Billet invité.
L’ADDITION, C’EST POUR QUI ?
Nous arrivons à une première phase de maturation de la crise. J’emprunte à dessein ce vocabulaire un peu ampoulé et distancié au monde dans lequel je baigne désormais, peut-être un peu contaminé mais plus certainement ironique. Plusieurs tendances, déjà perceptibles, se révèlent maintenant dans toute leur ampleur. Les banques s’engagent de manière accélérée dans un processus de concentration aboutissant à la naissance de « méga banques » au poids financier accru. Lloyds Banking Group (LBG), va ainsi être à Londres le fruit du mariage de raison entre Lloyds TSB et Halifax-Bank of Scotland (HBOS). De nouveaux plongeons spectaculaires interviennent sans cesse en Europe ou aux USA, assortis de leurs mesures de sauvetage d’urgence. Après HSBC, c’est Barclays qui cristallise actuellement les craintes en Grande-Bretagne. Sa chute boursière a été renforcée par l’expiration de l’interdiction des ventes à découvert sur les valeurs financières, qui a pris effet ce vendredi, conformément à une décision de la FSA (l’autorité britannique des marchés).
Le système bancaire, les gouvernements qui l’assistent pays par pays, ainsi que les banques centrales, cherchent dans la panoplie disponible des solutions pour vidanger d’un seul coup de leurs bilans de gros paquets d’actifs douteux. La zone Euro est à terme en danger potentiel d’éclatement, vu le différentiel grandissant entre les « spreads » des obligations des différents Etats qui la composent. Des pans entiers de l’économie cherchent à se réfugier sous l’aile protectrice des Etats, qui commencent à glisser vers un protectionnisme hier vilipendé. Le contre-feu allumé en direction de l’opinion publique, cette lutte impitoyable que mènent les gouvernements contre les bonus, stocks options, distributions de dividende et autres parachutes dorés, qui les scandalisent dorénavant, est attisé par la perspective de devoir prochainement annoncer une nationalisation des pertes bancaires en bonne et due forme et à grande échelle.
Enfin, pour la sortir de l’inattention générale dont l’Afrique est une fois de plus victime, retenons la déclaration accablée faite le 16 janvier à Johannesburg, à l’issue d’une réunion du Comité des 10 qui regroupe les ministres des finances et gouverneurs des banques centrales africains, par le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka : « Nous craignons que deux décennies de croissance ne soient compromises ». Le ministre sud-africain des Finances, Trevor Manuel, soulignait pour sa part que la crise avait fait s’effondrer le cours des matières premières et que la plupart des entreprises africaines n’avaient plus accès au crédit.
Voici donc les têtes de chapitre de l’actualité. Sans naturellement oublier l’orchestration qui débute du « New Deal » d’Obama, second volet du TARP et plan de relance, près de 1.200 milliards de dollars à eux deux, qui témoigne d’une réelle inflexion de la politique suivie jusqu’alors, mais suscite, pour le compromis politique avec les Républicains dont ces plans sont issus, les allégements fiscaux, de sévères critiques, la dernière notoire en date étant celle de Joseph Stiglitz, dans le « Financial Times ».
De nombreuses mesures, devant encore être adoptées par le Congrès, commencent à prendre tournure, avec pour objectif central de favoriser l’emploi. Programme de grands travaux, dispositions pour aider les dépenses de santé des plus pauvres, 47 millions d’américains vivant sans couverture maladie. D’autres sont en faveur des économies d’énergie et de l’indépendance énergétique du pays. Le volet fiscal controversé devrait, lui, consister en un abattement de 500 dollars d’impôt par contribuable.
Jeudi dernier, le principal conseiller économique de Barack Obama, Lawrence Summers, a présenté au Congrès les nouvelles mesures qui vont accompagner le deuxième volet du plan, d’un montant de 350 milliards de dollars. Le secteur automobile pourrait bénéficier de ces aides publiques. 50 à 100 milliards devraient servir à lutter contre la multiplication des saisies immobilières. Mais les entreprises qui bénéficieront de ces aides devront faire approuver leur politique de rémunération des dirigeants et de dividendes par les autorités fédérales. D’autres sources font état d’aides aux municipalités et aux Etats américains. Dimanche dernier, Barack Obama, avait déclaré que l’argent restant devait aller en priorité aux ménages et aux petites entreprises. La situation, en réalité, reste ouverte quant à la destination des fonds du TARP débloqués par le Sénat. Il faudra soit faire des choix drastiques, soit obtenir de nouvelles enveloppes financières, d’autres urgences criantes se profilant du côté des institutions financières, qui sont loin d’être stabilisées. C’est un puits sans fond.
