Une société sans profits monétaires ni monnaie, par Jean-Paul Lambert

Dans la série « billets invités », une « solution d’ingénieur » ou une utopie (les expressions sont-elles synonymes quand il s’agit de sociétés ?). Qu’en pensez-vous ?

Une société sans profits monétaires ni monnaie, par Jean-Paul Lambert

Je déteste échanger des banalités. A peine monté, mon dernier auto-stoppeur m’a gâté : « Une société sans profits monétaires et même sans monnaie, vous en avez déjà entendu parler ? » Il se doutait bien que non.

« Si vous me dites ce que vous faites je vous expliquerai ça bien mieux. »

Entrepreneur… je préfère le taire. J’invente. J’invente que je suis inventeur, et dans la foulée, un projet de machine à laver, le linge ou la vaisselle. Mais attention : sans eau. Elle fait vibrer les objets. Les molécules ajoutées par l’usage – la saleté – se détachent et sont aspirées.

Eh bien, dans une société sans profits et sans monnaie, j’irai à la banque, comme aujourd’hui, sauf que cette banque-là ne fournit plus d’argent.

Elle fournit des accès.

Et d’abord accès aux informations. Elle a raflé localement toutes les informations sur les stocks des entrepreneurs, gérés depuis trente ans déjà sous forme de codes-barres. Elle a enquêté sur les ressources locales, dont ils ont abandonné l’exploitation ou auxquelles on n’a jamais pensé. Elle fonctionne en réseau avec toutes les autres banques, si bien que je peux tout de suite savoir les fournitures qu’il y a partout. Du plus proche au plus lointain, toujours, elle recense toutes les machines, compétences et locaux disponibles, les brevets, dont on ne tire plus de profits monétaires, et les expériences passées et présentes dans tous les domaines, pour copier ou améliorer. Je n’ai plus à me soucier des prix. Seulement de savoir où c’est, de combien je peux disposer.

Les codes-barres, je connais. On peut encore pousser leurs performances.

Je pianoterai ce dont j’ai besoin, ça entrera dans « un panier d’hypothèses ». Un panier technique. Création assistée par ordinateur, ça se fait déjà. Je vais brancher sur « vibrations », « séparation », « aspiration » – pas « lavage », surtout pas ! La machine va proposer des synthèses pratiques et me signalera des associations possibles avec d’autres entreprises. Elle contrôlera la compatibilité des machines et des matériaux, corrigera en fonction de l’avancement du projet, calculera les recyclages. Elle est capable, par exemple, de me préconiser des isolants particuliers ou même un matériau bio qui ne va pas vibrer comme du métal. Elle va me renvoyer à des textiles déjà plus aptes que d’autres pour effectuer mes expériences.

La banque applique à toutes les fournitures des codes prudentiels pour contrôler leur renouvellement, prévenir des dangers.

Quand mon panier technique est fin prêt, deuxième fonction : elle m’accorde l’accès à tout ce dont j’aurai l’usage. A deux conditions.

Première condition. Qu’il y ait un profit pédagogique.

Pédagogique ?

Oui, car toutes les entreprises sont désormais traitées comme des expériences – ou comme des écoles. Entretenir et augmenter les savoirs et savoir-faire est considéré comme aussi important que proposer des produits et services. Mon projet d’entreprise ne sera accepté que s’il situe clairement ce qu’on y fait dans une gamme de recherches, enjeux et défis. Il doit tenir la collectivité informée de ce qui s’y fait pour que chacun puisse y apporter ses compétences et expériences et en acquérir de nouvelles. N’importe qui doit pouvoir impromptu les transmettre sur place à tous ceux qui viennent participer. La joie d’apprendre et de faire, ça s’organise. Il va falloir que je dise comment mon entreprise s’y prend.

Fini, le travailleur bête et discipliné… Je ne demande pas mieux. Il coûte cher.

Deuxième condition. Le profit usologique.

Usologique ?

…Parce que mon engin va changer l’écologie des usages existants. L’énergie nécessaire pour vibrer sera compensée par celle qu’on économise pour fabriquer et faire tourner les machines classiques : ça, le panier technique l’a déjà calculé. Mais les modifications de l’environnement ? De la domotique ? De l’hygiène ? Mon projet relève de l’anthropologie du « propre »…! Il sera donc (il a dit « donc » !) aussi jugé sur sa capacité d’ouvrir ou approfondir encore la discussion sur des sujets de société, qui sont, comme je sais, au cœur du politique…

Soit… Mais les ci-devant travailleurs, s’il n’y a plus d’argent, comment ils vont faire pour acheter ?

Ils n’achètent plus ! Ils ont accès !! Ac-cès.

La banque, toujours elle, distribue des cartes d’accès. Je n’ai plus besoin de savoir combien il y a dedans ! Elle ne se vide plus : elle se remplit. Rem-plit.

Elle se remplit d’informations sur ce à quoi elle a déjà permis d’accéder.

Nota bene : elle est anonyme, cette carte. Anonyme !! C’est elle qu’on surveille, pas moi. Surveillance toute statistique, pour ne pas vider les rayons et renouveler les fabrications en amont. Passés certains seuils, comme il faut qu’il y en ait pour tout le monde, ça n’entre plus dans cette carte-là. Mais celui qui n’en a pas encore pris peut me tendre la sienne. En attendant le retour à la normale, le système signale d’autres accès : remplacez les haricots par des lentilles, les oranges par des kiwis.

Plus l’accès sera facile et moins les usagers stockeront. Adieu la surconsommation qui venge de l’ennui du boulot ou compense le manque de reconnaissance sociale. Et voilà mon bonhomme qui encense l’esprit de cette économie-là. Esprit d’entreprise, d’expérimentation, de recherches tous azimuts. Tous chercheurs, tous artistes…

Mais on arrive bientôt. S’il pouvait mieux m’expliquer, vite : car on ne peut tout produire sur place ? Eléments de réponses :

1. Le recensement des ressources locales par les banques diminuera ce genre de besoins. 2. La mise en réseau de toutes les banques facilitera la solution, et l’étude collective de matériaux qui ne rendent plus dépendant d’une seule origine. 3. La solidarité remplace la concurrence. 4. L’abolition de la monnaie empêchera les pays riches de siphonner les ressources, la Corée du Sud d’acheter Madagascar. 5. …

…La gare. Vous avez tout compris, continuez tout seul ! Et salut.

