Risque de crédit et dilution

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

On peut objecter à ma distinction entre « argent » et « reconnaissance de dette », comme le fait Fred L. :

« Mais alors il n’y a pas de différence, parce qu’il est des temps et des lieux ou la base monétaire elle-même est escomptée par les agents parce qu’ils n’ont plus confiance dans son émetteur (généralement un état), l’argent se dépréciant à vue d’œil. Si je parle d’hyperinflation c’est que (comme les bulles de crédit), c’est une situation qui révèle ce qu’est « l’argent » (« la monnaie »), à savoir une créance sur l’Etat. L’hyperinflation a la même logique qu’une bulle, c’est une fuite en avant qui provoquera tout ou tard un effondrement de la valeur de la monnaie. Si vous tenez malgré tout à distinguer l’argent des reconnaissances de dettes, le seul critère dont vous disposez c’est la différence – que vous souhaitez d’essence alors qu’à mon avis elle n’est que de degré – entre le privé (les banques) et le public (l’état, aujourd’hui les banques centrales). Dans tous les cas, la monnaie est une promesse reposant sur la confiance (variable) qu’ont les agents économiques en son émetteur. Et ce dont on s’aperçoit aujourd’hui, c’est que en dernier ressort, toutes les composantes de la monnaie finissent par être garanties par l’Etat ».

On aura noté que c’est précisément pour éviter les considérations relatives à la « valeur » que je parle de « calibrage » : un billet qui dit « 100 € » est calibré à 100 €, le fait que les 100 € qui permettent d’acheter 50 litres d’essence aujourd’hui ne permettront plus que d’en acheter 40 litres demain, n’y change rien et relève d’un autre type de considérations.

En réalité, parler de l’argent comme « créance sur l’État », c’est faire une analogie à partir de la notion de « dette », et ce n’est pas une analogie innocente : c’est une analogie qui vise précisément à répandre l’idée que « même l’argent est une reconnaissance de dette ». Mais l’analogie ne tient pas : elle repose sur une confusion entre risque de crédit et dilution. La « créance de l’État », c’est la dette publique, les emprunts d’État essentiellement, ce n’est pas la monnaie. Mais une « créance sur l’État », qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce de l’argent que l’État me doit ? Certainement pas. Ou que je lui dois ? Pas non plus : c’est mon argent.

J’ai dit que le risque de crédit de tout émetteur de dette est évalué par les agences de notation. Ceci vaut en particulier pour les États : eux aussi reçoivent une notation qui reflète le risque de crédit qu’ils constituent dans le remboursement de la dette publique. Eux aussi doivent adapter les taux d’intérêt qu’ils consentent sur les obligations qu’ils émettent au risque perçu de leur incapacité à les rembourser. Il y a un rapport ici avec la monnaie mais ce n’est pas celui d’un risque de dévaluation de la devise, tout au contraire : les taux élevés des obligations d’État font que la devise est recherchée.

L’inclination des États à faire tourner la planche à billets crée un risque, mais ce n’est pas un risque de crédit, c’est un risque de dilution. La devise perd de sa valeur exactement de la même manière que les actions d’une société quand elle émet de nouveaux titres : la valeur de ceux déjà en circulation est dépréciée par leur dilution dans une masse plus vaste, alors que la valeur de la société elle n’a pas changé. Faire tourner la planche à billets diminue au contraire le risque de crédit de l’État puisque le remboursement de sa dette lui revient meilleur marché.

Bien sûr, un État qui va mal peut voir croître simultanément le risque de crédit qu’il représente et sa tentation de faire tourner la planche à billets. Mais comme je l’ai fait remarquer au passage : d’une part, son risque de crédit croissant peut soutenir sa devise par le truchement de taux d’intérêt plus élevés et d’autre part, faire tourner la planche à billets peut l’aider à réduire le risque de crédit qu’il constitue. Considérer l’argent comme une « créance sur l’État » est donc fondé sur une analogie erronée : celle qui confond un risque de crédit lié à la solvabilité d’un État et la dilution du pouvoir d’achat de la devise lié à l’émission d’une masse plus grande d’argent. D’autre part, et comme je l’ai signalé, la confusion n’est pas innocente : elle vise à faire croire qu’il n’existe que de la monnaie : qu’il n’existe pas de différence entre la relation immédiate à l’argent et la relation médiatisée à la reconnaissance de dette.

Dire que l’argent et le reconnaissance de dette, « c’est toujours de la monnaie », c’est, comme je l’ai dit, approximativement vrai quand les choses vont bien. Quand elles vont mal, ce n’est que de la propagande.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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26 réponses à “Risque de crédit et dilution”

  1. Avatar de oppossum
    oppossum

    Oui Paul,
    l’argent n’est pas une créance sur l’Etat.
    On a pu imaginer cela du temps où l’Etat garantissait la valeur des billets par un échange en or.

    Mais l’or n’est en fait que l’ancienne monnaie fiduciaire fondue , une autre monnaie.
    On passe donc d’une monnaie à une autre.

    De même qu’en temps de crise, on préfère du dépôt bancaire réel à la possession d’une hypothétique reconnaissance de dette, qu’en temps de super crise on préfère les billets plutôt qu’un dépôt dans une banque éventuellement faillible, et qu’en temps d’apocalypse on préfèrera l’or aux billets ou même aux bons du trésor.

    Au delà c’est l’enfer et on reviendra alors à la monnaie-céréale ou au troc . Avec le troc , pas d’effet levier : le paradis.

    Pourrait-on dire qu’il y a plusieurs niveaux de monnaies ? Avec des degrés de certitudes, donc de confiance , différents ?

    Le temps étant un des paramètres qui introduit de la défiance ? Mais il n’est pas le seul.

  2. Avatar de oppossum
    oppossum

    Ma béocienneté ne m’empêche pas d’être d’accord avec Paul.

