Billet invité.
De deux dangers, choisir le moindre
Chaque jour apporte son lot de nouvelles impressionnantes et renforce le sentiment que, en dépit de tous les plans mis en place par les gouvernements, toutes natures confondues, la crise financière ne fait que s’installer dans la durée et s’approfondir. Les fils des agences de presse lui accordent une large part, qui prend le pas sur les deux grands sujets internationaux du moment, la crise du gaz Russe et la situation à Gaza. Voici ce que leur suivi donne aujourd’hui mercredi 14 janvier.
Lorsque les hommes politiques sont questionnés sur leurs pronostics, ils préfèrent désormais dire, comme mardi sur Canal+, l’a fait François Fillon, le premier ministre, que « personne n’était en mesure de dire quand la crise économique s’achèvera ».
La situation du secteur bancaire n’incite en effet pas à l’optimisme. HSBC, Citigroup et une pléiade de grandes banques allemandes, dont la Deutsche Bank et à nouveau HRE, ou l’autrichienne Erste Bank, ont toutes manifesté au grand jour d’importants signes de faiblesse.
La RFA est au cœur d’une tourmente, la Deutsche Bank, numéro un allemand, qui vient de fusionner avec Postbank, ayant annoncé 3,9 milliards d’euros de pertes pour 2008 et les analystes se demandant si elle va longtemps encore pouvoir se prévaloir de ne pas avoir frappé à la porte de l’Etat, contrairement à sa concurrente Commerzbank, la deuxième banque du pays. Une nationalisation partielle de HRE est elle, par ailleurs à l’étude, en dépit des 80 milliards d’euros d’aide et de garanties déjà accordés par l’Etat. L’Etat joue désormais en Allemagne un rôle prépondérant dans le secteur bancaire.
Les ordres de grandeur se chiffrent toujours en dizaines de milliers de dollars ou d’euros dans cette crise. Morgan Stanley vient d’adresser à ses clients une note d’analyse selon laquelle HSBC ne devrait pas éviter une recapitalisation à hauteur de 20 ou 30 milliards de dollars, faisant immédiatement chuter l’action du groupe, car ayant immédiatement fait l’objet de fuites dans les médias.
L’américaine Citigroup est, elle, en pleine débandade. Après avoir aligné quatre trimestres déficitaires d’affilée, générant un déficit cumulé dépassant les 20 milliards de dollars, elle devrait encore enregistrer une lourde perte au dernier trimestre de 2008. Bien qu’ayant été recapitalisée à hauteur de 22 milliards de dollars par des investisseurs étrangers, avant que le Trésor ne la sauve en lui apportant 45 milliards de dollars à l’automne, Citigroup ne valait plus que 30 milliards de dollars lundi après la clôture de la Bourse.
Sur l’enveloppe de 250 milliards de dollars prévue, l’Etat fédéral américain a déjà versé à 257 établissements bancaires banques 192,3 milliards de dollars, ce qui laisse déjà à penser qu’il sera vite à cours de munitions.
Dans une telle débâcle bancaire, il serait étonnant que le crédit reparte et l’on n’entend même plus de prières adressées en ce sens. Pas plus que de fervents appels au « retour de la confiance ». Le temps aidant, les entreprises commencent à entrer en grand nombre dans des situations financières périlleuses. Elles peinent à renégocier leurs lignes de crédit avec les banques, et consentent des taux très élevés lorsqu’elles vont sur le marché obligataire, afin de placer leur émissions. Cela a été le cas en ce début de semaine pour Vivendi et Saint-Gobain. Mais seules les plus grandes d’entre elles ont accès à ce marché, alors que la titrisation, qui joue un rôle grandissant dans le financement de la trésorerie des entreprises en général est, elle, bloquée. Facteur aggravant, des entreprises de premier plan voient leur notation abaissée, surenchérissant le coût de leurs opérations de financement. C’était aujourd’hui le cas d’EDF.