Au retour, pas un auto-stoppeur. Je me sentais bien seul avec ce que j’avais compris. J’ouvre la radio. Tombe juste sur l’augmentation du prix des matières premières. Qu’est-ce qu’on en a à faire, de leurs cours ? Plus de monnaie, plus de profits et plus de paris sur la rareté et l’abondance… Il y en a combien, où…? Code et point barre.
__________

Je continue d’y réfléchir. La carte d’accès individuelle, par exemple, est-elle encore bien nécessaire ? Pourquoi…? Les dispositifs « prudentiels » ? Comment on les établit ? Pardon : les expérimente. Qui fait ça ? Leur expérimentation impose-t-elle le retour de l’Etat ou d’instances internationales directives ?

Vous m’aidez ?

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84 réponses à “Une société sans profits monétaires ni monnaie, par Jean-Paul Lambert”

  1. Avatar de Charlot
    Charlot

    Ne serait-ce pas d’une certaine manière le retour au rationnement ?

  2. Avatar de ropib
    ropib

    @Charlot
    Moi j’ai rien compris mais je trouve que le ticket de rationnement est intéressant d’une certaine manière. Les tickets restaurants c’est de la monnaie dédiée à l’alimentation par exemple, mais elle est débile. On se demande pourquoi par exemple ils ne peuvent être utilisés que le midi, en semaine, un par un, et toujours avec un complément en argent normal. Je ne sais pas, sous prétexte que c’est en rapport avec le travail… comme si le travail ne nécessitait pas qu’on mange le soir par exemple ou comme si l’objectif c’était quand même que celui qui paye se fasse avoir (c’est son argent aussi le ticket resto, c’est pas un cadeau de l’employeur). Je pense que ce serait pas mal de dédier de l’argent à des usages tout en laissant la liberté de la gestion du budget au consommateur. Après il faut quand même pouvoir s’y retrouver lorsque la consommation ne correspond plus à une somme dédiée, peut-être en payant des taxes, ou alors avec d’autres systèmes qui font qu’il n’est pas possible d’avoir un quelconque rapport capitaliste vis à vis de cette monnaie dédiée à de la consommation de tous les jours. On pourrait envisager de la monnaie de logement, de santé (de manière hygiéniste peut-être, avec activités sportives et autres choses), de culture… de manière plus ou moins limitée forcément mais ce ne serait quand même pas vraiment du rationnement. En tous cas ça permettrait aussi d’orienter plus ou moins les usages en fonctions des ressources, peut-être, pas sûr. Pour cette histoire d’information je pense qu’il s’agit d’autre chose… genre la dématérialisation de l’argent peut-être, j’en ai entendu parlé tantôt, je sais pas ce que ça veut dire.

  3. Avatar de jlm

    Le site de Jean-Paul Lambert sur le distributisme est une formidable expérience de pensée, certes, nous n’avons pas le moyen de mettre en oeuvre maintenant, et il n’y ne semble pas y avoir de niche écologique sur laquelle l’installer et de là, coloniser… Par contre, ce courant de pensée, déjà ancien, constitue le révulsif qui nous est indispensable !!! contre les RSA et autres dispositifs neofeodaux. J’en ai les boyaux tordus de voir comment le changement de paradigme institué par le principe de l’allocation universelle est ravalé en revenu d’insertion… Pire encore, lorsque les Communes, (leur clique de fonctionnaires encartés, au service des bourgeois du coin) institueront leur « local currency » comme instrument du contrôle social par le travail… et bien n’étant pas un ange non plus, j’essaierai de me placer au bon endroit pour en profiter.

  4. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    On peut pinailler sur certains points, comme de savoir qui a droit à une carte d’accès? Tout le monde? Alors qui travaille? qui se content de consommer (les rentiers de l’entertainment)? le travail est-il donc obligatoire? mais je formulerais la principale limite ainsi :

    – vu que les cartes d’accès fonctionnent sur un mode de « rationnement » pour éviter la surconsommation, comment fait-on dans une société où le don n’a pas été élevé au rang de principe de vie commune à un point tel qu’on le considère comme « inhérent à la nature humaine » (y a du boulot là) pour s’assurer du prêt de cartes d’accès à ceux qui en auraient besoin? Et dans ce cas là (le don n’est pas naturel) quelle contrepartie exiger pour s’assurer que certaines cigales ne meurent de faim la bise venue?

    Et le corollaire de cette limite : quels moyens pour empêcher l’accaparement par le « plus fort » des cartes d’accès des plus faibles? Si ce n’est pas l’Etat (qui n’est logiquement plus l’horizon démocratique pertinent) comme s’interroge Paul Jorion, alors c’est une instance internationale. Mais comme la seule tâche dévolue à cet instance est le contrôle par la force du non accaparement des cartes d’accès, et qu’on peut difficilement imaginer une instance qui ne soit pas élue « démocratiquement », alors se pose la question des élections. Qui élira-t-on? Celui qui dira : « une carte d’accès par personne/usage de la force contre les contrevenants » ou celui qui dira « autant de cartes d’accès que vous voulez ».

  5. Avatar de 2Casa
    2Casa

    J’entends pour ma part parler de thaïs, de séminoles sur ce site et ailleurs, dont les comportements (je souligne virtuellement) s’éloignent bien de notre nature (resoulignage virtuel) humaine occidentale ? Que faut-il en penser ? Serons-nous toujours avides ? Ou bien une fois le choix, entre travailler pour une misère ou avoir des activités pour une … misère – mmmh – une fois le choix possible, donc, peut-on espérer un changement de ce type ? (D’ailleurs maintenant que j’y pense, ils bossent les thaïlandais).

  6. Avatar de Greg
    Greg

    Un tel système est-il envisageable à un autre niveau que global ?

  7. Avatar de Stilgar

    Bonjour
    En alternative (oui, il reste la monnaie, mais selon ce modèle économique elle est créée lors de la création de richesse – biens et services- et détruite lors de la consommation de ces richesse), je vous propose l’écosociétalisme: http://wiki.societal.org

    Les 14 points importants du modèle économique proposé

    1 – Chaque production de bien ou de service est la somme de l’ensemble des activités humaines ou mécaniques nécessaire à sa réalisation, « l’arbre » inversé des activités directes ou indirectes ayant abouti à cette production.

