Dans la série “billets invités” : Daniel Dresse m’a signalé par courriel son désaccord avec moi et je lui ai demandé de bien vouloir le partager avec vous, ce qu’il a accepté.
Constitution pour l’économie : pas d’accord
Je voudrais aborder avec vous la question qui fâche, la seule où je me sens en état d’incompatibilité avec vous : le sens et l’utilité d’une constitution économique.
J’ai beau relire régulièrement les billets dans lesquels vous analysez les raisons qui vous ont amené à formuler tel projet, les débats pointus qu’ils ont déclenchés, et aussi la conclusion de votre dernier livre (ou avant-dernier puisque vous ne nous laissez pas le temps de souffler), je n’arrive pas à me ranger derrière vos arguments.
Vous remettez trop de choses en cause, lesquelles sont charnellement ancrées en moi de par l’éducation et l’instruction que j’ai reçue, de par la culture historique qui m’a pétri et les mythes qui m’ont fait rêver. En un mot, il y a des idées simples qui font partie de ma vie et auxquelles il m’est impossible de renoncer, cela d’autant plus qu’elles participent autant que les vôtres de l’ordre du rationnel.
Celle-ci par exemple : une constitution ne peut être fondée par elle-même, sans quoi elle devient un traité d’expert, ou d’oligarques, totalement coupée de la souveraineté du ou des peuples dont elle va désormais régir d’autorité l’existence (Demandez donc à Etienne Chouard, il vous expliquera cela très bien).
Quand vous parlez de Constitution Mondiale de l’Economie, je ne peux m’empêcher d’évoquer l’image, bien connue, d’une salle de réunion tristement éclairée, dans laquelle trois ou quatre personnes, après avoir longuement débattu entre eux –habilement il est vrai – demande au reste de l’assistance, qui n’a pas très bien tout compris, de voter rapidement (car le concierge menace de couper la lumière) sur une question absconse sortie comme par magie d’un chapeau.
Je ne peux m’empêcher aussi de penser – par analogie – à la procédure qui avait présidé à l’élaboration du Traité Constitutionnel Européen, où une sorte de « comité des sages » avaient décrété dans leur petit coin ce qui allait être bon pour nous tous, peuples européens, en ne nous laissant pour nous exprimer que le choix de dire oui ou non au fruit inextricable de leurs cogitations.
Connaissant le sens profond de votre démarche, je sais ce que vous pourriez me répondre : « Vous n’avez rien pigé, Ô rat d’hôtel velléitaire, vous vous placez dans le champ civilisé du politique, alors que moi, Jorion de la Vega, dit Zorro, je me hisse au niveau du champ économique, lequel n’a précisément pas été encore affecté par ce processus de civilisation ».
Le problème est que cette mystérieuse barrière, qui aurait cloisonné ces deux champs historiques de la civilisation, je ne la vois pas, de tout ce que je connais précisément de l’histoire.
Dans celle-ci je vois au contraire une lente et millénaire ascension du fait économique au sein du fait politique, avec un jeu de renvois dialectiques entre les deux. Par exemple, en 1789, le fait économique des difficultés financières du royaume, a permis le fait politique de la convocation des Etats Généraux, et le bouleversement de l’ordre social qui en a résulté, a ouvert l’espace à une nouvelle série de renvois dialectiques entre le politique et l’économique.
Un bouleversement considérable dans ce mécanisme – un véritable « basculement du monde » selon l’historien Michel Beaud – se serait alors produit il y a une vingtaine d’année, quand il est apparu clairement que l’ordre économique avait les moyens de contraindre l’ordre politique à ses fins exclusives, comme cela n’avait été imaginé auparavant que dans le champ de la théorie (le marxisme notamment).
Cela revient à dire que l’articulation de l’économique et du politique constitue le mécanisme même de notre forme de civilisation et que ces deux ordres procèdent donc de la même nature, quels que soient les rapports qui les définissent l’un par rapport à l’autre.
Il n’y a pas de retard de civilisation du champ économique par rapport au champ politique comme vous le suggérez puisque les deux ordres ne se sont jamais autant renforcés l’un l’autre. Il existe par contre, dans nos sociétés occidentales, un dépérissement anthropologique du sens collectif, contorsion emphatique pour désigner la solidarité humaine (?) Lequel avait pu s’exprimer jusqu’à présent dans l’ordre économique par le prisme du politique.
Dans ces conditions, il n’y a, par conséquent, pas grand-chose à attendre d’un hypothétique « saut qualitatif » dans l’ordre économique, tel qu’il serait gravé dans le marbre par une constitution dont vous ou un autre meneur éclairé d’experts lumineux seriez l’inspirateur.
Certains ont dit à ce sujet qu’ils avaient déjà donné, et ils ont tout à fait raison.
Oseriez-vous (je reste sur le plan argumentaire ne vous méprenez pas) soutenir que le traité constitutionnel européen de 2005 (la nouvelle mouture est pire) n’était pas déjà une constitution à vocation strictement économique, dont l’objet était de mettre l’ensemble de la machinerie politique des états au service d’un seul but : la libre circulation des biens des services et des personnes. Si vous dites non, prenez garde ! Etienne Chouard, comme Valdez, arrive ! Filant sous son parapente vers la Californie, ses crocs vengeurs luisant dans la nuit… (Musique : « the Magnificent Seven » de Serge Bernstein of course !)
J’ai l’impression que votre idée de constitution procède d’une réflexion sur un mythe anthropologique, du même type que celui que vous reprochiez à Rousseau avec son « mythe des cabanes » pour imaginer un état transitoire rêvé de l’humanité.
De mon côté, j’essaie de rester sur terre voyez-vous. Je ne vois pas d’autre solution au marasme actuel que dans une renaissance de la conscience collective – les catastrophes futures y pourvoiront sans doute plus que les blogs – et la réintégration des instruments de pouvoir (politique et économique) au service du plus grand nombre que cette renaissance permettra.
Cette renaissance sera mondiale, mais se fera dans le désordre, avec des effets délétères sur le concept même de mondialisation.
Le mythe de la Tour de Babel, récurrent et aussi vieux que l’humanité (voir Armand Mattelart « Histoire de l’utopie planétaire ») connaîtra un énième effacement au cours duquel – pour paraphraser le Général de Gaulle – les peuples boiront la mondialisation comme du buvard, par le poids de leur histoire respective.
L’un de vos blogueurs faisait remarquer récemment combien était fallacieuse la distinction faite souvent entre la « globalisation » soit un processus débouchant sur un mode de fonctionnement pervers de l’économie mondiale (l’enfer) et la « mondialisation », soit la marche des peuples vers un destin culturel commun qui leur permettrait ainsi (le paradis) de « se retrouver ». Il suffirait alors de domestiquer la première – par une bonne constitution mondiale par exemple – pour que s’accomplisse la prophétie de la seconde pour mille ans.
Au chapitre du millénarisme, je trouve, comme cette personne, que cette distinction relève de la même nature que celle qui séparait, il n’y a pas si longtemps, le « communisme à visage humain » du communisme tout court.
Je trouve aussi une correspondance étrange entre le concept de mondialisation culturelle et la théorie de l’évolution formulée par un penseur à la mode dans ma jeunesse et aujourd’hui oublié : Teilhard de Chardin. Ce jésuite concevait de la même manière une sorte de saut qualitatif de l’humanité par la communication des consciences.
Sous ces idées, généralement étayées de puissant discours à prétention rationnelle, bouillonne le magma des croyances collectives en mouvement, inhérent à toute humanité.
La « sortie de la religion » chère à certains philosophes (Marcel Gauchet) est une farce. Notre époque déborde d’irrationnel et de religiosité par tous les fils, tous les circuits complexes de sa technologie triomphante.
Même un Emmanuel Todd opère à mon avis un écart dans le mythe, lorsqu’il voit dans l’homogénéisation démographique, due à l’évolution générale du statut des femmes, une promesse de retrouvailles pacifiques des civilisations. Est-ce la résurgence nostalgique d’un stade de développement présumé de l’humanité, qui aurait connu un havre de paix lors d’une « phase matriarcale ? » En attendant, il commet pour moi la même erreur qu’un Attali dans le domaine de la technologie ou un Paul dans le domaine de l’économie : prendre, par la grâce de ses convictions, une perspective à moyen terme dans un domaine particulier pour l’horizon indépassable.
L’humanité me semble bien moins préoccupée aujourd’hui à « se retrouver » qu’à se chercher obsessionnellement à travers de nouvelles idoles, et se laisser guider par d’autres ectoplasmes. L’individu, et non plus le groupe, est devenu le centre de cette quête, mais il ne faut pas s’attendre à ce que celle-ci se fasse sans quelques phases d’étripage et d’équarrissage pour tous.
La mondialisation (économique ou culturelle peu importe, je répète que pour moi c’est la même chose) produit en effet, par un mouvement dialectique, des espaces culturels et économiques qui lui sont irréductibles.
Il arrive que l’incertitude et le tragique de la condition humaine fassent leur retour brutal dans le champ historique, et, par là, dans le quotidien de ceux qui les avaient oubliés. Songez à ces jeunes PDG mondialisés « exemplaires » (leur triste aventure effectivement l’est) tout à leur euphorie de profiter à plein d’un paradis délocalisé pour « entreprise libérée » et qui se retrouvent soudain face à la gueule de l’arme qui va les propulser dans le néant. Peut-être, dans la minute qui précédait, l’un d’eux avait-il envoyé un SMS de routine, par delà les ferments de haine qui grouillent dans les soubassements des continents.
Quelles sont donc pour moi les perspectives réalistes de l’évolution du monde dans un avenir proche ? Il ne faut pas attendre autre chose qu’un repli des peuples eux-mêmes et un volet d’alliances stratégiques entre eux pour préserver leur marge de manœuvre.
Ce repli et lui seul, sera une opportunité pour eux de retrouver le sens de l’action collective, mis à mal par des décennies d’idéologie mondialiste imposée et fantasmée, et de reprendre démocratiquement le contrôle politique de leur économie. La tendance sera d’autant plus marquée que « l’adaptation nécessaire à l’échelle mondiale » ne tiendra plus.
L’opportunité sera saisie ou ne le sera pas, car les forces centrifuges qui agissent sur les nations n’auront pas dit leur dernier mot, et la bataille promet d’être rude. Je ne pense pas que les temps qui viennent, y compris sous nos latitudes (de récents évènements semblent l’attester) soient très paisibles.
Il est possible que le monde revienne à un équilibre tel qu’il prévalait pendant la guerre froide. Le kaléidoscope, après avoir tout mélangé, reviendra à des couleurs stables, mais dans un ordre différent. La « terreur écologique » pourrait alors jouer le rôle qu’avait joué la terreur nucléaire au siècle dernier, même si celle-ci n’aura pas disparu pour autant.