    Il y a les dettes de l’Etat, donc les créances sur l’Etat, agent économique comme un autre qui , lorsqu’il dépense est tenu de trouver l’argent quelque part : IMPOTS . (Car l’emprunt sur le marché n’est qu’un impôt hypocritement différé -en apparence-)

    Reste la cas ou l’Etat emprunte à la Banque des banques (Ex Banque de France , BCE) : alors là, on a affaire à de la monnaie ex-nihilo, créé par une banque à partir de rien et dont la contrepartie devrait être le remboursement à terme.

    C’est la planche à billets . Qui produit forcément de la dilution de valeur, donc de l’inflation.

    Et là deux solutions :

    – Ou bien l’Etat levera de futurs impôts pour rembourser un jour la Banque des banques (C’est la règle du jeu fondamentale de la création monétaire) .

    – Ou bien on passe l’éponge ce qui revient à dire que l’impôt est réparti, caché, dans la perte de valeur de la monnaie.
    Mais si l’activité économique est ‘repartie’ … quelle importance qu’il y ait dilution !

  3. Avatar de KITALU
    KITALU

    A la mémoire de Robert Triffin…..

    La crise de crédit apocalyptique que nous allons peut-être vivre remonte…. aux accords de Bretton Woods (1944). C’était en effet un non sens absolu de prendre comme monnaie de réserve internationale, la monnaie d’un unique pays, si puissant fût-il au départ (Plan White imposé par les USA contre celui de Keynes).
    Une des conséquences de ce choix est appelé paradoxe (ou dilemme) de Triffin.

    (Robert Triffin, économiste, né en 1911 à Flobecq en Belgique. Revenu en Belgique au début des années 1980, il décède en 1993.
    Docteur en droit et licencié en sciences économiques de l’Université catholique de Louvain (Louvain), il est nommé assistant à l’université Harvard, aux États-Unis en 1938.
    Reconnu comme expert international, Robert Triffin influence la création des grandes institutions qui voient le jour au lendemain de la guerre.
    Conseiller du président Kennedy.
    Dans son ouvrage Gold and the Dollar Crisis. The Future of Convertibility (1960), il se montre critique à l’égard des accords de Bretton Woods, met en évidence ce qui sera appelé le dilemme de Triffin et prône la réforme du Fonds monétaire international). En 1960…..

    La crise apocalyptique, peut-être en cours, était donc inscrite depuis très longtemps, ce n’est pas une météorite qui a percuté la planète Terre…de manière impromptue. Elle provient d’un privilège appelé « droit de seigneuriage » qui a permis tous les abus jusqu’à l’absurde.

  4. Avatar de oppossum
    oppossum

    Paul, je suis bien marri d’avoir, dans un billet précédent, commis un commentaire tel que « les bras vous en sont tombés » 😉 . J’espère que tant d’ignorance de ma part vous a au moins fait rire.

    Si donc l’excès de crédit est bien à l’origine de la crise , n’est-ce pas justement à cause de la circulation ou monétisation excessive des reconnaissances de dettes, qui, à force d’ être regardées comme des actifs immédiats, finissent par faire oublier qu’ils comportent un risque , une incertitude puisqu’ils sont de la contrepartie anticipée de biens et services futurs.

    Finalement on en est arrivé à penser que le crédit-dette est une valeur active , et donc que l’endettement est une valeur en soi.

    Donc non seulement la reconnaissance de dette est un faux jumeau de l’argent/monnaie , mais c’est , par l’afflue de tout cet argent pas chère de la politique américaine, carrément devenu un batard sournois …

  5. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    Est-ce que ça veut dire qu’il faut que je me fasse payer en liquide désormais? (Candide)
    Omar

  6. Avatar de paulo

    Lorsque Serge Gainsbourg brûle devant les caméras un billet de 500 francs, l’émotion que soulève ce geste peut s’expliquer par le fait qu’il porte ainsi atteinte non seulement à son argent (ce qui est son droit) mais aussi à notre monnaie (ce qui est une transgression).

  7. Avatar de MICHAUD
    MICHAUD

    Quand les taux d’intérêt remontent la monnaie devient plus « intéressante ».
    C’est une prime de risque quand cette remontée accompagne une période socialement agitée.
    Cela peut déboucher sur
    émeutes étudiantes
    révolte
    révolution
    disparition de l’état
    gouvernement provisoire
    nationalisations
    nouvelle monnaie
    non paiement des dettes d’état et des emprunts

    Cà existe.

  8. Avatar de scaringella
    scaringella

    dans:
    On aura noté que c’est précisément pour éviter les considérations relatives à la « valeur » que je parle de « calibrage » : un billet qui dit « 100 € » est calibré à 100 €, le fait que les 100 € qui permettent d’acheter 50 litres d’essence aujourd’hui ne permettront plus que d’en acheter 40 litres demain, n’y change rien et relève d’un autre type de considérations.

    Paul ne fait que s’attacher à la signification intrinsèque du chiffre/nombre inscrit sur l’instrument monétaire. Son calibrage est de l’ordre de la notation mathématique pure. Rien à redire. Par contre le terme calibrage est mal choisi car il implique une référence non explicitée. En math on à le zéro, le point etc … Quid de l’argent, où est la machine à calibrer? L’imprimante? la presse (comme pour les journaux, il ságit du même processus de fabrication de signes.)

    dans:
    J’ai dit que le risque de crédit de tout émetteur de dette est évalué par les agences de notation. Ceci vaut en particulier pour les États : eux aussi reçoivent une notation qui reflète le risque de crédit qu’ils constituent dans le remboursement de la dette publique. Eux aussi doivent adapter les taux d’intérêt qu’ils consentent sur les obligations qu’ils émettent au risque perçu de leur incapacité à les rembourser. Il y a un rapport ici avec la monnaie mais ce n’est pas celui d’un risque de dévaluation de la devise, tout au contraire : les taux élevés des obligations d’État font que la devise est recherchée.

