Pas de très bonne qualité technique en raison de très mauvaises connexions internet. Il y a même deux petites coupures dont je ne m’étais pas aperçu, j’ai rétabli le sens dans la transcription. Désolé !
Suite et fin : L’évolution de l’IA peut prendre différentes approches, et chacune a ses propres avantages. Voici une analyse…
54 réponses à “Le temps qu’il fait, le 23 janvier 2009”
Paul, vous remerciez (ironiquement) les spéculateurs qui font aujourd’hui baisser les prix… Mais, si c’est momentanément positif pour les consommateurs que nous sommes tous, ce n’est pas bon pour les producteurs. Je pense ici aux agriculteurs et paysans qui ne savent plus à quel saint se vouer et qui, d’une saison à l’autre, ne sont plus sur de la rentabilité de leurs cultures. Cela induit des hésitations économiquement désastreuses. C’est d’ailleurs un des avantages du commerce éthique: le prix d’achat auprès des paysans du Sud n’est pas nécessairement beaucoup plus élevé que celui du marché dit « libre » mais il est stabilisé sur plusieurs saisons de récolte, ce qui pemet de s’organiser et de gérer sa production.
Tout autre chose: la 2ème vague des difficultés bancaires en Europe commence à faire réfléchir sur des solutions durables. Les positions politiques se clarifient: nationaliser des banques avec droit de vote et présence dans les CA pour les uns et « bad bank » publiques avec tous les actifs pourris pour les autres. Où l’on voit où sont les défenseurs du capital et les défenseurs de la collectivité et de l’Etat…
Transcription
Merci à Julien Alexandre !
« … l’information s’accumule. En ce moment, ça ne va pas bien dans les banques. On n’a pas encore de mesures prises par Mr Obama, qui a paré au plus urgent. Il s’est intéressé hier à la prison de Guantanamo et a décidé de la fermer comme on s’y attendait. Interdiction de la torture, enquête sur les gens impliqués dans la torture… Ce sont des mesures excellentes et il fallait effectivement aller vite, ne serait-ce que pour lancer le message au monde que l’Amérique n’est plus celle de Bush. Aujourd’hui, des mesures sur le planning familial et des choses de cet ordre là : il va relativement rapidement.
Sur l’économie, on va voir ce qui va se passer. Mr Geithner qui décide de lancer une bagarre avec la Chine, c’est peut-être de la distraction et ce n’est peut-être pas de ça dont on a besoin pour le moment. Malheureusement, les nouvelles qui viendront à propos du puits sans fond de l’insolvabilité des banques, il y en aura encore et ça va faire notre quotidien dans les mois qui viennent.
Sur le blog, il y a une discussion qui est à mon avis très intéressante en ce moment. Et notamment, nous avons la chance d’avoir quelques-uns des spéculateurs qui sont encore fiers de l’être – la plupart des autres font profil bas pour des raisons évidentes – qui engagent le fer. Alors, c’est très bien : ça nous fait réfléchir, et puis c’est de bon niveau : ce ne sont pas des imbéciles qui croisent le fer avec nous. Quand je dis nous, c’est moi et les autres : ceux qui considèrent que la spéculation a un seul rôle à jouer sur les marchés financiers et autres, c’est un rôle de sabotage. Pour ceux qui se trouvent à l’autre bout : dans le cas de la spéculation sur les céréales, il y a un moment où les prix atteignent des niveaux qui ne sont plus supportables pour les gens. C’est-à-dire qu’ils ne peuvent plus s’acheter à manger.
Alors la plupart des spéculateurs ne savent même pas que c’est ce qu’ils sont en train de faire. Ils achètent des paniers d’actions, ils parient sur des indices, des choses de cet ordre là. Certains le savent, alors ils nous disent effectivement sur le blog : « Moi, je spéculerais sur les métaux précieux, mais pas sur [ les céréales ». Mais comme on ne peut pas compter sur tout le monde pour faire preuve du même discernement, il s’agit d’une chose ] particulièrement dangereuse.
