Le vrai débat sur la monnaie : un second point

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Dans le livre de John Kenneth Galbraith, L’argent (1975), il écrit :

Dans les entretiens télévisés, l’hôte, réputé pour ses questions incisives, a l’habitude de faire débuter l’entretien avec l’économiste invité en lui posant celle-ci : « Dites-moi, après tout, la monnaie, c’est quoi ? » Les réponses sont immanquablement incohérentes.

C’est pour cela que je ne pense pas qu’il suffise de lire ce qui en est dit dans les manuels à l’intention des enfants des écoles (même de terminale !). Dans La transmission des savoirs (1984), nous nous étions, Geneviève Delbos et moi, intéressés à la forme particulière d’aplatissement que subit le savoir en vue d’être transmis sous sa forme scolaire. Ce qui disparaît en particulier, c’est le raisonnement, c’est–à–dire l’articulation des propositions en un discours théorique. Le raisonnement est remplacé par un ensemble de phrases isolées – de préférence courtes – qui puissent être mémorisées et régurgitées en situation d’examen.

Les citations que certains réclament – de préférence en provenance d’un Prix Nobel – comme substituts d’un raisonnement, procèdent de la même anesthésie de la pensée. Ce n’est pas comme ça, vous l’avez compris, que je fonctionne.

La question de la monnaie est complexe et ce n’est pas parce que celle-ci a été inventée par des hommes que la complexité de son fonctionnement actuel ne dépasse pas son entendement présent. Certains de vous invoquent un consensus qui existerait à ce sujet, ce n’est pas le cas : les théories sont en grand nombre et, je l’ai déjà signalé, intentionnellement incomplètes, les auteurs qui s’y sont aventurés jugeant que seules des simplifications drastiques leur permettraient de faire quelque progrès.

Je ne sais pas si la monnaie réclame un Galilée, rien de ce que j’ai lu jusqu’ici ne me dissuade en tout cas de le penser.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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347 réponses à “Le vrai débat sur la monnaie : un second point”

  1. Avatar de Étienne Chouard

    Chers amis,

    C’est un cours sur la monnaie que je vous signale ce soir, encore un, mais un cours administré par… la Banque de France elle-même (j’espère que la source vous paraîtra assez fiable pour n’être pas d’emblée jetée aux orties).

    Vous verrez vous-même si la création monétaire dévolue aux banques commerciales est, pour la plus haute autorité monétaire du pays, une sottise, comme vous le prétendez vous.

    J’ai passé deux jours (grippé) à traduire en texte et à relire les 200 pages scannées que m’a transmises Jean ; on bosse, vous voyez, et on va prendre les infos à la source, de l’encrier même de la Banque centrale, on espère que vous ne trouverez pas notre pensée trop aplatie ni nos citations trop courtes.

    Je ne vais pas tout copier ici, ce serait trop long ; pourtant, ce petit livre est passionnant. C’est devenu un gros fichier, que j’ai publié sur mon site, à la fois en images (au format pdf, 18 Mo !) et en texte (au format doc, 4 Mo) avec quelques coups de surligneur, bien sûr…) (il doit rester des coquilles ; on corrigera ça, si besoin est).

    Voici quelques extraits intéressants de ce document émis par la Banque de France en 1978-1980.
    J’ai laissé l’intro avec les définitions de la monnaie parce que ça nous manque un peu ici, je trouve 😉

    [C’est moi qui souligne. ÉC]

    La Banque de France et la monnaie (1978, 1980)

    Chapitre I : La monnaie

    La monnaie nous est familière, cependant la connaissance que nous en avons est souvent imparfaite. Cette situation n’est pas surprenante car il est naturel que la réflexion ne se porte pas spontanément sur un instrument d’usage quotidien. Au demeurant, les formes de la monnaie sont diverses : billets de banques et pièces métalliques assurent l’essentiel de nos paiements courants tandis que, pour les règlements d’une certaine importance, nous utilisons de plus en plus, au moyen de chèques, virements, avis de prélèvements ou cartes de crédit, les fonds déposés à vue en banque ou à la poste. Enfin, les voyages à l’étranger nous amènent à acquérir les monnaies d’autres pays et si ces opérations de change sont faciles à réaliser nous en saisissons souvent mal les mécanismes.

    Définir la monnaie en analysant ses fonctions et en précisant le fondement de sa valeur, recenser ses formes, indiquer comment s’établissent les rapports entre les monnaies nationales sur les marchés des changes constitueront les trois sections de ce chapitre

    I – Fonctions et fondement de la valeur de la monnaie

    A – Les fonctions de la monnaie

    La monnaie est devenue indispensable dès que les échanges économiques se sont développés. Le troc, qui lie de façon rigoureuse une vente à un achat, limite la circulation des marchandises : la personne qui désire un bien déterminé ne possède pas nécessairement le produit que le vendeur de ce bien veut obtenir en échange. L’intervention de la monnaie permet d’opérer la transaction en la scindant en deux : la marchandise au lieu d’être échangée directement contre un autre produit est négociée contre une certaine quantité de monnaie qui en constitue le prix et avec laquelle le vendeur pourra se procurer les biens qui lui sont nécessaires. Ont lieu successivement une vente, puis un achat. La monnaie joue ainsi un rôle d’intermédiaire dans les échanges.

    De plus, elle simplifie les transactions en servant de commune mesure des valeurs. Il est infiniment plus simple d’évaluer un produit par rapport à un étalon unique que de fixer les relations d’échange de ce produit avec toutes les autres marchandises.

    Enfin, pour être acceptée, la monnaie doit pouvoir servir d’instrument de conservation des valeurs ou, si l’on préfère, d’instrument d’épargne. Il ne faut pas qu’entre le moment où la vente est opérée et celui où le remploi du prix est effectué, la perte de pouvoir d’achat soit trop importante. Sans doute l’expérience montre-t-elle que l’utilisation de la monnaie est compatible avec une forte dépréciation de son pouvoir d’achat ; mais cette détérioration de la valeur de la monnaie entraîne une préférence pour les biens réels qui n’est pas favorable au développement économique : au-delà de certains seuils, variables selon les pays, les vendeurs acceptent avec de plus en plus de réticence de recevoir de la monnaie en paiement, surtout lorsqu’ils n’en ont pas l’emploi immédiat ; on tend ainsi pratiquement à revenir au troc.

    On peut considérer la monnaie comme un bien demandé par tous qui répond au besoin général d’échange des produits ; mais elle est un bien d’une nature un peu particulière dans la mesure où, au contraire des autres biens, son utilité est universelle et non pas spécifique.

    On dit souvent aussi que la monnaie est une créance : elle permet d’acheter toutes les marchandises et sa détention constitue donc un droit sur la production de biens et de services. Mais l’analogie ne doit pas être poussée trop loin ; la monnaie présente en effet des caractéristiques qui ne permettent pas de l’identifier à un engagement conclu entre particuliers. À la différence des créances, elle doit être acceptée par tous – on dit qu’elle a pouvoir libératoire – dans le pays où elle a été émise et sa liquidité est parfaite car elle est immédiatement utilisable.

    B – Le fondement de la valeur de la monnaie

    Les premières monnaies, constituées par des produits faisant l’objet de larges courants d’échange, tiraient leur valeur de leur emploi sous forme de marchandises ; il en a été notamment ainsi pour le bétail ; c’est pourquoi l’on disait autrefois d’un témoin qui se taisait, qu’il avait un bœuf sur la langue pour indiquer qu’il avait été payé. La nécessité d’obtenir à la fois une grande valeur sous un faible volume, une conservation aisée et une homogénéité facilitant la division de la marchandise-étalon conduisit à recourir à des métaux précieux : l’or et l’argent constituèrent pendant longtemps les monnaies les plus courantes.

    Ces métaux circulaient à l’origine sous forme de lingots qui devaient être pesés lors de chaque transaction. Pour éviter cet inconvénient l’habitude se prit d’indiquer par une empreinte sur chaque pièce de métal, le poids et la contenance de métal précieux. Les pouvoirs publics s’assurèrent le privilège de frapper ainsi les pièces : les monnaies métalliques étaient nées.

    Cependant le sceau dont elles étaient revêtues ne faisait foi que dans les limites de la juridiction de l’autorité qui l’avait apposé ; les banquiers, dont le nom dérive du « banc » sur lequel leur activité s’exerçait, échangeaient les unes contre les autres les diverses monnaies en circulation. Leur clientèle prit ainsi l’habitude de leur confier des monnaies contre délivrance d’un reçu. Ces reçus, naturellement moins encombrants que les espèces métalliques, furent utilisés pour opérer des transferts de fonds. A partir du moment où l’usage de les rédiger sous une forme type et de les libeller en sommes « rondes » se répandit, ils prirent le nom de billets de banque.

    Au XIXe siècle, le développement du machinisme fit augmenter à une cadence rapide les biens offerts au public et la demande de monnaie devint plus vive. Les banquiers constatant que les billets de banque émis par eux circulaient comme une véritable monnaie et n’étaient pas tous présentés pour être échangés contre des pièces métalliques, il leur parut possible d’accroître la quantité de moyens de paiement soit en utilisant une partie des espèces métalliques, qui leur étaient confiées, pour consentir des prêts soit, plus simplement encore, en émettant de nouveaux billets théoriquement représentatifs de dépôts métalliques. Il était toutefois nécessaire de conserver une encaisse-or et argent suffisante pour faire face aux demandes éventuelles de remboursement. Afin d’éviter les abus, chaque gouvernement réserva progressivement le privilège de l’émission des billets à une seule banque.

    La monnaie commença ainsi à se détacher de sa base métallique et à devenir fiduciaire, c’est-à-dire à reposer sur la confiance (fiducia en latin) que la convertibilité du papier en espèces métalliques serait à tout moment assurée.

    Toutefois l’évolution se poursuivant, le billet de banque a finalement changé de nature. Il obtint d’abord le Cours légal, c’est-à-dire que son acceptation comme moyen de paiement devint obligatoire, puis il reçut le cours forcé qui dispensait la banque émettrice de le rembourser en or. Il a ainsi perdu sa qualité originelle de billet à ordre pour devenir une monnaie qui s’est substituée aux espèces métalliques d’or et d’argent.

    À côté du billet et toujours sous la pression des demandes de l’économie, se sont développés les règlements par écritures résultant du transfert de soldes créditeurs entre comptes à vue ouverts dans les banques ou établissements assimilés. L’évolution qui a permis aux règlements par écritures de se substituer dans une large mesure aux billets de banque a été analogue à celle qui avait conduit les billets à se substituer à l’or. Le dépôt bancaire représente un droit à recevoir des billets de banque, comme le billet de banque représentait un titre permettant d’obtenir de l’or.

    La monnaie sous toutes ses formes est devenue entièrement fiduciaire. Sa valeur résulte de sa rareté relative et surtout de la confiance que le public accorde aux autorités responsables de sa gestion ; celles-ci s’efforcent de ne pas permettre la mise en circulation de moyens de paiement plus importants que ne l’exigent les besoins de l’activité économique. Ainsi progressivement, la conception nominaliste du fondement de la monnaie l’a emporté sur la conception matérialiste. Cette substitution a permis aux sociétés industrialisées de parcourir une étape importante de leur évolution économique, car le développement des signes monétaires n’aurait pas été compatible avec une conception matérialiste du numéraire.

    Toutefois, en ouvrant d’amples facilités à la création monétaire, les progrès réalisés ont en assez large mesure rendu plus précaire la stabilité du pouvoir d’achat de la monnaie.

    II – Les formes de la monnaie

    II existe deux formes de monnaie : la monnaie dite manuelle, parce qu’elle circule par transfert effectif d’une vignette ou d’un jeton, et la monnaie dite scripturale parce qu’elle est transférée par écritures d’un compte à un autre. La monnaie manuelle est constituée par les monnaies divisionnaires et les billets de la Banque de France, la monnaie scripturale est représentée par l’ensemble des comptes à vue dans les banques, aux chèques postaux et au Trésor.

    En revanche, la quasi-monnaie, qui couvre les dépôts à terme et d’épargne dans les banques, et l’épargne liquide, qui désigne, outre la quasi-monnaie, les avoirs dans les caisses d’épargne et les bons du Trésor sur formules, ne peuvent être utilisées à des paiements sans avoir été au préalable transformées en billets ou en dépôts à vue. Cette transformation est cependant extrêmement aisée ; aussi convient-il de tenir compte de ces avoirs pour déterminer la quantité de monnaie existante ou potentielle.

    A – La monnaie manuelle

    1°) Les billets de banque

    La Banque de France est seule habilitée à émettre des billets de banque qui sont reçus comme monnaie légale. Son intervention se limite au territoire métropolitain. Si les billets qu’elle émet circulent également dans les départements d’outre-mer, leur mise à la disposition du public est assurée dans ces territoires par les instituts qui disposent du privilège d’émission outre-mer.

    La Banque de France doit, indépendamment des considérations relatives au volume global de l’émission qui ressortissent à la politique monétaire, assurer la qualité matérielle des billets en circulation et faire en sorte qu’ils soient des moyens de règlement commodes et sûrs.

    La fabrication des billets met en œuvre un processus industriel complexe. Les signes monétaires qu’il s’agit de produire doivent pouvoir faire face à un usage prolongé ; il faut à la fois garantir leur résistance à l’usure, différencier nettement les divers types de coupures les uns des autres et rendre difficiles les contrefaçons.

    La Banque de France produit elle-même le papier à billets dans son usine de Vic-le-Comte à partir de matières premières sélectionnées. Ce papier se caractérise, entre autres particularités, par son filigrane, dessin visible par transparence dans l’épaisseur des parties blanches des billets. L’impression s’effectue dans les ateliers de Chamalières, près de Clermont-Ferrand, et de Puteaux. La production annuelle dépasse 700 millions de coupures destinées à la France, auxquelles il faut ajouter les fabrications effectuées pour le compte de divers pays étrangers. La finition des billets, extrêmement soignée pour décourager les faussaires, fait appel, pour les coupures d’une valeur supérieure à 10 F, à une surimpression terminale appelée « taille douce » qui donne du relief au recto des coupures en soulignant les principaux traits du dessin par un mince dépôt d’encre noire ou foncée.

    Mais la Banque de France ne délivre pas seulement des billets neufs à ses guichets. Autant que possible, elle réintroduit dans la circulation les coupures déjà utilisées et qui sont revenues dans ses caisses, non sans les avoir triées pour éliminer les billets trop usagés qui sont ensuite détruits.

    II lui arrive aussi, mais plus rarement, de remplacer systématiquement une vignette par une autre. Les anciennes coupures, alors privées de cours légal, ne sont plus acceptées en paiement nulle part mais demeurent échangeables à tous les guichets de la Banque de France, à l’exception de celles qui sont définitivement privées de valeur en application de textes légaux (ordonnance du 30 mai 1945 et loi du 30 janvier 1948).

    La gamme des billets en circulation comprend en 1977 des coupures de 500, 100, 50, et 10 F- Comme on peut le voir dans le tableau ci-contre, en valeur, les deux grosses coupures forment plus de 90 % du total. La Banque de France assure, par l’intermédiaire de ses succursales, une répartition géographique des encaisses adaptée aux besoins des agents économiques.

    Si la circulation des billets continue à croître régulièrement, cette augmentation est cependant proportionnellement moins importante que celle de la monnaie scripturale.

    L’usage du chèque et des autres moyens de règlement par écritures gagne en effet progressivement de nouvelles couches sociales. À la limite, on peut imaginer un système dans lequel tout ce qui est gagné et dépensé par chacun serait immédiatement comptabilisé par un ordinateur, ce qui supprimerait la nécessité d’un support matériel des règlements.

    Cette perspective risque cependant de se trouver compromise par le coût qu’entraînent de telles opérations pour la collectivité, notamment lorsqu’il s’agit de règlements de faible montant.

