Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je reçois ce soir de l’un d’entre vous un courrier intitulé « conclusion provisoire ». Ma réponse est celle-ci :
Ce blog aura bientôt deux ans. Il m’est apparu à l’époque où je l’ai lancé comme le relais naturel – et économe – des e-mails que j’échangeais dans tous les sens avec des amis. Il s’est poursuivi pendant un an comme un monologue : peu de lecteurs, peu d’échanges (je me souviens du moment, au bout de six mois, où l’on dépassa les quarante lecteurs quotidiens), puis il est devenu dialogue, et j’ai alors rencontré certains d’entre vous à Paris sous le regard bienveillant de Fustel De Coulanges.
Puis il est devenu cacophonie, envahi par un mélange d’enthousiasme bruyant et de désinformation malveillante. J’ai alors réduit et canalisé mes interventions et les vôtres pour ramener un semblant d’ordre. Depuis, il poursuit son cours, entre dialogue et cacophonie et c’est sur cette crête incertaine et périlleuse qu’il me semble présenter son meilleur rendement : être le plus proche de constituer ce cerveau collectif, ce cerveau « distribué », que nous évoquons vous et moi dans ces moments d’euphorie où nous avons le sentiment de progresser sur ces terrains à peine débroussaillés où nous sommes engagés.
Où va ce blog, je n’en sais rien. Quel avenir a-t-il encore, je n’en sais rien non plus : dans les moments de cacophonie je le condamne à mort dans la soirée et le ressuscite le lendemain matin. Ce qui me fait alors revenir sur ma décision, ce sont ces messages que vous m’envoyez où vous dites : je m’étais replié et je me déplie, j’étais seul et je ne le suis plus, j’avais cessé de penser et je pense à nouveau. Cela à soi seul justifie l’entreprise.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
39 réponses à “Conclusion provisoire”
Bonjour Paul,
Ce billet ne m’étonne pas. Je le sentais venir.
Comme le monde financier, un blog contient sans doute génétiquement sa propre crise de croissance et peut-être sa propre perte, si l’enthousiasme qu’il suscite devient trop grand.
Blog
Wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog) ne donne pas de définition claire d’un blog. En temps que développeur de logiciel Internet de la première heure, je risque celle-ci : »Un blog est un espace de partage, un site web créé à l’initiative d’un internaute. Son propriétaire partage ses expériences. C’est lui qui apporte la matière et le contenu principaux ». Un blog est owner oriented. Je dirais que les dialogues qu’il devrait susciter devrait être limités, et sans doute hautement contrôlés par son propriétaire, donc à haute valeur ajoutée et facile à suivre par un nouvel arrivant. Si je devais ouvrir mon site (j’en ai 3 plus un blog en gestation), je choisirais ce que j’y mets, parmi mes idées et les conclusions du courrier que je reçois et trie.
Forum
Un Forum (qui devient vite de la « cacophonie ») est une autre chose totalement différente. On les connaît depuis l’origine d’Internet. Un forum est visitor oriented. Ce sont les visiteurs qui apportent la matière. Ils sont libres ou non de créer de nouvelles discussions. Parfois un modérateur intervient pour éviter trop de dérive et de cacophonie. On le laisse vivre, motorisé par les visiteurs
Blog + Forum + ponts entre les deux
Si j’étais à votre place, j’étudierais la création d’un espace de forum relié par des ponts (liens) au blog. Je suppose que je créerais les discussions du forum moi-même sur base des demandes des visiteurs du blog et de ce que je lis dans leurs conversations. Les discussions évolueraient librement et j’aurais peu de supervision à effectuer pour limiter la cacophonie et les dérives. J’irais à la pêche du côté forum de temps en temps. Du côté blog, au contraire, je limiterais les commentaires aux plus pertinents et mes propres interventions de façon à ce que les commentaires soient un prologement du billet initial (comptes rendus, digests, idées neuves, etc) avec des liens vers le forum correspondant de façon à diriger le trop plein (de message et de travail de tri) vers le forum correspondant. Le Blog serait un produit à valeur concentrée
Dans le cerveau humain, il y a une zone responsable de trier l’info qui vient des 5 sens. C’est un filtre qui dirige uniquement les infos jugées utiles vers une autre zone d’analyse (le blog)…
Je n’ai qu’un seul mot de conclusion : Chapeau pour ce que vous faites
Bonne journée
@ Pierre Lang pour le moment… Depuis dimanche je n’arrive pas à communiquer sur ton blog ; problème? messages : « Internal Server Error », « No Found »…
ma définition du blog: un lieu où la société se redécouvre horizontale et réinvente le monde sans soucier des vieilles hiérarchies appelées à disparaître. Malgré sa colonisation par la pub et l’idéologie marchande, l’internet reste le lieu de l’Utopie démocratique. Dans toutes les associations auxquelles j’appartenais et qui agissaient sur le net, nous nous disions la même chose: malgré la fatigue et les agacements il faut tenir, il faut sauvegarder ce qui nous a uni et poursuivre. Si nos partons qui nous remplacera? Si nous n’écrivons plus que sera-t-il donné à lire? Il faut occuper l’espace, s’imposer comme on dit. Et ne jamais s’excuser.