Alors que Citigroup va tenter d’isoler dans une filiale intitulée Citi Holdings ses actifs douteux pour conserver les bons dans une autre, dénommée Citicorp, et que Bank of America ne parvient pas à digérer son acquisition de Merrill Lynch, en raison de la qualité des actifs de cette dernière, les autorités américaines, de la Fed et du Trésor, ainsi que les conseillers du futur président, travaillent « dur » (c’est le cliché habituel employé dans les déclarations et communiqués) à un projet. Il s’agirait de créer une « bad bank » (ou « aggregator bank », dénomination faisant tout de même moins voyou), qui recueillerait les actifs de mauvaise qualité du secteur bancaire, afin d’arrêter d’avoir à jouer les pompiers au coup par coup et de pouvoir faire face aux nouveaux épisodes catastrophiques attendus.
« Citigroup a perdu 40% en une semaine, et il y a toujours une grande part de ventes à découvert dans les baisses en ce moment. On peut imaginer que ce sont des prises de bénéfices de gens qui ont profité d’une baisse importante », a expliqué à l’AFP Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. « Si les provisions dépendent de pertes futures liées au crédit, tout ce que nous voyons actuellement laisse présager qu’il n’y aura pas de relâchement dans les provisions pendant au moins plusieurs trimestres », a déclaré de son côté M. Lewis, PDG de Bank of America lors d’une conférence d’analystes. Ce qui veut dire, en langage décodé, qu’il envisage de d’importantes pertes à venir en raison de nouvelles provisions prévisibles sur ses activités de prêts.
La question qui n’est pas encore publiquement évoquée, tellement l’addition qu’elle impliquera est vertigineuse, est toujours de savoir comment différencier les bons actifs des mauvais. Pas seulement dans le moment, mais en perspective de la suite des évènements. Il faudra, de toute évidence, tailler large ou alors s’y reprendre à plusieurs fois. Une alternative à cette création de structure de défaisance serait de garantir les actifs qui resteraient inscrits dans les livres de compte des banques. On parle aussi d’injecter du capital dans les banques. Toutes les options sont à l’étude, y compris des combinaisons d’entre elles, et les spéculations se multiplient dans les médias, alors que tout le monde y va de son avis.
Une fois ce débat tranché, la voie serait ouverte pour que puissent à nouveau « être achetées les actions posant problème et recapitalisées les banques » a estimé un analyste cité par Bloomberg, qui ne précise pas par qui. « Le crédit ne va pas réapparaître tant que les portefeuilles des banques n’auront pas été nettoyés et que les valeurs des collatéraux n’auront pas été rétablis » a-t-il ajouté, en veine de franchise. D’après Lawrence Summers, principal conseiller économique du président élu, celui-ci n’entend donc pas poursuivre la politique d’actions au coup par coup menée jusqu’à maintenant par le Trésor et la Fed. « On doit absolument faire quelque chose de déterminant » a déclaré de son côté Kenneth Rogoff, l’un des membres du groupe de conseillers du président élu, professeur à Harvard et ancien chef économiste du FMI, .
En Grande-Bretagne, un nouveau plan de soutien aux banques devrait être présenté la semaine prochaine par le chancelier de l’Echiquier, Alistair Darling, selon des sources en provenance du Trésor britannique citées par Reuters.
Ce plan pourrait inclure des nouvelles mesures destinées à restaurer la confiance des marchés envers les banques, afin de faciliter leur financement. Mais, selon un analyste de Fox-Pitt Kelton, interrogé également par Reuters, il n’inclura pas à nouveau des injections de fonds propres. Le but du gouvernement serait de faciliter les prêts aux ménages et aux entreprises. En particulier en octroyant des garanties publiques sur des titres financiers adossés à des crédits immobiliers.
Le « Times » et le « Daily Telegraph » ont pour leur part dévoilé vendredi que le gouvernement britannique étudiait la mise sur pied d’une « bad bank » qui recueillerait les actifs pourris.
En France, le gouvernement serait quant à lui, dans l’immédiat, prêt comme déjà annoncé à apporter une nouvelle aide de 10,5 milliards d’euros aux banques françaises. Mais, cette fois, il n’exclurait plus d’entrer directement au capital en souscrivant des actions sans droit de vote. A noter, par ailleurs, que l’agence de notation financière Moody’s a annoncé vendredi dans un communiqué avoir abaissé à « négative », contre « stable » auparavant, la perspective attachée à la dette senior de BNP Paribas (Aa1), présentée comme un roc inébranlable il y a encore peu de temps.
