L’avenir à court-terme

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

A. s’interroge :

Comment François Leclerc et Paul Jorion voient-ils l’avenir à court-terme (4-5 ans) ?

Je vais me lancer. Je crois que ça ira beaucoup plus mal avant que ça n’aille mieux. Et la raison en est la suivante, c’est que si vous et moi voyons bien que seul un saut radical nous sortira du désastre actuel, ceux qui nous ont conduits là feront tout ce qui est en leur pouvoir – et le pouvoir ils en disposent en ce moment – pour remettre la machine en marche par des demi-mesures. Il y arriveront partiellement, pour des effets de surface, mais ils n’y arriveront pas sur les questions de fond parce que la machine sous sa forme présente est irréparable.

Pendant ce temps-là, des gens comme moi, comme vous sur ce blog, auront fait d’excellentes propositions sur ce qu’il convenait de faire. Ceux qui nous ont conduits là, ceux qui se sont trompés du tout au tout dans leurs analyses mais tiennent toujours le haut du pavé, continueront comme avant : prétendant qu’ils ont quand même raison – d’une certaine manière – que les « réformes », les privatisations doivent se poursuivre pour la raison incompréhensible X ou Y, que c’est la faute « en dernière instance » au Président Clinton, et ainsi de suite, … remplissez les pointillés.

Mais cela ne leur servira à rien parce qu’il deviendra de plus en plus clair à tout le monde – inexorablement – que c’est leur néo-libéralisme qui nous a conduits là où nous en sommes, et rien ni personne d’autre. Alors, alors finalement, « au stade de l’écoeurement », on se mettra à écouter ce que nous sommes en train de dire. Mais il faudra de la patience parce qu’il faut toujours énormément de patience quand c’est de l’histoire qu’il s’agit.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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101 réponses à “L’avenir à court-terme”

  1. Avatar de olivier
    olivier

    @Pierre-Yves D.
     » il ne faut pas perdre de vue que la crise engage, que nous le voulions ou nous, notre rapport au monde, et donc aux autres. Si donc, nous sommes tous dans une même crise, c’est que sa résolution – la plus souhaitable j’entends – passera aussi bien par une transformation de l’organisation du système économique que par une modification de notre rapport au monde et donc aux autres. S’il manquait un des deux aspects, la mutation ne pourrait être accomplie. »
    J’approuve sans réserve ce que vous dites. La résolution de la crise ne passe pas seulement par des mesures techniques financières. C’est tout notre rapport au monde qui est engagé. Et pour cause nous venons de vivre le premier « accident » de la globalisation. Ce n’est quand même pas rien. On relira Virilio avec profit.
    Un petit lien « pour rattraper le temps perdu » à moins que ce soit pour « gagner du temps »: il s’agit d’une émission sur la pensée de Paul Virilio: http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=2387442,scheduleId=2392480.html

  2. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    Suite au message d’Olivier

    j’ai écouté Paul Virilio

    http://www.dailymotion.com/relevance/search/paul%2Bvirilio/video/x83r1j_paul-virilio-les-revers-du-progrs_webcam

    et il me semble le rejoindre (avec des mots différents ) :
    il dit qu’il faut que ceux qui sont conscients du désastre du progrès se réunissent et créent une université
    je dis qu’ils doivent créer un outil public participatif de recherche et développement sociétal

  3. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Di Girolamo : bonne remarque comme d’habitude et bonne référence ! L’ensemble de l’émission de Virilio est encore visible sur le site d’Arte+7.

    Ce bloc serait-il une brique de cette université en construction ?

  4. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Jean-Baptiste 25 janvier 2009 à 06 : 29 dit :

    Le lien donné par Stilgar répond à ton propos, ce lien est également, pour l’essentiel, l’option qui est la mienne. Le problème, qui d’ailleurs se dessine bien en creux ici sur ce blog, c’est que l’économie réelle, le progrès réel passent par le mariage ou le remariage des hommes avec l’environnement et l’écosystème. Bien retenir que, dans mes propos, sous ces mots: économie et progrès, se trouve inclue désormais l’obligation incontournable car (au moins) naturelle de s’intégrer sans dommages dans l’environnement et l’écosystème, donc ne plus les désintégrer comme on le fait depuis le début de la première révolution indistrielle et les suivantes. Ceci dit, le problème monétaire reste entier et primordial pour nous tous. Des solutions existent qui tardent vraiment à s’imposer. Elles ont de sourdes adversités dans les milieux financiers mondialistes.