un forum: quelle belle idée! C’est beau comme une salle de classe. Tout le monde déteste le bruit qui peut y règner. Mais comme les gens sont bêtes de détester cette effervescence. Elle est magnifique cette effervescence. C’est là qu’on y apprend ce qui nous manque: l’écoute.
Bien vu !
Pour ma part, j’ ai remarqué plusieurs métamorphoses du cerveau collectif depuis sa création.
Au départ, peu de participants, mais contenu très pertinent des commentaires (blog peu connu de la masse, lu par des personnes déjà très cultivées)
L’ arrivée de prosélytes a rendu nécessaire l’ activation d’ un premier système de défense (immunitaire) verrouillé sur la nature prosélyte ou non du commentaire.
Ensuite, arrivée de la masse, impossibilité de construire un raisonnement, chaque nouveau contributeur , n’ ayant pas le temps materiel de lire ou d’ intégrer les contributions précédentes: fin de la fonctionnalité du cerveau collectif.
La fonctionnalité de ce cerveau ainsi organisé ( peu de filtres, pas de hiérarchie de classement des contributions,…) est bornée par une limite au nombre de contributeurs.
Il n’ est pas surprenant que le cerveau ai perdu sa fonctionnalité.
Ainsi, on peut imaginer créer une zone supérieure qui serait un espace ou vivraient les commentaires qui relèvent de la raison bien argumenté, et une ou des zones inférieures (végétatives) ou seraient stockées les commentaires relevant plutôt de l’ opinion, mais immédiatement utilisables en cas de besoin dans la zone supérieure.
On retrouverait sûrement de la fonctionnalité.
@ tigue,
Oula oula oula…oulalalalala
@ Tigue
Encore plus facile : vous fabriquez une machine à remonter le temps et vous retournez deux ans en arrière….
Sérieusement : ce que vous souhaitez, je crois, c’est éprouver deux fois le plaisir de la découverte de la même chose……im-po-ssible.
Maintenant la ruée est passée, il y aura moins de pépites à découvrir, c’est tout.
Si le blog de Paul Jorion est devenu un peu fouilli, c’est d’abord bon signe, non ? S’il devient lui-même sujet de débat (comment l’organiser ?), également. Tout cela est comme on dit la rançon du succès. Mais il ne faudrait pas la payer trop cher et tomber dans la – comment dit-il déjà ? – cacophonie.
Suggestion: ne pas filtrer, d’une manière ou d’une autre, car quels critères adopter pour juger de la pertinence ? La volonté du tout puissant blogger en chef ? Quel boulot quand il y a foule ! Mais ordonner, créer des cases, des rubriques, dont la nature varie en fonction des décisions de l’éditeur, ou peuvent être rangés par ceux qui les écrivent leurs commentaires. Non pas a posteriori mais a priori. A Paul Jorion l’initiative, d’ouvrir une rubrique ou de le fermer. Il le fait déjà d’une certaine manière, mais la quantité de commentaires qu’il suscite et la succession rapide de ses interventions fait que le fil des discussions se rompt ou devient difficile à suivre.
Il y a nécessairement un côté terre d’accueil dans cette entreprise. Elle mélange deux genres, celui du blog et celui du forum, et c’est aussi ce qui fait son intérêt, non ? Organiser les écrits des autres par rapport aux siens, c’est un travail d’éditeur numérique de troisième type.