    2 – Le coût d’une production est donc la somme des coûts cumulés.

    3 – De ce fait, il n’y a pas besoin de capital monétaire pour engager une production souhaitée par les individus ou la collectivité, mais seulement de rémunérer le travail (au fur et à mesure de la production) par une création monétaire (électronique) permanente, dont l’unité de compte équivaut à six minutes de travail.

    4 – La monnaie est seulement la représentation « symbolique » d’un bien ou d’un service « réel ». De ce fait la notion de crédit bancaire et d’intérêt devient totalement obsolète.

    5 – Puisque le travail est rémunéré par une création monétaire, la consommation du produit d’un quelconque travail doit correspondre à l’inverse à une « destruction » monétaire équivalente sur le compte de celui qui l’utilise. Bien que cette idée puisse sembler incongrue elle ne l’est pas tant que cela: c’est bien ce qui se passe au niveau de votre porte monnaie qui se remplit lorsque vous travaillez et se vide lorsque vous achetez, ou au niveau de la création monétaire par l’émission d’un crédit bancaire, monnaie détruite lorsque le crédit est remboursé.

    6 – La monnaie devient totalement virtuelle et temporaire et il n’y a donc plus aucune possibilité d’accumulation de capital productif (les outils de production) ou financier, aux mains de quelque personne physique ou morale que ce soit (en dehors de l’épargne individuelle) ni de valises de billets de banque, générateurs « d’argent noir ».

    7 – Chacun reste totalement libre du choix de son activité, et le travail, à toute étape d’une production, est rémunéré au prorata de son effet direct sur le bien être collectif. Au plus l’activité est sociétale, au plus élevée sera la rémunération de celui qui produit (dans des limites prédéterminées au choix – politique et démocratique – de la société)

    8 – Les productions de biens et de services sont taxées (la C.E.S. / Contribution Eco Sociétale) en tenant compte de leurs effets  » sociétaux » afin d’orienter la demande vers des consommations les plus sociétales et écologiques, compte tenu des souhaits de la population régulièrement consultée et non plus des souhaits des marchands.

    9 – Cette contribution (C.E.S.) prélevée lors de la consommation équilibre la masse monétaire, d’une part pour couvrir la Rémunération d’Activité de ceux qui produisent les biens et services d’utilité publique qui n’entrent pas dans un circuit commercial, d’autre part pour offrir à chacun un montant égal de Revenu Social (le « Revenu Citoyen »), lui permettant, sans condition, de vivre décemment. Cette contribution est le seul « impôt » du système écosociétal en plus des loyers fonciers .

    10 – Si leurs choix est d’être propriétaire de leur habitation, les citoyens auront à payer un loyer (similaire à l’impôt foncier actuel) d’utilisation du foncier à la collectivité ( bail emphythéotique transmissible sans limitation de durée).

    11 – Les « outils de production » ( foncier agricole ou industriel, sous-sol, bâtiments d’exploitation, outillages, etc.) sont mis gracieusement à la disposition des coopératives et des entrepreneurs sous réserve de la pertinence de leur projet. De ce fait, la propriété privée du capital productif disparait, ainsi que l’actionnariat et la Bourse, puisque l’ensemble de la population est « copropriétaire indivise ».

    12 – Les transmissions d’épargne sont limitées à une génération, afin d’empêcher le cumul générationnel générateur d’importantes inégalités.

    13 – Le crédit est gratuit et l’intérêt est limité au droit de le percevoir sur le prêt d’une épargne individuelle préalable.

    14 – Les transferts monétaires entre comptes particuliers sont autorisés, que ce soit en réglements d’achats de biens d’occasion ou de dons manuels, via l’IEM (Institut d’Emission Monétaire). C’est la loi qui déterminera les limites et les régles s’il doit y en avoir.

  8. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    @Stilgar

    Bien sûr d’accord sur ce genre de propositions Mais avec un bémol : je ne crois pas au système politique qui construit un projet et donc un programme et le propose à l’appobation des citoyens ; je pense que tout projet même réfléchi et fondé doit passer par un travail , un accouchement collectif.

    Par exemple ok pour le 11

    11 – Les “outils de production” ( foncier agricole ou industriel, sous-sol, bâtiments d’exploitation, outillages, etc.) sont mis gracieusement à la disposition des coopératives et des entrepreneurs sous réserve de la pertinence de leur projet. De ce fait, la propriété privée du capital productif disparait, ainsi que l’actionnariat et la Bourse, puisque l’ensemble de la population est “copropriétaire indivise”.

    Mais ce genre de truc ne peut se mettre en place d’en haut et demande un sacré cheminement de maturation ; par exemple : je suis agriculteur et récemment après des années d’endettement auprès du crédit agricole je suis devenu propriétaire de ma ferme; mes réflexions sur l’état de la société et du monde et les enjeux qu’on a sur les bras m’incite aujourd’hui à chercher à « installer » sur ma ferme et donc partager le foncier ; il s’agira de mettre en place qq ateliers complémentaires les uns des autres pour mieux valoriser économiquement , humainement et sur le plan environnemental le foncier de la ferme .
    Ce genre d’expérience est long, difficile : on ne courtcircuite pas l’histoire …
    Et en terme de foncier agricole c’est actuellement plutôt la guerre et la foire d’empoigne pour s’agrandir!!!!! Les mentalités sont plus à se protéger qu’à s’ouvrir et faire confiance ……

    Bref selon moi la priorité n’est pas le projet mais l’organisation du travail collectif sur le projet ; de toute manière il n’y aura pas trente six manières d’organiser la société pour qu’elle soit durable.

    Donc priorité : organiser structurer ET FAIRE VIVRE une démocratie participative autour de la recherche sociétale.