    Mais si l’importance relative du billet tend à diminuer au profit d’autres moyens de paiement, il conservera longtemps la faveur du public pour les transactions courantes.

    Circulation fiduciaire au 30 juin 1977

    (graphique)

    Les billets en circulation sont inscrits au passif du bilan de la Banque de France, de même que les dépôts qui constituent la monnaie figurent au passif du bilan des banques. Pour les dépôts, cette situation se justifie par le fait qu’ils permettent à qui les détient d’obtenir sur simple demande des billets de la Banque de France ou des transferts dans d’autres banques ou aux chèques postaux. Pour les billets, leur inscription au passif correspond au fait que les porteurs de billets pouvaient autrefois les transformer en or. Cette possibilité a maintenant disparu.

    Si le montant des billets en circulation n’est plus limité par des règles spécifiques – plafond fixé par la loi ou couverture en or – comme il le fut dans le passé à une époque ou ils représentaient une part très importante de l’ensemble des moyens de paiement, la Banque n’émet des billets qu’en contrepartie d’opérations définies par ses statuts : acquisitions d’avoirs en or et devises, concours à l’État, crédits au système bancaire. Cependant l’action des autorités monétaires s’exerce essentiellement au niveau de la masse monétaire globale et n’agit qu’indirectement sur la circulation des billets alors que les variations du comportement du public exercent des effets plus immédiats.

    2″) Les monnaies divisionnaires

    Ces monnaies sont constituées par les pièces métalliques ; celles-ci jouent un rôle d’appoint dans les transactions et comme, autrefois, elles représentaient une fraction de l’unité monétaire elles sont appelées monnaies divisionnaires. Leur raison d’être s’explique par le fait que, dans le cas de petites coupures circulant fréquemment, il convient de préférer au papier le métal qui est plus solide et moins sujet à l’usure.

    Le pouvoir libératoire de ces pièces est limité par la loi, c’est-à-dire que le créancier n’est tenu de les accepter que jusqu’à concurrence d’un montant déterminé. Cette disposition vise à éviter les abus : un débiteur pourrait gêner son créancier en le réglant avec une grande quantité de pièces métalliques.

    La valeur nominale des monnaies divisionnaires, mentionnée sur l’une de leurs faces, est sans rapport avec leur valeur marchande, c’est-à-dire le prix que l’on pourrait en retirer en vendant au poids le métal dont elles sont constituées. Elles sont donc une monnaie fiduciaire. Leur alliage est en effet le plus souvent à base de métaux communs (nickel, cupro-nickel, cupro-aluminium, acier inoxydable). Toutefois, depuis 1960, des pièces de 5, 10 et 50 F ont été frappées en argent mais il est assez remarquable de noter que ces pièces ne se sont jamais intégrées de façon satisfaisante dans la circulation française, le public ayant préféré les thésauriser.

    Les pièces métalliques sont émises par le Trésor ; ceci constitue une survivance de l’époque où les monnaies d’or et d’argent étaient frappées par l’État qui en garantissait l’aloi. L’expérience technique ainsi acquise est maintenant utilisée par l’administration des Monnaies et Médailles qui frappe les pièces pour les livrer à la Banque de France en vue de leur mise en circulation. Celle-ci en règle le montant au Trésor et approvisionne les guichets de son siège et de ses comptoirs. Le public est alors servi en fonction de ses demandes.

    B – La monnaie scripturale

    La monnaie scripturale est constituée par les avoirs en compte à vue dans la plupart des institutions financières. L’expression « à vue » signifie que les avoirs sont disponibles à tout moment au gré de leurs titulaires, soit pour un retrait en billets, soit pour un transfert par chèque ou virement, et peuvent donc être utilisés sans délai pour effectuer des règlements. Cette définition exclut non seulement les comptes à terme mais aussi les comptes sur livrets qui peuvent faire l’objet d’un retrait à vue mais ne sont pas disponibles par chèque ou virement.

    Toutes les institutions financières n’ont pas la faculté de recevoir et de gérer des dépôts à vue. Les règles en vigueur en réservent le privilège :

    – aux banques, y compris les organismes de crédit agricole et de crédit mutuel, ainsi qu’à la Banque de France,

    – aux centres de chèques postaux,

    – aux caisses d’épargne privées,

    – aux comptables du Trésor public.

    En outre, les agents de change et divers organismes financiers gèrent, pour les besoins de leur activité, des comptes de clients, assimilables à des dépôts à vue.

    Des raisons diverses expliquent le développement progressif des dépôts à vue par rapport à la circulation des billets de banque. Parmi celles-ci on doit mentionner :

    – la sécurité offerte par l’usage de la monnaie scripturale, qui présente beaucoup moins de risques de perte ou de vol que les espèces ;

    – la commodité des règlements qu’elle permet, car ceux-ci sont effectués par écritures, sans exiger le déplacement ni du débiteur ni du créancier ;

    – la sûreté de ces règlements, qui, enregistrés dans les comptabilités des organismes financiers, se prêtent à des recherches et à la production de preuves en cas d’erreurs ou de contestations.

    En revanche, les dépôts à vue n’offrent plus l’attrait d’un intérêt. En 1967, le Conseil National du Crédit en a interdit la rémunération – que les centres de chèques postaux n’avaient d’ailleurs, en ce qui les concerne, jamais consentie – voulant ainsi encourager l’accroissement de l’épargne liquide ou à court terme.

    Il faut se garder de confondre la monnaie scripturale avec les instruments qui permettent de la faire circuler et qui ne jouent, dans les règlements, qu’un rôle de support, tels le chèque et le virement.

    Tous les règlements scripturaux ont la même base : l’ordre donné par le titulaire du compte au gestionnaire de son dépôt de remettre des fonds à une personne déterminée, qui peut d’ailleurs être le titulaire du compte lui-même s’il s’agit, par exemple, d’un retrait de billets. Cet ordre est transmis par des instruments divers.

    Certains sont émis par le débiteur tels le chèque, le virement et le chèque postal. D’autres, qui sont de création plus récente, supposent l’intervention du créancier tels l’avis de prélèvement et le titre universel de paiement.

    L’avis de prélèvement est un procédé de recouvrement des créances. Il repose sur une autorisation donnée une fois pour toutes par le titulaire d’un compte à son banquier de régler le créancier au vu d’un avis émis par celui-ci en représentation de sommes dues. L’avis de prélèvement est utilisé par certains créanciers, Électricité de France, Service du téléphone par exemple, que leur activité conduit à procéder à des recouvrements périodiques auprès de très nombreux débiteurs.

    Complétant l’avis de prélèvement un nouveau système de règlement est apparu au cours de ces dernières années : le titre universel de paiement (T.U.P.). Né d’une idée qui avait été utilisée pour le recouvrement de primes d’assurance, le T.U.P. a été lancé en 1972 dans le secteur postal ; il a été admis par les banques à compter du 1er mars 1977.

    Le T.U.P. est émis par des sociétés ayant de très nombreux règlements à recevoir et dont les débiteurs ont refusé le blanc-seing indispensable dans le système de l’avis de prélèvement. Il revêt la forme d’un imprimé sur lequel le créancier marque, au moyen d’une imprimante d’ordinateur, les caractéristiques et les références du paiement, ainsi que, s’il en a connaissance, le numéro de compte du débiteur et la domiciliation bancaire.

    L’intérêt du T.U.P. pour le débiteur est de disposer d’une formule de règlement déjà remplie sur laquelle il n’a qu’à apposer sa signature et, si elle n’y figure pas déjà, l’indication du compte à débiter ; il est donc dispensé de transcrire les mentions de référence de son règlement. L’avantage procuré à l’entreprise créancière est de recevoir une bande magnétique descriptive des règlements, directement exploitable en ordinateur. Le T.U.P. n’impose pas l’usage d’un compte, puisqu’il peut être utilisé comme mandat postal.

    Enfin, la carte de crédit, dont l’usage tend actuellement à se répandre, aboutit à un prélèvement au compte du titulaire de cette carte par l’intermédiaire des banquiers de ses fournisseurs.

    Par ailleurs, bien qu’ils servent d’abord de supports au crédit comme en témoigne le fait qu’ils comportent un terme de paiement, la lettre de change et le billet à ordre constituent des instruments de transferts scripturaux ; l’une et l’autre sont en effet habituellement présentés pour règlement par écritures à la banque du débiteur au moment de leur«échéance» c’est-à-dire à la date fixée pour le paiement.

    Quels que soient les instruments utilisés, les règlements scripturaux entraînent une énorme masse de transferts entre les institutions financières. Il arrive que le débiteur et le créancier aient leur compte dans le même établissement ; mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. Dans toutes les villes de quelque importance, les représentants des organismes financiers se rencontrent donc chaque jour ouvrable pour confronter leurs créances et leurs dettes respectives au sein d’une centrale de règlements, appelée « chambre de compensation » et apurent les soldes dégagés, en faveur ou à la charge de chacun, par l’intermédiaire de la Banque de France, où ils ont eux-mêmes des comptes. Ainsi, la Banque de France se situe au centre des échanges de monnaie scripturale et apparaît comme la Banque des banques. C’est d’ailleurs la Banque de France qui organise et dirige la « compensation » dans les villes où elle est établie, sauf à Paris où existe une institution spéciale créée à cet effet et placée sous la responsabilité des différents participants.

    De même la Banque assure la gestion de l’« ordinateur de compensation », système d’échange interbancaire des opérations transcrites sur bandes magnétiques (cf. page 118).

    C – Les disponibilités quasi monétaires et la masse monétaire

    Les dépôts bancaires qui ne sont pas immédiatement utilisables dans un règlement ne peuvent être au sens strict considérés comme de la monnaie. On peut toutefois, en cas de besoin, les transformer aisément en monnaie sans perte de capital. Aussi faut-il en tenir compte dans l’élaboration de la politique monétaire presqu’au même titre que la monnaie. On les qualifie généralement de « quasi-monnaie » ou, dans le langage des techniciens de « disponibilités quasi monétaires » pour les distinguer des « disponibilités monétaires » proprement dites.

    Ces avoirs consistent en deux catégories de dépôts gérés par les banques et accessoirement par le Trésor public :
    – les « comptes sur livrets », les plus proches de la monnaie, recouvrent des avoirs qui sont en fait remboursables à vue mais ne peuvent être utilisés par chèques, le déposant devant, en principe, effectuer lui-même le retrait en billets lorsqu’il désire employer ses fonds. Aussi les comptes sur livrets sont-ils considérés comme comptes d’épargne et assortis d’un intérêt. Ils tirent leur nom du livret remis au titulaire du compte et sur lequel s’inscrivent toutes les opérations. Parmi les comptes sur livrets, il est d’usage de classer à part ceux qui recueillent l’épargne logement, qui bénéficient d’un régime de rémunération particulièrement favorable, en raison des avantages accordés par l’État (exonération fiscale et prime), et qui permettent d’obtenir à des taux préférentiels des prêts pour l’habitation ;

    – les « dépôts à terme » sont bloqués dans les banques par convention pour une durée déterminée, généralement assez courte, un mois, trois mois, six mois ou un an par exemple. Ils offrent des avantages à la fois pour les établissements dépositaires, qui sont assurés en principe de conserver les fonds jusqu’à l’expiration du contrat et pour les déposants qui perçoivent un intérêt en contrepartie de l’abandon temporaire de leurs disponibilités. Les « bons de caisse » ont les mêmes caractéristiques mais, au lieu d’être simplement inscrits sur les livres des banques, ils sont représentés par un titre au porteur ou à ordre remis aux déposants.

    Les composantes de la masse monétaire (en milliards de francs)

    (graphique)

    L’ensemble des disponibilités monétaires et des disponibilités quasi monétaires forme la « masse monétaire » entendue dans un sens large. La monnaie manuelle et les dépôts à vue représentaient à fin 1976 53 % de la masse monétaire, la quasi-monnaie en constituant le solde, soit 47 %. On doit noter que dix ans auparavant, soit fin 1966, les proportions respectives étaient de 82 % et 18 %. La quasi-monnaie se développe ainsi à une cadence particulièrement rapide. Le versement d’un intérêt sur les dépôts quasi monétaires n’est évidemment pas étranger à cette évolution dont il convient de se féliciter dans la mesure où elle ralentit la vitesse de circulation du numéraire et, par suite, les pressions inflationnistes, mais il ne faut pas oublier qu’elle traduit aussi une réticence à l’égard des placements financiers plus longs.

    D – Les placements liquides ou à court terme et l’ensemble des liquidités

    Les disponibilités monétaires et quasi monétaires ne comprennent pas certains avoirs qui, bien qu’ils ne soient pas gérés par des établissements dépositaires de comptes à vue, sont également susceptibles d’être transformés rapidement en monnaie. Ce sont les dépôts dans les caisses d’épargne, très proches par leurs caractéristiques des comptes sur livrets ouverts auprès des banques, les bons du Trésor – titres représentatifs d’emprunts à court terme du Trésor– et les bons des groupements régionaux d’épargne et de prévoyance, ces deux sortes de bons étant peu différents des « bons de caisse » bancaires. Ainsi, on peut se demander pourquoi on a fixé à la masse monétaire des frontières qui semblent quelque peu artificielles.

    En réalité, la délimitation de la masse monétaire, telle qu’elle est faite en France, répond à des considérations pratiques. Elle retient, avec la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale proprement dite, les éléments quasi monétaires gérés par des organismes, banques et accessoirement Trésor, qui reçoivent en même temps des dépôts à vue et sont dotés du pouvoir de créer de la monnaie.

    Il est possible d’établir pour ces organismes un tableau analogue à un bilan, relativement simple, faisant apparaître, d’un côté les sources de formation de la monnaie, appelées contreparties de la masse monétaire (or et devises, créances sur le Trésor public, concours à l’économie) et, de l’autre côté, la masse monétaire résultant de cette formation (cf. notice méthodologique sur les statistiques publiées par le Conseil National du Crédit figurant en annexe 3).

    Les autorités monétaires ne se désintéressent pas pour autant des liquidités détenues par le public, et qui ne sont pas incluses dans la masse monétaire ainsi définie. Elles les recensent et en suivent l’évolution. Bien plus, pour marquer les similitudes entre les disponibilités quasi monétaires d’une part, les comptes sur livrets des caisses d’épargne, les bons des groupements régionaux d’épargne et de prévoyance et les bons du Trésor d’autre part, le Conseil National du Crédit regroupe les unes et les autres sous le concept de « placements liquides ou à court terme ». Ce concept recouvre donc, à la fois des éléments de la masse monétaire et des éléments extérieurs à cette masse. On obtient, ainsi, le total des avoirs non monétaires susceptibles de se transformer en monnaie dans un laps de temps relativement court et qui représentent, de ce fait, un pouvoir d’achat « potentiel » utilisable dans un délai assez bref.

    Pour récapituler ces définitions on peut présenter les diverses composantes de l’ensemble des liquidités de l’économie selon le schéma suivant :

    Liquidités de l’économie à fin 1976 (M3) (en milliards de francs)

    (graphique)

    La masse monétaire représente, selon le point de vue adopté :

    – le montant cumulé des encaisses détenues par les particuliers et les entreprises.

    – l’ensemble des instruments de paiement créés par les banques, la Banque centrale et le Trésor et figurant au passif dans la comptabilité de ces institutions.

    Il est évidemment beaucoup plus simple de recenser quelques postes des passifs des institutions financières – relativement peu nombreuses et qui tiennent une comptabilité précise de leurs opérations – que de récapituler les encaisses de tous les agents économiques qui ne sont pas d’ailleurs toujours au fait de la consistance de leurs avoirs-

    S’il existe ainsi deux approches différentes de la masse monétaire, il reste – et ceci est fondamental – que les avoirs ou les créances monétaires des divers agents économiques ne sont pas autre chose que les engagements ou les dettes monétaires des institutions ou des établissements créateurs de monnaie. Il s’agit d’une seule et même réalité qui ne diffère que par l’aspect sous lequel on la considère.

