Billet invité.
L’ADDITION, C’EST POUR QUI ?
Nous arrivons à une première phase de maturation de la crise. J’emprunte à dessein ce vocabulaire un peu ampoulé et distancié au monde dans lequel je baigne désormais, peut-être un peu contaminé mais plus certainement ironique. Plusieurs tendances, déjà perceptibles, se révèlent maintenant dans toute leur ampleur. Les banques s’engagent de manière accélérée dans un processus de concentration aboutissant à la naissance de « méga banques » au poids financier accru. Lloyds Banking Group (LBG), va ainsi être à Londres le fruit du mariage de raison entre Lloyds TSB et Halifax-Bank of Scotland (HBOS). De nouveaux plongeons spectaculaires interviennent sans cesse en Europe ou aux USA, assortis de leurs mesures de sauvetage d’urgence. Après HSBC, c’est Barclays qui cristallise actuellement les craintes en Grande-Bretagne. Sa chute boursière a été renforcée par l’expiration de l’interdiction des ventes à découvert sur les valeurs financières, qui a pris effet ce vendredi, conformément à une décision de la FSA (l’autorité britannique des marchés).
Le système bancaire, les gouvernements qui l’assistent pays par pays, ainsi que les banques centrales, cherchent dans la panoplie disponible des solutions pour vidanger d’un seul coup de leurs bilans de gros paquets d’actifs douteux. La zone Euro est à terme en danger potentiel d’éclatement, vu le différentiel grandissant entre les « spreads » des obligations des différents Etats qui la composent. Des pans entiers de l’économie cherchent à se réfugier sous l’aile protectrice des Etats, qui commencent à glisser vers un protectionnisme hier vilipendé. Le contre-feu allumé en direction de l’opinion publique, cette lutte impitoyable que mènent les gouvernements contre les bonus, stocks options, distributions de dividende et autres parachutes dorés, qui les scandalisent dorénavant, est attisé par la perspective de devoir prochainement annoncer une nationalisation des pertes bancaires en bonne et due forme et à grande échelle.
Enfin, pour la sortir de l’inattention générale dont l’Afrique est une fois de plus victime, retenons la déclaration accablée faite le 16 janvier à Johannesburg, à l’issue d’une réunion du Comité des 10 qui regroupe les ministres des finances et gouverneurs des banques centrales africains, par le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka : « Nous craignons que deux décennies de croissance ne soient compromises ». Le ministre sud-africain des Finances, Trevor Manuel, soulignait pour sa part que la crise avait fait s’effondrer le cours des matières premières et que la plupart des entreprises africaines n’avaient plus accès au crédit.
Voici donc les têtes de chapitre de l’actualité. Sans naturellement oublier l’orchestration qui débute du « New Deal » d’Obama, second volet du TARP et plan de relance, près de 1.200 milliards de dollars à eux deux, qui témoigne d’une réelle inflexion de la politique suivie jusqu’alors, mais suscite, pour le compromis politique avec les Républicains dont ces plans sont issus, les allégements fiscaux, de sévères critiques, la dernière notoire en date étant celle de Joseph Stiglitz, dans le « Financial Times ».
De nombreuses mesures, devant encore être adoptées par le Congrès, commencent à prendre tournure, avec pour objectif central de favoriser l’emploi. Programme de grands travaux, dispositions pour aider les dépenses de santé des plus pauvres, 47 millions d’américains vivant sans couverture maladie. D’autres sont en faveur des économies d’énergie et de l’indépendance énergétique du pays. Le volet fiscal controversé devrait, lui, consister en un abattement de 500 dollars d’impôt par contribuable.
Jeudi dernier, le principal conseiller économique de Barack Obama, Lawrence Summers, a présenté au Congrès les nouvelles mesures qui vont accompagner le deuxième volet du plan, d’un montant de 350 milliards de dollars. Le secteur automobile pourrait bénéficier de ces aides publiques. 50 à 100 milliards devraient servir à lutter contre la multiplication des saisies immobilières. Mais les entreprises qui bénéficieront de ces aides devront faire approuver leur politique de rémunération des dirigeants et de dividendes par les autorités fédérales. D’autres sources font état d’aides aux municipalités et aux Etats américains. Dimanche dernier, Barack Obama, avait déclaré que l’argent restant devait aller en priorité aux ménages et aux petites entreprises. La situation, en réalité, reste ouverte quant à la destination des fonds du TARP débloqués par le Sénat. Il faudra soit faire des choix drastiques, soit obtenir de nouvelles enveloppes financières, d’autres urgences criantes se profilant du côté des institutions financières, qui sont loin d’être stabilisées. C’est un puits sans fond.
Alors que Citigroup va tenter d’isoler dans une filiale intitulée Citi Holdings ses actifs douteux pour conserver les bons dans une autre, dénommée Citicorp, et que Bank of America ne parvient pas à digérer son acquisition de Merrill Lynch, en raison de la qualité des actifs de cette dernière, les autorités américaines, de la Fed et du Trésor, ainsi que les conseillers du futur président, travaillent « dur » (c’est le cliché habituel employé dans les déclarations et communiqués) à un projet. Il s’agirait de créer une « bad bank » (ou « aggregator bank », dénomination faisant tout de même moins voyou), qui recueillerait les actifs de mauvaise qualité du secteur bancaire, afin d’arrêter d’avoir à jouer les pompiers au coup par coup et de pouvoir faire face aux nouveaux épisodes catastrophiques attendus.
« Citigroup a perdu 40% en une semaine, et il y a toujours une grande part de ventes à découvert dans les baisses en ce moment. On peut imaginer que ce sont des prises de bénéfices de gens qui ont profité d’une baisse importante », a expliqué à l’AFP Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. « Si les provisions dépendent de pertes futures liées au crédit, tout ce que nous voyons actuellement laisse présager qu’il n’y aura pas de relâchement dans les provisions pendant au moins plusieurs trimestres », a déclaré de son côté M. Lewis, PDG de Bank of America lors d’une conférence d’analystes. Ce qui veut dire, en langage décodé, qu’il envisage de d’importantes pertes à venir en raison de nouvelles provisions prévisibles sur ses activités de prêts.
La question qui n’est pas encore publiquement évoquée, tellement l’addition qu’elle impliquera est vertigineuse, est toujours de savoir comment différencier les bons actifs des mauvais. Pas seulement dans le moment, mais en perspective de la suite des évènements. Il faudra, de toute évidence, tailler large ou alors s’y reprendre à plusieurs fois. Une alternative à cette création de structure de défaisance serait de garantir les actifs qui resteraient inscrits dans les livres de compte des banques. On parle aussi d’injecter du capital dans les banques. Toutes les options sont à l’étude, y compris des combinaisons d’entre elles, et les spéculations se multiplient dans les médias, alors que tout le monde y va de son avis.