Et comme on le sait, il ne reste pas grand chose comme marchés sur lesquels on peut spéculer parce que la plupart sont morts. Mais il reste encore ce marché des matières premières à terme où il est possible en tant que spéculateur de se positionner et d’acheter ou de vendre. Alors on me dit que pour le moment, les spéculateurs poussent les prix à la baisse. Oui, ils poussent les prix à la baisse. Alors, c’est très bien, félicitations, merci beaucoup messieurs les spéculateurs, c’est très gentil. Mais le jour où ça repartira à la hausse, et le moindre frémissement suffira, ils seront dans le bon sens, c’est-à-dire le sens de faire monter les prix, et ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Pourquoi? Parce que comme je l’ai dit, il n’y a plus beaucoup d’endroits où les spéculateurs peuvent agir. Et par conséquent, ils vont là où c’est possible.
C’est pour cela que j’ai lancé cet appel en disant : « Messieurs qu’on nomme grands, référence à une chanson bien connue,…
[ Les spéculateurs nous disent : « Nous sommes indispensables » ! Et c’est vrai que sur les marchés ] à terme, ils sont plutôt indispensables. Pourquoi ? Parce que c’est eux qui organisent les marchés. Sans eux, on n’aurait pas ces chambres de compensation, le mécanisme ne serait pas si bien huilé. Qu’est-ce qu’ils font ces gens là ? Et bien ils gagnent beaucoup d’argent là-dessus. Et ça leur permet de financer leur effort de propagande disant : « Nous sommes absolument indispensables, nous offrons de la liquidité ». Ils n’offrent pas de la liquidité, ils en bouffent. Ils prennent de la liquidité qui pourrait être utilisée par les autres. Pourquoi ? Parce que ce ne sont pas des imbéciles, ils vont toujours dans le sens où ça marche, à la baisse aussi bien qu’à la hausse. Et par conséquent, ils sont du côté du marché, où ils n’offrent aucune liquidité mais au contraire bouffent celle qui pourrait être utile à d’autres. On me dit aujourd’hui « Ah, vous verriez bien ce qui se passerait sur les marchés à terme si l’on enlevait les spéculateurs ! ».
J’ai été interrompu. Par la pluie sûrement. Ce que je voulais dire, c’est qu’en Californie du Sud, si vous y êtes allés, du côté de Los Angeles, vous savez que dès qu’il pleut le trafic s’arrête parce que les automobilistes n’y sont pas habitués. Les liaisons téléphoniques s’interrompent, comme c’est le cas maintenant. Le téléphone est très mauvais, l’internet est très mauvais et je crois que l’image est très mauvaise sur ce que vous avez vu jusqu’ici.
J’en avais pratiquement terminé, on parlait des marchés à terme des matières premières et des spéculateurs qui s’y trouvent et le rôle qu’ils y jouent. On était arrivés au moment où j’allais dire « Chiche »! On aimerait bien voir ce que serait un marché des matières premières sans les spéculateurs pour voir vraiment si ça s’arrêterait. Les gens qui seraient là seraient ceux qui ont vraiment quelque-chose à y faire. Ce sont des gens qui ont des citernes pleines de pétrole, et d’autres qui veulent en acheter. Ce sont des gens qui ont des silos pleins de grain et d’autres qui voudraient en acheter. Ça, ce sont les gens que l’on veut voir sur ces marchés là. Et il n’est pas nécessaire pour ces gens là que les prix varient 15 fois dans la journée. Il n’est pas nécessaire, comme à la bourse en ce moment, que le prix d’une action d’une compagnie qui est plus ou moins somnolente varie toutes les 15 secondes.
Si ça le fait, c’est simplement parce que l’on a transformé ces marchés en casinos et que les gens sont là pour prendre des paris. Et ce qu’ils font, ce ne sont pas des paris innocents, ce sont des paris sur les marchés, qui font bouger les prix et ponctionnent de l’argent sur l’économie quand ils le font. Quand tout va bien, personne ne s’en préoccupe. Quand ils font des bulles qui arrangent tout le monde, personne ne s’en occupe, c’est très bien pour tout le monde. Mais dans les situations comme celle-ci, leur rôle apparaît en surface et on voit que ce n’est pas un rôle brillant. Ca n’aide pas du tout. C’est du sabotage, et il vaudrait mieux qu’ils ne soient pas là.
Voilà la morale de l’histoire. Pour le reste, passez une excellente semaine. On se retrouve dans 7 jours. «
Les spéculateurs sont habillés pour l’hiver… et le comble c’est qu’ils n’ont même pas eu besoin de faire les soldes! En voilà un pari bi-directionnel facilement gagné!
Le problème de la « spéculation ordinaire », c’est précisément le fait comme le rappelle Paul que ces millions de parieurs ne sont pas conscients des paris qu’ils font. Doit-on les exonérer de toute responsabilité pour autant?
