Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On va de nouveau me taper sur les doigts parce que je m’apprête à dire quelque chose de positif à propos de Nicolas Sarkozy. Je fais donc précéder ce qui va suivre d’une déclaration préalable : « Je sais qui est le Président de la République française, je sais en particulier sur quelle plate-forme sécuritaire il fut élu, je sais également qu’il recommandait lors de sa campagne présidentielle une modification de la politique française du crédit à la consommation qui aurait importé par voie expresse la catastrophe des subprimes au cœur du système financier français ». Je pourrais continuer comme cela sur plusieurs paragraphes. Je ne le ferai pas : libre à vous de compléter si cela vous chante.
Ceci dit, je suis pragmatique : c’est le (bon) résultat qui compte. Je ne suis pas non plus partisan de la politique du pire (et ce que je viens de voir aux actualités ne m’y encourage pas davantage). Certains de mes coreligionnaires pensent que puisque les bénéficiaires du système qui est en train de s’écrouler continuent de défendre bec et ongles ce qu’ils imaginent pouvoir encore sauver de leurs misérables privilèges, il vaut mieux à tout prendre précipiter un effondrement total. Vraiment ? Imagine-t-on donc qu’ils n’attendaient que la venue d’une crise de l’ampleur de celle qui nous emporte aujourd’hui pour se convertir à l’amour de leur prochain et au souci de la planète ?
Je vois bien que Mr. Sarkozy veut tirer parti du fait que le lion est malade de la peste pour que les nations cessent de s’affronter à fleuret moucheté sur la question monétaire mais, sachant que je n’hésiterais pas à le critiquer de ne rien vouloir faire, je me vois à l’inverse disposé à lui dire bravo quand il dit qu’« au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ou que « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique ».
Franchement, je ne crois pas qu’il soit né pensant cela : je crois que c’est la force des événements qui le conduit à dire ce genre de choses. Ceci dit, il pourrait très bien continuer à prétendre le contraire. Ce qu’il ne fait pas.
Bien sûr ce qu’a en tête le Président français ne remet probablement pas en cause l’ordre financier en place d’une manière aussi radicale que nous le souhaitons vous et moi : nous avons pu le constater à propos d’un certain « punir les responsables » qui semblait se cantonner à la désignation à l’opprobre de quelques brebis galeuses, d’ailleurs déjà à terre, ou au retrait de quelques parachutes dorés, déjà passablement compromis, mais manifestons notre satisfaction quand ce que dit Mr. Sarkozy va dans le sens de ce que nous appelons nous-mêmes de nos vœux. Le monde n’a nul besoin de plus de confrontation qu’il n’en a déjà.
PS : A ceux qui se désespèrent que nous ne soyons pas invités aux grands messes qui se tiennent, et qui me le font savoir : cela ne signifie pas que toutes les pensées ne s’y tournent pas vers nous.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
79 réponses à “Le lion malade de la peste (II)”
Cher monsieur Di Girolamo (9 janv 15:07 ci-dessus)
Autant pour moi ! Erreur à X % de ma part !
J’ai surement lu un peu vite (ou pas lu) la fin de phrase « C’est à ce niveau là (etc) …
Mon attention fut surtout accrochee par la suivante
J’ouvre les guillemets
« Les élus locaux, les citoyens lambda, bien plus que nos ingénieurs, nos experts, nos politiques…ont une capacité de dissiper la brume de la complexité et d’atteindre par connexion naturelle et immédiate le diagnostic global. (C’est Chomsky, je crois, qui pense que la plus grande partie des problèmes et conflits mondiaux serait plus facilement résolue si le peuple décidait lui même) »
Je ferme les guillemets.
A ce stade, dans l’état de délabrement où nous nous trouvons — sans aucun marqueur aux quatre horizons —
je doutais assez fortement que les elus locaux et les citoyens lambda allaient tout resoudre sans expert et sans ingenieur
… la « connexion naturelle et immédiate » me paraissait pas beaucoup plus évidente
Quant à M. Chomsky il fait ce qu’il peut comme tout le monde … et le peuple qui décide de lui-même ce n’est pas évident évident. Il suffit de jeter un coup d’oeil à ce blog.
Maintenant venons en à votre nouveau message ci-dessus 15:07
Je presque totalement d’accord avec vous si vous étiez un peu moins excessif, si vous rejetiez un peu moins ceux qui, aujourd’hui, ne pensent pas exactement comme vous. Je vous prie de bien vouloir m’excuser de ne pas le dire avec suffisamment de diplomatie et de bon style. Mais bon ce n’est qu’un post et il faut justement que j’aille à la poste et à la banque sans trop tarder. Les multinationales détiennent 50% des richesses planétaires. En conséquence, il m’apparait vital de bien soigner des formules « gagnant-gagnant » pour ne pas les prendre à rebrousse-poil. Au cas où elles fuiraient la France on serait encore plus mal.
Que ce soit des 100 transnationales de 100.000 personnes ou 3300 PME de 3.000 personnes, le problème est le même.
Ce qui est fondateur c’est la valeur qualitative du Tableau Général Consolidé des Sources & Emplois de Fonds du Sigma.
Je suis également d’accord avec vous pour la dernière observation : il ne vaut pas « tripette ».
@François Jeru
je vais bien merci. Ici il fait très beau. Je viens d’être papa une deuxième et je suis ravi. En fait mon deuxième fils me laisse dormir tout mon saoûl. Aujourd’hui j’ai la tête claire et vacante. Mais la question que je me pose: pourquoi vous lirais-je? J’ai bien essayé mais vous êtes illisible… En résumé qu’avez-vous voulu me dire?
@Paul Jorion.
Je ne partage pas votre définition de la radicalité comme degré. Je ne partage par conséquent pas votre sentiment que les propos et l’action du Chef de l’Etat vont dans « notre » sens.
