François Leclerc a rédigé une excellente analyse de la situation sur le front du crédit. J’ai tenu à la mettre en relief : vous la trouverez ici en commentaire.
Je réfléchis à une formule qui permettrait de tenir ainsi une gazette permanente sur l’activité financière et économique.
27 réponses à “Nouvelles du front, semaine du 12 janvier 09”
L’actualité apporte quotidiennement son lot d’évènements surprise de déclarations hétérodoxes, ou bien essayant au contraire de préserver ce qui peut être sauvé de la pensée dogmatique. Certains pensent que le capitalisme en crise en sortira renforcé et globalement inchangé, d’autres qu’il va connaître de fortes mutations. Personne ou presque n’ose espérer qu’il va être radicalement chamboulé. Nous assistons, « live », à un de ces moments où le monde est ébranlé, pour paraphraser John Reed, illustre hagiographe de la Révolution russe qu’il a décrite comme une image d’Epinal. Les livres de compte ne sont certes pas ouverts, pour reprendre les termes d’une vieille revendication ouvrière, et de toute façon nous aurions quelques difficultés à les comprendre, mais l’information circule en ce moment mieux que les flux financiers et presque aussi bien que les marchandises. Que pourrions-nous enregistrer de ces jours derniers ?
L’Allemagne devrait se doter d’une « Bad Bank » (mauvaise banque) qui prendrait à sa charge les actifs douteux des banques, c’est tout du moins ce qu’a estimé lundi dans un entretien au quotidien « Handesblatt » le député Albert Rupprecht, chef de l’organe parlementaire de contrôle du Soffin, le fonds public créé en octobre par Berlin pour secourir le secteur bancaire : « Je soutiens les demandes visant à créer ce qu’on appelle une Bad Bank, qui récupérerait les valeurs problématiques des banques ». A condition que les banques qui se déchargeraient de leurs actifs douteux soient contraintes d’assumer au final les pertes éventuellement occasionnées par leurs actifs, car « il n’est pas possible que cette charge soit assumée par le contribuable », a observé M. Rupprecht.
Il faut en effet trouver une issue à la situation actuelle et elle ne va pas de soi. Comment faire redémarrer la machine financière, chacun y pense et en discute discrètement au sein de cercles choisis, et de temps en temps un ballon d’essai est lancé.
Les Etats pourraient envisager « des formes de pression légale » sur les banques si celles-ci persistaient à n’accorder que difficilement des crédits, même si, « à ce stade », il n’est pas nécessaire d’y requérir. Car « si les banques m’indiquent qu’il n’y a pas de rétrécissement du crédit, les entreprises, elles, me disent le contraire ». C’est Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, qui vient de lancer ce ballon-là dans « Le Figaro » de lundi. Appuyant son propos par un « je me suis longuement interrogé sur l’utilité de mettre en place des instruments normatifs ». Il a donc désormais tranché. « Nous nageons en plein brouillard, a-t-il également déploré, ajoutant en illustrant son image : « je n’ai pas l’impression que la crise se soit aggravée, mais je n’ai pas non plus la certitude que le pire soit derrière nous. » Un de ces propos de banquier, mesuré et balancé, qui masque mal un désarroi.
La BCE poursuit quant à elle ses opérations hebdomadaires de refinancement, à taux fixe et sans limite de montant. Elle continue de jouer un rôle palliatif sur le marché. La semaine dernière, 216,12 milliards d’euros ont été alloués, alors que l’estimation des besoins les banques faite par la BCE, pour la même échéance, était de –157 milliards. Cette valeur négative, elle l’a été depuis le début de la crise, signifie que la BCE estime que les banques disposent d’un surplus de liquidités pour remplir leurs obligations de réserve, indice significatif du dysfonctionnement du marché.
Faut-il aussi voir dans le fait, qui vient d’être annoncé, que les actionnaires des banques britanniques Lloyds TBS et HBOS, en cours de fusion, n’ont pratiquement pas souscrit aux augmentations de capital en cours, laissant l’Etat en premier ligne et faisant mécaniquement monter à 43,4% du capital sa participation, un signal de plus que le monde bancaire ne tourne plus rond ? Et, dans le cas présent, que les investisseurs privés ne font pas face à leur responsabilité d’actionnaire, un terme dont ils aiment tant se prévaloir pour s’en rengorger ?