Alez voir, autre exemple du même travail mélangeant journalisme et édition, le site américain « ProPublica », qui a en manchette « journalism in the public interest » (http://www.propublica.org/) comment les journalistes de ce site, qui est un peu le grand frère de Médiapart en France, proposent à leurs lecteurs leur sélection de liens vers des articles qu’ils ont lu et retenu comme intéressants: » Interested in what Paul Kiel is reading today? Read the articles around the Web he’s sharing [7] » (http://www.propublica.org/article/deck-stacked-against-bailout-opposition-090113)
@ tigue
oui enfin il faut un forum avec des thèmes prédéfinis par paul ou choisi par les internautes. Techniquement c’est facile à faire et cela ordonnera les choses. En outre, cette segmentation peut permettre une meilleure modération. Ce qui serait bien aussi ce serait des outils: le glossaire en train de se construire est évidemment intéressant; mais aussi une série de liens avec des fiches-lecture sur certain livres; des liens vers des articles…: le tout classé par thème. Qu’en pensez-vous?
Il me semble que le blog (ici) ne devrait contenir que les billets de Paul, sans aucun commentaire, mais avec un lien direct sur un forum type PHPBB où il serait recopié et où les commentateurs pourraient alors intervenir en plus des sujets qu’ils ouvriraient eux mêmes ..
Enfin, pour ce que j’en dis : c’était juste une idée qui passait par là…
Proverbe Peul (Afrique noire).
@Fab
vous vous êtes coincé qu’ eq chose ?
» où ils seraient recopiés » (les billets de Paul)
@tigue
Cette dichotomie, cultivés/non cultivés (élitisme) que vous pronez pour ce blog va à l’encontre de l’esprit qui en fait toute sa valeur.
@fab
Ca va mieux?
@madar
Un raisonnement n’ est pas forcément fait par un érudit.
Un « cultivé » peut avoir des opinions et peut aussi raisonner mal.
Un bon raisonnement n’ obéit pas forcément a la logique conventionnelle, il peut s’ appuyer sûr des croyances ou une spiritualité.
Érudit ou non érudit peut enrichir l’ information rangée dans les zones inférieures (zones végétatives ) ou l’ info pourra rapidement être retrouvée et utilisée dans les zones supérieures.
Surtout pas d’ élitisme, c est la mort cérébrale.
@tigue
Je voulais dire qu’il me semble que dans l’ensemble, le Blog de Paul nous offre cette liberté de discourir sur des billets (et des sujets rarement abordés) qu’il laisse au gré de ses humeurs , de son travail ou de ses découvertes.
A partir de cette base de reflexion qu’il crée, les commentaires suivent et ne se ressemblent pas toujours.
C’est pour ma part ce qui me plait aussi.
Rien n’empêche une amélioration « fonctionelle » ou technique cela dit.
Musicalement
mikl
On pourrait imaginer que celui qui poste son commentaire fasse lui même le choix de la zone opportune, en indiquant au début du billet « zone inf », de façon que paul puisse transformer le commentaire en un court lien vers la zone inf.
Ainsi la lecture du fil de « raisonnements » n’ est pas interrompue, par une opinion, mais son existence en réserve est matérialisée par un lien court.
Excellente proposition, qui appelle pourtant une question : comment sélectionner les meilleurs commentaires ?
Etablira-t-on des critères certains et assurés, objectifs et mesurables, en un mot quantitatifs ? Longueur des commentaires, voire des mots employés, récurrence des termes savants, coefficients de variations dans le vocabulaire utilisé ? On imagine l’appareil statistique ; peut-être qu’on sent en même temps la misère de qui s’emploierait à mesurer l’intelligence avec de si pauvres moyens.
Non, c’est plutôt par l’évaluation de la provenance des commentaires qu’on devrait procéder, cela paraît plus sage. Dès avant leur naissance, les commentaires sont probablement marqués du sceau de l’intelligence possible, de par celui qui l’a écrit. On imagine alors l’appareil sociologique : « seuls les ingénieurs financiers peuvent entrer ici » comme l’a écrit ironiquement Paul ; malheureusement on sent aussi qu’on y perdrait les très utiles et très pertinentes contributions des gardiens de nuit, des infirmières, des chômeurs, des professeurs de lycée, et même, horresco referens, des banquiers et des boursicoteurs ! Hélas, ce blog n’a cessé de le montrer, peut-être au grand chagrin de certains, l’intelligence est très également partagée, et quelque soit le milieu social d’origine.