    L’économie réelle doit être protégée en toute priorité, pour ce faire, des formules saines existent (Écosociétalisme, Crédit-Social ou Argent-Social, et toutes autres formules qui y correspondent) elles devront s’imposer y compris et surtout sous la pression des « événements » (s’il y en a en conséquence). Il est plus que nécéssaire que des circuits économiques de sécurité parvienent à se mettre en place pour assurer à la base un minimum de sécurité économique à tous les producteurs, tous les créatifs. Après ça, toute augmentation de richesse, de surplus pourront être utilisés en complète liberté mais – aux frais, et uniquement à leur frais – (ou pour gagner) des « joueurs » intéréssés (spéculation, etc). Il est absolument inadmissible que l’économie financière et ses manœuvres délérères et assassines aient des effets rétroactifs contre l’économie réelle. Il faut donner à cette dernière toute latitude pour se évelopper sainement
    – en même temps que ses circuits financiers – en respectant, bien entendu, toutes ses libertés d’entreprendre (y compris par la protection obligatoire et sans détours de l’environnement et de l’écosystème). Soit un sorte de – code de la route – économique et financier, même honni des libéraux, pour le plus grand soulagement et la joie de tous. Ceux qui voudrons prendre de monumentales cuites financières et ne plus désaouler, le pourrons, les dommages, s’il y en a, étant entièrement et automatiquement à leur seule charge.
    (et les rapports entre Paul et Loïc apaisés…)

    bob dit : 25 janvier 2009 à 02:13

    «  »Obama a été soutenu par 200 millions d’Américains et probablement 3 ou 4 milliards de personnes vivant sur la planète Terre » »

    Je fais partie des 3 ou 4 milliards appréciant la venue de Obama. Il comporte toute la panoplie d’espoirs raisonnables (à part un cas ou deux seulement) intelligemment et très opportunement proposés. Il semble, pour une large part, être de bonne fois, et paraît répondre aux attentes des plus nombreux. Ceci dit, rappelons qu’il s’agit du shéma à l’échelle mondiale de la formule démocratique la plus classique et historique. C’est l’ « échelle mondiale » où a été placé Obama qui fait la principale différence…

    Un élu démocratique à deux obligations: l’une, claire et précise: répondre devant le peuple qui l’a élu aux demandes de ce peuple, l’autre, à comprendre en creux et par défaut mais omniprésente, souvent déterminante: renvoyer l’ascenseur aux puissants qui lui ont fait la courte échelle pour arriver là où il est. 200 millions d’américains, plus quelques millliards d’autres hommes, voient d’un bon œil Obama. Pourquoi Obama? D’abord parce que celui-ci à bénéficié du soutien financier des riches et des milliardaires qui l’ont lancé, donc le peuple le connait grâce à la promotion et à la publicité payée par les riches, puis suivis par le peuple (qui ne le connaissait pas il y a deux ans ou deux ans et demi) et chacun aura donné quelques dollars pour le favoriser. (le budget de son élection a battu je crois tout les records grâce à la première promotion, celle qui entraîne automatiquement les centaines de millions d’oboles du peuple)

    Mais c’est bien connu qu’un démocrate élu est tiraillé entre: 1) répondre au peuple, et 2) répondre aux puissants qui l’on financé. C’est le cas particulier de presque tous les présidents nord-américains, élus pour quatre petites années et presque tous portés par tel ou tel lobby. Souhaitons que Obama fasse exception et réponde complètement aux attentes populaires, il y a très peu de soucis à se faire pour les riches.

    La question « croustillante » va être celle de la « résolution » de la crise économique où l’on verra sans doute s’engager le bras de fer, spectaculaire ou plutôt sourd entre Mammon et la politique digne de ce nom (?), entre le mercantilisme souverain (souveraineté jamais avouée) et la vraie créativité d’une nation (?). Mais Obama ne doit pas être considéré comme « président du monde » car les États-Unis sont trahis par le « mondialisme » comme les autres nations.