GARE AU SYNDRÔME DU CHAPERON ROUGE …
Oser dire que sarkozy à sa part de vérité…
Bon d’accord, pour celà : bravo ! C’est vrai ,et en plus, çà faira plaisir à l’ami Attali.
Ceci dit, il existe des petits trucs imparables dans la vie .
Ainsi , pour être sur de la propreté d’un restaurant, mieux vaut visiter les toilettes.
Et pour être sur des qualités humaines d’un homme ( qui auront une influence sur son oeuvre) , mieux vaut vérifier la façon dont il se comporte avec les enfants, tout les enfants.
Pour être clair sans être vindicatif, La chasse aux enfants de sans papiers qui a été pratiquée en France sous la bannière du sarkozysme est une tâche indélébile sur le drapeau de la répuplique.
Notre nation mettra le temps qu’il faut pour comprendre celà, mais puisque c’est la vérité, celà sera accessible tôt ou tard à la consicence de chacun.
Voilà c’est dit , m’sieur Jorion, vous pourrez peut être même un jour dire que les cancres ont , eux aussi, leur part de vérité.
Le pendant de cette indifférence nationale au sort réservé à des innocents sera l’éclatement de la plus grosse bulle à venir qui soit : celle de l’inhumanité SUR FOND D’ AVIDITE DU POUVOIR.
NB : en France , un changement de régime se fait jour peu à peu.
Que les esprits libres examinent ce que deviennent tous les contre pouvoirs garantissant une démocratie durable
Justice , police et gendarmerie, élections , médias, juge d’instruction , opposition ?
« Dis sarko , pourquoi tu as de grande dents ? » ,
« C’est pour mieux te sourire mon enfant …. »
François Jéru dit: 9 janvier 2009 à 15 h 42
Pour mémoire, je l’ai déjà répercuté (source janvier 2007, jean Peyrelevade):
Il y a globalement 300 millions d’actionnaires dans le monde. 150 millions sont étatsuniens (soit 1 américain sur 2 car les États-Unis comptent 300 à 302 millions d’habitants à ce jour). Les 150 millions d’actionnaires restant se répartissent comme suit (toujours globalement): 75 millions sont des citoyens de tous les pays riches du monde sauf les États-Unis, et 75 autres millions d’actionnaires sont des citoyens de tous les autres pays du monde, donc à l’exception des États-Unis et des autres pays riches. Ce qui fait qu’il y a: 0,3 milliards/6,5 milliards, soit: 1/21, ou 1 actionnaires sur 21 habitants dans le monde (début 2007. Comme il y a très globalement 100 000 à 200 000 gestionnaires d’actifs dans le monde et quelques 20 000 sociétés cotées en bourses, nous avons là le « relief » du « commandement » économique et surtout financier sur le monde. Sur ces 300 millions d’actionnaires les petits porteurs sont très majoritaitres et ne doivent pas peser très lourd.
Lorsque les 20 non-actionnaires sur 21 habitants de la planète prendrons enfin consciences du poids économique, pourtant déterminant qu’ils ont déjà dans le présent, on peut imaginer que le sytème financier ne sera plus le même.
En attendant, il faut respecter ce droit fondamental à tout être humain de changer d’avis, y compris ceux qui s’appellent Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Donc pas de projection à leur endroit. Ainsi que le rappelle justement ci-dessus Di Girolamo: n’importe qui (même celui que je ne peux pas sentir) peut être touché par la Grâce. En principe, il s’agit-là de la Grâce du Saint Esprit, car tout le monde sait, en particulier sur ce blog… hrrum!!.. que le Saint Esprit souffle où il veut, quand il veut et auprès de qui il veut.
Ceci étant bien compris car il ne faut pas critiquer avant les preuves, et toute chose égale par ailleurs, Niclas Sarkozy, dans sa déclaration en présence de Tony Blair (l’un des piliers du mondialisme, et en plus, d’inspiration fabienne!) et aussi de Madame Merkel, comme quoi le modèle étatsunien n’est pas forcément pérenne, ce qui doit être débattu le 2 avril prochain, où? À Londres… Vous ne trouvez pas que ça a des relents de réchauffé et de tourné? Et que la sauce mondialiste est en train de nous intoxiquer progressivement?
Prenons en mains notre propre monnaie et non plus celle des banquiers. Les compétences ne manquent pas, je crois même qu’elles surabondent. Il n’y aurait que l’embarras du choix.
*
Enfin merci à JeaNîmes @ le 9 janvier à 11h14
d’avoir transmis ce passage de K. Marx. Marx à vraiment frôlé la nature du sytème financier et le traitement monétaire, mais s’il a mis en exergue la plus value que les industriels ponctionnent sur les salariés qu’ils emploient et s’est attaqué à la propriété capitaliste sous toutes ses formes, il est passé complètement à côté (tout comme les libéraux) de la plus value (invisible?) que prennent les banquiers dans leur traitement de la monnaie, véritable vampirisation de la société conjuguée à celle de l’État ventripotent et profondément lié aux banques. Si l’on peut considérer Marx comme un « policier scientifique » pointu et reconnu sur certains point précis de l’économie, il doit rester à ce stade d’outil sur l’économie. Et il est à fuir et proscrire socialement et politiquement. Le principe dialectique, principe belligène entre tous et poussé à ce point à mené historiquement à l’anéantissement de peuples entiers. Basta.