Ce qu’il nous faut ce sont des institutions à la hauteur : pourquoi pas un conseil des sages ? Qui dit sages dit anciens : les vieux contributeurs seraient les mieux placés non pas pour écrire seulement mais pour sélectionner les commentaires intelligents ? Mais qui dit anciens dit peut-être aussi séniles, au physique comme au moral : se cooptant à mesure que disparaissent par épuisement les meilleurs d’entre eux, plus acharnés à défendre leur prestigieuse position et leur pouvoir de contrôle que leur mission. Et puis, qui nous garantit qu’un vieux contributeur, même blanchi sans le harnais, n’est pas arrivé là par le hasard de l’âge et non par une quelconque preuve d’intelligence ? Nous avons une académie et un sénat ; qui y songe une seconde, même pour rire, s’avouera amplement désillusionné : l’intelligence ne siège pas en ces lieux.
Non, le tempérament français est démocratique : sélectionner les meilleurs, c’est voter, c’est bien connu. Enfin, disons que c’était bien connu jusqu’à il y a peu, depuis qu’on voit régulièrement et systématiquement les plus manipulateurs, les plus procéduriers, les plus manœuvriers, les plus mensongers, les plus prompts à l’esbroufe parvenir sur le devant de la scène. Non pas d’ailleurs, comme on le prétend parce que le peuple sot se laisserait toujours séduire bêtement par le plus clinquant, mais parce que n’importe qui, pourvu qu’il soit doué d’une sensibilité normale, s’abstiendra rapidement de toute implication de fond dans un parti ou mouvement de quelque importance puisque, en l’état actuel des choses, cela exige de renoncer à toute décence et à toute cohérence, bref à toute personnalité. Et c’est par là que le champ libre est laissé, comme par défaut, à tous les arrivistes, qui sont donc les seuls à durer suffisamment pour se présenter jusqu’aux suffrages. Alors, voter pour les meilleurs commentaires ? C’est renoncer à la pépite qui conclut une note laborieuse. C’est la porte ouverte aux bons mots artificieux et vides de sens. C’est créer des interruptions artificielles dans le fil d’une conversation décousue souvent, mais construite tout aussi souvent sur une première question d’apparence anodine.
Comment sélectionner les sélectionneurs ? Voilà la question qui une fois un peu sondée permet toujours de repousser les « excellentes propositions » hiérarchiques de ce genre, qui sont donc excellentes au moins en ce qu’elles montrent la voie qu’il n’est pas possible d’emprunter. Ces « excellentes propositions » hiérarchiques se fondent toutes sur cette étrange étourderie qui consiste à éviter de parler des sélectionneurs, qui est sans doute en fait un postulat : la question ne se pose pas, ils feront partie des sélectionneurs, ou se seront fait bien voir d’eux et en tireront au moins quelque avantage de prestige.
Le cerveau collectif passe à un autre niveau… il réfléchit lui-même sa propre organisation quand il PRESSENT que cela est NECESSAIRE à sa survie… amusant, fascinant.
Il est vrai que la théorie politique ne s’est absolument pas intéressée aux différents modes d’organisation de la coopération sociale sur le web (la encore théorie et pratique devraient s’informer mutuellement plus qu’elles ne le font), c’est à dire aux différentes manière de distribuer des capacités à agir en fonction de la fin poursuivie par telle ou telle entreprise d’union sociale (pérenne ou provisoire). Le web comme union sociale d’unions sociales. Ca me donne encore des idées tout ça.
Y a un truc à faire là dessus.
@arianne : Un forum libre associe a chaque billet… L’espace commentaire ne joue-t’il pas deja ce role? 😉
PJ peut aussi piocher dans l’arsenal de gestion « democratique » des forums :
– necessite d’etre inscrit pour commenter.
– commentaires « depliables » (threads)
– systeme de notation des commentateurs pour juger de la credibilite d’un intervenant
– systeme de notation des commentaires , pour masquer les interventions jugees moins pertinentes.
et j’en rajoute un : possibilite d’editer ses propres billets pendants quelques minutes… Ca evite les commentaires trop impulsifs.
PS au post précédent : Je vois qu’on parle d’auto-sélection : cas que je n’avais effectivement pas envisagé. Quiconque a déjà participé à une assemblée, ou même à ces débats qui suivent les conférences (ou les films), aura constaté que seules les grandes-gueules sûres d’elles-mêmes et maîtrisant les codes du lieu l’ouvraient : parfois, ou même souvent pour se mettre elles-mêmes en valeur en s’écoutant parler. Les autres, qui peuvent être fort intelligents, se taisent, et pour toutes sortes de raison : par réserve naturelle ou par timidité, par manque de familiarité avec la procédure, etc.
