Ce texte est un « article presslib’ » (*)
A. s’interroge :
Comment François Leclerc et Paul Jorion voient-ils l’avenir à court-terme (4-5 ans) ?
Je vais me lancer. Je crois que ça ira beaucoup plus mal avant que ça n’aille mieux. Et la raison en est la suivante, c’est que si vous et moi voyons bien que seul un saut radical nous sortira du désastre actuel, ceux qui nous ont conduits là feront tout ce qui est en leur pouvoir – et le pouvoir ils en disposent en ce moment – pour remettre la machine en marche par des demi-mesures. Il y arriveront partiellement, pour des effets de surface, mais ils n’y arriveront pas sur les questions de fond parce que la machine sous sa forme présente est irréparable.
Pendant ce temps-là, des gens comme moi, comme vous sur ce blog, auront fait d’excellentes propositions sur ce qu’il convenait de faire. Ceux qui nous ont conduits là, ceux qui se sont trompés du tout au tout dans leurs analyses mais tiennent toujours le haut du pavé, continueront comme avant : prétendant qu’ils ont quand même raison – d’une certaine manière – que les « réformes », les privatisations doivent se poursuivre pour la raison incompréhensible X ou Y, que c’est la faute « en dernière instance » au Président Clinton, et ainsi de suite, … remplissez les pointillés.
Mais cela ne leur servira à rien parce qu’il deviendra de plus en plus clair à tout le monde – inexorablement – que c’est leur néo-libéralisme qui nous a conduits là où nous en sommes, et rien ni personne d’autre. Alors, alors finalement, « au stade de l’écoeurement », on se mettra à écouter ce que nous sommes en train de dire. Mais il faudra de la patience parce qu’il faut toujours énormément de patience quand c’est de l’histoire qu’il s’agit.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
101 réponses à “L’avenir à court-terme”
Vous mettez le doigt sur l’un des aspects du marasme présent : l’aveuglement idéologique. Souvenez-vous de feue l’Union soviétique. Chaque fois que les choses allaient plus mal que prévu, les dirigeants établissaient le même diagnostic : on n’était pas allé assez loin dans l’application de la doctrine communiste. Et l’on rajoutait une louche qui permettait à la situation… d’empirer. C’est la forme politique de la médecine de Molière : le malade est guéri quand la saignée finit par le tuer. Qui nous préservera des économistes à chapeau pointu ?
La nef vient de s’effondrer sur l’autel mais le prêtre continue son prêche…
Je suis d’accord avec Paul Jorion » ça ira beaucoup plus mal « , mais j’ai des doutes pour » avant que ça n’aille mieux« .
Car même si nous arrivons à passer cette crise du crédit sans fuite en avant guerrière (et je reste très pessimiste), une autre pointe le bout de son nez… c’est le rapport « problèmes écologiques / population »
Même si une toute petite minorité (de sages) est prête, volontairement, à réduire drastiquement son niveau de vie, globalement ce n’est pas le cas et tout effort individuel est certainement « décompensé » par la possibilité d’accés aux richesses laisées disponibles (et dont le prix diminue de ce fait) , par quelqu’un d’autre. Comme aucun gouvernement ne se suicidera en imposant cette réduction à tous, la seule « évolution » possible est, me semble t-il, celle que j’ai déjà évoquée sur ce blog:
– #100 à 500 millions de riches
– # 1 milliard qui vivront bien en travaillant pour la catégorie précédente
– 6 à 8 milliards (bientot) dont plus personne n’aura rien à faire.
… sauf à passer dans une spirale vertueuse d’un nouveau système économique et monétaire ( l’écosociétalisme par exemple ?): mais le temps presse, sinon il ne restera plus dans 100 ans qu’un tiers de la population pour l’expérimenter.
Meadows disait en 1972 (alors que la population était inférieure à 4 milliards) : » si on ne prends pas les mesures drastiques qui s’imposent immédiatement, en 2000 il sera trop tard, nous ne pourrons qu’attendre l’effondrement entre 2030 et 2050 »
N’oublions pas que si un nénuphar double sa surface tous les jours et qu’on suppose qu’il faudrait 30 jours pour couvrir intégralement un étang en étouffant toute autre forme de vie aquatique, le 29° jour certains continuent de se dire « on a encore le temps »
Coupez vous de la TV, des journaux et d’internet.