    Il y a cette phrase très révélatrice du Professeur Jean Claude Werrebrouck relevée dans son intervention (en trois parties) La Crise Globale des années 2010 sur Contreinfo: http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2483

    « Les historiens de l’économie auront un jour à démêler l’écheveau des liens et de leurs causes qui vont jeter un pont entre la finance et le déséquilibre des comptes courants des USA, notamment vis-à-vis de la Chine. Pour des raisons insuffisamment élucidées le mode de coopération entre la Chine et les USA a abouti à un mercantilisme agressif côté chinois compensé par un transfert d’épargne rendant soutenable un déficit public abyssal côté américain. C’est un couple étrange que forment la Chine et l’Amérique, joliment désigné « Chimérique » par notre collègue américain Niall Ferguson.

    Logiquement l’excédent commercial chinois devrait se trouver éliminé par une hausse de la devise chinoise. En effet cet excédent a pour contre partie une entrée massive de dollars et donc une émission de monnaie interne susceptible d’engendrer une hausse de prix affaissant la compétitivité chinoise. Nous avons la thèse de l’équilibre automatique de la balance des paiements. Le mécanisme est simple : puisqu’une partie importante de la production chinoise se trouve hors des frontières et que le volume monétaire correspondant se trouve sur le territoire chinois, alors la base monétaire excède le stock de marchandises disponibles et donc leur expression monétaire doit s’élever. La réalité contredit le raisonnement car la base monétaire va être gelée et les dollars chinois se convertiront en volumes croissants de bons du trésor venant financer un déficit public américain lui-même très fortement croissant. C’est comme cela qu’on a pu dire que les chinois finançaient l’intervention américaine en Irak »

    J. C. Werrebrouck a sûrement pointé là (qu’il le sache ou pas) le « nœud mondialiste essentiel » dont la résolution (tout comme l’éclaircisement et l’élucidation) seront déterminants, et de quelle façon? dans les actes décisifs des tenants et des États-majors des forces en présence, en pleine clarté, ou occultés comme tant et tant de fois dans l’histoire et dans l’actualité.

  5. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Rumbo : La Chine sera-t-elle longtemps la manufacture du monde quand l’énergie (le pétrole pour l’essentiel) coûtera plus cher et fatalement, sera plus rare ? La « délocalisation » peut-elle s’adapter à des transports (avions, bateaux, camions, voitures…) de plus en plus chers ?

  6. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Alexis
    L’analyse du passé ne présage pas de l’avenir. Votre question s’adresse à Rumbo, mais ma réponse est « non » … il va falloir relocaliser aussi bien pour des raisons économiques que pour des raisons écologiques.
    Allais propose que 80% des productions (en volume) soit produite sur place lorsque c’est possible, les 20% importables restant (en volume) étant mises « aux enchères » auprès des importateurs. … mais 20%, on peut très bien décider 10ù ou même moins.. : il faudra néanmoins continuer à importer ce que nous n’avons pas (matières premières, par exemple)

  7. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Pas un mot à changer de ce qu’a répondu Stilgar dit : 25 janvier 2009 à 14:43

    Et surtout dans les circonstances présentes et leurs gros risques de s’accentuer dans les années viennent. J’ajoute, en parlant strictement en mon nom, que je suis résolument pour le protectionnisme. Non pas par principe, mais pour des raisons techniques et de bon métabolisme. Le métabolisme d’une municipalité, d’une région, d’une province, d’une nation, d’un continent, d’une planète.

    Le modèle biologique nous montre clairement qu’une cellule vivante à besoin d’une paroi pour « respirer » selon ses besoins propres. Si l’on supprime cette paroi (alias frontière), la cellule s’étiole et meurt. Elle est exposée à tous les excés au delà de ses minima, comme au delà de ses maxima. Elle subit la sécheresse alors qu’elle avait des apports et réserves d’eau assurant son équilibre métabolique, elle subit les inondations alors qu’elle savait faire des digues appropriées et savait parfaitement réguler ses excès d’ensoleillement, elle subit les épidémies alors qu’elle avait des défenses imunitaires excellentes, etc. Le protectionisme est un élément naturel et compris partout; seule une idéologie, une idéologie poisson pilote du règne absolu du mercantilisme, puis du marxisme, puis à nouveau du mercantilisme (son compère), a brouillé consciencieusement les cartes.