Le petit parieur, quand il rentre dans le casino, il n’a accès qu’aux bandits manchots, ce qui dans la majorité des cas ne lui rapporte pas grand chose. Alors plutôt que de s’évertuer sur son piètre effet de levier (notez qu’il s’agît d’un effet de levier dans tous les sens du terme s’agissant du bandit manchot!), il repère un joueur professionnel à la table de poker dans l’arrière salle et lui confie ses deniers, car celui-ci joue gros et rapporte gros. Et il sait très bien que le joueur de poker gagne gros parce que la plupart du temps, il bluffe! Ou s’il a la chance d’être accompagné par Dustin Hoffman incarnant Raymond Babbitt, il compte les cartes!
Est-ce que j’ai besoin de rappeler que devant l’entrée du casino, il y a des gens qui crèvent la dalle?
Rien à redire à la qualité technique de la vidéo, elle est excellente. Reçue 5/5.
Quant au contenu : clair net et précis. Incisif et pédagogique. Et toujours ce calme olympien dans la voix.
Vous taillez en effet un beau costard aux spéculateurs !
Et les politiques ne pourront plus dire qu’on ne les avait pas prévenus.
Du bon boulot Paul, à l’écrit comme à l’oral, encore merci.
Remarque en passant :
On ne spécule pas sur la pomme de terre ! Les sources génétiques les plus diversifiées sont gardées sous un statut « open source » en Bolivie et pays mitoyens, par des banques ( ah tiens ????!!!!!!), qui en assurent la conservation et la plus large diffusion possible. Le petit végétal peut pousser un peu partout, sous ses différentes expressions, en harmonie avec les terroirs qui lui seraient présentés.
Il faut dire que ce sont de précieux tubercules, si on pense alimentation.
Le marché international soit disant alimentaire, « travaille » d’abord sur les stocks de céréales, soja, colza, en fait, tout ce que les nouveaux semenciers ( anciennes sociétés spécialisées en produits chimiques de toute nature ) essaient de faire passer sous leur contrôle exclusif, dès la conception de la graine.
Le monde marche sur la tête prétendaient certains ?
Merci pour la transcription.
Il y a toujours quelque chose qui me gêne, peut-être est-ce ma formation d’économiste qui m’empêche de ne pas considérer la crise d’un point de vue, je dirais, holiste…
Je ne pense pas que la spéculation soit à fondamentalement à l’origine de cette crise. Parce que quand même on a de tout temps toujours spéculé sur l’avenir. Là, il y a une spéculation à la hausse sur les Bons du Trésors US, l’Euro, le Dollar et le Yen et il y a de l’argent qui s’accumule dans les banques.
Il y a quand même une masse phénoménale d’argent qui n’est pas utilisée.. pour le moment..
Après, si nous tapons sur google surproduction, surcapacité.. ce serait étonnant.. Nous sommes actuellement dans une situation de surproduction (notamment en Chine) due à une surconsommation (notamment aux Etats-Unis)
L’Amérique s’est mise à vivre au dessus de ses moyens vers les années 80/90, elle s’est mis à s’endetter, la bourse a commencé à s’envoler et les inégalités de revenus avaient déjà commencé à creuser.
Il y a trois faces du phénomènes, tous lié.
Du fait que la distribution du profit a été de plus en plus avantageux pour les actionnaires, au détriment du salarié à entraîné :
– plus de capitaux pour l’activité boursière, donc pour la spéculation
– moins de salaires pour consommer sans s’endetter
– comme ça faisait miroiter (schéma à la Madoff) des taux disons de 15%, cela renforcé la tendance à distribuer le profit aux actionnaires (plus généralement, aux cadres, aux PDG, aux Hedge Funds, etc.)
Du coup, petit à petit l’américain moyen, qui produisait, ne pouvait plus acheter ce qu’il produisait… (c’est une simplification très grossière, car il y a l’importation, mais je passe outre)… s’est mis à endetter de plus en plus .. jusqu’au jour où sur un marché, ici l’immobilier et les subprime, tout se bloque et faisait reculer la mer découvrant ainsi une formidable situation de surproduction (puisque il n’ y a plus de crédit, il faut désendetter) due à une mauvaise distribution du revenu.
Il n’empêche qu’il y a de l’argent inutilisé en ce moment.
