Le vrai débat sur la monnaie : un premier point

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Je vous l’ai dit : je me suis mis à lire les textes « académiques » consacrés à la monnaie. Pourquoi si tard dans notre débat ? Parce que sur un sujet que je découvre je préfère réinventer la roue : je préfère réfléchir d’abord sur la question sans me préoccuper des conclusions auxquelles les autres sont parvenus. Une fois que mon opinion s’est constituée « à la dure », je m’inquiète de ce que les autres en pensent. Je ne publie pas d’articles ou de livres sur un sujet avant d’avoir atteint ce stade là bien entendu mais un blog c’est différent : on peut, comme je l’ai déjà dit, penser tout haut. Comme dans un terrarium où se trouvent des fourmis, on peut me voir creuser des galeries – et moi, grâce à vos commentaires, je peux vous voir creuser les vôtres.

Une bonne et une mauvaise nouvelle. Pour ne pas faillir à la tradition je commence par la mauvaise : ne comptons pas sur Grouchy, les renforts n’arriveront pas, ni pour un camp ni pour l’autre. Et la bonne nouvelle, qui est bien sûr l’envers de l’autre : 50 % au moins de ce qui s’est jamais dit d’intéressant sur la monnaie, l’a été et l’est aujourd’hui même sur ce blog. Je ne plaisante pas : les économistes se sont intéressés à la monnaie mais ont éviscéré la question en la vidant de sens grâce à des hypothèses simplificatrices – sans lesquelles ils considéraient que les problèmes annexes étaient tout simplement insolubles. Ainsi, la dimension temps peut selon eux être ignorée ou – et ce qui revient au même : l’avenir est parfaitement connaissable, soit de manière déterministe soit statistique, et il n’y a donc pas « au plan théorique » de différence entre une opération à terme ou au comptant, ni non plus donc entre du numéraire et une reconnaissance de dette, rien ne distingue du coup non plus propriété et possession. Je m’arrête là parce que la liste est longue mais vous m’avez compris : tout ce qui nous semble central à une compréhension du mécanisme de la monnaie a soigneusement été mis entre parenthèses par les économistes… pour rendre les problèmes solubles ! Ils ont ainsi accumulé au fil des ans des quantités énormes de « solutions » à des versions tellement simplifiées des problèmes que toute ressemblance avec un problème réel est alors entièrement fortuite.

Alors, à ceux d’entre vous qui ont dit à l’occasion que nous « n’avancions pas », « tournions en rond », etc. je vous le dis : c’était une illusion, nous avançons, à la machette peut–être, mais au sein-même de la jungle. Les « experts » n’ont encore jusqu’ici fait qu’étudier les cartes ou travaillé sur maquettes.

Je découvrirai peut–être encore – et je l’espère – des pépites, mais je n’y compte pas trop : non, les keynésiens n’ont pas raison parce que les monétaristes ont tort, il n’est pas vrai non plus que « tous les experts sur la monnaie savent très bien que… » : tous les experts sur la monnaie ne savent strictement rien !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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85 réponses à “Le vrai débat sur la monnaie : un premier point”

  1. Avatar de Gilles Bonafi
    Gilles Bonafi

    Merci Paul d’y revenir car tout est là!
    La définition de la monnaie doit évoluer. La finance l’a dejà fait il y a longtemps, elle appelle celà « liquidités ». En voici la définition: »Valeurs ou espèces assimilables à des espèces, et toutes valeurs qui sont immédiatement convertissables en espèces pour leur montant nominal. »
    La “liquidité” peut être définie comme une extraction de valeur à partir d’actif, valeur qui ne l’oublions pas dépend des circonstances du moment.
    « La valeur n’est pas intrinsèque, elle n’est pas dans des choses. Elle est en nous ; elle est la façon dont l’homme réagit aux conditions de son environnement.”Ludwig von Mises.
    Il ne faut donc plus parler de monnaie, mais de valeur!
    Le problème des banques peut se résumer par le fait qu’elles doivent fournir de l’argent rapidement alors que le remboursement du prêt, lui sera lent.Les banques n’ayant pas assez de fonds propres, elles sont obligées d’emprunter. Or aujourd’hui les banques ont préféré un modèle d’emprunt direct des fonds de refinancement sur les marchés de capitaux.
    Et voilà, nous y sommes! CDS, CDO et consorts!
    Pour les banques le but est de dissocier le risque de crédit et la créance elle même par souci de gestion des fonds propres. Il s’agit ainsi pour les banques d’une réduction du volume de fonds propres dont le système a besoin pour absorber ce risque.
    En conclusion la titrisation intimement liée aux progrès de l’information grâce aux communications à haut débit, complexe et sans contrôle à conduit à la catastrophe actuelle. J’ai parfois l’impression lorsque je lis les articles sur le blog de relire mes vieux cours de fac.Le fonctionnement des banques a profondément évolué!

  2. Avatar de Shiva
    Shiva

    Bonsoir,

    Voici un post qui était adressé à « Bese » suite à un autre post ou j’exposais l’idée que toutes les monnaies y compris fiduciaires sont périssables, je ne l’avais finalement pas posté, je le post ici. j’y cite un article de la BCE sur la destruction de la monnaie fiducière, puis tente de développer l’idée que les banques commerciales créent bien la monnaie des crédits mais que cette opération correspond à une perte temporaire de liquidités.

    « @bese

    Les BCN peuvent aussi décider de supprimer des séries de billets

    « Article 5
    Retrait des billets en euros
    Le retrait d’un type ou d’une série de billets en euros est régle-
    menté par une décision du conseil des gouverneurs qui est
    publiée au Journal officiel de l’Union européenne et par d’autres
    médias aux fins d’information du public. Cette décision porte,
    au moins, sur les points suivants:
    – le type ou la série de billets en euros qui doit être retiré de
    la circulation,
    – la durée de la période prévue pour l’échange,
    – la date à laquelle le type ou la série de billets en euros
    perdra son cours légal, et
    – le traitement des billets en euros présentés une fois que la
    période de retrait a pris fin et/ou qu’ils ont perdu leur cours
    légal. »

    Dans tous les cas la création et destruction de la monnaie fiduciaire se fait dans les BCN.

    Mais toute la monnaie, fiduciaire et scripturale utilisée par l’état, les entreprises et les particuliers, passe obligatoirement par la comptabilité des banques commerciales (je crois qu’il est possible d’échanger un billet usagé directement à la banque de France, mais dans ce cas l’opération est « blanche » au regard de la création monétaire).
    L’achat de monnaie fiduciaire par une banques commerciale à sa BCN se fait par la même type d’opération (du St esprit 🙂 ) que la fabrication d’un nouveau crédit, une simple écriture comptable et électronique. La monnaie fiduciaire est payée en monnaie scripturale émise par un banque commerciale.

    Je vous propose une tentative de « synthèse » (à critiquer, corriger, invalider…)

    Lorsqu’un crédit est accordé, la banque commerciale ne réalise pas d’opération de recherche de liquidités au niveau, disons; quantique (pour faire plaisir à Paul Jorion), par exemple, dans les comptes de ses clients; elle ne fixe pas que le crédit de M. A provient des DAV de Mme B pour 50%, M. C pour 10%, et l’entreprise D pour 40%.
    Pour une raison simple, les DAV sont très volatiles; si l’entreprise D fait faillite que Mme B change de banque et que M. A à retiré la totalité de son crédit, les comptes de la banque deviendraient déficitaire sur cette opération. Cette gestion serait inutilement compliquée.

    (la monnaie « électronique » me semble tbien comparable à la lumière, division en quantas dont la longueur d’onde représente la valeur, à déplacement quasi instantanée, et surtout transformation (transsubstantiation (non capernautique ici !)) continue énergie/matière comme point d’interaction monnaie/économie selon la fameuse équation de M. Albert…)

    Si les crédits font l’objet d’une double inscription comptable (actif-passif) les dépôts suivent la même règle, pour la banque un dépôt représente des actifs liquides, mais aussi une dette. C’est, en fait, un crédit accordé à la banque par un établissement ou un particulier, non financier. La banque peut l’utiliser mais elle a l’obligation de le rendre, de même que le crédit de M. A représente des liquidités temporairement envolées, inutilisables pour elle et que ce bon M. A devra rendre lui aussi.