Faites silence et regardez autour de vous.
Voyez vous des cohortes de chomeurs sur les trottoirs ?
Des épargants ruinés faisant la queue aux banques ?
Ou est la crise ? Ou est ‘le désastre actuel’ ? Et si ‘désastre actuel’ il y a, qu’y aura t il de pire ?
Bonjour,
M. Jorion, pourriez-vous préciser qui sont ces responsables dont vous parlez (« ceux qui nous ont conduit là feront tout ce qui est en leur pouvoir – et le pouvoir ils en disposent en ce moment – pour remettre la machine en marche par des demi-mesures », « Ceux qui nous ont conduit là, ceux qui se sont trompés du tout au tout dans leurs analyses mais tiennent toujours le haut du pavé ») ?
Je ne sais pas si vous parlez des politiques ou des financiers, ou des deux, mais ne serait-il pas possible de voir en eux la représentation de ce que nous, citoyens, avons voulu. C’est tout de même nous qui décidons de notre manière de vivre, qui avons le désir de consommer à tout prix, sans se préoccuper du sort de nos frères, de nos voisins s’ils sortent de notre champ de vision directe. C’est nous qui vénérons les qualités de nos élites.
Alors oui, votre solution à court terme est pour le moins plausible, mais elle m’effraie, en ce qu’elle laisse peu de place à l’humain : si quelque chose doit changer ce sera l’économie, et ce seront les responsables qui seront…responsables de ce changement. Et la masse fera avec…Je ne souhaite pas que vous vous trompiez…mais je l’espère ! A titre d’exemple, une comparaison : quand il ya eu la crise de la vache folle d’autres spécialistes se sont retrouvés sur le devant de la scène pour nous expliquer les erreurs qui avaient été commises et les solutions dont nous disposions. A-t-on réellement tiré les leçons ? A-t-on réellement assimilé la folie d’un système qui en arrive à donner de la viande à manger aux vaches ! Notre système marche sur la tête ! On ne voit que le côté économique de la crise et donc on se convainc encore une fois que les solutions sont économiques ! Incompréhensible et hallucinant !
J’espère. J’espère que ceux, par exemple, qui ont la patience et l’énergie d’analyser et de critiquer notre quotidien (des journaux satyriques aux altermondialistes en passant par les analystes économiques) et les « responsables » qui gèrent notre quotidien, que ces critiques donc, sauront utiliser leur pouvoir de diffusion pour nous mettre notre réalité en face, nous révéler ce que nous savons intuitivement sur nos modes de vie. Et le changement viendra de lui-même. En espérant qu’il arrive à temps, que nous nous réveillions à temps. Si nous sommes réellement des citoyens développés il nous faut le prouver. Maintenant. Les chinois sont plus nombreux que les européens et les usa réunis. Idem pour l’inde…Et on voudrait aussi essayer de convaincre d’autres pvd de suivre notre exemple…Et ensuite on va les convaincre que ce n’est pas bien de suivre notre exemple ? Qu’il faut qu’ils fassent attention à la planète !!!!!?
Nous ne pouvons nous permettre le luxe d’attendre. Si tant est que l’on accorde de l’importance et de la réalité à notre passage sur Terre.
@ Stilgar,
Totalement d’accord avec vous.
@ Jean,
Totalement d’accord avec vous ! Est-ce un « simple » constat ou sous-entendez-vous une raison à cette « mise en scène excessive » de la crise ?
D’accord avec Stilgar concernant le lien à établir entre crise économique et financière et écologie au sens large de mode d’organisation de nos sociétés en relation avec leur environnement et avec elles mêmes (le social) ; on a donc un paquet très large comprenant le social , les ressources, le climat, les polutions etc etc….. et tout en haut en chapeau , les valeurs , le paradigme moral ,le sens de l’humanité sur sa planète.
Le schéma général de la courbe prévisionnelle est donc en dents de scie avec des hauts et des bas et une forte tendance générale vers le bas qui au fur et à mesure du temps qui passe va s’accentuer.
