que depuis longtemps cette monnaie scripturale (créée, vous le dites vous-même ) nous l’appellons euros ou dollars ou yens ou roubles, ou xxxx et elle nous sert à toute sorte d’achats, d’échanges ou de spéculation.
Plihon (« la monnaie et ses mécanismes »), pour expliquer la création monétaire pas à pas, utilise cette « astuce » (une monnaie pour chaque banque) écrit d’ailleurs page 20: » Chaque banque émet sa propre monnaie (la monnaie « Crédit lyonnais », la monnaie « Crédit agricole »…) et toute banque est tenue d’assurer la conversion de « sa » monnaie dans celle des autres. Cette conversion entre les monnaies émises par les différentes banques constitue une autre forme de « fuite » pour chaque banque qui vient limiter son pouvoir de création monétaire. »
Ouf, après au moins 30 commentaires, je vois que nous sommes d’accord: les banques créent la monnaie et donc n’ont pas besoin de prêter des dépôts !
@Stilgar
@Jean Jegu
Non, Stilgar, se sont les dépôts qui font les crédits sinon pourquoi titriser. Lisez le bulletin de Paul c’est limpide !
mais j’attends la réponse de Jean B .
Ce que dit Jean Jegu:« Question en passant : les fonds propres d’une banque ( utiles au refinancement ) sont-ils fixés une fois pour toute ? n’augmentent-ils pas parfois et si c’est le cas, le bénéfice non distribué de la banque peut-il être introduit dans les fonds propres ou assimilés (i.e. acceptables pour le refinancement ) ? Je veux vous faire comprendre qu’en définitive c’est avec leurs gains auprès de leur clientèle que les banques obtiennent de quoi se refinancer auprès de la BC pour continuer à gagner auprès de leur clientèle … »
Ensuite pour avoir quelques chiffres
Ce que dit Stilgar:« Un chiffre néanmoins: le montant de la monnaie centrale fiduciaire dans l’économie dans la zone euro est de 650 milliards d’euros, les crédits au secteur privé sont de 10630 milliards d’euros ( juin 2008). Les dépôts (DAV + autres dépôts monétaires) sont de 7667 … admettons que les R.O. soient de 2% sur ce montant, soit # 155 Md€, le total de monnaie centrale dont ont besoin les banques serait de 650 + 155 = 805 … »
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En zone euros avec la version les dépôts font les crédits les banques ont prêté en monnaie scripturale M1 pour 10 630 milliards (avec l’épargne) à partir de 805 milliards d’euros M0 qu’elles ont tiré de leurs actifs.
Vous dites en résumé : mais si les crédits aux particuliers et aux entreprises qui représentent la part principale des crédits ne sont pas éligibles c’est pas un problème les banques se financeront a partir de leurs fonds propres.
Si c’est pour dire ça, ce n’est pas la peine de perdre notre temps avec le débat sur la création ex nihilo car les crédits dans ce cas de figure sont limités par le ratio fonds propres/dette et je ne vois pas en quoi vous faites de la création ex-nihilo !
Par contre si les crédits créés sans contrepartie en monnaie centrale deviennent éligibles (sans la cuisine de la titrisation) alors oui vous faites de la création ex-nihilo puisque les banques se refinancent avec de ces mêmes crédits. Mais croyez moi on serait à bien plus que 10 630 milliards de monnaie scripturale M1, je pense qu’on serait dans la même situation que le Zimbabwe !
Je ne sais pas comment je peux être plus claire.
Je dois aller manger, je finirai après, mais je viens de me rendre compte que la titrisation peut effectivement permettre de remplir plus facilement, voire de contourner les réserves obligatoires (alors que jusque-là j’avais uniquement perçu son effet sur les requêtes en capitaux propres) :
– remplir plus facilement, car vous (en tant que banque) titrisez vos crédits, et si quelqu’un d’autre vous achète cela, vous récupérez de la monnaie centrale,
– contourner car, si l’acheteur des crédits titrisés est quelqu’un qui détenait un compte chez vous, cela diminue en plus la quantité de dépôts à votre passif, et donc votre besoin en réserves obligatoires !
C’est fou !
@ Nadine
Merci de relire ma phrase : « les deux thèses sont justes et fausses !!! »
Je parlais de la thèse : les dépôts font les crédits, et de son opposée : les crédits font les dépôts.
Saisir la dialectique subtile entre les deux est précisément ce que nous essayons de faire ici !
@ Jean Jégu
Je crois, mon cher, que nous sommes bel et bien d’accord dans les grandes largeurs.
C’est volontairement que je poste cela à part, car je pense qu’il est temps d’aller plus loin.
Il y a plusieurs esprits qui s’évertuent sérieusement sur ce blog à décrypter les mécanismes monétaires, et il ne faut pas que cette énergie passe en pure perte, à force de lassitude. Il faut, même si des divergences s’expriment, figer les avant-postes de nos idées, pour en faire part au plus grand nombre.
J’ai vu de l’intérieur la manière dont fonctionne la recherche économique, et cela fait un moment que je désire créer une revue de recherche un peu différente, dont trois caractéristiques importantes seraient :
– une grande rigueur (ce qui n’empêche pas le désaccord),
– l’ouverture à tous : pas besoin d’avoir un doctorat, d’appartenir à tel ou tel laboratoire pour écrire,
– format restreint pour pousser à la concision : articles de 5 à 10 pages chacun.
Ainsi donc, je demande à tous les gens intéressés (et j’en compte au moins trois qui devraient accepter, du moins je l’espère, ainsi que notre hôte) de se manifester et d’annoncer sur quel(s) aspect(s) ils aimeraient produire un article !
En vrac : y a t-il ou non création monétaire des banques secondaires ? quelles pistes de refonte du système bancaire ? crédits/dépôts : qui est l’oeuf et qui est la poule ? et la titrisation dans tout ça ?
Le résultat serait un premier numéro de revue consacré au débat sur la monnaie, de 100 pages environ, remplis de contributions de gens motivés.
Merci d’avance de vos réactions.
Dernière précision : le format serait électronique uniquement.
@ TL qui dit (9 février 2009 à 21:20)
Est-ce un premier pas vers la réponse à mes questions ? (5 février 2009 à 16:13)
Bonne soirée 😉
Pierrre
@ Nadine
Car en tritrisant, la banque provoque artificiellement le remboursement des prêts (prématurément) par les investisseurs. Tout se passe comme si les investisseurs prêtent directement aux emprunteurs, avec la banque et sa SPV comme courtiers. Du coup, la banque restaure (instantanément/rapidement) ses liquidités et sa capacité à prêter à nouveau. Comme en plus elle se débarrasse du risque, elle peut prêter à des gens qui ne savent pas rembourser (subprimes, et pire)