Une fois ce débat tranché, la voie serait ouverte pour que puissent à nouveau « être achetées les actions posant problème et recapitalisées les banques » a estimé un analyste cité par Bloomberg, qui ne précise pas par qui. « Le crédit ne va pas réapparaître tant que les portefeuilles des banques n’auront pas été nettoyés et que les valeurs des collatéraux n’auront pas été rétablis » a-t-il ajouté, en veine de franchise. D’après Lawrence Summers, principal conseiller économique du président élu, celui-ci n’entend donc pas poursuivre la politique d’actions au coup par coup menée jusqu’à maintenant par le Trésor et la Fed. « On doit absolument faire quelque chose de déterminant » a déclaré de son côté Kenneth Rogoff, l’un des membres du groupe de conseillers du président élu, professeur à Harvard et ancien chef économiste du FMI, .
En Grande-Bretagne, un nouveau plan de soutien aux banques devrait être présenté la semaine prochaine par le chancelier de l’Echiquier, Alistair Darling, selon des sources en provenance du Trésor britannique citées par Reuters.
Ce plan pourrait inclure des nouvelles mesures destinées à restaurer la confiance des marchés envers les banques, afin de faciliter leur financement. Mais, selon un analyste de Fox-Pitt Kelton, interrogé également par Reuters, il n’inclura pas à nouveau des injections de fonds propres. Le but du gouvernement serait de faciliter les prêts aux ménages et aux entreprises. En particulier en octroyant des garanties publiques sur des titres financiers adossés à des crédits immobiliers.
Le « Times » et le « Daily Telegraph » ont pour leur part dévoilé vendredi que le gouvernement britannique étudiait la mise sur pied d’une « bad bank » qui recueillerait les actifs pourris.
En France, le gouvernement serait quant à lui, dans l’immédiat, prêt comme déjà annoncé à apporter une nouvelle aide de 10,5 milliards d’euros aux banques françaises. Mais, cette fois, il n’exclurait plus d’entrer directement au capital en souscrivant des actions sans droit de vote. A noter, par ailleurs, que l’agence de notation financière Moody’s a annoncé vendredi dans un communiqué avoir abaissé à « négative », contre « stable » auparavant, la perspective attachée à la dette senior de BNP Paribas (Aa1), présentée comme un roc inébranlable il y a encore peu de temps.
Impossible de ne pas faire mention, sur un sujet connexe et toujours en France et dans le cadre du débat qui enfle sur les bonus et les distributions de dividendes, de la conférence de presse de Georges Pauget, président de la Fédération bancaire française (FBF) : « Les dividendes relèvent de la compétence exclusive du conseil d’administration et des assemblées générales. Certes, personne ne vit en-dehors de son contexte, mais notre droit prévoit cela » a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy ayant demandé jeudi aux banques, à qui l’Etat a déjà accordé un prêt de 10,5 milliards d’euros, de prendre des engagements « sur les dividendes à verser, sur la rémunération des dirigeants et sur les bonus ». « Ce sont les conseils d’administration, le moment venu, qui définiront leur position » a répliqué Georges Pauget. Il a également, lors de la même conférence de presse, rejeté l’accusation selon laquelle les banques auraient « coupé » le crédit en utilisant un argument décisif : « La réalité, c’est que la demande de crédit est en baisse et il faut qu’on cesse de rendre les banques responsables de cette baisse », s’est-il emporté.
Le débat n’en restera pas là de toute évidence, il est en train de s’étendre au monde de l’entreprise. La présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, a critiqué samedi le salaire du PDG de l’équipementier automobile en difficulté Valeo, Thierry Morin, estimant que le groupe ne respectait pas les recommandations du Medef en la matière.
Prenons aussi le temps encore de graver au fronton des meilleures déclaration du jour, par analogie avec le diplôme du meilleur employé du mois si cher aux entreprises américaines, celle d’Ernest-Antoine Sellières, dont on espère qu’elle connaîtra le même sort sur ce blog que celle de Michel Cicurel, Président de la compagnie financière Edmond de Rotschild (où il était question d’une arme de première catégorie) : « le débat politique » (lire public, dois-je rajouter) engagé en France sur la question du versement ou non de dividendes aux actionnaires « n’est pas très opportun » a-t-il déclaré dans une interview donnée à « La Tribune » de samedi. Il a poursuivi : « Il revient aux actionnaires de décider si la situation de l’entreprise commande, ou pas, le versement d’un dividende ».
Prêtant moins à l’indignation, pour ceux qui en ont encore en réserve, la nouvelle la plus pertinente du jour aura sans doute été publiée par « Der Spiegel ». Elle tourne encore autour des « bad banks », un sujet qui sollicite décidément beaucoup l’attention. Des dépréciations d’actifs colossales seraient à craindre de la part des banques allemandes, car elles n’auraient pour l’instant déprécié qu’un quart de leurs actifs toxiques en évoquant la perspective de pertes à venir en milliards. L’hebdomadaire cite une enquête réalisée auprès de vingt instituts bancaires par la Bundesbank, la banque centrale Allemande, et l’autorité allemande des marchés financiers (Bafin), selon laquelle les banques allemandes possèdent au total 300 milliards d’euros d’actifs toxiques et n’ont pour l’instant déprécié que les plus « pourris », soit à peine un quart de la somme. « Le reste est encore inscrit dans les comptes à des valeurs illusoires », affirme le journal.
Les experts économiques du gouvernement estimeraient inévitables des dépréciations considérables, « qui devraient entraîner de nouvelles pertes très élevées pour les banques ». Le ministère des Finances a pour sa part évalué à 1.000 milliards d’euros l’ensemble du volume des actifs à risque du secteur bancaire allemand. Vu l’addition, le ministre des Finances Peer Steinbrück juge irresponsable la création d’une « Bad Bank » qui se chargerait des actifs douteux des banques. « Dans le pire des cas, cela conduirait à plus que doubler la dette fédérale », a déclaré au journal l’un de ses collaborateurs.
Où allons-nous, selon toute probabilité, sur ces questions de financement et sur la création monétaire intensive qui en découlera obligatoirement ? Willem Buiter, professeur à la London School of Economics, ancien membre du Comité monétaire de la Banque centrale britannique, fait autorité sur les questions monétaires et vient de publier un article retentissant dans le « Financial Times ». En voici le substrat. Les politiques de monétisation de la dette, publique comme privée, qui consistent pour les banques centrales à racheter ou prendre en pension des obligations, vont nécessairement se développer. Mais la BCE n’étant pas adossé aux recettes fiscales d’un pays, comme ses homologues, se trouve devant un problème. La défaillance d’un débiteur privé, ou bien la nécessité de procéder à une dépréciation des titres de ceux-ci, qu’elle détient en pension, pourrait nécessiter une recapitalisation que ses statuts n’envisagent pas. Willem Buiter propose donc la création d’un fonds européen pour y suppléer, qui devrait, selon lui, être doté de 3.000 milliards de dollars.
Il n’y a pas d’issue magique, les banques se défaussent sur les banques centrales ou bien sur les Etats, donc les contribuables. Il faudra toujours à un moment ou à un autre régler l’addition.
87 réponses à “L’actualité de la crise : L’addition, c’est pour qui ? par François Leclerc”
La démocratie, qui a été très utile pour au developpement de ce capitalisme sauvage, risque d’ être fort gênante pour lui au moment de régler l’ addition. Il faut etre inquiet.
la surprise du chef http://www.lesaffaires.com/nouvelles/opinion/blogues/blogue.fr.html?handle=pauldontigny
On peut se demander si on ne cherchait pas tout simplement a gagner du temps…du temps, mais pour quoi faire ?