C’est donc tout simplement catastrophique pour un esprit simple qui regarde les choses comme elles se présentent.
La logique et l’histoire montre que les mieux lotis , les plus malins, les plus riches vont et sont déjà depuis longtemps en train de s’organiser , allant jusqu’à stocker des semences dans des bunkers ! Et les logiques semblent vouloir se déployer jusqu’au bout , il n’est que de voir la ruée vers les pôles qui va finir la dernière goutte de pétrole et finir de gaver l’atmosphère en co2.
Concernant écosociétalisme ou autres bonnes propositions , ce qui manque c’est le canal d’entrée politique ; toute proposition utilisant les standards d’organisation de la vie politique actuelle est vouée à l’échec. La seule issue est un regroupement spontané des citoyens ayant une assez claire conscience de la catastrophe et un essaimmage d’auto éducation et prise en charge locale sur le terrain ; nous ne sommes pas en paix mais en guerre et pas une guerre contre les terroristes mais contre nous mêmes et le compte à rebours a commencé.
Comprendre et s’organiser localement je ne vois pas bien quoi faire d’autre .
je pense tout aussi impossible de « réparer » le système financier, comme le dit Paul Jorion, que d’aller vers les mesures plus radicales qui seraient nécessaires et autour desquels nous tournons tous (ou presque) sur ce blog.
Les pires vilénies qui sont actuellement commises, comme les nationalisations, et d’une manière générale toutes les mesures interventionnistes d’Etat, le sont du bout des doigts, forcé et contraint. Et à titre transitoire est-il toujours proclamé. Seuls d’autres événements encore plus redoutables que ceux que nous connaissons pourraient inciter à prendre des mesures encore plus décisives. Des surprises sont possibles.
Pour paraphraser les « african americans » qui disaient, le jour de l’investiture d’Obama, « je n’aurais jamais cru vivre un jour comme celui-là », je dois dire que j’éprouve un peu le même sentiment en lisant tous les jours les colonnes de l’honorable Financial Times. Et je me frotte souvent les yeux pour croire ce que je lis.
La raison pour laquelle je crois que prévaudra finalement une reconduction, en version plus ou moins réformée, de la finance qui a trahi – et dont l’effondrement crée présentement une grande inquiétude collective chez ses acteurs – c’est que ce monde-là s’inscrivait dans une logique qu’il ne va pas et ne veut pas renier, celle de ses intérêts, tels qu’il les perçoit, les défend et les met en oeuvre. Il a le pouvoir d’y parvenir en fin de compte, sauf dérapage qu’il s’efforce d’éviter, attendant des jours meilleurs.
Revenons en arrière. Pourquoi les « subprimes » ? Parce qu’il fallait, d’un côté mettre du charbon dans la chaudière de la finance, et de l’autre compenser les effets d’une répartition inégalitaire accrue de la richesse. Pourquoi allons-nous retomber, selon toute probabilité, dans une « économie de la dette », dans un monde financiarisé, dangereux à pleins d’égards, injuste socialement et irresponsable écologiquement ? Exactement pour la même raison.
Je lisais l’autre jour dans la presse britannique, j’ai oublié quel journal, un article qui décrivait le pays comme un hydrocéphale à deux têtes, les services financiers et l’immobilier, reposant sur un corps malingre. L’idée est du journaliste, les termes sont de moi.
Le monde est en train de changer d’axe. La desindustrialisation des pays occidentaux, partout en cours, est une cause profonde de cette financiarisation. Les services financiers contribuent de plus en plus au PIB de ces pays, la croissance repose de plus en plus sur une consommation financée par l’endettement. Voila, selon moi, la logique dans laquelle nous nous inscrivons.
A vrai dire, je reviens du nord de la Côte d’Ivoire (Bouaké) ou avec un groupe d’agriculteurs on soutien une structure coopérative que l’on a ‘créé’ il y a 10 ans.
La guerre est passée par là et les coops ont tenu. Ruinées, certe, mais les adhérents sont encore là et souhaitent plus que jamais travailler ensemble.