    Nous avons sous les yeux une démonstration fracassante de l’échec de la combinaison serrée de l’État et des banques à travers le monde. L’entretien artificiel d’une fausse dialectique: privé vs public, ou, libéralisme vs étatisme, etc, nous égare complètement et nous éloigne délibérément des vraies questions (qui s’imposeront de toute façon et auront de toute façon le dernier mot ici bas).. Ces vraies questions sont l’intégration (ou la réintégration) des hommes dans leur environnement qui est, dans le fond, leur alter-égo, et cela passe d’abord, inéluctablement (mais pas seulement) par la Justice dans les échanges, donc par un système financier Juste. Plus tard, le système financier en général sera peut-être et sans doute dépassé, mais sûrement pas la Justice.

    Il est grand temps d’appeler un chat un chat et de cesser les ronds de jambes pour faire plaisir aux uns et aux autres sous prétexte de craindre de nuire à l’idéologie dominante.

  8. Avatar de HFD
    HFD

    Il me semble que la crise de liquidité actuelle n’est qu’une conséquence d’une crise bien plus profonde de solvabilité structurelle due à un excès de confiance. Or, la totalité des gouvernement des pays dit développés s’évertuent à soigner les conséquences de cette crise, et non ses causes, en injectant des montagnes de liquidité qui, en désolvabilisant un peu plus les contribuables, renforceront les causes de la crise au lieu de les résoudre. Pensez-vous que mon analyse soit pertinante et que le remède sera pire que le mal ou existe-t-il malgré tout une possibilité de résoudre la crise et non simplement de la reculer de quelques mois voire de quelques années grâce aux actions gouvernementales actuelles?

  9. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    Je suis aussi un fervent partisan de la relocalisation , une relocalisation qui respire et se nourisse à la fois de son dedans et du dehors. Un protectionnisme ouvert.
    Concernant la part extérieure à importer : ce que le local ne produit pas ; deux idées :

    -d’abord la relocalisation si elle est secondée par la recherche (recherche sociétale , recherche technique , scientifique…) va créer l’innovation , répondre à : comment se débrouiller au mieux avec ce qu’on a . On va inventer des systèmes écologiques pour vivre heureux ensemble et en harmonie avec la nature . C’est la contrainte même du local qui va stimuler l’innovation.

    -ce sont les grands services publics : santé , défense , recherche scientifique ,transports ,éducation etc qui devront à la fois avoir un ancrage local mais aussi accès à des process industriels délocalisés ; mais ces productions et ces services devront être publics et dépendre directement des choix politiques des citoyens .

    @ rumbo ou stilgard ou qqd’autre
    Concernant les monnaies locales ; est il oui ou non intéressant de créer une monnaie locale destinée à stimuler les échanges locaux , ce dans le cadre d’un plan de relocalisation ? Doit elle être convertible en euros ? Peut elle permettre de financer un projet local par la création monétaire ? Dans ce cas et si elle peut se transformer en euros il y a injection (création) de monnaie dans le système national et européen ?

  10. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Di Girolamo

    Très difficile de répondre concernant les monnaies locales, et je ne voudrais pas apporter une « parole d’évangile » (je veux dire que je puis me tromper).

    Personnellement je ne suis pas « pour » les monnaies locales, j’en ai déjà donné les raisons sur ce blog.
    Car la question est de savoir s’il faut stimuler les échanges locaux (c’est à dire éviter les « importations » de ce qui n’est pas produit localement en poussant à la production locale) par l’introduction d’une monnaie spécifique ou en restant avec la monnaie légale, simplement par la prise de conscience locale qu’il vaut mieux consommer local ?
    Se pose peut être le problème d’un sous emploi local, alors qu’il y aurait tant de choses à faire… et dans ce cas, je pense qu’il faut convaincre la Mairie laquelle devra peut être augmenter les impôts locaux (ou emprunter si elle le peut) pour financer les salaires et charges, ainsi que les achats.
    Je pense que la bonne approche est celle des « transition towns »; entrainer la population dans un projet… et s’il faut à ce moment là une monnaie locale d’échange, pourquoi pas…

  11. Avatar de Alexis
    Alexis

    Pour rebondir sur ce que dit Rumbo précédemment, à la lecture de ce qui se dit ici et ailleurs, j’en suis arrivé à l’idée que capitalisme et communisme (pour faire court dans les définitions) ne sont que la variante idéologique et sociale d’un même système fondé sur l’industrialisation, la production, la consommation et leurs conséquences humaines et environnementales (on peut discuter des implications idéologiques et sociales de l’un ou l’autre de ces deux systèmes…).
    Dès lors peut on penser que LE problème soit uniquement financier ou capitaliste ?