…entre les « spreads »…
Notion digne du glossaire SVP
mikl
@ madar michel
Excusez-moi. http://fr.wikipedia.org/wiki/Spread_de_cr%C3%A9dit
A la lecture des chiffres de pertes qui se succèdent dans les plus grandes puissances économiques, des montants qui compte tenu de leur ampleur dépassent notre entendement de simples citoyens, nous ne mesurons même plus la situation financière de chaque pays et voyons défiler ces nouvelles un peu béats, éblouis par ces sphères qui dépassent totalement notre champ de vision.
Mais qui finance tout cela ? Certes nous avons bien compris qu’in fine c’est nous contribuables qui paieront mais qui fait le prêt relais ? J’ai entendu dire que l’Allemagne avait eu des difficultés pour emprunter 6 « pauvres petits milliards » et maintenant il s’agirait de mettre en place un plan de défaisance pour 1000 milliards.. Si la 1ére puissance européenne peine pour trouver des prêteurs alors quid pour la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne etc.. Pour certains pays comme la France dont la population atteint un taux record d’épargne de 15% on peut penser qu’il est possible de faire appel au marché domestique si l’emprunt est modéré mais que dire de la Grande-Bretagne dont la population est surendettée; la solution serait-elle la planche à billets qui fonctionnerait dit-on aux USA avec la Fed pour acheter les bons du trésor américain. Mais cela fonctionnerait jusqu’à quand ?
Serait-il possible qu’un gentil internaute nous dresse un tableau des 6 premières puissantes économiques avec l’endettement de l’état, des entreprises, de la population, des avoirs extérieurs pour déterminer une situation nette en ajoutant les pertes déjà connues, probables comme celles des banques allemandes citées par Der Spiegel et envisageables car on a bien compris que tout le monde joue au poker dans un contexte ou les participants jurent mordicus qu’ils n’ont pas d’actifs toxiques jusqu’au moment où une échéance à payer arrive face au débiteur qui déclare : désolé j’ai menti.
@francois leclerc
Merci, peut être que le glossaire est réservé aux sigles?(CDO,CDS…)
Same player shoot again : les fonds souverains se positionnent sur les matières premières agricoles en se disant que l’on aura toujours faim . Ca va buller à babord.Ca va crever de faim à tribord.Vous avez dit spéculation.Comme c’est spéculatif!
C’est évidemment le citoyen/contribuable/consommateur qui va régler l’addition. Mais effectivement les citoyens étant déjà très endetté dans pas mal de pays, on se demande bien comment on pourra faire. Même en France je ne me fais guère d’illusion sur le taux d’épargne, cela n’empêche pas globalement les citoyens d’êtres endettés. Moi même par exemple j’ai un peu d’épargne et je possède un bien immobilier sur le papier, mais la vérité c’est que ce bien immobilier je suis endetté pour le rembourser et endetté pour encore 15 ans. Au moins avec un peu d’épargne mon argent suit au moins l’inflation, et avec cette réserve cela permet d’éviter d’être encore plus endetté en cas d’urgence et de devoir faire des emprunts type consommation avec des taux bien moins avantageux (mesure de prudence il me semble si on ne veut pas se retrouver dans la situation classique d’un citoyen moyen américain). J’imagine que beaucoup de « propriétaires » avec un peu d’épargne comme moi sont en fait largement endettés et pour longtemps. Faudra pas donc compter trop sur moi pour renflouer le capital des banques 🙂
J’ai de plus en plus la conviction intime que la crise du crédit et une mauvaise répartition des richesses sont inextricablement liés. Il a dû y avoir un décalage de plus en plus grand entre ceux qui peuvent prêter et ceux qui doivent emprunter, le crédit et la dette et évidemment les intérêts n’ont fait qu’accentuer l’écart de richesse entre les préteurs et emprunteurs. Il me semble complètement illogique, totalement absurde par exemple de vouloir relancer la consommation encore plus, d’accord davantage de crédit encore aux consommateurs qui se trouvent déjà dans une situation plus que délicate concernant leur solvabilité. A la limite, plus on fera de relance, plus on incitera à la consommation par des prêts et crédit, plus le système va certainement s’enfoncer dans une crise encore plus profonde, cela ne fera que reculer l’issue et l’aggraver encore plus. Enfin c’est mon opinion empirique à ce sujet.
C’est peut-être un raisonnement qui semble simplifié à l’extrême mais pour moi ce ne sont pas les banques qui doivent être renflouées et encore moins par les contribuables. C’est au contraire le contribuables qu’il faut sauver et désendetter si on veut avoir une chance de sauver le système. Ce ne peut en aucun cas être les citoyens contribuables (quand je parle de citoyens, contribuable, consommateur, il faut évidemment le prendre dans le sens le plus commun et usuel, c’est à dire de personnes qui ont un revenu modeste et qui n’ont pas ou peu de capital) qui doivent éponger les pertes, et au contraire ce doit être les grandes fortunes, actionnaires, investisseurs, toutes les personnes riches qui ont un capital et qui vivent de ce capital en le faisant fructifier et augmenter.
Ce discours semble sans doute très socialisant, mais ca me semble évident pourtant. Il faut cesser cette logique économique absurde où les riches sont encore plus riches d’année en année (voir listes et classements des grandes fortunes, milliardaires et millionnaires), on ne peut pas constamment accaparer et accumuler toujours de plus grandes quantités d’argent dans un nombre de mains très limitées alors qu’il y a de l’autre côté un appauvrissement manifeste, un endettement constant, en bref la base de la société des dizaines de millions d’individus qui en arrivent à ne plus pouvoir assurer leurs diverses échéances.
Si je pouvais d’une manière assez osé comparer le cycle économique à celui de l’eau (d’une manière ultra simplifiée il y a des millions de petits ruisseaux qui s’écoulent, qui forment des rivières, de plus en plus grosses, puis des fleuves qui se jettent dans l’océan, et de l’océan se forment des nuages qui vont au dessus des terres, il y a la pluie et le cycle reprend sont cours), je dirais que pour le cycle de l’eau, celui ci semble bloqué sur les vastes étendues d’eaux, les grandes concentrations océaniques, il y a plus d’eau qui va à l’océan qu’il y a d’eau qui retourne à la terre par les précipitations et la sécheresse arrive sur les terres, la flore commence à dépérir, la désertification s’installe, mais pendant ce temps l’eau est toujours là dans l’océan, immuable. D’une manière assez symbolique et analogique, c’est pareil pour l’argent, il y a de grandes concentrations d’argent qui se forment, cet argent n’est pas assez distribué, la concentration augmente alors que la redistribution générale diminue, résultat l’argent circule de plus en plus mal, il y en a de moins en moins, l’activité économique ralentit, l’argent est toujours là en quantité mais mal réparti circulant mal n’irriguant plus l’économie et la faisant dépérir.