    Comme toute entreprise une banque à l’obligation d’équilibrer ses comptes, si elle manque de liquidité parce que des déposants les ont « trop » retirés ou qu’elle affiche de lourdes pertes sur des marchés financiers, ou que ses créditeurs ne sont plus suffisamment solvables, elle fait comme tout le monde; elle emprunte. Aux autres banques ou à sa BCN.

    Pour provoquer un déséquilibre des comptes de trésorerie de la banque commerciale la BCN lui impose de « geler » une partie des liquidités provenant des dépôts (les fameuses réserves fractionnaires). Les BCN s’assurent ainsi de pouvoir retirer de la liquidité du marché monétaire interbancaire (et du système économique par contre-coup) il leur suffit de relever leurs taux de réserves. Les banques commerciales sont alors obligées d’emprunter plus de monnaie (scripturale BC) à leur BCN.
    Pour corser le tout, et s’assurer de pouvoir assécher ou étendre le crédit et donc la masse monétaire en circulation dans l’économie, les BCN fixent un taux directeur pour leur « bonne » monnaie dont elles font crédit aux banques commerciales. Si les taux directeurs augmentent les banques commerciales vont répercuter (au moins en partie) cette hausse sur les taux de crédit, et donc limiter la demande. Les réserves obligatoires sont bien sur rémunérées (au taux directeur).

    En conclusion;

    Toute monnaie est périssable, fiduciaire, scripturale BCN, scripturale Banque commerciale.
    Toute la monnaie présente dans l’économie passe par la comptabilité des banques commerciales.
    Les banques commerciales créent la monnaie des crédits par une simple écriture comptable et électronique, cette opération correspond cependant à une « sortie » de liquidités.
    Une banques commerciale comme toute entreprise doit équilibrer ses comptes, un manque de solvabilité et c’est la faillite… »

  3. Avatar de Francis le Canadien

    Je le répète, ce site m’a fait beaucoup avancer dans ma compréhension des mécanismes de création monétaire.

    Il est certes important que chacun prenne la mesure du fonctionnement de ce système qui est l’outil des échanges de valeur dans notre société.

    Néanmoins, je reste sur l’idée que penser un système monétaire en dehors d’une vision globale de l’économie mène à une impasse. La monnaie, le crédit sont le fuel de l’économie réelle.

    On constate à l’analyse des causes de la crise actuelle (en passant Arte a produit un documentaire fort intéressant à ce sujet :http://www.youtube.com/watch?v=BjaYhUda_3k), que c’est l’amplification toujours croissante des bulles financières qui a donné l’illusion que nos économies pouvaient se passer de régulation périodique. Or, des entreprises non rentables ne peuvent pas siphonner sans évaluation ed vitam eternam… Soit qu’on décide par réflexion et décision de payer ou non pour cette déperdition d’énergie ou on laisse les marchés se réguler.

    Bref, c’est la créativité sans limites des banquiers et des marchés financiers qui nous a conduit à l’illusion que l’économie de marché allaient bien. Partout le jeu de créer de la valeur et d’utiliser le crédit pour faire tourner l’économie a été favorisé sans véritablement une instance pour régler le jeu. La FED serait beaucoup responsable de cette diffusion du crédit facile en Amérique.

    Il est clair que cette spéculation a besoin d’être mieux comprise pour être mieux contrôlée. La SEC américaine fait les manchettes justement, car elle n’a pas fait son travail dans l’affaire Madoff. J’entends des voix parler des multiples Madoff à venir… A ce jeu du crédit sans limite, nous avons tous péché en un sens et fermé les yeux. Enfin, dans mon cas, j’ai utilisé du crédit pour lancer mes petites affaires en me disant que c’était vraiment irresponsable de la part des banques de nous pousser à l’endettement sans aucun contrôle. On pouvait d’un simple clic sur le net étendre son crédit. Je n’avais aucune base en finance pour juger de mes décisions. En même temps, c’était là pour expérimenter, on nous encourageait à le faire. Achetez maintenant, payez plus tard… Je me suis dégagé de ces chaînes très aisément l’an dernier par une faillite personnelle. Ça n’avait aucun sens de sentir l’égorgement des dettes… Mais je ne crois pas avoir été le seul… encore moins le dernier… Je commence juste à comprendre pourquoi nous avons tant eu de propositions de crédit dans les dernières années. Je crois que des organismes majeurs comme la Fed américaine sont principalement responsables de cette situation. Les spécialistes de la finance avait à mesurer il me semble leurs actes parce que le simple citoyen n’est vraiment pas en mesure de comprendre ce qui se passe. Il y a un bilan majeur à faire là. On peut mettre sur le compte de l’erreur ou de l’enthousiasme ces attitudes. Il y avait bien une limite à se mettre la tête dans le sable. Les amis de Bush en auront bien profité, il faut croire… Pourtant, ils y en avaient pour nous prévenir, des gens qui voyaient clairs dans toute cette folie.

    Nous nous dirigeons peut-être vers une simplicité involontaire (voir l’exposé de cette analyse intéressante: http://www.lesaffaires.tv/video-5533-Dix-predictions-faites-le-1er-janvier-2000). Fini la récré!

    La question se pose donc de savoir si c’est la banque qui dans son principe est mal faite ou si c’est dans l’application des principes de multiplication du crédit sans borne que le problème se crée.

    Enfin, tant qu’à disséminer du crédit à tout va sans contrôle pourquoi ne pas financer prioritairement des domaines visant l’économie durable. La demande est toujours tributaire de la production qu’on nous vend pour faire tourner l’économie. Alors qu’à mon sens, une certaine réflexion s’impose dans le domaine de nos réels besoins afin qu’une demande plus sensée conditionne davantage la production.

    L’économie de marché libre fait aussi donc à mon sens le besoin d’une réévaluation de ces principes de base. On ne peut pas soutenir une économie durable dans une économie qui est surtout une machine à gaspiller des ressources et à créer du prêt-à-jeter pour soutenir un vain plein emploi.

  4. Avatar de Candide
    Candide

    @ Paul

    Il semble en effet qu’il y ait eu un excès de simplification. Si je me souviens bien, dans l’un des nombreux fils de discussion sur la monnaie, quelqu’un avait évoqué le parallèle avec « Flatland », un monde en 2 dimensions. Et c’est en effet là que pêchent la plupart des explications des « experts ». Leur vision est quasiment unidimensionnelle, alors qu’il faut une vision multidimensionnelle pour comprendre le fonctionnement de la monnaie, lequel ne se résume pas à un enchaînement « plat » et linéaire d’opérations, mais implique des flux parallèles (épaisseur et profondeur) et qui évoluent dans la durée.

  5. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Si je me rappelle bien, il a été dit sur un fil de discussion récent (je relate ce que j’ai compris et retenu) que le problème du mode de création monétaire, au final, fait apparaître un « volume de fortune » (virtuel? Non virtuel?) qui correspond à un embargo sur le temps du débiteur. C’est, je crois, un propos très juste et une situation (pénible) exacte du débiteur qui n’a plus de « temps » à lui. C’est une recherche d’appropriation du temps d’autrui, c’est une « démarche » fausse qui échoue nécessairement (période actuelle), mais en faisant souffrir tout le monde. En tout premier lieu les débiteurs, ils sont les plus nombreux, et ceux-ci sont aussi les plus nombreux, et de très loin, à produire les biens matériels vrais nécessaires à la vie de tous, d’où l’injustice monétaire patente.
    *
    Shiva dit : @ 18 décembre 2008 à 21:29

    À titre de rappel ou d’information:

    Dès que les billets ne sont plus échangeables, l’État, actionnaire unique de la Banque de France (émettrice de la monnaie fiduciaire inscrite au passif de son propre bilan), s’en saisit immédiatement. Cela s’appelle «le culot d’émission» (culot au sens de résidu et non de toupet !). Grâce à quoi les finances publiques ont pu récupérer l’équivalent de 400 millions d’euros lorsque le 500 francs «Pascal» est devenu inéchangeable le 28 février 2007. Et pour le budget 2008, Bercy a d’ores et déjà provisionné une «recette accidentelle» (sic) de 80 millions d’euros au titre de la fin de l’échange du 200 francs «Montesquieu». L’auteur de L’Esprit des lois risque de se retourner dans sa tombe.

