Le Monde Economie, lundi 5 janvier

L’impréparation devant la crise

Les premiers jours d’une année nouvelle ont valeur psychologique en raison du bilan que l’on établit alors de celle qui vient de s’écouler : on tourne le regard en arrière et l’on soupèse. L’expression qui vient à l’esprit quand on contemple ainsi 2008, c’est : « le champ couvert de morts ». Et il ne s’agit pas comme le plus souvent à la guerre, de piétaille seulement : des généraux en furent cette fois les victimes, tels Bear Stearns, Lehman Brothers, Merrill Lynch, Fannie Mae, Freddie Mac, Wachovia, Washington Mutual, AIG ou Countrywide, et en Europe : Fortis, Hypo, ainsi que les banques britanniques et islandaises. Parmi les survivants, beaucoup de grands blessés, comme Citigroup, et les deux banques d’affaires rescapées de justesse, Goldman Sachs et Morgan Stanley.

Les fleurons de Wall Street étaient prétendument invincibles. Au lieu de cela, le symbole de la finance assurant une fois pour toutes sa domination sur le monde est en ruines. Le contraste entre l’ambition démesurée qui avait été affirmée et le caractère absolu de la déroute observée souligne encore davantage l’étendue du désastre : la chute d’un empire qui avait été promis pour mille ans est tout spécialement dérisoire. Et la tragédie avait éclaté dans un ciel pourtant sans nuages : la finance qui s’effondra en un peu plus d’une année avait obtenu la caution de tous, de la droite qui lui était naturellement acquise à la gauche qui s’était bien sûr fait tirer l’oreille. Quand cette belle unanimité fut finalement acquise, l’édifice monumental que chacun admirait alors en se congratulant mutuellement, s’écroula d’un seul coup.

Mr. Paulson, le secrétaire américain au Trésor, à qui l’on reproche les atermoiements et les changements de cap multiples qui caractérisèrent ses tentative d’endiguement, déclarait mardi dernier dans un entretien au Financial Times : nous n’imaginions pas l’ampleur du mal, nous n’étions pas prêts, nous ne disposions d’aucuns des moyens qui nous auraient été nécessaires.

Aujourd’hui, les corps sont alignés sur les tables de dissection et l’on découvre avec stupéfaction l’état déplorable des organes vitaux de ces grands gaillards que l’on imaginait pourtant vigoureux. Seule la fuite en avant leur conférait semble-t-il leur élan et le fonds Madoff ne constitue que la forme extrême, caricaturale, du business plan qui régnait en maître à Wall Street il y encore un an.

Les propos de Mr. Paulson sont très humbles et il loue aussi les mérites de ceux qui se préparent à lui succéder. J’ignore si cette humilité l’a toujours caractérisé où s’il s’agit d’une leçon qui lui fut inculquée par les événements qui émaillèrent 2008. S’il souligne que les moyens pratiques lui firent défaut, il faut ajouter qu’il en va de même des moyens théoriques.

On entend dire aujourd’hui, au spectacle de la déroute intégrale de la science économique dominante, celle que l’on appelle aussi « l’École de Chicago », que sa déconfiture signifie la victoire de ses ennemis traditionnels : le marxisme et le keynésianisme. Il s’agirait bien entendu au mieux pour les chefs de ces écoles d’une victoire posthume, car ils nous ont quitté il y a longtemps. Rappelons aussi que leurs théories ne furent pas ignorées sans autre forme de procès : elles furent testées sur le terrain – même si ce ne fut sans doute pas sous la forme exacte qu’ils leur avaient imaginée – et qu’elles subirent la même sanction que celle infligée aujourd’hui à « l’École de Chicago ».

Il serait bon alors que les économistes fassent preuve de l’humilité que l’on voit aujourd’hui à Mr. Paulson : eux non plus n’envisagèrent pas l’ampleur du mal en gestation, eux non plus n’étaient pas prêts, et ceci vaut aussi bien pour l’opposition marxiste ou keynésienne que pour les tenants de l’école monétariste dominante. Le fait est que la variété de science économique que les événements réclament aujourd’hui à cor et à cri reste encore à bâtir. C’est là à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle.

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88 réponses à “Le Monde Economie, lundi 5 janvier”

  1. Avatar de Moi
    Moi

    Ce qui est dingue, c’est qu’ils veulent des citations de grands noms, pas des explications ou des arguments.
    Des banques tombent à court de liquidités ou deviennent insolvables et il faudrait croire sur parole ces grands noms qu’ils créent de la monnaie ex-nihilo? Ou sont-elles les explications dans vos manuels si ce n’est l’affirmation gratuite « les banques privées créent ex-nihilo de la monnaie »?

    Des phrases comme celles-ci sont à mon avis aussi à relever par leur caractère circulaire : « Mais il n’y aurait pas de « credit crunch » s’il n’y avait pas eu de croissance de la masse monétaire en circulation » Les relevés officiels de la masse monétaire ne font en effet que mesurer la circulation de la monnaie, autrement dit plus il y a de crédits et plus la monnaie circule et plus les chiffres mesurés s’accroissent. S’il y a 1 euro et que les banques se le prêtent et reprêtent entre elles toutes les minutes pendant 1 heure et qu’on fait la mesure à ce moment, on va nous dire que la masse monétaire est de 60 euros (en réalité on a compté 60 fois le même euro). Et puis si une banque retient l’euro et ne le prête plus, on va nous dire qu’il y a credit crunch et que la masse monétaire a chuté à 1 euro. Et les autres banques de faire faillite malgré leur grand pouvoir de création ex-nihilo de la monnaie…

  2. Avatar de 2Casa
    2Casa

    @ François Leclerc

    Si mon commentaire est perçu comme une sommation c’est bien malgré moi. J’essaie plutôt de comprendre en tant que non spécialiste – mais alors du tout – ce qu’implique et sa position et les conséquences qu’elle peut avoir.

    Pour ce que j’en retiens : si on admet la position traditionnelle « banques qui créent de l’argent » on est dans l’ancien modèle, avec les conséquences qu’il implique.

    Si en revanche on admet « avance + sueur + soleil » (avec remboursement de l’avance plus versement des intérêts qui sont, eux, justifiés dans le cadre d’une « avance productive » et iniques sur un prêt à la consommation destiné à compenser les salaires) quelles en sont les conséquences ?

    Au niveau des intervenants, de la répartition et des conséquences de cette production.

    Quant à mon exemple, il est probable que tous les manuels scolastiques de l’époque étaient les fruits de la physique aristotélicienne, donc détenteurs des modèles aristotéliciens (géocentrisme) On pouvait bien alors invoquer les « Autorités » pour réfuter Galilée : point de secours. Celles-ci, de toute façon, ne l’étaient devenues que dans le cadre de ce modèle (paradigme) dominant. Face à un autre modèle ce qu’il faut observer c’est :

    1/ la manière plus ou moins adéquate dont il rend compte de tel ou tel phénomène (ici la VERITABLE création de richesse, les VERITABLES intervenants et leurs rôles respectifs). « Justesse », élégance, simplicité (éviter l’ad hoc).

    (si quelqu’un pouvait me dire au passage si on met le point dans ou hors la parenthèse ! )

    2/ quelles sont les conséquences qui en découlent (ici dans la juste redistribution des véritables richesses créées ainsi que la prise en compte du soleil comme tiers jusque là approprié indûment et les conséquences de ce fait même aussi)

    3/ Euh… j’ai pas de trois… Si capacité prédictive ! Ce dont le modèle en cours semble être bien dépourvu.

    Quant au consensus, ça me refait penser au canard-lapin. Evidemment qu’on cause de la même chose (le lever du jour) mais pas de la même façon, d’où le coup de bâton.

    A titre d’anecdote, la première fois que j’ai failli intervenir ici, c’était pour dire que M. Jorion me faisait penser à un maître Zen : déstabilisant à souhait (ça tenait peut-être alors au timing de la forme « blog » et à la succession des billets. Plus encore à mon arrivée récente sur le site. Maintenant que j’ai réussi à en faire le tour – presque, plus que 6 mois ! – je perçois mieux le « passif » et tout ce qui a déjà été dit, affirmé, posé… Et l’inanité de ma colère ou de son expression ici : Terrain ami) Cette déstabilisation peut aussi être ressentie ici quand il s’agit, non plus de rentrer dans un modèle préétabli – les « zotorités » – mais de voir ce que permet le nouveau, ce dont il rend compte, sous quelle forme et avec quelles implications.

    Si ce que je dis est vraiment inepte corrigez-moi. Merci.

  3. Avatar de Sophie
    Sophie

    @Moi

     » Ce qui est dingue, c’est qu’ils veulent des citations de grands noms, pas des explications ou des arguments. « 
    Les tenant(e)s de la création monétaire scripturale par les banques commerciales – banquiers, experts comptables, universitaires, simples amateurs – ont apporté de très nombreuses citations de grands noms et moultes explications et arguments. D’autre part n’importe quel manuel (ou livre) ne se contente pas d’affirmer, mais en fait la démonstration: il n’y a aucune affirmation gratuite. Encore faut il passer un peu de temps à les lire (et les comprendre) plutôt que de croire avoir réinventé l’eau tiède.
    Maintenant personne n’a jamais dit que les banques pouvaient créer la monnaie de crédit à n’importe qu’elle condition, sans régles « prudentielles », à leur bon vouloir: il faut une demande (solvable de préférence) d’un agent non bancaire qui apportera les garanties de remboursement du capital et des intérêts (hélas en ce qui concerne ces derniers)

    Les « négationistes » n’ont justement aucune citation de grands noms et oublient simplement de prendre en compte dans leurs « explications » le fait que le « refinancement » n’est qu’une facilitée apportée par les Banques Centrales pour faciliter les échanges inter bancaires et les besoins en monnaie centrale lorsque les banques commerciales ne se font plus confiance… et que ce n’est pas « cette monnaie là » qui est prétée aux particuliers et entreprises.

    « S’il y a 1 euro et que les banques se le prêtent et reprêtent entre elles toutes les minutes pendant 1 heure et qu’on fait la mesure à ce moment, on va nous dire que la masse monétaire est de 60 euros  »
    Ca, c’est faux… on (i.e. les stats de la Banque de France, de la BCE ou de la FED) dira toujours que la masse monétaire est de 1 euro, mais que cette masse monétaire a permis un PIB (une création de richesse) de 60… justement parce que la vitesse de circulation est (serait) de 60.

  4. Avatar de 2Casa
    2Casa

    Les deux modèles peuvent bien cohabiter – ils découpent le même « réel » – mais leur origine et leurs implications servent des fins différentes – d’ailleurs implémentées par leur origine. Un modèle n’annule pas nécessairement l’autre, ils peuvent cohabiter, ou l’un être intégré à titre de cas particulier.

    Ici ce n’est peut-être pas le cas. Ce qui permet à M. Jorion de dire que sa critique est bien plus radicale que celle de M. Lordon. Cette dernière n’appliquant ses « remèdes » que dans le modèle déjà existant. Pour ce que j’en ai compris.

    En gros on en est là avec le paradigme monétariste : il ne rend absolument pas compte des phénomènes qui se produisent, il devient « scolastique » (i.e. de plus en plus complexe, tarabiscoté, ou impliquant des hypothèses « métaphysiques » : « main invisible » qui, moi, me fait penser à l’éther, au phlogiston, que sais-je encore. C’est un processus tout à fait naturel quand on n’a pas la « bonne réponse » d’élaborer des théories de plus en plus complexes pour rendre compte du phénomène observé. Mieux, si on trompe délibérément l’observateur quand il donne une réponse exacte on va le voir développer des hypothèses de plus en plus sophistiquées et tordues pour rendre compte d’un phénomène hyper simple mais dont on ne détient pas les clefs) il devient scolastique donc, disais-je, pour tenter de pallier son premier défaut – scolastique : au sens de dogmatique et sophistiqué, dans une version réductrice, soit – et sert sans doute une fin bien particulière.

