Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je reçois ce soir de l’un d’entre vous un courrier intitulé « conclusion provisoire ». Ma réponse est celle-ci :
Ce blog aura bientôt deux ans. Il m’est apparu à l’époque où je l’ai lancé comme le relais naturel – et économe – des e-mails que j’échangeais dans tous les sens avec des amis. Il s’est poursuivi pendant un an comme un monologue : peu de lecteurs, peu d’échanges (je me souviens du moment, au bout de six mois, où l’on dépassa les quarante lecteurs quotidiens), puis il est devenu dialogue, et j’ai alors rencontré certains d’entre vous à Paris sous le regard bienveillant de Fustel De Coulanges.
Puis il est devenu cacophonie, envahi par un mélange d’enthousiasme bruyant et de désinformation malveillante. J’ai alors réduit et canalisé mes interventions et les vôtres pour ramener un semblant d’ordre. Depuis, il poursuit son cours, entre dialogue et cacophonie et c’est sur cette crête incertaine et périlleuse qu’il me semble présenter son meilleur rendement : être le plus proche de constituer ce cerveau collectif, ce cerveau « distribué », que nous évoquons vous et moi dans ces moments d’euphorie où nous avons le sentiment de progresser sur ces terrains à peine débroussaillés où nous sommes engagés.
Où va ce blog, je n’en sais rien. Quel avenir a-t-il encore, je n’en sais rien non plus : dans les moments de cacophonie je le condamne à mort dans la soirée et le ressuscite le lendemain matin. Ce qui me fait alors revenir sur ma décision, ce sont ces messages que vous m’envoyez où vous dites : je m’étais replié et je me déplie, j’étais seul et je ne le suis plus, j’avais cessé de penser et je pense à nouveau. Cela à soi seul justifie l’entreprise.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
39 réponses à “Conclusion provisoire”
Où va ce blog se demande Paul, et je l’imagine un soir décider d’arrêter, le lendemain de reprendre. Mais en est-il pas de même pour nous tous? Je suis un lecteur plus que constant depuis deux mois, et je m’auto-censure parce que je vois bien que si l’analyse de l’économie, de la monnaie, est indispensable, ma force de proposition bute sur ma procrastination: Ma maison brûle est je remets au lendemain l’extinction des feux. Et puis, c’est très compliqué, plus on cherche, plus on trouve, et on perd ainsi le sens commun.
Alors je cherche les plus petits dénominateurs communs dans ma vie de tous les jours.
Par exemple, lorsque je vais faire mes courses, je paye ma facture immédiatement, ou presque (0 à 5jours). Pourquoi les magasins attendent-ils 3 à 4 mois!!! pour régler les leurs. Ne pourrait-on pas imaginer que les « distibuteurs de vie de tous les jours » s’alignent sur ceux qui les font vivre? Les artisants, petit sous traitants, bref, les petits, ils auraient une bouffée d’air non? ça serait plus sain et plus juste. L’Etat devrait montrer l’exemple également. Ou bien on décide tous de payer nos factures à 4 mois!
Dans ma vie de tous les jours, je rencontre des gens qui n’ont pas pour but de gagner de l’argent, mais de réaliser ensemble une idée et de faire que ça marche. On les nomme associatif, avec comme société, une sans but lucratif; ça ne veut pas dire qu’on innove pas, qu’on modernise pas, on peut même faire des bénéfices, mais on garde à l’esprit ce qui uni l’association, et ce n’est pas un désir d’argent. Bien sûr, qu’il en faut, et tout ça et tout ça, mais moi je vous dis que le nerf de l’action ce n’est pas l’argent, c’est le courage.
Alors,pourquoi on ne décide pas que les intérêts vitaux d’un pays (Energie, Eau, Nourriture, Transports) soient gérés de manière associative, sans but lucratif. Le service public ne doit pas faire de bénéfice pour le bénéfice. Il a juste besoin de réaliser sa fonction le mieux qu’il peut et d’investir l’argent qu’on lui donne dans la fiabilité et l’adaptation. Le sens de l’impôt en serait mieux compris.
Et puis, ce monde qui nous anime ne doit-il pas être simplement une association à but non lucratif, fondée sur l’envie de vivre en commun et en paix?
Je serais très heureux que l’on me réponde.
Bonne soirée à tous, merci Paul pour votre blog.
Ce que je pense, c’est que toute personne qui doit concilier une vie professionnelle, une vie familiale, gérer un blog et donc publier des articles de qualités sur la situation économique entre autres (ce qui présuppose donc de se renseigner, de suivre attentivement les données économiques, de disséquer tout ceci), et si en plus de publier ses propres articles et commentaire il faut en plus lire relire et modérer les commentaires d’autres intervenant sur son propre blog et bien euh… Chapeau les amis, Paul et les autres créateur de blogs, je ne sais pas comment vous faites avec des journées de seulement 24 heures 🙂
Personnellement j’aime bien les forums de discussions, tout comme les blogs qui permettent essentiellement à une personne d’exprimer ses propres opinions et commentaires sur les événements. Alors l’un ou l’autre, une combinaison des deux, du moment que l’aventure continue et qu’il y ait de la matière à lire 😉
Personnellement je passe des heures la nuit à lire des sites d’informations économiques, des blogs plus personnels avec chacun leur propre « touch ». Ca m’ennuierait que ce blog disparaisse quand même.