    Paul installe par contre la confusion qu’il essaie de supprimer en ne fixant pas suffisamment les limites. En effet qui dit risque …. dit possibilité/évaluation de la confiance. La confiance est une composante morale. On est dans l’ordre de la valeur, de la norme. Pour preuve il y a notation (d’après une norme/référence obligatoirement). Et celà n’a plus rien à voir avec des signes mathématiques. Une dette si elle est notée grace à des signes dans des livres de compte ne devrait pas être notée en unités monétaires mais en une unité de dette( unité à créer, le crédit par exemple qui devrait etre unique). Une dette n’est pas de la monnaie. Dire « une dette de X millairads d’euros » n’a pas des sens. Il ne s’agit plus de monnaie en billet et pièces ni de devise, ni de moyen d’échange, mais de réserve de valeur (un pouvoir d’achat, de dépense). Pour preuve en dévaluant un gouvernement efface la dette, en changeant la valeur on change la signification du signe. Comment est-ce posible? C’est du vol, à moins de réévaluer le capital de départ en fonction du taux de dévaluation. Reste la référence pour indexer la dette puisque manifestement compter en unités monétaires est une arnaque. Les agences de notation font le travail de créer les unités de dettes. Le problème de ces agences est qu’elles ne devraient pas être utilisatrices des instruments qu’elles créent, c’est évidemment la magouille qui s’installe. Ces notations seraient utiles pour convertir en euros/dollars/yen etc un crédit, l’unité universelle de dette. Emprunter serait fait en crédits, pas en monnaie d’un pays. La conversion en monnaie serait elle calibrée. Fini les magouilles avec la planche à billet. Fini les magouilles avec le carry trade et autres arnaques réservées à une minorité.
    En séparant monnaie et crédit on voit bien qu il n y a pas de création d’argent par la dette.

    En math pas d’unité de mesure. En physique pour qui les maths sont un instrument oui. Le signe sur le billet est invariable, ce que le signe en tant qu’instrument d’échange permet d’échanger est variable. Le signe en tant que pouvoir d’achat est variable. On ne peut assimiler la dette à de l’argent. Une dette peut-etre d’honneur réglée par le duel, ou sociale réglée par la prison. On dit bien payer/régler sa/ses dettes dans tous les cas.

    On purrait clarifier les réflexions en écrivant systématiquement dans quel aspect de la monnaie on se situe. Monnaie-signe (electronique), monnaie-échange (moyen d’échange), monnaie-instrument (billet/pièce/carte bancaire), monnaie-valeur (pouvoir d’achat).

  9. Avatar de bob
    bob

    Une réflexion trés intéressante, merci Paul Jorion.
    Je souhaite reposer une question qui me semble essentielle pour le français de la classe moyenne qui éprouve des grosses difficultés actuellement:

    Quand les USA baissent les taux à 0% et injecte 1000+1000+1000 milliards de dollars dans l’économie (et il parait que ça n’est pas fini!!!), va t’on vers un Déflation ou une Inflation dans les 3 ans qui arrivent?
    L’Europe va t’elle suivre le mouvement des USA quand on connait les relations étroites des économies occidentales?

    Merci pour les réponses.

  10. Avatar de Dav

    Paul,

    Je comprends vos efforts pour lutter contre la propagande et la confusion entre le principe de l’argent, et le principe du crédit.
    En effet, l’argent et le crédit sont deux choses différentes.
    Nous avons une relation non médiatisée à l’argent, je suis bien d’accord.
    Nous avons une relation médiatisée au crédit (reconnaissance de dettes), je suis là aussi d’accord.

    Mais ce que Fred L. et moi-même pensons, c’est que dans les deux cas, l’argent et le crédit sont deux formes médiatisées de quelque chose qu’on appelle la monnaie.
    Voici une liste d’affirmation avec lesquelles j’ai joué à VRAI/FAUX pour bien situer ce que nous pensons.

    l’argent est une forme de monnaie VRAI
    le credit est une forme de monnaie VRAI
    l’argent et le crédit sont des formes de monnaie VRAI
    l’argent et le crédit, c’est la même chose FAUX

    Et voici maintenant comment je comprends votre dernier billet : « Dire que l’argent et le reconnaissance de dette, « c’est toujours de la monnaie », c’est, comme je l’ai dit, approximativement vrai quand les choses vont bien. Quand elles vont mal, ce n’est que de la propagande. »

    l’argent est une forme de monnaie VRAI
    le credit est une forme de monnaie FAUX
    l’argent et le crédit sont des formes de monnaie FAUX
    l’argent et le crédit, c’est la même chose FAUX

    Ainsi, concernant votre conclusion, du point de vue de Fred L. et du mien, il aurait été plus juste de dire :
    Dire que l’argent et le credit, c’est pareil, c’est de la propagande.
    Et le tour était joué.

    Pour ma part, je ne comprends pas à quoi sert le mot « monnaie » s’il sert juste de pendant au mot « argent » et rien d’autre.
    Et d’ailleurs, ça pose la question : qu’est-ce que le crédit si ça n’est pas de la monnaie ?

    Amicalement,
    David

  11. Avatar de Fred L.
    Fred L.

    Prenons le problème d’une autre manière.

    Regardez le bilan d’une banque centrale, par exemple celui de la réserve fédérale: http://en.wikipedia.org/wiki/Federal_reserve.

    Le passif est principalement constitué de la base monétaire : « The $982 billion in Federal Reserve Note liabilities represents the total value of all dollar bills in existence. » – Et l’actif comprend majoritairement des titres de la dette publique américaine.

    Cela signifie quoi ?

    Que la création de monnaie (passif de la réserve fédérale, ce que Paul appelle « argent ») a pour contrepartie une partie de la dette de l’état (actif de la réserve fédérale). (C’est d’ailleurs le principe des politiques d’open market).