Aussi il n’est pas étonnant que rien moins que Valérian Molotov, apparachik du plus haut niveau, ministre des affaires étrangère de l’Urss plus de quinze ans craignait par dessus tout (il l’a déclaré au Red Dean) l’application de Crédit Social en Occident. Le Crédit Social aurait coupé l’herbe sous les pieds au marxisme, et pourrait en faire autant à tant d’autres abérrations politiques et sociales…
Voici une citation de Thomas Edison qui cadre avec, en particulier, ce passage de Marx relevé ci-desus:
« En réalité, les créanciers de l’État ne donnent rien, car la somme prêtée est transformée en obligations publiques facilement transférables qui continuent exactement à fonctionner entre leurs mains comme si elles étaient autant d’argent liquide » (Marx)
Réponse de Thomas Edison (qui confirme, mais infirme ainsi l’idéologie marxiste):
«Si notre nation peut émettre une obligation d’une valeur d’un dollar, elle peut émettre un billet d’un dollar. L’élément qui fait que l’obligation est bonne est le même qui fait que le dollar est bon. La différence entre l’obligation et le dollar est que l’obligation permet aux prêteurs d’argent de ramasser 2 fois le montant de l’obligation plus un 20 pour cent additionnel, alors que l’argent mis en circulation ne paye que ceux qui ont directement contribué à la construction du barrage de quelque manière utile…
Il est absurde de dire que notre pays peut émettre 30 millions $ en obligations, et pas 30 millions $ en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l’un engraisse les usuriers, et l’autre aiderait le peuple. Si l’argent émis par le gouvernement n’était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes non plus. C’est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour augmenter la richesse nationale, doit s’endetter et se soumettre à payer des intérêts ruineux à des hommes qui contrôlent la valeur fictive de l’or.» (Thomas Edison)
Pour mémoire, Thomas Edison fut l’un des inventeurs les plus prolifiques et déterminant de tous les temps connus. On « se sert » tous les jours (bien sûr sans forcément le savoir) de Thomas Edison, mais la presque totalité de Marx (je dis bien la ‘presque’ totalité) est partie aux oubliettes.
« nous n’accepterons plus l’immobilisme » paraît-il. Mais qui est vraiment immobile?
http://cordonsbourse.blogs.liberation.fr/cori/2009/01/allerte-tous-le.html
@ Rumbo
Merci d’avoir lu mon commentaire… je commençais à me demander s’il était transparent (pas étonnant en général quand il est question de Marx, traité plus souvent qu’à son tour en chien crevé).
Merci de cette citation de T. Edison, qui comme vous le dites est la même remarque que celle de Marx avec d’autres mots. Peut-être que nous sommes ainsi au cœur du capitalisme et en particulier du fonctionnement des « banquiers » qui s’enrichissent sans travailler et qui restent indéfiniment créanciers de l’État dont la dette publique explose exponentiellement jusqu’à ce que, pour remettre un peu d’ordre, une guerre (économique ou militaire) passe par là.
En revanche le couplet traditionnel contre « l’idéologie marxiste » est totalement hors sujet et je n’en dirais rien de plus.
Je crois qu’il ne faut pas confondre compromission et pragmatisme conditionnel. Dire quelque chose de positif de quelqun n’est pas dire que ce quelqun fait tout bien, ni même que la plupart des choses qu’il fait, ou qu’il a faites sont ou ont été positives, ne que ce qu’il fera sera positif. Paul, en bon pragamatique, ne fait que prendre Sarkozy au vol, lorsque Sarkozy tient des propos bien spécifiques, dans un contexte particulier, et à charge pour ce dernier de concrétiser ses propos, par des actes.
Pour moi les choses sont claires, hormis les propos tenus par Sarkozy à propos de la réforme nécessaire du capititalisme, nul part Paul
n’approuve ni ne justifie les politiques menées par Sarkozy. Paul dit juste en substance, « »eh bien, Monsieur Sarkozy, puisque vous dites vouloir infléchir la direction qu’a prise le capitalisme , allez-y franchement, à vous de jouer ». Je ne vois là aucune caution apportée au président. Paul dit seulement « chiche ! » Le billet de Paul Jorion ne le lie en rien au président français. Si Sarkozy allait effectivement dans le bon sens, nous ne pourrions que nous en féliciter. Dans le cas contraire, nous pourrons simplement dire que nous n’avons rien fait pour l’empêcher de faire ce qu’il aurait pu bien faire !!
La position de Paul n’est pas confortable mais elle est opérationnelle, en cela je rejoins les remarques de Julien Alexandre que j’approuve tout à fait.
Que d’autres préfèrent une opposition frontale au président considérant que son action dans tous les domaines (hormis celui qui nous intéresse) est mauvaise, n’est d’ailleurs pas forcément contradictoire de la position de Paul.
Chacun où il se trouve, essaie de jouer ses meilleures cartes. Il se trouve que Paul a en main un très bon jeu, laissons-le les abattre, ses cartes.
J’approuve l’idée de Paul disant que parfois ce sont autant les circonstances qui décident des actions décisives et non pas les convictions de départ des acteurs de l’Histoire. Rappelons-nous l’exemple fameux d’Abraham Lincoln, lequel, à l’origine, n’était pas abolitionniste. Ce sont des circonstances historiques particulières — la guerre de césession — qui l’ont mené à prendre la tête de ce combat pour l’abolition de l’esclavage, presque fortuitement.
Bref, nous pouvons très bien combattre Sarkozy sur un certain plan, sur un certains nombre de sujets, et l’approuver quand ses actions nous semblent pouvoir, éventuellement, déboucher, sur un mieux, sur un autre plan. Ce qui me semble le cas en l’occurence. Le radicalisme doit être celui de la pensée, et non pas celui de l’action. Quand une siuation devient très incertaine, instable comme aujoud’hui, il faut avoir une vision très claire de la situation et des remèdes à apporter, mais l’action elle-même doit être fine à proportion de la difficulté et de la gravité des choses. Or ne je vois guère comment l’action radicale pourrait, au stade actuel de l’évolution de la crise, mener à une quelconque amélioration, au niveau mondial, il s’entend, le plan sur lequel précisement Paul se situe, ce qui ne préjuge d’ailleurs en rien que sur un plan local d’autres actions ne sont pas possibles. L’histoire du monde ce n’est pas un conte de fée, il y a des grandes puissances, des acteurs qui les représentent et ont chacun un potentiel spécifique qu’il doit à sa situation sur l’échiquer international à un moment déterminé. Par contre, au niveau national, rien n’empêche que nous nous opposions aux mesures anti-sociales, sécuritaires, voire anti-républicaines des politiques du président. Il faut éviter de penser l’action de façon binaire, d’ailleurs si une chose est certaine c’est qu’aucun des grands révolutionnaire qu’a connue l’Histoire ne raisonnait de manière binaire quand il s’agissait d’agir.