Dans ces conditions, quels seront les enjeux principaux au sein des nations ou des blocs de coopération des nations. J’en vois essentiellement deux, lesquels seront les fins, au service desquelles devront être mis en œuvre tous les autres moyens. Ces moyens, d’ordre institutionnel et technique, sont d’abord le rééquilibrage des pouvoirs nationaux et supranationaux au profit de la fonction législative, la remise sous contrôle politique de la circulation monétaire par les banques centrales et la mère de celles-ci, la BCE, et la redéfinition du rôle de la commission européenne, qui devra être avant tout le bras armé des nations contre les paradis fiscaux.
La protection du travailleur européen
Elle devra être le socle de toute politique économique. Il faut en finir, Paul, avec cette chimère d’une sorte de Ministère du Travail Mondial qui équilibrerait tous les statuts par le haut. Les Attali et autres somnambules ont assez fait de ravages à ce niveau.
Faire accéder le travailleur chinois à un minimum de confort matériel et de dignité en renvoyant son homologue européen dans les sinistres dortoirs des « maisons des pauvres » du 19ème siècle (on y va à grand pas) est une absurdité criminelle.
La condition des travailleurs du monde se rééquilibrera au contraire par le bas, donc par des initiatives locales ou régionales.
Protéger le travailleur européen obligera ainsi les pays émergents à tourner l’énorme appareil de production, que l’occident a permis de développer chez eux (les délocalisations et le low cost ne leur sont pas tombés du ciel) vers leur marché intérieur, et à prendre leurs responsabilités vis-à-vis de leurs propres travailleurs.
La protection des travailleurs n’implique pas forcément non plus la restauration de l’état providence. Il s’avère en effet que celui-ci a constitué le socle sur lequel ont prospéré l’individualisme et l’égoïsme qui caractérisent nos sociétés. Dans « Les métamorphoses de la question sociale » Robert Castel analysait justement pourquoi il est plus facile de se désintéresser du sort de son voisin, quand la manne de l’état providence permet si bien de ne s’occuper que de soi-même en toute situation.
Maintenant, dans un pays où les subventions culturelles ont si souvent servi de relais au traitement social du chômage, je sais combien il est difficile de défendre l’idée que « L’allocation universelle d’épanouissement individuel » à laquelle rêvent un certain nombre de « révolutionnaires », puisse signifier tout simplement le triomphe des gestionnaires d’aumônes, et la mort du politique.
La question écologique ainsi que la ré-industrialisation de l’Europe
Celles-ci constituent le deuxième enjeu, et je sais combien il peut sembler provoquant de lier ces deux formulations en un même programme.
Il existe pourtant un fil conducteur qui mène de l’élévation du niveau général d’instruction à l’avènement d’une société où prédomine un vaste secteur tertiaire et des classes moyennes nombreuses, tant sur les plans économique que culturel.
Pour concevoir la nécessité d’organiser la production industrielle ailleurs, il a fallu qu’une génération, celle des baby-boomers, s’imagine s’en être définitivement affranchie, et prospère dans la hantise que ses fils et ses filles puissent un jour retourner travailler en usine.
La montée de la sensibilité écologique en occident a accompagné l’instauration du libre échange mondial et les délocalisations massives qui en ont résulté.
Elle constitue ainsi la mauvaise conscience hypocrite de l’industrialisation sauvage des pays émergents, et sa pratique au quotidien ne va pas sans baigner dans le cocasse et l’irrationnel.
Trier religieusement ses ordures dans sa banlieue proprette, a-t-il en effet un sens, si l’on est soi-même partisan d’un système qui permet toutes les pollutions à l’autre bout de la planète ? Ne se retrouve-t-on pas alors dans la situation de l’idiot mystique qui tape tous les matins sur une casserole pour faire venir la pluie ?
A moins que le brevet de pureté que l’on se décerne par ces gestes inconséquents, ne serve qu’à effacer les drames humains dont on refuse la moindre part de responsabilité.
Relancer le développement industriel en Europe est une nécessité d’abord économique, parce qu’elle implique le retour d’activités à haute valeur ajoutée, et qui sont en conséquence garantes de prospérité (Voir Jean Luc Gréau dans « L’avenir du capitalisme »). La délocalisation sans fin de cette fonction n’aura pas d’autres limites que le bon vouloir des autorités des pays émergents -lesquels ne seront pas toujours obligés de nous vendre des produits à bas prix- et l’impatience démocratique de leurs travailleurs.
C’est également une nécessité écologique, parce qu’il est préférable qu’une large partie de la production industrielle mondiale se fasse dans des zones de vieilles traditions démocratiques, où elle sera mieux à même d’être domestiquée, plutôt que dans des pays où son ensauvagement se poursuivra sans contrôle.
Quelle que soit la configuration écologique de la planète dans un avenir proche, les solutions ne naîtront que de la dure confrontation entre le nécessaire, le possible, et le souhaitable.
Se délecter dans l’immédiat du suicide économique d’un continent au nom d’une écologie déifiée et d’une planète idolâtrée, n’est qu’un caprice morbide de riche décadent.
Je sais, Paul, qu’en écrivant toutes ces pages, je risque d’apparaître comme un pourfendeur de tout l’énorme travail d’analyse et d’émulation que vous faites depuis deux ans. Sachez que tel n’est pas mon propos intrinsèque.
A mon humble connaissance, les œuvres de Marx ou de Keynes n’ont pas non plus débouché sur un règlement constitutionnel global des problèmes économiques. Ceci n’a pas empêché leur contribution théorique d’être irremplaçable et de faire leur bout de chemin à travers le temps.
J’ai simplement essayé de vous faire part de mes doutes et de mes convictions, et aussi, comme je vous l’ai déjà dit dans le passé, parce que je pense être représentatif, moi aussi dans mon coin, d’une petite portion de l’humanité.
Je ne désire rien d’autre que le moindre mal pour ceux que l’histoire a désigné comme les miens, avec la possibilité que d’autres puissent aussi rallier les miens, et m’enrichir de leur altérité s’ils le désirent.
D’aucuns trouveront cet idéal étriqué, sans doute par peur de la condition humaine, car celle-ci, je l’ai dit, est fondamentalement incertaine et tragique.
Mais la dépossession a pris pour moi trop souvent le masque du rêve, pour que je ne cherche pas à ôter celui-ci du visage de ceux qui le portent avec trop d’ostentation.
27 réponses à “Constitution pour l’économie : pas d’accord, par Daniel Dresse”
J’ai répondu par avance à certains des reproches qui me sont adressés ici. Par exemple, dans Aux grands maux, les grands remèdes, à propos d’un parallèle éventuel entre ce que j’appelle de mes vœux et le Traité Constitutionnel Européen :
Bonjour a tous,merci a Paul ,depuis maintenant 3 mois je ne manque ce rendez vous journalier.L’analyse quotidienne sur l’economie ,la monnaie,… est passionnante .Le decriptage de ce qui est ,est remarquable ,c’est quant aux solutions ou je suis comme Daniel Dresse doucement sceptique.Son texte est d’une maturite remarquable ,et j’adhere completement a ces propos, les circonstances nous amenerons a agir,a l’image des processus cellulaire l’etre humain se mobilisera face a des dangers .Amities A tous
Daniel, vos réflexions suivantes m’ont particulierement interpellé :
Et plus loin :
Merci.
peut-être une autre façon de « créer la monnaie », en attendant d’en trouver la bonne définition…objections ?
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=1366
et alors dit :
23 décembre 2008 à 09:24
Comme quoi, par ricochet, en lisant Daniel Dresse et les premiers commentaires ci-dessus, un « rebouclage » s’effectue. Je connaissais J. F. Noubel en fréquentant (y compris virtuellement) les milieux des monnaies alternatives. Il faut tenir compte de cette mine à idées (et un peu plus) que déploie ici J. F. Noubel. J’avais pensé il y a un cetain temps de mon côté qu’une adresse internet, déjà, constitue un « véhicule à identité » pouvant être doublé d’un « véhicule à monnaie attaché à cette identité », le numérique et les nanotechnologies peuvent laisser entrevoir une foule de solution et pourrait être exploitée dans le sens qu’explique J. F. Noubel. Nous ne sommes pas à la fin de certains cycles, mais plutôt au tout début des suivant. Seulement les cycles se chevauchent plus ou moins longtemps, et la confusion à la peau dure….
Bien sûr voici un passage qui résume à lui seul l’écueil à éviter. L’exemple argentin est là pour ça.
« »La sophistication revient plus vite qu’on ne croit. Ce fut le cas des « réseaux de troc » argentins, qui ont rapidement adopté un modèle de « monnaie fondante ». Des spécialistes les ont rejoints, par exemple l’économiste Eloisa Primavera, qui fait partie de notre petit cercle…
Cette histoire argentine a bien marché, touchant des millions de personnes. Et puis tout s’est effondré, en quelques semaines. Pourquoi ? D’abord parce que la monnaie officielle est revenue en force et que les vieilles habitudes ont repris » »
Voici de quoi connaître un peu plus Jean François Noubel.
Comme toujours, je précise que j’ai un large territoir commun avec lui, mais il n’y a pas « que » lui.
Voir si on veut:
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=48
Merci Daniel Dresse pour cette talenteuse et argumentée contribution au débat.
Concernant l’analyse que vous faites de la mondialisation, je suis d’accord avec vous.
Le processus de la mondialisation actuel n’est plus tenable, viable, ou alors ce sera la destruction accélérée des éco-systèmes
sans doute corélative au renforcement d’une vive tendance actuelle à la réification de l’humain avec tout ce qu’elle implique de contrôle et manipulation des esprits comme pensée, affect et volonté, ceux-ci devenant de simples produits de consommation. Les dispositifs sont en place, la technologie existe.
Par contre j’ai quelques objections sur quelques points, plus ou moins fondamentaux :
Sur la Constitution pour l’économie :
IL me semble que vous confondez Constitution POUR l’économie et Constitution DE l’économie.
Une constitution de l’économie part d’une description de l’économie et s’emploie à en fixer des règles régulatrices.
Elle tient un certain type d’économie pour l’économie en tant que telle. Ce que faisait le projet de constitution pour l’Union européenne, qui amalgamait projet politique et règles particulières de l’économie de marché déréguée. Dans la constitution pour l’Union il y avait certes un chapitre spécifique traitant de l’économie, mais les fameuses règles de la concurrence libre et non faussée transpiraient en réalité dans tous les chapitres. La confusion entre politique et économie était totale. Or l’économie n’est jamais autant politique que lorsque l’économie se pense comme un problème et non pas une solution prête à l’emploi.
Une constitution pour l’économie dénote au contraire un discours qui prend le net parti de faire une critique de l’économie, aussi bien en tant que modélisation qu’en tant que réalité empirique. Son objet, l’économie, ne la disqualifie donc pas pour entrer dans le champ du politique. Vous le remarquez vous-même, le rapport entre politique et économie est dialectique.