Je ne pense pas qu’interdire les paris des prix futures, ni pas plus qu’une régulation de la finance soient une solution suffisante, il faut aussi veiller à ce que la distribution du revenu ne soit pas trop déstabilisante pour l’économie mondiale.
Je ne le dis pas pour des raisons idéologiques ou affective ou politique, mais bien pour une raison d’ordre purement économique et c’est du bon sens même.
Ce qui rejoint aussi à l’idée qu’il faut une monnaie mondiale parce que pour créer une telle monnaie, il faut que la différence de niveau de richesse entre pays ne soit pas trop grande ou bien il faudrait à ce moment imaginer un système qui consistera à réduire petit à petit ces différences de richesses.
C’est aussi l’histoire de la cigale et de la fourmi quelque part.
Sauf que la fourmi a trop prêté à la cigale.
Paul, plus vous villipandez les spéculateurs, plus le prix du wheat grimpe à Chicago ! (et le moindre frémissement suffira)
Vous semblez dire que ces derniers gagnent à 100 %, pouvez vous justifier votre affirmation ?
On n’aura jamais le courage de faire une politique de redistribution des revenus… on le fera quand ce sera trop tard, quand on s’apercevra qu’il n’y a plus rien à faire d’autre que de relancer la consommation.
Il faut taper surproduction dans les Actualités de google NB
@ Max
Lisez les livres et les billets de Paul Jorion, pas le dernier billet sur lequel vous tombez !
Vous vous apercevrez alors que pour lui la spéculation n’est qu’un élément parmi d’autres
de son explication de la crise, laquelle rejoint d’ailleurs largement la votre, notamment lorsque vous évoquez l’inégale répartition des revenus.
Paul écrit des billets tantôt ciblés sur un thème précis, d’autres sont plus généralistes.
Beaucoup de « libéraux » sont incrédules quand on leur montre que la spéculation est nuisible, alors Paul, en homme conséquent et pédagogue, remet sur le métier ce que cent fois il a déjà dit.
Vous êtes économiste, pourquoi ne réfutez vous pas les arguments de Paul si vous ne les trouvez pas probants ?
Le phénomène de la spéculation ne peut pas être réduit à un phénomène politique ou idéologique comme vous l’affirmez.
Spéculer peut avoir des conséquences redoutables d’un point de vue économique et social.
Les émeutes de la faim, c’est rien pour vous ? La spéculation n’y est absolument pour rien ?
@ Jean
idem : lisez les billets de Paul Jorion consacrés à la spéculation. Vous tapez : « spéculation » dans le moteur de recherche du blog et vous y serez. Paul a beau être un homme orchestre il ne peut pas tout redire à chaque intervention !!
@Paul Jorion
Voilà un discours qui est à mon avis basé uniquement sur une recherche de bouc émissaire, mais que je trouve plutôt imprécis et surtout sans étayage chiffré (les spéculateurs non commerciaux prennent-ils de l’argent aux commerciaux sur les marchés à terme ? je n’en suis pas du tout certain, j’avais plutôt cru comprendre que les commerciaux sont les meilleurs sur ces marchés…)
Mais c’est normal, c’est une loi du genre en temps de crise et désigner un bouc émissaire est sans doute plus facile et plus populaire que de chercher les vraies causes de la crise et les vraies solutions au problème.
Je passe sur les quelques inexactitudes utilisées pour les besoins de la « démonstration » comme cette phrase : « il ne reste pas grand chose comme marchés sur lesquels on peut spéculer parce que la plupart sont morts ».
Les volumes de transaction sur de nombreux marchés n’ont pourtant pas beaucoup changé et la liquidité y est toujours très correcte (actions et changes par exemples), et je me doute bien que vous ne l’ignorez pas vu votre expérience en matière financière.
Le fond du problème qui m’interesse vient de cette désignation du spéculateur comme responsable de la crise, et de la solution proposée « il faut interdire les paris sur les prix ». Qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière cette grande idée ? J’avoue être incapable de l’imaginer. A quoi pourrait donc bien ressembler un monde où les « paris sur les prix seraient interdits » ?
Si j’ai par exemple envie d’acheter (ou de revendre) une maison, faudra-t-il obtenir l’avis d’un commissaire de la révolution qui vérifie que mes intentions sont pures et uniquement motivées par les fleurettes qu’il y a au fond du jardin, et que je n’ai aucune idée de plus-value en tête ?