Dans ces conditions, les entreprises cherchent à préserver à tout prix leur trésorerie, quitte à suspendre des programmes d’investissements pourtant hautement stratégiques. C’est le cas de Renault, ou d’EADS, qui viennent toutes deux de l’annoncer. « La priorité absolue est la gestion de la trésorerie et donc le pilotage des stocks », a déclaré le directeur commercial de Renault, Patrick Blain. « Nous ne procéderons pas a une acquisition majeure tant que durera la crise », a indiqué Louis Gallois, président exécutif d’EADS, la protection de la trésorerie du groupe, évaluée à 9 milliards d’euros fin 2008, étant « prioritaire ».
Les perspectives sont telles que l’on est même entré dans le royaume de la bricole. Louis Gallois, lors de la même conférence de presse tenue à Newport (Grande-Bretagne), a également annoncé que « nous sommes prêts à accroître notre soutien financier à nos clients (…) pour protéger nos livraisons pour 2009 ». Un soutien qui pourrait aussi concerner les « fournisseurs » du groupe, qui s’apprête à jouer résolument à la banque.
Quand ce n’est pas un grand groupe, c’est l’Etat qui étudie de s’y coller, dans un secteur où les groupes de tête n’ont pas les moyens de jouer à ce jeu-là, celui de la construction automobile. Si Renault annonce envisager une émission d’obligations convertibles en actions – ce qui en dit long sur ses espoirs d’y faire face autrement qu’en accueillant à leur échéance ses investisseurs dans son capital – le gouvernement français est « en train de réfléchir à des mesures beaucoup plus ambitieuses qui consisteraient, en réalité, à financer presque directement les grandes entreprises automobiles qui n’arrivent pas à trouver sur le marché financier aujourd’hui les sommes dont elles ont besoin à des niveaux, à des taux qui soient raisonnables », a déclaré François Fillon.
L’Etat a déjà accordé un prêt à taux réduit d’un milliard d’euros pour les établissements financiers filiales des constructeurs français qui financent les achats de voitures à crédit. Il a en outre annoncé la constitution d’un fonds de soutien à la sous-traitance doté de 300 millions d’euros. Il se prépare à remonter d’une manière ou d’une autre au capital de Renault et à s’impliquer, « presque directement » déclare délicieusement François Fillon, dans la construction de voitures. Peugeot ne sera pas oublié et la seule question qui fait débat, pour ces deux entreprises, est de trouver une formule évitant un apport pur et simple en capital. Il y a déjà eu les prêts subordonnés pour les banques.
Après avoir partiellement nationalisé trois de ses principales banques et lancé un important plan de relance économique, l’Etat britannique, comme d’habitude plus directement au cœur du sujet, a mis au point un plan massif de garantie des prêts aux PME. Selon le ministre du Commerce, Peter Mandelson, qui est intervenu sur la chaîne d’information permanente « Sky News » l’Etat va garantir partiellement le remboursement de prêts à court terme accordés à des petites et moyennes entreprises (jusqu’à 500 millions de livres de chiffre d’affaires annuel), permettant « de sécuriser jusqu’à 20 milliards de livres de lignes de crédit », soit quelque 22 milliards d’euros. L’Etat garantira aussi un milliard de livres supplémentaires de prêts aux petites entreprises, et mettra en place, avec le soutien d’établissements bancaires, un fonds de 75 millions de livres qui investira directement dans le capital de PME en difficulté. Lord Mandelson et le premier ministre Gordon Brown ont expliqué qu’il était « crucial » de sauver les petites entreprises menacées de faillite non pas en raison de difficultés propres, mais parce qu’elles n’arrivent plus à se financer correctement du fait de la frilosité des banques à leur prêter de l’argent.
Une étude, dont le Financial Times fait état dans son édition du 13 janvier montre en effet que les entreprises britanniques doivent faire des pieds et des mains pour conserver leurs crédits auprès des banques, citant le cas de certaines d’entre elles utilisant les crédits à leur disposition pour des dépenses inutiles, ou pour acheter des titres en bourse, uniquement afin de préserver le renouvellement à l’identique de leur ligne de crédit.