Est-il possible de tenir ainsi, sur « trois pattes » comme on disait des moteurs à explosion dont l’allumage était partiellement défaillant, en attendant que se termine le lent « deleveraging » en cours (le désendettement, ou débouclage, destiné à améliorer le rapport actif / fonds propres dans les bilans des banques) ? Comment libérer les banques du fardeau sous lequel elles peinent, sauf à ce que la BCE nettoie massivement leur bilan en inscrivant au sien les actifs « problématiques » qui les encombrent, après achat, leur permettant d’esquiver des dépréciations d’actifs qui devraient sans cela être un jour ou l’autre passées ? Impliquant ensuite des augmentations de fonds propres pour, soit mettre leurs actionnaires devant leurs responsabilités, un exercice qu’ils ne semblent pas apprécier en ce moment, soit devoir faire appel à des fonds publics, solution qu’ils préféreraient éviter par crainte de contreparties. La perspective que c!
es actifs puissent assez rapidement reprendre des couleurs est en effet de moins en moins vraisemblable. Que faire donc ?
Il faut gagner du temps, comme pour le reste. D’où l’idée de la « Bad Bank », car l’achat des actifs douteux par la BCE n’est pas nécessairement le premier choix de cette dernière, même si elle s’inscrit dans la suite logique de son acceptation de les prendre en garantie pour contrepartie de ses prêts. D’autant que, toute indépendante qu’elle soit formellement, la BCE doit tenir compte des avis pas nécessairement identiques sur la question de tous les Etats de la zone Euro.
Certes, il suffira à la BCE, comme à toute banque centrale, de battre monnaie pour rééquilibrer son bilan, si elle procédait à de tels achats massifs. C’est probablement ainsi que les choses se termineront. Toute honte bue et expression d’un dur retournement de situation, car cela signifiera favoriser le retour de l’inflation qu’elle est censée prioritairement (et statutairement) combattre. D’où cet intérêt pour des structures de défaisance qui se manifeste maintenant ouvertement, qui permettraient d’étaler dans le temps les achats de la BCE.
Cette inflation aurait pour intérêt de soulager le poids d’une dette publique augmentant au rythme des plans de relance économique successifs. Elle pourrait éviter également aux banques centrales de devoir se mettre un jour à acquérir des obligations d’Etat, toujours en utilisant la planche à billet, une solution de dernière ressource.
Les politiques espèrent avoir la situation en main et gagné du temps. Mais ils peuvent être vite rattrapés par des rebondissements qu’ils ne maîtrisent pas. Les soubresauts de Citigroup, aux USA, en témoignent notamment. Les semaines qui viennent montreront aussi s’ils sont vraiment décidés à imprimer leur marque à la suite des événements, en imposant une régulation conséquente. Ou bien s’ils s’en remettront à la facilité, en se retournant vers les banques centrales pour panser les plaies de la finance et vers les financiers pour refaire tourner la machine, sans trop y regarder.
Où vont-ils bien pouvoir placer le curseur entre ces deux extrêmes ?
A l’occasion dune table ronde patronale réunie par le « Journal des finances », le Président de la Compagnie financière Edmond de Rothschild, Michel Cicurel, n’a pas spécialement ouvert l’éventail des possibles, en déclarant :« le système capitaliste s’est toujours refondé en permanence de lui-même » .Il a ajouté : « quand j’entends parler de la refondation du capitalisme, je sors mon revolver. Surtout lorsqu’on parle de davantage de régulation. Il faut bien avoir en tête que les fautes les plus lourdes ont été commises par la SEC, ou par la Réserve fédérale, ou encore par la régulation comptable anglo-saxonne. »
Quand le soleil se lèvera finalement sur Austerlitz, le système bancaire aura, lui, été en toute certitude restructuré et sera concentré. De nouveaux mastodontes sont en train d’émerger, aidés par les pouvoirs publics. Seront-ils plus faciles à contrôler et à réguler que les précédents ? On peut en douter, car quel poids les Etats pèseront-ils face à eux ?