Impossible de ne pas faire mention, sur un sujet connexe et toujours en France et dans le cadre du débat qui enfle sur les bonus et les distributions de dividendes, de la conférence de presse de Georges Pauget, président de la Fédération bancaire française (FBF) : « Les dividendes relèvent de la compétence exclusive du conseil d’administration et des assemblées générales. Certes, personne ne vit en-dehors de son contexte, mais notre droit prévoit cela » a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy ayant demandé jeudi aux banques, à qui l’Etat a déjà accordé un prêt de 10,5 milliards d’euros, de prendre des engagements « sur les dividendes à verser, sur la rémunération des dirigeants et sur les bonus ». « Ce sont les conseils d’administration, le moment venu, qui définiront leur position » a répliqué Georges Pauget. Il a également, lors de la même conférence de presse, rejeté l’accusation selon laquelle les banques auraient « coupé » le crédit en utilisant un argument décisif : « La réalité, c’est que la demande de crédit est en baisse et il faut qu’on cesse de rendre les banques responsables de cette baisse », s’est-il emporté.
Le débat n’en restera pas là de toute évidence, il est en train de s’étendre au monde de l’entreprise. La présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, a critiqué samedi le salaire du PDG de l’équipementier automobile en difficulté Valeo, Thierry Morin, estimant que le groupe ne respectait pas les recommandations du Medef en la matière.
Prenons aussi le temps encore de graver au fronton des meilleures déclaration du jour, par analogie avec le diplôme du meilleur employé du mois si cher aux entreprises américaines, celle d’Ernest-Antoine Sellières, dont on espère qu’elle connaîtra le même sort sur ce blog que celle de Michel Cicurel, Président de la compagnie financière Edmond de Rotschild (où il était question d’une arme de première catégorie) : « le débat politique » (lire public, dois-je rajouter) engagé en France sur la question du versement ou non de dividendes aux actionnaires « n’est pas très opportun » a-t-il déclaré dans une interview donnée à « La Tribune » de samedi. Il a poursuivi : « Il revient aux actionnaires de décider si la situation de l’entreprise commande, ou pas, le versement d’un dividende ».
Prêtant moins à l’indignation, pour ceux qui en ont encore en réserve, la nouvelle la plus pertinente du jour aura sans doute été publiée par « Der Spiegel ». Elle tourne encore autour des « bad banks », un sujet qui sollicite décidément beaucoup l’attention. Des dépréciations d’actifs colossales seraient à craindre de la part des banques allemandes, car elles n’auraient pour l’instant déprécié qu’un quart de leurs actifs toxiques en évoquant la perspective de pertes à venir en milliards. L’hebdomadaire cite une enquête réalisée auprès de vingt instituts bancaires par la Bundesbank, la banque centrale Allemande, et l’autorité allemande des marchés financiers (Bafin), selon laquelle les banques allemandes possèdent au total 300 milliards d’euros d’actifs toxiques et n’ont pour l’instant déprécié que les plus « pourris », soit à peine un quart de la somme. « Le reste est encore inscrit dans les comptes à des valeurs illusoires », affirme le journal.
Les experts économiques du gouvernement estimeraient inévitables des dépréciations considérables, « qui devraient entraîner de nouvelles pertes très élevées pour les banques ». Le ministère des Finances a pour sa part évalué à 1.000 milliards d’euros l’ensemble du volume des actifs à risque du secteur bancaire allemand. Vu l’addition, le ministre des Finances Peer Steinbrück juge irresponsable la création d’une « Bad Bank » qui se chargerait des actifs douteux des banques. « Dans le pire des cas, cela conduirait à plus que doubler la dette fédérale », a déclaré au journal l’un de ses collaborateurs.
Où allons-nous, selon toute probabilité, sur ces questions de financement et sur la création monétaire intensive qui en découlera obligatoirement ? Willem Buiter, professeur à la London School of Economics, ancien membre du Comité monétaire de la Banque centrale britannique, fait autorité sur les questions monétaires et vient de publier un article retentissant dans le « Financial Times ». En voici le substrat. Les politiques de monétisation de la dette, publique comme privée, qui consistent pour les banques centrales à racheter ou prendre en pension des obligations, vont nécessairement se développer. Mais la BCE n’étant pas adossé aux recettes fiscales d’un pays, comme ses homologues, se trouve devant un problème. La défaillance d’un débiteur privé, ou bien la nécessité de procéder à une dépréciation des titres de ceux-ci, qu’elle détient en pension, pourrait nécessiter une recapitalisation que ses statuts n’envisagent pas. Willem Buiter propose donc la création d’un fonds européen pour y suppléer, qui devrait, selon lui, être doté de 3.000 milliards de dollars.