Ce rapide survol de l’actualité, excluant pour l’essentiel le gros morceau des USA, ne serait pas complet s’il n’était pas fait mention de premières alarmes qui sonnent à propos d’un autre domaine du crédit, celui de la dette publique. Les notes de crédit de la Grèce ont été dégradées mercredi par l’agence de notation Standard & Poor’s, qui les a abaissées de A/A-1 à A-/A-2. La Grèce devient ainsi le premier pays de la zone euro à voir sa note dégradée, après avoir été mise vendredi dernier sous surveillance négative par S&P. L’Irlande, le Portugal et l’Espagne sont dans le même cas.
Cette dégradation est préoccupante pour la zone Euro, elle signifie que les écarts se creusent entre pays membres quant au coût du financement de leur dette publique, les plus faibles payant le prix le plus élevé, menaçant sa cohésion à terme. La disparité de traitement est déjà importante au plan international : le taux de rendement sur les obligations américaines à dix ans était mercredi de 2,31%, celui sur le bund allemand sur la même période de 3,01%. Pour la Grande-Bretagne, il s’établissait à 3,21%, pour la France, à 3,50% mais grimpait à 3,99% pour l’Espagne, 4,44% pour l’Italie, 5,37% pour la Grèce, 6,49% pour le Brésil et 7,83% pour l’Afrique du Sud.
Qu’en sera-t-il demain, étant donné l’énormité des besoins de financement publics ? Les Etats-Unis pourraient devoir lever sur les marchés 2.000 milliards de dollars pour financer leur déficit et leur dette, l’Europe la moitié, et les besoins de l’Asie restent encore à chiffrer ; ces taux d’intérêt ont toutes les raisons de grimper, accroissant le coût du service de la dette pour les finances publiques, faisant également monter ceux du marché obligataire privé, au détriment des entreprises. Sombre perspective, d’autant qu’elle laisse entrevoir la constitution d’une nouvelle bulle financière, adossée cette fois-ci aux dettes publiques, alors qu’il n’est pas exclu que certains pays puissent faire défaut au train où vont les choses.
Cette avalanche de chiffres un peu indigeste soutient une thèse précise : qu’il ne soit plus permis de croire que la phrase du début – la crise financière ne fait que s’installer dans la durée et s’approfondir – sacrifiait aux exigences d’un « catastrophisme » permettant ensuite de justifier la nécessité de solutions radicales. De fait, ce sont déjà des solutions radicales qui sont déployées. Celui d’entre nous qui aurait su prédire il y a un an ce qui se passe aujourd’hui aurait été traité d’illuminé. Jusqu’où les évènements pourront-ils pousser dans leurs derniers retranchements les gouvernants actuels qui n’ont d’autres solutions que de choisir les moins mauvaises d’entre elles ? Ils seront peut-être plus radicaux qu’ils ne s’attendent à l’être. Il est en tout cas aussi difficile de le prédire que d’annoncer la date à laquelle la crise actuelle prendra fin. Le dérapage, pour l’instant, continue. La finance, elle, campe autant que faire se peut sur ses positions et espère pouvoir demain se rendre indispensable, afin de le monnayer.
Le feuilleton que constitue à Washington le déblocage très politique du second volet du TARP ne fait que débuter. Comment ces 350 milliards de dollars vont-ils être effectivement utilisés ? Dans quel état exact le plan de relance de l’administration Obama, apparemment plafonné à mille milliards de dollars, émergera-t-il des débats au Congrès ? Quelle sera l’efficacité de l’un comme de l’autre ? Des doutes sont déjà émis sur l’insuffisance des efforts prévus, pourtant colossaux. « Le plan est-il limité par peur de la dette ? Il y effectivement des dangers à emprunter sur une grande échelle – et le rapport du Congressional Budget Office (CBO) prévoit un déficit de 1 200 milliards en 2009. Mais un effort insuffisant de sauvetage de l’économie serait encore plus dangereux » écrivait Paul Krugman dans sa chronique du « New York Times » du 9 janvier dernier. De deux dangers, choisir le moindre.