    Après le 30 novembre 2005, les billets de 50F « Quentin de La Tour » ne seront plus échangeables. Au 31 août 2005, 1,55 million de billets de ce type étaient encore en circulation. Huit autres billets en francs peuvent encore être échangés contre des euros jusqu’aux dates limites suivantes :

    Date de fin d’échange/ Dénomination du billet / Nombre de billets en circulation :

    28 février 2007 : 500 F Pascal, 3 millions
    31 mars 2008 : 200 F Montesquieu, 4,3 millions
    31 Janvier 2009 : 100 F Delacroix, 13,7 millions
    17 février 2012 : 500 F Pierre et Marie Curie, 4,9 millions
    17 février 2012 : 200 F Gustave Eiffel, 9,2 millions
    17 février 2012 : 100 F Cézanne, 7 millions
    17 février 2012 : 50 F Saint Exupery, 5,6 millions
    17 février 2012 : 20 F Debussy, 5,9 millions.
    Ces vieux billets peuvent être échangés contre des euros dans les caisses des succursales de la Banque de France et auprès de l’IEDOM (Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer).

    (source Le Figaro et les Échos)

    Si ces données sont exactes, on peut estimer ce que l’État peut « récupérer » comptablement grâce aux étourdis qui font un joli et stupide cadeau à l’État… Quelle gâchis!

  6. Avatar de dag
    dag

    Quand on pense tout haut avec ses pieds , on peut revenir sur terre .

    Quelques pas sur le chemin

    1/ Commerce , produit , marché :

    Dans le négoce international l’acheteur de produits physiques déterminés a la garantie des banques intermédiaires , et le fournisseur délivre son produit et la liste de ses composants . En cas de tromperie embargo et retours sont possibles
    Dans le négoce international de produits financiers , les banques « nationales » n’assurent que leurs ventes , sans intermédiaires , en ignorant leurs composants , pour le reste alea jacta est .

    2/ Carrefour , crise , choix :

    Le carrefour du développement de la mondialisation des crédits/dettes nous a mené à des contradictions majeures qui sont déniées allègrement .
    Il est répété que des états doivent intervenir mais qu’ils sont en risque de faillite car ils ne peuvent garantir , eu égard à leur PIB , les volumes de dettes de leurs banques par ailleurs ouvertes à la planète et ses produits toxiques .
    Et les dettes se propagent .
    Quelle est la dimension cohérente et prioritaire aux mesures des évènements ? d’abord nationale ou d’abord terrienne ?
    Comment reclassifier et réévaluer les différentes dettes ?

    3/ Dedans , dehors , nie-nie :

    Alors que veut-on , protectionnisme ou mondialisation ? Les états se sont précipités pour essayer de remettre en place leurs remparts de protection des veuves et des orphelins , mais ils n’ont plus suffisamment de « douanes » ?
    Le FMI ou l’OMC , sans moyens ni idées , ne se précipitent pas à s’approcher de ces foyers d’incendie .

    4/ Contrôle , régulation , valeurs détruites :

    Madoff presque seul pouvait agir , apparemment la SEC gère 50 enquêtes avec 3500 personnes , 70 par petit Madoff en quelque sorte . Combien d’inspecteurs faudrait-il sur terre pour mille Madoff…
    Certains craignent ou invoquent la guerre pour nettoyer les écuries d’Augias . Mais il n’y a plus besoin de guerre avec des bombes , la destruction de valeurs est en cours et revient au même résultat .
    D’autres ont évoqué ici la destruction de métiers , de savoir , de cultures , de hiérarchies , de groupes , d’environnements .
    Comment contrôler et freiner ces destructions ?
    La folie de donner des coups de pied dans la ruche peut-elle cesser ?
    Est-ce que les abeilles continueront à disparaître l’an prochain ? fin des espèces …

    5/ Mégatonnes, milliards , vitesse de la lumière :

    La « météo » des masses monétaires est trop aveugle sur les grandes masses errant dans les courants du haut débit .
    Quel est le physicien de la monnaie qui va nous établir la carte des grands transferts ?

    Concernant les vitesses et le temps , dans le n° de Challenge ou Paul Jorion a été entendu , on lit auusi le compte rendu de la visite de Nicole El Karoui chez les académiciens français , elle leur parlait des maths et de la crise. « Mais, madame , n’importe quel physicien sait que si l’on introduit deux échelles de temps très différentes dans un modèle, on crée une forte instabilité. Or vous nous avez expliqué que vos «quants» doivent réagir à la seconde près pour calculer le prix de ces fameux dérivés. Mais derrière tout cela, il y a l’économie réelle, qui, elle, n’évolue pas à ce rythme délirant. Ca ne peut pas marcher», s’exclame un physicien.
    «Savez-vous qu’il y a 3000 milliards de capitaux qui circulent à cause des besoins de financement des systèmes de retraite ? Il fallait bien concevoir des mécanismes pour que ces capitaux circulent sans trop de risques», expose-t-elle. Fin de la conférence, Nicole El Karoui est applaudie. Elle ajoute : «Ils me reprochent toujours de vouloir expliquer le monde, mais je n’ai jamais eu cette prétention.»

    6/ Pouvoir monétaire relatif et pouvoir monétaire absolu:

    « Pouvoir monétaire :

    Pouvoir auquel participe chacune des banques d’un pays donné , dès lors qu’elles ont réussi à faire admettre largement , sur le territoire national , leurs reconnaissances de dettes comme moyen de règlement , même lorsqu’elles ne sont plus remboursables en quoique ce soit d’autre .

    Pouvoir monétaire relatif :

    Ce pouvoir monétaire n’est que relatif tant que :
    – d’une part , susbsistent des moyens de paiement sous forme de marchandises ( exemple: or ou argent )
    – d’autre part , les instruments fiduciaires et les comptes bancaires créditeurs peuvent faire l’objet de demandes de conversion ou de remboursement en cette marchandise sur un cours préétabli .

    Pouvoir monétaire absolu:

    Le pouvoir monétaire devient absolu lorsque :

    -d’une part , les reconnaissances de dette des banques de ce pays sont devenues les seuls moyens de règlement disponibles :
    – d’autre part , les reconnaissances de dette des banques de ce pays ne sont plus remboursables en quoi que ce soit d’autre .  »
     » La Monnaie  »  » De la fiction à la réalité »
    auteur : Fédération cfdt de la banque (octobre 1977)

    7/ » Un politicien anglais du XIX° siècle disait qu’il y a plus d’hommes qui sont devenus fous en étudiant les problèmes monétaires qu’il n’y en a qui sont devenus fous par amour » Qui est-ce ?
    En somme : secret d’état , secret défense , tabou , ne pas toucher , la monnaie ç’est affolant , ça rend fou , mad …

  7. Avatar de leduc
    leduc

    Le sujet de la monnaie risque de devenir de plus ne plus central à l’avenir j’ai l’impression, et le débat pourrait s’ouvrir à des aspects de plus en plus divers et récurrent de la monnaie.

    En ce moment il y a de plus en plus d’articles au sujet de la FED, du Trésor américain, des bons du trésor, on parle aussi de plus en plus du quantitative easing sur fond de risque de déflation et plus tard de très forte inflation. Tout ceci n’est évidemment pas très clair car les différents analystes n’en sont qu’au balbutiement des analyses à ce sujet. On voit ici ou là que le bilan de la FED a gonflé énormément ces 4 dernier mois (multiplié par deux), et j’imagine que la dette américaine a dû ou va faire un bon énorme suite aux différents plans de recapitalisation, financement et stimulus économique. J’ai la nette impression qu’il se passe beaucoup de chose sur le front de la création monétaire, de la dette publique. Y aurait il un transfert de plus en plus net de la création monétaire, de la dette du privé vers le publique, des banques commerciales vers les banques centrales (institution bien privées et « indépendantes » qui servent néanmoins les ambitieux programmes économiques des pouvoirs politiques) voir diverses agences gouvernementales.