De quoi est aussi constitué le monde de la finance ? D’une myriade de fonds d’investissements et de « paradis fiscaux », qui abritent les filiales des premiers et beaucoup des autres, ainsi d’ailleurs que les filiales discrètes des grandes entreprises.
Les fonds d’investissements, les hedge funds notamment, malgré qu’ils aient acquis aux USA le droit d’accéder à leur tour aux programmes d’aide publics, sont également en cours de restructuration. De disparitions, en regroupements, ils sortiront de la crise en nombre réduit, eux aussi. Les plus forts auront survécu, ceux qui auront été soutenus par leur maison mère ou auront bénéficié d’aides publiques également.
Va-t-on pouvoir tracer les frontières entre ces paradis fiscaux et notre monde qui, par opposition, devrait donc être qualifié d’enfer (pour les financiers), pour mieux en contrôler l’accès ou même leur faire réintégrer une légalité illusoire ? Ces frontières sont en réalité aussi difficiles à établir que celles qui existent entre l’argent légal et celui qui provient du blanchiment des revenus d’activités illégales, entre le marché légal et le marché « gris ». L’affaire Madoff a montré combien il est difficile de discerner la fraude de ce qui est légal ou tout simplement crédible. Les hedge funds qui ont leur bureau à Londres ou à New York et leur siège dans une île accueillante et ensoleillée sont eux aussi à cheval sur une frontière.
Tout cela pourrait renvoyer à une autre grille d’analyse. Celle qui consiste à constater dans nos sociétés contemporaines la coexistence de deux mondes, formel et informel. L’informel est connu pour exister au bas de la société, mais existe aussi au sommet de celle-ci, plus dissimulé. On pourrait ainsi considérer l’évasion fiscale comme appartenant à l’« informalité du haut », entre autre phénomène. Après tout, qu’est ce que l’informalité si ce n’est l’absence de référence à la forme, et dans le cas présent à l’Etat, ses organismes et ses lois ? Toujours selon cette approche, il existe même, formule paradoxale, une « informalité étatique ». Quand l’Etat décide de transgresser lui-même ses propres règles, quand il décide, par exemple, de contourner l’embargo d’un régime hors-la-loi sur certains produits pour les lui vendre, acte fréquent et banal.
Formalité et informalité sont en réalité étroitement imbriquées, même s’il elles sont décrites comme des mondes distincts. Quand il n’est pas réservé à l’informalité, surtout celle du bas, le traitement que l’on destine aux criminels, indistinctement et sans autre forme de procès. Un hors-la-loi est un « individu qui se met ou que l’on met hors des lois à cause de ses agissements ou de ses forfaits » explique le dictionnaire (TLF, CNRS), rappelant des nuances oubliées.
Rapprocher l’informalité du bas et du haut, pour poursuivre sur ce registre, ne viendrait à l’idée de personne, et pourtant… A contrario, il y a deux manières d’écarter cette informalité en réalité si proche, l’ignorer ou la rejeter, afin de rester résolument dans son monde et ses schémas de pensée.
La plupart du temps, et non pas par exception, il est impossible de séparer le bon grain de l’ivraie, si l’on est un observateur rigoureux du monde réunifié de la finance, formel et informel. De localiser précisément les postes frontières. Cela se confirmera demain, quand il va s’agir de décider quoi et comment réguler, comme cela se vérifie aujourd’hui avec les impraticables opérations de tri des actifs dans les bilans des banques. Pour donner un exemple de ce vain exercice, j’ai découvert l’existence de « Collateralised Debt Obligations » (CDO) au carré, résultat de la titrisation d’actifs qui sont eux-mêmes des obligations émises dans le cadre d’une opération de titrisation. Et même de CDO au cube. Ceux qui prétendent « encadrer la titrisation », justifiant son caractère indispensable par sa nécessité financière, devront être très convaincants.