12 réponses à “L’actualité de la crise : De deux dangers, choisir le moindre, par François Leclerc”
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Drôle de crise, comme disait sans doute Paul dans un billet précédent.
Ce qui me sidère actuellement ce sont les incertitudes qu’il y a quant à l’origine de cette crise. On a parlé des subprimes au début, en voulant tout leur coller sur le dos et en espérant que l’incendie s’arrêterait là. Je pense qu’on a compris ici que c’est l’ensemble du système financier, de tous ses composants, du crédit, de la dette, de la confiance dans le système, de la régulation, etc qui est en cause. Le subprime n’aura été que le détonateur, le premier domino. Maintenant on est vraiment en haute mer, en eau trouble, par gros temps, en pleine obscurité je me dis. On navigue à vue et on ne voit rien !
Il y a des signes qui ne trompent pas je me dis. Par exemple à chaque fois qu’un haut dirigeant déclare que le pire est sans doute passé ou derrière nous, là je me dis en moi même : « Laurent, tu peux être sûr que c’est exactement le contraire, qu’il n’en sait rien du tout et qu’on va déchanter rapidement ». Quand il y a un rally boursier avec l’espoir d’une reprise rapide, je me dis : « Aie, il y a encore des gogos qui vont croire que ca va remonter durablement et qui vont encore se faire plumer ».
Une toute petite crise subprime, on en est arrivé à des politiques de plus en plus agressives, de plans de relances, en stimulus, en baisse draconienne des taux d’intérêts des banques centrales au point d’arriver bientôt au zéro absolu pour certaines banques centrales, des plans de rachats massifs des créances douteuses en tout genre comme cela semble apparemment le cas pour la FED (prêts, échange, achat, on ne sait pas trop à part que les comptes de la FED explosent et restent secrets), les TARP, les plans de recapitalisations, bientôt les émissions massives de nouvelles dettes de la part des gouvernements, le début du quantitative easing, la FED qui va sans doute commencer à acheter des bons du trésor avec de l’argent fraichement imprimé. Et résultat, quasiment rien pour l’instant, rien, on ne sait rien, on n’avance pas, mystère, manque quasi total de transparence, le crédit ne se débloque pas, les compagnies financières vont sans doute encore saigner avec les résultats du T4 2008, on va le voir ces prochains jours, et pire encore en plus de la crise financière qui ne se débloque pas, on a maintenant une période de fort ralentissement économique avec chute de croissance, les entreprises les plus diverses et plus seulement les financières qui vont être confrontées aussi à des pertes trimestrielles, et évidemment le chômage qui augmente inexorablement.
Quand j’entends les entreprises faire des plans de licenciement sur 3 ans ou 4 ans, je me dis : « Bizarre, la reprise devait commencer début du T3 2009 selon les spécialistes éminents et sources autorisées, donc rapidement, et pourtant les entreprises prévoient de licencier sur du bien plus long terme, est-ce qu’ils y croient vraiment à une reprise rapide ? »
Tant d’hypothèses pour l’avenir. Ce qui est certains c’est que beaucoup de gens vont souffrir et perdre de l’argent.