    Si on prend avance + travail + soleil : on tasse dans le premier paquet (avance = Kapital) l’investisseur et l’entrepreneur = 1/3 ; dans le second (travail) le travailleur = 1/3 ; dans le troisième, qui est un nouveau venu cette fois non approprié (de « propriété ») la Nature, la Terre, la Boule Bleue, Gaïa et nous contraint à le prendre en compte… enfin ! pour 1/3 également.

    Effectivement je connais des banquiers et des rentiers qui vont préférer que l’on continue à jouer dans leur modèle !

  5. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    @Sophi et RST :

    Je crains que “Moi” ne considère la référence à un manuel scolaire comme un argument d’autorité

    Un manuel scolaire est evidement un argument d’autorité. Mais rien n’a plus d’autorité que le bon sens et la logique.
    Si le manuel dit quelque chose qui n’est pas cohérent, alors je crois que ce que dit le manuel est faux.

    En l’occurence, toutes les citations de RST (alias Transmuteur/Surhumain ?) sont inattaquables :
    1/ Elle provienne d’un manuel scolaire et sont donc vrai
    2/ Elle ne sont pas contradictoires ou incohérentes en elles-même

    Cependant, et cela a déjà été exposé maintes et maintes fois, toutes ces citations sont en contradiction directe avec les règles qui entourent cette création monétaire. En tout cas le sens usuel du mot création est en contradiction avec les règles entourant cette création. Le fait que ce soit inscrit dans des manuels scolaires ou qu’un prix Nobel d’économie l’ai affirmé ne change rien à la contradiction. Sophie, vous dites aussi :

    Les tenant(e)s de la création monétaire scripturale par les banques commerciales – banquiers, experts comptables, universitaires, simples amateurs – ont apporté de très nombreuses citations de grands noms et moultes explications et arguments. D’autre part n’importe quel manuel (ou livre) ne se contente pas d’affirmer, mais en fait la démonstration: il n’y a aucune affirmation gratuite. Encore faut il passer un peu de temps à les lire (et les comprendre) plutôt que de croire avoir réinventé l’eau tiède.

    A ma connaissance, aucun n’a résolu la contradiction dont je parle. (les réserves fractionaires devant toujours être supérieur aux sommes créditées, celles-ci ne peuvent êtres dépensées une fois le crédit octroyée, elles sont donc un chiffre qui ne correspond pas à de l’argent tant que le crédit n’est pas remboursé, puisque de l’argent par définition doit pouvoir être dépensé).

    Si vous avez lu quelque part un auteur qui résoud ce problème, je serais très inbtéressé par les références

  6. Avatar de 2Casa
    2Casa

    Est-ce que c’est pour cela que « Keynes – Friedman même combat ! » ?

    Ils sont au sein du même modèle, du même système de référence.

    De même que M. Lordon – que je ne m’estime pas du tout, sur le fond, à même de juger, cela va de soi. Mais sur le plan de l’analyse il reste dans le même trucmuche, le même machin. C’est sans doute pragmatique, brillant, efficace, plus tolérable, opérable ou conciliable, mais ça ne change pas grand-chose au débat qui nous occupe.

    S’il faut « refonder » c’est au niveau du modèle – paradigme, corpus théorique, système d’hypothèses, etc – qu’il faut travailler. Ce qui rend le deuil du savoir jusque-là acquis bien difficile à admettre. A la limite il vaut presque mieux être dans mon cas : ignare total, moins de boulot à fournir ! Mieux, cela me sert d’autant plus que je ne regarde les théories que de l’extérieur. Peu importe les détails, en tant qu’observateur extérieur, je ne constate que « concurrence » ou « cohabitation » entre les deux modèles.

  7. Avatar de Sophie
    Sophie

    @Archimondain

    (les réserves fractionaires devant toujours être supérieur aux sommes créditées, celles-ci ne peuvent êtres dépensées une fois le crédit octroyée, elles sont donc un chiffre qui ne correspond pas à de l’argent tant que le crédit n’est pas remboursé, puisque de l’argent par définition doit pouvoir être dépensé).

    J’avoue que je ne comprends pas ce que vous voulez dire, pourriez vous être plus explicite dans votre formulation?
    « réserves fractionnaires » = « le montant des réserves fractionnaires? Affirmez-vous que le montant des réserves fractionnaires (c’est un dépôt de la banque en banque centrale) doit être supérieur aux crédits accordés par la banque à ses clients?
    « sommes créditées » … à qui?
    « celles-ci  » : réserves fractionnaires?
    « elles sont donc un chiffre » ???? … je crois comprendre que vous voulez parler de montant ? mais je ne vois pas l’articulation de votre affirmation qui suit (puisque de l’argent par définition doit pouvoir être dépensé).
    Désolée de ne pas être plus maligne…

  8. Avatar de Moi
    Moi

    @Sophie : Voici ce que je pense, au risque de me tromper.
    M1 additionne les pièces de monnaie, les billets en circulation et les comptes courants à vue. C’est dans les manuels. Donc on additionne plusieurs fois la même chose parce que les comptes à vue, c’est de l’argent qui a été déposé en banque. Ainsi un Etat A qui produit un billet de 100 euros : M1 = 100, A injecte cet argent dans la banque X: M1 = 200 (100 en billet que la banque a reçue + 100 du compte de A qui est une écriture), la banque X reprête l’argent à son client B : M1 = 300 (100 du compte de A + 100 en billet + 100 du compte à vue de B). Moi j’appelle ça compter plusieurs fois la même chose (le billet de 100). Pas vous? Quel est d’autre part le PIB ici alors que rien n’a encore été acheté avec cet argent?

  9. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    @Sophie
    Désolé, le sujet ayant été explicité de nombreuses fois, je n’ai pas détaillé mes propos.
    Ce que je veux dire, c’est qu’avec un ratio de réserve de 10%, la banque doit posséder 100 pour prêter 90.

    Une fois le prêt effectué, les manuels d’économie prétendent que 190 sont en circulation, et que la banque a réellement créé 90. Moi je prétends que 90 sont en circulation, et que 100 sont ‘bloqués’. Ce chiffre qui étaient de l’argent auparavant est toujours un chiffre, mais ce n’est plus de l’argent, du moins jusqu’au remboursement du prêt. Vous remarquerez que je ne prétends pas que la banque prête l’argent des déposants. Je dit qu’elle le bloque, le temps d’en créé du nouveau. Du coup, cette création s’accompagne d’une ‘destruction’. Il est donc un peu mensonger de ne parler que de création.

    J’espère avoir été plus claire, et je suis bien sûre ouvert à toute critique de mon argumentation.

  10. Avatar de Sophie
    Sophie

    @Moi

    Eh non…
    Un Etat ne produit aucun billet… c’est seulement la banque Centrale.
    Mais au delà de cette petite erreur, « A » (la banque centrale) prête à la banque X un billet de 100 euros … il n’y a toujours que 100 euros (car ils ne sont plus à la banque centrale).
    Si les régles bancaires permettent à la banque X de créer 1000 euros (réserve 10%), et qu’elle a la demande d’un client Z pour cela, elle va le faire et le compte a vue du client Z (au passif de la banque X) sera crédité de 1000 euros, alors que la banque X portera en actif la dette du client Z. La masse monétaire aura augmenté de 1000, mais ce n’est pas pour la raison que vous expliquez, car la banque X devra, pour assurer les obligations légales, déposer ces 100 en banque centrale
    Le total M1 sera donc de 100 en Banque Centrale et 1000 en DAV dans la banque X (en attendant que l’emprunteur se serve de cette somme pour payer ses fournisseurs)
    Si la banque X n’a de demande que pour un crédit de 100, elle pourra évidemment le faire (réserve légale nécessaire de 10 euros qu’elle devra recéder à la Banque Centrale) et pourra prêter aux autres banques les 90 euros restants.
    Le total M1 dans ce cas sera de 200 (b10+b90+c100), mais rien n’est compté deux fois.

    Pourquoi j’avais parlé de PIB? Parce que pour moi il n’y a aucune raison que les banques se prêtent 60 fois un euro, juste pour jouer car de toute façon elles se demanderont un intérêt . Si une banque X prête 1 euro à une banque Y ( monnaie centrale), c’est pour permettre à la banque Y de l’utiliser comme réserve fractionnaire, c’est à dire, selon les régles en vigueur, d’émettre un nouveau crédit (disons de 10 euros)

    C’est plus clair ?

  11. Avatar de Sophie
    Sophie

    @Archimondain
    Vous pouvez peut être lire http://en.wikipedia.org/wiki/Fractional-reserve_banking , ou http://www.wikiberal.org/wiki/Banque_centrale (chapitre  » Le système de réserves fractionnaires » ) ou http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serves_obligatoires

  12. Avatar de maquis29
    maquis29

    Bonne santé à tous pour 2009.
    @ sophie
    Je crois que vous êtes sur la bonne voie. L’approche comptable me semble intéressante pour comprendre la « création » de monnaie.
    Donc dans la banque X
    (D) 1000 compte d’actif – dette client Z

  13. Avatar de Moi
    Moi

    @Sophie: « Le total M1 dans ce cas sera de 200 (b10+b90+c100), mais rien n’est compté deux fois.  »

    La banque centrale produit un billet de 100 et on se retrouve avec un M1 de 200 et vous me dites que rien n’est compté deux fois? Si le client vient chercher le billet de 100 duquel la banque lui a fait crédit, cette dernière pourra-t-elle alors prêter quelque chose à une autre personne? Non, évidemment, parce que la véritable masse monétaire est de 100. Pour pouvoir reprêter un éventuel deuxième billet de 100, la banque devra se refournir auprès de la banque centrale.

    Evitons svp de rentrer dans le problème des réserves fractionnaires ou d’autres banques rentrant en jeu qui ne fait que compliquer l’hypothèse sans rien y apporter comme pouvoir explicatif.

  14. Avatar de maquis29
    maquis29

    La suite:
    (C) 1000 compte de passif – compte à vue du client Z.
    Que se passe-t-il dans le bilan de X quand le client retire son argent (sa dette ou sa fortune comme vous voulez)? Quelles sont les écritures comptables?
    (D) du compte à vue du client Z
    (C) de quel compte? Un compte de bilan ou d’exploitation?
    Intuitivement il me semble que si l’on suit toutes les écritures, au bilan et au compte de résultat de la banque, qui sont enregistrées lors d’une dette on doit voir un besoin de financement de 1000 dans le chef de la banque.
    Elle doit alors faire appel au marché inter-bancaire ou à la banque centrale. Elle aura également un engagement (dette) vis-à-vis d’un tiers (banque commerciale ou banque centrale). In fine la banque centrale crée cet « argent » dont la contrepartie est le bien acquis ou consommé pour 1000. A charge pour le client de rembourser cet argent. La banque centrale crée cet argent contre la promesse (le pari) d’être remboursée.
    Imaginons qu’elle ait également prêté 1000 au fournisseur du client qui a emprunté 1000, il me semble que pour elle c’est un jeu à somme nulle. Bon il y a aussi les intérêts puis le bénéfice de chacun… et donc ça se complique. Comment comptabilise-t-on le profit de la banque? D’ailleurs quelle est la nature de ce profit, intérêts et frais de gestion?
    Mais dans tous les contributeurs n’y-a-t-il pas quelqu’un(e) qui connaît la comptabilité bancaire?
    Bonne cogitation pour 2009.