    (…)

    Chapitre II : La création monétaire

    [Rappel : source = document officiel de la Banque de France. ÉC]

    La création monétaire s’effectuait traditionnellement par l’intermédiaire d’opérations de crédit bancaire consistant à transformer des créances en moyens de paiement. Ce phénomène de monétisation des créances apparaît encore de façon parfaitement claire lorsqu’il est réalisé par l’escompte d’une lettre de change – ou traite – tirée, par exemple, à l’occasion d’une vente, par un industriel sur un commerçant en gros. L’industriel qui a besoin de monnaie cède la lettre de change à son banquier qui le crédite en compte de son montant, déduction faite d’intérêts.

    Actuellement la prédominance de l’escompte commercial a disparu, les banques préférant, pour des raisons de simplicité et d’économie, financer un ensemble de besoins plutôt que des opérations particulières. II n’en reste pas moins que, ce faisant, elles continuent à anticiper des rentrées de fonds dont elles versent aux créanciers une fraction plus ou moins importante.

    La monnaie ainsi créée est résorbée quand le débiteur principal fait face à ses engagements. La création monétaire se développe cependant car la progression de l’activité économique détermine un accroissement continuel du montant des concours accordés.

    <b<Les organismes créateurs de monnaie sont les banques, le Trésor public et la Banque de France. Les développements qui suivent s’attachent à définir les rôles respectifs de ces divers organismes ainsi que celui d’institutions financières qui, sans créer à proprement parler de la monnaie, participent cependant au processus d’expansion monétaire. Le problème de la responsabilité de la création monétaire sera enfin évoqué.

    I – Les banques

    A – Leur pouvoir de création monétaire

    Contrairement à une idée encore trop répandue, la fonction des banques consiste beaucoup moins à collecter des dépôts dans le public qu’à créer de la monnaie au profit des entreprises, des particuliers et de l’État.

    [Vous n’avez pas bien lu, je crois. Relisez, s’il vous plaît… Qui parle, déjà ? Un sélénite ? non, non … ÉC]

    Une banque pourrait même créer indéfiniment de la monnaie si les crédits qu’elle consentait servaient à régler des particuliers ou des entreprises ayant un compte chez elle. Le crédit accordé, inscrit à l’actif du bilan de la banque au fur et à mesure de son utilisation, a alors pour contrepartie l’augmentation, au passif, des disponibilités de la clientèle.

    Cette hypothèse extrême semble, à première vue, un peu caricaturale ; elle est cependant proche de la réalité si l’on considère l’ensemble du système bancaire car une très large part des paiements s’effectue bien en créditant des comptes bancaires.

    Il reste que, dans les faits, existent deux limitations.

    – La première provient des transferts de fonds opérés lors de la création monétaire. Les comptes des bénéficiaires des règlements opérés par l’emprunteur seront parfois situés dans la banque qui a accordé le crédit mais, le plus souvent, ils le seront dans d’autres établissements.

    – La seconde limitation provient de la transformation en billets de banque d’une partie de la monnaie créée. Le public, conformément à ses habitudes de règlement, maintient, du moins à court terme, un rapport relativement stable entre la monnaie qu’il confie aux banques et celle qu’il conserve en billets. Si la monnaie additionnelle est généralement créée sous forme de dépôts, le comportement du public tend à rétablir rapidement la répartition habituelle entre billets et dépôts.

    Ces deux limitations n’ont pas la même portée. La première comporte une contrepartie : si la création monétaire d’une banque entraîne des transferts vers d’autres banques, les opérations de crédit réalisées par ces dernières provoquent un flux de sens opposé. Néanmoins, pour une banque déterminée, il n’y a pas nécessairement égalité entre les fonds reçus des autres banques et les virements qu’elle doit effectuer à leur profit, ce qui peut poser un problème de trésorerie. Mais si, au lieu de considérer une seule banque, on prend en compte l’ensemble du système bancaire, la limitation se borne aux transferts réciproques avec les chèques postaux ou le Trésor public et elle n’a guère d’effet contraignant ; parfois même la trésorerie bancaire est, au contraire, alimentée par des fonds originaires du secteur public. Tel est notamment le cas lorsqu’un déficit budgétaire est couvert par un concours direct de la Banque de France à l’État.

    Il en va autrement pour les billets que seule la Banque centrale émet et que les banques doivent se procurer auprès d’elle en lui cédant certains actifs. À la contrainte exercée sur les banques par les prélèvements en billets s’ajoute l’obligation, qui sera évoquée ultérieurement, de constituer des avoirs en compte à la Banque centrale.

    B – Les opérations bancaires

    La création monétaire par les banques se réalise par trois voies principales : les crédits aux entreprises et aux particuliers, les concours à l’État, les achats de devises étrangères. Dans les deux premiers cas il s’agit de création monétaire interne directe par le crédit, dans le troisième de la transformation en moyens de paiement intérieurs de créances monétaires sur l’étranger.

    1°) Les crédits aux entreprises et particuliers

    Autrefois les crédits aux entreprises distribués par les banques étaient essentiellement des crédits à court terme, les établissements de crédit s’attachant à ne pas immobiliser les fonds qui leur étaient confiés à vue et à brève échéance. Ces crédits à court terme qui représentent encore à l’heure actuelle une large part des opérations bancaires, prennent la forme d’avances garanties, de découverts, d’escomptes commerciaux… ; ils sont principalement destinés à financer le fonds de roulement des entreprises.

    Cependant, les apports du marché financier s’étant révélés insuffisants pour faire face aux besoins d’équipement de l’économie, les banques ont été amenées à financer les investissements par l’octroi de crédits à moyen et même à long terme.

    Pour sauvegarder la liquidité des emplois, c’est-à-dire pour que les banques soient en mesure de restituer les fonds reçus lorsque les déposants demandent à les retirer, ces crédits ont d’abord été assortis de facilités de refinancement. Ceci signifie que les créances des banques sur les emprunteurs, représentées par des lettres de change ou des billets à ordre, peuvent, sous certaines conditions, être cédées à des institutions telles que le Crédit National ou le Crédit Foncier qui les renégocient à leur tour, si cela est nécessaire, auprès de la Banque de France.

    Puis les banques commerciales ont peu à peu pris conscience que les fonds déposés par leur clientèle présentent globalement une assez grande stabilité. L’octroi de crédits longs en contrepartie de ressources à vue ne comporte pas de risque réel d’immobilisation des fonds lorsque l’établissement qui procède à cette « transformation » possède une certaine taille et que l’importance de sa clientèle de déposants le garantit contre les diminutions accidentelles de ses ressources. Au demeurant, le risque d’un retrait important devient de plus en plus improbable à mesure que la part relative de la monnaie manuelle (billets et pièces) décroît au bénéfice de la monnaie scripturale gérée par les banques. Au surplus, celles-ci bénéficient d’une consolidation partielle de leurs ressources liée à l’expansion des dépôts à terme et d’épargne.

    L’exigence de liquidité se trouve ainsi atténuée et les banques interviennent de plus en plus largement à moyen et long terme, en se préoccupant moins qu’autrefois du caractère mobilisable de leurs concours. C’est ainsi notamment qu’elles ont développé de façon considérable leurs opérations de crédit destinées à permettre à des personnes physiques d’acquérir des logements nouvellement ou anciennement construits. L’importance relative de chaque opération et la durée des concours font que ces crédits ont pris une place non négligeable dans les emplois des banques.

    Par ailleurs, les autres prêts aux particuliers se sont aussi fortement accrus pendant ces dernières années sans prendre toutefois une expansion comparable à celle qu’ils connaissent aux États-Unis.

    Certains de ces prêts sont consentis pour les besoins de l’activité professionnelle. Les progrès de la technique ont en effet permis aux producteurs individuels de disposer d’un matériel perfectionné auquel renchérissement du coût de la main-d’œuvre les a d’ailleurs incités à recourir. Ainsi les agriculteurs et les entreprises de caractère artisanal ont-ils accru le nombre des demandeurs de crédit. Il en est de même des professions libérales dans la mesure où elles ont été conduites à faire bénéficier leur clientèle de services qui exigent un équipement moderne de coût relativement élevé.

    Parallèlement la production en grande série de biens de consommation durables (automobiles, télévisions, machines à laver,…) a conduit les banques à consentir des crédits finançant la vente à tempérament de ces biens. Ces crédits permettent aux particuliers de se porter acquéreurs sans avoir constitué une épargne préalable égale à la valeur de la marchandise à acquérir.

    En outre, l’élévation générale du niveau de vie et l’abondance des biens de toutes natures ont multiplié les incitations à la consommation des ménages, les banques françaises, suivant l’exemple américain, ont alors accordé des prêts personnels qui sont des concours à court terme mais sans affectation nettement définie.

    On doit reconnaître que, lorsque la durée du crédit dépasse un an ou lorsque l’opération financée n’est pas nettement définie, la notion de monétisation de créance, sans disparaître complètement, tend à s’estomper. Le banquier n’escompte plus une rentrée de fonds déterminée, il anticipe seulement sur les revenus ultérieurs de sa clientèle.

    La tendance à la généralisation de cette attitude témoigne que les banques sont de mieux en mieux assurées de leur pouvoir de création monétaire et rend d’autant plus nécessaire l’action modératrice et coordinatrice des autorités de tutelle.

    2°) Les concours à l’État

    Les concours des banques à l’État prennent la forme d’achats d’effets publics réalisés pour l’essentiel directement auprès du Trésor public. L’État, selon ses besoins, peut pratiquer une politique d’émission permanente de ces valeurs ou procéder à des adjudications. Les bons du Trésor acquis par les banques ne sont pas matériellement créés mais font simplement l’objet d’une inscription en compte. Ils sont négociables entre banques et auprès de la Banque de France.

    Les banques peuvent aussi participer indirectement au financement du Trésor en procédant à l’escompte de bons du Trésor présentés par leur clientèle, mais ces opérations n’ont qu’une faible importance.

    Il existe une certaine interdépendance entre les concours à l’État et les concours à l’économie. L’État pratique d’ailleurs parfois une politique systématique de déficit budgétaire pour soutenir l’activité. Dans ce cas, ses dépenses, au lieu d’être couvertes intégralement par l’impôt, le sont aussi par l’emprunt et les concours bancaires. Les commandes publiques stimulent l’activité des entreprises et contribuent par là à améliorer leur situation financière.

    En période exceptionnelle, en temps de guerre ou de forte relance conjoncturelle, les dépenses du secteur public s’amplifient au point que la trésorerie des entreprises est largement alimentée par les règlements de l’État. Dans ces conditions, la totalité de la création monétaire peut, à la limite, avoir pour seule contrepartie l’augmentation des concours au Trésor.

    3°) Les achats de devises étrangères

    Les banques, par l’intermédiaire desquelles les négociations s’opèrent sur les marchés de change, cèdent sur ces marchés les devises étrangères – c’est-à-dire des avoirs en compte dans les banques étrangères –- des exportateurs ainsi que des bénéficiaires de créances sur l’étranger qui doivent transformer leurs avoirs en francs. Inversement elles procurent à leur clientèle les devises étrangères nécessaires pour opérer des règlements hors du territoire national. Lorsque les offres de devises l’emportent sur les demandes, les cours des monnaies étrangères baissent jusqu’au point d’équilibre entre offres et demandes, à moins que le solde résiduel ne soit acquis par le Fonds de Stabilisation des Changes que la Banque de France gère pour le compte du Trésor public et dont elle assure la trésorerie en francs (Cf. page 102).

    Par ses interventions sur le marché des changes, le Fonds de Stabilisation transforme ainsi en monnaie nationale des créances en devises étrangères excédentaires ou à l’inverse fournit au marché des devises étrangères en échange de monnaie nationale.

    Par ses achats de devises le Fonds de Stabilisation élargit donc les trésoreries en francs des entreprises, dont le recours au crédit bancaire interne diminue d’autant. En revanche, ses interventions à la vente de devises tendent à réduire les liquidités internes.

    Ainsi, le solde de la balance des paiements peut, par son sens, positif ou négatif, et par son ampleur, exercer une influence plus ou moins importante sur la liquidité de l’économie.

    En définitive les trois voies par lesquelles les banques créent de la monnaie (crédits aux entreprises ou aux particuliers, concours à l’État, achat de devises étrangères) ne doivent pas être considérées isolément. La création monétaire progresse en général assez régulièrement en fonction du développement de l’activité économique, mais l’importance relative de ses différentes sources peut connaître des fluctuations de très grande ampleur, ce qui pose naturellement un problème pour la conduite de la politique monétaire.

    Évolution des principales contreparties de la masse monétaire (à l’exclusion des divers)

    (graphique où les concours à l’économie (les crédits) représentent toujours la presque totalité des contreparties de la masse monétaire)

    II – Le trésor public

    Pour être moins important que celui des banques le rôle de création monétaire du Trésor public n’est cependant pas négligeable.

    Sans doute convient-il de ne pas oublier que, comme il a été indiqué au chapitre précédent, le Trésor public a le privilège de la frappe des monnaies divisionnaires. Mais le pouvoir de création monétaire qu’il détient à ce titre est limité, ces opérations ne portant que sur des montants assez faibles.

    En revanche, le Trésor public participe directement à la création monétaire et pour des montants appréciables au moyen d’institutions telles que les comptes courants postaux et les fonds particuliers (comptes tenus sur les livres du Trésor). Le rôle monétaire de ces comptes résulte de ce que, comme les dépôts bancaires, ils sont utilisables dans les paiements courants. La création monétaire par le Trésor se réalise comme suit.

    Dans de nombreux cas, le Trésor public paye ses fonctionnaires, verse des pensions et règle ses dépenses en créditant les comptes dont il assume lui-même la gestion. Lorsque le Trésor règle une dette en créditant un compte courant postal ou « un compte de fonds particuliers », c’est-à-dire un compte ouvert auprès d’un comptable public (receveur du Trésor ou percepteur), il n’a pas à constituer de provision préalable : la création monétaire est liée à la gestion des comptes à vue. L’opération ne pose un problème de trésorerie à l’État que lorsque les titulaires de comptes courants postaux et de fonds particuliers demandent un transfert de leurs avoirs hors de ces circuits ou un retrait sous forme de billets.

    Mais, d’une manière générale, les bénéficiaires de ces règlements du Trésor ne demandent pas le virement immédiat à un compte dans une banque de la totalité de leurs avoirs aux C.C.P. ou n’opèrent pas un retrait total en billets. En outre, – de nombreux particuliers et entreprises désirant bénéficier des facilités de transfert que procure la Poste, se font ouvrir des comptes à vue auprès d’elle, même s’ils ne s’attendent pas à recevoir des paiements de l’État. Il résulte de cette situation des transferts complexes entre la monnaie bancaire et la monnaie postale. L’État, dont la trésorerie est en symbiose avec celle des P.T.T., bénéficie de l’accroissement annuel du solde des dépôts et la politique de règlement des dépenses publiques en favorise le développement.

    III – La banque de France

    D’une façon générale, les banques centrales ne créent plus beaucoup de monnaie ; ceci tient au fait qu’elles n’accordent pas directement des crédits aux entreprises et aux particuliers et qu’une grande part des concours bancaires accordés à l’État est initialement consentie par les banques commerciales. C’est pourquoi d’ailleurs l’appellation « banque centrale », c’est-à-dire « banque des banques », tend de plus en plus à l’emporter sur celle d’Institut d’émission.

    [Là aussi, vous devriez relire, non ? ÉC]

    La Banque de France ne crée de la monnaie que lorsqu’elle consent des avances directes à l’État, effectue des avances sur titres au profit d’emprunteurs privés, accorde des concours à des organismes financiers qui ne gèrent pas de comptes à vue, ou lorsqu’elle achète des devises étrangères directement à des entreprises, à des particuliers ou à l’État.