Si j’ai envie de souscrire à un produit d’épargne, faudra-t-il passer par le même commissaire pour qu’il vérifie que ma décision est motivée uniquement par la beauté de la vendeuse qui me le propose ?
Et combien devrais-je donner à notre commissaire pour le « convaincre » de la pureté de mes nobles intentions ?
Ou peut-être faudrait-il interdire aux citoyens la possibilité d’acheter et de vendre tout actif patrimonial et toute propriété privée dans le cadre d’un « paradis socialiste », au moins on serait ainsi sûr que plus personne ne pourrait faire de « paris sur les prix ».
Un autre exemple : En ce moment je suis locataire. J’ai pourtant largement de quoi devenir propriétaire, mais voilà, étant un « ignoble spéculateur cynique et amoral qui pompe l’argent de l’économie », je me suis dit que vu la crise qui allait arriver, la chute de confiance et le nombre de défaillances serait tels qu’il y aurait une forte baisse des prix de l’immobilier et que j’avais de bonnes chances de pouvoir profiter d’excellentes soldes dans quelques années, et qu’il était donc préférable d’attendre en restant locataire.
En ne faisant rien, j’ai aussi fait un pur pari sur les prix.
Faudra-t-il dépêcher une brigade d’enquêteurs populaires pour vérifier auprès de chaque locataire si son choix d’être locataire ne cache pas une intention de parier sur les prix, afin de lui proposer une rééducation mentale si nécessaire ? Rééducation qu’il faudrait d’ailleurs proposer aux 90 ou 95% de la population qui font tous les jours ou presque des paris sur les prix à chaque décision d’investissement qu’ils prennent (je ne parle bien entendu pas de l’immense majorité des lecteurs de ce blog, qui disposent d’une âme totalement pure et désintéressée et sont bien au dessus des considérations matérielles…cependant j’observe que dans mon entourage, beaucoup d’idéalistes, altermondialistes et moralistes convaincus me demandent souvent ces derniers temps « qu’est-ce que je dois faire avec mon argent ?).
Alors je souhaiterais juste vous poser une petite question : Dans la vie de tous les jours, c’est quoi un monde où on interdit les paris sur les prix ?
Si vous jugez utile de me répondre, je serais évidemment plus interessé par des choses précises et concrètes (les seules que je suis capable de comprendre vu ma culture très limitée), plutôt que par de hautes considérations philosophiques ou morales.
J’ai quand même bien une petite idée sur le sujet, avant la chute du mur de Berlin, il y avait tout un groupe de pays qui « interdisaient les paris sur les prix ».
Vous avez ô combien raison Mr @Abadie, je suis moi-même heurté lorsque je lis Mr Jorion en appeler à une interdiction de spéculer, alors qu’il plaide pour un sens pragmatique sur toute la façade.
N’est-il pas interdit de voler, ou d’assassiner ? Cela empêche t-il le crime ? Y compris chez les citoyens lambda ?
Paul est trop gentil, ou trop simple. Interdire ne suffit pas, il faut rendre inutile, ou plutôt, sans réelle satisfaction le fait de se livrer à ces activités. Bien qu’il faille se résoudre à accepter partout, la venue impromptue de doux dingues en les genres, pour chaque aspect du spectre déployé. Ceux-ci font aussi partie du grand jeu universel.
Comment faire ? … A chaque problème, une solution :
-Ne plus avoir de spéculation sur la tomate ? Planter des tomates dans tous les jardins ! Sauf dans le votre, si vous n’aimez pas les tomates.
-Ne pas avoir de spéculations sur les Ferraris ? Pour évoquer un objet aux couleurs similaires. Ne plus donner envie de posséder une ou plusieurs Ferraris. Vous pourrez toujours vous rabattre sur les modèles miniatures, vous verrez, vous vous y ferez, d’autant que vous pourrez les placer dans un carton pour pouvoir dormir avec elles toutes, y compris dans vos déplacements les plus lointains.
Entre tomates et Ferrari, je suis sûr que vous disposer de toute l’imagination nécessaire, pour trouver tout seul un moyen de rendre vain l’envie de détenir quelque chose deeee … matériel ? Un pouvoir sur quelqu’un, sur le plus de quelqu’unsss possible ? Je vous bouscule un peu, mais seulement d’une pointe d’ironie. Il me semble que vous l’étiez vous-même, ironique. Vous aurez donc peut-être compris de quoi je vous parlais.