    Si les agents économiques croient dans le dollar, c’est parce qu’ils ont confiance dans l’état américain. Cela peut changer du jour au lendemain, surtout par les temps qui courent.

    « Dire que l’argent et le reconnaissance de dette, « c’est toujours de la monnaie », c’est, comme je l’ai dit, approximativement vrai quand les choses vont bien. Quand elles vont mal, ce n’est que de la propagande. »

    Je suis tout à fait d’accord : quand les choses vont mal, on s’aperçoit que « l’argent » n’est pas plus fiable (tout aussi incertain que d’autres reconnaissances de dette ! Paul a raison de souligner que les risques des différentes composantes de la monnaie ne sont pas les mêmes, mais cela ne tranche en rien la question de ce que l’on définit comme « monnaie ».

    Traditionnellement, on définit la monnaie par ses fonctions : intermédiaire des échanges, réserve de valeur. Quelle que soit la composante de la monnaie que l’on considère, elle satisfait ces deux fonctions, mais jamais parfaitement.

    L’argent n’est pas (en soi) une meilleure réserve de valeur que les reconnaissances de dettes : vaut-il mieux détenir des tranches de surprimes ou de l’argent émis par le Zimbabwe ?

    Difficile à dire dans la situation actuelle…

  12. Avatar de jlm

    En soulignant la différence entre le risque de crédit attaché aux reconnaissances de dette et le risque de dilution caractérisant la monnaie, Paul semble avoir avancé de façon décisive. De plus, il surligne cette différence en considérant que la relation est « immédiate » dans le cas de la monnaie et « médiatisée » dans le cas du crédit. Où est passé le « beans » ?

    Paul démarrait sa démonstration « à la dure » par la reprise du mode d’exposé pédagogique habituel en économie politique : ajoutons les figurines une à une, au bout du compte nous aurons le fonctionnement du village tout entier. « Il était donc une fois du bel et bon argent… au-delà de cette forme pure et native de la monnaie, tout s’embrouille et se corrompt…» ; « l’argent que j’ai « , c’est celui sur lequel je peux frapper de ma main lancée en direction de ma poitrine, ce que Paul résume à la façon de Molière, par ce cri autant civil que rural « C’est Mon argent » ; – chacun aura compris, l’utilisation du mode humoristique correspond au seul terrain ou je m’autorise à « contredire » Paul, sans pour autant prétendre jouer à jeu égal.

    Rien de moins immédiat pourtant que « mon argent ». A tout bien considérer, cette matérialité, que je touche du doigt, est un tas de papier. Sauf, bien sûr, que ce n’est pas que « ça », précisément parce que l’État y appose son signe, ce n’est « mon argent » et non « mon tas de papier » que par la formidable médiatisation de toute l’histoire du consensus social aboutissant à l’équivalence apparente entre c’est « mes pommes » et c’est « mon argent ». Nous avons parfois l’habitude d’y aller un peu vite pour, derrière un mot, supposer une chose et l’identifier à ce mot. Remarquons aussi que l’apposition de l’adjectif possessif est autorisée par la « substantification » des substantifs comme « l’argent », « la monnaie ». Dans certains cas désespérés, dire « mon amour » ne correspond à plus à l’autre, mais entretien un état pathologique avec soi-même, dire « notre amour » serait déjà moins pathologique, et « notre argent » de même. De fait, mes « papiers billets », ne sont de la monnaie que dans la mesure où leur échange est possible (et ne parlons même pas, à ce stade, de leur valeur). Pouvons-nous admettre que l’État nous doit de garantir le fonctionnement normal des échanges. L’état NOUS DOIT de permettre d’aller au bout de l’échange, tout comme la reconnaissance de dette DOIT être apurée. Vu encore autrement, l’argent n’est « mon argent » que dans la mesure où c’est en même temps « notre argent à tous ». Ainsi, curieusement, une dette correspond à une relation d’échange déjà ouverte, mais pas encore refermée, et une monnaie à une relation refermée et pas encore ouverte (je ne développe pas)

    Paul serait-il d’accord pour admettre qu’entre monnaie et dette, nous ne serions pas dans l’absence radicale de médiation pour la monnaie d’un côté, et de l’autre une échelle de médiation pour la famille des produits dérivés, dont les reconnaissances de dette. Plus encore, pourquoi ne prendre en compte le fait que la monnaie soit chargée de médiatisation «jusqu’à la gueule » et justement comme signe du risque global résultant des risques attachés à chaque point du réseau de crédits. Par ailleurs, comment échapper au fait que la monnaie s’achète avec de la monnaie, à quel moment Paul envisagera-t-il de boucler l’algorithme après l’avoir exposé linéairement.

    Question : y a-t-il d’autres traits distinctifs que nous devrions prendre en compte pour caractériser monnaie et reconnaissance de dette ? Ainsi, éventuellement, n’est-ce pas utile de prendre en compte le niveau d’organisation du système auquel fonctionnent la monnaie ou les reconnaissances de dette ? Intuitivement, la prime de risque ne correspondrait-elle pas à la notion préscientifique de prélèvement de ressources en vue du maintien des dispositifs de graissage permettant de vaincre les frictions inévitables au niveau des échanges « réels » dans une partie du système, alors que « l’impôt sur la monnaie » correspondrait à la même fonction, mais en vue de maintenir en état le système global ( faire compliqué, je peux ) .

  13. Avatar de Shiva
    Shiva

    Bonjour,

    La monnaie (sonnante et trébuchante) n’est pas semblable (faux jumeaux) à la monnaie de dépôt (électronique) puisque la disponibilité de la deuxième n’étant pas immédiate, mais médiatisée, un risque de non-retour est introduit.