    Les avances directes au Trésor constituent la voie la plus importante de la création monétaire effectuée en propre par la Banque de France ; en effet, bien que le montant de ces avances n’ait en moyenne pas augmenté depuis fort longtemps, les fluctuations des besoins de financement du Trésor entraînent en cours d’année d’importantes variations, qui constituent autant d’opérations de création puis de destruction monétaire. Comme on le verra ultérieurement, le législateur est intervenu pour fixer les limites et les modalités de ces avances.

    Les avances sur titres, qui connurent un grand succès au 19*’ siècle, ont vu leur importance décroître et elles ne jouent plus qu’un rôle marginal dans la création monétaire.

    Les concours à des organismes qui ne gèrent pas de dépôts, sont assez rares et ont, en général, peu d’ampleur. Toutefois le refinancement des prêts spéciaux à la construction consentis dans le cadre de la loi de 1950 par le Comptoir des Entrepreneurs et le Crédit Foncier de France atteignait il y a quelques années un montant relativement élevé. On peut aussi mentionner les concours que la Banque de France consent éventuellement à des établissements financiers spécialisés dans le financement des ventes à tempérament bien que l’importance de ces opérations soit faible.

    Les achats directs de devises étrangères à des particuliers (touristes étrangers par exemple) ou à des institutions diverses sont eux aussi peu élevés et ne représentent qu’une faible fraction du total’ des opérations de change traitées par l’Institut d’émission.

    Il n’en reste pas moins que la Banque de France émet deux sortes de monnaies indispensables au processus de création monétaire :

    – il s’agit, d’une part, on l’a vu, des billets de banques qu’elle remet aux banques qui, à leur tour, les délivrant aux entreprises et aux particuliers, sans d’ailleurs qu’il y ait, à proprement parler, de création monétaire, puisque ce sont des avoirs en compte des banques sur les livres de la Banque de France, puis des particuliers ou des entreprises sur les livres des banques, qui sont transformés en billets.

    – il s’agit, d’autre part, de la monnaie scripturale constituée par les soldes créditeurs des banques et des autres intermédiaires financiers sur les livres de la Banque centrale ; contrairement aux composantes de la masse monétaire, cette monnaie « centrale » ne sert qu’aux règlements interbancaires et n’intervient pas dans le circuit normal des échanges ; cependant, son aptitude à se transformer en toute autre forme de monnaie en fait l’instrument indispensable à la convertibilité de toutes les autres catégories de monnaies entre elles.

    L’action de la Banque de France s’exerce donc essentiellement pour faciliter et contrôler la création monétaire des banques, la Banque centrale étant le point de passage obligé de divers mouvements de fonds :

    – parce qu’elle gère les réserves de change du pays, les banques doivent s’adresser à elle pour s’approvisionner en devises ou transformer leurs devises en francs, lorsque l’équilibre du marché des changes requiert ses interventions ;

    – dans le cadre de l’aide apportée à la trésorerie publique, la Banque de France recouvre pour le compte du Trésor, les chèques créés par les contribuables ou les avis de prélèvement émis par le Trésor ; inversement les règlements du Trésor public à destination du système bancaire passent aussi par l’intermédiaire de la Banque centrale ;

    – les mouvements de fonds entre banques s’opèrent par transferts de compte à compte auprès de l’Institut d’émission du solde résultant de la compensation entre créances et dettes réciproques.

    Par ailleurs, ainsi qu’il a déjà été exposé, les banques n’ont pas l’entière liberté de développer leurs opérations de crédit car l’augmentation de la monnaie scripturale entraîne, en raison des habitudes de règlement du public, un accroissement des billets de banque en circulation dont la Banque de France a le privilège d’émission. Sans doute l’importance des billets dans la masse des moyens de paiement a-t-elle tendance à décroître ce qui réduit à due concurrence la base d’action de la Banque centrale.

    Mais les autorités monétaires peuvent, si elles le jugent utile, augmenter la quantité de « monnaie centrale » nécessaire aux banques en les obligeant à maintenir sur les livres de l’Institut d’émission un montant minimum d’avoirs en comptes dont l’importance est fonction du volume des dépôts de l’établissement assujetti ou de celui des crédits qu’il a accordés. C’est sur ce principe que repose le système des réserves obligatoires dont le fonctionnement sera analysé plus en détail lors de l’étude des mécanismes de la politique du crédit.

    IV – Les institutions financières

    Les banques ne sont pas les seuls organismes à consentir du crédit. À côté d’elles interviennent les établissements financiers dont l’activité facilite les ventes à tempérament, la construction ou le crédit bail, et qui se procurent leurs moyens de financement auprès des banques dont ils sont, dans bien des cas, les filiales. Le crédit est distribué également par d’autres institutions, qui trouvent leurs ressources sur le marché financier, mais qui ne gèrent pas de dépôts à vue et ne créent donc pas, en principe, de monnaie, encore que par leur activité elles participent à l’alimentation des flux monétaires.

    De même qu’il est pratiquement impossible de traiter de la monnaie sans mentionner la quasi-monnaie et l’épargne liquide, on peut difficilement passer sous silence, dans la description de la création monétaire, l’action d’établissements dont les ressources n’ont pas un caractère strictement monétaire. Une séparation nette entre ces établissements et les banques serait, d’un point de vue économique, d’autant plus difficilement concevable qu’une proportion croissante des ressources des banques est constituée par de l’épargne à court terme.

    Les ressources du Crédit Foncier et du Crédit National, établissements semi-publics spécialisés respectivement dans le crédit au logement et les prêts à moyen et long terme à l’industrie sont essentiellement constituées par l’émission d’obligations. La monnaie ainsi collectée est simplement remise en circulation lorsque les crédits sont distribués. Toutefois il est évident que la vitesse de circulation du numéraire est affectée par l’utilisation que les bénéficiaires des prêts font des capitaux dont ils obtiennent la disposition.

    Les caisses d’épargne, dont les ressources alimentent, pour une large part, les opérations de crédit de la Caisse des Dépôts et Consignations, sont des établissements plus proches des banques. Elles entrent d’ailleurs en Concurrence avec ces dernières dans la recherche de la clientèle de déposants puisque plus de la moitié des ressources bancaires est constituée par des dépôts à terme et d’épargne. Sans doute l’octroi d’un crédit par la Caisse des Dépôts, voire dans certaines limites, par les caisses d’épargne elles-mêmes, – prêts destinés au financement de la construction de logements ou d’équipements des collectivités locales – opère-t-il simplement une redistribution de la monnaie collectée, mais, en raison des habitudes de placement du public, une partie de cette monnaie revient alimenter les comptes sur livrets des caisses d’épargne.

    [MAJ 1980 : Ajouter à la fin du deuxième paragraphe : « …sur livrets des caisses d’épargne. Il faut aussi ne pas oublier que, depuis 1978, les caisses d’épargne privées sont autorisées à ouvrir des comptes de dépôts à vue ».]

    Enfin dans l’activité d’un organisme comme la Caisse Nationale de Crédit Agricole dont les ressources proviennent pour une large part de l’émission de bons à court et moyen terme ainsi que d’obligations, il est malaisé d’identifier ce qui constitue une simple redistribution de fonds de ce qui participe à la création proprement dite de liquidités monétaires. La même observation vaut d’ailleurs pour les banques qui gèrent de plus en plus de dépôts d’épargne et de dépôts à terme.

    S’il est difficile de préciser les frontières de la monnaie, c’est que ses sources sont multiples et qu’en définitive sa création accompagne de façon presque spontanée l’octroi des crédits dont l’expansion mesurée est nécessaire à la progression de l’activité économique.

    Il semble naturel de considérer que les établissements dont les opérations développent les moyens de paiement sont à l’origine de la création monétaire. Cette considération qui paraît relever du simple bon sens n’est cependant pas pleinement conforme à la réalité.

    On constate en effet que, sans être entièrement prédéterminées, les opérations de la Banque centrale sont sujettes à des contraintes. Il n’est pas possible de limiter brusquement les possibilités de refinancement des crédits consentis par les banques sans désorganiser gravement le marché monétaire et l’activité économique, une éventuelle action restrictive ne saurait être que progressive. De même, l’Institut d’émission doit veiller à ce que l’État puisse se procurer les ressources qui lui sont ind

  2. Avatar de Étienne Chouard

    Oups, pardon, message trop long, tronqué, voici la fin :

    Il semble naturel de considérer que les établissements dont les opérations développent les moyens de paiement sont à l’origine de la création monétaire. Cette considération qui paraît relever du simple bon sens n’est cependant pas pleinement conforme à la réalité.

    On constate en effet que, sans être entièrement prédéterminées, les opérations de la Banque centrale sont sujettes à des contraintes. Il n’est pas possible de limiter brusquement les possibilités de refinancement des crédits consentis par les banques sans désorganiser gravement le marché monétaire et l’activité économique, une éventuelle action restrictive ne saurait être que progressive. De même, l’Institut d’émission doit veiller à ce que l’État puisse se procurer les ressources qui lui sont indispensables pour assurer l’exécution du budget voté par le Parlement.

    La situation dans laquelle se trouvent placées les banques est assez analogue. Une hausse substantielle des salaires nominaux versés par les entreprises implique une adaptation du flux de création monétaire à défaut de laquelle se produirait un blocage des circuits de paiement entraînant du chômage et des troubles sociaux. De même un enchérissement sensible des matières premières, des produits énergétiques, des divers approvisionnements nécessaires à l’activité des entreprises exige à plus ou moins long terme des moyens de paiement supplémentaires.

    La création monétaire est le fait des organismes qui la réalisent techniquement, mais elle n’est possible que si elle répond à une demande des entreprises, des ménages ou de l’État.

    ____________________

    Chapitre III : La vie de la monnaie

    C – Monnaie centrale et monnaie bancaire

    Les variations du montant de la « monnaie Banque centrale » en circulation se répercutent sur la trésorerie des banques. Selon qu’une banque a un accès plus ou moins aisé à la monnaie de la banque centrale, l’exécution des transferts qu’elle doit opérer lui pose moins ou plus de problèmes ; on évalue l’aisance de sa trésorerie en fonction de ce critère.

    La liquidité du système bancaire varie donc en sens opposé des besoins des banques en « monnaie Banque centrale ». C’est ainsi que cette liquidité diminue chaque mois au moment où les entreprises prélèvent des billets sur leurs comptes bancaires pour payer leurs salariés. Puis, toutes choses restant égales, la liquidité bancaire se reconstitue en cours de mois lorsque, par suite des dépenses des ménages, les billets refluent vers les comptes bancaires. Cette fluctuation cyclique régulière permet de constater que les besoins courants de l’économie nécessitent des ajustements constants d’un circuit monétaire à l’autre.

    De façon générale la liquidité d’une banque tend à se réduire dans la mesure où ses crédits se développent alors que de nouvelles possibilités de refinancement en monnaie centrale ne lui sont pas ouvertes : la distribution des crédits est en effet inéluctablement une source de transferts. Aussi chaque établissement s’efforce-t-il de limiter l’incidence de ces transferts en développant les services rendus à la clientèle afin d’attirer le maximum de monnaie créée soit à son initiative soit indépendamment de son intervention. La recherche des dépôts du public par les banques est pour elles une quête de liquidités.

    (…)

    III – Les objectifs du contrôle monétaire

    La croissance équilibrée de l’économie exige qu’une quantité adéquate de moyens de paiement soit mise à la disposition des agents économiques, consommateurs et producteurs. C’est pourquoi l’objectif central du contrôle monétaire consiste à régler le volume des moyens de paiement utilisables sur les marchés des biens et de services, ce qui suppose une action portant non seulement sur le volume de la monnaie proprement dite – billets et dépôts à vue – mais aussi sur la masse des liquidités susceptibles de se transformer en monnaie.

    A – Relations entre les phénomènes monétaires et les phénomènes économiques

    1°) Les principes

    L’exécution des transactions repose évidemment sur l’utilisation d’une quantité appropriée de monnaie. Ainsi le développement économique s’accompagne nécessairement, sous certaines réserves qui seront précisées plus loin, d’une augmentation du volume de la monnaie. Mais il serait inexact de considérer les variations de ce volume comme une simple conséquence de l’évolution de la production et des échanges. En réalité, la monnaie joue un rôle actif dans le déroulement de ces phénomènes. L’injection de monnaie nouvelle dans les circuits de règlement tend à inciter les agents économiques à augmenter leurs achats. À l’inverse, une raréfaction des moyens de paiement disponibles freine l’expansion des transactions.

    Une analyse complète du rôle moteur de la monnaie, qui fait l’objet d’amples discussions, dépasserait le cadre nécessairement limité de la présente brochure. On se bornera à en admettre le principe en remarquant que les fluctuations de la masse monétaire agissent à la fois – mais dans des proportions qui peuvent différer – sur la demande des consommateurs et sur celle des investisseurs.

    On pourrait être tenté de déduire des relations ainsi dégagées que les autorités monétaires devraient se fixer pour objectif permanent une extension rapide des moyens de paiement disponibles afin de rechercher la croissance maximale du niveau de vie. Dans la réalité, les choses ne sont pas aussi simples. La politique monétaire doit évoluer sans cesse entre deux écueils, celui de l’excès et celui de l’insuffisance de création de liquidités nouvelles.

    2°) Freinage de la création monétaire

    L’excès de la création monétaire est le danger le plus courant à notre époque où la demande de financement monétaire est très large pour couvrir les besoins entraînés tant par le relèvement des revenus nominaux des salariés ou des entrepreneurs individuels, que par l’accroissement des investissements des entreprises ou le développement des équipements collectifs. Il faut aussi tenir compte des crédits anticipant sur des revenus futurs et destinés à permettre l’achat de biens de consommation durables ou de logements.

    Or l’accroissement de la masse monétaire ne peut dépasser certaines limites sans engendrer de graves perturbations. II tend en effet à provoquer un développement de la demande de biens et services que les capacités de production ne sauraient toujours satisfaire. Une création monétaire trop forte entraîne ainsi tous les inconvénients de l’excès de la demande sur l’offre et notamment la hausse des prix intérieurs et la détérioration du commerce avec l’étranger.

    C’est pourquoi les autorités monétaires sont fréquemment conduites à freiner l’expansion des moyens de paiement lorsque celle-ci menace de prendre spontanément une allure trop vive.

    Sans doute les écoles de pensée keynésienne et monétariste diffèrent-elles quant à l’importance de l’influence exercée par la création monétaire sur l’activité économique, aux délais dans lesquels elle se fait sentir et aux mécanismes de transmission qu’elle implique, mais nul ne conteste l’existence de cette influence ni le sens dans lequel elle agit.

    3°) Stimulation de la formation de monnaie

    Lorsque la situation économique est telle que les capacités de production ne sont que partiellement employées, on peut, au contraire, envisager de susciter une relance de l’activité en facilitant la formation de liquidités nouvelles.

    À l’inverse de ce que certains pourraient croire, il est généralement aussi difficile de stimuler la croissance des moyens de paiement que de la ralentir. L’initiative des autorités monétaires n’y suffit pas. Il faut que producteurs et consommateurs sollicitent des liquidités supplémentaires notamment en recourant au crédit. À défaut, par exemple dans les situations de stagnation économique prononcée, voire de récession, les remèdes les plus efficaces ne relèvent pas de la politique du crédit. L’action de l’État prend alors une importance primordiale ; elle s’exerce par l’augmentation des dépenses publiques et par des réductions d’impôts dans le cadre d’une politique budgétaire anticyclique, c’est-à-dire d’une politique qui vise à corriger l’évolution spontanée de l’activité économique et qui implique un recours du Trésor à la création monétaire.