  15. Avatar de Sophie
    Sophie

    J’aimerais bien avoir l’avis de Paul Jorion sur le graphique suivant http://www.nowandfutures.com/images/fed_all_short_stacked.png insi que sur quelques autres graphiques ( M3, Trade and budget deficits, trends, par exemples) de la page http://www.nowandfutures.com/key_stats.html#m3b )

    @Moi
    Non, la véritable masse monétaire c’est M1, c’est à dire la monnaie fiduciaire + les DAV … mais bien sur que si la banque pourra reprêter (créer de la monnaie) si le client vient rechercher son billet de 100… mais restons en là si vous en êtes encore à considérer qu’il n’y a de monnaie (d’argent ?) que dans les billets…
    Personnellement je n’utilise quasiment jamais de monnaie manuelle (pièces ou billets) … ce qui ne m’empêche pas d’avoir beaucoup de monnaie dans mon sac (ma carte bancaire et mon carnet de chèque)

  16. Avatar de Fab
    Fab

    Bonjour,

    Voici la lecture que j’ai du texte de F. Lordon :

    1/ « Qu’un hebdomadaire aussi peu suspect de complaisances altermondialistes que The Economist titre à sa une « Le monde au bord du gouffre » devrait en dire assez long sur l’état de péril extrême où les dérèglements de la finance ont porté les sociétés. » etc.

    Dois-je accepter comme une certitude indiscutable que ledit gouffre ne peut être qu’économique, qu’il est la « matérialisation d’un risque systémique géant », « l’état de péril extrême où les dérèglements de la finance ont porté les sociétés. » ? Si mon fils joue avec le feu et se brûle, dois-je l’engueuler ou essayer de trouver un feu qui ne brûle pas ou qui brûle moins, ou les deux ? (C’est une autre image mais l’idée reste la même que dans les autres messages : sens de la vie, « religion », carotte…).
    Je ne vois pas le gouffre en question au même niveau ! Ce qui n’empêche pas de boucher les trous pour éviter « de plonger toute la société dans un chaos violent au moment où la totalité des agents, entreprises mais surtout ménages, se retrouvent privés absolument des moyens de faire face aux exigences élémentaires de leur survie matérielle dans une économie monétaire à travail divisé. » et pour protéger « une structure vitale pour la société ».

    2/ « Il faudrait d’ailleurs dire les choses dans un registre moins « technique » et plus anthropologique : l’intérêt est l’instrument de la contention externe de l’insatiable désir d’argent. » etc.

    Est-il raisonnable de parler d’asservissement ou pour le moins de prise en compte de l’asservissement ?

    Et encore : «comment pourraient-elles [les tentations du profit financier] ne pas l’être [irrésistibles] dans l’univers capitaliste dont la finalité même est l’accroissement indéfini du profit ? »

    Pourquoi, par exemple, ne pas présenter la finalité de l’univers capitaliste comme la gestion de la population mondiale passant nécessairement, par nature, par l’asservissement du plus grand nombre, la nécessité de faire que tous (…) ressentent le système comme une fatalité, une nécessité, jusqu’à désapprendre de remettre le système en cause ?
    Il est pourtant tout près de dire la même chose :
    « Le capitalisme actionnarial a fini par imposer comme une évidence indépassable que la voix au chapitre était indissolublement liée à la propriété financière et à la participation au capital. On serait presque tenté d’admirer la performance qui a consisté à rendre impensable que la distribution du pouvoir au sein des entités économiques puisse s’effectuer autrement, et à effacer des esprits cette idée pourtant élémentaire que l’organisation des rapports des hommes entre eux est, par définition, une question proprement politique et qu’elle ne perd rien de cette qualité y compris dans l’univers économique. »

    Tout près…Alors, pourquoi ne pas le dire ?

  17. Avatar de Moi
    Moi

    @Sophie: « mais bien sur que si la banque pourra reprêter (créer de la monnaie) si le client vient rechercher son billet de 100… »

    Non, elle ne le peut pas. Comme pourrait-elle le faire sans se refinancer, c’est-à-dire redemander une production de billet à la banque centrale?
    Imaginons que le client vient rechercher son billet de 100. Un autre client vient et demande un prêt de 100 à la banque. Comment pourrait-elle lui prêter 100? Certes, elle peut dire à ce nouveau client « je vous ai crédité votre DAV de 100 », mais lorsque ce client viendra retirer le billet de 100 il se retrouvera bredouille car il n’existe pas ce billet de 100. Et peu importe que le problème soit reporté avec un chèque (en bois) de la banque et que le client puisse ainsi acheter quelque chose, au final cet argent n’existe tout simplement pas et tout comme dans une pyramide cela se poursuit pour autant qu’il ne vient à l’idée de personne d’aller chercher un vrai billet de 100.
    Vous avez donc beaucoup de monnaie dans votre sac tout comme les clients de Madoff (ou les argentins il y a quelques années, ou encore certains gros détenteurs d’actions) en avaient. Tant que la pyramide tient, tout va bien. Quand elle ne tient plus, on voit la différence entre un billet et un DAV, entre M1 et la vraie masse monétaire.

  18. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    @Sophie
    Il y a peut etre quelques problèmes de vocabulaire concernant le terme ‘reserve fractionaire’.
    Je ne suis pas un spécialiste. Mes propos se basent entre autre sur le tableau du lien : http://en.wikipedia.org/wiki/Fractional-reserve_banking que vous conseillez. (sous le chapitre Money creation)

    Ce tableau montre très clairement :
    Amount Deposited 100 -> Lent Out 80 (Reserves 20).

    Les livres d’économie compte 180. Je compte 80+20=100. Et pour cause, les 100 sont bloqués. Si trop de gens retirent leurs 100 en même temps, les crédits octroyés font passer la banque dans le rouge. Ce ne serait pas le cas si ces crédits provenaient d’une pure création. Ne croyez-vous pas ?

    Cependant, ce tableau est en contradiciton avec les affirmations de cet autre lien que vous donnez : http://www.wikiberal.org/wiki/Banque_centrale
    Ce lien semble affirmer que pour prêter 100, la banque n’a besoin de posséder que 10. Je ne vois pas comment cela serait possible sans arriver à une croissance infinie et très rapide de la masse monétaire. (100->1000->10000->100000-> etc…). Cela n’est manifestement pas le cas.

  19. Avatar de Sophie
    Sophie

    L’explication des réserves fractionnaires est tout à fait claire dans les deux liens… wikipedia prends un exemple de 20%, wikilibéral de 10% et la réalité de la zone euro c’est 2% je crois.
    Mais la possibilité pour une banque de créer de la monnaie de crédit n’est pas seulement « encadrée » par les réserves fractionnaires obligatoires (s’il n’y avait que cela, vous avez raison Archimondain, on risquerait de voir une croissance infinie très rapide) . Elle doit aussi disposer d’un certain montant de fonds propres (8% environ selon Bâle 2), assurer les demandes de monnaie centrale (billets et pièces) , avoir un bilan équilibré (par exemple le bilan se déséquilibre si la valeur des garanties portées en actif de son bilan se dégrade, très notable en ce moment où l’immobilier baisse), mais surtout il faut qu’il y ait « la demande » (donc la confiance dans le futur).

    Puisque la monnaie fiduciaire est de ~ 15% de la masse monétaire M1, tous les économistes (sauf sur ce blog 😉 ) admettent que le « coefficient multiplicateur constaté » du système bancaire est de 6 par rapport à la monnaie fiduciaire.
    Certains autres considèrent que M3 est la vraie représentation de la monnaie en circulation… dans ce cas le rapport passe à ~ 15 (de mémoire)

  20. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Moi

    je ne vois qu’une solution pour que A injecte son billet tout de go dans la banque, il travaille dans une banque centrale et l’a volé !

    Sinon, dans le cas général, il l’a emprunté ou changé ou acheté avec de la monnaie électronique à la banque.
    Derrière ce billet il y a sa contrepartie en monnaie électronique de la banque qui l’a acheté à sa banque centrale.
    La masse des billets et pièces est une masse neutre au regard de la création monétaire de M1 l’augmentation ou la diminution de la quantité de fiduciaire relève de la décision de la banque centrale uniquement.
    Un billet n’est compté qu’une fois dans M1, même si il se ballade de mains en mains et de banques en banques.
    Idem pour la monnaie électronique provenant des prêts elle n’est pas dans plusieurs dépôts à la fois, elle n’est comptée qu’une seule fois.

    La masse de billets et pièces + la masse des dépôts à l’instant T = M1 à l’instant T.

    @Paul

    J’ai fini par vous croire « ex-nihilo » sur le prêt strict des dépôts et emprunts banques centrales, par les banques commerciales. En me disant, c’est lui le spécialiste il ne prendrait pas le risque d’une telle affirmation à contre-courant sans de solides connaissances des réalités de la gestion bancaire. Et puis de recherches inutiles en recherches inutiles, parce-que déjà faites avec rigueur et à partir d’une connaissance de terrain, il n’est que le choix d’accorder la confiance du débutant au chercheur aguerri sur des remises en cause de cette importance. Vous avez montré que le l’enchainement dépôt-crédit n’était pas en soit créateur de monnaie nouvelle et qu’il ne fallait pas y chercher de création « ex-nihilo » ce qui a fait dire à E. Chouard qu’il faut chercher la lumière dans la comptabilité des banques et il l’a trouvée:
    « Donc, plutôt que dire, de façon simple mais inexacte :

    • « Les banques servent d’intermédiaires en prêtant l’argent des uns (qui ont trop d’argent et qui en épargnent) aux autres (qui en manquent et qui sont prêt à en emprunter) ; et au moment des remboursements, cette monnaie qui a circulé par l’intermédiaire de la banque est ensuite rendue de l’emprunteur à l’épargnant. »

    On devrait plutôt dire, ce qui correspond formellement et strictement aux écritures comptables à la banque, siège véritable de la monnaie :

    • « Les banques servent d’intermédiaires en s’appuyant sur l’épargne des uns (qui ont trop d’argent et qui en épargnent, c’est-à-dire ne s’en servent pas pour consommer) pour créer de l’argent supplémentaire, temporairement (en proportion de l’épargne déposée) et le prêter aux autres (qui en manquent et qui sont prêt à en emprunter) ; et cette monnaie temporaire sera progressivement détruite par la banque lors de chaque remboursement de l’emprunteur, jusqu’à disparaître complètement. » »

    La partie « en s’appuyant sur l’épargne des uns » représentant quelque chose de l’ordre d’une concession…

    Pour ma part je n’imagine pas qu’une banque puisse écrire des lignes de crédits sans contrepartie, sinon, en cas de non paiement par les clients insolvables, il lui suffirait d’effacer la double inscription comptable pour annuler « ex-nihilo » le crédit engagé. Donc pas de crise des subprime !
    D’ailleurs pas de crise du tout…
    Si; bien sur, une inflation galopante, due à la monnaie mise en circulation et jamais détruite donc crise.
    On pourrait aussi imaginer qu’une banque en manque de liquidité s’accorde un prêt à 0% par une simple écriture, donc pas de faillite bancaire…

    Bien j’arrête là mes élucubrations spéculatives, qui visent à dire que peut-être, par l’absurde, avec quelques graphes à l’appui, la lumière pourrait jaillir.