    On remarque aussi de plus en plus de fluctuation des monnaie, le dollar qui avait perdu pas mal de valeur début 2007 notamment face à l’euro a repris du poil de la bête en quelques mois, mais on constate que en l’espace de quelques jours, quelques semaines tout au plus il a rapidement perdu beaucoup de terrain. Pas mal d’autres monnaie sont très malmenées de part le monde et sont dévaluées, s’effondrent.

    Alors qu’est-ce qu’il se passe actuellement, que signifient et comment s’expliquent ces fortes fluctuations des monnaies ? Et vu la place centrale de l’économie américaine de part sa taille et surtout comme épicentre de la crise mondiale, qu’est-ce qu’il se trame actuellement entre le Trésor et la FED ?

  8. Avatar de Steve
    Steve

    Bonjour à tous
    En référence aux propos de Gilles:
    a) la déf..doit évoluer , … l’a fait il y a longtemps : il y a déjà un écart temporel : est donc que la définition doit encore changer ?
    b) liquidité ( çà c’est une sous distinction temporelle des moyens de paiement, pas de la monnaie) = espèces assimilables à des espèces ( en français: billets de banques ou pièces de MONNAIE assimilables à des billets de banque ou à des pièces de MONNAIE = valeur immédiatement( le temps) convertissable pour son montant nominal qui selonce qui suit dépend des circonstances du moment ( le temps encore) mais encore n’est qu’une extraction d’actif ! Où est l’actif: en nous! c’est la façon dont nous réagissons aux circonstances et qui doit être immédiatement convertissable pour son montant nominal si j’ai bien suivi?
    Après il est question d’argent….
    Vous avez raison Paul, les experts ne savent rien ! une chatte n’y retrouverai pas ses petits! C’est sans doute pourquoi les chats ne se sont jamais donné la peine d’inventer la monnaie et que les chimpanzés bonobo n’échangent surtout que des caresses!
    Cordiales salutations de valeur immédiatement échangeable pour leur montant nominal.

  9. Avatar de Steve
    Steve

    Suite

    Je viens de trouver un excellent article sur l’affaire Madoff sur rue 89, écrit par un magistrat.
    Il y est question ….. de liquidités, d’argent et de moyens de paiement certes mais plus encore des circuits empruntés!
    A creuser… si possible!
    salutations.

  10. Avatar de franck marsal
    franck marsal

    Je ne suis pas aussi rigoureux que vous, Paul, et ne sais, ni aller au bout de la réflexion « à la dure », ni relire tout ce qui a été écrit.

    Les liens me viennent intuitivement entre ce que j’ai lu (avant) et ce que je lis dans le blog et j’écrit en pensant.

    Quand je lis votre dernier billet sur la monnaie, je ne peux m’empêcher d’en revenir à Marx.

    Vous dites que, selon les textes classiques : « l’avenir est parfaitement connaissable, soit de manière déterministe soit statistique, et il n’y a donc pas « au plan théorique » de différence entre une opération à terme ou au comptant, ni non plus donc entre du numéraire et une reconnaissance de dette, rien ne distingue du coup non plus propriété et possession. »

    Je me suis alors posé la question suivante : que se passe-t-il si on clarifie ce qui se passe avec la monnaie et l’usage qu’on en fait ?

    J’ai pensé alors au chapitre du Capital (je ne suis pas chez moi, je ne peux retrouver la référence, mais c’est essentiellement le livre 1) où Marx nous parle du laboratoire secret de la production. L’économie capitaliste, selon lui, tend à nous faire croire que c’est dans l’échange de bien que se crée la valeur.

    Le capitaliste achète des marchandises, il en revend, entre les deux opérations, il réalise une plus value. Le capitaliste n’est pas du tout intéressé à nous faire pénétrer dans son laboratoire secret de la production, son usine, car on pourrait être tenté de croire que c’est là, par le travail de ses ouvriers que se crée la valeur qui est l’origine de son profit. Il préfère croire à la magie des marchés, qui suggère que c’est sa perspicacité dans l’achat et la vente des marchandises qui est la seule origine de son profit.

    Je me dit alors, si les banques entretiennent confusion entre les différents rôles et fonctions de la monnaie, c’est probablement également parce qu’elles justifient ainsi la magie financière, la magie de l’argent qui crée de l’argent, …

    Alors, que se passe-t-il ?

    Les banques, contrairement aux capitalistes industriels de Marx, n’échangent pas des marchandises au sens strict du terme. Ce sont des entreprises de services. Comme beaucoup d’entreprises de services (notamment de services commerciaux), elles ne sont pas rémunérées seulement par rapport au service rendu, mais en prélevant des pourcentages sur les valeurs échangées et manipulées.

    Parenthèse sur les entreprises de services : prenons l’exemple de la grande distribution. Le service rendu est la mise à disposition de biens. L’hypermarché organise des flux commerciaux pour mettre des biens à ma disposition pour que je puisse venir les acheter. Il me rend ainsi un service. Mais, au lieu de se faire rémunérer pour ce service directement(par exemple en facturant x euros ou x % par bien acheté), il se finance en changeant les prix des biens, rajoutant beaucoup de marge à certains, moins à d’autres, vendant certains, quoiqu’on en dise, à pertes. Pourquoi ? Parce qu’il gagne plus d’argent ainsi, profitant de la confusion introduite entre service rendu et valeur des biens manipulés. Cela crée les problémes qu’on sait avec les agriculteurs, dont les prix de gros baissent et qui voient les prix au détail dans les hypers se maintenir voire monter.

    Le banquier fait de même, mais c’est encore plus facile pour lui de faire de la magie, et cela crée des possibilités supplémentaires, dans la mesure où il ne manipule les valeurs que sous forme de papier et de jeu d’écriture.

    La banque rend au moins trois services principaux :
    1) elle tient les comptes et règle les opérations courantes des agents économiques
    2) elle garde les dépôts à vue
    3) elle accorde et reçoit des prêts à terme.

    Supposons donc que ces trois fonctions sont séparées (tenues par des agents économiques autonomes, de la même manière que la règlementation européenne oblige à séparer les gestionnaires d’infrastructure ferroviaire des transporteurs) et rémunérées séparément, chacune pour le service rendu.

    Cela signifie que la banque de compte (n°1) ne gère pas l’argent que j’ai sur mon compte. Elle me rend un service qui est de faire le décompte des mouvements de cet argent, mettre à ma disposition des moyens de paiement et … controle que je dépense pas plus d’argent que mon compte n’en présente. Elle a un stock de billets de banque (et elle est d’ailleurs la seule à en user, le reste du système fonctionnant en monnaie scripturale). En réalité, il ne se passe rien de magique à son niveau. Elle est rémunérée par des frais de tenue de compte et le client peut bien identifier le rapport prix / qualité de service qui lui est proposé.

    Avec la banque de gestion des dépots à vue (n°2), j’ai un contrat de service qui stipule qu’elle a le droit d’utiliser l’argent qui se trouve sur mon compte (au cas où, entre ses mains, il acquerrait la propriété magique de faire des petits …) tant que je ne l’utilise pas moi même. C’est elle qui fait l’opération d’optimisation statistique des dépôts. C’est à dire que, faisant la somme de millions de dépots de cours terme, elle se retrouve avec un dépot globalisé de moyen ou long terme qu’elle peut placer auprès de la banque des prêts (n°3). Attention, si on respecte la règle de ne pas mélanger son revenu avec les valeurs qu’on gère, elle va me restituer la fraction exacte de ce que rapporte mon argent et me facturer un service dont l’unité pourrait être un pourcentage sur le montant moyen du dépot, séparé du taux d’intérêt lui-même. Pas de magie ici non plus. Seulement des statistiques.