    (…)

    Chapitre V : Les instruments de contrôle du crédit

    Les autorités monétaires exercent leur action sur la distribution du crédit selon diverses procédures dont les effets sont complémentaires.

    Elles agissent de façon indirecte en réglant le loyer de l’argent et la liquidité des banques, mais elles interviennent aussi de façon plus immédiate soit en imposant une limite globale à la progression des concours bancaires soit en les orientant d’une manière sélective.

    I – L’action par les taux d’intérêt

    Il existe une relation nécessaire entre les conditions de refinancement imposées par la Banque centrale aux autres banques et les taux pratiqués par celles-ci pour les concours à l’économie. Quand elles consentent leurs crédits, les banques prennent en considération le coût qu’elles devront supporter lorsque la nécessité de les mobiliser se fera sentir. À son tour, la hausse des taux bancaires freine évidemment la demande de concours et, à l’inverse, leur réduction accroît cette demande.

    Cependant, à l’époque actuelle, ces phénomènes ne jouent pas sans difficultés. On peut même soutenir paradoxalement que, lorsque le coût de refinancement tend à amenuiser leurs marges d’exploitation, les banques s’efforcent d’accroître le volume des crédits qu’elles distribuent ; semblable entreprise ne paraît pas vouée à l’échec car, en période d’expansion, la sensibilité des emprunteurs à l’égard de l’élévation des taux d’intérêt nominaux est particulièrement faible.

    (…)

    B – Augmentation des besoins en monnaie centrale

    Les réserves obligatoires au lieu de réduire les possibilités de refinancement des banques accroissent leurs besoins en monnaie centrale. Ce dispositif de contrôle est originaire des États-Unis où il appuie traditionnellement l’action de la Banque centrale sur le marché monétaire. Depuis la dernière guerre, de nombreux pays européens s’en sont dotés et il a été institué en France par un décret du 9 janvier 1967.

    Le système de réserves oblige les banques à constituer des avoirs en soldes créditeurs à la Banque centrale à concurrence d’un pourcentage de certains postes de leur bilan. Les réserves ont d’abord été assises sur les dépôts, puis afin que leur action s’exerce le plus près possible de la création monétaire et puisse ainsi, en cas de besoin, la freiner plus efficacement, les réserves sur les dépôts ont été complétées en février 1971 par l’institution de réserves calculées sur les crédits distribués par les banques et les établissements financiers.

    Le Conseil National du Crédit a habilité la Banque de France à fixer les coefficients de réserves à l’intérieur de certaines limites : 25 % pour les exigibilités (sauf en ce qui concerne les exigibilités des non-résidents qui peuvent être frappées jusqu’à 100 %) et 50 % pour les crédits distribués.

    L’efficacité du système implique qu’aucune rémunération ne soit versée sur les sommes déposées à la Banque centrale ; cette disposition est importante car elle permet, lorsqu’une action restrictive apparaît nécessaire, de faire subir aux banques des charges supplémentaires d’endettement par l’augmentation des réserves à constituer et de contrôler ainsi leur action par le biais de la rentabilité. Dans ces conditions, il n’est pas nécessaire que les coefficients de réserves pratiqués soient très élevés ; l’observation a été faite bien souvent que ce sont plus les variations des réserves que leur ampleur qui ont de l’importance pour la régulation monétaire. Mais il est évident aussi que les modifications du taux des réserves ne sauraient être fréquentes ; elles sont utilisées, soit pour infléchir la distribution du crédit, soit pour contrôler les fluctuations importantes

    (…)

    Il apparaît donc en définitive que les divers moyens à la disposition des autorités monétaires ne sauraient être employés isolément mais doivent au contraire se compléter mutuellement. C’est leur action conjuguée qui permet de régler au mieux l’expansion des prêts bancaires en fonction des exigences, parfois contradictoires, de l’activité économique.

    On doit cependant reconnaître que, malgré la diversité des moyens d’action employés, la politique monétaire n’a pas été en mesure de préserver la stabilité des prix. Une telle situation est en large part imputable au fait que l’inflation trouve son origine dans les conflits opposant les divers groupes sociaux au sujet de la répartition du revenu national.

    L’atténuation de tels conflits par la recherche d’une conciliation des intérêts en présence relève de la politique générale du gouvernement, qui peut employer à cette fin des mesures de nature très diverse.
    Par exemple un contrôle direct des prix peut s’imposer pour introduire une rupture dans le mouvement de hausse en modifiant les anticipations inflationnistes que ne justifient pas l’état réel de l’offre et de la demande. Une intervention monétaire ne saurait, en ce domaine particulier, être que tardive et inadaptée en raison de la rigidité des prix à la baisse.

    De même il appartient aux autorités gouvernementales d’améliorer, par des mesures législatives et une politique budgétaire appropriée, le consensus social afin d’aboutir éventuellement à un accord sur une politique des revenus dont la mise en œuvre faciliterait largement les discussions sur le relèvement des salaires.

    La monnaie apparaît ainsi plus comme un facteur permissif de l’inflation que comme sa cause profonde. Sans doute la politique monétaire doit-elle s’attacher à brider la hausse des prix, mais elle ne saurait être l’instrument décisif ni surtout unique de cette action. L’émission monétaire est en définitive fonction des objectifs de plein emploi et de croissance qu’un pays s’assigne et la stabilité des prix traduit souvent, en large part, un bon équilibre des structures sociales.

    (…)

    (p 98) En effet, si la réglementation de l’activité des banques commerciales ne s’est développée qu’à une date relativement récente et a d’abord été inspirée par le souci de défendre les intérêts des déposants, elle a répondu ensuite surtout à la nécessité de contrôler le pouvoir d’émission de monnaie scripturale acquis par ces banques.

    (…)

    (p 150)
    Notice méthodologique sur les statistiques publiées par le conseil national du crédit

    I. Les statistiques de la monnaie, du crédit et des émissions de valeurs mobilières.

    1. Les liquidités de l’économie

    1.1. Définitions

    Les liquidités de l’économie, encore appelées M1, englobent des actifs détenus par les agents économiques autres que les intermédiaires financiers et le Trésor public : moyens de paiement immédiatement utilisables, ou disponibilités monétaires (M1) et placements d’épargne liquide ou à court terme, susceptibles d’être convertis rapidement en moyens de paiement, sans risque de perte en capital.

    Dans les liquidités de l’économie, on distingue la masse monétaire (ou M2) comprenant les seules liquidités gérées par les organismes – banques, Banque de France et Trésor public – qui créent de la monnaie ; la masse monétaire regroupe donc, d’une part, les disponibilités monétaires (M1) et, d’autre part, la quasi-monnaie, c’est-à-dire les comptes sur livrets dans les banques et les bons et comptes à échéance émis ou gérés par elles, ainsi que les comptes à terme ouverts chez les comptables-publics ; elle ne comprend pas les autres placements liquides ou à court terme : livrets et bons des caisses d’épargne, et bons du Trésor sur formules.

    Sous l’intitulé « contreparties de la masse monétaire », le Conseil national du crédit recense les opérations qui sont à l’origine des variations de la masse monétaire.

    1.2. La masse monétaire

    Les statistiques relatives à la masse monétaire et à ses contreparties sont établies à partir :

    – des situations comptables de la Banque de France, des établissements inscrits sur la liste des banques par le Conseil national du crédit, des banques populaires, de la Banque française du commerce extérieur, des caisses de crédit agricole mutuel affiliées à la Caisse nationale de crédit agricole, à la Confédération nationale du crédit mutuel et à la Fédération centrale du crédit agricole mutuel (secteur privé) ;

    – des données fournies par la comptabilité publique (ministère de l’économie et des finances) et par les centres de chèques postaux (services financiers du ministère des postes et télécommunications).

    Les statistiques monétaires couvrent exclusivement la France métropolitaine. Elles portent à la fois sur les opérations effectuées au nom de résidents ou de non-résidents, qu’elles soient libellés en francs français, en monnaie circulant dans certains territoires d’outre-mer, ou en devises étrangères. Toutefois, il est possible de répartir certaines de ces opérations selon qu’elles concernent des résidents ou des non-résidents, ou qu’elles sont traitées en francs ou en d’autres monnaies.

    La masse monétaire (M2) comprend les disponibilités monétaires, ou moyens de paiement, et les disponibilités quasi monétaires.

    1.2.1. Les disponibilités monétaires (M1)

    Les disponibilités monétaires sont constituées par les moyens de paiement, utilisables, sans préavis ni échange, par simple tradition manuelle (billets et monnaies divisionnaires) ou par règlements d’écritures (dépôts à vue mobilisables par chèques et virements).

    Elles comprennent donc :

    – les billets émis par la Banque de France et détenus sur le territoire métropolitain par le public ;
    – les pièces (ou monnaies divisionnaires) en circulation, émises par le Trésor public :
    les soldes des comptes à vue ouverts, au nom d’entreprises non bancaires ou de particuliers, dans les banques, à la Banque de France, dans les centres de chèques postaux et chez les comptables publics.

    1.2.1.1. Billets en circulation

    Le montant des billets en circulation est obtenu en déduisant du poste « billets en circulation » du passif du bilan de la Banque de France, les billets en caisse dans les banques, la masse monétaire ne comprenant pas, par définition, les liquidités détenues par les intermédiaires financiers qui participent à la création monétaire. Du reste, s’ils n’étaient pas déduits, ces billets feraient dans une large mesure double emploi avec les dépôts des entreprises et des particuliers dans les banques.

    En outre, les billets mis à la disposition de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer pour assurer les besoins de la circulation fiduciaire dans ces quatre départements sont déduits du poste « billets en circulation » : le montant de ces billets correspond à la rubrique : « avance à l’Institut d’émission des départements d’outre-mer » qui figure à l’actif du bilan de la Banque de France.

    1.2.1.2. Monnaies divisionnaires en circulation

    Le montant des monnaies divisionnaires en circulation est fourni par la caisse générale de la Banque de France, qui procède à leur émission pour le compte du Trésor.

    1.2.1.3. Dépôts à vue

    Les dépôts à vue (ou monnaie scripturale) recensés dans les statistiques monétaires regroupent, pour l’essentiel, les soldes des comptes à vue ouverts au nom des entreprises et des particuliers :
    – dans les banques ;
    – à la Banque de France ;
    – dans les centres de chèques postaux ;
    – chez les comptables publics.

    Ces comptes constituent des dettes envers la clientèle ; ils figurent dans les banques et à la Banque de France au passif des situations comptables.

    • Dépôts à vue dans les banques

    Les banques sont des établissements dont l’activité principale consiste à effectuer des opérations de crédit à court, moyen et long terme, et à recevoir du public des dépôts de fonds à vue et à terme. Le pouvoir de création monétaire du système bancaire, pris dans son ensemble, tient au fait que celui-ci n’a pas besoin, pour accorder des crédits, de disposer préalablement des ressources correspondantes, puisque la distribution du crédit se traduit presque dans tous les cas par une monétisation de créances et crée au passif des banques un montant de dépôts équivalent. Dans la mesure où ces dépôts, utilisés par chèques et virements, constituent la forme de monnaie la plus répandue, et, de ce fait, demeurent pour la plus large part dans le circuit bancaire, les banques peuvent développer leurs concours sans avoir à se procurer un montant correspondant de ressources pour les financer.

    (…)

    (Source : « La Banque de France et la monnaie », publication officielle de la BDF en 1978 & mise à jour 1980 :
    en images : au format pdf, 18 Mo !

    et

    en texte : au format doc, 4 Mo.)

    Voilà, on dirait que celui qui a écrit ce texte l’a fait honnêtement.

    Maintenant, si vous avez une explication au fait qu’il n’existe apparemment pas aujourd’hui de document équivalent, officiel, pour expliquer les mécanismes actuels, je suis intéressé. Comme avec MMM, toute explication officielle du mécanisme de création monétaire semble avoir disparu.

    _______________

    @ Julien Alexandre,

    Pourquoi avez-vous choisi la Banque postale, plutôt qu’une autre banque, pour montrer une page de pub qui explique que les dépôts sont prêtés tels quels à plus ou moins long terme ?

    Mais surtout, que pensez-vous du document ci-dessus, imprimé et diffusé pendant des années par la Banque de France ? Moi, je le trouve plus précis, plus complet, plus technique, plus crédible quoi… que la courte page de pub internet de la Banque Postale.

    – Je n’ai toujours pas mon écriture comptable, celle qui va me montrer l’argent qui circule d’un dépôt vers un prêt (puisque c’est lui qu’on prête, selon vous, on doit bien pouvoir le suivre, non ?).

    Sacré dialogue de sourds…

    Amicalement.

    Étienne.

  3. Avatar de Eminence Thénar
    Eminence Thénar

    Décidemment toutes les sources officielles sont au courant de cette création monétaire par les banques commerciales…
    Il ne manque plus qu’à vaincre les schémas mentaux établis depuis leur enfance des individus persuadés que « tout se transforme, rien ne se crée »…

  4. Avatar de Paul Jorion

    Ce document très complet de la Banque de France utilise l’expression « création monétaire » pour décrire la transformation de différents flux monétaires ou « quasi-monétaires » les uns dans les autres. Toutes ces transformations respectent ce que j’ai appelé un principe de conservation des quantités, à l’exception de la création, effectivement ex nihilo, de monnaie centrale. Rien dans ce document ne vient conforter l’hypothèse d’une création de monnaie ex nihilo par les banques commerciales.

    Le document souligne aussi très clairement que l’expression monnaie scripturale renvoie à un simple support particulier mais que le mécanisme qui s’applique à lui est le même que celui qui s’applique à tout autre support. Sa définition est extrêmement simple : « la monnaie scripturale est représentée par l’ensemble des comptes à vue dans les banques, aux chèques postaux et au Trésor » (p. 10).

  5. Avatar de Bru
    Bru

    @M. Jorion

    Le support n’a rien avoir dans le fait que le monnaie scripturale est une monnaie, laquelle est crée par les banques commerciales (pas ex-nihilo mais sous certaines conditions).
    Toutes les monnaies ont un support, celui de votre très chère monnaie centrale est la confiance (du latin fiduciaire), ce n’est pas mieux que des écritures dans des livres comptables de banque.

    Enfin, a partir d’un billet de 10 euros, les banques peuvent avoir jusqu’à 100 euros de dépôts, ces 100 euros ne peuvent pas être retiré en même temps mais peuvent être exercé comme paiement au même moment, les banque l’on créé, il s’agit de monnaie.

  6. Avatar de jlm

    @bru

    Vous en revenez très exactement au point de départ de ce débat sur la monnaie (en gros, je partageais votre avis). Jorion a réglé définitivement le problème dans « Risque de crédit et dilution », il y a asymétrie ! Ce sont deux concepts différents.

    bien à vous

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=1294

  7. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard :

    Devant le peu de cas que vous faites de toute évidence des posts des autres commentateurs et votre propension à exiger des autres des réponses que vous n’apportez pas vous-même quand on vous interroge pour faire avancer le débat, j’aurais pu vous renvoyer simplement vers ce post ou bien celui-ci ou encore celui là et également ce dernier . Quoique, celui ci vous aurait aussi apporté quelque chose. De même que :

    ça
    et ça

    Mais je comprends que vous étiez occupé à faire de l’archéologie dans les archives bancaires françaises 🙂 Merci donc pour votre post à la fois court et synthétique.

    Je vous réponds point par point, en m’excusant d’avance auprès des lecteurs, car ça va être long et s’apparenter à du « quasi-trolisme » car pour faciliter la compréhension, je vais être obligé de faire systématiquement des citations. Si Etienne Chouard était capable de résumer en quelques points comme nous l’avons fait, je vous épargnerais volontiers cet exercice :

    C’est un cours sur la monnaie que je vous signale ce soir, encore un, mais un cours administré par… la Banque de France elle-même (j’espère que la source vous paraîtra assez fiable pour n’être pas d’emblée jetée aux orties).