    Je suis peut en accord avec cela Paul (; d’abord, dans la comparaison de la disponibilité de l’argent (disons monnaie s&t) et de la monnaie électronique vous omettez la carte de crédit voir les cartes de type monéo dont l’effet est immédiat…
    Il me semble que la question de la disponibilité, lié au risque de perte de tout ou partie de sa créance contre la banque, est à rechercher dans la capacité d’accès du déposant (et du vendeur) à l’information sur la santé de l’établissement auquel il « prête » ses dépôts.
    Imaginons un déposant bien informé et donc suffisamment sûr de la solidité de sa banque, il est très improbable que l’établissement devienne insolvable entre le paiement (même) par chèque et le transfert monétaire effectif de son compte à celui du vendeur.

    Je suis donc peu convaincu de la différence de disponibilité entre une monnaie s&t et électronique, cette différence, éventuelle, n’étant de toute façon pas de nature essentielle mais purement technique…

    Le fait que la médiatisation engendre un risque de « non retour » de la richesse me semble incontestable en soit, mais pour en déduire une différence de nature entre monnaie s&t et électronique il faut comprendre les risques de défaillance de part et d’autre et surtout leur interdépendance.

    Vers quoi se porte l’engagement de l’état ?

    l’état impose le versement des salaires en monnaie électronique, il interdit les paiement supérieurs à 3000€ en monnaie s&t il encourage fortement l’utilisation des moyens de paiement électroniques. De fait il impose à tout personne l’ouverture d’un compte dans une banque privée, il impose donc le « risque de non retour » à tout citoyen. C’est en pratique un risque légal imposé par l’état. Il impose également le montant de couverture des DAV (je soupçonne là, une opération visant uniquement à la création d’un marché « ex-nihilo » !). La liquidité bancaire, donc la capacité de la banque à tenir son engagement de rembourser mon dépôt, dépend in fine de sa capacité d’emprunt sur le marché monétaire, et donc (surtout si ça va mal) de la volonté des banques centrales à maintenir ou à laisser s’asphyxier ce marché.

    La solidité de ma reconnaissance de dette dépend de la volonté de l’état qui m’impose (en pratique) le « risque de non retour » et l’utilisation d’un compte dans une banque privée. L’état à donc une responsabilité lourde (totale ?) dans le maintient en « bonne santé » du marché monétaire et des banques commerciales. D’ailleurs l’état est désormais garant des prêts interbancaires puisque, suite à la défaillance d’une seule, la totalités des banques auraient aujourd’hui disparues sans cela…
    L’état se porte également au secours des banques commerciale en entrant dans leur capital jusqu’à la nationalisation complète si il le faut.

    Pour moi il est évident que ma reconnaissance de dette est garantie par l’état, au même titre que mon argent (de poche 😉 )
    Le système à été mis en place par les états, il comporte des rouages privés qui exercent dans un cadre légal; des rouages indépendants qui ont, sous contrôle des états, des missions de service public; et des utilisateurs finaux.
    En cas de défaillance l’état joue son rôle de protecteur des individus et de leur richesses quelles soient numéraires ou fiduciaires.

    Tant que la convertibilité est acquise, même en temps de crise, l’ensemble DAV-moyens de paiement et pièces, ou billets, ont strictement le même niveau de qualité de support de valeur de paiement ou de réserve.

    Non ?

  14. Avatar de Romain D
    Romain D

    Bonjour,

    Bien que la distinction entre reconnaissance de dette et dilution soient séduisant, il me semble tout de même qu’il s’agisse bien de deux faces d’une même réalité.

    En ce qui concerne la dilution, celle-ci provient du privilège accordé à l’institution (aujourd’hui la banque centrale) ayant le droit et la responsabilité de créer de la monnaie. En gros, ce droit lui donne la possibilité de préter à court terme (monnaie banque centrale ou billets de banque) auprés des banques commerciales sans que ça ne lui coûte rien (sauf le prix d’impresssion des billets) tout en exigeant une rémunération de ces prêts.

    Ce privilège a pour contrepartie la responsabilité de mesurer l’expansion de ces émissions, à travers le fameux multiplicateur de crédit, les agrégats monétaires… , par rapport à la croissance du crédit bancaire et de l’économie et la contrôler sans quoi le risque est d’aboutir à une forte dilution comme décrit par Paul Jorion et un épisode d’hyperinflation, soit une forte perte de valeur de la monnaie. C’est ce qui justifie l’indépendance des banques centrales par rapport aux gouvernements qui ont une préférence pour l’expansion de crédit et la croissance (à court terme car nous le mesurons bien aujourd’hui, le crédit trop facile peut se payer très cher!).

    Lorsque nous détennons une monnaie (sous la forme la plus liquide : dépot ou billets), nous avons bien une créance sur l’économie dont la monnaie à cours légal. En d’autres termes, détenir de la monnaie en période d’inflation revient à une perte de la valeur faciale de notre créance sur l’économie, soit des pertes subies sur une reconnaissance de dette de l’économie vis-à-vis de nous.

    En voyant gonfler le bilan de la Banque Centrale américaine, il me semble que nous pouvons légitiment nous interroger sur le risque d’un épisode hyperinflationniste aux Etats-Unis.