Paul, que ce soit sous cette forme actuelle ou sous une forme plus monologue, courage, tenez le cap !
Personnellement je lis un tas de blogs, certains francophone, certains anglophone, certains monosujet à stricte tendance économique, d’autre plus ouverts à différents thèmes de sociétés comme le votre, certains où les commentaires sont interdits, d’autres où ils sont autorisés, certains où l’auteur se contente de laisser les lecteurs poster des commentaires sans trop interagir avec eux, certains où l’auteur participe activement au débat donc interagit.
Je dois bien avouer que celui ci est un des rares où je prends la peine de lire les commentaires des intervenants le plus souvent 🙂
Alors bon, j’espère que vous allez continuer à avoir la force, le courage, l’envie et surtout le temps de continuer cette entreprise, quelque soit sa forme.
@ Leduc
L’homme-orchestre (bénévole) vous remercie !
Bonjour,
Je suis tombé la dessus :
http://www.attac78nord.org/IMG/pdf/monnaie_attac_au_19_10_04_.pdf
Un groupe de réflexion d’ATTAC s’est attelé à l’étude de la création monétaire.
Peut-être y a t-il des choses à en tirer ?
Le document d’Attac est intéressant. On y trouve notamment ceci :
Le reste est de la politique. Ceci dit, cela est hors sujet sur ce billet…
Bibliothèque Mondiale, Catalogue Universel®
Document du début du XXIe (21ème) siècle de l’Ère Humaine, à la fin de la « Parenthèse Démocratique ».
Nous présentons ici deux textes représentatifs de la vision du monde de l’Homo Democraticus de la fin de l’ Ère Humaine. Leur auteur – dont l’identité réelle importe peu – se faisait surnommer « M’ENFIN! » en référence à un auteur subversif dont les piètres dessins, alors imprimés sur papier physique, ridiculisaient en toute impunité l’Ordre Hiérarchique qui a permis à l’Humanité d’accomplir le Grand Bond En Avant.
Ces documents proviennent de l’Internet, ancêtre de notre Méta Conscience®.
Dans le contexte laxiste de l’époque, ces technologies, de création récente, avaient pu être détournées par des éléments terroristes jouissant encore du statut d’humains à part entière. L’étude de ces temps troublés nous enseigne que la Civilisation n’a jamais été aussi proche de l’extinction.
Extrait N° 1 : Requête indécente d’un sous-homme aux détenteurs du Savoir :
Messires ! Gentes Dames ! Fasse le Ciel que ma plainte atteigne les sphères dans lesquelles votre intelligence collective s’épanouit. Je vous en conjure, ne remontez pas le pont-levis de la forteresse dont le Créateur, dans son infinie Sagesse, vous a nommé les Gardiens. Prenez en considération, mes nobles Seigneurs, la détresse de vos méprisables sujets.
Je vous implore à genoux, en cognant violemment ma tête contre le sol que vos pieds viennent de fouler, Messeigneurs, de ne point laisser les manants dans l’obscurité. Les lueurs dont vous eûtes la bonté d’éclairer brièvement les profondeur de notre ignorance éveillèrent en nous des aspirations sacrilèges mais sincères.
Nous eûmes la méprisable faiblesse de croire ces sphères de la connaissance, dans lesquelles vos augustes personnes se meuvent gracieusement telles l’aigle dans l’azur, accessibles à notre vile intelligence reptilienne.
Il nous vint à l’esprit l’idée folle de nous cotiser pour vous offrir un neurone collectif, dans l’espoir qu’il pût vous être d’une quelconque utilité dans votre quête de cette Harmonie Suprême dont notre Créateur, dans son infinie sagesse qui n’empêche nullement la distraction, a omis de vous communiquer la recette.
Extrait N°2 : la transposition par le même « M’ENFIN! », dans le même langage déplorable des couches inférieures de l’époque, de la sage réponse des détenteurs du Savoir :
Las, manants, las… Pauvres de nous. M’étant fait votre porte parole, j’ai endossé dans le même élan cette responsabilité terrible de vous transmettre la réponse que nos vénérées Élites ont eu la bonté de vomir sur ma méprisable personne.
Cette réponse, mes amis, la voici :
– « Manant, de ton neurone collectif, les Castes pensantes et agissantes n’ont que faire. Manant, ton neurone collectif nous encombre. Il nous expose d’une manière obscène les tréfonds dans lequel l’esprit humain peut croupir lorsqu’il n’a pas été modelé par les hautes institutions dont nous sommes issus. Manant, ton neurone collectif est une insulte à nos interconnexions cognitives dont le niveau d’élaboration te restera à jamais inaccessible. Manant, c’est l’orgueil qui t’a égaré. Il est temps de revenir à la réalité. Nous avons décidé d’être cléments pour cette fois-ci, mais que cela te serve d’avertissement.»
@ M’ENFIN
Aucun risque : le cerveau collectif, c’est Tijl Uilenspiegel.
J’ai bien compris l’avertissement Messires, je ne tenterai plus désormais d’envahir votre sphère. Je consacrerai donc, selon vos souhaits Messires, mon existence au travail ainsi qu’à la vénération du père noël, de saint nicolas et de barack obama…et, si vous le permettez Messires, à l’étude de leurs nobles actes et de leurs grandes paroles.
[…] Comment vous dites déjà ? “Je le condamne à mort dans la soirée… […]