    – Vous le savez, ici, les arguments d’autorité ne passent pas.

    Vous verrez vous-même si la création monétaire dévolue aux banques commerciales est, pour la plus haute autorité monétaire du pays, une sottise, comme vous le prétendez vous.

    – Et moi qui croyez qu’avec le passage à l’Euro, la plus haute autorité monétaire du pays, c’était la Banque Centrale Européenne. C’est décidé, si la crise financière s’étend au monde entier, je quitte le pays!

    … on bosse, vous voyez, et on va prendre les infos à la source, de l’encrier même de la Banque centrale, on espère que vous ne trouverez pas notre pensée trop aplatie ni nos citations trop courtes.

    – Ce ne sont ni vos citations, ni vos pensées, mais celles de la Banque de France. Et si, la Banque de France les a trop aplaties pour que vous les compreniez.

    On dit souvent aussi que la monnaie est une créance… {mais} À la différence des créances, elle doit être acceptée par tous – on dit qu’elle a pouvoir libératoire – dans le pays où elle a été émise et sa liquidité est parfaite car elle est immédiatement utilisable.

    – vous mettez en gras ce passage, mais vous le n’avez pas compris. Je vous mets en gras à mon tour le seul mot important : « émise ». Peut-on « émettre » Etienne de la monnaie scripturale? Ou seulement de la monnaie fiduciaire?

    L’usage du chèque et des autres moyens de règlement par écritures gagne en effet progressivement de nouvelles couches sociales. À la limite, on peut imaginer un système dans lequel tout ce qui est gagné et dépensé par chacun serait immédiatement comptabilisé par un ordinateur, ce qui supprimerait la nécessité d’un support matériel des règlements.

    – Dieu (ou autre chose) nous en préserve!

    Ensuite, un passage qui me met la puce à l’oreille sur une des raisons pour laquelle vous persistez (et là, ce n’est pas vraiment votre faute) :

    Quels que soient les instruments utilisés, les règlements scripturaux entraînent une énorme masse de transferts entre les institutions financières. Il arrive que le débiteur et le créancier aient leur compte dans le même établissement ; mais ce n’est pas le cas le plus fréquent {NDLR : notez ici que ce cas a été débattu plus haut avec Bru et « Moi ». Merci de vous y référer}. Dans toutes les villes de quelque importance, les représentants des organismes financiers se rencontrent donc chaque jour ouvrable pour confronter leurs créances et leurs dettes respectives au sein d’une centrale de règlements, appelée « chambre de compensation » et apurent les soldes dégagés, en faveur ou à la charge de chacun, par l’intermédiaire de la Banque de France, où ils ont eux-mêmes des comptes. Ainsi, la Banque de France se situe au centre des échanges de monnaie scripturale et apparaît comme la Banque des banques. C’est d’ailleurs la Banque de France qui organise et dirige la « compensation » dans les villes où elle est établie, sauf à Paris où existe une institution spéciale créée à cet effet et placée sous la responsabilité des différents participants.

    – En lisant ce passage de votre document, ma première réflexion a été : « Oh my god! Que c’est mal expliqué ». Ce passage laisse penser que la compensation se fait entre banques avec de la monnaie scripturale, mais ne dit pas ceci. Pour la bonne et simple raison que la compensation se fait en monnaie centrale entre les banques.

    C – Les disponibilités quasi monétaires et la masse monétaire

    Les dépôts bancaires qui ne sont pas immédiatement utilisables dans un règlement ne peuvent être au sens strict considérés comme de la monnaie.

    – Je pense que vous avez lu cette phrase en vous disant : « vous voyez, les banques ne prêtent pas les dépôts, puisque « les dépôts bancaires ne sont pas immédiatement utilisables dans un règlement ». Reprenez ce chapitre (court) de votre document : on y parle des compte-épargne et comptes à terme, mais on ne dit pas qu’on ne peut pas les prêter, simplement qu’ils ne donnent pas droit à l’utilisation comme moyen de paiement aussi directement qu’un compte à vue.

    Contrairement à une idée encore trop répandue, la fonction des banques consiste beaucoup moins à collecter des dépôts dans le public qu’à créer de la monnaie au profit des entreprises, des particuliers et de l’État.

    [Vous n’avez pas bien lu, je crois. Relisez, s’il vous plaît… Qui parle, déjà ? Un sélénite ? non, non … ÉC]

    – ah, la jouissance de pouvoir extraire d’un texte plein de raccourcis une suite de mots qui « semblent » dire la même chose que ce que l’on pense… Cette phrase est tout simplement fausse : les activités principales d’une banque commerciale continuent à être l’intermédiation financière (collecte des dépôts et transformation en crédit), la gestion de moyens de paiement et la fourniture de services financiers.

    Une banque pourrait même créer indéfiniment de la monnaie si les crédits qu’elle consentait servaient à régler des particuliers ou des entreprises ayant un compte chez elle. Le crédit accordé, inscrit à l’actif du bilan de la banque au fur et à mesure de son utilisation, a alors pour contrepartie l’augmentation, au passif, des disponibilités de la clientèle.

    Cette hypothèse extrême semble, à première vue, un peu caricaturale ; elle est cependant proche de la réalité si l’on considère l’ensemble du système bancaire car une très large part des paiements s’effectue bien en créditant des comptes bancaires.

    Il reste que, dans les faits, existent deux limitations.

    La première provient des transferts de fonds opérés lors de la création monétaire. Les comptes des bénéficiaires des règlements opérés par l’emprunteur seront parfois situés dans la banque qui a accordé le crédit mais, le plus souvent, ils le seront dans d’autres établissements.

    La seconde limitation provient de la transformation en billets de banque d’une partie de la monnaie créée. Le public, conformément à ses habitudes de règlement, maintient, du moins à court terme, un rapport relativement stable entre la monnaie qu’il confie aux banques et celle qu’il conserve en billets. Si la monnaie additionnelle est généralement créée sous forme de dépôts, le comportement du public tend à rétablir rapidement la répartition habituelle entre billets et dépôts.

    Ces deux limitations n’ont pas la même portée. La première comporte une contrepartie : si la création monétaire d’une banque entraîne des transferts vers d’autres banques, les opérations de crédit réalisées par ces dernières provoquent un flux de sens opposé. Néanmoins, pour une banque déterminée, il n’y a pas nécessairement égalité entre les fonds reçus des autres banques et les virements qu’elle doit effectuer à leur profit, ce qui peut poser un problème de trésorerie…Il en va autrement pour les billets que seule la Banque centrale émet et que les banques doivent se procurer auprès d’elle en lui cédant certains actifs. À la contrainte exercée sur les banques par les prélèvements en billets s’ajoute l’obligation, qui sera évoquée ultérieurement, de constituer des avoirs en compte à la Banque centrale.

    – Si le rédacteur de ce texte avait voulu être clair, il aurait précisé que « les transferts de fonds opérés lors de la création monétaire » sont des transferts de monnaie centrale>. Et si pour que la banque B « crée » la monnaie, quand on fait un « transfert » d’une banque A vers la banque B, il faut au préalable que la banque A transfère l’équivalent en monnaie centrale de la monnaie scripturale qui sera « créée » par la banque B , alors, on peut aisément dire que la banque B ne crée rien du tout. Elle met à disposition de la monnaie scripturale parce qu’elle a reçu l’équivalent en monnaie centrale. Et pour autant, elle a probablement prêté l’essentiel de ce dépôt de monnaie centrale déjà, probablement 90% en gardant 10 % de réserve fractionnaire… 🙂

    Puis les banques commerciales ont peu à peu pris conscience que les fonds déposés par leur clientèle présentent globalement une assez grande stabilité. L’octroi de crédits longs en contrepartie de ressources à vue ne comporte pas de risque réel d’immobilisation des fonds lorsque l’établissement qui procède à cette « transformation » possède une certaine taille et que l’importance de sa clientèle de déposants le garantit contre les diminutions accidentelles de ses ressources. Au demeurant, le risque d’un retrait important devient de plus en plus improbable à mesure que la part relative de la monnaie manuelle (billets et pièces) décroît au bénéfice de la monnaie scripturale gérée par les banques. Au surplus, celles-ci bénéficient d’une consolidation partielle de leurs ressources liée à l’expansion des dépôts à terme et d’épargne.

    – Là, c’est vraiment intéressant que vous ayez mis ce passage en gras, puisqu’il dit très clairement que les dépôts à vue sont prêtés par les banques 🙂 J’extrait : « ’octroi de crédits longs en contrepartie de ressources à vue ne comporte pas de risque réel d’immobilisation des fonds lorsque l’établissement qui procède à cette « transformation » possède une certaine taille et que l’importance de sa clientèle de déposants le garantit contre les diminutions accidentelles de ses ressources ».

    C’est d’autant plus drôle que c’est exactement la même chose que ce qui est dit par la Banque Postale (qu’est ce vous avez contre la Banque Postale?) dans le lien que je vous ai donné : « L’enjeu de la gestion financière est de déterminer la maturité moyenne sur laquelle ces fonds peuvent être engagés. Bien que la plupart soit contractuellement “à vue”, ces dépôts sont stables lorsqu’on observe leur historique d’encours. »

    Vous m’autorisez à vous taquiner un peu? « Oh, le joli tir de balle dans le pied »!

    Il n’en reste pas moins que la Banque de France émet deux sortes de monnaies indispensables au processus de création monétaire

    – Comment ça, maintenant cette fichue Banque de France nous dit qu’on ne peut pas créer de monnaie scripturale sans monnaie centrale?

    Et plus loin :

    – il s’agit, d’une part, on l’a vu, des billets de banques qu’elle remet aux banques qui, à leur tour, les délivrant aux entreprises et aux particuliers, sans d’ailleurs qu’il y ait, à proprement parler, de création monétaire, puisque ce sont des avoirs en compte des banques sur les livres de la Banque de France, puis des particuliers ou des entreprises sur les livres des banques, qui sont transformés en billets.

    – Aïe, ça se corse « sans qu’il y ait, à proprement parler de création monétaire. »
    Pas de création monétaire, OK je note. On a perdu au tirage, essayons au grattage :

    – il s’agit, d’autre part, de la monnaie scripturale constituée par les soldes créditeurs des banques et des autres intermédiaires financiers sur les livres de la Banque centrale ; contrairement aux composantes de la masse monétaire, cette monnaie « centrale » ne sert qu’aux règlements interbancaires et n’intervient pas dans le circuit normal des échanges ; cependant, son aptitude à se transformer en toute autre forme de monnaie en fait l’instrument indispensable à la convertibilité de toutes les autres catégories de monnaies entre elles.

    – Re-aïe, le coup de grâce : la monnaie centrale est « l’instrument indispensable à la convertibilité de toutes les autres catégories de monnaie entre elles ».

    Je traduis : « pas de monnaie centrale, pas de monnaie scripturale ». Alors, elle est où la « création monétaire » de monnaie scripturale si on a besoin de monnaie centrale pour l’utiliser.

    De façon générale la liquidité d’une banque tend à se réduire dans la mesure où ses crédits se développent alors que de nouvelles possibilités de refinancement en monnaie centrale ne lui sont pas ouvertes : la distribution des crédits est en effet inéluctablement une source de transferts. Aussi chaque établissement s’efforce-t-il de limiter l’incidence de ces transferts en développant les services rendus à la clientèle afin d’attirer le maximum de monnaie créée soit à son initiative soit indépendamment de son intervention. La recherche des dépôts du public par les banques est pour elles une quête de liquidités.

    – Franchement, vous mettez ça en gras en pensant que ça sert votre propos?!? Pourtant, ce que dit ce passage c’est : « si je ne peux pas me refinancer en monnaie centrale et que je continue à développer des crédits, je suis insolvable ». C’est marqué noir sur blanc.

    Je pourrais continuer comme cela et descendre tout le texte pour vous l’expliquer, mais franchement à ce stade, cela me paraît inutile. Je reconnais que dans un ou deux passages que j’ai illustrés, le texte de la Banque de France manque de précision. Je vous ai apporté ces précisions pour vous permettre de mieux comprendre. Faites l’exercice, et à la place de « création monétaire », mettez « mise à disposition de moyens de paiement sous forme de monnaie scripturale transformable gagée sur la capacité de l’établissement bancaire à fournir la monnaie centrale équivalente si besoin est ». Cela devrait vous éclairer sur la « nécessité » d’employer un raccourci sémantique pour rendre accessible le mécanisme monétaire.

    Ce texte ne dit rien d’autre que ce que nous disons. Désolé. Ce n’est pas aujourd’hui que les triangles seront carrés.
    Si toutefois, vous ne comprenez toujours pas, je suis disposé à m’entretenir de façon privée avec vous.

    Si je prends la peine de faire tout ce travail pédagogique avec vous Etienne, ce n’est pas sans intérêt : vous êtes très lu (et je vous en félicite). Mais avec la reconnaissance vient la responsabilité. Et ce que vous faites en diffusant des informations fausses et en justifiant un film comme celui Grignon, est irresponsable et dangereux. Pas pour vous mais pour vos lecteurs.
    Amicalement,
    Julien

  8. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Bru :

    Enfin, a partir d’un billet de 10 euros, les banques peuvent avoir jusqu’à 100 euros de dépôts, ces 100 euros ne peuvent pas être retiré en même temps mais peuvent être exercé comme paiement au même moment, les banque l’on créé, il s’agit de monnaie.

    Non, Mr X. dépose 10 € en monnaie fiduciaire (un billet) à la banque A. La banque A met à disposition de Mr X l’équivalent en monnaie scripturale, et prête 9 €, pas 90. Elle garde 1 € de réserve fractionnaire en monnaie centrale. Les 9 € prêtés seront déposés sur les comptes de la banque B. Pour cela, la banque A et la banque B font appel à une chambre de compensation, grâce à laquelle la banque A va fournir à la banque B 9 € en monnaie centrale. La banque B va alors mettre à disposition de Mr Y, à qui a été fait le prêt, l’équivalent en monnaie scripturale, et va prêter 8,1 €, pas 81. Elle garde 0,9 € de réserve fractionnaire en monnaie centrale. Etc.

    Au moment où Mr X. voudra retirer ses 10 € en billet, la banque A, devra emprunter les 9 € qui lui manquent afin d’avoir la monnaie fiduciaire nécessaire. Au moment où Mr Y voudra payer son fournisseur qui à un compte à la banque C, à concurrence de 9 €, la banque B devra emprunter les 8,1 € qui lui manquent pour solder sa créance lors de la compensation en monnaie centrale avec la banque C.

  9. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Etienne

    Merci beaucoup pour votre travail, c’est très intéressant et je suis parfaitement d’accord avec ce qui est écrit et donc peut-être avec vous aussi.

    Je commente les paragraphes qui me semblent les plus importants avec mes propres vues.

    « S’il existe ainsi deux approches différentes de la masse monétaire, il reste – et ceci est fondamental – que les avoirs ou les créances monétaires des divers agents économiques ne sont pas autre chose que les engagements ou les dettes monétaires des institutions ou des établissements créateurs de monnaie. Il s’agit d’une seule et même réalité qui ne diffère que par l’aspect sous lequel on la considère .
    La création monétaire s’effectuait traditionnellement par l’intermédiaire d’opérations de crédit bancaire consistant à transformer des créances en moyens de paiement. Ce phénomène de monétisation des créances apparaît encore de façon parfaitement claire lorsqu’il est réalisé par l’escompte d’une lettre de change »

    Ce que j‘ai toujours affirmé: La monnaie scripturale c’est une créance qui se déplace en échange d’un bien.