@ Pierre-Yves D
Je ne conteste pas du tout les idées de Paul. J’ai lu tous ses livres et j’ai quasiment lu tous les articles de son blog depuis septembre. Je me rappelle même très bien qu’il avait déjà rapidement parlé des inégalités des revenus.
Seulement, je ne crois pas qu’interdire les paris sur les prix soit suffisant.
La crise des subprimes est un épiphénomène de la crise sociétale qui couve depuis plus de trente ans, la spéculation excessive est pour moi la conséquence d’une répartition déstabilisante des revenus.
Il faut bien investir quelque part l’argent que les riches accumulent petit à petit… C’est quasiment obligé, qu’on interdise ou non les paris sur les prix, d’où les prêts… qui en retour promettent parfois des taux incroyables de rendement, bien déconnectés de celui de la croissance de la richesse réelle (PIB).
Il est clair que les travaux de Paul m’ont beaucoup aidé à comprendre mais ça ne suffisait pas. L’article de Guerrien a finit par m’aider à avoir une image globale de la crise : « quelques réflexions sur la crise actuelle » in http://www.bernardguerrien.com/index.htm/id19.htm
Il y a certainement encore des parties qui m’échappent un peu, comme les actions des banques centrales qui peuvent à terme provoquer de l’hyperinflation.
Autre chose, j’étais un étudiant en économie, j’ai un dea d’épistémologie en économie, j’ai arrêté depuis. Mais je suis incapable d’aller dans les détails techniques, je suis juste capable de sentir des lacunes dans telle telle théorie.
Je suis intéressé de connaître les avis des uns et des autres sur ce problème de répartition, qui me semble absolument essentiel pour comprendre et pour proposer des solutions à cette crise.
Certains disent qu’on n’est pas obligé de passer uniquement par de l’hyperinflation pour effacer les dettes et du coup faire repartir la machine, il serait possible de mener une politique de redistribution pour résorber la surproduction…
Je n’ai pas lu « vers la crise du capitalisme américain »… peut-être que Paul y parle de ce problème de répartition des revenus ?
@ Loïc Abadie
Discours plein de bon sens.
Mais le billet de Paul (Messieurs qu’on nomme « grands », empêchez le retour des émeutes de la faim !) n’était pas stupide. L’idée d’empêcher la spéculation insolente de multiplier par 4 le prix du baril non plus…
On ne sait pas s’empêcher de stimuler son imagination en espérant débusquer un juste milieu, entre vos deux discours. Car c’est peut-être là que se situe un point d’équilibre économique réaliste et satisfaisant.
Où se cache ce juste équilibre ?
S’il n’existe pas, je sais quel camp je choisirai pour défendre mes intérêts, sans pour autant abuser avec insolence de mon prochain. Et je trouverai moi-même librement la voie de traverse qui s’impose à moi…
@ Max
… le point de vue que vous défendez ici est à ce point identique à celui que j’exprime dans « Vers la crise du capitalisme américain ? » que j’imaginais qu’il s’agissait d’une référence explicite à ses thèses (on n’y parle pas de spéculation par exemple). Les grands esprits se rencontrent, c’est tout.
@ Paul,
Je crois que je vais acheter « vers la crise du capitalisme américain ».
Je vous ferai part de mon avis après lecture.
C’est si dur d’être partout !
Grand esprit es-tu là ??
Non, sérieusement, je n’ai pas peur de mon tromper, sans vouloir être sceptique, j’aime bien tester la cohérence des pensées. S’il y a quelque qui ne va pas, si je le sens, j’en parle.
En tout cas, cette idée d’inégalités fait écho parmi les commentateurs, du coup sans forcément vouloir tomber dans l’idéologie marxiste, j’ai bien le sentiment qu’il y a quelque chose à creuser…
@ Loïc Abadie
« Commissaire de la révolution », « brigade d’enquêteurs populaires », « paradis socialiste », « avant la chute du mur de Berlin, il y avait tout un groupe de pays qui « interdisaient les paris sur les prix » », il me semble que vous avez épuisé vos arguments puisque vous en êtes réduit à assimiler la dénonciation de la spéculation et de son rôle dans le déboussolement du marché des matières premières au bolchevisme couteau entre les dents. Savez-vous qui recherche mes conseils en ce moment ? Les professionnels des matières premières : lisez mon article dans le numéro juillet-août 2008 de Oléagineux Corps gras Lipides, lisez mon entretien à paraître dans La dépêche – Le petit meunier. Regardez-vous dans la glace et posez-vous franchement cette question : mon attitude et les conseils que je dispense font-ils partie de la solution ou du problème ?