IL me semble alors que justement une Constitution pour l’économie constitue une pièce stratégique de choix
pour contrer les tendances politiques qui, précisément ,comme vous l’indiquez, donnent pour tout horizon au politique
le seul économique, et pas n’importe quel économique, l’économisme comme le précise Paul, c’est à dire l’économie comme principe d’explication unique et horizon unique de toute l’humanité, de toute humanité.
S’agissant de son champ d’application, une constitution pour l’économie, et en particulier celle défniie par Paul, ne me semble pas superflue du tout. Ses articles sont sufisamment limités en nombre (voire un seul article : « tous le paris sur les prix sont interdits » et de portée suffisamment grande, pour qu’ils puissent s’appliquer à des échelles et des contextes très divers.
Cette constitution ne concerne pas a priori le seul espace de l’économie mondiale, elle peut tout aussi bien concerner les Etats, libre à eux ensuite de s’accorder sur des règles communes. Vous ne pouvez pas non plus préjugez d’une disqualification des relations internationales. Même si il devait y avoir un repli des Etats, voire d’espaces régionnaux plus vastes (les blocs), sur eux-mêmes, il est douteux de penser que cesseront toutes relations diplomatiques, de même que disparaîtraient toutes les instances régulatrices internationales. Certaines pourraient disparaître tandis que d’autres apparaîtraient. Tous les cas de figure sont envisageables. Le monde doit rester un espace de rencontre, où peuvent se résoudre un certain nombre de problèmes, insolubles à des niveaux inférieurs, sans quoi on entérine effectivement la guerre de tous contre tous à l’échelle du monde. Nous assisterions alors comme à une reféodalisation du monde. Sans faire mienne l’idée d’un gouvernement mondial, ni même d’une gouvernance mondiale, imprécision du vocabulaire qui masque des choix réels et une vision technocratique des relations internationales et transnationales, donc économiste, je pense qu’il y a encore de la place pour faire valoir, urbi et orbi, l’idée d’une constitution pour l’économie.
Cette constitution pour l’économie est une idée simple dans son expression mais dont la réflexion qui la sous-tend remet en cause des pans entiers de l’économie-monde. Révolutionnaire en un mot, paradigmatique. Sa dimension philsophique même : en finir avec l’état de nature en économie, est suffisamment évocatrice pour éveiller toutes les curiosités, et vous en êtes la preuve. L’idée vous travaille, comme on dit.
Je ne puis non plus être d’accord avec vous lorsque vous dites qu’il y a d’un coté les croyances collectives, et de l’autre la rationnalité. L’état de nature, et ce aussi bien dans les écrits de Rousseau que ceux de Paul Jorion, sont bien entendu des fictions.
Mais l’utopie et l’empirie ne sont jamais que le deux faces d’une même réalité. L’imagination l’imaginaire et le symbolique sont les caractéristiques fondamentales de l’homo sapiens. Les plus grandes abstractions dont est capable l’être humain ne peuvent faire l’économie de l’imagination. Le grand logicien Frege disait même que toute axiomatique formalisée a besoin du langage humain pour être d’abord posée. Or l’imaginaire constitue le langage. De même pour penser un avenir, à venir, il faut déjà pouvoir l’imaginer. Imaginer un monde possible. En tout, même si cela est refoulé, il entre une part de fictionnel. Du plus grand penseur au causeur de café du commerce nous ne faisons que raconter des histoires, sur fonds de croyances collectives : pour les uns c’est le progrès, d’autres Dieu, d’autres encore l’utopie édoniste.
Rousseau n’a jamais pensé réellement qu’il existât un monde idyllique antérieur à la civilisation corrompue, sa fable a été conçue pour les besoins de sa théorie du contrat social et le monde idyllique qu’il projetait dans le passé était en réalité son idéal, le nouvel horizon — et donc la nouvelle valeur — qu’il voulait voir l’humanité épouser. En l’occurence ce fut la Révolution française.
S’agissant de l’objection qui consiste à dire qu’une constitution doit faire l’objet d’une appropriation collective, qu’elle ne s’impose pas de l’extérieur, j’en suis bien d’accord. Mais tout le débat que nous avons ici n’est-il pas justement de nature à susciter le débat, l’amplifier ? Ce n’est pas non plus parce qu’un individu, nommé Paul Jorion, a une idée intéressante, des points de vue stratégique et du point de vue intellectuel de par tout ce que l’idée qu’elle implique, qu’elle ne peut être candidate au projet d’une future constitution pour l’économie, sans préjuger d’ailleurs du contexte ni même de la forme positive en quoi cette dernière consistera.
En conclusion je crois que vous attachez trop d’importance au coté nominal de l’affaire. L’important ce sont les enjeux.
Or l’enjeu d’une telle constitution est immense. D’un certain coté votre papier rend hommage à cet enjeu. Le nombre de points que vous abordez, en les reliant, montre bien que la constitution pour l’économie est susceptible d’une appropriation collective. Cette constitution telle que définie par Paul ne résoudra pas tous les problèmes, mais elle a l’immense avantage de bien poser les problèmes.
Je reste dubitatif après la première lecture, partagé entre admiration, « éblouissement » même devant ce raisonnement argumenté et dense, et le besoin de le relire très attentivement pour tenter de rechercher la limite de certaines affirmations (analogie avec les fonctions mathématiques). En tout cas ce texte est loin d’être anodin, il force à réfléchir, merci à l’auteur.
Il n’y a plus rien de rationnel aujourd’hui. L’année 2009 va tout balayer et le danger est de perdre notre liberté. Nous sommes quelques-uns à comprendre la gravité de ce qui se passe actuellement qet ui peut se résumer par une expression « destruction de l’économie ». La démocratie est en danger et nous ne voulons pas d’un Staline ou d’un Hitler. Paul a raison, il faut repenser le système, mais je suis inquiet car le temps presse. Le capitalisme a failli et conduit l’ homme a être en perpétuelle guerre et à détruire la planète. Quant au communisme, il nous mène droit à la dictature. Les anarcho-capitalistes eux, nous proposent un méchant état totalitaire dirigé par une élite auto-proclammée.
Zygmunt Bauman Sociologue né à Poznan (Pologne) en 1925, enseignant à l’université de Leeds, en Grande-Bretagne, après avoir longtemps occupé une chaire de philosophie et de sociologie à l’université de Varsovie affirme ainsi:
« Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore pris la peine de nous interroger sur la viabilité de cette société propulsée par le double moteur du consumérisme et de l’endettement. »
Robert H. Hemphill, gestionnaire de crédits à la Fed d’Atlanta résume la situation:
« Si les banques créent assez d’argent synthétique, nous prospérons ; sinon, nous sombrons dans la misère. Nous sommes, définitivement, sans système monétaire permanent. Quand on a une vision complète de l’ensemble, l’absurdité tragique de notre position désespérée est presque incroyable, mais il en est ainsi. »
C’est une catastrophe et il s’agit bien, comme le dit Paul, de survie de l’espèce. Nous devons laisser de côté nos dissensions et réfléchir à la question monétaire pour qu’une « constitution » en ressorte sinon ce sera la barbarie!
Henry Ford résume ainsi l’enjeu: « La jeunesse qui pourra résoudre la question monétaire fera plus pour le monde que toutes les armées de l’histoire ».
Merci à « et alors » et « Rumbo » pour l’article « Open Money: bientôt chacun créera sa propre monnaie » (que je viens de reprendre sur un blog) et les liens sur « Jean François Noubel » et « NouvellesClés.com » !
Quelqu’un a-t-il lu « The future of Money – Creating New Wealth, Work, and a Wiser World » de « Bernard Lietaer » ?
Bonjour du Pas de Calais,
Pour rebondir sur le billet de M. Dresse, je ne comprends toujours pas l’intérêt des économistes pour organiser l’enterrement d’un cycle. J’ai le sentiment que beaucoup d’entre nous font tout pour sauver une machine qui, et c’est bien normal, a une durée de vie forcément limitée. Est-ce que l’on a peur, est-ce que l’on a bien compris que ces phénomènes économiques sont pétris d’irrationel. Une constitution de l’irrationalité? Si il s’agit de descendre du vieux véhicule pour aller dans un même modèle, alors non. Le bon sens est rebelle à la rationalité, les crédit de crédit de crédit qui valent de l’argent ressemblent furieusement à la bombe atomique: ëtre capable de faire sauter 10 000 fois la planète alors qu’une seule fois suffit; confondant. Je me suis aperçut que seul un changement intérieur était vraiment utile: lutter contre l’hybris dévorant que séme notre conception actuelle du monde. L’avidité, la voracité, bras armés de la Démesure, ne sont pas réductibles à des chiffres ou des statistiques (je crois aux statistiques lorsque je les ai moi-même falsifiées, Churchill), aussi, reconnaître au moins que c’est vraiment un gros problème et se mettre autour d’une table pour en discuter, ça serait un bon pas. C’est plutôt vers l’endoctrinement de masse, vieille histoire, qu’il faut fouiller. Le vrai nerf de la guerre ce n’est pas l’argent, c’est le courage.
L’avidité, la démesure du monde, se nourrissent aussi de rationalité. Notre monde contemporain s’offre d’abord comme des séries de chiffres, des statistiques. Or ces chiffres traduisent précisément des ratios. Et par n’importe quels ratios. Principalement ceux générés par l’exigence impérieuse d’un rendement à court terme du capital. Le plus grave est que le ratio, ou cacul, ne s’applique plus simplement au domaine strict de la sphère économique ou financière. Ce sont nos vies mêmes qui font l’objet d’un calcul rationnel, via le marketing, le management et la publicité. Et de là, ce qui faisait le propre de l’humain, le contenu relationnel, est devenu lui-même calibré, l’objet d’un calcul rationnel, purement économique, lequel renvoie toujours au rendement d’un capital.
Si l’on comprend rationalité comme logique d’un fonctionnement alors le monde qui implose aujourd’hui était, d’un point de vue global, rationnel. Le trader, le spéculateur, le marchand d’armes, le boursicoteur, l’industriel exploiteur ou pollueur, tous fondent leurs projets, leurs actions, sur des analyses tout à fait rationnelles. Et, ils ont gagné de l’argent, beaucoup d’argent et longtemps. Jouer part d’une analyse rationnelle d’une situation. Un joueur, ou spéculateur, même si les modèles mathématiques dont ils usent sont faux, fonde ses chances de gains en tenant compte de la situation économique et sociale dans laquelle il s’inscrit. Comme l’a déjà noté Paul Jorion, c’est l’imperfection du marché financier quant à sa comprehension par nombre de ses acteurs qui en faisaient leur viabilité. C’est seulement lorsque le système touche ses limites que ses imperfections, voire une faille béante, apparaissent au grand jour. La faille béante ne révèle pas l’inneficience du système passé mais l’effet de seuil au delà duquel le système ne fonctionne plus, et où, effectivement, sa rationalité est remis en cause, de façon globale.