Née dans les années 70 aux USA et importée en Europe, la technique de « tritrisation » est apparue en Europe fin des années 80. Pour des raisons que je ne connais pas, elle semble ne pas être largement utilisée en Asie, comme elle l’est sur ces deux précédents continents, ce qui pourrait expliquer que les banques asiatiques fassent actuellement peu parler d’elles. Ce n’est pas le cas en Italie, malgré la déclaration involontairement drolatique de Giulio Tremonti, ministre italien de l’économie et des finances, qui vient d’expliquer aujourd’hui dans une interview au « Echos » que « les banques italiennes ont été sauvées de la crise du subprime, car on y parle peu anglais ».
Rappelons-nous, pour la suite des événements, que si la part des opérations de titrisation dans le financement des entreprises et de l’économie a pris en si peu d’années une si colossale importance, l’économie fonctionnait bien sans leurs concours auparavant et interrogeons-nous sur les raisons de leur avènement et de leur succès. N’oublions pas que ce succès fulgurant est à attribuer d’abord, non pas aux facilités de financement de l’économie, mais à la gestion de bilan et aux facilités que cela apporte pour suppléer au manque de fonds propres. Car les investisseurs préfèrent le monde de la finance à celui de la production. La boucle est bouclée.
Sans vouloir être indiscrète, est-il possible de savoir quelles sont les « références » de François Leclerc, afin que ses analyses soient vraiment crédibles.
« … les fautes les plus lourdes ont été commises par la SEC, ou par la Réserve fédérale, ou encore par la régulation comptable anglo-saxonne. » Très juste, mais d’où venaient les directives qui leur enjoignaient de fermer les yeux et de s’assoupir au volant, sinon des milieux financiers, relayés par le politique ? Attention aux ricochets quand on sort son revolver !
C’est amusant de voir que rien n’a changé depuis le temps où Zola écrivait « L’Argent ».
L’article de François Leclerc confirme bien que nous avons à faire à une combinatoire banques-États. Les États étant vraissembleblement les “instruments” des structures financières souchées dans les principales banques commerciales, mais dictant, ou induisant les “directives” aux banques centrales. Les agences de notations qui seraient des émanations des banques elles-mêmes en dit long sur ce « circuit fermé ». Quant à Michel Cicurel (je l’ai déjà cité plusieurs fois dans des posts plus anciens), ses propos ou ses déclarations peuvent aider parfois à plus de compréhension de l’action et des stratégies des principaux milieux financiers transnationaux.
D’autre part, je trouve intéressants et à prendre en considération les articles actuels de Jean-Claude Werrebrouck sur Contreinfo dans « La Crise globale des années 2010 ». Il confirme bien, je crois, que les banques centrales vont, de toute façon, « asperger » de monnaie les marchés, de façon à faire la « jonction » ultérieure toutes purges « évacuées » avec ou sans soubresauts et en plusieurs phases (grands travaux dont sans doute l’inflation) de façon à redonner leur « sacro-sainte » « autonomie » aux marchés maintenant exangues. Mais alors ce serait pour se retrouver dns de nouvelles crises? Et avant ça, peut-être une longue période végétative de languissement économique et sociale.
une petite brève sur contre info :
http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=5254
« pour restaurer la confiance la Fed devrait soutenir le cours des actions (FT) (Saluons la naissance du chainon manquant : le keynésisme financier…) »
je ne sais pas de quelle manière ils comptent le faire mais je trouve l’idée lamentable.
@François Leclerc
Pour comprendre l’origine de la titrisation, il faut étudier un personnage en particulier: Mickael Milken l’inventeur des CDS (plus fort que Madoff!) responsable de la branche banque d’investissement de Drexel Burnham Lambert. Il a été mis sous le coup de 98 chefs d’inculpation pour racket et fraude fiscale. Condamné à 10 ans de prison Milken ne fera que 22 mois de détention. Sa fortune est estimée à près de 2,1 milliards de dollars en 2006.(Source next finance).Merci de rappeler que « quand le soleil se lèvera finalement sur Austerlitz, le système bancaire aura, lui, été en toute certitude restructuré et sera concentré. De nouveaux mastodontes sont en train d’émerger, aidés par les pouvoirs publics. »Tout le monde ne sera pas perdant dans cette crise.