    Reste donc la banque des prêts (n°3). Toute la question de la création monétaire est alors posée de la manière suivante : la banque des prêts doit-elle procéder à un pur échange entre offre de placement et demande de prêt ou doit-elle prêter plus que ce qu’elle reçoit en offre de placement ? si plus combien et à quel étalon mesure-t-on ce « combien » ?

    1ère considération : il y a une disymétrie fondamentale entre gestion des prêts et gestion des dépôts. Le dépôt est là. Il est une certitude. Le prêt est une promesse. Il représente un risque. Si on juge sur les économies existantes, le prêt représente même deux grands types de risques différents : un risque individuel, lié à l’emprunteur, un risque systèmique, lié à l’économie dans son ensemble.

    2ème considération : Le risque individuel se traite par la relation de proximité et par la loi des grands nombres. Il peut donc exister une subdivision de service, avec une actégorie de banques chargées de la distribution du crédit qui auraient pour règle de ne préter que ce qu’elles ont emprunté (sans création monétaire, donc)

    Nous avons alors une demande globalisée de crédit qui fait face à une offre globalisée de placement, avec un risque essentiellement systèmique. J’en tire deux conclusions :

    1) s’il est légitime qu’il y ait surplus de crédit accordé par rapport aux prêts disponibles pour financer la croissance économique, je ne vois pas comment on pourrait envisager autre chose qu’une régulation publique et démocratique de ce surplus.

    2) finalement, quand on dissèque la monnaie sous cet angle de service bancaire, la monnaie en elle-même disparaît et c’est bien le crédit qui est en jeu. A ce titre, (je crois l’avoir déjà dit), je suis un adepte de Yunus qui formule l’accès au crédit comme un droit universel de la personne humaine.

    Franck

  11. Avatar de fab
    fab

    Bonjour,

    « Le vrai débat sur la monnaie : un premier point  » Ce que je retiens de ce premier point, c’est « tous les experts sur la monnaie ne savent strictement rien ! ». Alors je n’ai qu’une chose à dire : attention les apprentis experts, si vous continuez comme ça vous ne saurez rien !
    Et les experts dans d’autres domaines, savent-ils, eux ?
    Devinette : quels sont les seuls experts qui sachent ? Allez allez ! Un petit effort, je suis sûr que vous pouvez trouver ! Un filet garni pour celui qui trouve…
    Vivement les autres points !

    Et en parlant d’experts, où est donc Jean Bayard ???

  12. Avatar de A.
    A.

    @ tous
    Allez consulter la revue de stabilité financière sur le site de la Banque de France. Vous y trouverez un article de Mishkin sur les bulles spéculatives.

    @ Leduc
    Le rôle des banques centrales va évoluer. Je me rappelle d’avoir lu chez Aglietta que le contrôle de la masse monétaire était devenu inopérant en raison des transformations qu’ont connues les systèmes financiers. C’est le prix des actifs qui va devenir un point central de la politique monétaire car ils permettent d’anticiper sur l’inflation. Les banques centrales devraient, à l’avenir, essayer de gérer non la seule quantité de monnaie mais le système financier dans son ensemble.

    @ Gilles et Steve
    Définition de la liquidité : la liquidité se caractérise par le caractère libératoire qu’elle confère à un actif. Le degré de liquidité dépend du coût de transaction à règler pour acquérir le caractère libératoire. L’actif parfaitement liquide n’a pas à subir un coût de transaction.

    @Francis le Canadien
    Je partage votre avis. Etudier la monnaie sans s’intéresser à l’économie, c’est difficile. C’est pour cette raison que les économistes sont moins bien placés que les anthropologues ou les sociologues pour l’étudier. Ils sont obligés de forger un concept de monnaie cohérent avec la vision d’ensemble de l’économie.

  13. Avatar de Lacrise
    Lacrise

    Au moment où le travail se raréfie, l’immobilier perd de son intérêt : autant habiter loin de Paris, puisqu’il n’y a pas de travail. Reste la nourriture : il se pourrait bien qu’un de ces jours le blé redevienne la base de nos échanges ! Etant donné que l’argent fictif s’est évaporé il nous faut nous contenter de la réalité. Le premier qui aura des concessions sur Mars ou des chambres de bonne en orbite changera peut être la donne, grâce au rêve…

  14. Avatar de MICHAUD
    MICHAUD

    Je ne vois pas comment décrire l’entité « monnaie » sans prendre en compte son rapport au temps.

    Dans cette mesure on peut simplifier en considérant que l’intérêt d’un dette (suite à un prêt pour une durée précise) n’est que la « commission » indexée au temps de mise à disposition , pour « service » et dû au créancier.

    Dans une observation fine de l’état de solvabilité de tout compte « moderne » (c’est à dire ne gérant PAS en père de famille) quelle que soit sa taille on observera en instantané de courtes périodes de « banqueroute ».
    Périodes masquées par la comptabilité qui ne fait RIEN apparaitre en « temps réel ».
    Surtout si on s’intéresse à des fréquences quantiques de comptes bancaires qui nesont plus que des circulations d’électrons qui se porpagent à quasi C (voir Albert).

    Une remarque sur ce qu’on appelle le « temps ».
    Ce concept très utile n’existe pas.
    La physique décrit le réel en incorporant le symbole « t » aux équations…
    Ce n’est qu’un symbole dont le sous-jacent n’est pas perçu…tout simplement parce qu’il n’existe que du point de vue humain en tant que support de l’entropie.
    Ou de l’ »usure » (sans jeu de mot) par vieilissement, c’est à dire retour au chaos.

  15. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    L’homme n’est ni un économiste, ni un prophète infaillible, néanmoins Joël de Rosnay placé au coeur des discussions à propos de nouvelles technologiques, disait voir venir, aussi bien pour la banque que pour l’assurance, des modèles de prêts/emprunts, ( ou couvertures risque, pour l’assurance ) fonctionnant sur un schéma de peer to peer.

    Une rapide recherche web vient de me confirmer que même si balbutiant, le système est là. L’ambition serait de court-circuiter les banques, et leurs coûts de fonctionnement ( et coûts de ce qu’elles ne voudraient pas avouer ), le risque pris pas les prêteurs est pour le moment, réparti par la division du prêt sur une multitude d’emprunteurs, partagés avec d’autres nombreux prêteurs, plus un système de cotes de confiance, comme celles employées par Ebay.

    Or si Ebay n’est pas sans risque, la société semble tout-à fait fonctionnelle.

    Je ne connais pas les failles observées dans l’embryon de service déjà mis en place, ni de comment attraper les âmes indélicates trop tentées d’emprunter sans intention de rembourser, ni l’évaluation de caution de garantie sur les emprunteurs.

    Si quelqu’un ici, connaissait un peu mieux ce type d’emprunt, voir, l’avait essayé …

  16. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Franck

    Votre modèle théorique est très intéressant puisqu’il abouti à une simplification sans être trop simpliste et donc réducteur.

    Cependant dans votre modèle vous considérez que « Le dépôt est là. Il est une certitude ». Il me semble que non, dans le temps, le dépôt est volatile, incertain, l’utilisation des dépôts est risquée. Surtout lorsque des dépôts (ou une masse de dépôts) sont utilisés à financer des prêts. Pour la banque cette opération revient à transformer des actifs liquides en actifs très peu liquides (non récupérables immédiatement). Le DAV est une promesse de retrait, rapide…

    Dans votre modèle, la masse des dépôts de la banque (n° 3), doit être considérée, non pas comme une masse fixée et stable, mais comme une masse en création-destruction constante. Si cette banque (n°3) émet plus de crédit qu’elle n’a de dépôt, elle se trouve immédiatement en cessation de paiement temporaire, puisqu’elle ne peut plus honorer immédiatement les demandes de retraits de dépôts issues de la banque (n°2 et n°1). Si la masse des dépôts diminue durablement, la banque (n°3) n’est plus en mesure de faire face à ses dettes, c’est le dépôt de bilan…

    Il me semble que votre modèle, pour refléter totalement la réalité, pourait être augmenté du système de crédit interbancaire et de la régulation des banques centrales.

    En effet, si la banque (n° 3) souhaite émettre plus de crédit qu’elle n’a de dépôts elle n’a pas d’autre choix que de recourir à l’emprunt sur le marché monétaire.