Le dialogue est reconnaissance, reconnaissance par un autre de la valeur de ce que l’on dit (et par toutes sortes de moyens : y compris la contradiction). Cette proposition d’auto-évaluation suppose que « l’intelligence » se produise sur la scène toute armée et sûre d’elle-même, l’inverse du dialogue donc, et généralement un signe peu sûr « d’intelligence », ou de raison éclairée – on l’appellera comme on voudra – , mais plutôt de forfanterie et d’esbroufe.
J’ai beaucoup apprécié ce qui s’est dit ici, et merci à tous…
Faisant partie de ces visiteurs issus de la « masse » des artisans de la cacophonie, et plus vraiment bienvenu semble-t-il, je vais vous rassurer car ce blog à perdu beaucoup de son interêt à mes yeux depuis que P. Jorion a repris son activité.
Il est evidemment moins disponible, ce qui se comprend aisément, et beaucoup moins enclin désormais à parler des coulisses de la finance. Sans critique efficace, sans informations exclusives (voire salées…), il ne reste que des dialogues d’experts (prenez garde au « ad nihilo »…) qui de plus n’aiment pas être dérangés…
Ne pouvant pas participer à votre « cerveau collectif » dans son joli bocal, je continuerai pour ma part à m’interesser à l’ensemble des organes et à leurs interactions.
Si l’intelligence collective siège quelque part c’est certainement au Senat qu’on la trouve et pas à l’ Assemblée nationale qui n’est plus qu’une chambre d’enregistrement soumise au « fait majoritaire » (comme disent les constitutionnalistes, c’est à dire à la discipline de vote du parti, moyennant le soutien du parti aux prochaines élections).
Certes ce problème gagne aussi le Sénat, mais on n’en est pas encore à ce degré de déliquescence (curieuse inversion de l’histoire d’ailleurs, si l’on se souvient qu’à l’origine il s’agissait d’affaiblir le Sénat par l’Assemblée, puisque qu’aujour’hui c’est le Sénat qui joue le rôle de chambre d’équilibre, d’ajustement, de bouffée d’oxygène!). Il suffit de lire les rapports des commissions respectives pour se rendre compte de la cohérence, de la profondeur, de la rigueur par opposition à celle des parlementaires. Franchement c’est le jour et la nuit, quelque soit le sujet traité (en grande partie parce-que les sénateurs n’ont rien à perdre à ne pas être d’accord avec leur parti d’appartenance, et qu’ils n’hésitent pas pour des raisons divers et variées à pousser les choses au fond), et ceci laisse un gôut amer dans la bouche tant l’écart est grand entre ces deux représentations de la communauté politique.
L’idée d’un Sénat conservateur est également complètement partiale: le Sénat est certes conservateur en matière de moeurs, mais en matière économique et sociale il est bien plus progressiste que ne l’a jamais été l’Assemblée. La « HAUTE assemblée » mérite parfaitement son nom. N’en déplaise à tous ceux qui pensent bêtement, sous prétexte que le scrutin y est plus « démocratique » (ce qui ne va absolument pas de soi quand on y pense bien) et que les députés sont plus « civilisés » (réflexe de « citadin » arrogant qui pense sûrement mieux représenter les français…) que le Sénat empêche l’assemblée-chambre d’enregistrement (les gouvernements successifs d’énarques/prof/avocats de droite ou de gauche) de tourner en rond…
Je crois bien que j’en ferai l’un des premiers topics de mon futur blog si j’ai le courage d’en faire un cette année (je me souviens d’un article d’un journaliste minable de Capital ou de l’Express sur le sujet il y a peut être moins d’un an de ça, qui m’avait bien énervé). Désolé j’ai eu un vilain réflexe pavlovien, du genre viscéral.
@clive,
zavez lu de travers…
Relisez tout.
Tout d’abord je voudrai remercier P. Jorion d’avoir différé l’exécution de ce Blog car il n’y a pas beaucoup d’endroit où s’aérer l’esprit.
Par rapport à la cacophonie ambiante et la nécessité croissante de sélectionner les « bons » et les « mauvais » posts je suis assez d’accord avec Nikademus quand il nous présente les différentes manières de mal le faire.
Il y a cependant une possibilité qui n’a pas été énoncée :
Pourquoi ne pas être sélectionneur chacun son tour ?