    Un rapide résumé de l’histoire récente : en plus du privilège accordé aux Banques Centrales cité plus haut, le Dollar à la particularité d’être monnaie de réserve. A ce titre, détenir des dollars constitue une créances sur une bonne partie de l’économie mondiale et surtout pour les biens stratégiques comme l’énergie. Ce qui a permi ces dernières années une politique d’expansion monétaire de la FED sans dilution et sans (trop ou non visible) d’inflation car la demande en dollars est mondiale. Le problème, c’est que la contrepartie de cette création monataire qui sont des crédits à l’économie, n’a pas été alloué à des investissements de long terme ou des investissements servant à préparer une croissance pérenne et durable (infrastructure, inudustrie, économies d’énergie, éducation…). En gros, l’argent a servi à financer l’immobilier, des baisses d’impôts (le déficit budgétaire), à la consommation de biens importés et a créé une bulle dans l’immobilier (inflation non reportée dans les statistiques des prix et contenue par l’importation de biens de consommation bon marché de Chine). La suite, chacun la connait : crise de l’immobilier ==> pertes massives des banques ==> sauvetage de l’Etat et surtout de la FED qui semble préter sans compter à tout va, càd. non seulement cotre des garanties de crédit de bonne qualité des banques commerciales mais tout un tas de titres toxiques des banques mais aussi des entreprises, donc succpetibles de connaitre une trés forte décote. Par conséquent, nous risquons d’avoir une quantité de dollars en circulation bien supérieure à la valeur des actifs en contrepartie dans l’économie. A moins que la FED soit en mesure d’exiger le remboursement de sa dette le moment adéquat.

    En résumé, si je ne me trompe pas, nous avons à faire à un épisode de création monétaire de grande ampleure ou les principes de prudence semblent avoir disparu face à la gravité de la crise. Le risque se trouve augmenté par la concurrence de l’Euro comme monnaie de réserve accrue par une éventuelle perte de confiance vis-à-vis du Dollar (car le risque de dilution est bien tempéré par l’appétance pour une monnaie donc dans la confiance des acteurs économiques vis-à-vis des gardiens de la monnaie).

  15. Avatar de Jean-Jacques Jugie
    Jean-Jacques Jugie

    Ce qui est charmant dans votre démarche, Paul, c’est la volonté revendiquée de redécouvrir la roue. L’ennui, c’est que le principe de la roue ne vous est pas étranger (du moins peut-on l’espérer). Entendons par là que vous n’êtes pas vraiment vierge sur le sujet, et que vous ne pouvez ignorer le fait suivant : les théoriciens peinent à donner une définition de la monnaie, et préfèrent la caractériser par ses fonctions (étalon de la valeur, intermédiaire de l’échange, thésaurisation). Quelle que soit sa forme, la monnaie est une représentation de la valeur (votre référence à la « richesse » paraît critiquable, comme trop fortement connotée), et qu’elle soit monnaie fiduciaire ou reconnaissance de dette ne change pas sa nature : ce qui change, c’est le risque attaché à cette représentation, que vous décrivez avec pertinence avec le cas du dépôt bancaire ou du chèque émis. Le billet de banque est également une reconnaissance de dette, émise par la Banque centrale ; un certificat n’ayant pas plus de valeur intrinsèque qu’un billet à ordre, une traite ou… le relevé de compte d’une banque commerciale. C’est une « promesse de valeur », une fiction à laquelle adhèrent tous ceux qui l’utilisent – même contre leur gré. A ce jour, il faut une foi de charbonnier pour accorder sa confiance à la signature des banques commerciales (pour la sécurité des dépôts), à celle des banques centrales (pour la valeur future de la monnaie fiduciaire), ou à celle des Etats (pour la garantie des engagements) : tous présentent des bilans complètement pourris. Comme vous l’avez largement identifié, la crise présente est celle du crédit – c’est-à-dire de la monnaie –, car la dette accumulée grâce aux facéties bancaires ne peut raisonnablement être amortie sans douleur excessive pour le pékin. Bien entendu, la question est éminemment « politique » : la volonté actuelle de sauver les monnaies correspond à celle de sauver la peau de ceux qui en détiennent de gros paquets (notamment dans les paradis fiscaux). C’est théoriquement possible, convenons-en. Mais il est plus probable que les populations réagiront par cet « appel du pied extra-parlementaire » que vous avez évoqué dans un précédent billet. On va bientôt pouvoir expérimenter « la violence de la monnaie » selon Aglietta….

  16. Avatar de nadine
    nadine

    @Fred

    Je crois Fred que vous faites une confusion.
    La base monetaire n’à pas de contre partie puisqu’elle est créée ex-nihilo et c’est la raison pour laquelle l’argent n’est pas une dette de la banque centrale.

    Quand l’Etat emprunte à la banque centrale, c’est une dette de l’Etat envers la banque centrale d’ou l’écriture comptable que vous décrivez, mais ça ne veut pas dire que l’argent créé pour l’occasion est une dette de la banque centrale.

    Les reconnaissances de dette ne sont pas des réserves de valeur seul l’argent est une réserve de valeur mais encore faut il bien le gérer mais c’est tres compliqué.

  17. Avatar de nadine
    nadine

    @Romain

    Vous dites: »détenir de la monnaie en période d’inflation revient à une perte de la valeur faciale de notre créance sur l’économie, soit des pertes subies sur une reconnaissance de dette de l’économie vis-à-vis de nous.  »

    Non.
    La monnaie n’est pas une créance sur l’économie. Avec l’argent vous ne pouvez acheter que ce qu’on veut bien vous vendre, c’est à dire rien du tout s’ il n’y a rien à vendre.
    Avec des créances c’est bien différent on doit vous donner ce qui vous est du.

  18. Avatar de nadine
    nadine

    @Jean-Jacques Jugie

    Vous dites: »Le billet de banque est également une reconnaissance de dette, émise par la Banque centrale ;Le billet de banque est également une reconnaissance de dette, émise par la Banque centrale ; »

    C’est faux et donc le raisonnement qui va avec aussi.
    Je me répéte, la base monetaire n’a pas par définition de contrepartie puisqu’elle est créée ex-nihilo !

  19. Avatar de oppossum
    oppossum

    Je crois que Nadine a raison.

    La monnaie scripturale et la monnaie fiduciaire (mettons les dans le même sac) ne sont jamais la contrepartie de quoi que ce soit : il n’y a aucune instance vers laquelle se tourner pour garantir la valeur de cet argent/monnaie.