Quant au problème de la titrisation elle est là pour « suppléer au manque de fonds propres ».
Excellente analyse!
@ Ariane
Je ne sais pas ce que vous entendez exactement par référence. Mes diplômes ? Mon parcours professionnel ? Mes publications ? Merci de juger par vous-même ce que j’écris, si vous le souhaitez. Je m’efforce de donner mes sources, quand je fais une citation ou cite un fait, les commentaires n’engagent évidemment que moi-même.
La définition correcte et pertinente du hors-la -loi n’est pas liée à la cause de sa mise hors la loi
mais à la situation du hors la loi, à savoir qu’ « il n’est plus sous la protection de la loi » .
Un condamné en prison, justement ou injustement, n’est pas un hors la loi.
Les résidents de Guantanamo sont des hors-la-loi. C’est d’ailleurs pour éviter d’avoir à déclarer qu’il pouvait y avoir des hors-la-loi sur son territoire que le gouvernement américain les a mis à l’extérieur. Et ils n’ont jamais été condamnés.
C’est une variante civile de l’excommunication et de l’ostracisme en Gréce autrefois.
«Quand j’entends parler de la refondation du capitalisme, je sors mon revolver […]>> Attribué à le Président de la Compagnie financière Edmond de Rothschild, Michel Cicurel.
«Quand j’entends parler de culture, je sors mon revolver» ? Attribué à Joseph Goebbels.
J’ai du mal à croire que le niveau de culture ambiante sur ce blog ait laissé echappé le parallèle.
J’ai du mal à croire qu’une élite dirigeante puisse ignorer consciemment cette référence.
De là à dire que c’est inconsciemment parce que c’est sa culture, procès d’intention…
Que ça pédale vite sur ce blog …
Contentons-nous de surligner :
Quand le soleil se lèvera finalement sur Austerlitz, le système bancaire aura, lui, été en toute certitude restructuré et sera concentré. De nouveaux mastodontes sont en train d’émerger, aidés par les pouvoirs publics. Seront-ils plus faciles à contrôler et à réguler que les précédents ? On peut en douter, car quel poids les Etats pèseront-ils face à eux ?
Alors nos suivants changeront le système la prochaine fois ? Bon courage à eux ! il leur faudra sans doute faire comme Michel Cicurel, sortir leurs révolvers …
Décidément liobod qui m’a devancé parle lui aussi de revolver . Un hasard sans doute.
@liobod: « J’ai du mal à croire qu’une élite dirigeante puisse ignorer consciemment cette référence. »
La référence est évidente. Cette expression est courante sous forme de boutade, ce qui était je pense l’intention de Rothschild. Je ne vois pas le problème.
@liobod
L’historienne Annie Lacroix Riz a décrit parfaitement les liens étroits unissant le troisième Reich et l’élite financière, industrielle et politique francaise des années 30. Elle parle (prouve) l’existence de la « Synarchie » ou Mouvement Synarchique d’Empire.
Cf: » Le choix de la défaite »(colin)
L’idée que se sont toujours les même valeurs que l’on retrouve aujourd’hui dans notre haut milieu bancaire n’est pas supportable en effet.
@ Moi
Michel Cicurel : « quand j’entends parler de refondation du capitalisme, je sors mon révolver »
Je ne trouve pas du tout anodin l’emploi de cette expression effectivement très connue. Elle n’est évidemment pas à prendre au pied de la lettre. Cicurel ne se promène sans doute pas avec un révolver accroché au revers de son veston !
Il n’en demeure pas moins que cette façon de parler recèle une très grande violence. Elle marque un mépris absolu à l’égard tout autre possible que celui qu’il envisage, lui. Elle signifie aussi à tout bon entendeur ou lecteur : « En cas de nécessité je n’hésiterai pas à employer les grands moyens pour que jamais il n’y ait refondation du capitalisme ». Bref, c’est une menace à peine voilée, une tentative d’intimidation. Les boutades ont des usages variés. Dans la bouche de vous et moi, le commun des mortels, une boutade n’a pas grande conséquence. Mais dans la bouche d’un dirigeant de la haute finance, cela prend tout son poids.