Il n’y a pas d’issue magique, les banques se défaussent sur les banques centrales ou bien sur les Etats, donc les contribuables. Il faudra toujours à un moment ou à un autre régler l’addition.
87 réponses à “L’actualité de la crise : L’addition, c’est pour qui ? par François Leclerc”
@Pierre Lang
Pouvez-vous donner la taille en dollars de la bulle ?
Merci
@Nadine
Je ne suis pas certain de bien comprendre ce que vous voulez dire… mais ce n’est pas ici le lieu d’un nouveau débat sur la « création monétaire » . Voulez vous me préciser votre pensée sur stilgardedune (at) gmail.com ?
@Stilgar
C’est bien dommage ! je veux bien préciser mais je n’utilise pas gmail, si vous avez une autre solution?
@Nadine
C’est une simple adresse mail…
@ Stilgar
Non, comme je l’ai dit : une inscription comptable ne dispose d’aucun pouvoir de création monétaire. Une inscription enregistre sans plus une opération. Quant à « scriptural », c’est une description du support, par opposition à métal ou papier, c’est tout.
Je crois que tu te laisses abuser par le rapprochement sémantique « inscription » / « scriptural », que tu te dis : « la monnaie « scripturale » doit être créée par une simple « inscription » ». Ce n’est pas le cas : bien qu’en l’absence de support la monnaie scripturale soit dématérialisée, cela ne suffit pas à ce qu’elle puisse être créée par de simples « inscriptions » : elle représente toujours des flux monétaires respectant un principe de conservation des quantités. L’inscription se cantonne à ce qu’elle a toujours été : un simple enregistrement passif d’opérations portant, dans le cas de monnaie scripturale, sur des flux monétaires dématérialisés.
@Paul
Je ne confonds rien et je ne me laisse pas abuser… mais j’en ai marre de ce débat. Je ne puis que te conseiller à nouveau de te rapprocher d’une université californienne…
La variation des quantités de « monnaie scripturale » (tu l’appelles comme tu veux, c’est sans importance) au fil du temps (qu’on ne retrouve nulle part sur les bilans de banque centrale) sont la preuve absolue de la « création de moyens de paiement » par les banques commerciales (La monnaie scripturale n’est finalement qu’une dette de banque qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de payement; l’essentiel est que cette créance soit reconnue comme une véritable monnaie). Il n’y a pas de « conservation des quantités)
Je pense qu’il ne faut pas confondre d’un côté ce que j’appelle le « coup d’Etat idéologique » des Banques commerciales sur l’Open Market, qui leur a permis de rendre presque automatique, systématique et permanent le refinancement, et de l’autre la création monétaire.
Au final, la Banque Centrale garde le pouvoir de fermer les vannes. Pas sans risques certes pour les banques imprudentes, mais ce pouvoir est celui de la Banque Centrale.
Il y a donc conservation des quantités… dans les limites définies par la Banque Centrale.
Attention aussi quand on parle de monnaie scripturale à bien distinguer monnaie scripturale centrale (composante de la base monétaire, créée par la Banque Centrale) et monnaie scripturale de second rang (mise à disposition par les banques commerciales).
Décidément la création monétaire ex-nihilo est le point « Godwin » de ce blog…
@ tous …
cette discussion sur les schémas de continuation/sortie éventuelle est de très bon niveau …
bravo aux intervenants …
mais …
mais …
elle est bien trop académique …
je crains que vous négligiez une réalité qui se profile pourtant dès aujourd’hui … en roumanie, tchéquie, pays baltes, russie, chine provinciale .. pour ne citer que les plus récents … l’homme de la rue, avant de voir à long terme les nouveaux schémas de monnaies et crédit … voit son revenu diminuer par chômage complet ou partiel, voit son épargne fondre, voit les wealthy du type mr le baron Ernest Antoine chez nous conserver leurs prébendes et surtout leur arrogance … l’homme de la rue prend peur … l’homme de la rue se rassemble et manifeste, l’homme de la rue crie, il frappe bientôt …
et que pèse une discussion académique face à la peur des hommes ???
que pèse la peur des hommes face à la discussion académique et lycée de versailles…
en fait la peur est une valeur spéculative, le fondement de la spéculation, la peur de manquer ou de ne pas avoir assez même. Une ligne de fuite sans limite qui justifie tout les flux. Les roulements d’épaules du capitalisme sont ceux de la peur qui se travestit en opulence, celle qui fait croire que l’on a évincé toute raison d’avoir peur, drôle de paradigme. Un déodorant sur des aisselles suantes…
comme aurait pu dire Lacan de quoi avons nous peur, de l’objet petit a.