    La « régulation publique et démocratique » dont vous parlez au point (1) de votre conclusion qui permet de moduler globalement le volume de crédit émis par les banques commerciales, me semble bel et bien exister. Les banques centrales en imposant le « gel » d’une fraction des dépôts dans des réserves obligatoires déterminent un niveau de déficit structurel aux banques commerciale. Ce déficit qui doit être compensé par l’emprunt qui se fait sur le marché interbancaire, mais in fine auprès des banques centrales qui injectent des liquidités dans ce marché du crédit aux banques et en fixent le taux directeur.

    D’aucuns diront que la gestion des banques centrales n’a rien de démocratique ou que ce moyen de contrôle du crédit, donc de la masse monétaire en circulation, et donc de l’inflation par les banques centrales est illusoire et inefficace, voir dans les mains d’un pouvoir parallèle, autocratique…

    Je suis en accord avec votre conclusion (2) il est en tout cas très douteux que des sociétés à but lucratif sans mission de service public, que sont les banques commerciales, soient seules à décider du droit au crédit !

    Imaginez que l’État se voie refuser du jour au lendemain tout droit au crédit par le privé commercial, cela serait énorme, mais tout à fait possible selon Maastricht !

  17. Avatar de Julien

    Paul,

    Merci pour votre blog.

    Vous nous dites « 50 % au moins de ce qui s’est jamais dit d’intéressant sur la monnaie, l’a été et l’est aujourd’hui même sur ce blog. »

    Je vous invite a lire les auteurs de l’ecole autrichienne et en particulier Von Mises « Human Action » (comme Gilles Bonafi plus haut). En anglais dans le texte s’il vous plait 😉 Il existe une version .pdf librement telechargeable depuis le web.

    Lorsque vous l’aurez fini je ne doute pas que vous aurez change d’avis.

    Bien amicalement,

    Julien

  18. Avatar de Shiva
    Shiva

    @Rumbo

    En première lecture je n’avais rien compris à votre post 😉 . Cette fois ça y est !

    Reste à espérer que « l’état » dépensera utilement tout cet argent et non, par exemple, en « cadeaux » aux banques qui le lendemain annoncent que leurs actionnaires n’ont pas à s’inquiéter, qu’ils toucheront bien leurs 15% habituels en fin d’exercice…

  19. Avatar de Dav

    Julien,

    Je suis en train de relire Rothbard, America Great Depression, qui s’inspire très largement du travail de Von Mises.
    Je peux vous assurer que la plupart du temps, les bras m’en tombent. C’est très décevant quand on a l’habitude de lire des travaux de philosophes ou de sociologues, qui ont le permanent souci de bien définir ce dont ils parlent et d’interroger leurs prémisses.

    Comprendre et expliquer les mécanismes inhérents aux politiques monétaires, même brillamment, ça n’est pas équivalent à comprendre et expliquer la monnaie. En l’occurrence, comme dirait Monsieur Jorion, ça nécessite un grand nombre de notions présystématiques.

    Mais je vais de ce pas télécharger von Mises, histoire de confirmer ou d’infirmer l’impression, qui ne cesse de grandir depuis que je me replonge dans les théories économiques, que les libéraux ont réussi là où les communistes ont échoué : à la fabrication d’un Homme Nouveau : jamais amendable, jamais éducable, jamais solidaire… tout droit sorti de leur imagination.

    Amicalement,

    David

  20. Avatar de bese
    bese

    @Shiva

    Vous avez bien fait d’attendre un nouveau post de Paul sur la monnaie pour publier votre synthèse. On se perd souvent devant le nombre de commentaires.
    Je suis d’accord avec le développement de votre synthèse mais je ne vois pas trop pourquoi vous concluez que la monnaie est périssable. Pour moi, c’est juste une transformation des moyens d’échanges ; destruction suivi d’une création équivalente.
    Dire que la monnaie est périssable sous entend que la monnaie aurait de l’entropie. J’avais cru comprendre qu’un des « avantage » de la monnaie est justement son manque d’entropie.

  21. Avatar de Moi
    Moi

    @DAV : « les libéraux ont réussi là où les communistes ont échoué : à la fabrication d’un Homme Nouveau : jamais amendable, jamais éducable, jamais solidaire… tout droit sorti de leur imagination. »

    C’est exactement ce que je pense aussi. Face aux moralistes qui échouaient à maîtriser les passions, ils se sont leurrés en jetant le bébé avec l’eau du bain et en postulant que tout irait mieux en laissant faire la providence (la fable des abeilles, etc). Il y a me semble-t-il un autre courant ni libéral ni moraliste, qui aurait peut-être mérité un meilleur sort : Machiavel, Spinoza, etc. (peut-être même pourrait-on placer Hume et Smith dans ce courant, au lieu du courant libéral).
    Qu’en pensez-vous?

  22. Avatar de jpg

    La dimension temps et « monnaie » au singulier sont-ils liés ?
    Mr Jorion, vous faites bien de souligner l’absence de modélisation chez les économistes de cette 4° dimension dont les secrets nous échappent.
    Face à cette incertitude, j’ai l’impression qu’en tant qu’espèce nous avons la faiblesse de tendre vers le singulier de  » monnaie « , et ce fameux rêve de monnaie mondiale unique. L ‘histoire nous apprend que toutes les expériences de  » pegged currency  » finissent mal et se transforment en facteur de contagion des crises. Peu importe la source , c ‘est sur l’autel des taux de change que se font les sacrifices…
    D’ ailleurs le débat technique tourne surtout autour de l’incertitude inflation/déflation. En effet combien vaudra l’argent dans quelques semestres ? Vaut-il mieux en acheter/louer ou en vendre ?
    Si le débat monétaire revient en force de nos jours, il est un endroit où cette discussion n’a jamais cessé depuis des lustres,
    c’est de l’autre côté de l’atlantique, tout en bas 🙂
    Au Chili, pays très libéral ( dans le sens français ) cohabitent en fait trois monnaies:
    Le Peso. monnaie fiduciaire , avec billets et banque centrale indépendante et taux flottant. utilisé pour presque tout.
    Le US Dollar. Les biens importés à prix conséquent ( voiture, bateaux, etc ). L’achat se fait au taux de change du jour.
    La UF, Unidad de Fomento ou Unit Of account in english. Utilisée pour les crédits immobiliers et tout ce qui s’y réfère.
    Il s’agit d’ une unité de monnaie indexée quotidiennement à l’inflation. En théorie une UF de 2008 aura le même pouvoir d’achat dans 10 ou 20 ans.
    Probablement sa plus grande valeur est la confiance qu’elle instaure dans un environnement économique historiquement
    instable. Crée dans les 60’s, elle a résisté à l’expérience socialiste-marxiste des 70’s et son hyperinflation, résisté aux reformes ultra-libérales des 80’s et le cataclysme induit par une parité de change fixe(dette + default+crise immo) , pour s’installer définitivement dans le paysage avec les socio-libéraux depuis les 90’s.
    La UF, que plus jeune je considérais comme un dinosaure économique, petit à petit, s’impose dans de plus en plus de transactions. La réalité semble avoir besoin d’un tel artifice.
    Je vous laisse un lien, un paper de Robert Schiller, il explique infiniment mieux que moi.
    Bien à vous.
    http://cowles.econ.yale.edu/P/cd/d11b/d1171.pdf

  23. Avatar de Dav

    @Moi

    Il me semble que les courants de pensée sont utiles pour identifier des lignées, des familles, des grandes orientations et surtout des prémisses communs… et pourtant, je voudrais ne pas avoir à me dire que tel ou tel penseur fait partie de tel ou tel courant, de façon à le lire non pas en considérant l’endroit d’où il parle, mais en considérant l’idée qu’il émet. De telle sorte que cette idée puisse me paraitre censée ou incensée, certaine ou incertaine, cohérente ou incohérente, quelque soit l’estime que je porte pour celui qui me l’offre, et simplement en la faisant frotter avec les idées qui sont les miennes.