    A propos de monnaie locale, l’économie non commerçante (échange de services entre voisins, implication bénévole dans une association, trocs en tout genre à l’exception des SEL organisés…) n’est-elle pas déjà une monnaie locale non définie ?

  12. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Paul Jorion, remarque bassement logicielle : la numérotation des réactions serait bien pratique pour citer qqun. La possibilité d’inclure un schéma, ou une image aussi.
    Merci.

  13. Avatar de alotar
    alotar

    La solution passe peut-être par une diminution généralisée des salaires, en utilisant le même calcul – mais de signe opposé – que pour leurs augmentations passées, c’est-à-dire une diminution en pourcentage, chaque diminution entraînant un supplément de convergence entre les salaires ou inversement dit, enlevant aux salaires une part de leur divergence. Mais qui ira manifester une ou deux fois par an pour exiger une diminution de 5% ou 10% de son salaire? C’est pourquoi cette diminution se vivra pour les humains, forcés et contraints, comme une calamité, sans doute durable. Et cela jusqu’à son point le plus bas, de stabilisation, à partir duquel seulement des augmentations pourraient à nouveau reprendre, pour un nouveau cycle. Cependant rien n’empêche par la suite de changer de système, et par exemple de veiller à une convergence des revenus du travail, par exemple par des augmentations en valeur absolue – la même somme pour tout le monde quelque soit le niveau de salaire -, plutôt que de les faire diverger par des augmentations en pourcentage. Mais pour cela il faut sans doute attendre ce creux à partir duquel les salaires ne diminueront plus mais auront tendance à reprendre leur augmentation.

  14. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    A propos du lien cité par Rumbo (article de J-C Werrebrouck sur http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2485 )

    Cette issue [de la crise ] va correspondre à un choc asymétrique aggravant « l’eurodivergence ». Dans les années 30 la dévaluation était une arme de guerre. Devenue impossible dans la zone euro, le débat portera au cours des prochaines années sur le dilemme suivant : Il est certes peu pensable d’abandonner l’Euro, mais il est aussi impensable de laisser une situation qui aboutira à l’étranglement de la plupart des pays de la zone sud de l’euro. A l’issue de la crise, on ne pourra ni abandonner l’euro, ni vivre avec lui. Que faire ?

    Que voilà une intéressante question… à laquelle je répondrais : double monnaie; l’euro + monnaie sociétale.
    Et vous ?

  15. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    L’analogie biologique de la cellule-organe-organisme est intéressante à exploiter… à condition de bien voir que l’économie politique n’est pas la description d’une « réalité » naturelle, hors implication des humains… ce que beaucoup cherchent à nous faire accroire.

    Alors protectionnisme ? L’Ancien régime a vu son développement être freiné par les multiples octrois (villes, baillis, régions et autres) : la Révolution française y a mis fin, heureusement. Et je ne vois pas comment on pourrait revenir à des « frontières » en-deçà des états. Et à ce niveau, si nous voulons sortir de la concurrence libre et sauvage, il faudra bien établir des échanges mutuellement avantageux et équilibrés. C’est ce que des droits de douanes intelligents (i.e. qui intègrent droits du travail, protection sociale et coût en GES…) devraient permettre au niveau des états.

    Mais en-deçà des états, il est possible d’avoir des échelons territoriaux (commune, agglo, département, région) dont les services publics offrent des prestations à des tarifs uniformes (pour éviter les effets de centralisation qui déstructurent tout aménagement équilibré du territoire) avec une péréquation des investissements à partir du local vers le plus global : sinon, un territoire peu dense et très étendu (cela va de pair en général) est dans l’incapacité de maintenir les infrastructures en ordre de marche (brisant par là les relations entre les territoires adjacents : c’est ce que l’Etat français est en train d’expérimenter pour notre plus grand désagrément -moindre service pour impôts locaux plus lourds- avec sa politique de régionalisation des routes ou des télécommunications, etc.).