Bref, c’est la configuration d’ensemble de la société et de l’économie, qui confèrent la possibilité à certains acteurs de jouer leurs cartes de privilégiés. Les crédits de crédits peuvent paraître aberrants mais ils ont déterminé une certaine configuration de notre environnement le plus quotidien et ont enrichi toute une catégorie d’individus.
Localement, le fonctionnement du système, ses justifications mêmes, sous quel rapport décalé, peuvent sembler irrationnelles, mais, globalement, ce système a une certaine cohérence. Il y avait donc une certaine rationalité au service d’une cohérence. Cette rationalité était en grande partie le produit d’une idéologie.
Ce qui n’est plus supportable — et ne l’est plus depuis belle lurette — c’est que la cohérence du système porte préjudice à une grande partie de l’humanité de par les inégalités et les destructions en tous genres qu’elles génèrent. Dans notre civilisation finissante une rationalité économique d’un type particulier — en un mot capitaliste et néo-libérale — a tout envahi. L’enjeu maintenant est donc de dégager l’économie de ce carcan, pour y réintroduire le qualitatif, et même la sensibilité. Il s’agit donc bien d’un choix de valeurs, contrairement à ce que pensent les hayékiens, incapables de voir dans leurs propres analyses tout ce qu’elles comportent elles-mêmes de valeurs. Partant, toute visée rationnelle retrouve sa nécessité dès lors qu’il s’agit de réintroduire de la réfléxion — et donc des ordres de grandeur, dans le social, l’écologie, les rapports entre technique et sciences etc … tous domaines que l’on avait exclus de la réflexion sur l’économie, sauf pour apporter de l’eau au moulin de l’économisme. L’économie qui se prétend en dehors de toute moralité et éthique est un économisme qui s’ignore.
Paul et les autres,
voici mon dernier article et maintenant au boulot:
Destruction de l’économie et médias
La crise systémique actuelle (crise du système) illustre de façon éclatante une autre faillite, celle des médias.
En effet, le traitement de l’information concernant le krach en cours par la presse, est pitoyable. Il n’est donc pas étonnant que, partout dans le monde, elle soit en difficulté. Ainsi, la presse US traverse la pire crise de son histoire avec plus de 15.000 emplois supprimés depuis le début de l’année. Eric Scherer journaliste à l’AFP qui occupe la fonction de directeur (analyse stratégique et partenariats) et qui suit les évolutions dans le monde des médias à travers le monde, affirme ainsi sur Mediawatch :
« Il s’agit probablement du plus grand plan social de l’histoire de la presse américaine ».
Pourtant, le pire est à venir et l’agence de notation financière Fitch annonce ainsi que de grands journaux feront faillite en 2009.
La presse écrite n’est pas la seule à être touchée et la télévision va devoir faire sa révolution. En effet, le groupe d’analystes médias Screendigest déclare : « l’industrie télévisuelle est sur le point de s’enfoncer dans un véritable marasme de plusieurs années combinant ralentissement économique, réduction des dépenses publicitaires de la part des annonceurs et fragmentation accélérée de l’audience avec l’extinction de l’analogique en 2011 ».
Les Français vont finir par se rendre compte qu’on leur a menti sur les conséquences de la crise (et sur le reste) et que la plupart des journalistes ne peuvent pas faire leur travail. Ils ne sont d’ailleurs plus fidèles au 20 heures de TF1 et préfèrent regarder « Plus belle la vie » le feuilleton de France 3 (plus de 6 millions de téléspectateurs). Il faut donc s’attendre, chez nous aussi, à de sérieux problèmes.
Il n’y a plus qu’Internet pour fournir des articles de qualité sur le chaos en cours. D’ailleurs, Paul Jorion, un des rares économistes à avoir prédit la crise en cours déclare le samedi 20 décembre (voir sur son blog):
« Souvent c’est quand je dis que ça va être pire qu’en 29 qu’on me censure ! »
Il est donc temps de résumer ce que vous ne trouverez pas dans vos journaux et encore moins à la télévision :
– Olivier De Ducla, expert financier et qui est le premier à avoir prédit le krach actuel en 2003 dans un livre intitulé « le krach programmé » affirme dans son éditorial du 13 décembre 2008 :
« Les plans de relance seront autant de coups d’épée dans l’eau si on ne se résout pas à changer les règles. Dorénavant on est confronté au chantage insupportable de sauver les « marchands du temple », les banquiers qui avaient organisé le racket des « subprimes », sous peine de voir le système s’écrouler, nous dit-on. On est en train de déverser des millions de dollars, s’il le faut par hélicoptère. On a surnommé « helicopter Ben » l’actuel président de la FED. Au risque de voir renaître bientôt la terrible inflation de Weimar. On sait comment ça s’est terminé. »
Il avait déclaré le 12 octobre :
« On est au bord du gouffre ! » Il voit d’ailleurs l’indice du CAC 40 revenir à 1713 points !
Vous le voyez, nos élites savaient depuis longtemps que tout allait s’effondrer et elles n’ont rien fait.
– Jean-Christophe Mounicq , économiste, consultant des télévisions américaines CBN et Fox news, sur Reichman TV déclare le 24 novembre 2008: »La crise va provoquer de violentes réactions sociales ! » Il affirme même que l’état Français risque d’être en faillite et de ne plus pouvoir payer ses fonctionnaires.
– L’agence Bloomberg a fait le bilan du coût de la crise aux USA: 7 400 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 1800 milliards de dépenses supplémentaires ces derniers jours soit plus de 60% du PIB américain dépensé en 3 mois !
Le dollar n’y résistera pas et s’effondrera au second trimestre 2009. Pour le remplacer dans nos échanges internationaux, on va créer une monnaie globale qui regroupera les principales monnaies mondiales et tout cela géré par le FMI (c’est prévu depuis très longtemps !).
-15 millions de britanniques dont les fonds de pension sont ruinés devront se contenter de la pension de retraite forfaitaire que verse l’Etat, soit 560 livres par mois. C’est la même chose aux USA. Jacques Attali « visionnaire » a d’ailleurs sur son apport fait la proposition n°313 qui consistait à « faire adhérer automatiquement les salariés à des fonds de pension… » Va-t-il quitter un autre plateau de télévision ?
-Les USA, le Royaume-Uni, la Suisse et l’Espagne sont ruinés et de graves troubles sociaux risquent de s’y produire. Source GEAB.
La situation est grave, très grave et le danger est de perdre notre liberté. Nous sommes quelques-uns à comprendre la gravité de ce qui se passe actuellement et qui peut se résumer par une expression simple“destruction de l’économie”. La démocratie est en danger et nous ne voulons pas d’un Staline ou d’un Hitler.
Paul Jorion a raison, il faut repenser le système et non le rafistoler, mais je suis inquiet car le temps presse. Le capitalisme et le communisme ont échoué. Quant aux capitalistes internationnalistes (Rockefeller et consorts), ils nous proposent un méchant état totalitaire dirigé par une élite auto-proclammée. N’oublions pas la définition du fascisme donnée par Benito Mussolini lui-même : »Le Fascisme devrait plutôt être appelé Corporatisme, puisqu’il s’agit en fait de l’intégration des pouvoirs de l’état et des pouvoirs du marché. » Howard Scott (1890-1970), économiste lui répond : »Un criminel est une personne avec des instincts prédateurs qui n’a pas suffisamment de capital pour former une corporation. »
Zygmunt Bauman Sociologue né à Poznan (Pologne) en 1925, enseignant à l’université de Leeds, en Grande-Bretagne, après avoir longtemps occupé une chaire de philosophie et de sociologie à l’université de Varsovie affirme ainsi:
« Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore pris la peine de nous interroger sur la viabilité de cette société propulsée par le double moteur du consumérisme et de l’endettement. »
Robert H. Hemphill, gestionnaire de crédits à la Fed d’Atlanta résume la situation:
“Si les banques créent assez d’argent synthétique, nous prospérons ; sinon, nous sombrons dans la misère. Nous sommes, définitivement, sans système monétaire permanent. Quand on a une vision complète de l’ensemble, l’absurdité tragique de notre position désespérée est presque incroyable, mais il en est ainsi.”
C’est une catastrophe et il s’agit bien, comme le dit Paul Jorion, de survie de l’espèce. Nous devons laisser de côté nos dissensions et réfléchir à la question monétaire pour qu’une “constitution” en ressorte sinon ce sera la barbarie!
Henry Ford résume ainsi l’enjeu: “La jeunesse qui pourra résoudre la question monétaire fera plus pour le monde que toutes les armées de l’histoire”.
Gilles Bonafi
Encore un excellent article de contributeur… Ca devient une habitude 😉
J’ai pas mal cogité (pendant que ma femme s’adonnait à l’exercice oh combien excitant des courses de Noël… le commerce n’est pas encore complètement mort, apparament ! 😛 ) sur ce commentaire surlignant le texte de Daniel :
« Le decriptage de ce qui est ,est remarquable ,c’est quant aux solutions ou je suis comme Daniel Dresse doucement sceptique. »
C’est au fond prévisible, non ? Les solutions sont politiques, et croire dans le politique est rarissime de nos jours. Précisément ici, nous sommes plus près à croire que des individus seuls puissent comprendre les causes du problème aussi phénoménalement complexe soit-il (et partant, ses solutions) que de la capacité de l’espèce à les mettre en oeuvre. Peut être est-ce d’ailleurs du à cette fameuse culture hyper indivualiste dont on qualifie généralement nos sociétés occidentales ?
Il est intéressant de noter que pour quelqu’un que certains journalistes perçoivent comme un pessimiste définitif Paul ne semble croire à aucun moment que le sursaut est impossible, que les politiques ne pourront jamais faire ce qui s’impose. Il n’est d’ailleurs pas le seul: un Frederic Lordon par exemple n’axe pas beaucoup son discours sur l’impuissance politique, ou alors seulement pour rappeller que l’on peut tout à fait dire « non » aux financiers.
Je me suis demandé pourquoi cette retenue, et ce que je pensais de la question en général : y a-t-il des solutions qui seront réellement mises en oeuvre ?
Sur la question de la retenue de nos bloggeurs si brillants, il y a des raisons possibles de l’ordre de la responsabilité. Crier à l’impuissance politique, c’est un discours dangereux puisqu’il appelle implicitement à remplacer la démocratie et l’ONU par un ordre mondial plus musclé. Consciement ou non des hommes intelligents et responsables ont donc une ligne stratégique à préserver dans leur discours.
Il y a des raisons de l’ordre de « connaitre sa place ». Les décideurs et les théoriciens qui forgent les problématiques de décisions et leurs modes de résolutions sont presque toujours des personnes distinctes ayant au fond des métiers et responsabilités différentes. Paul sait surement qu’il est tout aussi urgent de produire une analyse lisible qui donne le cadre des orientations possibles que de mettre en oeuvre des politiques qui en découleront.