D’une façon plus générale je dirais qu’il ne faut jamais souhaiter à son pire ennemi qu’il fasse le pire, mais au contaire qu’il fasse l’inverse de ce qu’on attendrait de lui, et pour cela tout faire pour l’y encourager. Sarkozy tient une partie de son pouvoir de son verbe, et bien répondons lui par notre verbe. Mot pour mot. Prenons au sérieux la puissance du langage. Sans quoi à quoi bon vivre ensemble, si nous n’attendons rien des autres ?
SI les autres nous déçoivent n’est-ce pas parfois aussi que nous n’avons pas donné le meilleur de nous-mêmes ?
Bref, viser le meilleur, mais en prenant les choses telles qu’elles sont. Tout en restant ouvert à l’inconnu des situations.
Tout d’abord un petit rappel à Paul Jorion: Dans votre billet du 24 decembre « L’inspecteur mène l’enquête » vous promettez une enquéte!
Les fêtes de fin d’année étant finies, je me permets une question: ça avance ?
@ghostdog « il s’agit plutôt ici de liquider l’héritage du conseil (national) de la résistance, mais cela ne peut être dit »
Tout à fait exact, bien qu’il s’agisse d’une formulation franco-française. Cela a tout de méme été dit mais pas par Nicolas. De mémoire celà a éte publié dans l’hebdo l’Evènement il y a un an ou deux.
A noter que le CNR, qui a fondé la Sécurité Sociale -et non l’assurance sante ou l’assurance retraite, les mots comptent -avait pour but de répartir « un minimum » la richesse et donc d’empecher sa trop grande concentration. C’est effectivement intolérable aujourd’hui.
il faut dire qu’à l’époque le lobbying était difficile: les grandes fortunes gaullistes ou communistes étaient bien rares, contrairement aux grandes fortunes pétainistes. Et les souvenirs de l’Occupation étaient proches,les fusils pas trés loin, et les tribunaux mal controlés.
et à @ Ybabel
En effet, s’il y a une continuité dans l’action de Nicolas Sarkozy depuis 5 ans, c’est bien dans la destruction de tout ce qui ressemblerait à un contre pouvoir.
Savez vous que la France n’avait plus eu une police unifiée depuis Foucher ? Nicolas l’a fait, avant méme d’être président.
Quand au contre-pouvoir d’internet, soyez prudent. C’est un sujet que je connais bien. Pour qui à la possibilité de controler physiquement le réseau, il n’y a aucune, absolument aucune confidentialité. Les organisateurs des caravanes de la mort au Chili et en Argentine, dont un prix Nobel de la paix parait-il, ne les ont pas faites voyager au hasard. C’était le fruit d’un long travail préalable, couteux, soigné, mais beaucoup plus facile maintenant.
Dans certains pays se servir d’internet est clairement dangereux des aujourd’hui.
« quand il dit qu’« au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ou que « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique ». »
==> M. jorion, M.Sarkomzy est très habile pour utiliser les circonstances dans sa réthorique. Il sait tenir le discours en phase avec l’opinion publique et l’air du temps. Et si cela vient à contredire ses prises de position précédentes et le fait qu’il a cautionné ce système depuis longemps, par oportunisme/pragmatisme, il sait contourner l’apparente contradiction qui en inhiberait plus d’un en argant de son fameux pragmatisme comme d’une marque de fabrique qui marquerait sa supériorité dans l’art de présider aux destinées d’un groupe humain.
Tout c ela pour dire qu’au-delà de son oli phrasé qui vous séduit, au nom de votre pragmatisme, j’attire l’attention de tous sur le fait qu’au-delà des belles déclarations dont le bougre est coutumier, M. Sarkozy poursuit un but bien à lui je pense : sa légende personnelle. Il joue sa carte et place ses pièces avec l’ambition de prendre lui la place du lion malade. Il ne s’agit pas de supprimer le trône mais d’en éjecter celui qui l’occupe pour ensuite pouvoir s’y glisser lui sachant que la nature a horreur du vide !
Autrement dit, s’il ne faut pas de faire de l’anti-sarkozysme primaire, il est souhaitable également de veiller à ne pas sombrer trop facilement dans l’angélisme au motif que votre pragmatisme est celui de M. Sarkozy sont compatibles. Une fois convenu que ce que dit M. Sarkozy sur un point donné va dans le sens de ce que vous souhaitez, il n’est pas vain de préciser les arrières-pensées que l’on peut prêter à M. Sarkozy connaissant son habileté dans l’art de faire usage de la réthorique politicienne dont il a maintes fait preuve. il sait amadouer son monde tel le charmeur de serpents …
@ Pierre-Yves
Texte subtil et intelligent. Sans doute Paul Jorion est-il capable d’une intelligence semblable. Mais, excusez-moi si je vous heurte, il s’agit de l’intelligence d’un courtisan. Cela plaira assurément à notre monarque. Libre à vous de vous laissez aller à l’illusion de la conciliation et du dialogue. Pour avoir été pris dans des conflits sociaux avec la clique de Sarkozy (et pour y être encore), je sais que le dialogue n’existe pas. Vous vous fourvoyez. Vous rêvez. Sarkozy ne dialogue qu’avec ceux qui lui résistent ou ceux qui sont déjà d’accord avec lui.