    Le piège de l’affinité intellectuelle avec un courant de pensée, c’est qu’au fur et à mesure que votre estime envers lui grandit, il vous est de plus en plus difficile d’imaginer qu’il puisse être faillible ou vous mener sur de fausses pistes. Il vous procure un certain confort.

    Malgré mes sensibilités et mes orientations, ça ne me pose aucun problème d’avoir des affinités avec quelques idées émises par des penseurs libéraux. Bien au contraire, à titre personnel, je trouve ça rassurant. J’ai aussi l’impression que l’Histoire se charge de rapatrier les penseurs qui lui plaisent dans la case qui lui convient, au moment qui lui convient.

    Ce qui m’importe, c’est la multitude des éclairages et leur confrontation; c’est en les faisant se frictionner que certaines faiblesses ou certains décalages apparaissent, et qu’on perçoit les limites de n’importe quelle pensée individuelle, fut-elle brillante. L’absence de friction, due aux purges autoritaires (maccarthisme inclus) me semble à l’origine de la création des monolithes idéologiques que nous avons connus.

    Ceci dit, j’aime beaucoup Machiavel et le peu que je connaisse de Spinoza. 🙂

    Amicalement,
    David

  24. Avatar de tigue
    tigue

    Au total, ce débat sur la monnaie, ramène ce pauvre Paul, à sa condition d’ homme devant l’ inconnu.
    Socrate questionnait les hommes qu’ il croisait sur son chemin, et attendait d’ eux qu’ à la fin de ce questionnement, ils se trouvent moins ignorants qu ‘avant, ayant pris soudainement conscience de leur ignorance.
    Ce débat sur la monnaie nous fait « accoucher », non pas d’ une souris, mais de la connaissance sure que : ce que nous savions sur la monnaie est du domaine de l’ opinion, pas de la connaissance.

    Ce savoir n’est pas anodin, il permet de sortir un pied des sables mouvants et de le poser sur la terre ferme.
    Pouvoir dire comme Socrate, avec un tel degré de certitude que les experts ne savent rien, est le privilège de celui qui a fait cet effort, ce travail, de questionnement de ses semblables, esclave ou juge.

    La scène que nous jouons ne se situe pas dans l’ Athène Antique, mais sur le Web en 2008.
    Il est utile de d’ imaginer les scènes hors de leur contexte temporel, afin d’ éliminer la pollution du décor, et ne garder, que ce qui se joue.
    Il est intéressant de regarder ce qui se produit en 2008 dans la construction d’ une base de connaissance comme Wikipédia
    http://www.homo-numericus.net/spip.php?article273

  25. Avatar de Loïc Abadie
    Loïc Abadie

    Ce débat sur la monnaie, mais aussi sur les politiques monétaires est effectivement au cœur du problème.
    Une des différences fondamentales entre Paul Jorion et moi est que Paul Jorion semble placer la spéculation au centre de la crise (je m’excuse auprès de lui si j’ai mal compris son point de vue), alors que je place le crédit au centre de celle-ci (donc la faculté qu’ont les banques de créér de la monnaie temporaire en quantité quasiment illimitée, les critères de réserves fractionnaires n’étant en pratique que très peu limitants).

    La spéculation excessive* n’est pour moi qu’une des issues vers lesquelles les flots de monnaie temporaire créés par le crédit se dirigent (l’autre étant la surconsommation). Elle n’est qu’une conséquence et un symptôme de l’excès de crédit.

    * : je dis bien spéculation excessive, car le fait de pouvoir se constituer un patrimoine est pour moi un droit légitime de l’individu, et cela implique forcément des anticipations de rendement et de plus-value au moment où on achète et on vend…et personne n’a à nous donner de leçons de soi-disant « morale » sur ce droit !

    Si on traite le symptôme (la spéculation excessive) sans traiter ce qui est à l’origine du problème (l’excès de crédit), on ne règlera strictement rien. La fuite en avant continuera, et la spéculation excessive reviendra en dépit de tous les efforts règlementaires faits pour l’enrayer, parce que les liquidités en excès chercheront une porte de sortie et la trouveront.

    Traiter le problème implique de remettre en cause les politiques dites de « relance économique » employées par les états depuis des décennies, qui ne sont que des incitations (de plus en plus pressantes et désespérées) à s’endetter toujours plus et avec une prise de risque croissante.

    Ces politiques monétaires, caractérisées par une intervention étatique à outrance en faveur du crédit sont bien à l’origine du problème parce qu’elles dérèglent complètement le fonctionnement du système économique.
    Ceux qui mettent en avant la spéculation plutôt que l’excès de crédit cherchent simplement à dédouaner les états de leurs lourdes responsabilités, en trouvant un bouc émissaire bien pratique (le « méchant spéculateur amoral)…bouc émissaire qui a pourtant été nourri grassement par les politiques d’expansion du crédit de nos chers états.

    A terme il y a deux solutions : Soit les états cessent à temps leur fuite en avant, et nous en revenons à un système libéral authentique et traditionnel (qui a malheureusement disparu de nos paysages depuis des décennies), soit ils continuent leur fuite en avant coûte que coûte, et ils seront tôt ou tard en cessation de paiement…le changement de système serait au final le même, mais le déroulement risquerait alors d’être bien plus brutal.

    Pour faire ce changement, il faut liquider de façon la plus ordonnée possible la dette en excès au lieu de chercher à « relancer le crédit » encore et toujours.
    Donc soutien de « secours » aux ménages en difficulté le temps de la crise au lieu de jeter de l’argent par les hélicoptères du « quantitative easing » et du « taux zéro », et soutien « minimaliste » au système bancaire (garantie des comptes bancaires pour des montants limités), juste pour éviter l’effondrement du système financier.
    Ensuite on « verrouille » le crédit en imposant aux banques des ratios très stricts (leverage ratio entre 5 et 10), et une forte limitation sur les prêts (interdiction de prêter plus de 50 ou 60% des dépôts de la clientèle par exemple), ce qui pourrait être une simple étape vers un système encore plus strict : une monnaie à réserve pleine.
    Appliquer ces mesures détruirait tous les excès spéculatifs, la surconsommation et donnerait un système économique bien plus solide, dans lequel les agents ne vivrait plus au dessus de leurs moyens et auraient plus confiance dans le système…L’école autrichienne mériterait d’être revisitée aujourd’hui, rapidement !

  26. Avatar de Dav

    Loïc,

    Pourquoi vouloir « placer au centre » un problème, sans le saisir dans sa globalité ?
    C’est bien la limite de la pensée de Rothbard. Pourquoi cherche-t-il à tout prix à se/nous convaincre qu’il y a un problème central, et que ce problème central, c’est le crédit, en renonçant à saisir l’ensemble de la question dans sa complexité ? l’ensemble des paramètres qui évitent tout chose égale par ailleurs la survenue d’une crise de grande ampleur ?

    Parce que Rothbard (comme vous ?) part de deux a priori idéologiques qu’il ne remet jamais en question : pour lui, il ne fait aucun doute que le marché libre fonctionne bien, d’une part, et que l’Etat est responsable de toutes ses dérives, d’autre part. D’ailleurs, chaque fois que Rothbard se rend compte que l’intervention de l’Etat est nécessaire (pour limiter les réserves fractionnaires par exemple), il s’arrange pour nous expliquer de manière alambiquée que ce n’est pas vraiment une intervention de l’Etat.

    Si on enlève les deux a priori de Rothbard, on évite de chercher à n’importe quel prix à rendre l’Etat responsable des crises et on regarde l’ensemble du problème, en essayant d’être juste, honnête et surtout pragmatique.

    Qu’est-ce qu’on en déduit, quand on essaye d’être pragmatique ?

    On en déduit que les politiques monétaires des Etats mettent en place les éléments qui ouvrent les portes de l’expansion de la masse monétaire, par le crédit, et on comprend l’intérêt de ce que nous dit Rothbard.