Beaucoup vont perdre leur travail. Beaucoup vont perdre du pouvoir d’achat, leur petites économies mal placées, leur pensions. On n’est certainement pas à l’abris d’autres mauvaises surprises genre Madoff, ou des événements extraordinaire genre mega faillite. Certains gros investisseurs vont se retrouver à sec, à cause des faillites d’entreprises, de l’effacement de leur capital en action, si par malchance ils se sont endettés avec levier sur de mauvais investissements attention les dégats, de maigres dividendes à venir sur les résultats de sociétés, des cours boursiers en chute de près de 40-50% depuis le pic de l’été 2007 et dieu seul sait jusqu’où cela va tomber et combien de temps il faudra pour revenir à ce même niveau de 2007. Il y a aussi cet espèce de consensus qui semble plus ou moins acquis sur la volonté (implicite ou non?) des autorités américaines à étendre à des niveaux insupportables et très risqués les comptes de la réserve fédérale et l’endettement de l’état américain, la fed et « helicopter » Ben Bernanke sur tous les fronts rachetant ou garantissant tout ce qui est possible de racheter en actif douteux que ce soit des CDO des mortgage backed asset ou tout autre produit financier complexe à terminologie barbare ou du commercial paper, la fed achetant en masse les nouvelles émissions de T-Notes Bills & Bonds du Trésor, les autres états et banques centrales plus ou moins obligées de suivre et faire pareil, un marché inondé de liquidité avec le risque d’une très forte inflation qui va encore plus laminer et dissoudre les rentiers et les grosses fortunes. Cela aura au moins le mérite de remettre tout à zéro comme ils disent, réduire l’endettement de certains, au final mieux répartir l’argent ? On va vers la bulle ultime qui dissoudra tout dans une gigantesque hyperinflation ?
Aie aie, si on ne fait rien l’économie s’écroule et c’est la faillite générale si on les écoute, si on fait quelque chose de trop on risque quand même de tout faire s’écrouler et de détruire les système monétaires. Vu les risques encourus par ceux qui détiennent les clés et les richesses du système, je me dis que pour en arriver là où ils veulent en arriver, la situation doit être bien grave, au moins potentiellement aussi grave que dans les années 1929-1933.
Finalement comme disait quelqu’un sur un blog de survivance, quelle que soit la crise, son issue, déflation, stagflation, hyperinflation, je crois que je devrais bien méditer à acheter de l’or physique en lingot et pièces (et pas de l’or papier, on va pas se refaire un remake de la crise des tulipes hollandaise ou de l’affaire John Law, je commence à me méfier sérieusement des promesses papiers, des engagements de remboursements etc ;))
Bonjour Paul
Auriez vous la possibilité de réduire la largeur de votre page à la norme d’un blog ou autre car en passant à un résolution supérieur de mon écran , la mise en page ne suit pas .
merci encore
Raymond
Qu’en sera-t-il demain, étant donné l’énormité des besoins de financement publics ? Les Etats-Unis pourraient devoir lever sur les marchés 2.000 milliards de dollars pour financer leur déficit et leur dette,
Pourquoi vouloir toujours » lever sur les marchés » les besoins de financement des Etats. La simple émission monétaire, si elle était rendue aux Etats, comptablement compensée par les actifs créés, devrait permettre de se passer de ces appels aux détenteurs de capitaux, et donc de leur payer des intérêts.
De plus, il n’y aurait besoin que de « rembourser » les amortissements.
Thomas Edison soulignait, dans une interview publiée dans le New York Times en 1928, alors qu’il était de retour d’une inspection à la centrale électrique « Muscle Shoals », en construction, sur la rivière Tennessee :
P.S.: Vos chiffres semblent ridiculement faibles 😉 quand on les compare aux 17 000 milliards de dollars de dépréciation des actifs boursiers mondiaux entre le 1 er janvier et le 31 décembre 2008 : beaucoup de gens s’apercoivent qu’ils sont moins riches que ce qu’ils pensaient…
Ce qui vaut pour une centrale hydro-électrique ne vaut pas pour une économie en surrégime. La centrale pourrait mieux se comparer au service public. Elle n’est pas faite pour croître indéfiniment à grande vitesse. Elle assure le bon fonctionnement des actiités existantes.
J’aurais du mettre la phrase de Francois Leclerc » Qu’en sera-t-il demain, étant donné l’énormité des besoins de financement publics ? Les Etats-Unis pourraient devoir lever sur les marchés 2.000 milliards de dollars pour financer leur déficit et leur dette, » en citation ou en italique
@Le fils d’Ariane
merci pour votre citation extrêmement intéressante et brûlante d’actualité. Une vraie pépite.