Il y a des raisons que je qualifierai de sérennité historique, car après tout, dans le passé, des décisions d’ampleurs similaires ont déjà été prises. Pourquoi celà ne pourrait il advenir maintenant ?
Ce dernier point m’amène à ce que j’estime qui peut vraiment arriver. Il me semble qu’historiquement, ce qui a toujours prévalu est l’intérêt final de la classe dominante – car je suis de ceux qui estiment que nous vivons moins en démocratie qu’en oligarchie – en particulier quand il s’agit d’argent. Le moment actuel me semble celui d’un basculement interne dans l’oligarchie mondiale – ou plutot dans les oligarchies mi nationales, mi mondiales, tout un tas de riches influents et de penseurs de pointes agités par un contexte glissant qui remet en question un ordre qui les avait jusque là si bien servi.
Le problème est que j’ai un certain mal à discerner qui gagne et qui perd. Les crises de ce type sont avant tout l’occasion de changer brutalement la cartes des oligarques car comme le disait Paul : on peut gagner beaucoup d’argent dans une crise – comme d’ailleurs dans une guerre, et je vais pousser l’analogie : il y a forcément une guerre, et même plusieurs, qui secoue la classe dominante. Il y a ceux qui perdent beaucoup et veulent changer des conditions qui leurs sont défavorables, il y a ceux qui semblent perdent mais consolident en fait des acquisitions leur assurant une position renforcée une fois le cadre revenue, il y a ceux occupés à gagner discrètement des fortunes tandis que coule le navire. Comme toujours dans les oligarchies les lignes me semblent dures à définir et la seule question intelligible me semble : quelles est la proportion de la classe dominante qui va cesser de l’être au profit de nouveaux arrivants ? Et surtout, quel ordre vont dicter les vainqueurs ?
Je sais que ce ne sont pas des questions sur lesquelles spéculent Paul, je lis donc ailleurs pour me faire une idée mais c’est peut être sans espoir. On y parle d’oligarchie anglo saxone en déclin, on y lit en filigrane une position commune hors US pour tordre le coup à l’hégémonie du dollars et laisser les USA marcher vers leur douloureux destin (y compris de notre « atlantiste » de président 😛 ). Cette tendance est apparue extrèmement vite dans la crise et je m’attends à la voir s’avancer lentement mais surement dans les prochaines années. Celà implique-t-il une moralistation de la finance ? Je ne sais pas. Les Russes et les Chinois aussi ont une oligarchie. Celles-ci percoivent elles la finance sur le model anglo saxon comme un outil de domination entre leurs mains, ou comme une bombe à retardement les menaçants du destin US ? Ca reste à déterminer…
Je n’ai pu lire le billet attentivement par manque de temps. Mais dans les premières lignes, je retrouve une réflexion que je me suis fait en lisant la fin de la « Crise ». Pour Paul, « l’homme est non seulement le moyen que la natture s’est donné pour prendre conscience d’elle-même mais aussi celui qu’elle a découvert pour se surpasser … ».
Je partage le point de vue de l’auteur du billet quand il écrit que « notre époque déborde d’irrationnel et de religiosité par tous les fils, tous les circuits complexes de sa technologie triomphante ».
Il y a un fond conceptuel relatif à la Nature et à la Technique qui apparaît en filigranne dans les textes de ce blog. Il y a deux manières d’envisager les liens entre ces deux concepts. Les continuistes établissent un lien entre l’organique et le technique et les discontinuistes qui établissent une rupture entre le technique et l’organique. Paul se situe dans la première catégorie et il me semble qu’il ne diverge guère de ceux qui croient en l’auto-régulation des marchés. Leur différence réside dans les moyens à mettre en oeuvre pour que cette régulation se réalise.
C’est surtout l’illusion de permanence d’une société avec une classe moyenne occidentale vivant dans un certain confort technologique qui s’écroule. Les machines à produire sont toujours là, une classe de bien nantis aussi. On oublie souvent que cette classe moyenne s’est revendiquée un jour au travers d’organisation venant de la base: des travailleurs solidarisés face à des patrons nantis qui tiraient le bénéfice bien au-delà du raisonnable surtout après des améliorations techniques et organisationnelles permettant des améliorations de la productivité. Ces mouvements syndicaux qui ont pris de l’essor des années 20 au années 70 est curieusement une variable oubliée dans l’explication de l’essor de la société.
On oublie de dire souvent que 1929 est arrivé dans un monde encore très embryonnaire quant à l’existence d’une classe moyenne. Les idées communistes et socialistes ont gagné le monde dans les années 20 et 30 et aménagé le rapport de force moderne pour une classe moyenne plutôt confortable.
On a construit après des luttes souvent sanguinaires pas à pas un contrat social: l’état providence qu’on connaît aujourd’hui. Toutefois, on a construit sur une fuite vers l’avant assez spéculative: on a permis aux états de développer des dettes considérables pour pouvoir aux besoins du présent selon des règles qui ont fini par devenir internationales et qui engageaient tout le monde mais en particulier le travailleur qui paie ses impôts, et finalement le travailleur du futur. On a vu ainsi l’état moderne prendre en charge beaucoup d’aspects de la vie sociale grâce à la contribution de tous et grâce l’emprunt pour l’investissement et pour souvent aussi payer l’épicerie. Certains aspects ont été pris en charge toujours dans la part du travailleur ou des entreprises plus rentables permettant de fonder des systèmes parallèles encore plus généreux: fonds de pensions, assurance-santé, etc. On ne dit pas trop que ces luxes accordées à certaines classes de travailleurs réduisaient finalement les contributions de l’entreprise à l’État, bref, au bien-être de tous.
Évidemment, il a bien fallu donner l’illusion que la retraite fort confortable pour laquelle bien des travailleurs ont donné leur vie et qui constituait une motivation au travail, pouvait être réel. On a constitué des fonds et continuer de développer un système de placement permettant de faire fructifier l’argent ainsi mis en réserve pour l’avenir du travailleur. Le système financier a dû répondre à ces exigences. Or, combien de ces argents ont financé de la dette de gouvernements, combien se sont perdus dans les projets non viables. Combien dans la spéculation des marchés financiers. Le travailleur, le syndicalisme n’y a vu que du feu. D’ailleurs le syndicalisme devenu bureaucrate depuis les années 80, a du devenir collaborateur-gestionnaire et finalement céder tranquillement sont contre-pouvoir face à la réalité illusoire de ce système qui reposait sur une vue spéculative de l’avenir. La crise de 1982-83 a clairement changé la donne pour bon nombre de groupe de travailleurs. D’ailleurs, les médias ont été pris en contrôle tranquillement par les pouvoirs de l’argent et c’est tranquillement qu’on a oublié que pour avoir droit à sa part de steak, il fallait se battre. La lutte de classe s’est oubliée… jusqu’à ne sembler qu’une idée passéiste, un mythique communisme plus égalitariste qui d’ailleurs s’effondre dans la même période. Nous avons pris pour acquis un contrat qui peut à tout moment être rompu.
D’ailleurs la grande dissolution des états providences non rentables s’est poursuivi avec l’idée de la mondialisation. Le magicien allait atteindre le sommet de son art.
Alors, en même temps est arrivé l’ouverture des marchés qui ont permis tranquillement de déconstruire ce rapport de force. Sous l’impératif de la concurrence des marchés, le mouvement syndical a dû céder le pas à la logique des rationalisations, qui par vague ont licencié, ont revu les contrats de travail à la baisse. En même temps, on a resserré un peu partout la ceinture des gouvernements. La logique du financement des États avaient été trop loin. La délocalisation devenait un mouvement réel…
Dans les années 90, déjà on sonnait l’alarme sur le caractère illusoire des fonds de retraites. On commence à avoir besoin de plus en plus de travailleurs immigrants pour les petits boulots, car la classe moyenne riche ne veut pas s’occuper de ses poubelles… On n’arriverait pas à soutenir tout cela. L’Europe en difficulté aussi a lancé le cap sur une regroupement stratégique sensé régler les problèmes structurels des pactes du passé.
On a investi nos argents dans des sociétés lointaines pour développer des infrastructures pour préparer finalement la main d’oeuvre de demain et de nouveaux marchés. L’air de rien, la Chine s’est construite avec beaucoup de l’argent des Occidentaux, donc avec l’argent investi de nos caisses, de nos fonds.
Or, le logique de l’ouverture des marchés est une fuite vers l’avant sans fin d’une situation déséquilibrée qui date d’ il y a fort longtemps. Pendant ce temps, les possédants n’ont pas cessé de ramasser leurs dividendes, leur part de profit. Désormais ils ont de moins en moins de compte à rendre à personne d’ailleurs. Ils contrôlent les forces de productions toujours cependant que les remparts s’épaississent pour leur revendiquer la part extraordinaire du gâteau collectif qu’ils ont continué de s’attribuer. Ils ont d’ailleurs viciés peu à peu le système financier rognant dans les paris encore des parts considérable de la richesse et du travail collectif…
Bon, ce système a pu survivre encore un peu avec la bulle technologique et biotechnologique qui a entretenu encore l’illusion de ce système de confort de la classe moyenne était permanent.
Enfin, l’ingéniosité des financiers pour trouver des portes de sorties a permis de maintenir jusqu’à maintenant ce confort emprunté sur l’idée que l’avenir trouvera bien un moyen de nous sortir du trou… La Fed, depuis des années a permis de faire tourner l’économie artificiellement en donnant du crédit à la consommation. On a continué à acheter pour payer plus tard. Pendant qu’on s’est privé ailleurs, certains ont maintenu leur niveau de vie artificiellement…
On dirait que les États-Unis se sont donné le mandat de montrer le chemin de la ruine finale d’ailleurs en s’engageant sur l’avenir pour garantir l’insoutenable logique du système déséquilibré que nous avons créé… Mais le consommateur moyen n’a plus les moyens et bientôt il faudra rompre avec les règles pour soutenir ce système « dysfonctionnel ». Rien ne fonctionne plus… L’état providence qui n’est plus providence va à sa ruine. Inventer de l’argent sans fin ne résout pas le problème. Si le système ne produit plus, il ne pourra pas se soutenir longtemps. L’« acting out » collectif guette. La guerre menace. Et qui en profitera? On se doute bien qui.
Aujourd’hui, d’ailleurs qui peut comprendre l’ensemble de cette folie systémique disséminée partout sur la planète dans un réseau d’échanges délirants. Ce système est tellement complexe qu’il échappe à toute tentative de le réparer.
On a laissé partout se morceler les frontières, comme si un organisme pouvait survivre longtemps au chaos externe sans mettre une certaine dose d’énergie à surveiller les intrants et les extrants. Curieusement au moment où nous arrivons aux frontières de la planète, nous nous sommes mis à détruire nos frontières comme pour nier la réalité, détruire les clans, détruire la famille, le couple, le lien parent-enfant. On a morcelé le corps social pour n’en garder que des institutions non vivantes abstraites sans âme… gestionnaires… Il est clair qu’une cellule sans membrane ne permet pas de construire des organes qui sans enveloppe ne peuvent faire vivre un être vivant lui-même entouré d’une peau. La circulation des flux a besoin de canaux surveillés ou l’entropie guette.