    Bien entendu, la règle des services publics est la mutualisation optimale des ressources (pour les économiser) et offrir le meilleur service possible. En ces temps de tempête (météorologique) on découvre ainsi que les électriciens d’Espagne, du Portugal, d’Allemagne peuvent aider EDF à relever les lignes électriques abattues. Mais nous sommes encore dans la « nationalisation des pertes » plutôt que dans la mutualisation des investissements (merci la Commission européenne et toute la kyrielle des traités européens !).

  16. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Di Girolamo dit :
    25 janvier 2009 à 17:05

    @ rumbo ou stilgard ou qqd’autre
    «  »Concernant les monnaies locales ; est il oui ou non intéressant de créer une monnaie locale destinée à stimuler les échanges locaux , ce dans le cadre d’un plan de relocalisation ? Doit elle être convertible en euros ? Peut elle permettre de financer un projet local par la création monétaire ? Dans ce cas et si elle peut se transformer en euros il y a injection (création) de monnaie dans le système national et européen ? » »

    Une monnaie locale doit son apparition aux facteurs locaux. Le premier de ces facteurs est de retenir, autant que faire se peux, la richesse dans un endroit. Je n’ai pas connaissance (car je n’ai pas toutes les informations, et de loin, sur l’ensemble des monnaies locales) qu’il y ait le concours d’un monnaie locale pour un plan de relocalisation. Il faudrait rechercher.

    Un exemple parmis d’autres, la monnaie Dinamo dans le quartier (la Delegación) Magdalena Contreira (2,5 millions) d’habitants de México-ville (agglomération d’environ 25 millions d’habitants) inaugurée en juillet 2005 avec le concours des services municipaux d’assistance sociale.

    Par ailleurs, toujours au Mexique, de nombreux « ateliers » et de groupes ou d’associations organisant un système d’échange local utilisent la monnaie locale en parallèle avec le peso mexicain.

    En générale les monnais locales sont convertibles dans la devise du pays où elles existent, il faut voir au cas par cas les condition (en Allemagne, il y en aurait une bonne dizaine)

    Au stade où en sont les monnaies locales actuellement, à ma connaissance, leur impact est trop faible pour qu’il y ait une incidence quelconque lorsque ces monnaie locales sont changées en euros ou inversement.

    Un très bon exemple très récent est celui-ci en Suisse, à Lausanne avec l’appui de la municipalité, à cette heure il y a déjà 700 à 800 participants 3 mois après son lancement:
    http://www.easyswap.org/view/presentation/presentation.php?langue=fr

    Il y a ausi l’exemple national (suisse), celui-là très probant, du WIR dont j’ai parlé plusieurs fois ici. Taper WIR sur Google et on trouve des indications intéressantes.

    Je crois que l’usage de monnaies locales est tout à fait compatible avec la monnaie officielle de l’endroit où elle est en usage. Il est même possible que se dessinent l’usage de deux monnaies officielles, une monnaie pour la consommation et une monnaie pour l’investissement, voire une autre pour les échanges internationaux.

    Un autre exemple, au Costa-Rica le colón (monnaie nationale du Cota-Rica) et le dollar-us sont utilisés conjointement.

    Alexis dit :
    25 janvier 2009 à 18:04

    «  »Dès lors peut on penser que LE problème soit uniquement financier ou capitaliste ? » »
    Le problème selon moi (et d’autres) est essentiellement financier. On peut considérer le capitalisme de façon organique, qui a donc un usage bien défini, et on ne peut pas « juger » un usage, « juger » un organe ayant tel usage. Or ce qu’on demande à un organe, c’est de fonctionner et de se faire « oublier ». Un organe malade se rappelle au « corps » dont il fait partie par des douleurs et des disfonctionnements qui s’étendent souvent au « corps » entier. C’est le cas typique du capitalisme vicié par les pratiques financières qui rendent tout le monde malade, très malade. Encore une fois on revient au problème absolument incontournable du système financier et de la monnaie proprement dite.

    «  »A propos de monnaie locale, l’économie non commerçante (échange de services entre voisins, implication bénévole dans une association, trocs en tout genre à l’exception des SEL organisés…) n’est-elle pas déjà une monnaie locale non définie ? » »

    Oui tout à fait, on peut faire des échanges sans « traces ».