En revanche, vous avez raison quand vous dites que « ce sont (…) les circonstances qui décident ». Alors laissez-donc ce pauvre bouffon qui nous tient lieu de président. De toutes façons, quelque soit les décisions qu’il arriverait à prendre, une partie de la population de voudra pas le suivre. Croyez-moi. J’en suis.
Sakozy dit tellement de choses qu’il y a parfois des choses moins nulles que d’autres. En l’occurrence si je pense que ce genre de réflexion n’est pas très ancienne pour lui je pense surtout qu’il n’y croit pas du tout. En fait il croit en effet que la pensée unique n’est pas une bonne chose mais, et il faudrait prendre bon nombre de déclarations lorsqu’il essaye d’expliquer comment il fonctionne, en réalité c’est à la pensée toute entère qu’il ne croit pas. C’est à dire que pour lui ce qui compte c’est l’action, l’action toujours l’action. Il n’est pas question d’être spectateur, de saisir le sens des choses, de ce qu’on a fait et de ce qui échappe aussi à la responsabilité. En l’occurrence il semble pragmatique, voire même stoïcien, mais c’est tout le contraire. Il serait plutôt frénétique. Je me demande parfois s’il possède une véritable interiorité, une représentation de lui-même. Il dit ne pas être théoricien, mais à ne prendre aucune distance vis à vis de son action on se retrouve en fait à agir en fonction de ce qui semble être acquis, sur le pré-pensé, c’est à dire en fonction d’une idéologie. Il parle aujourd’hui d’un retour à l’état, d’une moralisation, mais il y a toujours pensé, il n’est pas libéral.
En tous cas il est facile de critiquer la pensée unique lorsque dans son pays il fait tout pour agir seul. Avant je remarquais ses efforts pour la consertation, les réunions… je croyais qu’il était convaincu de l’efficacité de la multilatéralité. Mais en fait il ne s’agit pas de ça et ces rencontres ne servent pas à la confrontation des idées, les décisions étant déja prises (et parfois déjà appliquées), mais à lui permettre d’avoir un feedback sur qui il est.. enfin toujours selon ma théorie de l’absence d’interiorité.
Je crois que vous pensez qu’en soulignant des déclarations intéressantes on peut lui indiquer une voie particulière, le responsabiliser et, quelque part, l’influencer. Mais à mon avis vous vous trompez, il n’écoute pas, il ne sera jamais spectateur. C’est comme dans la scène finale du film Brazil: « Il est parti ».
Comme beaucoup d’autres commentateurs, j’ai été surpris par ce propos de Paul concernant Sarkozy. Comme Paul, je ne suis pas partisan de la politique du pire. Dans cette crise comme dans d’autres auparavant, on trouve deux types de réactions. 1° Ceux qui, au fond, se réjouissent, qu’ils le disent ou non, car ils attendent de la crise l’effondrement final d’un capitalisme honni. Plus la grise s’aggrave, plus les « contradictions s’exacerbent », plus ils se réjouissent. Ils n’ont pas forcément lu Marx, encore moins Lénine, mais il partagent au fond la même vision apocalyptique. L’exacerbation des contradictions est réjouissante : elle nous rapproche de la chute finale qui permettra de reconstruire une nouvelle société, un homme nouveau. 2° Ceux qui ne veulent pas du pire, car ils savent que plus la situation s’aggrave, plus il sera difficile de reconstruire et plus les plus faibles devront le payer cher. C’était, je crois, la position de Keynes, après 1929. C’est, si j’ai bien compris, la position de Paul, celle qu’il appelle pragmatique. C’est ainsi la mienne. Sur ce point, donc, je suis d’accord avec Paul.
Comme la plupart des commentateurs, par contre, je n’ai aucune illusion concernant le président Sarkozy qui incarne la version française du conservatisme de mouvement (movement conservatism) — à ce propos, je crois que j’ai vraiment compris le sarkozysme en lisant le livre de Paul Krugman (L’Amérique que nous voulons, en anglais Conscience of a Liberal) qui analyse bien ce qu’a été aux USA ce conservatisme de mouvement (qui excellait à faire passer ses adversaires pour des conservateurs tout court). Ses propos de cette semaine ne sont pas si neufs que ça. Il faut réécouter son discours de Bercy, entre les deux tours des présidentielles de 2007, quand il expliquait que 1968 était la cause des dérives du capitalisme financier. Ce discours vaut bien celui de Reagan en 1964 pour la campagne de Barry Goldwater (discours intitulé « L’heure du choix »). Il s’agit d’engager un grand virage à droite, tout en donnant le change pour séduire l’électorat populaire. Le problème pour Sarkozy est qu’il arrive à contre temps. Le conservatisme de mouvement a conduit à la catastrophe que l’on sait. Malgré cela, Sarkozy poursuit sur sa lancée. Jusqu’à quand le pourra-t-il ?
Je mets ci-dessous deux liens vers la vidéo du discours de Bercy (je ne sais plus quel type de lien passe dans les commentaires). A écouter pour comprendre le personnage.
http://fr.youtube.com/watch?v=8L5Jsi2FCPQ
Sarkozy serait-il frustré de ne pas avoir été invité à la Maison Blanche pour qu’il fasse référence aux USA en parlant de la « nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ? D’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’il fait ? Ah ! Quel dommage qu’il ait affiché son amitié aux républicains en allant voir Bush avec autant d’entrain ! Il avait une chance sur deux, cela dit.
« Immobilisme » ? Une toupie, ça tourne, mais ça ne bouge pas !