Pour répondre à une des interrogations sur qui va payer, je dirais que contrairement à l’eau qui tombe du ciel en arrivant de l’océan, on peut facilement créer de l’argent. Nul besoin de prendre aux riches pour le donner au pauvre et relancer la machine en épongeant les dettes, il suffit de créer cet argent « out of thin air » comme j’ai lu cette expression de plus en plus souvent sur des sites anglophones. Il suffit de faire tourner la planche à billet, d’avoir à disposition des hélicoptère et d’effectuer des lâchers de billets de banques comme le suggère Ben Bernanke (encore que vu la situation il vaudrait peut-être même mieux passer au gabarit supérieur et carrément prendre des B52 !!)
Je crois que de plus en plus de personnes pensent ouvertement à cette solution de la planche à billet et la dissolution de la dette dans un raz de marée monétaire. Avec une fin à la république de Weimar ou du Zimbabwé et des billets de plusieurs milliards et cette hyper inflation incontrôlée ? Les banques centrales disent qu’on en arrivera jamais là, qu’elles couperont les vannes au bon moment, au moment critique mythique où on passe de la déflation à l’inflation. Qui vivra verra….
Eh oui : plus le temps passe et plus devient évidente la ruine du système financier. Depuis le début de la crise, la « communication » officielle a utilisé la vieille stratégie du « gradualisme », chère à Jacques de Larosière lorsqu’il était à la tête du FMI : on distille les mauvaises nouvelles par paliers successifs, dans l’espoir que l’opinion s’accoutumera plus aisément aux temps difficile et que la chance, le Père Noël ou quelque « main invisible », viendra contrarier les catastrophes prévisibles.
Les dettes irrécouvrables, correspondant aux créances dites « toxiques », sont manifestement trop importantes pour pouvoir être digérées, même dans la douleur, par le système financier actuel. Lequel est donc irrémédiablement condamné – sauf pour les gouvernements à être exposés à un « appel du pied extra-parlementaire », selon la savoureuse litote de Paul.
Ce n’est vraiment grave que pour ceux qui détiennent les créances en cause, ou les actions de sociétés qui y sont directement ou indirectement exposées (lesquels ne veulent pas lâcher le morceau, on les comprend…), c’est-à-dire approximativement tous ceux qui détiennent de la « richesse ».
La monnaie étant une ingénieuse création de l’homme, voire une fiction, il est techniquement assez facile de la réinventer. Et il me semble que ce sera le cas, par la force des choses, car c’est le préalable à la réactivation de la production : pour régénérer les flux de revenus qui font vivre l’immense majorité des gens, il faudra sacrifier une bonne partie de la valeur, largement fictive, des stocks de capital accumulé par certains. Une forme d’euthanasie keynésienne des rentiers.
Peut-être en viendra-t-on à donner une solution (momentanément) cohérente à cette anomalie persistante : la monnaie relève des biens publics, selon l’acception commune des économistes ; or, sa création est confiée à des mains privées. Et autant que l’on sache, l’objectif d’une banque est bien l’optimisation de son profit, jusqu’à la caricature : on ne sait s’il faut qualifier de provocation ou de vulgarité leur intention affichée de distribuer bonus et dividendes. Dans le système actuel, elles sont exposées au syndrome d’Attila : là où passe la banque, la prospérité ne repousse pas…
@ Leduc, JJJ
Vos points de vue me semble se complémenter.
Les « subprimes », c’est effectivement un double phénomène. On peut les décrire en disant : d’un côté il est donné accès au crédit afin de compenser une distribution très inégalitaire des revenus, de l’autre, il y a enrichissement des mieux dotés grâce à la nouvelle ponction que représente le coût de ce même crédit. Jusqu’au jour où tout s’écroule pour les rentiers, quand les moins dotés ne peuvent plus payer. Paul Jorion a certainement du expliquer cela, sous cette forme ou une autre.
Il va être intéressant, dans la période à venir, d’examiner à la loupe les justifications qui vont être données pour, selon l’expression consacrée « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Pour réguler la titrisation et les instruments de couverture financière sans les proscrire, au nom de l’intérêt supérieur de la déesse croissance, afin de répondre aux besoins de financement de l’économie, soi-disant. Et de pousser dans leurs retranchements les auteurs de ces raisonnements qui n’en sont pas.
Excellent article et excellent commentaire de JJJ
De la même manière que les banques commerciales créent de la monnaie scripturale en inscrivant simultanément la même somme en actif (la créance) et en passif (le DAV du bénéficiaire), qu’est ce qui empêche la Banque de France de créer un « DAV » à l’Etat en portant une créance à son actif … une créance d’Etat vaut bien une créance d’une entreprise X ou Y, non ?
Nous éviterions déjà les accumulations des intérêts de dette publique (1320 milliards d’euros payés aux banques et aux plus riches depuis 1973)
Bien sur, quand je pose la question « qu’est ce qui empêche », je sais bien que c’est la loi du 4 janvier 1973 initiée par Giscard d’Estaing et les accords européens qui ont suivi… mais ce que la loi a fait, la loi ne pourrait-elle le défaire ?
A moins, pour enchaîner sur le commentaire précédent, qu’il n’y ait RIEN à réguler… en effet va-t-on chercher à réguler un massacre de population, un fric-frac à la voiture-bélier ?
La « crise » n’est qu’une vaste arnaque, qui n’a qu’un nom : la carambouille. La bonne vieille carambouille comme on en avait dans le temps (pas si loin quand même) dans le marché de la viande.
En effet, « il y a longtemps que les carambouilleurs de marchandises en tout genre ne s’étaient plus manifestés. Il s’agit d’une opération «économique» qui consiste pour des aigrefins, dissimulés derrière une entreprise fictive ou de façade, à acquérir auprès de fournisseurs abusés des marchandises qui ne leurs seront jamais payés pour les revendre immédiatement à bas prix à des clients peu scrupuleux et de disparaître ensuite dans la nature avec le «butin» de la revente.
Face à ce genre d’escroquerie, on s’interroge toujours de savoir comment des fournisseurs avisés peuvent se faire duper dans ce genre de commerce ? Tout simplement parc que les opérations d’achat sont souvent assorties d’un paiement artificiel, issu d’une cavalerie financière, qui ne sera découverte que lorsque en bout de chaîne le dernier payeur aura été défaillant. » (Jean-Pierre Steiner)
La caractéristique de « notre » carambouille (je veux dire, celle d’aujourd’hui, évidemment !) c’est qu’elle ne porte pas sur des marchandises, avariées, mais sur de la monnaie scripturaire, des devises, des titres divers et a-variés.
Et c’est là que contrairement à une bonne vieille carambouille sur les marchandises (qui au pire rend malades quelques personnes…) la « nôtre » rend malades des pays entiers, voire tous les pays puisqu’ils « en ont tous croqué » !
Comment sort-on d’une carambouille mondialisée (merveilleuse mondialisation !) dans laquelle nous sommes tous carambouilleurs (par nos députés et gouvernements) et carambouillés ? « Le lion malade de la peste… » disait Paul Jorion, il y a quelques mois.
Madame, Monsieur, si nous vous sollicitons aujourd’hui c’est que certains d’entre nous rencontrent de graves difficultés, nous ne pouvons plus l’ignorer, nous sommes tous responsables.