C’est fascinant de constater que plus de 80 ans après la crise de 29 nous réfléchissons sur des thèmes comparables à ceux dont avaient débattu nos prédécesseurs.
Ces derniers avaient déjà tracé quelques sillons dans de nouveaux champs de la réflexion. Puis ce fut l’oubli.
@ Lacrise
« Elle (la centrale) assure le bon fonctionnement des activités existantes »
Cette remarque est très pertinente.
Le problème qui nous préoccupe tous n’est-il pas justement que l’économie mondialisée s’est éloignée à grande vitesse de toute notion de bien public ?
Derrière la notion de service public il y a cette notion fondamentale qu’une activité économique sert la collectivité des humains et non plus l’inverse, la règle qui prévaut aujourd’hui.
Le type particulier de rapport économique qui lie la centrale à l’économie toute entière, et, au delà à l’histoire de la communauté des humains, devrait être le principe canonique à l’aune duquel toute activité économique devrait être jugée, valorisée selon de nouveaux critères, qui bien entendu ne seraient plus ceux de la capitalisation boursière, ou alors d’une bourse qui aura été préalablement encadrée par les principes d’une constitution pour l’économie telle que définie par Paul Jorion.
Le problème n’est pas tant celui qui consiste à faire marcher la planche à billets que celui de l’emploi et de la destination de la monnaie crée.
Les banques centrales vont déverser quantités astronomiques de monnaie dans le système bancaire mais cet argent ne vaudra plus rien — ou créera de nouveaux désastres — car les activités productives qui en seront les contreparties seront toujours évaluées selon les mêmes critères, ces mêmes critères au nom desquels de doctes économistes nous avaient indiqué que l’accroissement des richesses globales était inéxorable et, pour reprendre une formule autrefois appliquée à l’URSS, « globalement positif ».
Toute activité écononomique ne pourra plus faire l’économie d’une estimation qualitative, ou alors une estimation quantitative qui renvoie à des critères qualitatifs.
A ce propos, où en sont les travaux de la Commission sur la Mesure de la Performance Économique et du Progrès Social créé en janvier 2008 par Nicolas Sarkozy et confiée à Joseph Stiglitz, Amartya Sen et Jean-Paul Fitoussi ? Cette comission devait revoir les critères qui président à la mesure de la croissance.
@ le fils d’ariane
J’aurai du préciser que cette somme de 2.000 milliards de dollars représentait des besoins de financement immédiats, tels qu’ils peuvent être actuellement évalués.
Vous tirez un trait sur les banques centrales, en écrivant : »La simple émission monétaire, si elle était rendue aux Etats, comptablement compensée par les actifs créés, devrait permettre de se passer de ces appels aux détenteurs de capitaux, et donc de leur payer des intérêts. »
Cette éventualité n’étant pas la plus probable, on peut néanmoins considérer que les banques centrales pourraient, elles, acheter des obligations d’Etat en battant monnaie. Au passage, ce n’est pas simple pour la BCE, en raison me semble-t-il de son actuel statut. Mais que la Fed achète des Bons du Trésor US, en théorie c’est effectivement possible. Inutile de vous dire que cela ne serait pas sans de profondes conséquences, notamment pour le dollar et son statut actuel.
bonjour à tous.
@ François Leclerc : je trouve vos deux contributions d’hier et d’aujourd’hui très vulgarisantes, au noble sens explicatif du terme.
question : peut on vous lire régulièrement, voire quotidiennement ? à quel endroit ?
@ Paul : vous avez un choix tres sûr dans le choix de vos intervenants et contributeurs. recevez mes vives félicitations.
Vincent
@ vincent
Je suis comme vous, j’essaye de comprendre cette gigantesque crise, en me mettant d’abord à l’écoute des faits. Je vais continuer de participer au blog de Paul Jorion sur ce thème de « l’actualité de la crise », en espérant que d’autres y contribuent. Car le monde de la finance est vaste et peu disert.