Bref, cette « boutade » traduit un réel état d’esprit. Un état d’esprit très peu démocratique, c’est le moins que l’on puisse dire.
C’est une approche TRES intéressante.
Dede: très instructif et non dénué d’implications ce recadrage de la notion de « hors la loi ».
Houla, je vois qu’on a rapidement atteint le point Godwin sur ce fil. Rothschild serait un nazi, ben voyons… lol
Un aspect systèmatiquement ignoré de la crise financière : les ordinateurs.
Rien de tout cela (titrisation, produits dérivés complexes, échanges instantanés) n’aurait été possible a cette échelle sans le concours de l’informatique et des réseaux d’ordinateurs.
Je pense que le changement de paradigme a provoqué une ultra-accélération de l’échange d’information et qu’il a en fait amplifié tous les (petits) déséquilibres d’avant son avènement.
Ce n’est pas un hasard si cette crise arrive en même temps qu’internet !!!
Think about it.
@Pierre-Yves D. : « Bref, cette “boutade” traduit un réel état d’esprit. Un état d’esprit très peu démocratique, c’est le moins que l’on puisse dire. »
Ben oui, là ok. Cela surprend-il? Personnellement, je ne voyais pas les financiers comme des gauchistes (ni des nazis). C’est l’aristocratie, simplement.
@moi
La recherche historique nous révèle 60 ans plus tard justement que c’est cette aristocratie (son élite) qui nous a mené (consciement) à le seconde guerre mondiale,(elle décide, paye soudoie les politiques, journalistes et hommes de mains pour ce faire), rien ne dit qu’il en est différement de nos jours.
L’aristocratie nouvelle n’a simplement plus rien à redouter si on abandonne notre devoir critique et d’information.
mikl
@madar michael
Merci pour la référence Annie Lacroix-Riz. Je ne connaissais pas. Je le mets dans mon ‘reste-à-lire’.
Je note que vu ses sujets (http://fr.wikipedia.org/wiki/Annie_Lacroix-Riz#Livres), elle doit avoir tout plein de points Godwin.
Mois aussi je peux faire des super boutades en disant que la solution finale est toujours du même côté du revolver que la notion de (hors la) loi ?
@moi
Je ne connaissais pas la théorie du point de Godwin.
On ne peut pas dire que le thème en lui même (Hitler, les nazis…) ait été récurrent voire fréquent dans les derniers mois passés sur ce blog.
Sinon on peut toujours digresser au sujet d’autres choses que celles que soulève le billet trés fouillé de Francois Leclerc « nouvelles du front ».
Je constate que certains lisent un peu vite les commentaires. La citation « au revolver » n’est pas de Edmond de Rotschild mais du Président de la Compagnie financière quui porte les noms et prénoms précités: un certain Michel Cicurel. Utiliser cette formule n’implique pas nécessairement que l’individu connait son primo-auteur et serait donc imprégné de la même idéologie que Goebels. Mais, comme le dit PYD, cela ne révèle certainement pas une propension au dialogue démocratique.
A propos d’aristocratie financière internationale et de nazisme, je me pose toujours beaucoup de questions sur les réalités économiques en Allemagne, puis en Europe occupée, entre 1935 et 1945. Le film « La liste de Schindler » m’a permis de réaliser que la finance internationale n’avait pas laissé tomber le IIIème Reich et, qu’au contraire, elle avait fait ce qu’il fallait pour pouvoir s’y intégrer en cas de victoire des nazis. Quelqu’un pourrait-il me fournir les références d’un ouvrage économique qui analyse cette période et la manière dont les capitalistes qui faisaient tourner la formidable (au sens premier du mot : qui suscite la peur) machine de guerre nazie, se sont reconvertis par la suite (toujours la souplesse machiavélique du capitalisme…).
@Alain A
« le choix de la défaite » (colin) d’Annie Lacroix Riz
J’avoue avoir du mal à proposer un résumé de cet immense travail de recherche (10 ans dans les archives françaises, allemandes…)
Une conférence circule sur internet, trés accessible.