    Mais par ailleurs, on en déduit aussi que la spéculation empêche le problème posé par l’expansion du crédit de rester dans des proportions acceptables. En l’absence de régulation, l’ampleur de la crise est démultipliée. Ce qui pourrait n’être qu’une courte dépression, que vous jugeriez vous cyclique, voire naturelle, considérant la tendance inflationniste des Etats selon votre façon de réfléchir, devient un gigantesque feu de forêt ravageant tout, y compris des structures sociales, sur son passage.

    Ainsi, vous faites très exactement l’inverse de ce que vous dénoncez : vous excusez les gentils spéculateurs pour accuser les Etats.
    Il serait plus pragmatique et moins idéologique d’interroger la part de responsabilité de chacuns dans le déroulement de la crise.

    Le crédit n’est qu’une allumette. On peut la mettre aux mains de cuisiniers mais on peut aussi laisser les mains libres aux pyromanes…

    Enfin, vous parlez du droit à spéculer et à se constituer un patrimoine. Je ne sais pas si c’est un droit, mais ce que je sais, c’est que tout le monde ne part pas de zéro en terme patrimonial, et que ce serait une condition préalable à l’exercice d’un tel droit.

    Pour terminer, je travaille dans le secteur culturel. Je peux vous assurer que les formes humaines d’organisation (avec leurs atouts et leurs travers) sont radicalement différentes selon qu’on laisse faire les forces du marché ou les forces de l’impôt redistribué.

    Se passer de l’une, ou de l’autre, par principe idéologique, c’est perdre une diversité d’atouts et de travers.

  27. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    De grâce, ne mêlons pas les idéologies dans le problème monétaire qui se situe – en amont – des idéologies. Ce débat récurrent – libéralisme versus étatisme – ne fait qu’enfoncer les uns et les autres dans leur idéologie, et l’on s’éloigne d’autant de la, ou des techniques monétaires qui, en tant que techiques doivent tendre vers le meilleur rendement possible. Non et non il est absolument anormal qu’en achetant sa maison on la paie, au bilan, deux fois ou plus. Des pays pauvres qui avaient 1 dollar de dette en 1980 se trouvent avec 7 dollars de la MÊME DETTE en 2002 et, en 2002, devaient encore 4,5 dette. Si nous banalisons ce fait (entre autres faits similaires bien sûr) et nous l’avons fait, la preuve! et bien, nous préparons à nouveau notre assevissement et celui de nos enfants qu’on annonce jamais… L’important n’est pas l’étatisme ou le libéralisme, les deux entraînent des gâchis inacceptables, l’important c’est un outil ou un instrument qui marche et profite légitimement aux uns et aux autres.
    Une fois qu’on a ce progrès optimum dans les rendements de la monnaie qui accomplit ainsi son rôle de base de se faire rencontrer les besoins et le pouvoir d’achat, sans dettes ni d’intérêts iniques à payer, par ceux (1) qui produisent les biens et les services dans un équilibre possible grâce à la technique monétaire qui ne triche pas. Alors ensuite, mais seulement ensuite, ceux qui veulent jouer à la roulette russe le pourraient, mais sur leur seules tempes à eux.
    Les traitements de la monnaie n’ont nullement à alimenter la spéculation, c’est ce qui entraîne un surcroît de demandes de crédits qui alimente la spéculation, etc, etc. Là aussi, c’est toujours: c’est pas moi c’est l’autre… C’est lassant à la fin.

    Notre système d’argent est-il vicieux? Si l’argent entrave l’écouement des produits, le système d’argent est vicieux.
    Si l’argent mène à la destruction des hommes et des choses, le système d’argent est vicieux. Si l’argent est une arme d’exploitation, le système d’argent est vicieux. Si l’argent fait la corruption des âmes, le système d’argent est vicieux. Si l’argent est souverain, et commande ue humanité servante, le système d’argent est vicieux.
    Or, le système actuel d’argent entrave l’écoulement des produits, mène à la destruction, crée les exploiteurs, corrompt les âmes et met les hommes en servitude.

    Faut-il développer?

    (1) ceux (c’est nous!) qui paient extrêmement cher leur propre production!

  28. Avatar de Dav

    Voici un extrait qui démontre l’absence de pragmatisme de Rothbard et des penseurs de l’école Autrichienne :

    « Advocacy of any governmental policy must rest, in the final analysis, on a system of ethical principles. We do not attempt to discuss ethics in this book. Those who wish to prolong a depression, for whatever reason, will, of course, enthusiastically support these government interventions, as will those whose prime aim is the accretion of power in the hands of the state. »

    Il suffit de lire ce passage pour comprendre la haine de principe de Rothbard envers tout interventionnisme. Or, il est facile de démontrer que les politiques gouvernementales peuvent reposer non seulement sur des principes éthiques, mais aussi et surtout sur des principes logiques.
    Ainsi, dès lors qu’une anticipation s’inscrit au-delà de la durée d’une vie humaine, le marché est strictement incapable de mettre en place un système d’organisation qui lui permette d’anticiper seul, les bonnes pratiques, et de faire ainsi le travail d’ajustement permanent pour lequel il est reconnu. On l’a vu avec le trou de la couche d’ozone et l’utilisation des CFC et plus généralement avec la relation au climat. Nous serons d’accord pour dire que l’autodestruction n’est pas vraiment un question éthique, mais bien une question logique.

    Au-delà de la durée d’une vie humaine, toutes les lois de l’efficience du marché par la rationalité des acteurs et l’intelligence collective (tout le monde ne fait pas forcément le même choix au même moment) tombent à l’eau. Le marché devient impuissant et il retrouve une humilité qu’il n’aura jamais dû quitter, face à la complexité des problèmes humains : et notamment la maladie et le hasard.

    Et puis, encore faudrait-il que l’organisation économique ne s’inscrive que dans le cadre d’un pur marché libre pour que les préconisations idéologiques de Rothbard fonctionnent; le problème est que l’économie n’est qu’une toute petite parcelle des interactions sociales, parmi lesquelles on retrouve des dynamiques totalement extérieures aux dimensions de l’échange économique. En ce sens, Rothbard nous donne des préconisations à appliquer sur un modèle qui n’existe pas vraiment, un modèle qui ne s’inscrit pas dans la complexité des structures sociales réelles.

    Voilà une attitude que je ne qualifierais pas de… pragmatique.

  29. Avatar de Le fils d'Ariane
    Le fils d’Ariane

    Je suis assez d’accord avec Loïc Abadie, bien que n’approuvant pas son « a-moralité » concernant la spéculation, pour dire que l’excès de crédit ( l’excès de monnaie de crédit fabriquée par les banques commerciales ) est la cause première des bulles et par conséquent du crash du système financier en train d’entrainer le système économique.

    Certains sur ce blog ont suggéré un système 100% monnaie centrale, d’autres (tels Frédéric Lordon) proposent des taux d’intérêts différenciés selon l’utilisation de la monnaie … ne serai-ce pas le moment de soutenir sur ce blog cette ‘solution’ : monnaie 100% centrale et taux d’intérêts adaptés?

  30. Avatar de Dav

    Enfin, voici un autre extrait qui m’amuse beaucoup, toujours du même Rothbard, dans America Great Depression :

    « Banks that issue receipts to non-existent gold are really committing fraud, because it is then impossible for all property owners (of claims to gold) to claim their rightful property. Therefore, prohibition of such practices would not be an act of government intervention in the free market; it would be part of the general legal defense of property against attack which a free market requires. »

    C’est amusant de voir à quel point cela arrache la langue de Rothbard de pointer du doigt le besoin de régulation de la part de l’Etat, en l’occurrence s’agissant du contrôle à mener sur la façon dont les banques créent du crédit (point sur lequel les positions se rejoignent ici).
    Et Rothbard de nous expliquer que, oui, mais là, c’est pas tout à fait pareil, c’est plus de l’interventionnisme, c’est uniquement un mécanisme de défense de la propriété privée.

    Je peux vous assurer, cher Loïc, qu’une définition de ce type : « mécanisme de défense de la propriété privée » est applicable à peu près à l’ensemble des interventions gouvernementales a priori. A commencer par une lutte contre l’inflation induite par la spéculation, qui entre tout à fait dans le cadre d’un mécanisme de défense de la propriété privée, en tant que capital.

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

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