@ JJJ Pym
Juste une précision. La mauvaise humeur n’est pas la mienne, mais celle que j’anticipe chez un certain nombre d’autres personnes à la perspective inflationniste : les rentiers bien sûr (ah ! l’épouvantable alliance pour eux du travail et du capital productif) mais aussi les gardiens du temple de l’Europe actuelle, taillée précisément sur mesure pour la rente et les nations rentières (j’ai presque envie de dire LA nation rentière, mais j’ai plein d’amis allemands).
Pour les générations qui viennent, je me réjouis bien au contraire, le rééquilibrage ne pouvant qu’être bénéfique à l’harmonie entre les plus anciens et les plus jeunes.
Les retraités actuels, ou ceux qui sont en voie de l’être, ne constituent d’ailleurs pas une caste homogène. Il y a chez eux aussi une coupure générationnelle (Louis Chauvel parlait de « cohortes » dans son célèbre « Destin des générations ») en gros entre ceux qui sont nés avant 1950 et ceux qui sont nés après.
Sans parler bien sûr des différences de statut, les ouvriers ou les employés arrivant en fin de carrière ou dans un proche avenir étant condamnés soit à percevoir une pension de misère, soit à poursuivre leur travail jusqu’à perpète (l’option semble-t-il du gouvernement actuel).
Les plus amers parmi ces derniers risquent d’être ceux qui se sont laissés prendre au discours lénifiant sur la « nécessaire » et très sacrificielle épargne complémentaire individuelle.
Ceux là seront les véritables victimes de l’inflation et, puisque je suis l’un d’eux, je n’ai qu’un conseil à leur donner : « Retirez tout, tant que cela vaut encore quelque chose, et allez vite vous saouler avec les jeunes ! ».
@ Ningùnotro
Je lis peu de SF mais, pourquoi pas, je jetterai un œil sur celui-là.
« Shiva dit :
18 janvier 2009 à 21:36
@NingúnOtro et JJJ
“En soi, la titrisation ne pose pas de problème majeur”.
A mon avis; si, la titrisation pose un problème. »
Shiva, je dis que la titrisation ne pose pas de problème majeur… parce-que celle-ci n’est qu’une surenchère devenu symptôme… c’est de la magie financière, mais elle ne fait qu’aller un peu plus loin que l’arnaque de base: la réserve fractionnaire!
Le grand mal est dans la réserve fractionnaire, et c’est pour cela que toutes les banques ont des problèmes, et pas seulement celles qui ont voulu être plus compétitives (dans le vol) que ce que permettait déjà cette réserve fractionnaire. La création ex-nihilo est difficile à comprendre parce-que d’une façon ou d’une autre on doit bien créer de l’argent nouveau pour représenter les nouvelles richesses produites et permettre donc l’échange symbolique de leur possession, don’t l’argent n’est qu’une étappe intermédiaire pour permettre le troc multibande et à fractions non-égales.
Le problème se pose quant à la légitimité des institutions auxquelles on permet cette création, et à la forme dont cette nouvelle monnaie, soit-elle fiduciaire en effectuant une échange préalable de valeur contre des billets et monnaies avec la banque centrale, ou directement scripturale est introduite dans le système.
Quand vous travaillez et vous produisez quelque chose, vous investissez du temps, des connaissances, des matières primes et un considérable effort… si ce que vous produisez vaut 1.000€… vous devez dépenser, investir peut-être 500€ et votre bénéfice n’est que la plus value qui reste… 500€.
Vous encaissez cette plusvalue, qui vous à couté bien de la sueur… et vous la déposez sur votre compte à vue…
Rien qu’en faisant cela… par la réserve fractionnaire, la banque, sans que une seule goutte de sueur intervienne (ils ont tous l’air acclimatisé dans leurs belles officines)… peut créer ex-nihilo 90% + 90% des 90% + … soit une série convergente vers le 100% d’argent NEUF, sans que personne n’ait fourni aucun effort de production phisique ou intellectuel (oui, c’est bien EX-NIHILO, nul effort).