  21. Avatar de Shiva
    Shiva

    Le lien pour la totalité du post d’Étienne Chouard :

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=1353

  22. Avatar de maquis29
    maquis29

    Compléments à mon précédent post
    Ma remarque sur le jeu à somme nulle vaut pour le fournisseur. Le compte du fournisseur auprès de la banque centrale est maintenant zéro. Il avait emprunté pour produire et a vendu son « truc ». Il a donc pu rembourser la banque. En fait la dette de 1000 a changé d’épaules. Elle n’est plus pour le fournisseur mais pour le client. Le client est donc heureux avec le truc qu’il a acheté à crédit. La banque attend son remboursement.
    Le client est un fournisseur. Il pourra donc rembourser la banque en vendant le « machin » qu’il produit.
    Nous sommes constamment producteur et consommateur. Les problèmes surgissent lorsque produits truc et machin ne valent plus 1000 et les quelques % qui font tourner le système.
    Lorsque je vends machin j’espère le vendre 1002 et acheter truc à 999. Je suis le roi j’ai gagné 3 et je m’enrichis (clin d’oeil: voilà une attitude empirico pragmatique typique de la petite école autrichienne). Si c’est l’inverse, il faut vite que je vende un autre machin pour combler mon déficit ou alors j’emprunte…
    Les problèmes surgissent lorsque je dois acheter truc à 1050 et que je vends mon machin à 950. Je perds 100. 50 pour rembourser mon emprunt auprès de la banque et 50 que je dois trouver pour acheter le bien dont j’ai besoin.
    Maintenant le cas ou je ne puis vendre mon produit. Je ne peux rembourser la banque centrale. Elle peut donc avoir mon produit comme actif. Si le bien n’est pas trop périssable elle peut, un peu plus tard, espérer le transformer en argent sinon c’est une pure perte.
    La banque centrale avait créé une valeur de 1000 qui doit s’éteindre avec la disparition du bien que j’ai offert au sacro-saint marché.
    La banque commerciale joue donc un rôle d’intermédiaire qui finance le différentiel entre le temps de la production (mise en vente) et de la consommation (acte d’achat). Cette assertion me gêne car cela dépend du produit. Une bouteille d’eau achetée à crédit, un pull ou un appartement n’ont ni les mêmes natures ni les mêmes durée de consommation. Mais bon je schématise.
    Il me semble que les dettes sont bien de la monnaie qui permet aux emprunteurs d’étaler leur investissement/consommation dans le temps. Il s’agit d’un encours de monnaie soumis à un risque de non réalisation/disparition pour le prêteur.
    Bonne soirée.
    @ shiva
    Tout à fait d’accord avec l’approche par l’absurde. Si le postulat les banques commerciales créent de la monnaie est vrai, alors à quoi sert le marché inter-bancaire? Pourquoi y-a-t-il une crise du marché immobilier US?

  23. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    @Sophie.
    Je ne trouve pas cela si claire :

    Wikipedia :

    Fractional-reserve banking is the banking practice in which banks keep only a fraction of their deposits in reserve (as cash and other highly liquid assets) and lend out the remainder, while maintaining the simultaneous obligation to redeem all deposits immediately upon demand

    Ma traduction qui vaut ce qu’elle vaut :
    Le système de réserve fractionnaire est la pratique bancaire selon laquelle les banques gardent seulement une partie des dépôts en réserve (en cash ou autres actifs très liquides) et prêtent ce qu’il reste, tout en ayant l’obligation de redistribuer la totalité des dépôts sur demande

    Wikiberal :

    Ce terme un peu abscons désigne simplement le droit pour une banque de prêter (par des jeux d’écritures) de l’argent qu’elle n’a pas, et sur lequel, outre le remboursement par le débiteur, elle touchera des intérêts. Cette création de monnaie scripturale ex nihilo est tempérée par l’obligation de déposer un pourcentage des encours de crédit de la banque auprès de la banque centrale (« réserves obligatoires »), pourcentage relativement faible (quelques pourcents). De la même façon, la transformation bancaire consiste à prêter des ressources à court terme (celles des épargnants) pour financer des crédits à long terme (ceux des emprunteurs).

    Les deux définitions présentent les choses différemment. Je suis d’accord avec la première, pas avec la deuxième.
    De plus, je suis d’accord avec la première, mais la promesse de pouvoir rembourser la totalité des dépôts sur demande est je pense mensongère. (la définition précise que l’argent des clients est prêtés, il ne peut donc être retiré à vue, même si c’est là une promesse de la banque). Comptablement il y a sans doute création. Dans la pratique (l’argent effectivement utilisable) il n’y en a pas.

  24. Avatar de oppossum
    oppossum

    Les deux mammelles de l’impréparation :

    L’homme , être raisonneur , possède , comme l’ a noté Paul après beaucoup d’autres, un fond d’optimisme qui lui sert de moteur pour affronter des situations complexes et difficiles.

    -Le revers de cet optimisme est cet entêtement dont il lui arrive de faire preuve en niant les faits, s’auto-persuadant ainsi qu’il échappera , par la seule force de sa volonté, à l’inéluctable.
    -Pour étayer ce déni de réalité, il lui faut tout de même une vague idée qui tienne debout ,et cette fois ci c’était que le système allait atterrir en douceur …

  25. Avatar de Étienne Chouard

    @ Moi :

    Vous dites : « les comptes à vue, c’est de l’argent qui a été déposé en banque ».

    Précisément, les comptes à vue ne sont pas seulement alimentés (provisionnés) par de l’argent déposé en banque (vous pensez sûrement à de la monnaie fiduciaire quand vous dites « de l’argent ») : par le mécanisme élémentaire du crédit, la banque peut à tout moment –à partir de la seule confiance qu’elle fait à son client, mais aussi grâce à la confiance que tous les acteurs lui accordent, en tant que banque– la banque peut augmenter le solde créditeur d’un compte à vue sans le moindre dépôt de monnaie (fiduciaire ou autre).

    Et ce solde créditeur du compte à vue, c’est précisément LA DÉFINITION de la monnaie scripturale. Ce sont des moyens de paiement.

    La monnaie scripturale est un objet comptable.

    C’est sa définition.

    *********************************

    Bon, j’ai vu dans un autre fil, cette nuit, que Paul nie maintenant la réalité comptable de la monnaie scripturale ; il me dit : « La « réalité comptable » n’est pas une réalité : c’est une stylisation fondée sur le postulat que le crédit est toujours égal au débit. Dans la réalité [économique] les choses ne se passent pas comme ça, il y a des profits et des pertes, des gains et des dépenses. La « création monétaire ex nihilo » est un artefact (une fiction) qui permet de maintenir cette égalité comptable entre le crédit et le débit.

    Je pense que c’est là une méconnaissance profonde, d’une part, de la comptabilité et de son importance (pas toujours positive !) dans notre réalité quotidienne, mais aussi des mécanismes comptables à l’œuvre lors de la création monétaire : quand une banque crée de l’argent (des moyens de paiement nouveaux) à l’occasion d’un crédit, elle ne crée pas de richesses, elle ne comptabilise nullement « un profit, une perte, un gain ou une dépense » (Paul semble n’envisager que des comptes de Résultat, alors que la monnaie circule précisément dans les comptes de Bilan, ce qui a un sens économique précis, très bien traité (sans fiction) par la comptabilité).

    En créant de la nouvelle monnaie scripturale, la banque ne crée qu’un pouvoir d’achat temporaire (précieux, mais temporaire quand même), la banque ne crée pas une richesse nouvelle ; en cette occurrence-là, au moment de la création de monnaie-crédit, il n’y a donc pas de profits ou de pertes puisque tout se passe au bilan (négligeons les intérêts à ce stade du raisonnement, car eux, ils apparaîtront effectivement au Résultat, avec les profits) : en faisant crédit, la banque enregistre deux dettes (la sienne, immédiatement exigible et cessible, et celle de son client, exigible plus tard) qui s’équilibrent, sans profit ni perte, au Bilan.

    L’une de ces dettes, c’est de la monnaie.
    Elle vient d’être créée.
    Mais elle est temporaire et elle va bientôt disparaître.
    Tant qu’elle existe, elle est librement cessible, transmissible, et elle permet (plusieurs fois !) de solder définitivement les comptes entre un débiteur et un créancier. Elle permet aussi d’attendre et de garder de la valeur en réserve. Ce sont les fonctions de la monnaie.

    La réalité comptable de la monnaie scripturale et l’efficience – quotidiennement vérifiée – de cet outil me semblent relever de l’évidence. Facilement démontrable, donc.

    ***************************************

    Même en faisant un subtil (mais inutile) distingo avec l’expression « l’argent » – qui ne serait, selon vous, stricto sensu, que la monnaie fiduciaire (moi, je veux bien)–, vous aurez du mal à nier cette nature comptable de la monnaie scripturale, comme vous aurez du mal à vous affranchir de la rigueur comptable pour l’analyser : la monnaie scripturale (le moyen de paiement aujourd’hui le plus courant, et de très loin) est composée des solde débiteurs –débiteurs pour la banque, puisque la banque doit la provision aux titulaires des comptes– des comptes à vue.

    Autre réalité comptable incontestable (à mon avis) : quand une banque fait crédit, elle ne déplace pas un chiffre d’un compte vers un autre compte (à vue), elle augmente le chiffre du compte à vue sans rien retirer à personne (aucun compte ne baisse, c’est UN FAIT).

    À l’issue de l’opération comptable de crédit bancaire, il y a incontestablement DAVANTAGE de moyens de paiement disponibles dans le circuit économique, d’où l’expression pédagogique (tellement évidente qu’elle en est pléonastique) « création ex nihilo », ce qui ne signifie PAS sans contrepartie, évidemment, comme certains voudraient le faire croire : on peut évidemment créer moyennant une contrepartie et on aura pourtant bel et bien créé (« ex nihilo », forcément, si on respecte la définition même du mot ‘créer’).

    « Ex nihilo » insiste sur le fait qu’avant le crédit, il n’y avait rien, pas d’argent (les signes qui allaient bientôt apparaître n’existaient pas encore, pas du tout !), et que, après le crédit, il y a quelque chose (de plus) qui est apparu, de nouveaux signes monétaires.

    Attention :

    Ne confondez pas les réserves fractionnaires (qui sont une couche de contraintes ajoutée au processus pour limiter la liberté des faux-monnayeurs) avec le mécanisme lui-même qui ne nécessite nullement que de la monnaie centrale existe préalablement au prêt.

    S’il vous plaît, prêtez attention à L’ORDRE des opérations : la banque prête AVANT de faire ses comptes pour vérifier qu’elle respecte bien la règle des réserves et, si elle est en défaut, APRÈS après avoir créé l’argent, elle se « refinance » ; (de surcroît, en fait, l’expression « refinancement » est trompeuse parce qu’elle suggère que la banque doit trouver quelque part TOUT l’argent qu’elle a prêté, alors qu’on ne lui demande, en fait, de n’en trouver qu’une infime partie).

    Il n’y a là ni argument d’autorité, ni théorie économique : il s’agit de technique comptable, avec la rigueur correspondante, collant à une convention économique (i.e. « la monnaie scripturale est un titre de créance, temporaire et dématérialisé, créé (et détruit) par les banques commerciales »).

    Et mettre en avant la vision anthropologique, la perception sociologique, la conception philosophique, ou une autre représentation intellectuelle de la monnaie, est une approche intéressante, sans aucun doute, mais pas si on prétend nier l’évidence !

    Les anthropologues, eux aussi, ont des comptes à rendre à la logique et aux faits 😉

    Surtout que cette négation du fait comptable de la création de monnaie privée, en l’occurrence, fait sans doute quelques heureux : les banquiers (et les spéculateurs associés qui ont bien besoin de cet afflux permanent d’argent facile) doivent être assez satisfaits, en effet, que les citoyens n’arrivent même pas à tomber d’accord sur la réalité du privilège qu’ils ont réussi à extorquer depuis des siècles à la Cité, et cette confusion leur permettra peut-être de continuer à profiter longuement encore de ce passe-droit (ruineux pour nous)

    Maintenant, si on conteste ici les définitions mêmes (la monnaie scripturale ne serait pas de la monnaie !), si on détruit le sens des mots (dans quel but ? La confusion interdisant toute critique solide), c’est un jeu possible (chacun ses jeux, vive la liberté), mais franchement, on maltraite les mouches et on n’arrive pas, ici, à progresser sur cet aspect essentiel, à mon avis, de la souveraineté politique :

    Qui détient la souveraineté monétaire, qui a le pouvoir de battre monnaie ?

    C’est important, parce que ce pouvoir est sans doute le seul pouvoir qui vaille, le pouvoir dont découlent tous les autres pouvoirs.

    Et a contrario, celui qui n’a pas ce pouvoir n’a aucun pouvoir : la souveraineté politique procède de la souveraineté monétaire, et pas l’inverse.

    Si ce ne sont plus les représentants du peuple (des représentants placés sous le contrôle permanent du peuple) qui détiennent le pouvoir de battre monnaie, il ne faut pas s’étonner que le peuple ne compte politiquement pour RIEN.