Ainsi un groupe de sélectionneurs aurait les avantages du « conseil de sage » sans l’inconvénient de la nomination à vie.
Le groupe permettrait de réguler réactions intempestives.
Cela permettrait à un plus grand nombre de faire l’expérience de la charge, d’en comprendre les tenant et les aboutissants.
Cordialement
Va t’on rejouer le débat Strauss (Leo)/ Kojève ? La modèle de la « Secte » contre celui de la République des Lettres? Les Anciens contre les Modernes?
Je n’arrive pas à croire que vous ayez hésité à suicider votre blog Paul!!!! Ne faites pas ça! Certes son développement est un peu anarchique mais il m’a personnellement beaucoup aidé sur le plan de la motivation, sur le plan moral donc.
Je suis sûr qu’un webmaster assez doué pourrait rendre ce dernier beaucoup plus accessible (avec un moteur de recherche par pseudonyme/mot clé thématique) en faisant d’une des parties de ce blog (celle consacrée à la video discutée) une forme de « forum » par exemple, ce qui vous permettrait de garder la maîtrise de l’ensemble tout en continuant de nourrir le blog avec des sujets plus « techniques » en ingénierie financière, en anthropolohie, épistémologie des sciences… pas nécessairement tous les jours d’ailleurs.
@ antoine
Jusqu’à nouvelle configuration des rapports de force en présence, l’opposition conservateur/progressiste apparaît complètement vide de sens. Et pour preuve, on ne sait pas, à vous lire, si ce que vous estimez être le progressisme du sénat en matière économique et sociale consiste à faire passer le tombereau de « réformes justes et nécessaires » qu’on nous baille pour le prix de treize à la douzaine chaque jour, sous l’impulsion d’un président qui s’est fait élire sur le malentendu qu’il pourrait démantibuler toute la vie sociale mais en conservant par ailleurs, et comme par magie sans doute, des mœurs « à l’ancienne » qui subsisteraient alors, on ne sait où, en dehors des rapports sociaux réellement existant. Ou si, tout au contraire, selon vous, ce sénat est progressiste en matière économique et sociale à la manière de l’ensemble de la gauche actuelle, c’est-à-dire « en conservant et défendant les acquis sociaux », mais en se faisant en même temps les bons apôtres d’une sorte de « socialisme de manager ou de l’entreprise », ou alors encore, plus à gauche du côté du progressisme sans doute (il doit bien y avoir des sénateurs trotskystes : soit anciens, soit « entristes ») : progressistes dogmatiques en matière de mœurs, « conservateurs » ou sans idée en matière économique, et silencieux comme tous leurs confrères sur ce qui est finalement une des questions principales mais les plus tues du moment présent : les institutions, dont la leur en premier.Eh quoi ? On devrait tout voir changer et être condamnés à s’adapter constamment mais les institutions politiques d’il y a cinquante ans resteraient, hormis quelques ravalements de façades, par exception hors « d’un monde qui change en permanence »…
Je maintiens : l’intelligence ne siège pas au sénat ; j’ajoute : ce qui y officie nous prend pour des c… Et j’en ai autant envers l’assemblée nationale, si jamais « démocratique » elle a été, elle ne l’est plus, et en tout cas elle n’est plus à la hauteur des enjeux du temps présent. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le monde dans l’état où il est après leurs excellents travaux issus de leurs rigoureuses commissions.
Je ne doute pas, puisque vous le dîtes et que vous avez l’air de vous être penché sur la question, que certains de ses travaux puissent être plus cohérents, plus profonds, et plus rigoureux. Comme on pourrait sans doute trouver une banque plus honnête que ses consoeurs, un député plus intelligent et moins suiviste que son parti ne l’y oblige, ou encore, soyons fous, un parti avec un programme construit, honnête, décent, sincère, etc. : cela ne changera pas le fait que c’est la forme même qui a vieilli, et qui doit changer, en finance, en économie comme en matière politique. Il faudra bien que la discussion et le débat publics portent très bientôt sur ce point central de notre vie à tous.