Peu importe après de quelle façon la banque injectera ce nouveau capital dans le système (faire un prêt, acheter des actifs -leur préféré dernièrement, parce que les actifs resteront lorsque la monnaie s’effondrera, et c’est bien pour cela qu’ils préfèrent bien sur au lieu de faire des prêts qui disparaitront avec la monnaie-)…
Finalement, schématisé sur une seule opération, mais extensible au mélange de toutes dans l’ensemble, nous nous trouvons avec:
Production réelle:
500€
Argent circulant:
500€ du producteur (bien gagné)
500€ de la banque (gratuit)
Évidemment… cela cause immédiatement une inflation bestiale, parce-que le total de la production (valeur 500€) s’échangera finalement bien contre le total de liquidité disponible… (nominal 1.000€), une dévaluation instantané de 100%.
Si cela n’est pas immédiatement évident au citoyen lambda, c’est parce-que l’inflation sur un panier basique de produits (l’alimentation physique et spirituelle de l’esclave… est indexé, alors que l’inflation et la compétence pour l’achat de tout autre actif est libre et bestiale…
Le problème avec la reserve fractionnaire… est le même qu’avec celui du droit d’organiser des lotteries… l’arnaque est tolérable SEULEMENT… si toutes les bénéfices sont socialisés! Ors, depuis 1973, et cela à échelle mondiale, elles ne le sont plus… elles n’alimentent que quelques poches privées.
En plus, des poches extrèmement malades, car elles usent la plupart de cet argent pas pour faire le bien de l’humanité, mais pour se livrer une guerre économique fratricide entre eux (les initiées). De ce point de vue, on peut comparer les subprimes avec une nouvelle arme de destruction massive contre l’adversaire qui ne serait pas capable d’en comprendre le méchanisme accélérateur… et comme nul d’eux est idiot ni suicidaire, des que l’arme fut inventé tous durent l’incorporer dans leur arsenal, qu’ils voulerent ou non.
Pourquoi lire Emphyrio de Jack Vance, Paul?… Lisez donc, vous comprendrez! Entre autres, cela m’évite d’avoir à écrire 300 pages moi-même pour ne pas dire mieux…
@ Daniel Dresse
C’est une option, la saoûlerie; et ce qui n’a pas été bu, le convertir en napoléons : la « relique barbare » n’a sans doute pas dit son dernier mot…
@NingúnOtro
Si la réserve fractionnaire =100% les banques ne peut plus rien prêter à personne… Peut-elle « jouer » avec les dépôts ou est elle simplement un gros coffre fort ?
Si la banque prête plus que les 500 € que vous lui avez déposés, ces € serviront à l’emprunteur pour qui lui aussi puisse avoir la possibilité de gagner 500 € sur les 1000 € de son chiffre d’affaire…
Le résultat de tout cela est que le pays augmente son niveau de vie (son PIB-quelque-chose) et que la BC peut imprimer de nouveaux billets.
Le pays augmente son niveau d’intoxication.
@NingúnOtro
Bonsoir,
J’allais vous répondre: » à votre avis faut-il plus ou moins de réserve fractionnaire ? », je n’avais pas lu le commentaire de Pierre (bonsoir aussi !).
Il y a deux écoles sur ce blog, ceux qui pensent que la banque prêtent les dépôts et ceux qui pensent qu’elle crée la monnaie des crédits sans toucher aux dépôts. Tous s’accordent à penser que la monnaie des crédits se retrouve dans les dépôts, au moins en partie.
Pour les premiers la monnaie remboursée (capital + intérêts) par les emprunteurs n’est pas détruite au retour, c’est un actif peu liquide qui retourne au passif sous forme liquide et peut donc être réinjectée éventuellement dans un nouveau prêt.
Pour les seconds la monnaie remboursée par les emprunteurs est détruite au retour, la banque conservant uniquement les intérêts.
Les réserves fractionnaires sont généralement évoquées par les seconds comme un « limitateur légal » du crédit qui interdit aux banques de prêter plus que « X% » de leurs dépôts (90%) voir pour certains « X fois » les dépôts (9 x). Or dans les règlements Européens, rien ne lie le total des dépôts dans un IFM à ses limites d’émission de crédit. La règle de réserves obligatoires stipule que 2% des dépôts des clients d’un IFM doivent être transférés sur un compte spécialement prévu à cet effet (compte de réserve) obligatoirement ouvert à sa banque centrale nationale.