  9. Avatar de JLM

    @ Greg

    je crois effectivement que le distributisme est un contre modèle théorique – sans possibilité d’application autre que globale- , mais c’est justement tout son intérêt, c’est comme une paire de lunettes inversée qui ferait travailler le cerveau pour réapprendre à lire à l’endroit. Pour un exemple, voir sur le site « André Gorz choisit le distributisme », (lien d’accès en page d’accueil du site de J.P LAMBERT). Les propositions d’allocation universelle sont encore loin du distributisme, par contre nous ne pouvons évaluer les distorsions et régressions du concept d’allocation universelle que par rapport au contre modèle théorique. Personnellement je me fous complètement du « distributisme », de « l’écosociétalisme » ( pardon Stilgard), de toute façon comme dirait Zinoviev, c’est un « isme », et même les meilleurs d’entre nous auront tendance à tirer toute l’affaire vers le bas. A chaque fois, l’esprit doit lutter pour ne pas trop sombrer, c’est pourquoi les lectures roboratives nous sont nécessaires, même si elles n’ont pas d’autre utilité. Et en plus, ce sont toujours les même qui finiront « au trou ».

  10. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Di Girolamo
    Oui, je suis tout à fait d’accord avec vous.
    Il existe diverses alternatives au système financier et économique actuel, que ce soit le crédit social, le distributisme, la bioéconomie ou l’écosociétalisme … mais tous cherchent aussi la durabilité du système économique.
    L’erreur de nos sociétés est fondamentalement de penser qu’il faut de la monnaie (qu’elle soit de n’importe quelle origine) antérieurement à la production, alors que la production c’est du travail imbriqué: mais je reconnais aussi que l’idée d’une monnaie créée à l’occasion de la création de richesse et détruite à sa consommation ne pouvait être imaginée avant l’arrivée des monnaies électroniques (les seules « tracables »)

    Ces « modèles alternatifs » trouveront un écho un jour auprès de la population quand elle aura compris (à la suite d’un véritable crash économique ?) que nous ne devons pas être dirigé par un système financier et capitaliste. Nous n’avons vraiment plus besoin des ingénieurs financiers et autres spéculateurs qui sont des sangsues de notre société… j’y mettrais aussi dans les professions inutiles, celle tournant autour de la publicité (il y en a bien d’autres, évidemment)

  11. Avatar de thomas

    Charlot @

    Le rationnement est au bout des exponentielles (population, energie…..)

    La seul question, comme d’habitude est : avec ou sans consentement…..

  12. Avatar de Eomenos
    Eomenos

    J’ai déjà lu quelque chose du genre.

    Qui dit « accès » dit aussi « refus d’accès ».

    Merçi de l’effort de réflexion mais votre truc sens trop Big Brother pour être aimable.

  13. Avatar de antoine
    antoine

    Plutôt que de penser à remplacer le système mondial via un changement politique (mode tout ou rien), pourquoi ne pas essayer de développer un modèle concurrent (style banque Wir). Si le modèle est meilleur, et qu’on ne cède rien sur le plan théorique et sur le plan de la com/ lobbying, il n’y a pas de raison qu’il ne finisse pas par avoir la tête du système le moins bon. Nous sommes au pays de la libre entreprise, non? (Ou comment pendre les libéraux au mot).

    On peut déjà s’appuyer sur toute une tradition religieuse. Les membres de ces communautés, s’il existait un système alternatif disponible viable refuseraient le système bancaire j’en suis sûr. D’ailleurs sans un tel appui c’est peine perdue. Ca commence à faire BEAUCOUP de monde. A partir de combien de personnes, de quelle quantité de fonds le monde bancaire ne serait-il plus viable?

    Plus dur que le modèle final, ce sont les étapes qui permettent d’y parvenir pacifiquement, qui requièrent théorie et intelligence politique (l’art du kairos) qui sont le plus difficile à atteindre.
    Le « Canevas d’Utopie » (une immense « machine à expérience » politique) de R. Nozick me paraît être un outil théorique tout à fait approprié à ce genre de projet.

  14. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Toutes les spéculations intellectuelles, au bon sens du terme, qui tentent de refaire le monde sont incontestablement les bienvenues, dans un monde qui pourrait se caractériser par une forte fermeture de la pensée et un conformisme pesant. La réflexion sur les modèles alternatifs est toujours instructive et stimulante. Mais ne faudrait-il pas, dans l’immédiat, prioritairement profiter de cette étonnante leçon de chose à notre portée que représente la crise financière ? Pour s’insérer dans les débats sur la régulation, la refonte, ou que sais-je encore, et en tout cas pour en tirer les enseignements. Le roi n’est pas tout à fait nu, mais ce n’est pas loin. La radicalité du propos, pour ceux qui s’en recommandent, n’en sortirait pas nécessairement amoindrie, mais plutôt renforcée. La réflexion sur les modèles également.

    Le paradigme libéral (au sens de l’économie) le plus établi, revendiqué comme indépassable, n’est pas très pertinent, si on l’examine sous toutes les coutures. Par analogie, nous inspirant pour notre domaine de démarches intellectuellement aussi dérangeantes que celles qu’emploie la physique quantique pour le sien, nous pourrions essayer de mieux décrire notre monde, afin d’en écarter une vision réductrice. Cela nous aiderait à envisager par quoi il pourrait être remplacé. Un des fils rouge de cette observation, à expérimenter, est à mon sens d’inventorier l’informalité et son imbrication avec la formalité.

    Depuis Thomas More, qui a inventé le terme, on fait référence à l’utopie pour généralement la considérer hors de portée, l’assimilant à des « robinsonnades » et lui accordant au mieux la part du rêve. Pourtant, quand on se penche et gratte, sans avoir besoin de quitter le présent, on découvre dans nos sociétés des pratiques économiques et sociales bien singulières, dont certaines pourraient préfigurer l’avenir autrement que comme promis. Il a fallu cette crise financière majeure pour que les pratiques financières s’en trouvent un peu dévoilées et, déjà, de nombreuses voix s’élèvent pour prétendre qu’elles ne devraient pas être changées. Les financiers ne semblent pas fréquemment lire Thomas More.

  15. Avatar de all
    all

    Vous ne supprimez pas la monnaie , vous changez l’unité de compte qui serait « le droit d’accès ».
    Ce qui changerait dans l’usage de la monnaie est quelle serait en quelque sort détruite après paiement, comme si les magasins mettaient un tampon « annulé » sur les billets de banque après la transaction.
    En tout cas j’ai bien ri, ce qui me sidère le plus chez les utopiste est la précision de leurs calculs.

  16. Avatar de quentin

    Je ne vois pas la place du travail dans cette utopie : qui va vouloir travailler et pourquoi ? Il faut bien du travail pour produire les biens de consommation.