A mon sens, pour garantir une cohérence dans la survie, il faut redimentionner nos systèmes perméables, trop perméables, revoir l’équilibre des partages des fruits du travail collectif. Ceci exige que le processus garde une proportion raisonnable pour permettre de le voir, de le gérer. Et cela ne se fera pas par une brillante analyse ou en trouvant une solution sur papier, mais en revenant à la réalité, ce dont nous nous sommes trop éloignées. Le travailleur moderne ne pourra pas payer la retraite de ses parents que le système n’a pu garantir. Il acceptera mal de prendre sur ces épaules le délire des générations passées.
Aussi une constitution pour l’économie mondiale est une aberration dans une mondialisation délirante non maitrisée et mal fondé qui continue de toujours maintenir un niveau de vie exagérément confortable pour une minorité de gens. Il n’y a pas de contrat social possible dans le monde-Babel …
Quand les règles sont tellement complexes qu’on ne peut plus en discuter, quand on ne peut pas trouver de solution, tellement le problème est construit sur une illusion, une bulle insoutenable, si l’on en vient à ne pouvoir plus massivement avoir accès à nos besoins fondamentaux, la violence devient la réaction de survie la seule qui ait un sens. Les gens vont redécouvrir l’entraide et probablement redécouvrir la lutte de classes…
Evidemment je suis assez d’accord avec Daniel Dresse. Ce qu’il me semble manquer c’est la compréhension que l’économie telle que nous la vivons découle de choix politiques fait par la génération de dirigeants comme Reagan, Thatcher. L’économie actuelle est une méthode de gouvernement permettant de mettre en oeuvre cette politique.
Cette politique pour durer a manipulé les populations, menti, fait des guerres, des magouilles mafieuses de tous ordres tous exercices de diversion dans l’attente du miracle du ruissellement de la monnaie du haut vers le bas. C’est un echec politique qui nous met dans la crise actuelle. Echec politique du essentiellement à l’injustice de choix imposés à la majorité en faisant confiance à la minorité pour redistribuer par la dépense les richesses aux plus pauvres. Evidemment cette redistribution n’a pas eu lieu. C’était couru d’avance, faire aveuglément confiance à des gens cupides pour qu’ils ne le soient plus était un non-sens.
Comme le souligne Daniel c’est plus un problème de justice que de principes. Comme les lois sont faites par ceux qui décident des orientations politiques et donc de l’économie pour atteindre les objectifs politiques bien évidemment on ne peut attendre que les lois favorisent autre chose que la politique voulue. Par exemple le renforcement des cours d’économies dans les lycées est une décision politique car on se doute bien du contenu de l’enseignement, une justification des choix politiques évidemment.
Le mensonge est à la base de la société occidentale depuis trente ans car personne ne voterait si explicitement un candidat disait je vais spolier les pauvres pour gaver les riches et une fois ceux-ci en overdose ils vont rendre l’argent par leurs dépenses. On peut rendre de la nourriture en vomissant, l’argent lui va dans les paradis fiscaux.
Les troubles sociaux face à ces injustices risquent bien d’exploser, car c’est à peu prèt tout ce que les miséreux peuvent faire pour ce défendre des riches et des puissants, les politiques ne faisant plus leur devoir de protection des faibles et des pauvres par la loi et la force publique. La société est actuellement gouvernée par les comptes, la loi et la force publique sont détournées de leur devoir.
Comment ai-t-il possible que une ou quelques personnes aient le droit d’accumuler de la propriété sans limites? La première loi est de limiter le droit de propriété. L’impot ne redistribue pas puisqu’il y a les paradis fiscaux, soutenus par tous les politiques sinon il y a belle lurette qu’il n’y en aurait plus.
Une constitution se remanie (on l’a vu pour le réferendum européen) en fonction des objectifs politiques. Il n’y a d’ailleurs aucune raison de demander d’interdire les paris sur les prix quand les paris sur de petites boules sont eux autorisés, argent lui aussi détourné de l’investissement productif et capté par les gouvernants pour financer …. leur politique de spoliation. La boucle est bouclée.
Nous sommes face à une fin de civilisation, et ça va faire mal. Et c’est pas la constitution qui va éviter les désastres à venir. Le fruit est pourri, les divers plans de relance en sont une preuve de plus. En effet ces plans sont de la dette publique en plus. Empruntée auprés de ceux qui peuvent preter les riches, pour reconstruire des entreprises qui appartiennent aux préteurs les riches. La boucle est bouclée la aussi. Le plan Paulson sert à rembourser leurs pertes aux riches avec les impots des pauvres. Preuve en est que personne n’a exigé que d’abord Paulson et ses copains rendent tous leurs gains illégitimes depuis l’an 2000. Ce n’est que la continuité de la meme politique.
@ Jonathan livingston
Je partage votre analyse de l’évolution du capitalisme depuis les années 20. En effet le tournant néo-libéral n’est pas un tournant dû à la seule action de la droite. La gauche, partout en europe a accompagné, sinon engagé — notamment à la comission européenne lorsque l’on y dérégulait le marché des capitaux — le mouvement. Les syndicats actuels ont hélas suivi le mouvement et n’ont toujours pas fait leur analyse critique des mutations du capitalisme. Ils en sont restés aux seuls problématiques du pouvoir d’achat, oh combien nécessaire la crise s’approndissant, mais tellement dérisoire au regard des failles béantes du capitalisme contemporain. Il y a guère plus d’une année ou deux mon journal m’est tombé des mains lorsque j’ai lu qu’un leader syndicaliste — cgtiste — ne voyait pas d’un mauvais oeil que ses adhérents achètent des actions d’un group récemment capitalisé. Pour le coup c’était l’aveu non pas d’un compromis, mais d’un renoncement à la lutte des classes !! La crise est là mais il manque un réel « réarmement » idéologique du coté de la gauche et des syndicats les plus importants numériquement, pour être de taille à affronter les forces colossales qui s’exercent pour contrer toute vélléité des travailleurs d’imposer un nouveau rapport entre travail et capital, et au delà, redéfinir les finalités, contenus des activités productives.
@ Jonathan Livingston et Scaringella disent :
« Aussi une constitution pour l’économie mondiale est une aberration dans une mondialisation délirante non maitrisée et mal fondé qui continue de toujours maintenir un niveau de vie exagérément confortable pour une minorité de gens. Il n’y a pas de contrat social possible dans le monde-Babel … »
« Une constitution se remanie (on l’a vu pour le réferendum européen) en fonction des objectifs politiques. »
A vous lire on aurait presque l’impression qu’une constitution pour l’économie serait la cause des maux que vous dénoncez, que vous dénoncez, je souligne, avec justesse. Mais ne renversez tout de même pas l’ordre des priorités !
Je n’ai pas envie de passer pour l’avocat éternel et béat de Paul Jorion, mais tout de même, lisez-le.
Il ne dit pas autre chose que ce que vous dites. Il s’est même permis d’évoquer un « appel du pied extra-parlementaire » dans un des ses récents billets. Pour un intellectuel de haut vol, ex trader, ce n’est tout de même pas si courant !!
Si rien n’est fait, évidemment, ne restera plus que la violence. Mais pour quels résultats ? La violence sans projet, n’a jamais mené qu’au chaos. Et aux morts innocentes. Un mouvement social se doit d’être organisé.
Quant à arguer du fait qu’une constitution pour l’économie est sur le principe une aberration au pretexte qu’elle serait susceptible d’être déviée de son objectif premier, l’argument me semble bien faible. On pourrait en dire autant de toutes choses, et y compris de la violence. Vos objections s’en tiennent à la description du monde. La priorité n’est plus là, c’est l’action. Or, il me semble qu’en la matière il nous faut faire feu de tout bois. Et cette constitution en est du très bon.
Vous raisonnez de façon exclusive au lieu de voir que la bataille doit être menée sur tous les fronts. Paul propose sa Constitution pour l’économie, mais son combat, si je l’ai bien compris, ne s’y limite pas, cette constitution c’est une attaque frontale du mode de fonctionnement de l’économie-monde actuelle. IL se peut que cette bataille soit perdue, mais avant de l’avoir perdue, menons le combat. Imaginez un monde sans spéculation, sans paris sur les prix, sans paradis fiscaux, c’est tout alors le moteur de l’économie mondial qui en serait transformé, avec des conséquences sur les gains des acteurs dominants. Le capitalisme ne disparaîtrait pas du jour au lendemain — sauf effondrement total — mais la balle serait désormais dans le camp des capitalistes qui devraient alors trouver d’autres sources de profitabilité de leurs entreprises. Les rapports de force sociaux, vous avez raison, seront inévitables, mais la lutte doit aussi se placer sur la plan intellectuel, sinon les idéologues du post capitalisme néolibéral se chargeront de trouver de nouvelles justifications à leur domination.
@ Paul
J’ai relu votre texte « Aux grands maux les grands remèdes » et même si la phrase de conclusion, celle en appelant à l’apport de la volonté du peuple, est sans ambiguïté, je reste dubitatif sur les fondements d’une telle constitution, les moyens de la faire adopter, et surtout ceux de la faire respecter.
Dans le monde qui est encore le nôtre, cela serait à la rigueur techniquement concevable sous la forme d’une déclaration solennelle de grands principes, à l’image de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ou de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
A charge aux états ou aux groupements d’états de la citer en préambule de leurs constitutions respectives et d’y conformer leurs dispositions particulières. Cet acte pourrait être d’ailleurs réalisé dans le cadre d’une ratification collective, à forte charge symbolique, comme ce fut le cas à l’ONU pour la déclaration de 1948.
C’est peut-être cela que vous entendez vous-mêmes par « Constitution » puisque vous parlez plus haut « d’une loi qui définit un cadre général auquel ils (les états) sont appelés à se conformer ». Il y a aussi à mon avis un pont jeté avec la conception de Pierre Yves D. sur sa constitution DE l’économie et destinée, dit-il, à « entrer dans le champ du politique ».
La qualification d’un tel texte poserait des problèmes qui n’en seraient pas moins considérables ! A qui s’adresserait-on ? A l’homme ? Au citoyen ? Ou encore à des nouvelles catégories constitutionnellement consacrées, mais peu aussi commodes à cerner dans l’ordre sémantique que « l’agent économique » ou « l’acteur économique ». La piste explorée par Gréau dans « L’avenir du capitalisme » (un bouquin dont je ne me lasserai pas de dire qu’il est fondamental) serait intéressante pour vous, puisque lui rend l’entreprise moralement redevable à la collectivité par le fait qu’elle a acquis au fil de l’histoire, et au même titre que l’église par exemple, le statut d’une PERSONNALITE MORALE.