Je n’imagine pas vous faire changer d’avis avec une si maigre argumentation d’humeur (mais c’est vous qui avez commencé, ;)), mais plutôt qu’une (bien vaine, pardonnez l’insistance viscérale) apologie du sénat, puis-je vous inviter cordialement, si ce n’est déjà fait, à visiter le site et le forum d’Etienne Chouart (lien sur ce blog en haut à droite), et à compulser les excellentes références qu’il fournit (notamment le très instructif ouvrage de Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Champs Flammarions, 1995, que j’ai découvert sur sa recommandation, et qui discute de manière extrêmement intéressante les aspects aristocratiques des élections et des institutions démocratiques et présente quelques moyens historiques qu’on a eu d’y pallier, plutôt dans les temps anciens, il faut le dire.
contre l’approche verticale prônée par Tigue ce blog s’étale horizontalement, la structure traditionnelle des pouvoirs est dérangée et dérange, mais c’est le propre de la démocratie que de laisser aux minorités une expression. Sinon il ne faut pas faire un blog mais un club privé.
la Révolution est en marche, votez Paul !
Bonsoir à Tou(TE)s
Conscient d’être dans le « Yaka Fokon »… je prends le risque de prononcer le mot WIKI, sans avoir recherché ce qui a déjà été dit par ailleurs a ce sujet…. Justement, si ce Blog était un Wiki…. je pourrais intervenir soit sur l’article contenant ces antécédents, (que je n’ai pas eu le courage de rechercher), soit sur la page de discussion associée.
Un site Wiki pourrait, il me semble, nous apporter le « Meilleur des 2 mondes » (Blog et Forum), à condition bien sur que Paul ait le temps de nous… « le mitonner » !!
J’imagine que cela lui prendrait plus de temps, du moins au début, (pour définir les diverses parties, notamment une arborescence possible… de « l’encyclopédie Jorion de la monnaie »!). J’ai tendance à croire que le démarrage d’un WIKI doit être soigneusement préparé, c’est l’endroit par excellence où s’applique ce concentré de sagesse populaire qui dit:
« Rien de pire que de vouloir enfoncer un clou tordu: il vaut mieux l’arracher pour en mettre un droit ! »
D’un autre coté, on ne partirait pas de zéro:
1) on pourrait convenir de s’inspirer de toutes les règles dejà elaborées pour Wikipedia, en les adaptant au fait que nous sommes peut être cap. d’éviter les « guerres d’édition » (qui font parfois rage, par exemple sur le nucléaire ou sur les éoliennes…)
On conviendrait de mettre dans chaque article soit un contenu unique, qui ne serait contesté par personne (s’il en existe !), soit les 2 points de vue en présence (schématiquement: celui de Paul, et celui de… Mr « Eksni Illeau », dont j’ai déjà parlé… dans l’in-dif-fé-ren-ce ge-ne-ra-le, mais ce n’est pas grave !)
Les bénéfices se situeraient:
i) au niveau des pages de discussions associées à chaque article: chacun pourrait à loisir y exprimer son adhésion, (ou ses réserves), aux points de vue de Pierre, Paul, ou… Jacques (sans oublier Étienne !)
ii) au niveau de « la réduction du bazar » (pas le temps de trouver une meilleure formule !): au lieu que la discussion d’un aspect controversé soit éclatée « dans le temps et dans l’espace » (par exemple dans 346 commentaires plus ou moins enchevêtrés… que multiplie 730 pages environ… puisque Paul dit 2 ans).
2) L’autre élément favorable à la phase préalable (et critique) de creation de ce bien commun que serait le « Wiki de la Monnaie », ce sont les milliers de msgs dejà echangés: cela devrait faciliter l’établissement d’une première (short) liste d’articles a rediger… sachant qu’ensuite… son extension/enrichissement serait « ad libidum », comme c’est le cas sur Wikipedia.
Si Paul nous faisait cette immense faveur… il aurait bien entendu le statut des « Super users » de WP, c à d le pouvoir de decider que tel article n’a pas sa place sur ce WIKI et doit etre supprimé… (comme ce fut le cas récemment pour des commentaires relatifs a une actualité qui demeure brulante, pour ne pas dire… infernale).
Je ne pense pas que Paul se livrerait à beaucoup d’abus de pouvoir… (a fortiori en étant exposé à notre regard collectif). En tout cas, il me semble que l’on peut… prendre le risque de… faire confiance à Paul !
Salut tout le monde,
Voici une petite suggestion :
Pourquoi ne pas créer des billets thématiques fermés (cad sans commentaire possible).
Paul Jorion aurait ensuite la possibilité de transférer les commentaires des billets « standard » qu’il estime constructifs, sur les billets thématiques.
(par l’intermédiaire de l’extension « Comment Move » de WordPress; le déplacement des commentaires fonctionne même sur les billets « fermés »)