    Amicalement.

    Étienne.

    ___________________

    PS : Paul prétend qu’il a avec lui Keynes, Marx et Engels… mais sans nous donner une seule citation… Hum

    J’ai moi-même donné des indications précises qui donnent à penser que Keynes dénonçait la monnaie-crédit comme une source de chômage.

    Marx lui-même, a ce que j’en connais, avait bien repéré, lui aussi, ce droit exorbitant accordé aux banque de créer du « capital fictif » dont les fonctions monétaires ne faisaient déjà aucun doute (ni pour Marx, ni pour les banquiers de l’époque), en concurrence avec la monnaie primitive qui n’était déjà plus le principal moyen de paiement. Il parlait de « capital fictif » un peu comme Allais dénonce les « banques faux-monnayeurs ».

    Mais si Paul a lu quelque part sous la plume de Marx la défense de son idée que « la seule monnaie vraiment en usage ne serait que la monnaie fiduciaire et que les banques ne feraient que faire circuler la monnaie fiduciaire sans jamais créer eux-mêmes de nouveaux signes équivalents aux espèces », il va nous dire sans difficulté où il a lu cela, (précisément, please, parce que Marx, c’est des milliers et des milliers de pages…).

    De mon côté, pour prouver ce que je dis à propos de Marx (ça ne vaut pas démonstration puisque la démonstration de la création monétaire privée est comptable, comme je l’ai rappelé plus haut), je reproduis ici un extrait du « Capital » de Karl Marx, extrait qui intéressera tout le monde ici, sans doute. Remarque : ce texte a 150 ans, écrit à une époque où la monnaie fiduciaire était encore gagée sur l’or, au lieu d’être comme aujourd’hui totalement dématérialisée. C’est dans le livre III, §5 :

    [C’est moi qui souligne. ÉC]

    Chapitre XXV : Le crédit et le capital fictif

    « Le plan de notre étude n’embrasse pas l’analyse détaillée du crédit et des instruments au moyen desquels il fonctionne ; nous n’entendons nous occuper que des points qui sont absolument nécessaires pour caractériser la production capitaliste en général. À ce point de vue le crédit commercial et le crédit en banque sont seuls intéressants pour nous et encore n’avons-nous pas à les envisager en ce qui concerne le rapport de leur développement avec celui du crédit public.

    J’ai exposé dans le premier volume (chap. III, 3, b) comment la circulation simple des marchandises appelle l’argent fonctionnant comme moyen de paiement et fait naître un rapport de créancier à débiteur entre le producteur et le commerçant. Cette base naturelle du crédit s’élargit, se généralise et se perfectionne à mesure que se développent le commerce et la production capitaliste, qui ainsi qu’on le sait ne travaille qu’en vue de la circulation. L’argent finit par fonctionner uniquement comme moyen de paiement, la marchandise n’étant plus vendue contre espèces sonnantes, mais sur un engagement écrit de la payer à un jour déterminé.

    Pour ne pas compliquer notre exposé nous appliquerons le nom général de traites ou d’effets à tous les engagements quels qu’ils soient qui interviennent entre les acheteurs et les vendeurs. Jusqu’au jour de l’échéance CES TRAITES CIRCULENT COMME MOYENS DE PAIEMENT, ET ELLES SONT EN RÉALITÉ LA MONNAIE DU COMMERCE. ELLES FONCTIONNENT INTÉGRALEMENT COMME MONNAIE LORSQU’ELLES SOLDENT DÉFINITIVEMENT LES COMPTES ENTRE UN DÉBITEUR ET UN CRÉANCIER, PUISQUE DANS CE CAS LA MONNAIE MÉTALLIQUE NE DOIT, INTERVENIR D’AUCUNE FAÇON.

    De même que les avances réciproques des producteurs et des commerçants sont la base du crédit, de même la traite est en réalité la base de la monnaie de crédit, des billets de banque, etc. ; car ceux-ci reposent, non sur la circulation monétaire (espèces ou papier), mais sur la circulation des lettres de change.

    W. Leatham (banquier en Yorkshire), Letters on the Currency, 2° éd., Londres 1840 :

    « Je trouve que pendant l’année 1838 les traites ont représenté un total de 528.493.842 £ (il évalue les lettres de change étrangères à environ 1/5 de cette somme) et que le montant des traites simultanément en circulation a été de 132.123.460 £. » (p. 56.)

    « Les lettres de change constituent une partie de la circulation qui dépasse toutes les autres réunies. » (p. 3.)

    « Cet énorme édifice de traites repose (!) sur une base constituée par les billets de banque et l’or et sa solidité et même son existence peuvent être mises en danger, si dans le cours des évènements cette base se rétrécit. » (p. 8.)

    « Lorsque je fais l’évaluation de tous les engagements des banques dont aux termes de la loi le paiement peut être exigé immédiatement en espèces, je trouve une somme de 153 millions alors que l’encaisse pour faire face à ces paiements n’est que de 14 millions en or. » (p. 11.)

    « Le contrôle des traites ne serait possible que si l’on mettait des obstacles à la surabondance de l’argent et à la réduction du taux de l’escompte qui produit en partie et favorise cette expansion considérable et dangereuse. Il est impossible de savoir quelle est l’importance totale des traites qui répondent à des transactions réelles et quelle est celle des effets fictifs, de la « cavalerie », ayant pour but de créer un capital fictif par la mise en circulation d’effets ne correspondant à aucune opération commerciale. Je sais que dans les périodes où la monnaie est abondante et à bon marché, de pareilles manœuvres sont très fréquentes. » (p. 43, 44.)

    J. W, Bosanquet, Metallic, Paper, and Credit Currency, Londres,1842 :

    « La moyenne des paiements faits journellement au Clearing House de Londres dépasse 3 millions de £ et la monnaie nécessaire pour solder ces comptes est d’un peu plus de 200.000 £. » (p. 36.)

    (En 1889 le chiffre des affaires traitées an Clearing House fut de 7618 ¾ millions de £, ce qui pour 300 jours ouvrables fait une moyenne de 25 ½ millions par jour. – F. E.)

    « Les lettres de change sont incontestablement un instrument de circulation (currency) indépendant de la monnaie, car grâce à l’endossement elles sont un moyen de transmission de la propriété. » (p. 92.)

    « On peut admettre qu’en moyenne chaque traite est endossée deux fois et effectue deux paiements avant d’arriver à échéance Il en résulte que l’endossement a eu pour effet pendant l’année 1839 de permettre des transferts de créances pour deux fois 528 millions, soit 1056 millions £, c’est-à-dire plus de 3 millions par jour. Il est certain que les traites et les dépôts fonctionnent comme monnaie pour au moins 18 millions de livres par jour. » (p. 93)

    Voici en quels termes Tooke parle du crédit en général :

    « Ramené à son expression la plus simple, le crédit est la confiance fondée on non qui amène quelqu’un à confier à un autre un capital, en argent ou en marchandise évaluée en argent, à condition d’en avoir la restitution dans un délai déterminé. Lorsque ce capital est prêté en argent, soit en billets de banque, soit en espèces, soit en une remise sur un [compte] correspondant, il sera restitué augmenté d’un certain pour cent pour l’usage qui en aura été fait. Lorsqu’il est avancé en marchandises, dont la valeur est alors fixée en argent de commun accord entre les parties, la somme à restituer comprend une indemnité pour l’usage du capital et le risque jusqu’à l’échéance. Des engagements écrits fixent dans les opérations de ce genre les dates aux quelles les restitutions doivent être faites, et ces engagements, qui sont transmissibles, procurent aux prêteurs le moyen, lorsque l’occasion s’en présente, d’utiliser leur capital avant qu’il soit restitué, d’emprunter ou d’acheter à des conditions avantageuses, parce que leur crédit est renforcé par la deuxième signature apposée sur la traite. » (Inquiry into the Currency Principle, p. 87.)

    Ch. Coquelin, Le Crédit et les Banques (Edit. Guillaumin, 1876, p. 60) :

    « Dans tout pays, le plus grand nombre des actes de crédit se consomment dans le cercle même des relations industrielles, c’est-à-dire de travailleur à travailleur, de commerçant à commerçant. Le producteur de la matière première en fait l’avance au fabricant qui doit la mettre en œuvre, en acceptant de lui une obligation payable à terme. Ce dernier, après avoir exécuté le travail qui le concerne, avance à son tour et aux mêmes conditions cette matière déjà préparée à quelque autre fabricant, qui doit lui faire subir une préparation nouvelle, et le crédit s’étend ainsi de proche en proche, d’un producteur à l’autre, jusqu’au consommateur. Le marchand en gros fait des avances de marchandises au marchand en détail, après en avoir reçu lui-même du fabricant ou du commissionnaire. Chacun emprunte d’une main et prête de l’autre, quelquefois de l’argent, mais bien plus souvent des produits. Ainsi se fait, dans les relations industrielles, un échange continuel d’avances qui se combinent et s’entrecroisent dans tous les sens. C’est surtout dans la multiplication et l’accroissement de ces avances mutuelles que consiste le développement du crédit, et c’est là qu’est le véritable siège de sa puissance. »

    L’autre aspect du crédit se rattache au développement du commerce d’argent, qui dans la production capitaliste marche naturellement d’un pas égal avec le commerce de marchandises et qui, ainsi que nous l’avons vu dans la partie précédente (chapitre XIX), comprend la garde du fonds de réserve, les opérations d’encaissement et de paiement, les paiements internationaux et le commerce de lingots. La seconde fonction des commerçants d’argent se rattache à l’administration du capital productif d’intérêts et du capital-argent; ils sont les intermédiaires entre les prêteurs et les emprunteurs. À ce point de vue, les opérations du banquier consistent à concentrer de grandes masses d’argent et de représenter, d’une part, l’ensemble des bailleurs de fonds et, de l’autre, l’ensemble des emprunteurs. Les profits qu’elles rapportent proviennent de ce que le banquier emprunte à un taux plus bas qu’il ne prête.

    Le capital dont les banquiers disposent pour leurs prêts leur afflue de différentes manières. En premier lieu se concentrent dans leurs mains, en leur qualité de caissiers des capitalistes industriels, le capital-argent que les producteurs et les commerçants doivent tenir en réserve et celui qui leur est remis en paiement; ces capitaux deviennent des capitaux empruntables. Grâce à cette opération de concentration, le fonds de réserve du commerce est réduit au minimum et une partie du capital-argent, qui aurait dormi comme fonds de réserve, est prêtée et fonctionne comme capital productif d’intérêts. Le capital disponible dans les banques est constitué, en second lieu par les dépôts de capitalistes d’argent, qui s’en rapportent aux banquiers du soin de trouver un placement pour leurs fonds ; ces dépôts, qui représentent les épargnes et l’argent momentanément inoccupé de toutes les classes, ont pris de l’importance dès que les banques ont atteint un certain degré de développement et surtout dès l’instant où elles ont payé un intérêt aux dépôts qui leur étaient confiés. De petites sommes, insuffisantes pour fonctionner isolément comme capital-argent, se groupent en grandes masses et représentent une puissance financière considérable. Cette action de la banque, qui consiste à, grouper de petits capitaux, ne doit pas être confondue avec son rôle d’intermédiaire entre les véritables capitalistes d’argent et les emprunteurs. Enfin le capital dont les banquiers disposent pour leurs prêts est constitué également par la partie des revenus qui n’est pas dépensée.