Pour compléter mon précédent commentaire, un lien vers le discours de Reagan de 1964 (A Time fo Choosing).
http://www.americanrhetoric.com/speeches/ronaldreaganatimeforchoosing.htm
(le début sur la dette des États-Unis est savoureux, quand on connaît la dette léguée aujourd’hui par le conservatisme de mouvement)
A comparer avec le discours de Bercy de Sarkozy de 2007. Il y a des différences bien sûr, mais on est bien dans la même famille idéologique.
Paul as-tu reçu (via Attali ?) une proposition pour rentrer dans le groupe des conseillers économiques de Sarkozy ? De là sans doute ta mansuétude. Après le grand débauchage (Besson, Kouchner et autres) du premier gouvernement et avant le remaniement annoncé, le sous-entendu de ton post scriptum peut ainsi se comprendre. ..Elie ! Elie ! lama sabactani!…
Il y a des faits : Que fait Nicolas depuis qu’il est en politique ? Que fait-il depuis le début de la crise, sinon appliquer une logique libérale, atlantiste et autocratique. Alors ce qui peut être dit dans ses discours d’autopropagande écrit par des experts en communication importe peu, sinon essayer de déstabiliser les gens qui savent que le danger vient de lui et du clan qu’il représente.
J’aimerais bien répondre en détail à chaque intervenant, mais ne dispose pas assez de temps pour ce faire.
Je ne sais pas si Sarkozy est hors course, c’est à dire s’il courre après l’événement (ou les événements). Ce qui le « porte » c’est qu’il a vite appris à « savoir », au moins, courrir après les événements. Entre autres, en ne quittant pas des yeux la girouette du « sens du vent(s) » du jour… Et c’est cette « aptitude » qui le porte et le reporte toujours. Ne dit-il pas sans cesse qu’il a changé? La prochaine fois il aura encore changé de la « fois précédente », et ainsi de suite. Il pense sûrement (comme ses conseillers, sans doute un peu plus compétents que lui) qu’à force, il va tirer le bon numéro… Mais pendant ce temps-là on « oublie » que l’État et consorts banques créancières de l’État nous ponctionnent de 120 millions d’euros par – jour – (oui par jour!!) uniquement pour payer, sans jamais en finir, les intérêts des créanciers déjà très riches de ce qui nous tient lieu d’État…
@ Olivier
« Courtisan », cela me semble inexact : le courtisan est flagorneur et approuve le souverain sur le tout – et il en remet une couche, alors que comme le souligne Pierre-Yves D., il s’agit chez moi d’une reconnaissance conditionnelle, portant sur un point précis et qui exclut explicitement le sécuritaire, et j’y ajouterais tous les empiètements sur les contre-pouvoirs, et je ne manquerai jamais de le rappeler. Au cas où ce ne serait pas tout à fait clair : sur le plan des idées (parce que je ne dispose d’aucun autre pouvoir), je parle ici d’égal à égal.
@ Paul Jorion
Monsieur Jorion,
Lorsque Castiglione tenta dans son livre de définir ce qu’est un courtisan il en fit plus qu’un être flagorneur. On peut être courtisan et tenter d’approcher la vérité. Machiavel, par exemple, était de ces courtisans. Ceci pour dire que le mot « courtisan » n’a pas forcément la charge péjorative que vous semblez lui prêter. Est courtisan celui qui s’inscrit dans une cour et veut approcher le pouvoir. Passer les cercles pour approcher le centre de ce système est très difficile et très périlleux. Cela demande courage et abnégation. Ces courtisans m’ont longtemps accompagné pendant mes études d’histoire et je n’ai pas de mépris pour eux. L’approche d’un courtisan est celle d’un homme où le pouvoir est confisqué par quelques uns et où les louvoiements sont nécessaires pour survivre. Ces louvoiements sont la trace de sa « reconnaissance conditionnelle » des différentes décisions du souverain.
Passée l’époque moderne les intellectuels ont eu le choix de ne plus être des courtisans. Nombreux sont ceux qui firent ce choix. Mais ils ont eu aussi le choix de rester près des cercles du pouvoir et certains ne se sont pas déshonorés. Et après tout pourquoi pas ? Nous sommes désormais en démocratie et œuvrer au bien commun est une mission noble. Vous me direz alors : Pourquoi devrais-t-on me reprocher cette liberté, ce choix, d’entamer un dialogue constructif avec un élu du peuple ? Pourquoi me reprocher cette « reconnaissance conditionnelle » d’un homme, Sarkozy en l’occurrence, qui lui, comme les autres, est aux prises avec la réalité ? Le problème est que Sarkozy n’est pas un homme comme les autres. Les atteintes perpétrées contre l’état de droit (je ne développerai pas ici, vous les connaissez) devraient vous mettre en garde. Et je le redis, les nuances dont on aimerait tant qu’elles fassent de nous des êtres raisonnables, posés et intelligents tendent parfois à nous faire oublier l’essentiel. Que dirait-on de quelqu’un qui, évoquant le bilan d’Hitler, après force précautions oratoires, louerait sa politique économique et la beauté de ses autoroutes ? Que dirait-on de quelqu’un qui oubliant le stalinisme voudrait rappeler qu’à tout prendre la Russie de 1953 possédait un appareil productif bien supérieur à ce qui existait sous les Tsars ? Ils seraient évidemment rappelés à l’ordre. Et pourtant, du point de vue de la vérité historique, ce qu’ils énonceraient ne seraient pas à proprement parlé un contre-sens ou une erreur fondamentale. Comprenez-moi bien, Monsieur Jorion, je ne vous prends ni pour ce sombre courtisan que vous abhorrez, ni pour un stalinien, ni pour un collabo de la dernière espèce. Je ne dis pas non plus que Sarkozy est un tyran sanguinaire. Mais les idées ne vivent pas « in abstracto », elle se répandent dans le corps social. Nous sommes des animaux politiques (zoon politicon au sens aristotélicien) et ce que nous disons à aussi un sens dans un contexte. Et dans le contexte qui nous occupe, croyez-vous vraiment que l’on puisse discuter avec quelqu’un qui fait peser des menaces aussi fortes sur la démocratie ? Croyez-vous que les coups de mentons opportunistes de Sarkozy peuvent être assimilés à une lueur d’espoir ? Je suis enseignant : je le sais d’expérience, on ne peut pas discuter avec le gouvernement Sarkozy. Sur le terrain, les choses se font façon très autoritaires et souvent en dépit de ce fameux « bon sens » dont il se fait le héraut. J’ai personnellement fait mon choix. Je ne puis que m’interroger sur le vôtre. L’argument de la « reconnaissance conditionnelle » ne m’a pas convaincu.