    Et vous savez bien que la garantie des dépots c’est du bidon compte tenu de l’ampleur des dépôts !
    Et même si l’on voulait réellement la réaliser, il faudrait , en cas d’effondrement du système bancaire, lever des impôt colossaux sur nous même … pour nous garantir nous même. Ridicule.

    Bien sûr, lorque la monnaie n’était que pièces d’or, le problème était différent puisque la monnaie contenait en elle même une valeur : pratique ! Et lorsque les billets étaient gagés sur une réserve réellement réelle d’or , là, effectivement , on pouvait demander , non pas la contrepartie des billets , mais sa traduction en une sorte de monnaie éternelle (Sauf en cas de fin du monde : on ne mange pas de l’or)

    Par contre l’Etat se doit de faire en sorte que la monnaie fonctionne correctement , c’est dire :
    => la personne qui a , à un moment donnée, introduit dans le circuit un signe monétaire l’ autorisant à tirer un bien ou un service de la collectivité, doit procéder à son remboursement (Donc à la destruction de cette monnaie) ce qui l’obligera à fournir la contrepartie (en bien ou service) à la collectivité de ce qu’il avait préempté :

    c’est la règle fondamentale du système monétaire moderne et c’est la Banque qui impose cette règle. Qu’en pensez vous Paul ?

    Pour que ça marche il faut , au départ que quelqu’un emprunte un sous (qui n’existait pas avant) pour acheter quelque chose et que le mécanisme s’ enclenche.
    Donc , au départ, il y a une dette, mais une dette spéciale puisque sa réalisation n’entraînera aucun enrichissement puisque « destruction » de la monnaie . Ou alors on peut dire que c’est une dette envers la collectivité, le système lui-même, les autres ….
    Tout dépend de la façon de penser et de présenter et conceptualiser ces choses.

    Fatigué de penser ces choses qui ne me sont pas très familières, j’arrête là mes divagations en signalant juste à Nadine :

    – que la monnaie peut-être pensé comme une créance sur l’économie : s’il n’y a plus rien ou pas grand chose … et bien ce peu vaudra une fortune . Car la monnaie a une valeur faciale mais elle ne promet rien de sa valeur réelle.
    – et une créance sur un débiteur insolvable … ne vaut plus rien du tout puisque vous n’en tirerez rien (et il n’y a pas de « on doit vous donner » ) … et que vous ne pourrez pas l’opposer à quiconque d’autres !!!

    Plus haut jlm dit des choses interessantes.

  20. Avatar de Bru
    Bru

    « Mais une « créance sur l’État », qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce de l’argent que l’État me doit ? Certainement pas. Ou que je lui dois ? Pas non plus : c’est mon argent. »

    Effectivement, vos pièces et billets constituent votre possession, mais si être propriétaire de « l’argent » sous entend la possession de la valeur représentée, on peut objecter que la valeur de ces derniers n’étant pas en soi (un billet ne vaut intrinsèquement pas plus que la valeur du papier sur lequel il a été imprimé) la possession de la valeur représentée par les pièces et billet introduit obligatoirement un tier : l’état qui donne sa valeur a un objet qui n’en a pas et dont il n’est pas le signe.

    Depuis la mise en place de monnaies purement fiduciaires les pièces et billets ne sont plus le signe d’une valeur tangible. La Fed ne vous donnera jamais rien d’autre que 1$ en échange de 1$, ce qui n’a pas toujours été le cas.

    La propriété induit la jouissance; le suis propiétaire d’un vélo, le m’assoie dessus et je pédale. La propriété, la jouissance de l’objet, nécessite 2 acteurs : le vélo et moi.

    Le suis propriétaire « d’argent », je vérifie que ce dernier a encore cours, et auquel cas peux le dépenser, sinon je peux me chauffer avec. La relation close mon argent et moi, n’introduit qu’une jouissance, celle de pouvoir allumer le feu avec, la possession de valeur nécessite un 3eme acteur, l’état, qui n’est pas propriétaire de votre argent mais qui garantie et régule sa valeur.

    En quoi l’état donne, garantie, nous convainc de la valeur de la monnaie :
    – Par la loi, qui nous impose de l’utiliser comme moyen de paiement, créant une fonction et une rareté (Richesse).
    – Par une contrepartie a cette monnaie émise (en grande partie de la dette, le serpent se mort la queue).

  21. Avatar de Dav

    Nadine, vous dites :

    « Je me répéte, la base monetaire n’a pas par définition de contrepartie puisqu’elle est créée ex-nihilo ! »

    C’est de plus en plus amusant, ce débat 🙂

    Je reprends mon petit jeu du vrai/faux pour vous situer où j’en suis de ma propre pensée.

    la monnaie se crée ex nihilo : VRAI
    l’argent se crée ex nihilo : VRAI
    le crédit se crée ex nihilo : VRAI
    l’argent est une forme de monnaie : VRAI
    le crédit est une forme de monnaie : VRAI
    l’argent et le crédit, c’est la même chose : FAUX

  22. Avatar de jlm

    Je vais dans le sens de Bru ; par contre à ce stade, je m’en fiche de savoir si les banques créent ou non de la monnaie. La question sera d’être convaincu du raisonnement mené par Paul, lequel qui nous permettra à tous de trancher la question. Ce qui m’importe donc c’est que les règles du jeu soient claires au départ.

    Mon objection sur la différence entre monnaie et reconnaissance de dette provenait venait du risque de substantialisation de « l’argent » ; Paul utilise un raccourci bien évidemment, mais au terme du raisonnement à venir lequel s’avérera éventuellement difficultueux, le lecteur en sortira convaincu, et par son état de fatigue et parce qu’il sera récompensé par le respect du à l’effort, reste qu’il n’aura généralement plus la force ni l’envie de réexaminer les prémisses de toute l’affaire. Prenons donc nos précautions.