    Lorsqu’il s’agit du crédit commercial, les prêts se font par l’escompte des traites et les avances sous différentes formes : avances sur crédit personnel, avances sur gages (titres portant intérêts, fonds publics, actions de toute nature), avances sur connaissements, sur warrants et autres titres de propriété de marchandises, sur récépissés de dépôts, etc. Ces avances se font ou par une ouverture de crédit ou par la remise d’effets ou de chèques sur d’autres banques, ou par la remise de billets de banque quand la banque qui fait l’avance est une banque d’émission. Le billet de banque est simplement une traite payable à vue, que le banquier tire sur lui-même et qu’il remet en échange de la traite qu’il escompte. Cette forme du crédit frappe le vulgaire, d’abord parce que le titre de crédit qui y correspond franchit le cercle étroit de la circulation commerciale pour se répandre dans la circulation générale et y fonctionner comme monnaie; ensuite parce que dans la plupart des pays la banque principale d’émission a un caractère indécis, qui lui permet de fonctionner à la fois comme banque nationale et banque privée, qui lui assure l’accaparement du crédit national et fait plus ou moins de ses billets des moyens légaux de paiement; enfin parce que le billet de banque, qui est un litre de crédit circulant, établit à l’évidence que le banquier est un commerçant de crédit. (Le banquier fait ce commerce, non seulement quand il émet des billets de banque, mais quand il avance en espèces l’argent déposé chez lui.) En réalité, et le plus bel exemple en est fourni par les banques d’Écosse, le billet de banque ne constitue que la monnaie du commerce de gros et e~e sont les dépôts qui sont l’élément capital dans les banques.

    Nous n’avons pas, au point de vue de l’étude que nous avons à poursuivre, à nous occuper davantage des institutions spéciales du crédit, ni des formes spéciales des banques.

    « Les banquiers font deux genres d’affaires… 1° ils accumulent les capitaux de ceux qui ne trouvent pas à les employer immédiatement, pour les transmettre et les distribuer à ceux qui en ont emploi. 2° ils gardent les revenus de leurs clients pour les leur restituer à mesure qu’ils en ont besoin. La première de ces opérations constitue la circulation du capital, la seconde, la circulation de l’argent (currency.) L’une est la concentration du capital suivie de sa distribution ; l’autre est l’administration de la circulation pour des usages locaux ». – Tooke, Inquiry into the Currency Principle, p. 36, 37.

    Nous reviendrons sur ce passage dans le chapitre XXVIII.

    Reports of Committees. Vol. VIII. Commercial Distress. Vol. II Part. 1, 1847-48. Minutes of Evidence (que nous citerons désormais sous le titre : Commercial Distress, 1847-48). De 1840 à 1850, les traites présentées à l’escompte à Londres furent payées dans un grand nombre de cas, non par des billets de banque, mais par des traites tirées à 21 jours d’une banque sur l’autre (Témoignage de J. Pease, banquier de province, n° 4636 et 4656). D’après le même rapport, dès que la monnaie se faisait rare, les banquiers avaient l’habitude d’employer également ces traites pour payer leurs clients, et si ceux-ci voulaient obtenir des billets de banque, ils devaient de nouveau escompter ces traites. CETTE OPÉRATION ÉQUIVALAIT POUR LES BANQUIERS DU PRIVILÈGE DE FAIRE DE L’ARGENT. Elle était mise en pratique de temps immémorial par la maison Jones, Loyd et Co, qui y avait recours dès que le taux de l’intérêt dépassait 5 %. Les clients étaient très satisfaits d’être payés en traites provenant de Jones, Loyd et Co, parce qu’ils les escomptaient plus facilement que les leurs, aussi ces traites passaient-elles par vingt, trente mains (ibidem, n° 901, 904, 995.)

    Toutes ces formes ont pour but de rendre les titres de crédit transmissibles.

    « Quelle que soit sa forme, le crédit doit fonctionner à un moment donné comme monnaie ; que cette forme soit le billet de banque, la traite ou le chèque, les opérations et leur résultat sont essentiellement les mêmes ». Fullarton, On the Regulation of Currencies, 2° éd., Londres, 1845, p. 88.

    « Les billets de banque sont la monnaie divisionnaire du crédit » (p. 57).

    Les lignes suivantes sont empruntées à J. W. Gilbart, The History and Principles of Banking, Londres, 1834 :

    « Le capital d’une banque se compose de deux parties, le capital engagé (invested capital) et le capital de banque (banking capital) qui est emprunté (p. 117).

    Le capital de banque se constitue de trois manières : 1° en recevant des dépôts ; 2° en émettant des billets de banque ; 3° en tirant des traites. Lorsque quelqu’un consent à me prêter gratuitement 100 £ et que je donne cet argent en prêt à un autre au taux de 4 % par an, je fais une opération qui me rapporte 4 £ à la fin de l’année. De même lorsque celui qui a accepté mon billet de banque, c’est-à-dire ma promesse de paiement, (I promise to pay est la formule habituelle des billets de banque en Angleterre) me le restitue à la fin de l’année en me payant 4% d’intérêt comme si je lui avais prêté 400 £, je gagne 4 £; enfin si dans une ville de province quelqu’un me remet 100 £ à condition que je les paie 21 jours plus tard à une personne de Londres, je touche comme profit l’intérêt que rapportera cet argent pendant les 21 jours. Voilà un exposé succinct des opérations d’une banque et des. moyens qui permettent de créer un capital de banque par des dépôts, des billets de banque et des traites (p. 117).

    En général, le profit d’un banquier est en raison de l’importance de son capital de banque, c’est-à-dire de son capital emprunté, et il faut évidemment pour le déterminer défalquer du profit brut l’intérêt du capital engagé (p. 148).

    Les avances d’un banquier à ses clients sont faites avec l’argent des autres (p. 146).

    Seuls les banquiers qui n’émettent pas de billets créent leur capital de banque en escomptant des traites, leurs opérations d’escompte venant grossir leurs dépôts. Les banquiers de Londres n’escomptent qu’aux maisons qui ont un compte-courant chez eux (p. 119).

    Une firme qui escompte des traites chez son banquier doit laisser en dépôt chez celui-ci sans intérêt une partie du montant de ses traites ; de cette manière le banquier reçoit pour l’argent qu’il a avancé un intérêt plus élevé que l’intérêt courant et il se constitue un capital de banque au moyen de l’argent qu’il retient » (p. 129)

    « Grâce aux virements de compte, les banques de dépôts font des économies d’instruments monétaires et règlent avec une petite quantité de numéraire des affaires de grande importance. L’argent qui n’est pas employé pour ces opérations sert au banquier à faire des avances à ses clients, en escomptant leurs billets, etc., et c’est ainsi que les virements de compte augmentent la puissance des banques de dépôts » (p. 123).

    «Peu importe que les clients en relation d’affaires aient ou non le même banquier ; les banques échangent leurs chèques au Clearing House. Les virements de compte pourront donc pousser le système des dépôts à un tel développement que l’emploi de la monnaie métallique deviendra complètement inutile. Si chacun avait un compte-courant chez un banquier et effectuait tous ses paiements en chèques, ceux-ci deviendraient l’exclusif instrument des échanges. Avec une organisation pareille les banquiers devraient posséder la monnaie, car sans cela les chèques n’auraient pas de valeur » (p. 124) :

    La centralisation des transactions locales dans les banques se réalise : 1° par les banques succursales; (Les banques départementales ont des succursales dans les petites villes, de même que les banques de Londres en ont dans les différents quartiers de la ville). 2° par les agences.

    « Chaque banque départementale a un agent à Londres, pour y payer ses traites et rembourser ses billets, et recevoir les paiements d’habitants de Londres pour compte de leurs créanciers de province » (p. 127). Chaque banquier reçoit les billets des autres et ne les émet plus ; mais dans chaque grande ville, tous se réunissent une ou deux fois par semaine pour faire l’échange de leurs billets et solder la différence en bons sur Londres (p. 134).

    «Le but des banques est de faciliter les affaires. Tout ce qui facilite les affaires facilite la spéculation, et souvent les deux sont si intimement liées qu’il est difficile de dire où finissent les affaires et où commence la spéculation. Partout où il existe des banques, on obtient le capital avec plus de facilité et à meilleur compte. Ce bon marché du capital favorise la spéculation, de même que le bon marché de la viande et de la bière encourage la gourmandise et l’ivrognerie » (p. 137, 138).

    « Étant donné que les banques d’émission paient avec leurs billets, il peut sembler que leurs opérations d’escompte soient faites exclusivement avec le capital constitué par ces billets. Cependant il n’en est rien. Alors même qu’un banquier paie avec ses billets toutes les traites qu’il escompte, il se peut que les 9/10 des traites se trouvant en sa possession représentent un capital réel ; car de ce qu’il a payé les traites au moyen de billets de son émission, il ne résulte pas que ces billets restent en circulation jusqu’à l’échéance des traites. Celles-ci peuvent avoir à courir pendant trois mois, alors que les billets peuvent rentrer à la banque en trois jours » (p. 172).

    Le dépassement des comptes par les clients se présente régulièrement dans le monde des affaires. C’est pour cela que les ouvertures de crédit doivent être garanties. Les crédits sont ouverts, non seulement sur une garantie personnelle, mais contre un dépôt de titres, de valeurs » (p. 174, 175).

    Lorsqu’il est avancé sur marchandises données en nantissement, le capital produit les mêmes effets que lorsqu’il est avancé pour des traites présentées à l’escompte. Lorsque quelqu’un emprunte 100 £ en donnant des marchandises en garantie, c’est comme s’il les avait vendues contre une traite de 100 £, qu’il escompterait ensuite chez un banquier. Mais l’avance d’argent lui permet de garder ses marchandises jusqu’à ce que le marché devienne plus favorable et d’échapper au sacrifice qu’il aurait dû s’imposer s’il avait dû se procurer de l’argent à tout prix » (p. 180, 181).

    The Currency Question Reviewed, etc., p. 61, 63 :

    « Il est incontestable que les 1000 £ que je dépose aujourd’hui chez A seront mises en circulation demain et constitueront un dépôt chez B. Après-demain elles passeront à C, et ainsi de suite d’une manière indéfinie. Ces 1000 £ de monnaie peuvent donc, grâce à ces transferts successifs, représenter une somme indéterminable de dépôts, et c’est ainsi qu’il est possible que les neuf dixièmes des dépôts n’existent en Angleterre que dans les livres des banquiers, responsables chacun pour leur part… Il en est de même en Écosse où la monnaie en circulation (presqu’exclusivement en papier !) ne dépasse jamais 3 millions de £ alors que les dépôts s’élèvent à 27 millions. Aussi longtemps qu’il ne se produit pas une demande de restitution brusque et en masse des dépôts (a run on the banks), ces mêmes 1000 £ revenant sur leurs pas pourront avec la même facilité solder un nombre indéterminable de comptes. Je les donnerai aujourd’hui à un commerçant à qui je les dois ; celui-ci les emploiera demain pour payer la dette qu’il a à l’égard d’un troisième; ce dernier en fera usage après-demain pour se mettre en règle avec sa banque, et ainsi, passant de main en main et de banque en banque, ces 1000 £ solderont toute somme imaginable. »

    [Note d’Engels : Nous avons vu que déjà en 1831, Gilbart savait que « tout ce qui facilite les affaires facilite la spéculation, les deux étant souvent si intimement liées qu’il est difficile de décider où finissent les affaires et où commence la spéculation. » Plus il est facile d’obtenir des avances d’argent sur des marchandises non vendues, plus de pareilles avances sont demandées, plus on est tenté, dans le seul but d’en obtenir, de fabriquer des marchandises ou d’en inonder des marchés éloignés. L’histoire du commerce anglais nous présente pendant la période allant de 1815 à 1817, un exemple frappant de la manière dont le monde des affaires d’un pays peut tout entier être pris d’un pareil vertige et de la fin qui attend des opérations de ce genre ; elle nous montre en même temps ce dont le crédit est capable. Mais quelques explications préliminaires sont nécessaires.