    @stilgar : à propos de l’écosociétalisme : ce système exige d’avoir une confiance aveugle en la démocratie, ou en un quelconque pouvoir qui décide de ce qui est écolo, social, utile au plus grand nombre, etc. N’est-ce pas dangereux ?

  17. Avatar de Stubborn
    Stubborn

    Eh bien, dans une société sans profits et sans monnaie, j’irai à la banque, comme aujourd’hui, sauf que cette banque-là ne fournit plus d’argent.
    Elle fournit des accès.
    Et d’abord accès aux informations.

    Je me suis arrêtée ici.
    Parce que la monnaie c’est justement de l’accès à l’information. (et au temps).
    Donc inconsciemment on raisonne encore avec les mêmes paradigmes.
    Next !
    😉

  18. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Le terme d’utopie est polysémique et il peut y avoir un intérêt à distinguer concepts utopiques et utopies.

    L’utopie « classique » implique une connaissance pure et parfaite, une intelligence pure et parfaite, des représentants politiques purs et parfaits qui exercent une gouvernance pure et parfaite pour/sur des humains purs et parfaits : ce que Messac traduit par la recherche par l’homme dans son imagination de ce que la réalité lui refuse (« Esquisse d’une chronobibliographie des Utopies »).

    Le concept utopique reconnait le principe de réalité et intègre de façon sélective certaines restrictions, en mettant directement ou indirectement en lumière celles qui souhaitent faire évoluer.

    La « société sans profits monétaires ni monnaie » de Jean-Paul Lambert est à ce titre davantage un concept utopique qu’une pure utopie. Par exemple, à la connaissance et l’intelligence pure et parfaite de l’utopie, il substitue le développement et le perfectionnement continu du savoir comme composante essentielle du système parallèlement au développement économique et industriel :

    Entretenir et augmenter les savoirs et savoir-faire est considéré comme aussi important que proposer des produits et services. Mon projet d’entreprise ne sera accepté que s’il situe clairement ce qu’on y fait dans une gamme de recherches, enjeux et défis. Il doit tenir la collectivité informée de ce qui s’y fait pour que chacun puisse y apporter ses compétences et expériences et en acquérir de nouvelles.

    En ce sens, cette société ne diffère pas vraiment de la notre : les entreprises « orientent » déjà largement la transmission du savoir et cherchent à développer de façon quasi-exclusive des « savoirs utiles ».

    Le risque n’est-il pas alors celui d’une société qui pense à ce qu’elle fait, plutôt qu’une société qui pense à ce qu’elle est? Est-ce vraiment un risque d’ailleurs?

  19. Avatar de Jean-Paul Lambert

    Nous cherchons de l’aide pour avancer dans la faisabilité du modèle et voir ses implications, pas seulement au plan économique.
    Il va de soi que pour participer à ce travail il faut d’abord se convaincre que le modèle actuel n’est plus viable, ce qui ne veut pas dire qu’on va tout jeter.
    Ne confondons pas changement de régime et changement d’ère technologique. La traction à cheval a résisté à la Révolution! Internet va sans doute croître et embellir (?) encore.
    Nous devons donc réfléchir posément sur:

    – certaines possibilités empêchées de réaliser ce qu’elles pourraient apporter de bon à cause d’un mode de gestion dépassé.
    Je cite souvent le cas des moteurs d’avion qui permettaient d’atteindre des vitesses considérables et faisaient que la machine se fracassait contre le mur du son. Les ingénieurs avaient fait tous leurs efforts pour augmenter leur puissance. Ils n’avaient pas voulu envoyer les pilotes au casse-pipe. Les ancêtres ont fait tous leurs efforts pour supprimer la peine au travail. La machine a créé la surproduction et le type de crises que vous savez. Vous avez lu Illich et avez été sensible à la démonstration de la montée en puissance de moyens qui se terminait en gâchis.
    A côté de techniques qui n’ont rien de condamnables en elles-mêmes mais qui se retournent contre les utilisateurs, plein d’expériences ont lieu en marge, qui anticipent sur d’autres structures techniques et sociales. Elles ne peuvent être généralisées sans déstabiliser le système ou sont récupérées pour faire du profit. La décroissance, pratiquée à titre individuelle et comme « bonne action », conduit tout droit au capitalisme vert. La prochaine bulle sera… verte.

    – sortir du tout ou rien.
    à deux degrés:
    premier degré: le degré interprétatif: critique viscérale de l’ »isme », qui n’empêche pas d’adhérer à des « ismes » comme capitalisme ou socialisme.
    Paille dans l’oeil du voisin, poutre dans le mien.
    Le distributisme, défini comme « abolition des profits monétaires », en finissait avec les jérémiades qui ont puissamment contribué au mythe du progrès. Il prenait en compte un fait qui fonctionne comme un TOUT: l’abondance des produits et services et la misère qu’elle déclenchait. Ce fait-là continue de nous environner, et les palliatifs qu’on lui a trouvés ne cessent de l’aggraver.
    L’abolition des profits monétaires ne peut pas fonctionner autrement que comme un tout, comme l’abolition des droits héréditaires. Mais ce tout-là permet d’avoir un accès direct aux richesses, de permettre aux peuples de se nourrir eux-mêmes (ils ne vont pas voir leur économie ruinée parce qu’elle n’est pas MONETAIREMENT concurrentielle. La valeur marchande ne va pas prendre le pas sur la valeur d’usage et obliger à raréfier, détruire les produits pour soutenir les cours. Les pays riches ne vont plus laminer les pauvres sous leurs exportations et technologies. Et n’auront pas à craindre des retournements concurrentiels comme ceux du Japon et de la Chine.
    En dénonçant d’une manière constructive le fonctionnement TOTALITAIRE de l’obligation de faire des profits monétaires, le distributisme, comme la révoluton galiléenne ou celle de 89, présente forcément une solution d’ensemble. Il faut évidemment réfléchir au moment où cette solution peut donner lieu à des dérives. C'(est pourquoi j’ai pour ma part tout de suite critiqué l’idée d’instituer un service social, soutenue par les distributistes historiques. Contrôlé par qui? Et qui contrôlera les contrôleurs. Conserver la monnaie conserve la surveillance centralisée des valeurs, des prix « politiques », etc.
    L’introduction des codes-barres permet un contrôle franchement plus sérieux, objectif, que celui des prix.

    deuxième degré: les couples.
    Exemple: croissance et décroissance. Le distributisme permet de penser les choses autrement. Je n’insiste pas.