    L’asymétrie relevée par Paul me semble en effet liée au droit de propriété. La monnaie traduirait un droit de propriété « complet » (indépendamment de la valeur de la chose possédée, tandis que la reconnaissance de dette serait un droit de propriété « incomplet », lequel se traduit effectivement le concept de « risque de non-retour » pour le préteur. Naturellement, il faudrait également penser l‘affaire par le côté du risque de l’emprunteur : c’est çà dire le « risque de rater son coup » (et même davantage – dans le cas des crédits rapaces – le risque pour le prêteur de se tromper en pensant que l’emprunteur ratera son coup, etc. )

    Différencier la monnaie et la reconnaissance de dette par deux modalités du droit de propriété me satisfait pour trois raisons.

    La première est que Paul proposait de construire une constitution de l’économie en admettant sans discuter l’économie de marché et le droit de propriété. L’histoire et l’anthropologie vont dans ce sens, je suis d’accord de faire une pause la dessus, quitte à en rediscuter, dans cinq cents ou deux mille ans.

    La seconde, c’est que le « droit de propriété » est d’entrée de jeu un concept relationnel, « j’ai » ce droit de propriété parce que tout le monde « me » l’accorde, exit une substance intemporelle !

    La troisième, c’est qu’au terme de la crise, quelles que soient les « valeurs » des choses, les droits de propriété sur les maisons, usines, sociétés, terres, brevets, réserve de monnaies auront muté. Ce sera donc très intéressant de faire le bilan de « qui avait quoi » et « qui a quoi » après tout ce chambard ; nous pouvons aussi tenter de suivre en direct.

    Dernier point, Paul dit que « quand tout va bien » monnaie et reconnaissance de dette s’équivalent. Loïc, montre à l’inverse (il me semble) que ce serait plutôt quand tout se complique et que « tout va mal ! ». Je sens que je vais passer quelques nuits à voir comment enfiler des gants en les déplaçant de gauche/droite et aussi en les retournant envers/endroit, pfff…

  23. Avatar de nadine
    nadine

    @Dav

    Si je reprends ce que vous dites en le commentant:

    la monnaie se crée ex nihilo : VRAI …..(OUI)
    l’argent se crée ex nihilo : VRAI …..(OUI mais répétition du 1)
    le crédit se crée ex nihilo : VRAI …..(OUI et NON, il se crée à partir d’une demande de crédit par le client, c’est une reconnaissance de dette d’argent mais qui n’oblige pas la banque pour l’accorder à avoir cet argent dans ses caisses à part les quelques réserves obligatoires.
    l’argent est une forme de monnaie : VRAI ….(C’est la monnaie !)
    le crédit (banque privée) est une forme de monnaie : VRAI ….(NON, le crédit permet de déplacer de la monnaie, mais il ne se métamorphose pas lui-même en monnaie. )
    l’argent et le crédit, c’est la même chose : FAUX ….(OUI)

    Je rajouterai pour finir que quand une banque centrale achète de l’or ou tout autre chose, on voit bien que l’argent créé n’a rien avoir avec une dette, une créance ou un crédit !
    La banque centrale tire sur elle-même, elle monétise ses achats en créant de l’argent ex nihilo !

    Amicalement

  24. Avatar de Laurent S
    Laurent S

    J’ai déjà expliqué (tardivement) que l’argent était bien une dette mais pas envers l’Etat mais la société toute entière.
    Ensuite si l’Etat peut générer de l’inflation par la planche à billet c’est également le cas des banques commerciales quand les conditions d’octroi du crédit sont très laxistes comme ce fut le cas durant la bulle immoblière à cause de la politique de Greenspan. Quand il y a un risque de défaillances de nombreux acteurs économiques c’est un moyen de leur sauver la mise tout comme l’Etat peut se sauver par la planche à billet.

  25. Avatar de Sophie
    Sophie

    Nadine, je crois que vous faites une erreur en écrivant que  » la base monetaire n’a pas par définition de contrepartie  »
    Les billets (monnaie fiduciaire) sont au passif du bilan de la banque centrale … si votre interprétation était juste, ils seraient « hors bilan ».
    En fait les billets ont pour contrepartie les dettes des banques commerciales.

  26. Avatar de Highway-To-Hell

    Je n’ai rien d’autre a ajouter. ;o)

    TRIFFIN, Robert (1959), Tomorrow’s convertibility : aims and means of international monetary policy, Banca Nazionale Del Lavoro, quarterly review, Rome, juin.

    TRIFFIN, R. (1961), Altman on Triffin : a Rebultal, Banca Nazionale del Lavoro, Quarterly Review, mars.

    TRIFFIN, R. (1962), « Trois études sur le problème des liquidités internationales », Bulletin de la Banque Nationale de Belgique, avril.

    TRIFFIN, R. (1962), L’or el la crise du dollar, Paris, P.U.F.

    TRIFFIN, R. (1964), The evolution of the international monetary system, Princeton, Princeton Finance Section.

    TRIFFIN, R. (1966), The world money maze, New Haven, Yale University Press.

    TRIFFIN, R. (1966), « Lettre ouverte au groupe des dix », Le Monde, 11-12 septembre.

    TRIFFIN, R. (1967), The coexistence of three types of reserve assets, Banca Nazionale del Lavoro, Quarterly Review, juin.

    TRIFFIN, R. (1969), Le système monétaire international, Firmin Didot et Éditions clé.

    TRIFFIN, R. (1969), « Les perspectives actuelles d’évolution et de réforme su système monétaire international », Revue d’Économie Politique, mai-juin.

    TRIFFIN, R. (1978), Gold and the Dollar Crisis. Yerterday and Tomorrow, Essays in International Finance, Princeton, Princeton University, no 132, decernber.

    TRIFFIN, R. (1980), « L’avenir du système monétaire international », Revue de la Banque, avril.

    TRIFFIN, R. (1985), « Une tardive autopsie du plan Keynes de 1943 : mérites et carences », in BARRÈRE, A., (1985).

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