Voici la réponse de Jacques Attali aux questions que je lui avais posées à propos de son livre La crise, et après ? (Fayard 2008).
Cher Paul, Merci d’avoir pris le temps de me lire si bien. Vos commentaires sont, comme toujours, très profonds et très judicieux, mêlant des savoirs économiques, financiers et anthropologiques. J’ai lu aussi les passionnantes discussions que cela a suscitées sur votre blog. Je me contenterai de donner modestement mon point de vue sur les énormes questions que vous soulevez. Vous me permettrez au passage de renvoyer à certains de mes livres, non pour leur faire une quelconque publicité, mais parce que c’est par les livres que je m’exprime le plus précisément.
1. Marché et état de droit. Vous avez tout à fait raison : le marché est parfaitement capable de corrompre la démocratie. Il suffit de regarder l’exemple de la plus parfaite démocratie, ayant créé la plus parfaite absence d’état de droit : la Grande Bretagne, où la démocratie la plus ancienne du monde est au service d’un paradis fiscal et d’une place financière off shore. Cela veut dire que la démocratie ne se réduit pas à des élections libres ; elle suppose une véritable transparence, une symétrie de l’accès à l’information et des contrepoids aux pouvoirs des riches, en particulier dans les médias. Cela reste largement à penser et à construire. Par contre, je ne suis pas d’accord avec vous quand vous dites que le marché constitue « l’expression spontanée de la manière dont notre espèce réglait ses affaires à l’état sauvage : par la guerre de tous contre tous ». L’histoire du marché, que j’ai racontée dans un de mes livres, (« Histoire de la Propriété ») commence, à mon sens, par le troc ; elle continue par l’invention du marché silencieux (Cf. en particulier les travaux de Pierre Dockes) puis, bien plus tard, de la monnaie, justement pour en finir à la violence. Le marché est là pour assurer l’allocation efficace des ressources, mais pas son allocation juste, qui incombe à la démocratie. Et les victoires de la démocratie sur les dictatures démontrent qu’elles ne sont pas tout à fait désarmées face à des forces supérieures.
2. Crises et cycles. J’ai eu tort d’évoquer, même en passant , le mot de cycle, en parlant de « contre-cycle », car, comme vous le savez, je crois plus à la théorie des cœurs successifs, que j’ai élaborée dans « Une brève Histoire de l’avenir », (à partir des travaux de Fernand Braudel, mais aussi de Jean Gimpel, Michel Aglietta et Immanuel Wallerstein), qu’à celle des cycles, quels qu’ils soient. Et chaque cœur (géographique) se caractérise par une technologie dominante et un système de valeur particulier. Et ces théories devraient en effet être connues des agences de notation, pour leur servir de grille de lecture.
3. « Initiés » et accès à l’information financière. Oui, bien sûr, il n’y a pas de transparence sans remise à niveau des patrimoines. Et en particulier (et je l’ai écrit dans « la Voie Humaine ») pour ceux que je nomme les « biens essentiels » dont la propriété privée doit être remise en cause. Mais comme une telle « remise à niveau » est impensable aujourd’hui, il faut agir pour que l’accumulation du capital futur corrige celle des patrimoines antérieurs.
4. La spéculation. Votre proposition d’une « prohibition des paris sur l’évolution des prix sauf pour ceux à qui ils procurent une fonction d’assurance contre des aléas inévitables, climatiques » me semble une idée à creuser, comme le font certains participants à votre blog. On m’a cependant expliqué que même ce mécanisme peut être contourné. Enfin, je n’aime pas l’idée de ce que vous appelez « un appel du pied extra-parlementaire ». Cela ouvre à des dérives que vous condamnez autant que moi.
5. Permettez moi d’ouvrir aussi un autre débat : un monde où, comme je le souhaite, la régulation serait mondiale et parfaite, ne serait pas exempt de crises. Car il y aura toujours asymétrie d’information entre le présent et le futur. Et c’est cette asymétrie qui cause les crises. Et, à moins de souhaiter un monde répétitif, (en lui-même comme en son environnement), c’est-à-dire un monde où l’information sur l’avenir serait, par nature, parfaite, nous ne pouvons que nous résigner à gérer des crises, et nous attacher à en partager équitablement le poids. Et pour cela, penser, prévoir, et agir.
Merci d’avoir pris le temps de me lire si finement et continuez de nous faire tous réfléchir si librement et si sérieusement.
115 réponses à “Jacques Attali : réponses à Paul Jorion, à propos de « La crise, et après ? »”
« partager equitablement le poids des crises »
Allons nous laisser les financeurs de la monnaie-dette (asie surtout), abuser a leur tour de ce bien commun ?
On peut en douter.
Partager equitablement le poids des crises est en effet la vraie garantie du progrès dans le chemin de la création d’ un meilleur ordre économique.