@ Loïc
Interdire, dans le but d’éviter des drames humains, certains paris sur certains marchés (matières premières), comme le propose Paul ne peut se comparer à l’instauration d’un régime tel que celui qui a sevit dans l’ex URSS.
Avec toutes les interdictions ridicules ou abjectes que l’on accepte sans broncher et qui garantissent l’incomparable valeur libérale de nos fières démocraties;
interdit:
de fumer dans les lieux publics, de rouler avec son propre carburant( si on en connait un mieux que l’essence), de planter certaines variétés de plantes non agrées ( variétés anciennes ou hallucinogènes), de camper Avenue de la Banque quand on est SDF, de marcher sur les pelouses, de se rassembler le soir dans le hall de son immeuble, de critiquer la version officielle du 11/9 dans les médias, de faucher des OGM suspects, de déposer autant d’amendements aux textes législatifs que nécéssaire ou souhaité (bientôt?)…
pourquoi ne pas admettre alors la possiblité, qui s’imposerait, d’interdire aussi une certaine forme exessive de spéculation financière dans une situation de crise exceptionnelle ?
Mikl
@Madar : Le gros problème est que Paul Jorion ne parle pas d’interdire une « certaine forme excessive de spéculation financière » ou d’interdire « certains paris sur certains marchés » (ce qui serait une position modérée que je serais tout à fait prêt à comprendre, et qui pourrait faire l’objet de discussions constructives, même si elle ne règlerait pas le fond du problème qui est du à une croissance incontrôlée de la dette, les excès spéculatifs n’étant qu’une conséquence).
Il a au contraire, et à plusieurs reprises dans ce blog, proposé d’interdire sans aucune nuance « les paris sur les prix ». C’est cette position extrémiste (qui revient de fait à supprimer le marché), et complètement inapplicable dans le monde réel (j’ai essayé de le montrer à travers quelques exemples), que je dénonce.
@Loic
T’ enerve pas…
Je te rappelle que le but de Paul est d’ éviter les emeutes de la faim. T’ es intelligent, si ce thème « fait vendre » en politique et bouger les politiques, et que cela empêche des milliers de morts, alors qu ‘est ce que cela peut te faire un peu de démago ?
@ Paul
Il y a un truc qui ne colle pas.
Je suis comme un gros bébé avec des cubes qui devraient s’ emboiter, et cela m’ énerve, ça ne rentre pas…
Je crois que j’ y suis…
C’est trop simple !
C’est trop simple de croire que l’ interdiction des paris sur les prix va changer la nature humaine, la cupidité, l’ égoisme, qui sont à l’ origine des énormes disparités de revenus, disparités si insupportables, que l’ expédient de la bulle de crédit a été inventé pour remplacer le pouvoir d’ achat volé aux travailleurs.
Le mal est bien plus profond, et son traitement est d’ un autre niveau que la ponte d’ un nouveau texte de circonstance qui sera détourné dès que la tempete sera passée (voir abolition du Glass Seagall Act ).
Il est du niveau d’ une constitution pour l’ economie, voire d’ une constitution tout court, à l’ echelle des peuples de la terre.
@loïc
« On m’assure, à voix basse, que ce que j’écris ici est lu en haut lieu. Si c’est le cas, j’en profite pour écrire ce qui suit en caractères gras : les non-commerciaux étant toujours présents sur les marchés à terme des matières premières, rien n’a été fait qui puisse empêcher une nouvelle flambée des prix sur le marché des céréales au moindre signe de redressement de leur prix et rien n’a donc été fait pour prévenir le retour des émeutes de la faim. Messieurs qu’on nomme « grands », interdisez l’accès des non-commerciaux (spéculateurs) aux marchés à terme des matières premières tant qu’il en est encore temps ! »
Nous y sommes?
J’adore cetterubrique « le temps qu’il fait »
@Abadie: Ne pourrions nous pas imaginer un monde ou les prix seraient fixes tous les 15 jours?
Je m’explique, quelle est la justification economique de voir les actions d’une entreprise coter tous les jours et evoler tous les jours? serieusement une cotation tous les 15 jours permettrait aussi de vendre et acheter ces memes actions ou autres produits et supprimerait cette speculation nefaste au systeme.