Alors, s’il vous plait, donnez au spéculathon !
les » investisseurs qui ont mal évalués les risques » sont en grande difficulté, en effet selon l’association « G20 » une grande partie de ces « déposants » ont du mal à récupérer leurs milliards investis dans la spéculation sur le dos de l’économie.
Alors soyez généreux, DONNEZ pour la spéculation.
Savez-vous qu’un petit geste multiplié par un milliard de personnes peu permettre de sauver plusieurs spéculateurs ?
L’association G20 attend vos dons; si vous n’avez plus d’argent, vous pouvez donner vos entreprises, vos emplois, vos salaires, vos impôts, vos maisons, creuser votre dette nationale…
Les idées ne manquent pas, et le moindre geste sera le bienvenu !
Aujourd’hui plus que jamais, l’avenir de quelques-uns dépend de la générosité de tous, alors faites un don surtout consommez.
Mon commentaire enchaînait à celui de François Leclerc (pour la cohérence de la lecture).
Mais, Stilgar s’est intercalé et pose une vraie question, la vraie question : peut-on revenir sur la disposition qui interdit à l’état (français mais aussi aux états de la zone euro depuis le traité de Maastricht – Article 104, pour ceux qui ont oublié) de créer la monnaie nécessaire à son développement sans avoir à l’emprunter contre intérêts à des banques privées ?
J’ai donné ici, il y a quelques jours, le passage de l’analyse de Marx sur la crise de 1848 où il montre qu’aucun banquier n’accepte jamais de perdre ce pouvoir de créer la monnaie qu’il prête contre intérêts à l’état, puisqu’il peut ensuite vendre les bons du trésor obtenus grâce à son prêt…
Je voudrais aussi rappeler les travaux de l’historienne Lacroix-Ruiz qui montre le poids de la Banque de France sur le gouvernement de Léon Blum, pour l’empêcher de trop céder aux pressions syndicales… Poids politique qui obligeait le gouvernement à emprunter aux banques privées pour avoir les moyens d’enclencher ses réformes.
Revenir (ou plutôt venir à, enfin !) à une situation saine, où l’économie politique est un outil pour le développement et où la puissance PUBLIQUE est maîtresse des moyens monétaires et financiers nécessaires aux investissements PUBLICS, pose la question d’un changement assez radical, n’est-ce pas ?
L’idée que la monnaie est un bien public, comme l’eau et plein d’autres ressources, l’information par exemple, est une idée qui me plait bien comme point de départ à une réflexion élargie.
Nous sommes tous en quelque sorte des orphelins. Le socialisme, ou plutôt ce qui s’en réclamait, est mort ou presque, le capitalisme, nous dit-on, ne serait pas en meilleure forme. Who’s next ?
Pour une définition de « bien public », voir l’incontournable wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_public
@ François Leclerc
En soi, la titrisation ne pose pas de problème majeur. C’est la gestion du risque qui est en cause : prêter de l’argent à des ménages que l’on sait dans l’incapacité de rembourser, c’est financièrement absurde, sauf si… l’on refile le portefeuille d’encours à des investisseurs peu regardants (ou astucieusement aveuglés). Et pour peu que l’on dérive, au deuxième et même au troisième degré, alors ces « véhicules » deviennent indéchiffrables, même pour leurs concepteurs ! Je partage bien votre avis : ni la titrisation ni la dérivation ne sont indispensables à la croissance. Pas plus que la vente short ne l’est à la liquidité des marchés boursiers. Devenue cliniquement dépendante des effets de levier, la sphère financière va bien entendu tenter de justifier leur impérieuse nécessité. Sauf si le système explose avant que l’argumentaire ne soit affûté…
Cette campagne de moralisation sur les bonus des banquiers ne présage rien de bon.
Elle n’a pour objectif que de préparer l’opinion public à une vague massive de licenciements dans le secteur
bancaire.
En effet, après avoir réduit le personnel, remplacé par des machines, assisté de quelques stagiaires,
Les banques vont être obligées de fermer un grand nombre d’agences non rentables.
On se demande en effet comment vivent les 8 agences bancaires qui se trouvent à la sortie de chaque station de métro.
Idem pour les agences immobilières.
A propos de la monnaie : si un emprunt n’est pas remboursé, l’agent créé n’est pas détruit. Il continu donc à être utilisé par le système, sauf si le créancier rembourse à la place de l’emprunteur. Si les états et les banques centrales remboursent les créanciers à la place des emprunteurs, ils pérennisent cet argent non remboursé. Donc renflouer les banques équivaut à émettre de la monnaie. Quand on voit les montants en jeu on ne peu qu’être effrayé !
Bref la même chose qu’en 1929. La guerre n’est donc plus très loin.
Les escrocs ont gagné une fois sur le dos de pauvres/faibles gens qui ne comprennent rien aux contrats de prets. Ils gagnent une deuxième fois car les états épongent leurs faillites au lieu de payer celles des pauvres/faibles. Ils vont gagner une troisième fois de par les plans de relance. Car c’est cela que les escrocs attendent avant d’investir, quelles industries seront choisies et dans lesquelles le fruit de leur vol sera investit. Ils gagneront une quatrième fois par les intérêt des dettes de tous les états. La plus grande carambouille de l’histoire humaine menée de main de maitre par les riches/puissants d’occident avec pas mal de complices un peu partout dans le monde.
Comment cela est il possible dans des démocraties? La réponse est dans la question. Ce ne sont pas des démocraties, pour le simple fait que ceux qui proposent les lois sont les mêmes que ceux qui les votent et les mêmes que ceux qui les mettent en oeuvre. La porte ouverte à deux siècles de carambouilles inninterrompues. L’épicentre de la faillite de la culture occidentale qui se joue actuellement est là. Une non séparation des pouvoirs.
Les hommes de lois dont c’est le métier devraient seuls être habilités à proposer des lois même constitutionnelles, les hommes de l’éxécutif (parlement, sénat, gouvernement etc ..) devraient être seuls habilités à voter et mettre en oeuvre ces lois. On pourrait même proposer que les hommes de foi soient habilités à filtrer les lois acceptables pour le bien commun. Ne hurlez pas tout de suite, ce qui a valu la faillite des églises est bel et bien la concentration de tous les pouvoirs dans leurs mains. Exactement comme la faillite de tous les partis qui prennent le pouvoir dans les pays accidentaux est due à la concentration de tous les pouvoirs dans quelques mains. Séparons les pouvoirs réellement et donnons enfin leurs prérogatives à ceux dont c’est le métier.
Certes c’est un projet de société et l’urgence n’est pas aussi globale? Mais bien sur que si! C’est la légitimité et la crédibilité de tout l’occident qui est en jeu actuellement. Et c’est seulement en refondant nos sociétés en accord avec nos principes que nous pourrons sortir de l’ornière. Et être crédibles. et sortir des éternelles carambouilles.
Puisque chacun à son histoire d’escroc, on trouve un joli conte sur l’escroquerie en ce moment sur net:
Once upon a time, le jeune Bob vivait au fond du Nebraska.