Donc loin de ‘la crise’ (ou plutôt en ‘plein dedans’) et entouré de gens extraordinairement motivés, nous avons un projet simple de développer la culture attelée, l’utilisation de semences fermieres de qualité et les cultures vivrieres.
A vrai dire, des prix des matieres premieres durablement élevés sont une bonne chose pour la population Africaine rurale car cela redonne un rôle de premier plan au paysan.
Ce dernier se retrouve au centre des préoccupations des gouvernements, de l’argent arrive, les routes sont de nouveau entretenues, des relais de téléphonie mobiles sont insatallés, l’électricité est rétablie…
Enfin, grace (je l’espére…) à l’établissement de ces coopératives, le paysan ne peut plus être spolié de sa production (nous avons financé un accés internet, donc à l’information).
Les émeutes de la faim ont lieu principalement en ville, et prés des ports par ou les sacs de riz à bas prix arrive…
Alors oui, quand je suis revenu en France et que j’ai pris connaissance du ton dramatique donné à la crise, que j’ai vu autour de moi les gens en parler sans en subir les conscéquences (sauf peut être dans les PEA), j’ai pensé à une ‘mise en scéne’ ou plutôt à un ‘délire paranoiac’ ou chacun veut se retrouver (trouver sa place ou s’identifier ?) dans ce concert médiatique. Et enfin trouver une reconnaissance…
Merci Di Girolamo, c’est très bien expliqué.
Nous avons fait un livre, des articles, des conférences, des propositions. Nous avons des sites, un forum … une quantité incroyable d’information … mais en définitive nous avons été incapables d’adapter l’écosociétalisme à un modèle économique local qui puisse s’intégrer dans le modèle capitaliste.
Nous ne demandons à personne de « nous suivre », il n’y a pas de messie parmi nous … mais peut être est ce qu’il manque ?
Personne ne viendra secourir l’humanité, car même si nous ne sommes ni seuls ni les plus évolués, l’humanité doit faire sa propre expérience: mais comme plus de 100 milliards d’homo « sapiens », sont nés, ont vécus et sont morts depuis le début de « notre » existence de sapiens, 4 ou 5 milliards de plus ce n’est globalement pas très grave: je crois (et crains) que Gaïa ne trouvera que ce seul moyen pour se sauver et sauver l’espèce.
@ Stilgar
http://www.pauljorion.com/blog/?p=1645#comment-15206
@Girolamo et @Stilgar
Étant pleinement – en phase – avec vos propos, et ce n’est pas nouveau pour moi. Je crois sincèrement (sans vérrouiller la porte de ce côté là, mais illusions = 0) que le politique ne « répond plus » et vit sur son « capital » d’électreurs amorphes, jusqu’à que… là aussi, remplissons les pointillés. J’ai été voir des députés, des conseillers généraux, ils semblent avoir tous un fil à la patte avec leur organisations et leurs obédiences. Rien à attendre.
La vraie lueur, d’après mon horizon, vient de ceux qui organisent des monnaies locales et tissent vaille que vaille une couche féconde d’expériences sociales et économiques dont la portée est certainement bien plus grande que ce que les acteurs eux mêmes l’imaginent. Il faudrait qu’un tel blog puisse servir à la circulation des informations relatives aux expériences économiques et monétaires pour être mieux connues des uns et des autres, et cela pourrait avoir un effet incitatif.
Par exemple, les 30, 31 janvier et 1er février prochain aura lieu le Forum Social Mondial (FSM) en particulier (et entre autres lieux) à México avec lequel je suis en relations sérrées, leurs programmes de rencontre est établi et ces rencontres tisseront l’expansion des structures économiques déjà en cours d’élaboration.
Il y a en France des organisations similaires, mais pour des raisons purements domestiques, je ne peux y participer régulièrement ni efficacement. Il n’y a que des séquences de plusieurs semaines où je peux participer et aider en continu à l’étranger ceux qui sont engagés dans ce qu’on nomme encore à présent l’économie alternative et solidaire, mais qui devrait devenir l’économie vraie, répandue et hétérogène, très stimulante, féconde faisant retrouver le sens de la vie.