Je voudrais aussi revenir sur autre chose. Je sais que j’apparais binaire et emporté. Ces émotions, humaines tellement humaines, ont pourtant toutes leur place dans les raisonnements qui affleurent sur ce blog. Les affects valent bien les concepts. Surtout quand un internaute affirme que« les acquis sociaux”, étaient une bulle sociale financée par la dette (cf jacques Marseille), (et qu’) il est naturel qu’ elle se dégonfle aussi. » Ces affirmations sont très dangereuses. Elles révèlent un tropisme dont il faut se garder : celui des chiffres, celui de la science sans conscience, déshumanisée. Pour terminer, je vous citerai. Vous disiez dans votre texte paru dans le monde « l’économie a besoin d’une authentique constitution » : « envisager la crise actuelle dans la perspective des normes comptables revient à regarder les choses par le petit bout de la lorgnette ». On pourrait aussi dire que regarder la crise avec pour seules lunettes les mathématiques financières est une sérieuse erreur d’analyse. La crise est d’abord une crise sociale. La crise financière ne fut finalement qu’un révélateur. Encadrer le crédit, réfléchir à ce qu’est l’argent est sans doute intéressant et important à moyen et long terme. Mais cela empêche aussi de comprendre que si les gens ont accepté des crédits aussi calamiteux, c’est parce qu’ils étaient pauvres et que c’est là qu’est le problème central. Sapir l’explique très bien : les origines de la crise sont notamment sociales. La crise est un fait humain. Elles concernent des hommes. Avec eux aussi, il faut parler d’égal à égal.
Cordialement
On ne sort d’une certaine ambiguïté, pardon, subtilité , qu’à ses dépends.
Olivier, il y a une autre pauvreté qui n’est pas le partage des richesses, mais la destructuration, l’aliénation et la perte de sens.
Et dans les pays riches telle que le nôtre, où la pauvreté matérielle est parfois dure mais pas misérable, il y a bien eu une « bulle du social » , même si le terme parait paradoxal et arrache la langue de celui qui considère qu’il n’y a jamais assez de ‘social’ (ou de ses simulacres) .
Le « social » : la bonne conscience des bourgeois vaguement gauchisants , le graal des bonnes âmes idéalistes, le faux nez des corporatismes les plus divers : mais je ne critique pas, je prends un peu de recul par rapport à un élément nécéssaire (mais non suffisant) de la démocratie, mais mis à toutes les sauces.
@ oppossum
Bonsoir,
Je ne comprends pas bien l’idée de « bulle du social » : référence à l’aspect économique ?
Si tel est le cas, quel rapport avec le « moralisme » que vous décrivez ensuite ?
Merci.
@oppossum
Je pense que vous confondez le social qui est une dimension de l’action politique et qui considère que le déséquilibre est soit source de désordre soit consommateur d’énergie (par l’utilisation systématique de la force de l’ordre), dans les 2 cas les coûts sont importants, avec l’humanitaire. Il est aussi à noter que l’homme, petit, fragile, est un animal très social et que a priori ça ne veut pas dire qu’il y aurait une « bulle » ou une quelconque morale. Il est intéressant de remarquer que toute avancée sociale a été pragmatique après la constatation que le statu quo était inefficace. Ainsi revenir sur des droits, sur un « progrès social », n’est pas mal en soit si on prend la peine de comprendre d’abord pourquoi on le fait (en l’occurrence il faut sortir de l’idéologie, ce qui est rarement le cas quand on supprime sèchement un droit ou une structure sociale) et ensuite si on propose quelque chose à la place, sinon on sait (à comprendre dans le même sens qu’on sait que mettre la main au feu ça pique: on l’a appris) que ça marche pas même si on repousse les conséquences et les responsabilités de ces décisions sur d’autres.
Laisser se développer des déséquilibres, ou les favoriser, sans mesurer les couts et en évitant soigneusement de mettre en place des moyens de contrôle du système social (efficaces, parce qu’on sait, toujours dans le sens « on a appris », que certains, comme la dictature, ne fonctionnent pas) c’est choisir la crise. De plus notre système économique nécessite une participation volontaire et même dynamique… on peut évidemment revenir en arrière là-dessus aussi mais ça plaira à qui de vivre comme que 19è siècle ?
En ce qui concerne l’humanitaire je suis proche de votre réflexion. Il ne s’agit d’ailleurs pas de politique. Mais confondre humanitaire et politique sociale est dangereux que ce soit comme vous le faites, par la condamnation, ou par la promotion comme le fait la nouvelle extrême gauche qui oublie sa propre théorisation politique (c’est la mode).