Mais tout cela ne m’empêche pas de retomber dans mon interrogation première. Quelle sera la viabilité et la fiabilité d’une telle déclaration dans le contexte d’un monde appelé à se contracter, et même si je me doute bien qu’un certain niveau de coopération internationale continuera à fonctionner ?
@ Pierre Yves D.
Peut-être me fais-je mal comprendre mais je ne fais pas la distinction fondamentale que vous dites entre les croyances collectives et la rationalité ? Je crois au contraire que celles-là sont sous jacentes à celles-ci. Mais encore faut-il savoir clairement de quoi l’on parle, et ne pas se réclamer purement de la rationalité quand on est dans la pure croyance, ce que j’appelle moi porter un masque.
@ Les Autres
Merci pour vos remarques. J’avais l’intention, par lassitude, de ne plus m’exprimer sur ce blog. Je passerai quand même de temps en temps, en revenant des champs…
@Pierre-Yves D
Merci,
l’heure est à l’action car l’année prochaine tout va s’écrouler et comme nous tous, nous ne voulons pas d’un bain de sang et d’une méchante dictature. En dehors du projet de Paul, je ne vois aucun espoir. Sinon, restons les bras croisés à attendre que tout explose. Nous avons une chance inouïe car nous savons à quel point la situation actuelle est explosive. Nous devons aider Paul et le temps presse. Il faut créer de toute urgence des états généraux pour une nouvelle constitution économique. Je ne veux pas être de ceux qui diront à leurs enfants: »je n’ai rien pu faire! »
Scotché sur l’ordinateur, je viens de trouver un petit bout de papier avec marqué dessus « devoir ». J’avais donc oublié de traiter ce point là dans mes dernières objections, et qui est essentiel. J’ai donc rallumé l’engin !
La déclaration constituante ou la charte constitutionnelle à laquelle je faisais allusion dans mon tout récent billet sera nécessairement un texte consacrant autant des DEVOIRS, et des restrictions, que des droits. Il y aura là un revirement complet par rapport à tout ce qui a été accompli depuis 1945 dans l’ordre de la démocratie et des lois fondamentales garantissant son exercice, puisque celles-ci consacraient avant tout des droits (j’aurais besoin ici des lumières de spécialistes en droit constitutionnel pour me remettre dans le droit chemin si je m’égare).
Les adversaires d’un tel projet ne manqueront pas d’utiliser ce changement de paradigme là pour oeuvrer au maintien du statu quo en matière de pratiques économiques. Il faut en avoir bien conscience.
Concrètement, les chartes exprimant des réserves et des obligations explicites n’existent, si je ne m’abuse, que dans le monde professionnel sous la forme de chartes de déontologie. Une déclaration à vocation internationale qui verserait dans ce formalisme aurait tous les attraits de la souris sortie de la montagne !
Au niveau des lois organiques fondamentales, je pense que les constitutions de devoir sont toujours intervenues dans un sens TRES restrictif pour la démocratie. Ce fut le cas par exemple pour la Constitution de l’an 111 (1795) qui revenait sur l’existence des droits sociaux et les conditions mêmes du droit de suffrage, proclamés par les textes précédents.
Le pire exemple est bien sûr celui de la constitution de Vichy qui délimitait « les droits et DEVOIRS du citoyen en instituant un état dont l’autorité s’appuie sur l’adhésion de la Nation ».
Cette formulation émanant d’un état de sinistre mémoire, n’en pose pas moins clairement, quels que soient l’échelle institutionnelle envisagée et le but recherché, le problème de l’autorité destinée à faire respecter les obligations de chacun.
Les forces multinationales d’intervention n’ont toujours connu que des succès très mitigés dans le champ purement politique. Dans le champ à la fois politique et économique l’efficacité des embargos est également discutable au niveau des exemples disponibles.
Dans le cas des paradis fiscaux, je n’écarte pourtant pas d’emblée que la mise en chantier d’une autorité internationale de régulation n’obtienne des résultats tangibles.
Mon sentiment reste néanmoins que, dans le contexte mondial qui arrive à grand pas, dans ce domaine comme dans les autres, LES solutions proviendront de la conjonction des unilatéralismes. Les actions communes à grande échelle ne marcheront pas sans cette condition là.
Constitution…Déclaration…Déclaration universelle des droits de l’homme…Bizarres les associations…
Et en juxtaposant science économique (rien que le nom m’amuse…) et
« Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. » ou « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. « ,
J’atteins les sommets de ce que peut accepter mon esprit…ma conscience…ma raison !
Cependant, je souhaite bon courage aux experts (clin d’oeil !).
Je pense tout haut, ci-dessous :
J’aborde les billets de débat publiés sur ce blog sans connaissance en économie. Cela me permet peut être de ne pas remettre en cause des croyances, ni de bouleverser une « façon de voir ». Mais peut être aussi cela ne fait-il de moi pas même un amateur. Tel un cancre au fond de la classe, mon attention est parfois retenue par des détails et mon esprit vagabonde.
Les différents « points de vue » exprimés en commentaires, la démarche de Paul de « se constituer son opinion à la dure », la « dimension temps » et plusieurs autres sujets abordés jusqu’ici, m’ont à plusieurs reprises fait penser au travail et à la démarche de l’artiste David Hockney. Le texte de Daniel Dresse à nouveau.
Dans son livre « Ma façon de voir » David Hockney explique comment ses recherches notamment sur la photographie lui ont permis paradoxalement de mieux comprendre le cubisme.
«L’assemblage du Jardin Zen a agi sur moi comme un révélateur. A ce moment-là seulement, je me suis aperçu que j’étais confronté au problème de la perspective : je pouvais modifier la perspective. […] Parvenir à cet objectif par l’intermédiaire de la photographie était d’autant plus intéressant que ce procédé de représentation est totalement dominé par l’idée de perspective. La plupart des photographes estiment que les règles de la perspective sont inscrites dans la nature même de la photographie et qu’en conséquence, il est impossible de les modifier. En ce qui me concerne, prendre conscience que ce n’est pas forcément le cas a été le résultat d’un long processus de réflexion.»
A propos de Picasso
« il m’a fallu longtemps, par exemple, pour prendre pleinement conscience contrairement à ce que pensent certains, de l’absence de distorsion dans l’oeuvre de Picasso. Ces figures n’apparaissent déformées qu’à ceux qui limitent leur perception à une seule façon de voir, c’est-à-dire en regardant les toiles de trop loin et sans tenir compte de la notion de temps. A partir du moment où on comprend Picasso, et comment, dans ses oeuvres, il a intégré la notion du temps – en présentant simultanément l’avant et l’arrière d’une figure -, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une expérience d’une grande richesse. On ne voit plus de distorsions, les oeuvres apparaissent de plus en plus réelles. Paradoxalement, le naturalisme apparaît de moins en moins réel. […]
A l’exposition Watteau, qui était magnifique, nous avons remarqué un petit tableau, absolument merveilleux, qui s’intitule La toilette intime. […] Célia l’a trouvé exquis et je lui ai dit : « C’est vrai, c’est une pure merveille. » Le lendemain, nous sommes allés voir les tableaux de Picasso au Centre Pompidou. Nous y avons, notamment, contemplé une petite toile de 1932 et de nouveau Célia a été sous le charme. Je lui fait remarqué la principale différence entre le tableau de Watteau et celui de Picasso. Pour le Watteau, en y réfléchissant un peu, on se demande où se trouve le spectateur de la scène. Peut être est-il dans une autre pièce, ou dissimulé derrière l’entrebâillement d’une porte ? Pour le tableau de Picasso, il est donné à voir en même temps, la face et le dos du personnage, et ce genre de question ne se pose pas. Le spectateur est forcément à l’intérieur de l’espace défini par l’artiste. Pour le Watteau, le spectateur est un voyeur qui observe la scène à travers le trou d’une serrure. Pour le Picasso, cela ne peut pas être le cas. »
A propos du cubisme
« Lorsque les gens ont découvert les premières oeuvres cubistes, ils ont dit qu’elles ne ressemblaient pas à la réalité. Les tableaux de Picasso n’en étaient que des déformations. […] Ce n’était pas pour eux une peinture censée faire partager une expérience universelle de la réalité. Apparu après l’expressionisme, le cubisme était considéré comme l’expression subjective et personnelle de la réalité. D’une certaine manière, un lien pouvait être établi avec les théories d’Einstein. Avant Einstein, le temps et l’espace étaient considérés comme des concepts distincts, comme des absolus qui auraient toujours existé. Pour Einstein ces notions dépendent en grande partie de l’observateur. Par voie de conséquence, la notion de réalité partagée a considérablement reculé. Il devenait évident que nous voyons tous quelque chose d’un peu différent.
Notre mémoire contribue également à cette situation. L’histoire de l’art prétend que le cubisme a annoncé l’abstraction vers 1925, l’année où déboulent sur la scène artistique Mondrian et d’autres. En fait, ce qu’eux-mêmes auraient appelé l’abstraction pure avait déjà commencé. Mais c’est alors qu’un sérieux problème se pose. Certains ont constaté « Il y a l’abstraction, ou, en tout cas, ce que nous appelons l’abstraction, une représentation qui ne ressemble pas apparemment à la réalité, et qui se moque d’y ressembler ; puis il y a figuration, un art qui ressemble à la réalité et dont l’exemple le plus accompli est la photographie. » Finalement on en a conclu que l’abstraction et la figuration sont des formes totalement distinctes.
Comme la plupart des gens, j’ai d’abord cru à ce genre d’affirmations. Mais aujourd’hui mon point de vue a bien changé. La photographie est une abstraction raffinée. Elle est extrêmement raffinée et la perspective l’est aussi. Dans le même ordre d’idée, une peinture de Canaletto est plus abstraite et beaucoup moins « réelle » qu’un rouleau chinois du dix-huitième siècle. Pourtant, la plupart des gens pensent le contraire. »
Quel rapport entre l’économie et les réflexions de David Hockney ?
Pour moi (j’insiste, je pense tout haut), je ne sais si l’économie a vécu l’équivalent d’une « révolution cubiste » mais j’imagine qu’elle souleverait ou a soulevé de vives réactions. Cependant j’ai le sentiment que nous continuons à l’observer chacun depuis des points de vue distincts en espérant obtenir une représentation photographique « réelle ». J’ai ce sentiment en lisant le billet ci-dessus auquel je pourrais ajouter nombre de commentaires tout aussi justes publiés sur ce blog et qui dénoncent ce qui ne va pas. Une accumulation d’angles de vision, de points de fuites entrecroisés.
Pour autant la mise en garde qu’une Constituion serait une impasse, m’apparaît plutôt comme une réserve académiste. Sûrement une telle critique a-t-elle été opposée au travail de photocollage de David Hockney « Voyons, il est impossible de représenter une perspective inversée avec un appareil photo ».
Je préfère penser qu’une Constitution pour l’économie pourrait être la base d’une vision plus « cubiste », une représentation du monde non pas d’un unique point de vue mais prenant en compte la dimension temps (la reconnaissance de dette ?) pour englober le spectateur.