Dans les règlements mondialement appliqués (Bâle II) le imitateur de crédit appliqué aux IFM (Ratio Mac Donough) lie le volume de crédit accordé par les IFM, par tranches de risques, à leurs fonds propres dans un rapport de 4 (plutôt 6 dans les fait) à 8%.
Il faut savoir qu’en Europe (je ne suis pas aussi polyglotte que vous 😉 ) le plus fort ratio crédits/dépôts chez les IFM c’est (seulement) 3 fois plus de crédits que de dépôts et que la majorité font moins de crédit qu’ils n’ont de dépôts (- de 100%).
On est bien loin de ce qu’autoriserait la « loi des réserves fractionnaires » 2% soit 50 fois plus de crédits que de dépôts !
Je ne veut pas prendre parti dans « la querelle » d’ailleurs je n’ai pas (plus-pas encore ?) d’avis, mais il me semble que tant qu’à « s’exciter » sur qqc (comme dirait Pierre 🙂 ), c’est plutôt dans le « offshore », le « hors bilan », le maquillage, qu’il faut rechercher les scandales et les mécaniques de création des bulles-mongolfières financières et donc dans la titrisation et les produits servant à faire de l’argent sur l’argent.
Qu’en pensez-vous ?
PS: Si on regarde attentivement la vidéo de Paul Grignon, la partie création « chapeau magique » n’apparait qu’au début à la création de la banque, pour le premier prêt c.a.d. basée sur le ratio Mac Donough…
@Shiva
Dans les « limitateurs automatiques » de crédit vous avez oublié les fuites correspondant aux besoins en monnaie centrale (billets) que doivent assurer les établissements bancaires… environ 15% des dépôts à vue en France, plus en Espagne et en Allemagne. Ces fuites, qui s’ajoutent aux 2% de réserves fractionnaires obligatoires, sont beaucoup plus limitatives que le ratio Mc Donough.
@Stilgar
Certes,
Il s’agissait ici uniquement de mieux définir le rapport entre réserves fractionnaires et limitation légale du crédit.
A noter que la titrisation permet de rendre immédiatement liquide le crédit et donc de le développer en dehors des contraintes de fonds propres et de liquidités…
Merci
@ Shiva
Il faut rappeler que le calcul à partir des réserves fractionnaires ne produit ces chiffres mirobolants : 9 fois plus de crédits que de dépôts pour 10 %, 49 fois plus pour 2 %, que dans un seul cas de figure – qui n’a pas la moindre plausibilité dans le monde réel : qu’au sein de la chaîne de ceux qui empruntent, chacun utilise la totalité du montant de son prêt pour le déposer sur un compte à vue… tout en ne s’inquiétant pas du fait qu’il doive verser des intérêts pour ce privilège.
Il ne faut peut–être pas être trop surpris de ne pas observer une telle multiplication dans la réalité.
PS :
Même pas sur le fait de savoir si les réserves fractionnaires interdisent aux banques de
1) prêter plus que « X% » de leurs dépôts (90% pour RF = 10%)
2) prêter plus de « X fois » leurs dépôts (900% pour RF = 10%) ?
@Paul
@Paul
La règle des réserves obligatoires imposée par la BCE aux IFM est d’immobiliser en compte de réserve 2% des dépôts des clients et donc permet le prêt (ou tout autre utilisation) des 98% restant. Évidement pas de permettre le prêt de 49 fois les dépôts, ce qui de toute façon serait encore plus éloigné de la réalité du rapport prêts/dépôts observée. Et bien sûr par la même occasion cela laisse la thèse (à laquelle je souscris par l’acte de foi du béotien) du prêt des dépôts tout à fait plausible 😉
@Paul
Je répugne à envisager le « cycle » dépôts crédits ou inversement pour deux raisons:
-le passage par l’économie modifie certainement la monnaie, je n’ai pas de vision clair de ce que cela représente, mais c’est là qu’elle réalise son triple objectif, support de la création de richesse, échange de valeurs, support de valeur.
-les dépôts sont extrêmement volatiles et la monnaie initiale très rapidement éparpillée, atomisée, entre dépôts, conversions en fiduciaire, réutilisation économique, placement à long terme…
Donc lorsque l’on imagine toutes les banques en une seule et la masse des prêts exprimé en un seul qui à l’instant T retourne sagement au dépôt unique en fonction de la loi des réserves fractionnaires…
J’ai des doutes.
Je crois que l’on a tellement simplifié le modèle que l’on ne dit plus rien d’intéressant, en tout cas je ne me sens pas personnellement pour affirmer qu’il décrive correctement une quelconque réalité monétaire.