Un jour il décide de devenir riche, lui aussi. Pour démarrer, il choisit d’acheter un vieux cheval à un cowboy. Il emprunte sans difficulté 500 dollars à la banque du coin, qui aime par dessus tout les jeunes gens audacieux ; il verse au cowboy la totalité de la somme empruntée, et ce dernier lui promet la livraison, ferme, du canasson pour le 10 du mois.
Las ! Une semaine plus tard, le cowboy vient voir Bob pour lui annoncer une mauvaise nouvelle: le cheval est mort. Bob, qui est encore un pied tendre, lui dit alors :
– No problem, man ! Tu me rends mes 500.
– Gosh ! lui répond le cowboy, c’est que je ne les ai plus. J’ai été obligé de les refiler à ma sœur, pour qu’elle aille se soigner.
Bob, qui mûrit vite, réfléchit et lui dit :
– All right, chap ! Je prends quand-même le cheval.
– Le cheval ? Pour en faire quoi ?, lui demande le cowboy, très surpris (il ne sera jamais riche).
Bob lui répond avec assurance :
– Je vais le vendre en montant une loterie. Pour un cheval, je suis sûr de trouver tout un paquet de gens qui tenteront le coup.
Le cowboy s’étonne :
– Tu ne peux pas faire une loterie avec un cheval mort !
Petit clin d’œil de Bob :
– Pourquoi veux-tu que je dise que le cheval est mort ?
Deux mois plus tard, le cowboy croise Bob, chemise de grande classe, lunettes de soleil, montre étincelante et chaussures de cuir fin. Aussitôt, il lui demande :
– Alors ? Ta loterie, ça s’est passé comment ?
– Super ! lui répond Bob. J’ai vendu 500 tickets à 3dollars la mise. Du coup j’ai fait mes premiers 1000 dollars de profit !
– Mais…. Tu n’as pas eu de réclamations ?
– Si, bien sûr. De la part du gagnant. Mais on s’est arrangé : je lui ai rendu sa mise.
Aujourd’hui, Bob vend des produits structurés chez Goldman Sachs.
L’Afrique possède une grande partie des matières premières de la planète, on peut souhaiter à ses dirigeants de s’en réapproprier la propriété comme l’on fait la plupart des producteurs de pétrole.
@ Leduc
Dans l’analogie avec le cycle de l’eau, je ne vois pas apparaitre le « travail de l’homme » qui me semble être la base d’un (nouveau) système économique. Ces petits ruisseaux, ces rivières et ces fleuves aboutissent dans un océan qui restitue peu; OK, mais la solution d’une meilleure restitution ne serait est ce pas d’abord une meilleure valorisation du travail humain avant le capital?
Je me méfie de la planche à billets, surtout de plusieurs milliards, et de la république de Weimar , tout cela c’est terminé par la deuxième guerre mondiale.
Après le marasme économique, les peuples pourraient être sensibles à la célébration de l’art militaire, pourquoi pas l’Iran qui, comme l’Irak, menace la sécurité des Etats Unis…..
@ Scaringella,
Pourrais tu préciser ce que serait un pouvoir légitime puisque ceux qui sont parvenus à exercer ce pouvoir ds nos démocraties depuis deux siècles sont mêlés de près ou de loin à cette carambouille?
Oui : « Vers la crise du capitalisme américain ? », La Découverte, 2007
« # JJJ dit :
18 janvier 2009 à 12:25
@ François Leclerc
En soi, la titrisation ne pose pas de problème majeur. C’est la gestion du risque qui est en cause : prêter de l’argent à des ménages que l’on sait dans l’incapacité de rembourser, c’est financièrement absurde, sauf si… l’on refile le portefeuille d’encours à des investisseurs peu regardants (ou astucieusement aveuglés). Et pour peu que l’on dérive, au deuxième et même au troisième degré, alors ces « véhicules » deviennent indéchiffrables, même pour leurs concepteurs ! Je partage bien votre avis : ni la titrisation ni la dérivation ne sont indispensables à la croissance. Pas plus que la vente short ne l’est à la liquidité des marchés boursiers. Devenue cliniquement dépendante des effets de levier, la sphère financière va bien entendu tenter de justifier leur impérieuse nécessité. Sauf si le système explose avant que l’argumentaire ne soit affûté… »
Non, la titrisation ne pose pas le problème majeur… mais elle est tout prêt de dévoiler quel est le problème fondamental de l’actuelle structure bancaire. La titrisation est un problème parce-que elle est un symptôme de la maladie qui est rendu visible par l’excès de température qu’elle à provoquée à un corps déjà malade (ou les parasites compétitifs déploient une activité frénétique cherchant à s’emparer des dernières ressources pas encore accaparés par ceux qui n’ignorent pas le diagnostique – l’arnaque mondialisée de l’argent va obliger simplement à proscrire tout le système, alors ceux qui savent se positionnent sur la propriété d’actifs matériels, voire matières primes et production agricole). La titrisation n’a été qu’un truc astucieux pour incrémenter le rendement… Certainement, l’excès d’avarice à rompu le sac… et les super-avares ont crée un problème que les avares modérés essaient d’étouffer en cherchant n’importe quelle solution astucieuse qu’ils puissent faire avaler comme solutionnant le problème isolé des subprimes sans que celui-ci soit relationné avec le problème majeur dont il n’est que la surenchère, problème lui qu’ils entendent sauver parce-que c’est leur fonds de commerce principal: la réserve fractionnaire.
Quelqu’un d’entre vous à t’il lu dernièrement « Emphyrio » de Jack Vance? Cela m’éviterait d’expliquer trop… en vous donnant une base utile.
@ Stigardedune
Non, une inscription ne crée – comme son nom l’indique – qu’une écriture, elle n’a aucun pouvoir de création d’un flux monétaire. Les inscriptions comptables sont de simples enregistrements. Une inscription comptable peut constater qu’un flux monétaire a été transféré – son rôle s’arrête là. Si ce transfert n’a pas eu lieu, l’inscription est abusive et le comptable est en faute.
@ JJJ
Que faudrait-il interdire, que faudrait-il réguler ? Nous allons entrer dans ce débat un jour ou l’autre.
Remarquons d’abord qu’il n’est pas en soi interdit d’interdire, les ventes à découvert sur les valeurs boursières on bien été interdites sur certaines places boursières par les autorités de marché. Il est donc possible d’interdire, ce qui est déjà un pas en avant dans la réflexion.
Peut-on réguler sans être contourné ? Dans le cas qui nous occupe obtenir une meilleur gestion du risque ? Question plus délicate dans la pratique. D’autant qu’au nom de la défense de la « créativité des marchés », les régulations finalement adoptées ne seront pas nécessairement des plus strictes.
Peut-être faut-il prendre le problème par l’autre bout, en se demandant pour quelle raison la titrisation est apparue dans les années 70, à quels besoins elle a répondu. Et se demander si elle est si indispensable que cela à l’activité économique. si non, à quoi sert elle donc ?