Du coup je suis d’accord avec Daniel Dresse, non à Watteau qui exclu le spectateur, oui pour du Picasso.
Et plus je lis de billets d’invités plus je pense aux photocollages de Hockney. Bref, merci pour ce texte.
Sur ce, je délaisse Internet jusqu’à l’année prochaine.
Bonne fin 2008 à tous.
@ Fab
Vous avez raison, les fins de nuit sont rudes, surout un 24 décembre dans un hôtel (clin d’oeil). Passez un bon Noël. Puissent les experts, les profanes, les ânes, les boeufs et les corbeaux qui passent se donner la main…
A Pierre-Yves D.,
Il n’y a pas de constitution pour l’économie à ce que je sache, mais les règles de l’OMC qui est un crédo néo-libéral hégémonique.
A mon sens, la globalisation crée une accumulation des ordres de représentations et éloigne toujours plus le citoyen-contributeur-bénéficiaire et victime de la réalité du pouvoir et des contrôles. Peut-être est-ce parce que je viens d’un peuple qui est minoritaire en Amérique du Nord et que je constate l’impasse de la politique canadienne assez paralysé en ce moment dans une «rigidification» des divers groupes d’intérêt dans la fédération canadienne. Combien de discussion sans fin sur des questions de gestions culturelles et politiques… Combien de déresponsabilisation de l’ÉTat fractionné en paliers qui se relance les balles, combien d’incompréhension et de tension insurmontable entre anglophones et francophonse dans ce si pacifique pays… Les négociations de nation à nation selon les besoins me semble bien plus souhaitable. L’identification au citoyen du monde est une fumiste vue de l’esprit si elle nous dissout dans l’immensité humaine… Le système politique national de plus en plus dissous se lave les mains d’une économie intérieure qu’elle ne peut plus contrôler vraiment et le citoyen ne sait même plus pourquoi voter dans ce monde sans choix, sans décision, laissé à la bonne fortune d’entrepreneurs et d’étrangers de plus en plus désengagé de l’affaire sociale tandis que ses syndicats sont devenus des pantins bureaucrates-avocats qui prennent notre pouvoir citoyen en charge sans qu’on puisse plus vraiment rien y redire tant nos rapports sont maintenant codifiés dans des conventions collectives favorisant le groupe constituant la majorité des membres.
Pour moi, il est même assez incompréhensible cette volonté de beaucoup de français de se dissoudre dans l’UE. En fait, vous avez pourtant voté contre et on vous l’a imposé de toute manière en bout de ligne… Pourtant, il n’y a que des communautés nationales qui puisse vraiment se solidariser. Nous faire croire le contraire est du délire, le refus de bien voir que l’étranger est toujours quelque part très étrange, distant, incompréhensible de prime abord. Malheureusement, les populations à la base ne sont pas «world» d’essence… Loin de là.
Créer une constitution pour l’économie mondiale reviendra comme les accords de commerce actuels à mettre les organisations sociales diverses sous la coupe d’une éthique et d’un ordre de règles unique, ce qui du coup réduit la liberté des communautés et leur créativité à s’auto-déterminer. Enfin, le sacro-saint dogme mondialiste néo-libérale qui sacralise l’indépendance de l’entreprise privée avec les états nous plonge toujours plus sous le joug de la mentalité d’entreprise qui est une hiérarchie totalitaire absolument pas démocratique. Je ne vois pas en quoi une belle déclaration de principe pourra changer quoi que ce soit à cela. De la poudre au yeux… C’est comme d’espérer convaincre des renards avec des panneaux d’interdiction ou des codes moraux diffusés par hautparleur apr`s avoir enlevé les clôtures autour d’un poulailler! Le renard se fout des discours, ils suit sa logique de renard…
A mon sens, si les échanges internationaux de service sont toujours intéressant, il convient pour le respect du l’environnement et des hommes que chacun gère sa cour le plus adroitement possible.
L’économie mondialisée a permis nombre d’aberration et de pillages de continuer de plus belle.
Je doute fort donc de l’efficacité d’une constitution mondiale pour remédier à la situation, car qui, en bout de ligne sera en mesure de surveiller le monde et ses dérives. De toute façon, la réalité rattrapera le délire actuel, nous n’avons pas 5 planètes de ressources pour donner un niveau de vie égal au standard occidental… Baser l’économie toujours vers une fuite en avant productiviste laissé à l’initiative des intérêts capitalisés se frappe nécessairement à un mur. L’humanité devra trouver autre chose…
Nous avons tous à apprendre à faire avec ce que nous avons. Et apprendre à croître à une autre vitesse en respect avec l’environnement. Je crois enfin que le retour d’un certain protectionnisme s’imposera puisqu’on ne peut s’organiser clairement que dans des ordres de grandeurs raisonnables compréhensible par la raison et les sens.
L’ordre mondial s’il vient sera imposé par une force coercitive car la diversité des cultures, intérêts et conceptions du monde sont trop variés. Quand on regarde la situation en Afghanistan où 7 ans de forces de paix finissant par être rejeté par une population qui en a marre de se faire faire la morale par des occupants bien intentionnées, on a de quoi craindre ce genre d’ordre global et unique… D’ailleurs, on a bien l’impression que la force de paix devra bientôt battre en retraite si cela continue… Je pense qu’il faut s’opposer à ce genre d’interférence dans la vie des peuples. Vouloir contrôler un territoire récalcitrant pour passer des pipelines est une bêtise, il faut apprendre la patience et la négociation ou payer le réel prix de ses besoins, dédommager ces peuples.
Bref, la manière de ramener l’entreprise productive mondialisé est de revenir un peu en arrière, d’accepter de laisser un peu de côté nos privilèges de gavé au produit de l’Esclavage lointain pour nous retrousser les manches et reprendre fierté de contribuer dans nos sociétés avec des entreprises responsables tournés vers les besoins des populations et non vers l’appétit des actionnaires…
Jonathan Livingston dit :
26 décembre 2008 à 22:03
Il faut bien mettre tous les moyens en œuvre en restant lucide sur leur imperfection. Ainsi, je suis d’accord pour élaborer une constitution, une constitution tel que recherchée et proposée par Étienne Chouard par exemple.
C’est à dire une constitution élaborée et écrite par les gens, par les vrais usagers, et non plus des « représentants de commerce », pardon, des représentants « politiques » télécommandés par des lobbies… Quant à l’échelle de l’application de la dite constitution, c’est une autre affaire. Et là, je suis pleinement d’accord avec les propos de Jonathan Livingston ci-dessus, cette approche est tout à fait exacte.
J’ai des très bons rapports avec des Québéquois et je connais à travers eux des questions canadiennes récurrentes et d’actualité. Je pense que le Canada dans son ensemble est un « laboratoire » assez parlant de problèmes à l’échelle mondiale. Une indication subtile soulignée par des Québéquois me revient au sujet de la mainmise mondialiste, et là l’avis de Jonathan Livingston serait également intéressant. Il s’agit de cette « poussée » récurrente de l’ « indépendance » du Québec. « Poussée » qui serait discrètement appuyée par les milieux mondialistes dont la « stratégie » est de favoriser des courants « indépendantistes » pour créer une « poussière » de – petites – nations, ainsi beaucoup plus faciles à dominer, domestiquer et à endetter notamment, tel serait le cas du Québec « libre ».
Et j’ai entendu des Québéquois me dire avec sagesse qu’ils préféraient un Québec préservant autant que faire se peut son identité française au sein du Canada fédéral, plutôt qu’une « indépendance », car ce serait encore plus difficile à maintenir leur identité française (et d’autres données notamment sociales, économiques et financières) en tant que « petite nation ligotée » dans la mondialisation qu’au sein du Canada fédéral (1). C’est déjà très aléatoire et difficile au sein du Canada fédéral de préserver l’identité française, car le Canada fédéral est, lui aussi, en butte à la mondialisation de toutes sortes (inclus les 5000 kms de frontière avec les États-Unis et les déséquilibres des échanges avec eux), et ça serait encore plus aléatoire, dans les circonstances des temps actuels, de devenir un Québec « libre »(?).
On peut espérer que l’identité française du Québec demeurera, mais cette question est comme un « test » des « attaques »
mondialistes qui ne disent jamais leur nom…
(1) La différence fondamentale qu’il y a entre, par exemple, l’ « Union Européenne » et un État fédéral comme le Canada ou les États-Unis, c’est que ces deux derniers se constitués et sont – nés – (avec des histoires différentes bien sûr) :
– en tant qu’État fédéral – cette entité fédérale est la base de leur constitution à leur – naissance -. Dans le mot nation, il y a étymologiquement: naissance, on peut parler de nations fédérales canadiennes et étatsuniennes. Tandis que l’ « Union européenne » est une entité articielle greffée sur un continent, l’Europe. Or l’Europe a préexistée aux nations, et là dessus, « on » veut « fabriquer », en somme, une « nation », une grande « nation » avec d’autres « nations » . C’est un greffon artificiel qui ne tient pas. À la rigueur une confédération serait plus appropriée.
Ainsi l’avantage des États fédéraux est qu’ils se sont constitués en tant que fédérés à leur naissance, ce qui les rend très viables.
@ Patrick Barret
Puisque nous sommes sur le blog francophone de Paul, je signale que Bernard Lietaer vient de publier avec Margrit Kennedy un livre en français dénommé « Monnaies régionales » (Editions Charles Léopold Mayer, novembre 2008). Bernard Lietaer (encore un Belge vivant surtout aux USA) promeut des monnaies alternatives un peu partout de par le monde et dans ce livre on voit notamment comment 28 Regio (monnaie régionale) sont opérationnels en Allemagne, Suisse et Autriche et 35 en préparation. Détails sur http://www.regiogeld.de. J’adore nos débats sur le sens et le rôle de la monnaie mais certains ont déjà répondu (à leur manière) aux questions que nous posons parfois et sont passés aux actes. C’est très réconfortant.
Je trouve le débat sur le rationnel et l’irrationnel dans les motivations de nos actes un peu dépassé. Les neurosciences ont montré que la raison est un excellent outil (le volant de notre véhicule…?) pour réaliser nos désirs mais que ceux-ci, évidemment non rationnels, sont notre seul moteur. Je me permets de réinviter ceux qui (comme Daniel et Pierre Yves) ont compris que l’économie n’est pas une science mais un morale qui se prétend naturelle à se délecter de la lecture de « L’économie, science des intérêts passionnés » de Bruno Latour et Vincent Antonin Lépinay, ouvrage qui relit l’anthropologie économique de Gabriel Tarde (Editions La Découverte, septembre 2002). On y découvre comment il y a 106 ans, Gabriel Tarde décrivait dans « Psychologie économique » ce que la pseudo science économique essaie de cacher (avec un réel succès) depuis lors. Que de temps perdu…