    Ensuite:
    « Une banque pourrait même créer indéfiniment de la monnaie si les crédits qu’elle consentait servaient à régler des particuliers ou des entreprises ayant un compte chez elle. Le crédit accordé, inscrit à l’actif du bilan de la banque au fur et à mesure de son utilisation, a alors pour contrepartie l’augmentation, au passif, des disponibilités de la clientèle »

    Ce que j’ai toujours dit aussi :La seule limite se sont les fuites de monnaie scripturale vers d’autres banques d’où la mise en place du système fractionnaire. Ces règles prudentielles permettent aux banques de limiter leurs crédits de tel sorte que les compensations bancaires n’entraînent pas des soldes en leur défaveur plus important que leur réserve voir leur fond propre.
    Ce ci implique que ce sont les dépôts qui font les crédits mais seulement au niveau de chaque banque prise individuellement au niveau macro-économique c‘est différent.
    Imaginez une banque qui sans dépôt (qui correspondrait à une créance sur une autre banque) accorde un crédit, sans réserve, sans fond propre et sans emprunt , lors de la compensation c’est la faillite à moins que tout son crédit se retrouve en dépôt chez elle… comme expliqué par votre prof plus haut.

    Mais quand les économistes parlent des crédits qui font les dépôts, ils font de la macro économie, ils parlent du systèmes bancaire en générale où ce sont bien les crédits qui font les dépôts, d’ailleurs comment pourrait il en être autrement.

    « Le pouvoir de création monétaire du système bancaire, pris dans son ensemble, tient au fait que celui-ci n’a pas besoin, pour accorder des crédits, de disposer préalablement des ressources correspondantes, puisque la distribution du crédit se traduit presque dans tous les cas par une monétisation de créances et crée au passif des banques un montant de dépôts équivalent. Dans la mesure où ces dépôts, utilisés par chèques et virements, constituent la forme de monnaie la plus répandue, et, de ce fait, demeurent pour la plus large part dans le circuit bancaire, les banques peuvent développer leurs concours sans avoir à se procurer un montant correspondant de ressources pour les financer. »

    Affirmation absolument fondamentale et vraie: « la distribution du crédit se traduit presque dans tous les cas par une monétisation de créances »

    Monétisation veut dire utilisé comme de la monnaie puisque comme je l’ai dit plus haut la monnaie scripturale c’est une créance qui se déplace en échange d’un bien.
    A ne pas confondre avec la monétisation M0 banque centrale de ces mêmes créances en cas d’insolvabilité bancaire.

    Donc:

    Chaque banque prise individuellement ne peut faire des crédits qu’en fonction de ses dépôts suivant les règles prudentielles du système fractionnaire. (je ne parle pas des autres moyens de faire du crédit pour simplifier)

    Mais le système bancaire dans son ensemble au niveau macro économique fait de la création de monnaie scripturale ou créance monétaire en fonction de la demande en crédit du système économique, cette monnaie scripturale se retrouvant pour une bonne part dans les dépôts bancaires.

    Tout dépend à quelle échelle on se place.

    Si mon raisonnement est faux je serai heureuse de vous lire .
    Amicalement

  10. Avatar de antoine
    antoine

    @ Bru

    Ok j’ai été un peu vite. Ce n’était pas une bonne idée d’utiliser des analogies. Plutôt que « fausse monnaie » j’aurais dû dire  » reconnaissance de dette  » ou « sucre » ou n’importe quoi d’autre ayant une valeur d’échange en temps de guerre en temps de guerre.
    Je connais la définition de Wikipedia. Comme toutes les définitions issues des manuels d’économie elle confond nature et fonction.

    Ou plutôt, elle replie la première sur la seconde (ce « repli » ou plutôt cette « manière de voir » n’est pas propre à la science économique. Elle a également envahi les sciences sociales, typiquement dans ce qu’on a pu appeler le « fonctionnalisme de gauche » en sociologie. Ce repli a une histoire. Il naît avec les premiers développements d’une conception mécaniste de la nature et se concrétise pour la première fois, à la même période donc, en « sciences humaines » dans la philosophie politique de T. Hobbes). Définir une chose par la fonction qu’elle remplit plutôt que par la signification sociale qui est la sienne reste toutefois un choix pour le moins discutable. Notez que la démarche, sur le plan strictement scientifique, est aux antipodes de celle de Socrate (demander ce qu’est la justice par exemple- et ce n’est qu’un exemple-, questionner en direction de l’essence d’une chose donc, est radicalement différent de se demander ce qu’est la fonction de la justice, à quoi elle sert, ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas de lien entre les deux…).
    Ce n’est pas la même chose d’avoir une reconnaissance de dette (qui peut être sous forme scripturale!!!) et de l’argent (qui peut être sous forme scripturale!!!!). Les effets juridiques ne sont pas les mêmes. Sous de nombreux rapports autres que la conclusion d’une transaction elles peuvent même être opposées. C’est cette dimension là, décisive, que la définition wikipedia rend inopérante en repliant la nature sur la fonction.

    Toutefois je rappelle qu’une définition n’est, à proprement parler, jamais fausse. Elle est toujours « conventionnelle ». Seules les propositions sont susceptibles d’être vraies ou fausses. Il reste que:
    Quand les théoriciens de la souveraineté insistent sur la nécessité du monopole du gouvernement sur la fabrication de monnaie (soit dans la tradition pré-rousseauiste, soit dans la tradition post-rousseauiste, et à chaque fois pour des raisons distinctes), ils parlent de la monnaie au sens juridique du terme, au sens ou Nadine l’entend (qui exclue le crédit du champ de la monnaie). Il est complètement absurde de dire « les banques commerciales créent de la monnaie » en adoptant une conception de la monnaie étrangère à celle qui a donné naissance au problème lui-même!!! C’est au mieux un paralogisme au pire un coup d’épée dans l’eau. D’après la conceptualité de ces théoriciens tout ce qu’on pourrait éventuellement montrer, c’est que les banques commerciales créent du crédit.

    La question est: quelle est la meilleure définition, Qu’est ce qui fait qu’une définition est « meilleure » qu’une autre? Je dirais, pour faire simple, que tout dépend du problème que l’on traite. Si le problème est l’aspect polémique de la création ex nihilo/ par des banques commerciales alors la conceptualité retenue doit elle celle du droit ou de la science politique/ philosophie politique qui a posé les termes du débat sur la question! Sans quoi tout cela n’a aucun sens: on a changé la définition du mot qui a FAIT le problème entre temps!!! Ceci ne signifie pas qu’à certains égards pratiques les économistes ont eu de bonnes raisons de simplifier le problème. Ou même que leur conception de la monnaie est celle qui devrait prévaloir (j’en doute grave vu que cette confusion n’est pas pour rien dans la crise que nous traversons, et puis comment une concept aussi imprécis que celui de « liquidité », digne de la « novlangue », pourrait-il avoir un intérêt normatif quelconque?)

    NB:

    Il y a 2 problème politiques dans la création éventuelle par les banques commerciale de « monnaie » ex nihilo. Le fait que ce soit le fait des banques commerciales et non de la communauté politique. Le fait que ce soit « ex nihilo » et qu’elles perçoivent des intérêts dessus. Dire qu’elles créent du crédit et non de la monnaie ne règle que le premier d’entre eux. Reste le second à vérifier.
    Par ailleurs, ceci ne dispense pas de discuter les modalités du contrôle de la création de crédit par les banque commerciales… si in fine cela oblige les banques centrales à créer de la monnaie, voire à remettre tout ça à plat tout court. Ce ne sont pas les modèles alternatifs qui manquent j’ai l’impression (double système monétaire au niveau d’une communauté, systèmes de monnaie fondante, systèmes de création monétaire libre…).

    La monnaie est une institution. Il y a autant de fonctions de la monnaie qu’il y a de sociétés possibles pouvant en faire un usage différent. La définir par rapport au troc, ou la définir par une fonction commune qualifiée par un biais anthropocentrique comme une  » fonction de base » dans toutes ces sociétes possibles, comme c’est souvent le cas dans les manuel d économie (savant ou non), c’est tout simplement confondre un instrument et une institution. C’est se tromper sur la nature de la monnaie. Il n’y a pas d’autre moyen de décrire la fonction de la monnaie autrement qu’en observant comment elle est habilitée à circuler dans une société donnée. Et les raisons pour lesquelles elle peut circuler de telle ou telle manière et non de telle ou telle autre dans une société déterminée nous renvoie à chaque fois à une définition/ signification sociale différente de la « monnaie » (utiliser le même mot à chaque fois est même douteux), voire de cette société toute entière. Alors il se peut que la définition des économiste suffise pour ce que eux veulent en faire (étudier des mouvements, des flux). Mais elle ne suffit QUE pour ça. Pour tout le reste elle n’a pas nécessairement « droit de cité » (j’emploie l’expression à dessein).

    Hobbes avait bien vu que les définitions sont fondamentales. C’est pourquoi la définition est monopole de l’Etat dans le Leviathan. Et ceci était pour lui un point crucial. Derrière ces disputes de définition, en période de guerre civile de religion, il est évident que les enjeux sont colossaux.

  11. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard (en plusieurs fois) :

    Devant le peu de cas que vous faites de toute évidence des posts des autres commentateurs et votre propension à exiger des autres des réponses que vous n’apportez pas vous-même quand on vous interroge pour faire avancer le débat, j’aurais pu vous renvoyer simplement vers ce post ou bien celui-ci ou encore celui là et également ce dernier . Quoique, celui ci vous aurait aussi apporté quelque chose. De même que :

    ça
    et ça

    Mais je comprends que vous étiez occupé à faire de l’archéologie dans les archives bancaires françaises 🙂 Merci donc pour votre post à la fois court et synthétique.

    Je vous réponds point par point, en m’excusant d’avance auprès des lecteurs, car ça va être long et s’apparenter à du « quasi-trolisme » car pour faciliter la compréhension, je vais être obligé de faire systématiquement des citations. Si Etienne Chouard était capable de résumer en quelques points comme nous l’avons fait, je vous épargnerais volontiers cet exercice.

  12. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard (suite)

    C’est un cours sur la monnaie que je vous signale ce soir, encore un, mais un cours administré par… la Banque de France elle-même (j’espère que la source vous paraîtra assez fiable pour n’être pas d’emblée jetée aux orties).

    – Vous le savez, ici, les arguments d’autorité ne passent pas.

    Vous verrez vous-même si la création monétaire dévolue aux banques commerciales est, pour la plus haute autorité monétaire du pays, une sottise, comme vous le prétendez vous.

    – Et moi qui croyez qu’avec le passage à l’Euro, la plus haute autorité monétaire du pays, c’était la Banque Centrale Européenne. C’est décidé, si la crise financière s’étend au monde entier, je quitte le pays!

    … on bosse, vous voyez, et on va prendre les infos à la source, de l’encrier même de la Banque centrale, on espère que vous ne trouverez pas notre pensée trop aplatie ni nos citations trop courtes.

    – Ce ne sont ni vos citations, ni vos pensées, mais celles de la Banque de France. Et si, la Banque de France les a trop aplaties pour que vous les compreniez.

    On dit souvent aussi que la monnaie est une créance… {mais} À la différence des créances, elle doit être acceptée par tous – on dit qu’elle a pouvoir libératoire – dans le pays où elle a été émise et sa liquidité est parfaite car elle est immédiatement utilisable.

    – vous mettez en gras ce passage, mais vous le n’avez pas compris. Je vous mets en gras à mon tour le seul mot important : « émise ». Peut-on « émettre » Etienne de la monnaie scripturale? Ou seulement de la monnaie fiduciaire?

    L’usage du chèque et des autres moyens de règlement par écritures gagne en effet progressivement de nouvelles couches sociales. À la limite, on peut imaginer un système dans lequel tout ce qui est gagné et dépensé par chacun serait immédiatement comptabilisé par un ordinateur, ce qui supprimerait la nécessité d’un support matériel des règlements.

    – Dieu (ou autre chose) nous en préserve!

  13. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard (suite)

    Ensuite, un passage qui me met la puce à l’oreille sur une des raisons pour laquelle vous persistez (et là, ce n’est pas vraiment votre faute) :

    Quels que soient les instruments utilisés, les règlements scripturaux entraînent une énorme masse de transferts entre les institutions financières. Il arrive que le débiteur et le créancier aient leur compte dans le même établissement ; mais ce n’est pas le cas le plus fréquent {NDLR : notez ici que ce cas a été débattu plus haut avec Bru et « Moi ». Merci de vous y référer}. Dans toutes les villes de quelque importance, les représentants des organismes financiers se rencontrent donc chaque jour ouvrable pour confronter leurs créances et leurs dettes respectives au sein d’une centrale de règlements, appelée « chambre de compensation » et apurent les soldes dégagés, en faveur ou à la charge de chacun, par l’intermédiaire de la Banque de France, où ils ont eux-mêmes des comptes. Ainsi, la Banque de France se situe au centre des échanges de monnaie scripturale et apparaît comme la Banque des banques. C’est d’ailleurs la Banque de France qui organise et dirige la « compensation » dans les villes où elle est établie, sauf à Paris où existe une institution spéciale créée à cet effet et placée sous la responsabilité des différents participants.

    – En lisant ce passage de votre document, ma première réflexion a été : « Oh my god! Que c’est mal expliqué ». Ce passage laisse penser que la compensation se fait entre banques avec de la monnaie scripturale, mais ne dit pas ceci. Pour la bonne et simple raison que la compensation se fait en monnaie centrale entre les banques.

    C – Les disponibilités quasi monétaires et la masse monétaire

    Les dépôts bancaires qui ne sont pas immédiatement utilisables dans un règlement ne peuvent être au sens strict considérés comme de la monnaie.

    – Je pense que vous avez lu cette phrase en vous disant : « vous voyez, les banques ne prêtent pas les dépôts, puisque « les dépôts bancaires ne sont pas immédiatement utilisables dans un règlement ». Reprenez ce chapitre (court) de votre document : on y parle des compte-épargne et comptes à terme, mais on ne dit pas qu’on ne peut pas les prêter, simplement qu’ils ne donnent pas droit à l’utilisation comme moyen de paiement aussi directement qu’un compte à vue.

    Contrairement à une idée encore trop répandue, la fonction des banques consiste beaucoup moins à collecter des dépôts dans le public qu’à créer de la monnaie au profit des entreprises, des particuliers et de l’État.

    [Vous n’avez pas bien lu, je crois. Relisez, s’il vous plaît… Qui parle, déjà ? Un sélénite ? non, non … ÉC]

    – ah, la jouissance de pouvoir extraire d’un texte plein de raccourcis une suite de mots qui « semblent » dire la même chose que ce que l’on pense… Cette phrase est tout simplement fausse : les activités principales d’une banque commerciale continuent à être l’intermédiation financière (collecte des dépôts et transformation en crédit), la gestion de moyens de paiement et la fourniture de services financiers.

  14. Avatar de antoine
    antoine

    @ Etienne Chouard et Julien Alexandre.
    Quel preuve matérielle, concrêtement, reconnaitriez vous l’un et l’autre comme décisive (dans un sens ou dans l’autre)????

    Mettez vous d’accord là-dessus s’il vous plait.

  15. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard (suite)

    Une banque pourrait même créer indéfiniment de la monnaie si les crédits qu’elle consentait servaient à régler des particuliers ou des entreprises ayant un compte chez elle. Le crédit accordé, inscrit à l’actif du bilan de la banque au fur et à mesure de son utilisation, a alors pour contrepartie l’augmentation, au passif, des disponibilités de la clientèle.

    Cette hypothèse extrême semble, à première vue, un peu caricaturale ; elle est cependant proche de la réalité si l’on considère l’ensemble du système bancaire car une très large part des paiements s’effectue bien en créditant des comptes bancaires.

    Il reste que, dans les faits, existent deux limitations.

    La première provient des transferts de fonds opérés lors de la création monétaire. Les comptes des bénéficiaires des règlements opérés par l’emprunteur seront parfois situés dans la banque qui a accordé le crédit mais, le plus souvent, ils le seront dans d’autres établissements.