    Dans les derniers mois de 1812 la crise, qui depuis 1837 n’avait cessé de peser sur l’industrie anglaise, commença à prendre fin. Pendant les deux années suivantes la demande de produits anglais par l’étranger alla en croissant et la prospérité atteignit son point culminant en 1845-1846. En 1813 la guerre de l’opium était venue ouvrir la Chine au commerce anglais et ce nouveau débouché avait encouragé l’expansion déjà si vivace de l’industrie et surtout de l’industrie du coton. « Comment pourrions-nous jamais trop produire ? Nous avons 300 millions d’hommes à habiller », me disait alors un fabricant de Manchester. Toutes les fabriques qu’on bâtissait, toutes les machines à vapeur et tous les métiers à filer et à tisser qu’on installait étaient insuffisants pour absorber le torrent de plus-value qui affluait du Lancashire. On s’était jeté sur la construction des chemins de fer avec la même passion qu’on développait l’industrie, et c’est sur ce terrain que les fabricants et les commerçants commencèrent, déjà dès l’été de 1844, à donner libre carrière à leur passion de la spéculation. On souscrivait des actions tant et plus, pourvu qu’on eût l’argent pour les premiers versements ; l’avenir se chargerait du reste ! D’après la question 1059, C. D. 1849/57, on engagea pendant les années 1846-47 un capital de 75 millions dans les chemins de fer ; aussi quand vint le moment de parfaire les versements, fallut-il recourir au crédit et saigner dans la plupart des cas le capital engagé directement dans les affaires. Or dans beaucoup d’entreprises ce capital était lui-même obéré ; la perspective des profits élevés avait entraîné à des opérations beaucoup plus importantes que ne le permettait l’avoir liquide dont on disposait. Le crédit était cependant abondant et à bon marché. Le taux de l’escompte avait varié de 4 ¾ à 2 ¼ % en 1844, pour s’élever à 3 % en octobre 1845 et 5 %, en février 1846, et retomber ensuite à 3 ¼ % en décembre 1846. Les banques avaient une encaisse en or inconnue jusque-là et la Bourse cotait plus haut que jamais toutes les valeurs du pays. C’eut été de la naïveté de perdre une si belle occasion et de ne pas entrer carrément dans la danse. Pourquoi ne pas fabriquer tant qu’on pouvait et inonder de marchandises les marchés étrangers qui soupiraient après les produits anglais ? Pourquoi ne pas profiter de l’occasion qui s’offrait de faire un double bénéfice en vendant en Extrême-Orient les fils et les tissus et en écoulant en Angleterre les marchandises importées en échange ?

    Ainsi se développèrent les consignations en masse sur l’Inde et la Chine, qui ne tardèrent pas à devenir un système ayant pour but exclusif, ainsi que l’établiront les notes suivantes, l’obtention d’avances d’argent et qui devaient nécessairement aboutir à l’encombrement des marchés et au krach. Celui-ci éclata après les mauvaises récoltes de 1846. D’énormes quantités de produits alimentaires, surtout de céréales et de pommes de terre, durent être importées en Angleterre et en Irlande, et les pays qui les fournirent ne purent guère être payés en produits de l’industrie anglaise. On fut obligé d’envoyer à l’étranger au moins neuf millions d’or. La Banque d’Angleterre en fournit 7 ½ millions, mais sa liberté d’action sur le marché financier en fut sérieusement atteinte. Les autres banques, dont les réserves sont déposées à la Banque d’Angleterre et s’identifient en réalité avec celle de la Banque, durent également enrayer leur mouvement monétaire, si bien que le courant des paiements commença par rencontrer des difficultés et finit par s’arrêter complètement. L’escompte, qui en janvier 1847 était encore de 3 à 3 ½ %, s’éleva à 7 %, aux premiers symptômes de la panique qui se manifestèrent en avril ; il retomba momentanément à 6 et même à 5 % pour monter résolument dès que les conséquences de la mauvaise récolte portèrent la panique à son comble. Le taux officiel de l’escompte fut au moins de 7 % en octobre et de 10 %, en novembre, ce qui revient à dire que la plus grande partie des traites fut escomptée à un taux usuraire et même ne fut pas escomptée du tout. Plusieurs maisons de premier ordre et un grand nombre de moyennes et de petites firent faillite, et la Banque elle-même fut menacée. Sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement fut obligé de suspendre le 25 octobre le Bank Act de 1881 et d’autoriser le cours forcé, ce qui ne pouvait évidemment rien compromettre, le crédit des billets de banque étant garanti en fait par le crédit de la nation. Le manque de monnaie métallique cessa de faire sentir ses effets et si toute une série de grands et de petits établissements embourbés sans rémission fit encore faillite, la crise cependant put être considérée comme vaincue. En septembre l’escompte était redescendu à 5 % et déjà en 1848 s’esquissait la nouvelle reprise des affaires, qui vint enrayer en 1819 les mouvements révolutionnaires du continent, qui provoqua après 1850 la plus brillante prospérité que l’industrie eût connue jusque-là et se termina… par le krach de 1857. – F. Engels. ]

    1. Une pièce émanant de la Chambre des Lords et publiée en 1848 donne des détails intéressants sur la dépréciation colossale que subirent les fonds publics et les actions pendant la crise de 1847. Elle donne les chiffres suivants sur la perte subie par les valeurs de février à octobre 1847 :

    Fonds publics anglais 93.824.217 £
    Actions de docks et de canaux 1.358.288 £
    Actions de chemins de fer 19.579.820 £
    Total 114.762.325 £

    2. Le Manchester Guardian du 24 novembre 1848 donne les renseignements suivants sur la fièvre d’affaires avec les Indes Orientales, durant laquelle on ne tira pas des traites parce que des marchandises étaient vendues, mais on vendit des marchandises pour avoir des traites à escompter et transformer en argent :

    A de Londres achète, par l’intermédiaire de B, au fabricant C de Manchester des marchandises à expédier à D aux Indes. B paie C par une traite à six mois et se couvre par une traite à six mois sur A, qui tire à, six mois sur D dès que les marchandises sont embarquées. « De cette manière l’acheteur (A) et le vendeur (B) touchent de l’argent longtemps avant qu’ils ne paient la marchandise en espèces, sans compter que très souvent à l’échéance ils ont soin de renouveler leurs traites, sous prétexte que dans des expéditions à si longue distance il faut beaucoup de temps pour voir rentrer son argent. Ce qui était malheureux dans ces opérations c’était qu’au lieu de perdre en importance, elles prenaient de l’extension dès que les pertes survenaient. Plus ceux qui y prenaient part devenaient pauvres, plus ils éprouvaient le besoin d’acheter, afin d’obtenir des avances pour remplacer le capital perdu dans les opérations précédentes, et ils achetaient, non parce que la demande les y engageait, mais uniquement pour faire une opération financière. En outre ce qui se passait en Angleterre se renouvelait aux Indes. Des maisons indiennes dont le crédit était suffisant pour permettre d’escompter leurs traites, achetaient du sucre, de l’indigo, de la soie, du coton, non parce que les prix étaient plus avantageux que les derniers prix de Londres, mais parce que les traites qu’ils avaient à payer à des maisons de Londres approchaient de l’échéance et devaient être couvertes. Quoi de plus simple que d’acheter un chargement de sucre, de le payer par une traite à six mois au profit du vendeur et d’envoyer par poste le connaissement à Londres ? Moins de deux mois après et alors que la marchandise était à peine chargée, le connaissement était gagé à Lombard Street et la maison de Londres avait de l’argent huit mois avant que les traites tirées pour le paiement de la marchandise arrivassent à échéance.» Et tout cela alla régulièrement, sans interruption ni difficulté, aussi longtemps que les comptoirs d’escompte eurent de l’argent en abondance pour l’avancer contre des connaissements et des warrants, et escompter quel qu’en fut l’import les traites des maisons indiennes sur les « bonnes » firmes de Mincing Lane.

    [Ces tripotages restèrent en vogue aussi longtemps que les communications avec les Indes se firent par le Cap. Le canal de Suez et les transports par steamers qui en furent la conséquence, sont venus ruiner cette méthode de fabriquer du capital fictif, qui reposait sur la longue durée du transport des marchandises et qui est devenue tout à fait impossible depuis que le télégraphe informe le jour même le négociant de Londres de la situation du marché des Indes et réciproquement. – F. Engels]

    3. Le rapport sur la Commercial Distress 1847-48 dit ce qui suit :

    « Pendant la dernière semaine d’avril 1847 la Banque d’Angleterre fit savoir à la Royal Bank of Liverpool que son ouverture de crédit était réduite de moitié. Cette décision eut des conséquences fâcheuses, étant donné que depuis quelque temps déjà, les paiements se faisaient à Liverpool beaucoup plus en traites qu’en espèces, les négociants remettant en paiement à la banque, non plus de l’argent comme précédemment, mais des effets qu’ils avaient reçus eux-mêmes pour leurs fournitures de coton et autres produits. Les billets que la banque avait à liquider pour les commerçants étaient pour la plupart payables à l’étranger et avaient été soldés en grande partie jusque-là par les sommes dues pour les livraisons des produits. Mais maintenant, au lieu de remettre des espèces, les négociants apportaient des effets de différente nature et à des échéances variées, payables en grande partie à trois mois et correspondant à des ventes de coton. Les unes étaient payables en banque à Londres, les autres étaient tirées directement sur des commerçants de toute espèce, encagés dans les affaires brésiliennes, américaines, canadiennes, indiennes, etc…. Les commerçants de Liverpool ne tiraient pas les uns sur les autres, mais leurs clients du pays qui avaient acheté des produits à Liverpool leur remettaient des traites sur des banques ou des maisons de commerce de Londres ou sur n’importe qui. La décision de la Banque d’Angleterre eut pour conséquence que la circulation, qui précédemment dépassait généralement trois mois, dut être réduite pour les traites données en paiement pour les produits vendus à l’étranger. » (p. 26, 27).

    Ainsi que nous l’avons déjà dit, la période de prospérité de 1844-47 fut accompagnée en Angleterre des premières grandes spéculations sur les valeurs de chemins de fer. Le rapport que nous venons de citer analyse comme suit les conséquences de ces opérations :

    « En avril 1847, la plupart des maisons de commerce s’étaient décidées à faire languir plus ou moins leurs affaires (to starv their business) en engageant une partie de leur capital dans les chemins de fer (p. 41), qui avaient emprunté en même temps, au taux élevé de 8 %, à des particuliers, des banquiers et des compagnies d’assurances (p. 66). Pour pouvoir continuer les affaires, les maisons de commerce furent obligées de s’adresser aux banques et de leur prendre, par l’escompté de traites, plus de capital qu’il n’aurait fallu (p. 67). – (Question) Entendez-vous dire que les versements qui furent faits sur les actions souscrites aux chemins de fer contribuèrent pour une large part à la dépression dont souffrit le marché financier en avril et octobre 1847 ? – « Je crois qu’ils eurent plus d’influence sur la dépression du mois d’avril. À mon avis ils consolidèrent plutôt la situation des banquiers jusque probablement en été. L’argent ne fut pas dépensé immédiatement après qu’il fut versé, et les banques eurent à leur disposition, au commencement de l’année, une bonne partie des fonds des chemins de fer. »

    (Cette déclaration fut confirmée par de nombreux témoignages de banquiers dans le C.D. 1848/57).

    « Ces fonds furent écoulés petit à petit en été et se trouvèrent considérablement réduits le 31 décembre. Ce fut précisément cette diminution progressive des fonds des chemins de fer – ils diminuèrent d’un tiers du 22 avril au 31 décembre – qui fut la cause de la dépression du mois d’octobre, dont l’effet se fit sentir dans toute l’Angleterre et soutira petit à petit les dépôts de toutes les banques » (p. 43, 44.).