Après il faudrait s’entrendre aussi sur le terme « social ». Voulez-vous parler de la négociation collective ou de la négociation en général ? Parce que le chacun pour soi, jusqu’au capitalisme professionnel, ne contredit pas le « social ». Il se peut que les luttes sociales soient en redéfinition, que la société de consommation, sous des dehors d’individualisme, nous transforme en consommateurs de tous nos liens sociaux, économiques, politiques, organisationnels. Maintenant avant que la Nation ne finisse d’expirer, faute de pertinence, avant que les gouvernements ne fassent plus que suivre les mouvements antropologiques de la société (on y arrive doucement, plus fort encore avec Sarkozy qu’avec d’autres, même si c’est malgré lui), il me semble qu’il y a encore des gens qui sont responsables de structurer l’espace social, et qu’ainsi on soit en droit de leur demander de faire bien leur boulot. A priori faire semblant est une tâche prévue pour d’autres qui sont d’ailleurs plus doués en la matière.
@ oppossum
J’aime bien votre sentence. Mais on peut la retourner. Cela donnerait ça : « On ne s’obstine dans l’ambiguïté qu’au détriment de tous. » Cela renseigne sur une chose : l’utilisation du présent de vérité générale donne toujours le sentiment d’approcher la vérité. Mais celle-ci se dérobe à chaque fois. La vérité, c’est une poignée de sable. Lorsque la main s’ouvre ce que définissaient nos sensations, cette poignée de sable n’existe déjà plus.
Sur la pauvreté : et bien oui pour contracter un crédit, il faut y avoir été obligé par les circonstances (être pauvre) mais aussi avoir perdu le sens commun. Etre déstructuré, aliéné comme vous le dites. Pas facile en effet de résister à la société de consommation quand vous avez été désarmé de toute défense intellectuelle, quand, en d’autres mots, on ne vous a offert aucun autre horizon.
Sur cette fameuse « bulle du social » : Je me demande à qui elle sert de faux-nez. A ces bourgeois de gauche rongés par la culpabilité, ou à ces bourgeois de droite rongés par l’égoïsme. Votre insistance à parler des gens avec les lunettes du comptable qui examine avec le sérieux d’un notable qu’on croirait sorti d’une caricature de Daumier les comptes sociaux en train de se dégrader ne me surprend pas tant qu’elle me navre. Parler chiffres, parler de bulle donc, a ceci de rassurant qu’elle permet de ne parler ni des gens ni de ce que l’on ressent soi-même. On fait l’impasse sur nos pensées les plus noires espérant que le concept efface l’affect. Ce qui me désole bien souvent avec les gens de droite, c’est leur agressivité décomplexée vis-à-vis des plus pauvres (Ah salaud de pauvres !), cette façon dédaigneuse de parler d’eux. On pourrait parler d’une bulle d’ailleurs : une bulle de mépris, de haine sociale. Je l’ai déjà dit dans un autre commentaire, la lutte des classes n’a jamais pris fin. Et elle n’est pas menée par ceux qu’on croit. C’est cette bulle de mépris qui coûtera le plus cher à la société. C’est elle l’origine de la crise.
@ olivier
Sur ce terrain, il est à craindre que la culpabilité dont la bourgeoisie de gauche est selon vous atteinte se soit largement estompée. Sur l’aveuglement, ou plutôt la méthode consistant à ne pas voir ce qui dérange, il y a beaucoup à observer. Sur l’humiliation qu’elle suscite, et parfois la révolte, il y a autant.
@François Leclerc
je ne peux qu’approuver tout ce que vous dites. Une bulle de cécité alors?
René Char disait: « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ». Les gens, intuitivement, le savent.
J’ai beaucoup évoqué la fascination du chiffre, la religion du chiffre dans notre société. Cette religion ultra-libérale n’est pas sans rappeler la religion communiste. Don delillo, un écrivain new-yorkais l’évoque bien mieux que moi encore: http://www.laptitemaison.com/ptitemaison/article.php3?id_article=1104. Bonne lecture. Bonne écoute
les banques créent-elles de la monnaie sans contrepartie ?
En fait, je pense qu’il faut s’attacher à la nature de la contrepartie.
les banques créent de la monnaie sous différentes formes, mais les contreparties ne sont pas toujours de qualité.
la titrisation des créances dites subprimes en est un bon exemple. La qualité des titres reposaient sur le remboursement des emprunteurs à échéance.
l’émission massive de titres representatif d’une valeur monétaire reposant sur des créances douteuses en font donc une émission monétaire sans contrepartie.
@Olivier,
Merci pour vos interventions…Merci pour la piqûre de rappel…Vos élèves ont de la chance…J’en profite pour rappeler l’importance du prof et rendre ici hommage à ma prof d’espagnol de seconde qui nous fit travailler sur le film de Costa-Gavras « Missing », j’avais 16 ans et cela contribua de façon déterminante à ma formation « politique ».
Je veux souligner à quel point, l’école publique et certains professeurs que j’y ai côtoyé ont participé de qui je suis aujourd’hui.
Je voudrais préciser :
Par piqûre de rappel je fais allusion à la volonté de la droite conservatrice de faire disparaître du discours politique la question sociale et son corrolaire les inégalités économiques.
Tous les discours de N. Sarkosy vont dans ce sens ( cela se traduit d’ailleurs de façon abject par l’intrumentalisation de « l’immigré »).
Paul a souvent dénoncé ici « la science économique » pour cette raison précise, je vois donc comme une contradiction indépassable le soutien qu’il apporte par ailleurs au nabot.
Paul ? Ce qui est inacceptable sur le plan de la pensée économique le serait-il sur le plan politique ?
Comment pouvez-vous ignorer cette contradiction ?
Bonne journée à tous et encore merci à Olivier.
@ Olivier 11/01 09h44,
Vous notez :
« Sur la pauvreté : et bien oui pour contracter un crédit, il faut y avoir été obligé par les circonstances (être pauvre) mais aussi avoir perdu le sens commun. Etre déstructuré, aliéné comme vous le dites. Pas facile en effet de résister à la société de consommation quand vous avez été désarmé de toute défense intellectuelle, quand, en d’autres mots, on ne vous a offert aucun autre horizon. »
D’après vous, d’où vient ce désarmement intellectuel ?