Toutes choses les mieux comprises possible par ailleurs, ce sont ces dévelopements-là, encore complètement et bien trop marginaux à l’heure actuelle, qui sont la réponse la plus vitale. Réponse qui n’est pas spectaculaire, c’est pour ça, entre autres raisons, qu’elle « intéresse » encore très peu.
@Max
Voulez-vous dire qu’il n’y a pas de problème compte tenu des capacités de (sur)production ?
Quand vous écrivez » ou bien il faudrait à ce moment imaginer un système qui consistera à réduire petit à petit ces différences de richesses. « , imaginez vous réduire les différences de richesses par le bas ou par le haut ?
Ste déduction priez pour nous….nous zot, êtres au savoir microscopique.
Si la machine économique actuelle est « irréparable », çà veut dire que nous sommes à la veille d’une nouvelle machine économique ( j’vois pas l’humanité rester sans rien faire).
Une nouvelle machine donc , mais sera t’elle différente?
On peut en effet imaginer qu’un nouveau cycle d’économie ultra libérale peut renaitre une fois le champ de ruines établi.
Un peu comme en Irak ou toutes terres réduite en champ de bataille , la morale cpitaliste de l’histoire étant d’un classissisme récurrent :
» tout détruire pour mieux reconstruire… »
A bien réfléchir ( désolé, chui au maximum) , la nouvelle machine économique sera sûrement différente , puisque l’aspect écologique des choses va devenir évident , pour une raison encore plus évidente : la survie de l’espèce.
@Rumbo
Je vois pour ma part trois gros inconvénients aux monnaies locales, si elles dépassent le niveau vraiment local (communal).
1 – pas de participation à l’effort collectif (taxes et impôts)
2 – risque « argentin » (fausse monnaie)
3 – aucune régulation de la masse monétaire (même sans « 2 »)
Les monnaies type SEL doivent rester des monnaies « de dépannage » et d’entraide sociale
Par contre, nous (GRESSO) maintenons qu’une monnaie spécifique (mais nationale et gérée par la collectivité) dans le cadre de la création d’un nouvel espace économique à vocation sociétale (complémentaire au système marchand actuel), c’est-à-dire entièrement dédié à la résolution des problèmes humains et écologiques qui se posent, pourrait être une approche positive « non utopique » ( http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=EMS )
@ Tous
Suite à mon échange avec Stilgar….
Je ne sais pas sur ce blog comment vous appréhendez l’état de conscience de la masse des « citoyens ordinaires » par rapport aux différents enjeux dont nous parlons ici ?
Je reste persuadé qu’on a là (aussi) une clé pour l’action : je rappelle que jusqu’à nouvel ordre( qui peut malheureusement venir assez vite si on se dirige vers des gouvernances supra nationales déconnectées des citoyens / on le voit pour l’Europemais pas seulement ) ce sont les bulletins de vote , le numérique des bulletins qui a (encore) la possibilité d’imposer telle orientation plutôt qu’une autre .
L’action consistant à faire débattre transversalement , globalement et simplement (communication participative sur le diagnostic global et les solutions locales) le plus grand nombre possible de citoyens m’apparaît essentielle ; elle permettra au moins de prendre la température de cet état de conscience et en étant optimiste de faire avancer les choses.
A observer les gens , leurs vies , leurs préocupations , il me semble qu’il y a un énorme travail dans ce sens(internet , les conférences etc restant trop confiné sur un même profil d’individus) ; j’en reviens donc avec obstination ,( mais je ne suis pas le seul sur ce blog à être obstiné ?) au lancement d’expérimentations destinées à créer et mettre en place un puissant outil de communication/réflexion participatif (le « participatif » empêchant cet outil d’être un outil de propagande).
@ Di Gi, …
La crise de l’occident est morale.*
Tous les pbs, économiques, écologiques, etc, viennent de ce que les sociétés sont pilotées sous l’emprise de la valeur que je rattache avec Gagnepain à une fonction naturelle en nous partagée avec l’animal, mais que la seule chose qui puisse d’abord acculturer cette FONCTION – qui chez l’humain tend spontanément vers le tjs plus – tient à sa FACULTE éthique implicite – Freud aurait choisi le concept d’inconscient.