  17. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Jean baptiste @Stilgar

    L’idée double monnaie devrait être creusée, mais déjà, on ne peut ignorer un passage de conversion, pour payer le matériel de confection et le travail de toute la filière « vitale » : agriculture et logements… santé…

    Comme le dit @Rumbo, des doubles systèmes monétaires parallèles existent déjà, les devises étant plutôt des valeurs refuges, mais dominant complètement la monnaie locale si elles interviennent sur l’ensemble des échanges.

    En l’état, le principe des monnaies locales des pays du sud, assure bien la survie, pas la belle vie locale.

    Si des expériences s’organisent dans les pays plus riches, les objectifs sont très différents.

  18. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    Merci à Stilgard ,Rumbo ,barbe bleue……. Mes idées sont encore loin d’être claires sur le sujet ..Il va me falloir encore sans doute pas mal de temps pour creuser cette question ; le coeur de mon interrogation c’est : comment dans le cadre d’une dynamique locale des différents acteurs qui au vu du constat mondial ont décidés de se mobiliser autour d’une relocalisation des activités et valorisation des ressources locales (par exemple on valorise l’entretien et taille des sous bois en organisant un filière énergie) on peut utiliser utilement en évitant des dérives certains outils collectifs ( société coopérative d’intérêt collectif , monnaie locale faisant partie des piste de travail.)
    De toute manière d’une façon ou l’autre il faudra la cohérence entre cet échelon local et les échelons régionaux , européens, nationaux ; le problème étant que cette cohérence reste entièrement à créer puisqu’il s’agit bien d’inventer un autre système.
    D’une manière ou d’une autre à un moment donné ces dynamiques locales vont se mettre en conflit avec le système existant et la cohérence naîtra d’un combat politique. Mais si les mobilisations locales fonctionnent et sont créatrices il sera difficile aux dirigeants nationaux ou européens de les ignorer .

  19. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Di Girolamo

    A creuser dans le cas d’un petit bourg: la SEM ( http://www.creerunesem.fr/qu-est-ce-qu-une-sem.php )

  20. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Di Girolamo

    Un détail ayant son importance.

    Si vous voulez faire rimer taille de sous-bois avec agro-carburant de 2ème génération ( pensiez-vous à ceci ? ), vous faites du Bayrou cherchant à jouer les originaux.

    La conversion carbone du végétal, vers un « liquide » en chaine carbonée coutera toujours énergétiquement, aussi, si ce n’est plus cher à fabriquer, que le gain à en espérer.

    Si vous n’avez pas un excellent organisme naturel, type monocellule à photosynthése, développement rapide, passant un maximum de photons en chaine carbonée, il y a trop de perte de rendement.

    Par contre, l’ébranchage des sous-bois est porteur d’un immense espoir en agriculture, donc surtout local :
    BRF, ou Bois Raméal Fragmenté. Je vous laisse chercher tout seul des liens sur le net. En gros, le matériel lignieux du bois, constitue une excellente base de développement de multiple champignons ( seuls êtres à décomposer les bois ), ceux-ci ne demandant qu’à vivre en symbiose avec d’autres plantes. Les révolutions n’arrivent pas toujours de là où on les attendrait.

    La découverte technique est sans doute dû au hasard. Expérimenté depuis une trentaine d’années au Canada, où on a cette habitude de broyer les rameaux après nettoyage des sous-bois.

    La technique était aussi exploitée en Inde ( peut-être ailleurs ? ). Grâce à la mondialisation de la communication, on en parle de plus en plus, y compris là où ce hasard n’avait pas permis de faire ces constatations.

    Le BRF assure de spectaculaires rendements, y compris en qualité, ce que n’est pas capable d’apporter l’agriculture chimique si mal gérée.

  21. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    @barbe-toute-bleue

    Je connais le BRF (suis agriculteur) et en apprécie tout l’intérêt ; concernant la valorisation locale des ressources énergétiques locales c’est très complexe en effet ; je ne souhaite pas ici rentrer dans un travail de réflexion là dessus ; c’est une démarche par contre qui doit s’aborder sur le terrain en croisant les savoirs , interrogations , idées du maximum d’acteurs : un vrai travail de recherche .
    J e suis assez pour la mise en place de système transversaux et globaux (le contraire de sysèmes spécialisés et centralisés)…….
    Bonne journée

  22. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Barbe toute bleue et Di Girolamo : Je suis content et surpris qu’on aborde le BRF sur ce site. N’étant pas agriculteur, je suis très curieux du procédé ainsi que du fameux semi direct sous couvert dont Claude Bourguignon vente les mérite (d’autres aussi sûrement, mais je ne connais que ses liens sur intenet).