Je suis un capitaliste dans l’ame mais social, il faut savoir dire stop et exposer les limites d’un systeme, palier ces defauts et penser à ce qui n’y arrivent pas.
Il est utopique que les « grands de ce monde » changeront le système, comme le dit qqn dans un commentaire, ils se resoudront a le faire lorsqu’il sera trop tard….
@ Loïc Abadie
Allons, soyons sérieux, relisez-moi (ou lisez-moi pour la première fois) : Une constitution pour l’économie : un exemple (14 février 2008)
J’ai l’impression que la bagarre, inévitable en temps de crise fondamentale, entre réformistes et radicaux s’invite sur ce blog. Foin des attitudes distanciées élégantes, jetons nos certitudes dans la bataille. Bizarrement, je n’ai pas l’impression que le plus radical est celui que l’on croit. De toute façons, cela permet de revenir à une question essentielle. Est-ce une crise économique temporaire, guérissable par quelques cataplasmes appropriés, choisis dans la panoplie des remèdes disponibles, ou s’agit-il d’une crise de civilisation pour laquelle aucun remède n’est connu, tout simplement parce que le remède se trouve demain (comme disait si bien Ferré). Pour moi, c’est bien sûr la société de consommation qui s’effondre, et la consommation étant tout da
Je complète:
Et la consommation étant tout dans cette société, c’est bien l’ensemble de la société qui s’écroule.
@Paul,
Le fait que les professionnels des matières premières recherchent vos conseils n’est pas la preuve de la pertinence de ces derniers, mais uniquement de votre notoriété, qui, personne ne le conteste, est supérieure a celle de Loïc. Un expert ne l’oublions pas est quelqu’un qui sait expliquer de manière convaincante pourquoi les choses se sont passées de manière opposée à ce qu’ils avaient prévu. Ca et qu’il soit « bien pensant ».
Le fait que vous vous réfugiez dans votre notoriété est décevant pour ce blog qui avait habitué a prise en compte de la valeur des arguments, quelle qu’en soit la source.
Je suis le blog de Loïc et de nombreux autres depuis quelques années, beaucoup dont vous Paul, avaient prévu la crise actuelle, seul Loïc (a ma connaissance) avait prévu le timing et plus important que tout, les modalités de son expression.
Paul ne sous-estimez pas l’esprit pragmatique de Loïc, et entrez dans le débat sans vous réfugier dans votre différence de notoriété, qui est sans objet voire décevante de votre part.
@ Loïc Abadie
Vous expliquez plus haut : »…le fond du problème (qui) est du à une croissance incontrôlée de la dette, les excès spéculatifs n’étant qu’une conséquence).
1/ Que la dette soit « incontrôlée » ne l’empêche pas d’avoir pour des raisons des raisons, qu’il est intéressant d’étudier. Qu’en pensez-vous ?
2/ Evoquer des « excès spéculatifs », c’est implicitement dire qu’il suffit de supprimer les excès et de garder le reste. Qu’est-ce qui est excès et qu’et-ce qui ne l’est pas selon vous ?
3/ Est-ce bien sûr que les excès spéculatifs que vous évoquez ont comme cause la croissance incontrôlée de la dette ? Comment décrivez-vous cette relation ?
Je vous remercie de votre réponse.
@ Loic abadie. Please carry on you are so funny.
@ To others. You are great. Carry on and a few words from John Lennon (song is working class hero on any good web site).
As soon as you’re born they make you feel small,
By giving you no time instead of it all,
Till the pain is so big you feel nothing at all,
A working class hero is something to be,
A working class hero is something to be.
They hurt you at home and they hit you at school,
They hate you if you’re clever and they despise a fool,
Till you’re so fucking crazy you can’t follow their rules,
A working class hero is something to be,
A working class hero is something to be.
When they’ve tortured and scared you for twenty odd years,
Then they expect you to pick a career,
When you can’t really function you’re so full of fear,
A working class hero is something to be,
A working class hero is something to be.
Keep you doped with religion and sex and TV,
And you think you’re so clever and classless and free,
But you’re still fucking peasants as far as I can see,
A working class hero is something to be,
A working class hero is something to be.
There’s room at the top they are telling you still,
But first you must learn how to smile as you kill,
If you want to be like the folks on the hill,
A working class hero is something to be.
A working class hero is something to be.
If you want to be a hero well just follow me,
If you want to be a hero well just follow me.