Désolé si j’ai l’air d’insister un peu sur son travail mais il m’a semblé l’entendre dire qu’elle comptait essentiellement sur le bouche à oreille, internet, pour le faire connaitre.
Vu l’analyse sans concession qu’elle livre sur le role précis des différents acteurs de l’époque, (pourquoi la guerre fut si vite perdue?), l’honneur national en prend un coup et on peut se dire aussi que bien des ressemblances avec ce qui se passe en ce moment ne doivent rien au hasard.
mikl
Au royaume du faux, les banquiers sont rois!
Voilà deux fois que je lis ce billet, hier et aujourd’hui. Je suis étonné du fil de discussion qui s’en suit qui demeure dans les détails accessoires. Merci, M. Leclerc pour cette présentation qui n’est pas facile à comprendre pour des gens ordinaires éloignées de la finance. J’y apprends donc bien des choses: les banques centrales sont les seuls donc à avoir droit de battre monnaie, qu’on semble gêné quelque part de battre cette monnaie pour renflouer un système qui s’est emballé démesurément. On ne sait pas que faire avec de mauvais actifs. Bad bank, que voilà une drôle de chose. Comme pour contourner la question, on va balayé le problème en battant la monnaie petit à petit… Poussière balayée sous la moquette!
La question de fond est difficile à voir au travers de tout cela. Je tente d’interpréter ce que j’en comprends. Je crois discerner que 10 ans de déréglementation a permis aux banques de créer ou enfin multiplier sans limite cette astuce de la titrisation des actifs, soit pour une banque la titrisation de ces créances dont elle a caché le potentiel dangereux dans des composés obscures (CDO) au carré et au cube. Je ne comprends pas exactement comment mais cela leur aurait permis de cacher la situation réelle de leur bilan et de prêter davantage d’argent à une économie mondiale exacerbée, dopée à la mondialisation dans les projets, entreprises spéculatifs. Bref, quelques part on a passé de l’argent sans trop de limite à n’importe qui et n’importe quoi si je suis bien… Beaucoup d’argent assuré par ces investisseurs aveuglent qui achetaient les revenus futurs de ces investissements auraient permis une prolifération à des niveaux records du crédit.
Bref, les banques ont ainsi outrepassé les règles habituelles et ont pu prêter davantage d’argent. Sur l’économie réelle, cela se serait traduit par une surproduction de biens et services et aussi par la possibilité pour de nombreuses entreprises de survivre des années en état de non rentabilité. Pendant ce temps, les banques ont été prospères, devenant de grands contributeurs aux financements des états par le biais de leur impôt sur revenu. «Dernier chiffre : les banques françaises assuraient à elles seules le quart des revenus de l’Etat au titre de l’impôt sur les sociétés.», lâchait Jean Claude Werrebrouck, à la fin de la première partie de son long exposé sur Contre-info ( Jean Claude Werrebrouck : La crise globale des années 2010 (I/III)).
Ainsi, sans vouloir relancer le débat ex-nihilo vs no-nihilo, j’ai comme l’impression que l’on a inventé une manière d’inventer de l’argent du néant sur des revenus spéculés, comme un pari qui a été perdu. La croissance perpétuelle n’a pas pu cacher le subterfuge et on se retrouve en fait avec des actifs qui n’en ont jamais été… Cet argent perdu dans des faillites, dont même les garanties ne valent plus trop à cause de la surproduction et de trop de joueurs subventionnés ne sera pas retrouvé.