La titrisation a répondu au manque de fonds propre des entreprises, cela paraît acquis. Mais aussi à la nécessité, grâce à l’ingénierie financière, de créer des produits financiers à fort effet de levier. Grossièrement, les investisseurs ne pouvaient pas obtenir de l’activité économique les rendements à deux chiffres qu’ils exigeaient ont cherché mieux et ont trouvé.
Ces rendements sont-ils, à la lumière de ce que nous savons maintenant, une nécessité économique, à tout bien considérer ? La titrisation peut-elle rendre d’autres indispensables services ?
La crise à mis à bas l’échaffaudage. Le raisonnement devrait maintenant pouvoir suivre. Qu’il soit pris en compte est une autre affaire.
@ Stilgar
@ Paul
A mon avis, c’est la signature du contrat de prêt qui crée la monnaie (et la réserve obligatoire correspondante). Ensuite, elle l’acte son existence dans sa comptabilité et sur le compte de l’emprunteur. Cette monnaie existera tant que le prêt existe. A son échéance le contrat de prêt se termine et la monnaie est détruite par la banque. A nouveau, elle l’acte dans sa comptabilité.
Si l’emprunteur fait défaut et ne rembourse jamais, la banque fait pareil, mais elle met les sommes irréculérables en profits et pertes, comme si elle remboursait le prêt pour son client.
@Eugene, le dictionnaire http://www.mediadico.com/dictionnaire-langue-francaise.asp/definition/legitime/2005 nous dit:
Reconnu par la loi.• Juste, équitable, fondé sur la raison.
Reconnu par la loi, le pouvoir l’est, evidemment c’est lui qui les propose et les vote il ne va pas se tirer une balle dans le pied ….
Juste : A mon sens non, puisque le pouvoir est juge et parti, grace à la majorité a l’assemblée qui vote ce que décide le gvnt. le même dico dit pour juste: Qui est conforme au bon sens, à la raison. Accablant n’est il pas pour les gvnts qui ne connaissant pas le droit pour la plupart et, votent des lois permettant la carambouille.
Equitable: Qui se comporte avec équité, conforme à l’équité, dit le dico. Equité: Justice, droiture dit le dico. Je ris rien qu’en écrivant ces mots et en pensant aux gvnts. Droiture: Etat d’un esprit droit, d’un coeur loyal confirme le dico. La loyauté des gvnts envers le peuple et bien l’exemple immédiat est le referendum sur la constitution européenne et ce qu’il en est advenu.
Fondé sur la raison: le fondement, la base de départ de la légitimité est la raison. Raison: Faculté par laquelle l’homme connaît et juge. Bon sens. On voit bien comme les gvts sont loin de celà.
Je prends mon exemple de développeur de logiciel. Ce qui fait ma légitimité dans ce métiers est:
1. Je connais les techniques, langages et méthodes pour le faire. Par analogie pour les lois on voit bien qu’il faut connaitre le droit, les méthodes afférentes et le langage.
2. Je fait du logiciel toute la journée, j’ai donc acquis le tour de main au fil du temps. Je connais et maitrise les outils sur ma machine de développement pour fabriquer du logiciel. Seuls les gens du métier et le droit en est un, peuvent fabriquer.
3. La communauté des développeur me reconnait comme compétent c’est a dire reconnait ma maitrise du metier et à confiance dans ma capacité à fabriquer du logiciel correspondant au besoin, et les utilisateurs reconnaissent que le logiciel fabriqué rend les services attendus. Je vous laisse faire l’analogie avec les lois.
4. Je respecte la norme, les règles, la déontologie par exemple de na pas introduire de virus dans mes logiciels a des fins connues de moi seul.
Voilà pour la légitimité. Passons à la notion de pouvoir. Dico:
Autorité: Pouvoir de se faire obéir.
Moyen, pouvoir, droit de faire quelque chose.
La police initialement créée pour surveiller les gens, et les lois par eux créées leur permettent de se faire obéir, et c’est bien dans ce sens là qu’elles sont créées.
faculté de faire: Moyen, pouvoir, droit de faire quelque chose.
Aptitude physique, intellectuelle ou morale.
On ne pourra douter que des aptitudes intellectuelles et morales des gvnt puisque soit ils ne rendent pas compte qu’ils sont juges et partis et donc manifestement incompétents, soit ils le savent bien et leur moralité est donc une chimère.
Le dico des synonimes: 3/ avoir la faculté: être apte, pouvoir, avoir la possibilité, être capable, être en mesure, être à même, avoir la force, avoir le choix, avoir les moyens, être susceptible.
Par contre il est central dans la notion de pouvoir, le mot de faire. Le pouvoir a pour mission de faire. Quoi donc ? Pas les lois puisqu’ils n’y connaissent rien pour la plupart. Pas le bien commun puisque la planète va à la destruction nous disent les scientifiques (les hommes de la foi moderne) et l’humanité va vers l’enfer nous disent les religieux.
Ne leur reste que le domaine de l’éxécutif, au sens d’opérateur, celui qui pilote une machine inventée et fabriquée par d’autres. Par rapport à moi qui fabrique le logiciel (sans etre forcément celui qui en à l’idée) les gvnt sont les utilisateurs du logiciel. Et toute utilisation non conforme est facilement détectable par les hommes de l’art.
Ainsi un pouvoir légitime ne peut être qu’éclaté. Ceux qui inventent et fabriquent les lois (les gens du droit). Ceux qui les mettent en oeuvre en créant les plans de mise en oeuvre. Et ceux qui verifient la conformité au bien commun et des lois et de la mise en oeuvre. Seul un vrai consensus amènerait des changements et non pas des décisions prises en petit comité et imposée à tous par l’intermédiaire du vote de la bande de copains.
Je poste pour la première fois sur ce blog, alors en préambule permettez moi de vous dire bravo à M.Jorion bien entendu mais également à l’ensemble des gens qui, par leur commentaires de qualité, participent à ce bel échange d’opinions dont nous avons grand besoin.
Je prend le clavier ce soir, simplement pour exprimer mon inquiétude face à ce grand cirque duquel nous sommes tous prisonniers. Je me sens l’envie de vous écrire, j’ai un peu de temps ce soir alors allons y!
Je m’interroge sur l’avenir de mes enfants, sur le fruit de mon travail et la dignité (au sens minimal du terme) de mes futurs vieux jours, enfin bref, j’ai la trentaine et je ne vois pas de raisons de se réjouir en dehors des joies quotidiennes dans mon petit foyer et mon petit confort auxquels je tiens tant.
Mon esprit se trouve parfois à imaginer des scénarios s’avérant fantaisistes auxquels succèdent des réflexions plus synthétiques et pragmatique, sans parler de mes propres « feelings » personnels sur notre devenir.