    Dans le cadre de cette université chère à Virilio et dont ce site est finalement l’un des amphis, vous serait-il possible de donner des liens ou de nous pondre un topo sur le sujet ? Digression certes, mais dans le cadre de la relocalisation de l’économie… on ne s’éloigne guère. Certains parlaient plus haut de transversalité.

  23. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Di Girolamo

    le retour d’une structure durable pour nos sociétés, passe par le local, et le local est complètement lié à l’agriculture.

    L’évolution vers la centralisation du pouvoir, s’est effectuée parce qu’elle permettait aussi le passage de l’information le plus rapide, pour toutes les époques antérieurs, malgré une forte déformation de celle-ci, un peu à la remonté, et énormément à la redescente-diffusion.

    Le maillage, et l’échange rapide des idées par le bas, c’est ce qui va arriver. Difficile de prévoir les échelles de temps.

    Pourquoi faut-il absolument passer par Chicago pour se faire livrer du pain, qui en plus, n’est pas très bon. Difficile de faire croire que la variation des cours là-bas, est un bénéfice pour tout le monde. Pour Danone, Neslé, et Loïc, je n’ai guère de doute.

  24. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Alexis

    Avenir à court terme : pas si hors sujet que ça, puisqu’il vaut mieux que ce soit à court terme.

    Liens vidéo, c’est plus sympa de voir des trognes de la campagne :

    BRF et semis direct, essais

  25. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    S’agissant d’ « avenir à cout terme ».
    Sans illusions sur le « sas » mondain et médiatique en direction du « saint des saints » des milieux d’affaires mondiaux, autrement dit le Davos annuel dont l’ouverture est imminente. Peut-être qu’en scrutant et en lisant au deuxième degré, plutôt ixième degré, pourra-t-on grapiller, ici et là, quelques brins de réalité sur l’économie et la finance actuelle. Même pas sûr.

    http://www.tdg.ch/actu/economie/crise-aidant-davos-2009-bat-records-2009-01-21

    Et puis depuis ce matin à 7h56 (TU) en temps universel, soit 8h56 heure française (et, sauf erreur, 0h03 à Los Angeles s’il n’y a pas en Californie une différence horaire supplémentaire, heure d’hiver, etc) , nous voilà entrés dans la nouvelle année chinoise, après l’année du Rat (2008), voici celle du Buffle (2009). Bonne année chinoise à tous.

  26. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    Suite puisque le blog fait une indigestion si on poste tout d’un bloc

    Jacky Dupety enregistrement son. 2 parties :
    @Jacky Dupety

    Jacky Dupety part 2

    Le même qui gesticule

  27. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    Bourguignon en conférence, passionnante … malgré le son ressemblant à une torture pour l’oreille :
    Claude Bourguignon

  28. Avatar de alice
    alice

    je vais dire une énormité, toutefois…

    « Je crois que ça ira beaucoup plus mal avant que ça n’aille mieux »

    rappel : l’économie de l’allemagne s’était nettement améliorée avec la prise du pouvoir par Hitler ! face à la crise que traversait l’allemagne, il avait su se faire écouter en apportant des solutions tangibles et se faire élire de manière démocratique !
    je ne dis pas que vous êtes les futurs hitlers 🙂 mais simplement que les meilleures intentions peuvent être détournées au profit d’une personne « spéciale » qui saura gouverner le monde à la manière « hitlérienne » !

    je sais ! vision très pessimiste de l’avenir du monde !

  29. Avatar de Alexis
    Alexis

    @ Barbe bleue : merci pour le lien. Je connais les conférences de Claude Bourguignon dont le son est effectivement minable.

    @ Alice à propos de pessimisme, une citation de Claude Levi Strauss :
    « Le pessimisme me parait après tout offrir à l’optimisme sa meilleure chance parce que c’est à la condition d’être très pessimiste que nous prendrons conscience des dangers qui nous menacent, c’est à la condition d’être très pessimiste que nous aurons le courage d’adopter les solutions nécessaires et donc, peut-être, nous pourrons recommencer à avoir une certaine dose d’optimisme… disons modéré. »

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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