Le job du politique consiste donc à caler des codes qui seraient capables de nous montrer le fonctionnement structural de cette instance éthique formelle en nous. Plus il s’éloigne de cette tache et plus il se rapproche d’arbitages d’intérêts, mais sans avoir l’intuition du Roi Salomon (jugement de Salomon entre deux femmes où l’une réagissant plus vite que l’autre à l’inhumanité de ce que un – son – enfant puisse être coupé en deux, montre ainsi que rester humain est au-delà des calculs; ce qui permet ainsi au roi Salomon de ne pas se tromper ds son arbitrage!)
*
On peut considérer que les responsables de cette situation catastrophique du système financier et économique actuel sont ceux qui en ont planifié et exécuté le mouvement de libéralisation globale des ces trentes dernières années sans mesurer les conséquences de leurs décisions en termes de pollution, d’inégalité croissante et d’épuisement des ressources .
De fait, les électeurs, coupables à leur tour d’avoir suivi les sirènes de ces piètres planificateurs se retrouvent démunis face aux résultats insensés de leurs politiques et nos démocraties fragilisées par la même occasion.
D’aprés E Todd, l’éventualité qu’un triste jour on en vienne à nous supprimer le droit de vote n’est pas complètement à écarter.(cf Aprés la démocratie)
Doit on alors envisager aussi une sorte de Coup d’Etat Mondial ?
Ou, comme Paul l’envisage, la raison l’emportera: « Alors, alors finalement, « au stade de l’écoeurement », on se mettra à écouter ce que nous sommes en train de dire. Mais il faudra de la patience parce qu’il faut toujours énormément de patience quand c’est de l’histoire qu’il s’agit. »
mikl
* voir Marcel Gauchet et sa sortie du religieux, avec tout ce que celà implique, et qu’on voit sous nos yeux. Ce n’est sans doute pas un hasard si les religions sont les dernières à s’arcbouter à l’idée de morale. Si donc qq chose doit se réinventer, il touchera les deux (la politique et le religieux dont la frontière est mouvante), inévitablement; donc nos croyances. Bon, mais tant que vous croirez que les sciences ds leurs théories s’attaquent à du positif objectivable, jamais il ne sera possible d’avancer. Tout est relatif dirait Albert E., sauf pathologies faut-il ajouter.
Stilgar dit :
24 janvier 2009 à 11:24
Je suis absolument d’accord. Lorsque je « promeux » les monnaies locales ce n’est pas du tout à l’exclusion des autres formules (GRESSO) et lorsque je dis, par exemple, que l’Écosociétalisme et le Crédit Social ont une proportion majoritaire de territoir commun, cela va exactement dans le sens que tu indiques.
Ça vient que nombre de pays historiquement pauvres (mais nullement pauvres géographiquement) sont dans des situations où: avant crise, crise, ou après crise, n’a à peu près (à quelques exceptions près) aucune signification. Nous avons très peur pour notre « richesse », eux sont sûrement en ‘avance’ relativement à ce que nous craignons de pire.
Mais j’en suis bien convaincu, malgré les attitudes et le spectacle affligeants des politiques (et des médias évidemment), qu’il ne faut pas lâcher le morceau malgré nos inévitables « états d’âme ». Ce supplément d’âme! Nous l’aurons bien j’espère!
Ceux qui nous ont mis dans la crise l’ont fait en toute légalité. Les lois et donc ceux qui les font/votent/appliquent n’ont donc plus de légitimité. Quand les lois ne sont plus légitimes elles sont des oukazes. On sait où celà mêne. La vrai question est quand? Les émeutes et protestations violentes dans quelques pays ne disent elles pas que tout va aller plus mal et pour longtemps. Seul le bas peuple de par le nombre peut imposer le respect de la légitimité. Et au vu des évènement politiques récents dans l’ensemble du monde occidental, il semble que l’épreuve de force soit engagée.
On verra bien si nos représentants politiques sont à la hauteur du challenge.
La solution passe par les Etats démocratiques soutenus par leurs citoyens.
Si les résultats ne sont pas là, à moyen terme et à long terme, la vérité obligera à en tirer les conséquences.