En clair je réfléchis à tout cela. Parfois, je me réjouis, tout égoïstement, de voir à quel point j’ai bien anticipé mes positionnements, je me félicite d’avoir évité l’endettement immobilièr, etc…
Cependant, je me préoccupe quand se dessine l’aspect social des choses, quand je constate que la classe moyenne Française s’essouffle et décline, que la misère augmente et que l’argent facile semble toujours plus bénéficier à des acteurs toujours plus détachés de la réalité…
La tour Eiffel, qui pour moi peut être perçue comme une image des strates sociales, se déforme et vois son socle toujours grossir et sa pointe toujours s’effiler. Je me soucie de voir la France dans cet état et pourtant j’oublie et je repars à mes préoccupations quotidiennes, à mon boulot prenant, à ma famille etc…
Les gens (avertis) parlent de la crise, des évènements, de cycles de l’économie, des « leçons de l’histoire, des analyses comparatives du passé fusent et viennent se heurter à des évènements inédits sur lesquels rien n’y personne ne peuvent objectivement s’appuyer…
Il y a aussi le constat cette fois indiscutable que le travail réel n’a déjà plus sa place dans le schéma actuel, que l’homme n’est à présent qu’une ressource négociable pour ne pas dire jetable, que l’économie jadis censée (enfin je pense) être motrice dans l’évolution de l’humanité, s’en sert aujourd’hui au point de ne servir qu’une faible minorité inconsciente et coupée du monde.
Des pronostics plus ou moins engagés apparaissent, le spectre du chômage dans les pays les plus riches passe du stade de filigrane à celui d’ombre consistante. Les équilibres sociaux semblent être à présent la proie de ces dérèglements, ils sont contrôlés au gouvernail d’étambot par des gouvernements sans vigie et pris dans une tempête qui s’annonce longue et rude.
Les gouvernements nourrissent le système financier en hypothéquant, sans trop d’hésitations, leur propres populations dans des termes de plus en plus longs. Les quelques déséquilibrés de ce monde jouent avec le gaz ou la poudre pour ne pas évoquer l’arme nucléaire qui pourrait surgir bien plus vite qu’on ne le pense. Pendant ce temps la, Les VVIP, perdent quelques milliards par ci par là, une bagatelle, et continuent paisiblement leur chemin alternant entre vie de yacht, d’airbus de luxe ou de villas cossues quand ce ne sont pas des îles privées.
Bon sang! Nous regardons par nos hublots du web, nous nous perfectionnons à comprendre à la lueur de nos lectures, nous travaillons dur dans des environnement toujours plus stressants et tendus, nous remplissons nos obligations de citoyens, nous faisons des enfants, nous consommons autant que ce système nous consomme … nous rêvons aussi car nous sommes humains… Et pourtant, le constat me paraît simple : rien ne s’arrange, les inégalités croissent, les abus se multiplient, la misère perdure voire s’installe de façon substantielle.
Cette crise est-elle un complot? Est-elle une conséquence toute naturelle et imprévisible (c.f. les cygnes noirs)? Sera-t’elle salutaire ou dévastatrice? En parlerons nous demain comme d’un fait divers qui a permis un réajustement de l’économie ou bien comme d’un tsunami qui aura remis à plat la moralité de cette foutue mondialisation et refaçonné le concept de la démocratie? Ou bien encore qu’elle aura permis l’avènement de l’économie de la connaissance et la liquidation des préjugés inutiles sur la condition humaine et l’économie réelle? etc….
Allons plus loin, pensez vous qu’il faille s’unir? Mais quand? Mais comment? L’immense majorité des gens vis paisiblement au jour le jour au rythme que les médias classiques leur administrent.. Doit-on attendre, tétanisés? dois-on agir?
Plus loin encore, faut-il déjà acheter son compteur Geiger et préparer ses réserves dans son sous-sol? Faut-il fuir? S’armer?
Je ne cherche pas à deviner ou à prédire les détails, je m’interroge simplement sur la profondeur des conséquences sociales de cette crise, sur ce qui va nous arriver!
Les mouvements sociaux seront au rendez-vous, je pense même que de leur ampleur pourrait naître le vrai changement mais en même de vrais conflits… ils doivent donc être maîtrisé ou du moins réversible et le moins destructeurs possibles.
J’espère de tout cœur que cette crise n’exacerbera pas les individualités et les extrêmes mais qu’elle rendra à la solidarité et à l’objectif commun un sens. Ce qui m’apparaît cependant inévitable c’est un certain protectionnisme qui je l’espère ne s’en tiendra qu’aux échanges économiques et au maintien de l’emploi.
L’humanité est jusque ici engagée dans un développement asymptotique depuis que la religion a laissé la main à la technologie et que le mercantilisme nous a appris a se gargariser au détriment des autres peuples (pour faire court).
Nous en sommes d’après moi à un point de rupture, une inflexion de cette trajectoire qui doit se produire pour casser cette perversion devenue à présent insupportable et vide de sens car destructrice de ces propres fondements!
C’est comme un cancer, c’est par analogie au biologique, comme si le corps humains (machine qui je pense est d’une complexité comparable à l’économie mondiale d’aujourd’hui) se mettait à détruire ses propres éléments de base (cellules) et à se détraquer par angiogenèse au lieu d’assurer son autorégulation et au lieu de veiller à sa défense naturelle et à la bonne alimentation des cellules qu’il ENGLOBE. Le flux financier en serait le sang qui malheureusement engorge un seul organe qui n’en ont pas besoin, si l’organe meurt par engorgement le corps mourra de toute façon.
Si la nature condamne un organisme tel que l’homme à sa mort par dérèglement cellulaire ou vieillissement, je ne vois pas pourquoi l’humanité, qui n’est qu’une résultante intégrale composée d’hommes, ne pourrait pas subir la même loi naturelle.
Dans ce cas il ne nous reste qu’à méditer et nous préparer au traitement en espérant que celui ci sera efficace!
Je pense que de la capacité de l’humanité à changer de trajectoire et à s’administrer le traitement sans trop s’apitoyer et surtout sans s’embraser, naîtra un nouvel ordre salutaire.
Désolé pour le message peu réjouissant et peu constructif, nous allons tout de même nous battre et continuer à vivre le plus heureux possible car cela, à titre d’individu, c’est le plus important ne serait-ce que pour nos enfants qui porteront la suite de l’histoire et pour le bien qu’on pourra apporter autour de sois.
@ tous
Question ?
Qui peut expliquer comment la monnaie adossée à un prêt est détruite dans le cas où les prêts on été titrisés ?
Merci pour des pistes de réponse… 🙂
Voici un extrait de « la politique monétaire » paru aux éditions repères:
« Dans un régime de « domination budgétaire », en continuant de mener une politique budgétaire laxiste, les pouvoirs publics peuvent forcer la banque centrale à finir par céder et à monétiser le déficit – c’est-à-fire à augmenter le seigneuriage (l’avantage financier direct qui découle de l’émission d’une monnaie) et à utiliser la taxe d’inflation sur le capital monétaire pour financer le déficit ».
Je cite cet extrait car il me semble que le billet de François Lecrlec n’évoque pas un point. Les obligations d’Etat par lesquelles les Etats s’endettent auprès d’investisseurs pour combler leur besoin de financement sont rémunérées à un taux bas car les investisseurs recherchent la qualité et délaissent les marchés d’action. Or, dans le supplément éco du Mon de la semaine dernière, plusieurs analystes parient sur leur remontée dans un délai allant jusqu’à deux deux ans. Et là, le financement des déficits publics deviendra plus onéreux et plus problématique. Finalement, l’inflation ne sera-t-elle pas un moyen comode pour effacer l’ardoise ?