    Certaines des remarques que vous avez faites, en dépit de leur caractère… tout ou rien, présagent d’une participation possible à l’étude du modèle.
    Par exemple: « il s’agit de rationnement ».
    Excellente entrée: comment, par quoi aujourd’hui des milliards d’individus (et nous!) sont rationnés? Leur droit d’accès aux produits, biens et services n’est-il pas limité par ce qu’ils ont d’argent à dépenser? Ils doivent donc se « rationner » pendant que d’autres, etc. Le « rationnement » est la loi du capitalisme, qui ne fonctionne bien que s’il y a des profits monétaires et ne peut en faire que si rareté il y a, parce qu’autrement les cours s’effondrent.
    « La crise financière est une école »… pour combien de prochains Munich économiques et sociaux?
    Je répondrai plus tard à la question du « don ».
    J’ai déjà été très/trop long, merci d’avoir répondu.

  20. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @Quentin,

    Tout à fait d’accord avec vous il est peut-être temps de repenser la place du travail dans nos vies, et ENFIN ADMETTRE QUE LA SOCIETE SALARIALE N’EXISTE PLUS.

    Les politiques font tout pour faire croire à la majorité des populations occidentales que l’existence sociale NE PEUT dépendre que du travail salarié (sans salaire point de salut : pas de ressources) or dans les faits, la mondialisation détruit beaucoup plus d’emploi qu’elle n’en crée. Le plein emploi est mort. Aujourd’hui la majorité des emplois créés ( 60% je crois) sont des CDD ou des emplois en intérim ou à temps partiel.

    Socialement, cela a conduit à une pression sur les salariés qui ont accepté une dévalorisation de leur statut et des droits qui y étaient affiliés (protection sociale, salaire, temps de travail légal etc.).

    Le capitalisme a de moins en moins besoin de salariés (rappelons qu’actuellement un actif produit autant de richesses que 3 actifs en 1960 et que cela s’accentue encore).

    La réalité est qu’il n’y pas de travail pour tout le monde. Et que si travail il y a, il est de plus en plus précaire et absolument pas protecteur (statut d’indépendant, contractuel de la fonction publique, pigiste pour les journalistes, je parle ici aussi des emplois dits qualifiés).

    La question n’est donc pas tant de savoir qui va vouloir travailler et pourquoi ?

    Mais que voulons nous comme travail ? Et en quoi celui-ci peut-il participer de notre épanouissement, et du sens que nous souhaitons donner à notre vie.

    Le premier pas c’est un revenu universel, qui permet à chacun de vivre dignement.

    Ensuite chacun est libre de travailler s’il le désire pour améliorer ses conditions économiques…

    Le problème c’est que si chacun devient allocataire d’un revenu minimum, il va être très difficile de trouver des pauvres à exploiter…Vous savez la caissière de chez carrefour qui bosse depuis 20 ans à temps partiel pour 850 euros/mois ou la femme de ménage payée 7 euros de l’heure grâce au chèque -service, etc.

    Quand allons-nous abandonner notre statut de prolétaire vendant à n’importe quel prix sa force de travail (actuellement plutôt à vil prix cf : pouvoir d’achat, mais aussi le nombre de consommateurs d’anti-dépresseur en France) ?

    C’est dans la tête que ça se passe, cela s’appelle une prise de conscience…Notre pseudo -modernité c’est le retour au 19ème siècle…Tant qu’une majorité de gens ne l’auront pas compris et accepteront cette situation rien ne bougera…

    J’espère que cette crise et la destruction d’emploi qu’elle opère accélerera la prise de conscience…

    Au fond, j’en doute, parce que ce changement de paradigme est pour la majorité des gens tout simplement impensable…

    à voir pour ceux que cela intéresse un excellent documentaire du non moins excellent journaliste Pierre Carles, sobrement intitulé : Attention Danger Travail

    http://www.dailymotion.com/relevance/search/attention%2Bdanger%2Btravail/video/x3lkr9_attention-danger-travail-1_politics

    Pour une réflexion plus approfondie :

    André Gorz : « misères du présent, richesse du possible. » Chez Galilée « débats. »

  21. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Lorsque j’ai étudié les deux formes de distributismes que je connais, celle « historique » de Jacques Duboin (et de Marie Louise) et celle « réformatrice » de « Prosper » (J-p lambert), il m’est venu une question immédiate à laquelle je n’ai pas encore trouvé de réponse: quid du partage des ressources rares « impartageables » (juste un exemple pour préciser ce que je veux dire par là: comment procéder s’il y a 10 villas disponibles sur la côte d’Azur et qu’il y a 100 demandeurs) ?
    Peut être Jean-Paul lambert a t-il une réponse nouvelle à cette question.

  22. Avatar de JLM

    @ Jean-Paul Lambert

    L’isme chez Zinoviev est le contraire d’une critique viscérale. Ce qu’il dit (et je partage cette idée), c’est que les forces civilisatrices sont, dans n’importe quel système, toujours en tension avec la veulerie. Dans ce sens, aucun système ne résout aucun problème, l’isme est l’oubli volontaire de cette tension, l’affirmation que le modèle est parfait si chacun le suit à la lettre et de force si nécessaire.

    L’introduction des codes-barres permet un contrôle franchement plus sérieux, objectif, que celui des prix.

    Si vous tenez compte de la Lecture que Jorion fait d’Aristote quant à la formation des prix, alors nous serions au cœur du débat, et l’objectivité serait l’expression parfaite des rapports de force.

    Certes toute nomenklatura reconnaît l’existence de problèmes, mais elle affirme que toujours demain, selon l’isme, « l’avenir sera radieux ». Aussi, c’est dès le départ de la construction d’une nouvelle réalité selon l’isme à venir, qu’il convient de traquer, non pas les perversions de l’homme ancien, mais d’entrée de jeu les perversions à venir dans le cadre du nouveau paradigme. C’est pour quoi, comme vous l’aurez remarqué, je préférais opérer d’entrée de jeu une courbe rentrante

    … et bien n’étant pas un ange non plus, j’essaierai de me placer au bon endroit pour en profiter. (en réponse à votre billet,12 janvier 23h35

  23. Avatar de Jean Christophe Bataille
    Jean Christophe Bataille

    Sans nul doute moins efficace que le marché lorsqu’il est bien régulé. Voulez vous établir un dictat bancaire tout puissant ? Laissons donc l’argent circuler, c’est un gage de liberté.