@ François Leclerc & Paul Jorion:
Rassurez-vous, j’ai comme l’impression que assez de gens savent exactement ce qui se passe en ce moment et comment cela ce passe… la bande de faucons (je dirais même faux cons) qui terrorise les pigeons est allé trop loin dans les surenchères en se faisant la compétence libre et non faussée pour se piquer le trône de l’efficience les uns aux autres, et ils se trouvent devant le dilemme du prisonnier. Ils mentent tous, parce-que si un seul d’entre eux chantait ce serait la guillotine sure pour tous, tellement impardonnable à été leur abus. Ils nous mèneront même tout droits à une troisième guerre mondiale pourvu qu’on passe à autre chose, tant ce qu’ils ont à perdre leur est cher… la crédibilité, l’honneur, la confiance, l’est tout pour un banquier. Sans cela, ils n’existeraient pas, et c’est bien pour cela que cela doit finir, pour qu’ils n’existent plus.
La crise des subprimes n’est que une des arnaques du système bancaire, une surenchère ingénieuse de la supercherie de base qu’est la réserve fractionnaire… pensez-y, analysez comment la réserve fractionnaire revient en somme au fait que pour chaque 1.000€ de produit avec de la sueur et des matières primes, la banque crée, pour son seul bénéfice et sans le moindre effort 1.000€ supplémentaires… ce qui donne à la fin une dévaluation immédiate de 100%, car la richesse matérielle produite est bien 1.000€, mais le capital mis en circulation et capable donc de se concurrencer pour l’achat est donc bien de 2.000€. C’est à dire, finalement ces 1.000€ de production réelle vont bel et bien couter les 2.000€ que le marché est capable de dépenser.
Dans ce jeux, tant les travailleurs comme les producteurs sont les dupes des banques (ces derniers s’ils ne sont pas déjà la propriété des banques -ou les multinationales qui se cachent derrière ceux-ci, car le montage total est bien sur multi-disciplinaire-).
La spirale d’inflation crée par i’injection des montants issus de la création monétaire ex-nihilo est auto-expansive, car elle force tout le monde à demander des prêts, mais ces mêmes prêts font les réserves pour la suivante tranche de création ex-nihilo.
Entretemps, comme ceci reste plus ou moins caché, l’IPC ne s’envole jamais à hauteur de l’inflation induite dans le système par la création ex-nihilo, et on arrive au fait que les travailleurs et les producteurs n’arrivent plus à compenser par une hausse de productivité la chute de pouvoir d’achat ou d’inversion automatiquement installé dans le système… leur travaill ou leur production n’est plus assez compétitive pour se payer l’existence.
Les vautours qui nous ont mis dans ce petrin craignent la colère des justes… mais aucun ne cedera tant qu’un seul d’eux pense que ce système peut encore se sauver. Vous vous imaginez la honte, ceder à la tentation de tout confesser quelques heures avant que par miracle le reste des vautours arrive à se sauver? Quelle honte, quel mauvais calcul…
Non, ils joueront jusqu’a la fin.
A nous de leur enlever le jouet avant que cela ne soit trop tard… ce trop tard sera de toute façon que tout et n’importe quel argent, soit ce fiduciaire ou scriptural ne vaudra plus rien… parce-que personne ne voudra plus changer des actifs matériels (et même inmatériels) contre des promesses qui pourraient bien ne plus être honorés d’un moment à l’autre. Un moment à l’autre qu’ils essaient de repousser pendant qu’ils prennent le fric des états pour acheter DES ACTIFS MATÉRIELS, nécessaires pour poursuivre leur bataille par d’autres moyens lorsque le système financier terminera de s’écrouler (c’est bien pour cela qu’ils ne le convertent pas en prêts pour les particuliers et les entreprises… parce-que les prêts pourraient, et ils connaissent la réalité du risque… ne pas être honorés).
Maintenant, si vous voulez retourner à commenter la propagande pour les citoyens lambda… je vous laisse entre vous.
Aux faits… quelqu’un à t’il lu Emphyrio, de Jack Vance?