Par exemple en France, le petit jeux de se refiler la « patate chaude » par une alternance entre les 2 principaux partis politiques depuis 20 ans alors que le travail de réorganisation est indiscutable et profond.
Le « c’est pas moi c’est lui » commence à devenir un peu assourdissant, surtout quand ces personnages médiatiques se partagent équitablement les postes bien rémunérés, pour un résultat plus qu’incertain jusqu’à maintenant.
La démocratie coûte cher à entretenir, elle se doit donc d’être efficace.
C’est aussi ça le capitalisme: une recherche d’efficacité à tous les niveaux, pas uniquement pour le bon citoyen qui fait tourner la boutique.
@Rumbo
Ma réflexion n’était pas tant pour toi que perce que c’était l’occasion de marquer mes réserves quand aux monnaies locales
@ Stilgar
Ah non, c’est très grave une situation de surproduction ! C’est le café qu’on jette dans les locomotives brésiliennes.
Les entreprises produisent plus qu’ils ne vendent (voitures, puces, etc.. il suffit d’aller sur google), du coup ils stockent, ce qui provoquent des dépréciations de la marchandise, de l’argent qui ne rentre pas, etc..
A propos de de réduire les différences de richesses… on n’est pas du tout obligé de le faire vers le bas, bien entendu, il faudra simplement que les plus riches (les occidentaux) acceptent d’être plus riches un peu moins vite, le temps que les pays les plus pauvres qui bénéficieront d’entrée de capitaux prélevés chez les plus riches rattrapent le retard.
Mais ceci est tout à fait utopique, c’est un problème purement politique et ce sera très compliqué à réaliser. Mais ce serait très stabilisateur pour l’économie mondiale.
Mais l’idée est là, pour moi comme pour certains économistes la véritable raison de la crise financière n’est pas la spéculation (car qu’est-ce qui a nourri la spéculation), mais une répartition injuste et déstabilisateur des richesses notamment au niveau national (notamment aux Etats-Unis, en Irlande et en Angleterre, pays les plus durement touchés par la crise).
Regardez les chiffres, la coïncidence est trop flagrante pour qu’elle le soit vraiment !
Rocard l’explique bien mieux que moi :
La principale cause de ce drame planétaire est le réveil de l’actionnariat. Celui-ci, plutôt maltraité de 1945 à 1975, s’est réveillé et puissamment organisé en fonds de pension, fonds d’investissements et fonds d’arbitrage ou hedge funds. Il a pris souvent le pouvoir et toujours de fortes minorités dans toutes les grandes entreprises de la planète. Il a partout pressuré les revenus du travail pour assurer de meilleurs dividendes. En trente ans, la part des revenus directs et indirects du travail a perdu près de 10% dans le partage du PIB dans tous les pays développés au bénéfice du profit et non de l’impôt.
dans : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1830&var_recherche=rocard
Et surtout cet article de décembre 2007 :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1511&var_recherche=rocard
Il n’avait pas forcément besoin d’être un acteur du marché financier… Il suffisait de comprendre qu’une répartition déstabilisateur des revenus fragilisait le circuit de l’économie jusqu’à le casser.
Les gens qui avaient de l’argent et qui ne savaient pas quoi en faire étaient simplement obligé de le prêter. D’où un surendettement du ménage moyen et finalement à force une situation de surproduction qui allait tôt ou tard se révéler.
Lisez Rocard, il l’explique beaucoup mieux que moi :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1511&var_recherche=rocard
Cet article date de décembre 2007, même si la crise avait déjà commencé, il n’avait pas besoin d’être dans la finance pour comprendre l’ampleur de la crise : il suffisait d’avoir les chiffres de la répartition des revenus.
Je me dis qu’interdire les paris sur les prix sera très insuffisant, on saura tôt ou tard placer l’argent mal distribuer dans une bulle qui va gonfler, gonfler au lieu d’être réellement dépensé dans l’économie réelle (achat de richesses réelles) par les classes moyennes, celles qui produisent.
Et pourtant, je ne tiens pas là un discours marxiste, non, je veux bien que les riches soient riches, mais si les écarts deviennent trop importantes, il y a automatiquement un effet déstabilisateur.