    La seconde limitation provient de la transformation en billets de banque d’une partie de la monnaie créée. Le public, conformément à ses habitudes de règlement, maintient, du moins à court terme, un rapport relativement stable entre la monnaie qu’il confie aux banques et celle qu’il conserve en billets. Si la monnaie additionnelle est généralement créée sous forme de dépôts, le comportement du public tend à rétablir rapidement la répartition habituelle entre billets et dépôts.

    Ces deux limitations n’ont pas la même portée. La première comporte une contrepartie : si la création monétaire d’une banque entraîne des transferts vers d’autres banques, les opérations de crédit réalisées par ces dernières provoquent un flux de sens opposé. Néanmoins, pour une banque déterminée, il n’y a pas nécessairement égalité entre les fonds reçus des autres banques et les virements qu’elle doit effectuer à leur profit, ce qui peut poser un problème de trésorerie…Il en va autrement pour les billets que seule la Banque centrale émet et que les banques doivent se procurer auprès d’elle en lui cédant certains actifs. À la contrainte exercée sur les banques par les prélèvements en billets s’ajoute l’obligation, qui sera évoquée ultérieurement, de constituer des avoirs en compte à la Banque centrale.

    – Si le rédacteur de ce texte avait voulu être clair, il aurait précisé que « les transferts de fonds opérés lors de la création monétaire » sont des transferts de monnaie centrale>. Et si pour que la banque B « crée » la monnaie, quand on fait un « transfert » d’une banque A vers la banque B, il faut au préalable que la banque A transfère l’équivalent en monnaie centrale de la monnaie scripturale qui sera « créée » par la banque B , alors, on peut aisément dire que la banque B ne crée rien du tout. Elle met à disposition de la monnaie scripturale parce qu’elle a reçu l’équivalent en monnaie centrale. Et pour autant, elle a probablement prêté l’essentiel de ce dépôt de monnaie centrale déjà, probablement 90% en gardant 10 % de réserve fractionnaire… 🙂

  16. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard (suite)

    Puis les banques commerciales ont peu à peu pris conscience que les fonds déposés par leur clientèle présentent globalement une assez grande stabilité. L’octroi de crédits longs en contrepartie de ressources à vue ne comporte pas de risque réel d’immobilisation des fonds lorsque l’établissement qui procède à cette « transformation » possède une certaine taille et que l’importance de sa clientèle de déposants le garantit contre les diminutions accidentelles de ses ressources. Au demeurant, le risque d’un retrait important devient de plus en plus improbable à mesure que la part relative de la monnaie manuelle (billets et pièces) décroît au bénéfice de la monnaie scripturale gérée par les banques. Au surplus, celles-ci bénéficient d’une consolidation partielle de leurs ressources liée à l’expansion des dépôts à terme et d’épargne.

    – Là, c’est vraiment intéressant que vous ayez mis ce passage en gras, puisqu’il dit très clairement que les dépôts à vue sont prêtés par les banques 🙂 J’extrait : « ’octroi de crédits longs en contrepartie de ressources à vue ne comporte pas de risque réel d’immobilisation des fonds lorsque l’établissement qui procède à cette « transformation » possède une certaine taille et que l’importance de sa clientèle de déposants le garantit contre les diminutions accidentelles de ses ressources ».

    C’est d’autant plus drôle que c’est exactement la même chose que ce qui est dit par la Banque Postale (qu’est ce vous avez contre la Banque Postale?) dans le lien que je vous ai donné : « L’enjeu de la gestion financière est de déterminer la maturité moyenne sur laquelle ces fonds peuvent être engagés. Bien que la plupart soit contractuellement “à vue”, ces dépôts sont stables lorsqu’on observe leur historique d’encours. »

    Vous m’autorisez à vous taquiner un peu? « Oh, le joli tir de balle dans le pied »!

    Il n’en reste pas moins que la Banque de France émet deux sortes de monnaies indispensables au processus de création monétaire

    – Comment ça, maintenant cette fichue Banque de France nous dit qu’on ne peut pas créer de monnaie scripturale sans monnaie centrale?

    Et plus loin :

    – il s’agit, d’une part, on l’a vu, des billets de banques qu’elle remet aux banques qui, à leur tour, les délivrant aux entreprises et aux particuliers, sans d’ailleurs qu’il y ait, à proprement parler, de création monétaire, puisque ce sont des avoirs en compte des banques sur les livres de la Banque de France, puis des particuliers ou des entreprises sur les livres des banques, qui sont transformés en billets.

    – Aïe, ça se corse « sans qu’il y ait, à proprement parler de création monétaire. »
    Pas de création monétaire, OK je note. On a perdu au tirage, essayons au grattage :

    – il s’agit, d’autre part, de la monnaie scripturale constituée par les soldes créditeurs des banques et des autres intermédiaires financiers sur les livres de la Banque centrale ; contrairement aux composantes de la masse monétaire, cette monnaie « centrale » ne sert qu’aux règlements interbancaires et n’intervient pas dans le circuit normal des échanges ; cependant, son aptitude à se transformer en toute autre forme de monnaie en fait l’instrument indispensable à la convertibilité de toutes les autres catégories de monnaies entre elles.

    – Re-aïe, le coup de grâce : la monnaie centrale est « l’instrument indispensable à la convertibilité de toutes les autres catégories de monnaie entre elles ».

    Je traduis : « pas de monnaie centrale, pas de monnaie scripturale ». Alors, elle est où la « création monétaire » de monnaie scripturale si on a besoin de monnaie centrale pour l’utiliser?

  17. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard (suite et fin)

    De façon générale la liquidité d’une banque tend à se réduire dans la mesure où ses crédits se développent alors que de nouvelles possibilités de refinancement en monnaie centrale ne lui sont pas ouvertes : la distribution des crédits est en effet inéluctablement une source de transferts. Aussi chaque établissement s’efforce-t-il de limiter l’incidence de ces transferts en développant les services rendus à la clientèle afin d’attirer le maximum de monnaie créée soit à son initiative soit indépendamment de son intervention. La recherche des dépôts du public par les banques est pour elles une quête de liquidités.

    – Franchement, vous mettez ça en gras en pensant que ça sert votre propos?!? Pourtant, ce que dit ce passage c’est : « si je ne peux pas me refinancer en monnaie centrale et que je continue à développer des crédits, je suis insolvable ». C’est marqué noir sur blanc.

    Je pourrais continuer comme cela et descendre tout le texte pour vous l’expliquer, mais franchement à ce stade, cela me paraît inutile. Je reconnais que dans un ou deux passages que j’ai illustrés, le texte de la Banque de France manque de précision. Je vous ai apporté ces précisions pour vous permettre de mieux comprendre. Faites l’exercice, et à la place de « création monétaire », mettez « mise à disposition de moyens de paiement sous forme de monnaie scripturale transformable gagée sur la capacité de l’établissement bancaire à fournir la monnaie centrale équivalente si besoin est ». Cela devrait vous éclairer sur la « nécessité » d’employer un raccourci sémantique pour rendre accessible le mécanisme monétaire.

    Ce texte ne dit rien d’autre que ce que nous disons. Désolé. Ce n’est pas aujourd’hui que les triangles seront carrés.
    Si toutefois, vous ne comprenez toujours pas, je suis disposé à m’entretenir de façon privée avec vous.

    Si je prends la peine de faire tout ce travail pédagogique avec vous Etienne, ce n’est pas sans intérêt : vous êtes très lu (et je vous en félicite). Mais avec la reconnaissance vient la responsabilité. Et ce que vous faites en diffusant des informations fausses et en justifiant un film comme celui Grignon, est irresponsable et dangereux. Pas pour vous mais pour vos lecteurs.
    Amicalement,
    Julien

  18. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Antoine :

    antoine dit :
    11 janvier 2009 à 16:57
    @ Etienne Chouard et Julien Alexandre.
    Quel preuve matérielle, concrêtement, reconnaitriez vous l’un et l’autre comme décisive (dans un sens ou dans l’autre)????

    Mettez vous d’accord là-dessus s’il vous plait.

    2 possibilités :

    – Etienne ouvre une banque avec 1 € de fonds propres, ne reçoit aucun dépôt et accorde un crédit de 10 € à un client qui les déposera dans une autre banque que celle d’Etienne. Si Etienne ne fait pas faillite, il aura eu raison.

    – Etienne apporte la preuve que les banques ne prêtent pas les dépôts.

  19. Avatar de Bru
    Bru

    @Antoine,

    vous êtes incapable de voir que ce qui est impossible unitairement est possible massivement.

  20. Avatar de Bru
    Bru

    c’était @JA pardon

  21. Avatar de Nadine
    Nadine

    @Julien Alexandre

    Encore une fois impressionnant et trés interessant votre argumentation.
    Pouvez vous me dire si ce que j’ai ecrit par rapport au texte d’Etienne est faux ou vrai ou n’a aucun intêret enfin si vous en avez encore la force.
    Merci d’avance.

  22. Avatar de Bru
    Bru

    @JA,

    et techniquement, Antoine a raison, la banque ne prête pas les dépôts mais entre autre sur la base des dépôts.
    La banque, techniquement prête de sa trésorerie qui peut ou pas être issue des dépôts. Ces prêts peuvent être déposés dans la même banque, au quel cas aucun mouvement de monnaie bancaire n’a lieu, ou déposé dans une autre, et la effectivement il y aurait mouvement de monnaie centrale, si un flux inverse (de la 2eme banque vers la 1ere) ne venait pas le compenser. La tenue du système bancaire montre que ces flux s’annulent en majorité.

  23. Avatar de Galuel

    Seul le dividende monétaire (ou dividende social) qui est une création POSITIVE de monnaie permet de gérer convenablement une masse monétaire équilibrée et démocratique ! http://creationmonetaire.blogspot.com/2009/01/dividende-montaire.html

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Dividende_social

    La monnaie est une « mesure expérimentale » de la valeur des biens et services, dont la quantité totale se doit de fluctuer en rapport avec la croissance globale de l’économie.

  24. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Bru :

    Bru dit :
    11 janvier 2009 à 18:08
    @JA,

    vous êtes incapable de voir que ce qui est impossible unitairement est possible massivement.

    Qu’est ce qui est impossible unitairement et qui l’est massivement? A quoi faites-vous référence?

    et techniquement, Antoine a raison, la banque ne prête pas les dépôts mais entre autre sur la base des dépôts.
    La banque, techniquement prête de sa trésorerie qui peut ou pas être issue des dépôts. Ces prêts peuvent être déposés dans la même banque, au quel cas aucun mouvement de monnaie bancaire n’a lieu, ou déposé dans une autre, et la effectivement il y aurait mouvement de monnaie centrale, si un flux inverse (de la 2eme banque vers la 1ere) ne venait pas le compenser. La tenue du système bancaire montre que ces flux s’annulent en majorité.

    Si, la banque prête précisément les dépôts. Et vous en avez compris le mécanisme. Par contre quand vous dites « La tenue du système bancaire montre que ces flux s’annulent en majorité », d’où tenez-vous cette affirmation?

    Je ne comprends pas vraiment ce que vous essayez de démontrer pour être honnête.

  25. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Nadine : dans l’ensemble, votre raisonnement me semble correct. Quelques raccourcis à la fin sur l’articulation entre dépôts et monnaie scripturale, mais rien de faux.

  26. Avatar de antoine
    antoine

    @ Alexandre Julien
    « Etienne apporte la preuve que les banques ne prêtent pas les dépôts ».

    Hum… notez que les banques pourraient très bien faire les deux: « créer » du crédit « ex nihilo » et prêter les dépôts (si ces derniers ne suffisaient pas). Non?

    Demander à quelqu’un de prouver qu’un agent NE FAIT PAS quelque chose, c’est un peu comme demander à un candidat de prouver qu’il n’a pas été discriminé à l’embauche… C’est très difficile. Je suppose qu’un texte de loi interdisant les banques commerciales de prêter les dépôts ne vous suffirait pas, de même que la parole d’un banquier (les arguments d’autorité n’ayant aucune valeur), ce qui compte étant la pratique effective des banques. De quel document PRECIS auriez vous besoin pour prouver que les banques commerciales prêtent effectivement les dépôts?

    Notez que les banques pourraient très bien faire les deux: « créer » du crédit « ex nihilo » et prêter les dépôts (si ces derniers ne suffisaient pas). Non?

    @ E. Chouard. Ce que je me pose comme question est sûrement aussi naïf que ce qui est exposé au dessus mais:

    Prenons l’exemple d’une banque d’organes. Si la banque s’effondre, les organes qui y avaient été déposés reviennent à leurs propriétaires (elle les conserve simplement et n’est pas habilité à les céder à un tiers).
    Prenons maintenant l’exemple d’une banque commerciale. Si la banque s’effondre, les déposants perdent tout ce qu’il y a sur leur compte, (sauf par exemple le produit du casse d’une bijouterie de luxe, bien à l’abri dans le coffre fort qui a été loué). J’en déduis que les banques commerciales peuvent perdre l’argent des déposants, et donc qu’elles l’investissent / le prêtent (y compris ce qui est sur le compte courant). Sans quoi elles ne pourraient pas le perdre.
    Non?

  27. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Antoine :

    Si vous trouvez un SEUL texte de loi qui interdit aux banques commerciales de prêter les dépôts, ou un seul VRAI banquier qui déclare qu’il ne prête pas les dépôts, je mets la clé sous la porte et vous n’entendrez plus jamais parler de moi. Ou mieux, j’accompagnerais Etienne Chouard dans ses conférences aux IEP où il « démontre » le « scandale de la création monétaire » par les banques commerciales.

    Cela vous convient-il?

    Votre argument à Etienne Chouard sur la solvabilité est juste. Je l’ai mentionné dans les posts en lien dans mon premier long message.

  28. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Antoine :

    Notez que les banques pourraient très bien faire les deux: “créer” du crédit “ex nihilo” et prêter les dépôts (si ces derniers ne suffisaient pas). Non?

    Non, quand les dépôts ne suffisent pas, les banques empruntent pour pouvoir offrir de nouveaux crédits.

  29. Avatar de antoine
    antoine

    Ok. Merci beaucoup Julien.

    Personnellement je n’ai pas d’avis sur ce problème, qui, comme je l’ai dit ne me parait pas central (pour ce qui m’intéresse dans le crédit/ la monnaie). J’aimerais juste comprendre comment tout cela fonctionne et comment tout cela pourrait fonctionner différemment sans a priori aucun.

    Donnez moi un exemple de « vrai banquier »: qui dois-je soumettre à la question? 😉 N’existe t-il vraiment aucun document MATERIEL susceptible de faire la différence, après analyse bien entendu?

    Il va quand même falloir rédiger un nouveau manuel d’économie. Ce ne sera pas du luxe j’ai l’impression.

  30. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Antoine : je ne peux que vous renvoyer aux posts que j’ai publiés plus haut. Ainsi qu’aux sujets initiés par Paul Jorion sur la monnaie.
    Plus haut vous trouverez des liens ainsi que des explications précises et détaillées des mécanismes à l’oeuvre. Même le document donné par Etienne Chouard ne dit rien d’autre. Je reconnais que mon analyse est un peu longue, mais si vous la suivez, vous verrez qu’une fois rectifiés les « shortcuts » empruntés par l’auteur pour une raison ou une autre, la Banque de France ne dit rien d’autre que ce que nous disons.

    Je vous rejoins sur la nécessité de produire un document plus accessible pour le grand public, sans raccourci.

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  1. Le problème c’est que les « parents » de l’IA sont ultra minoritaire (0,0001% au pif) et que c’est toute la société…

  2. Bah, quand les consommations d’électricité s’additionnent : voitures, IA, robot… Ça peut être un sujet d’inquiétude tout de même !

  3. @Chabian Les uns comme les autres vont devoir se calmer question consommation. Aux mêmes USA, la consommation d’électricité pour faire…

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