    Une constatation identique est faite par Samuel Gurney, le chef de la célèbre maison Overend Gurney & Co :

    « En 1846 la demande de capital fut considérable de la part des compagnies de chemins de fer ; elle ne fit cependant pas monter le taux de l’intérêt. Beaucoup de petites sommes furent condensées en de grandes et celles-ci furent transportées sur le marché financier, la tactique étant de jeter sur le marché de la City plus d’argent qu’on n’en retirait. »

    M. Hodgson, directeur de la Liverpool Joint Stock Bank, établit dans les termes suivants jusqu’à quel point les traites peuvent constituer la réserve des banques :

    « Nous avions l’habitude de retenir dans notre portefeuille les traites échéant au jour le jour, jusqu’à concurrence des neuf dixièmes de nos dépôts et de l’argent qui nous était confié par des tiers… ce qui eut pour conséquence que pendant la crise les traites que nous eûmes à encaisser journellement équilibrèrent les paiements que nous eûmes à faire. » (p. 53).

    Les traites de spéculation :

    N° 5092. « Par qui les traites (correspondant à des ventes de coton) étaient-elles principalement acceptées ? – R (Gardner, le filateur de coton dont il est plusieurs fois question dans notre ouvrage). Par des courtiers en marchandises. Un commerçant achète du coton, le remet à un courtier, tire une traite sur celui-ci et la porte à l’escompte.

    N° 5094. Et ces traites sont présentées aux banques de Liverpool et y sont escomptées ? – À Liverpool et ailleurs… Si cette circulation de complaisance, qui fut admise principalement par les banques de Liverpool, n’avait pas été appliquée, la livre de coton eut été à mon avis de 1 ½ à 2 d. moins chère l’année dernière.

    N° 600. Vous dites que des traites en nombre considérable, tirées par des spéculateurs sur des courtiers en coton, ont circulé à Liverpool. En a-t-il été de même pour des traites se rapportant à d’autres produits coloniaux que le coton ? – (A. Hodgson, banquier à Liverpool). Oui ; mais l’opération a porté principalement sur le coton.

    N° 601. Comme banquier, aimez-vous mieux ne pas recevoir de ces traites ? – D’aucune manière ; nous les considérons comme des effets absolument réguliers, pour autant que la masse n’en devient pas trop considérable… Ces traites sont souvent renouvelées ».

    Tripotages sur le marché de l’Extrême-Orient en 1847. – Charles Turner, chef d’une des premières firmes de Liverpool faisant le commerce avec les Indes Orientales :

    « Nous connaissons tous ce qui s’est produit dans les affaires avec l’île Maurice et d’autres affaires du même genre. Les courtiers, qui avaient l’habitude de faire des avances sur les connaissements et sur les marchandises dès qu’elles étaient arrivées à destination, ce qui est tout à fait dans l’ordre s’étaient mis également à faire des avances sur des produits qui n’étaient pas encore embarqués et même qui n’étaient pas encore fabriqués. C’est ainsi que j’avais acheté à Calcutta des traites pour six à sept mille livres, dont le montant devait être appliqué à des plantations de sucre dans l’île Maurice. Les traites furent présentées en Angleterre et plus de la moitié fut protestée. Quand le sucre qui devait permettre de les payer nous arriva, il se trouva qu’il avait été gagé à des tiers avant d’être embarqué, presqu’avant d’être raffiné (p. 78). Les marchandises en destination des Indes Orientales doivent maintenant être payées au comptant au fabricant. Mais cela n’a guère d’importance, car si l’acheteur jouit de quelque crédit à Londres, il tire sur Londres, y escompte sa traite (l’escompte y étant à bon marché) et paie le fabricant avec l’argent qu’il obtient… Il faut au moins douze mois pour que celui qui embarque des marchandises pour les Indes en reçoive l’argent … Celui qui veut traiter avec ce pays et qui dispose de 10 ou 15.000 £ quand il commence les affaires, se fera ouvrir un crédit suffisant dans une maison de Londres; il lui payera 4 % pour pouvoir tirer sur elle, le produit des marchandises vendues aux Indes devant être adressé directement à cette maison et celle-ci ayant l’assurance en vertu d’une convention secrète que ses traites seront renouvelées jusqu’au moment où ce produit lui aura été payé. Des traites de ce genre sont escomptées à Liverpool, à Manchester, à Londres ; les banques écossaises en possèdent un certain nombre (p. 79).

    N° 730. L’examen des livres d’une maison de Londres qui fit faillite il n’y a pas longtemps, fit découvrir ce qui suit : Deux firmes, l’une à Manchester, l’autre à Calcutta, s’étaient fait ouvrir un crédit de 200.000 £ dans une maison de Londres, Les fournisseurs de la maison de Manchester, qui de Manchester ou de Glasgow envoyèrent des marchandises en consignation à, la maison de Calcutta, tirèrent sur la maison de Londres jusqu’à concurrence de 200.000 £, mais en même temps, en vertu de la convention, la maison de Calcutta tira également sur la maison de Londres pour une somme de 200.000 £. Ces dernières traites furent vendues à Calcutta et le produit de la vente fut employé à acheter d’autres traites, qui furent envoyées à Londres pour permettre à la maison de Londres de payer les traites tirées par les fournisseurs de Glasgow et de Manchester. Cette combinaison permit de mettre pour 600. 000 £ de traites en circulation.

    N° 971. À présent, lorsqu’une maison de Calcutta a payé avec ses propres traites tirées sur son correspondant de Londres un chargement en destination de l’Angleterre, il suffit qu’elle envoie le connaissement à Londres, pour qu’il puisse être utilisé comme gage dans Lornbard Street pour obtenir des avances d’argent ; celles-ci seront donc faites huit mois avant que les traites viennent à échéance ».

    4. En 1848 un comité de la Chambre haute fut chargé de poursuivre en secret une enquête sur les causes de la crise de 1847 ; les témoignages qu’il recueillit furent publiés en 4857 sous le titre de Minutes of Evidence taken before the Secret Committee of the H. of L. opposated to inquire into the causes of distress, etc. Nous y trouvons la déposition suivante faite par M. Lister, directeur de la Union Bank Liverpool :

    « 2444. Il y eut, au printemps 1847, une expansion irrationnelle du crédit due à ce que des commerçants qui avaient retiré une partie de leur capital du commerce pour l’engager dans les chemins de fer, voulaient conserver quand même leur ancienne importance à leurs affaires. Tous espéraient sans doute vendre à profit leurs actions de chemins de fer et reconstituer ainsi leur capital ; mais tous trouvèrent que cela n’était pas possible et ils durent faire appel au crédit pour des paiements que précédemment ils pouvaient faire au comptant. De là, l’expansion du crédit ».

    « 2500. Ces traites qui mirent en perte les banquiers qui en étaient porteurs, étaient-elles tirées principalement pour payer des achats de céréales ou de coton ? – Elles correspondaient à des achats de toute nature, des céréales, du colon, du sucre. Aucun produit, sauf peut-être l’huile, n’échappa à la dépression des prix.

    « 2506. Un courtier se garde bien d’accepter une traite s’il n’est pas suffisamment couvert, même contre une dépréciation de la marchandise qui lui sert de garantie.

    « 2512. Deux espèces de traites sont tirées contre des produits. La première catégorie comprend les traites tirées de là-bas sur les importateurs. Elles arrivent généralement à échéance avant que les produits ne soient arrivés à destination. Aussi le commerçant doit-il, s’il ne dispose pas d’un capital suffisant, donner sa marchandise en gage à un courtier jusqu’à ce qu’il ait trouvé à la vendre. Dans ce cas, le commerçant de Liverpool tire immédiatement sur le courtier une traite de la seconde catégorie, garantie par sa marchandise… il appartient ensuite au banquier de s’assurer si le courtier est en possession de la marchandise et de s’informer de ce qu’il a avancé sur elle. Il doit s’assurer si le courtier est suffisamment couvert pour la perte qu’il pourrait éventuellement subir.

    « 2516. On nous envoie également des traites de l’étranger. Quelqu’un achète là-bas une traite sur l’Angleterre et l’envoie à une maison anglaise; nous ne pouvons pas nous rendre compte de ce que la traite est sérieuse ou non, ni contrôler si elle représente des produits ou du vent.

    « 2533. Vous disiez que des produits étrangers pour ainsi dire de toute nature avaient été vendus à grande perte. Croyez-vous qu’il en fut ainsi parce qu’on avait fait des spéculations aventureuses sur ces produits ? . – La cause fut qu’il y eut une importation considérable alors qu’il n’y avait pas une consommation correspondante pour l’absorber. Il semble que la consommation diminua énormément.

    «2537. En octobre… les produits furent à peu près invendables ».

    Dans le même rapport, un connaisseur de premier ordre, le très digne et très roué quaker Samuel Gurney de Overend Guerney et Co, nous montre comment le krach arrivant à son point culminant, ce fut un sauve-qui-peut général :

    « 1262. Lorsqu’une panique se produit, l’homme d’affaires ne se demande pas à quel taux il peut placer son argent, ni s’il perdra 1 ou 2 %, en vendant ses bons du trésor ou son trois pour cent. Une fois qu’il est sous le coup de la frayeur, il se préoccupe peu de perdre ou de gagner ; il se sauve, que le reste du monde se débrouille.

    5. En ce qui concerne l’encombrement de deux marchés l’un par l’autre, voici un extrait de la déposition que fit M. Alexander, commerçant s’occupant d’affaires avec les Indes Orientales, devant la Commission de la Chambre des communes faisant en 1857 une enquête sur les banques :

    « 4330. Si en ce moment j’avance 6 sh. à Manchester, on m’en restitue 5 aux Indes, et si j’en avance 6 aux Indes, j’en retrouve 5 à Londres ».

    Le marché des Indes était donc encombré par des produits expédiés d’Angleterre et le marché anglais l’était par des produits venant des Indes. Et cela se passait pendant l’été de l’année 1857, à peine dix ans après la cruelle expérience de 1847 ! »

    Source : Karl Marx, « Le capital ».

    Voilà.

    Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne ressort pas de ces écrits (assez connus) de Marx et Engels que les banques commerciales ne créent pas de monnaie…

    Puisque Paul mobilise Marx, Engels et Keynes à l’appui de sa thèse baroque, j’attends, donc (de Paul et de ceux qui sont d’accord avec Paul) des citations de Marx, Engels ou Keynes qui affirment (et démontrent) que, par le mécanisme du crédit, les banques ne créent pas de monnaie et ne font que faire circuler la monnaie banque centrale (avec une « conservation des quantités »). Il y en a peut-être, je suis très intéressé de les connaître.

    Amicalement.

    Étienne.

  26. Avatar de Sophie
    Sophie

    @Archimondain
    Désolée, je dois aller bosser, je n’ai pas le temps de détailler les wiki (libéraux ou non), mais j’ai trouvé 3 pages qui semblent pouvoir éclairer notre débat (à propos des limites de la création monétaire par le système bancaire – monnaie scripturale de crédit, évidemment – compte tenu des régles)
    http://www.societal.org/monnaie , puis vous éléchargez les pages amphi10.png, amphi11.png et amphi12.png
    Après, avec l’exemple de l’image 11 (p 66), il suffit de faire varier les données (demandes de billets, réserves obligatoires) pour voir qu’avec 2% de réserves obligatoires (zone euro), les capacités de création de monnaie de crédit par les banques commerciales s’envolent vite, mais ne sont néanmoins pas illimitées (comme se gaussent certains qui voudraient faire croire que nous soutenons cette idée).
    Néanmoins, s’il n’y avait qu’une seule banque (pas de concurrence ni de « fuites ») ses capacitées de crédit seraient illimitées puisque toute la monnaie émise reviendrait nécessairement dans ses comptes…

  27. Avatar de Paul Jorion

    @ Etienne Chouard

    Le chapitre du Capital que tu cites est intéressant (bien qu’à son habitude Marx batte la campagne et se perde sous une accumulation de citations) mais tous ceux qui auront la patience de le lire verront qu’il s’agit d’une mise en accusation des spéculateurs sur les marchés à terme – résultant d’une anticipation du remboursement du crédit.

  28. Avatar de unevilleunpoeme

    Pour Karl Marx, j’espère que tu n’as pas recopié l’extrait à la main !

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