En France, il y a les amortisseurs automatiques : couverture sociale, RMI, etc.. ce qui va permettre à la consommation de tenir un certain niveau.
Ce qui est une répartition des revenus par l’Etat, s’il n’y en avait pas, la crise serait plus grave en France.
En plus, une telle politique sociale a certainement favorisé l’épargne en France, ce qui est un bouclier supplémentaire contre la crise.
On le dit souvent : l’économie française est un diesel tandis que les économies anglo saxonne, plus explosives, sont des essences.
Il y a également toute une réflexion à faire sur notre approche avec le temps, sur ce que nous voulons de la société : qu’elle nous aide à satisfaire tout de suite nos envies ou bien qu’elle nous protège contre les aléas de la vie (maladie, chômage, faiblesse intellectuelle nous empêchant d’avoir un diplôme, etc .. ?). Qu’elle soit individualiste ou au contraire sociale ?
Merci pour cet excellent article. Je me permettrai d’en parler sur mon site dans quelque jour, avec un lien.
Personnellement, j’en suis arrivé au point de penser que comme l’économie mondialiste chute, il suffit pour nous en sortir de développer une économie locale, qui en toute logique prendra facilement la place de celle qui s’effondre.
Amicalement.
@Max
Je suis « à moitié » d’accord avec vous.
Bien sûr que le gachis d’une surproduction détruite est grave, mais c’est bien le système économique actuel qui aboutit à ces états de fait, parce que les « riches » ne supportent pas de manquer…
Il peut y avoir des accidents (une excellente récolte de café qu’on ne sait plus où stocker), mais si les entreprises produisent trop, c’est qu’elles ne s’adaptent pas « au marché » et qu’elles ont eu des espoirs insensés alors que le monde s’aperçoit qu’il y a des limites à la consommation parce que lles revenus n’ont pas suivi.
Votre projet pour réduire les différences de richesse me fait penser à celui de LaRouche … vivement que tout le monde devienne riche et consomme ! … sauf que pour le moment on ne sait pas (je devrais plutôt écrire « on ne peut pas, pour différentes raisons écologiques ») produire pour que chacun sur cette Terre dispose de tout ce dont il a envie et je dirais même, mange ce qu’il a envie : c’est simplement pas possible (lire » Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas )
Ceci dit, je suis d’accord avec vous sur le partage des richesses au sein de zones géographiques très limitées; mais il faudrait d’abord redistribuer les revenus du capital et du travail pour revenir à ce qui existait il y a 50 ans… Rien qu’en France, c’est 10% du PIB (#180 milliards d’euros) qui ont été progressivement transférés des travailleurs vers les spéculateurs, les financiers et les rentiers (disons « les capitalistes »).
@ Max
Oui, tout à fait juste. La couverture sociale (retraites = 8 points de PIB) plus la sécurité sociale (recyclage de 8 points de PIB) plus assurances chômage (ce qu’il en reste) et minima sociaux font que pratiquement 20 points de PIB sont hors spéculation, tournent en circuit économique court et garantissent la consommation de base des couches populaires.
Ainsi toutes les entreprises qui fournissent ce marché ne subissent la crise qu’à la marge. Cotisations, taxes et impôts bouclent la boucle de ce circuit vertueux.
Pour lutter contre la crise, il faut élargir ce cercle vertueux à d’autres productions et services.
Il faut trouver des circuits d’argent qui ne passent jamais par la case « capitalisation financière » ni spéculation donc.
Inutile de créer des monnaies plus ou moins locales qui deviennent inévitablement de singe, et surtout déséquilibreraient les circuits vertueux de cotisations-prestations (équivalent à l’effet déstabilisateur du travail caché).
Nous en avons de multiples exemples en France et dans le monde. (Pourquoi les Chinois n’ont-ils pas de retraites par répartition et de sécurité sociale ? Choix catastrophique en 1988 d’une capitalisation par l’étranger au lieu de développer -plus lentement mais sûrement- un marché intérieur solide et plus juste.)
Les collectivités territoriales doivent élargir les services publics dans tous les domaines sans appel aux capitaux financiers, c’est possible en faisant jouer les péréquations du local au global.
Dédicace à Eugène : le japonais parle à rebours !