  24. Avatar de Ariane
    Ariane

    @Jean Christophe Bataille
    Manifestement le marché ne peut pas être bien régulé … ca fait des années que les gouvernements essayent et chaque fois la crise nouvelle est plus violente que la précédente.

  25. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    ghostdog dit

    « Le premier pas c’est un revenu universel, qui permet à chacun de vivre dignement. »

    Distribuer un revenu universel part d’un bon principe , surtout dans une société si inégalitaire , MAIS ne correspondra sans doute pas longtemps avec le richesse réelle de nos sociétés : au fur et à mesure où notre capital santé (pollutions alimentaires , air , eau ) notre capital climat ( poursuite et aggravation du dérèglement climatique) notre capital ressources ( nous sommes au pic de nombreuses ressources naturelles indispensables au fonctionnement de nos organisations sociétales), notre capital paix civile…etc etc…. s’ammenuiseront nos marges de maneuvres vont se réduirent ; nous retrouveront alors le vrai sens du mot travail qui est une activité humaine essentielle nous permettant grâce à un effort intelligent de préserver notre capital vie et donc d’activer et entretenir tous les éléments , tous les principes , toutes les lois permettant cela.
    Plus qu’un effort de redistribution ,qui PEUT ETRE UNE ETAPE TRANSITOIRE UTILE , c’est le sens même de notre présence sur terre et donc du travail qu’il faut retrouver ….Grande psychanalyse collective ? Grande université populaire ? Grande mobilisation politique ( au sens de comprendre et construire ensemble) ? Peut importe la désignation .

    En tous cas il faudra se débarasser de tous les totalitarismes …le défaut majeur du capitalisme ou libéralisme peut importe étant de détruire l’imagination , de voiler l’accès au réel remplacé par un système. La réalité aujourd’hui c’est qu’il va falloir d’avantage rechercher notre satisfaction dans le plaisir de la vie même que dans le revenu et les objet manufacturés qu’on pourra s’offrir ; y a du boulot.

  26. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @ J-C bataille,

    Comme la plupart des boursicoteurs ignorants vous confondez capitalisme et marché

    une petite remise à niveau s’impose :

    http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/valeur/marche-partout.pdf

  27. Avatar de Jean-Paul Lambert

    Parmi les commentaires que je viens de voir, celui de « Stubborn » a l’intérêt d’obliger à faire la différence entre un mode de gestion et un autre.
    L’information fournie par les codes-barres n’a pas du tout le même caractère informatif que celui d’un prix. La première est objective et peut être complétée, toujours sous forme de codes-barres, d’infos tout aussi objectives. La seconde dépend de critères qualitatifs.
    En codes-barre, le résultat de votre travail est désigné une fois pour toutes. Il est là ou n’est plus là. En prix, sa valeur s’interpose entre lui et les usagers potentiels: auront-ils les sous ou pas? Devront-ils attendre les soldes pour l’acheter? S’il ne fait plus assez de profits, va-t-on pouvoir continuer d’en produire – et votre poste n’en sera-t-il pas menacé?
    Après tout, un coup de bâton aussi est une information. Les aventures de l’appréciation et de la dépréciation sont une longue suite de coups de bâtons. Associés à des carottes. Ne pourrait-on pas dire que le paradigme de notre société est celui de la carotte et du bâton?
    Les conséquences en sont lourdes sur tous les plans: il nous fait injure (nous traite comme des ânes), conduit à une représentation déformée des personnes et des choses (combien ça vaut) et, par le biais des profits à faire sur n’importe quoi, ruine la planète… et le capitalisme aussi, par crises!
    Cette remarque rejoint par la bande la remarque de « Di Girolamo ». Gros BOULOT à faire, on s’y attelle?

    L’affirmation de Jean-Christophe Bataille selon laquelle la circulation d’argent est un gage de liberté tient-elle la route quand il n’y a plus d’argent?
    J.C.B. met le doigt où ça fait mal: peut-on gager la liberté sur l’argent? De quelle liberté s’agit-il? Celle de choisir ses dépenses?
    Le leit-motiv de PROSPER est « pour la maîtrise de leurs usages par les usagers ». Quelle maîtrise de nos usages, nos vies, l’évaluation monétaire nous donne-t-elle? Nous ne pouvons choisir que ceux qui rapportent ni abandonner ceux qui ne nous rapportent pas…

    La question de « Ghostdog », dans le prolongement : Que voulons-nous comme travail… On emploie son temps comment?
    Si on remontait un peu plus en amont? Il y a des besoins de base… Manger, boire, dormir… Et la façon dont les peuples, à certains moments de l’histoire des techniques ou autre, les interprèêtent – en font des usages, qui les différencient les uns des autres. Mais les usages que nous faisons de nos besoins deviennent à leur tour des besoins. Nous ne pouvons plus manger autrement qu’avec des baguettes ou des fourchettes, etc. Et là-dessus se greffent encore de nouveaux besoins (décors, etc.). Aucune raison de rougir de cette spirale. C’est celle de la civilisation… Mais la voilà faussée par des préemptions de caractère religieux, féodal, usuraires, schizée en classes sociales… L

  28. Avatar de Fab
    Fab

    @ Jean-Paul Lambert, Bonsoir et merci pour votre message qui a fait de cette journée une belle journée !

    Vous en avez trop dit pour ne pas en dire plus sur le système sans monnaie que vous proposez. Je comprends que vous proposez d’échanger la monnaie de ma carte bleue par des codes barres ! Qu’ai-je a y gagner ?
    Et que répondez-vous à Stilgar (13/01 à 13h54) ?

    Merci.

  29. Avatar de Fab
    Fab

    @ Paul Jorion,

    A ce rythme-là, au rythme où vous déplacez vos pièces, j’ai bien peur qu’il me faille attendre l’âge de la retraite imposé par le successeur de Notre Président pour espérer voir une position stratégique exploitable. Bien que certaines voies soient impénétrables au commun des mortels et bien que je reconnaisse votre autorité de maître de cérémonie, ne pourriez-vous pas nous aider un peu à sauter quelques étapes que j’imagine être pour vous préliminaires ?