Bon, grâce à ce subterfuge systémique, beaucoup de gens ont pu travailler pendant des années à surproduire dans une économie qui aurait franchement pu produire avec moins de bras… Le critère de la rentabilité a pu être dilué pendant longtemps jusqu’à épuisement de la confiance naïve des investisseurs dupés… Beaucoup ont pu s’endetter pour acheter cette production jusqu’à égorgement. Bref le monde a vécu sur une illusion depuis des années fabriquées par des ingénieurs de financement. Le monde de la finance et ses acteurs ont au passage connus des années bien prospères, ainsi que de très nombreux dirigeants d’entreprise. On pourrait presque pensé qu’une concertation dans une telle orchestration de l’aveuglement entretenue jusqu’à la dernière minute par les phares médiatiques a des allures coupables. Mais qui prendra le blâme, bien sûr, personne, que des aveux contrits de grands banquiers, de plates excuses: «John Varley, le directeur général de la banque britannique Barclays, laquelle a implicitement confirmé ces jours-ci la suppression de plusieurs milliers d’emplois, a reconnu mercredi que les banques devaient s’excuser pour leur responsabilité dans la crise du crédit.» (http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/article/20090114/LAINFORMER/90114032/-1/LAINFORMER01)
Bref, en bout de ligne, bien des gens ont mis leurs avoirs en jeu dans cette histoire. Du petit monde ordinaire épargnants, des fonds publics, des rentiers de toutes sortes auront perdu beaucoup dans l’anonymat des marchés boursiers et aussi beaucoup auront perdu dans un optimisme d’une vie à crédit pour se retrouver avec des valeurs saisies. Même les états vont se retrouver en drôle de posture avec des rentrés amoindri…
Qui gagne en bout de ligne? C’Est drôle mais j’ai l’impression que c’est encore le monde de la finance dont tout le système est tellement dépendant. Ayant conduit beaucoup de gens et d’organisme à la ruine, elle se fait tricoter des solutions sur mesure: bad bank, renflouement par les banques centrale ex nihilo, avec des contreparties qui seront oublié. Pourtant ces banques toujours en place vont ramasser les actifs des petits propriétaires et continuer de faire ses affaires.
Pendant ce temps, les gros joueurs toujours solides financièrement vont bouffer les petits pour des bouchées de pain. Les États vont devoir bientôt revenir sur leur promesse ou les acquis ou le contrat social dans plusieurs pays. En Californie, on n’aurait pas, la rumeur a été lancé par la Fox, les moyens de payer immédiatement les retours d’impôt pour l’exercice qui vient, on se demande si on ne pourrait pas distribuer une promesse de remboursement. Du jamais vu…
Pendant ce temps, on veut bien voir les illuminés du conspirationnisme comme des clowns, on se demande franchement s’ils n’ont pas un peu raison de vouloir nous alarmer… Et curieusement, simple hasard? je trouve qu’on parle drôlement (et ce n’est pas drôle) trop de révolvers, et de guerre (http://www.lesaffaires.tv/video-5583-Pourquoi-2009-sera-pire-que-2008, à la 15e minute) et de situations géo-politiques inquiétantes (http://www.lesaffaires.tv/video-5621-Revue-des-marches-du-14-janvier-2009, fin du topo) chez les analystes financiers…
Chose certaine, les bases de nos fonctionnements, après une longue phase de déni, ont bien des chances d’être remis en question…
Je me permets juste cette incursion pour signaler que la citation « Quand j’entends le mot Culture je sors mon revolver » n’est pas une phrase apocryphe de Goebbels mais est tirée d’un discours (filmé) de Balduch von Schirach aux Jeunesses Hitleriennes.
A noter que le mot Kultur en allemand se traduit en français par le mot Civilisation.
Baldur von Schirach, pour ceux qui comprennent l’allemand.
J’aime quand Mr Weinberg parle de l’absolue necessite de continuer les reformes « sociales », genre contre la sante. Je ne crois pas me tromper en disant que quelque soit l’etat de decrepitude des systemes de santes des pays developpes la crise frappe de la meme maniere, voir pire pour les plus utlra liberaux d’entre eux.
Qu’on m’explique donc la necessite de ces reformes ???
Ah si, il est tellement plus simple de sortir son revolver et de laisser le marche s’autoreguler (je reve, donnez moi un pistolet). Et pendant que la main invisible autoregule, que le bas peuple se fait autoreguler-dans-ta-gueule les nantis pourront continuer de jouer au casino-bourse ainsi que de demanteler le systeme de sante/education/…
Comme dirait cette bonne vieille Louise-Michel : « les riches(…)nous en feront du hachis »