C’est pourquoi, concernant les réserves fractionnaires je préfère dire que 2% des dépôts doivent être immobilisés en banque centrale sans, à priori, créer une limite à la capacité de crédit de ma banque commerciale.
D’ailleurs ma banque s’en fiche des modèles globaux pour le grand public, elle mène sa propre politique concernant la création de crédit, pour elle le ratio de réserve est juste un déficit chronique de liquidités qu’elle doit compenser par l’emprunt sur le marché interbancaire.
@Piere Lang
Tout à fait …
Admettons que les banques (prises dans leur ensemble d’une zone) disposent de réserves excédentaires auprès de la banque centrale pour un montant de 100.
Dans la zone euro la demande de monnaie fiduciaire (liquidités) est constatée à +/- 15% des dépôts, et les réserves obligatoires sont de 2% . Les « fuites » sont donc de 17% (16,7% pour être précis puisque les réserves obligatoires de 2% sont calculées sur le retour des dépôts).
S’il y a demande de crédit des ANF, elles peuvent accorder un nouveau crédit de 100, et, en assurant le total des fuites de 17, il leur restera 83 de réserves excédentaires.
Ces réserves vont, à leur tour, permettre 83 de nouveaux crédits, et le total des fuites sera de 14,1 . Le solde des réserves deviendra 68,9.
Ces réserves vont à leur tour permettre 68,9 de nouveaux crédits, et le total des fuites sera de 11,7. Le solde des réserves sera de 58,1
Ainsi de suite pour arriver à ce que les réserves excédentaires soient de 0, puisque le total des fuites sera de 100.
Dans cet exemple, au total, à partir de 100 de monnaie centrale:
* les banques auront créé 599 (de crédit): coefficient multiplicateur (ou diviseur) de 6
* 90 se retrouveront en monnaie fiduciaire,
* 10 en réserves obligatoires auprès de la banque centrale
* le retour des dépôts dans le système bancaire sera de 509.
Tant qu’il n’y aura pas de nouveau refinancement de monnaie centrale, les banques commerciales (dans leur ensemble) seront « coincées ».
On voit bien que les banques ont tout intérêt a pousser sur les réglements sans monnaie fiduciaire
Il y a donc bien création de monnaie par le système bancaire à partir du montant de monnaie centrale dont elles disposent (base monétaire).
Encore une fois, le lien, ici d’inspiration nettement libéral, que je transmets ci-dessous, est pour que ses arguments servent au débat et non pas que je les soutiens entièrement. Je ne les soutiens que partiellement. Pour que l’intervention soit complète il faudrait transmettre en même temps un autre lien (il y en a mais je n’en ai pas un sous la main à l’instant) qui soit, disons « dirigiste » (que je soutiens aussi partiellement), car l’équilibre de ce sujet – se trouve entre les deux – et, l’histoire économique le montre, nous oscillons assez stupidement d’un extrême à l’autre.
Ma conviction, toujours confirmée par le déroulement de la crise, est que nous avons à faire à une combinatoire banques-États qui – verrouille – absolument toute porte de sortie salubre en matière économique et monétaire.La société reste toujours la cinquième roue de la charette…
C’est la production des biens qui doit remplacer les taux d’intérêts et l’or (et tutti quanti d’ailleurs). Cette – production des bien – est, par nature, l’étalon de la monnaie. La producction des biens est la raison d’être de la monnaie, vous en voyez d’autres?… Difficile à avouer?… Ensuite, quand cet équilibre vital est respecté sans aucune dérogation, et bien ceux qui veulent faire des des beuveries, des orgies financières, s’éclater et se shooter, subir les délices des gueules de bois, etc, pourront le faire à leur frais sans gêner les autres. Car gloser sur des concepts comptables y compris des manipulations de grande sorcellerie comptable relativement à la monnaie ou son « spectre », si cela fait progresser le bon éclairage sur des pratiques frauduleuses (police comptable? Pourquoi-pas), c’est fort bien. Mais il ne faut pas que cela nous entraîne loin des réalités économiques productives – à refleter – techniquement, et non plus pour des stratégies dont le but principal est, sempiternellement, de s’assurer la dominance générale. Voir:
http://www.quebecoislibre.org/031220-10.htm
@ Rumbo
On a parlé de litote quand j’ai évoqué un « appel du pied extra-parlementaire ». Que dire alors quand un pamphlet « libertarien » est appelé par toi « libéral » ?