    Merci.

  30. Avatar de Jean-Paul Lambert

    (suite)
    Le libre accès aux ressources et au résultat du travail permet aux ci-devant travailleurs de remettre à tout moment en question leurs usages. Le choix de ce contre quoi ils échangent leur temps ne dépend plus du devoir qu’ils ont de faciliter les profits. Ils ne doivent plus se réjouir qu’on crée de l’emploi en faisant n’importe quoi. J’aimerais bien que nous réfléchissions au moment où des milliers d’emplois surtout utiles pour produire un volant de profits suffisants (la croissance) vont pouvoir être abandonnés. Où plein de compétences vont s’inventer, qu’on ne savait pas avoir… de façon de transmettre les savoirs… de penser les activités d’une manière non plus « idiote » (isolée) mais transversale.
    Toutes ces énergies aujourd’hui étouffées dans des combats de bureau, de hiérarchies… libérées pour la recherche sous toutes ses formes.

    Parmi les premières interventions, il y en a une qui reproche au modèle proposé de ne pas faire état du « don ». Il le libère, au contraire! Car à 80% (je cjhiffre au flan…) nos « dons » sont aujourd’hui des dons de rattrapage, pour boucher les trous ou diminuer les dégâts. Ce que nous appelons « travail » deviendra coextensif au « don ».
    Pourquoi sommes-nous obligés de travailler? Pour desserrer des contraintes (v. besoins). Qu’est-ce que nous aimons, dans le travail? Qu’il les desserre, avec efficacité, élégance. A tout moment chacun de ceux qui écrivent ici réfléchit à un « mieux », un raccourci de temps, une économie de matériaux, etc. Dans une société où on n’est plus tenu que par l’accès qu’il y a ou non aux ressources, l’inventivité qui a conduit à l’explosion technique des XIX et XXe va être libérée des soucis de profits monétaires et donc s’exercer d’une manière critique. Je parle d’expérimentation… Nous n’arrêtons pas déjà aujourd’hui d’en faire, mais décidées comment? Et suspendues comment?

    Je ne voudrais pas laisser sans réponse la question des 10 villas et des 100 personnes.
    Elle honore celui qui la pose, offusqué que tant de villas somptueuses de la Côte d’Azur soient vides et qui y voit là matière à dénoncer une économie « réelle » où on ne peut plus faire de croissance juteuse qu’en vendant des villas aux riches et un sous-marin nucléaire à Lula.

    A supposer qu’on ne puisse se loger autrement qu’à raison d’une personne par villa, on pourrait déjà songer à construire cent villa si on a les ressources pour les construire. Mais je suppose que personne n’y songera et qu’on commencera plutôt par repenser ce qu’on attend de l’habitat, groupé ou non, pour expérimenter de nouvelles façons d’habiter ou pour renouveler ou même copier les anciennes.
    Aujourd’hui, les conditions d’accès étant liées au crédit, on fabrique des objets standards qui ghettoïsent en riches et pauvres les acheteurs. Ce problème étant créé par le modèle actuel, « Stilgar » voit-il dans ce modèle le moyen de résoudre? Celui que nous proposons ne serait-il pas plus pertinent?

    S’il s’agit de construire des villas, la réponse « distributiste » à la question de « Stilgar » est dans le texte que Paul Jorion m’a permis de vous soumettre. Machine à laver sans eau ou habitat super écolo, même parcours: hypothèse technique, insertion dans un ensemble pédagogique et « usologique ».

    Je relis la question…. Pourquoi donc faudrait-il « partager » les dix villas? Pourquoi ne pas plutôt stimuler les battements du coeur architecte dont tout le monde est doté?
    Mais bon, ces dix villas existent… Prenons le cas de chacune d’elle, prenons même le cas d’un quidam héritier d’un château? N’est-ce pas le moment d’opérer un glissement de « responsabilité » à « propriété »? Parce qu’ils n’en ont pas les moyens financiers d’entretenir, etc., combien doivent vendre? Des quartiers se dégradent parce que les propriétaires ne peuvent plus se comporter en responsables. Pourquoi leur refuserait-on l’accès aux travaux de rénovation, en quoi une société est-elle plus riche si elle laisse dégrader son habitat?
    La validation des travaux nécessaires nous ramène au même cas de figure que pour « mon  » Vibrolav.
    Ah mais… La nécessité de ces travaux sera-t-elle vraiment nécessaire… N’y aura-t-il pas des petits malins qui… Il est fort possible qu’on en vienne à les remercier de leur malice, qui donnera l’occasion d’exercer ses compétences, etc. La raréfaction du « travail » me semble une tendance lourde de l’avenir. Mais elle sera probablement compensée par du « travail » de recherches dans toutes les directions.

    ****
    Certains d’entre vous auraient-ils l’obligeance de se pencher sur le problème suivant, posé par un ami convaincu de l’intérêt du modèle distriutiste mais qui hésite encore (et nous fait réfléchir à nouveau) sur la possibilité de conserver en partie l’usage de la monnaie.
    Pourquoi, demande-t-il, faudrait-il en abandonner totalement l’usage?
    On en émettrait – d’un trait de plume, comme aujourd’hui – et garantie « distributiste », i.e. qui s’annule au moment du passage en caisse.
    On l’émettrait localement… mais faut-il que ce ne soit « localement »? – là, ça commence déjà à gronder…
    On la distribuerait… Ho? également ou en distinguant les… des…?

    Quels avantages y aurait-il à procéder ainsi? Et ne faut-il pas plutôt « se jeter » sans concession à un usage ancien?

    *******

    Les remarques qui ont été faites jusqu’à présent visaient les principes généraux, la difficulté de concevoir une autre société. Ce sont les premières qui viennent, comme quand on a envisagé l’égalité de tous devant la loi, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la contraception ou ce qu’allait devenir la société avec l’informatique. Je vous en remercie, et même de celles qui sont les plus « dures ».
    Mais… Sans abandonner la question « à quoi ça ressemblerait une société pareille », pourriez-vous revenir à la description initiale et faire des objections de… faisabilité, par ex. au sujet du chiffrage universel des ressources, produits et services par codes-barres, de la façon dont « marche » la carte de crédit, se décident les expériences, etc.

    En vous remerciant.
    JPL

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