« un monde où, comme je le souhaite, la régulation serait mondiale et parfaite, »
il rêve Attali … il y a bien trop d’intérêts particulier pour que ce soit possible hors une dictature mondiale.
Je prèfère nettement un monde plus « provincial », celui où n’existe pas la soi disant « économie financière » qui n’est qu’une gigantesque pyramide de créances et de dettes qui ne correspondent plus du tout à la production réelle, mais où n’existe que l’économie réelle, celle des échanges entre humains de même culture (ce qui n’empêche pas d’accueillir les voyageurs d’autres cultures).
De toute façon, nous devrons bien y revenir à ce monde provincial , la crise de l’énergie et des matières premières ( voir http://terresacree.org/ressources.htm ) va nous y amener nécessairement … mais dans le sang et les larmes!
Une regulation mondiale… et un monde ou les Cultures humaines auraient disparues au profit d’Une ?
« Il reve Attali… » dit le fils d’ariane, oui en effet.
Cette perspective-la , moi, elle me fait cauchemarder !
Alors… oui au monde provincial !!!
On est mals en effet, si même les plus tolérants ne peuvent imaginer un seul peuple de terriens sur une même terre.
@tigue: la tolérance n’est-elle pas plutôt d’aimer la diversité?
Dans:
5. Permettez moi d’ouvrir aussi un autre débat : un monde où, comme je le souhaite, la régulation serait mondiale et parfaite, ne serait pas exempt de crises. Car il y aura toujours asymétrie d’information entre le présent et le futur. Et c’est cette asymétrie qui cause les crises. Et, à moins de souhaiter un monde répétitif, (en lui-même comme en son environnement), c’est-à-dire un monde où l’information sur l’avenir serait, par nature, parfaite, nous ne pouvons que nous résigner à gérer des crises, et nous attacher à en partager équitablement le poids. Et pour cela, penser, prévoir, et agir.
Mr Attali malgré son talent, fait à mon sens une faute d’analyse. L’humanité vit de manière répétitive et même si l’information sur l’avenir n’est pas parfaite, elle en grande partie connue (la crise était prévisible et même inévitable. Preuve en est de cette répétivité, le calendrier. Il y a calendrier dans tous les aspects de la vie humaine en société. Les nuances entre les répétitions du calendrier sont mineures. Il faut un changement de civilisation pour noter un réel saut qualitatif. Il y a calendrier parceque justement l’humain nie le temps qui passe, le transformant en temps qui ne passe plus, qui se répète, niant par là même le néant qui nous attend tous au bout du chemin. C’est à mon sens justement parceque on essaie de changer ce fondement humain que les repères disparaissent. Je ne suis pas pour les dogmes (religieux ou autres), rassurez-vous, mais le changement permanent proné depuis 50 ans est justement un des paramètres qui suscite la lutte de tous contre tous. Cette idéologie est justement ce qui nous fait nous entretuer actuellement par les armes économiques. En effet ce changement permanent place les humains dans la même insécurité que les animaux, donc dans l’inhumanité la plus totale.
Mon propos n’est pas de ma seule réflexion. Il est étayé par les travaux de l’école de rennes, théorie de la médiation, travaux universitaires initiés par Mr Jean Gagnepain. Les ouvrages de cette école sont accessibles même sur le site web Fnac. J’engage chacun a s’y intéresser. Il y des articles libres sur le web de diférents auteurs affiliés à cette école.
C’est ce que j’ai étudié de plus intelligent (pour mon niveau/savoir/temps disponible etc…) et celà me donne des outils pour vivre mieux.
Cordialement, B. Scaringella.
Oui, tout cela paraît de bon sens…
Mais le problème dont il semble que nous héritions est autre. Ce qu’Attali appelle « démocratie » et « information », comme s’il s’agissait de choses évidentes et bien comprises, voilà ce qu’il nous faut (re)penser. La mondialisation nous a plongé dans un monde où la propagande contrôle les discours, qu’il s’agisse de propagande commerciale ou politique. Nous vivons dans un monde où le marché a envahi « l’information » (les médias soumis à la contrainte de la concurrence) et la « démocratie » (les campagnes électorales obéissent aux règles de la communication marchande), autrement dit dans un monde où la propagande brouille la pensée et où le pouvoir nous échappe en grande partie (pour ne pas dire totalement). Ce monde, nous avons contribué à le créer, nous avons « dérégulé » les médias, « modernisé » la vie politique, et par « nous », je veux surtout dire les gouvernements qui nous représentent. De ce point de vue, Chomsky est une lecture autrement plus intéressante qu’Attali.
Comment (re)prendre ce pouvoir qui nous échappe ? Comment penser le monde complexe, et qui plus est brouillé, dans lequel nous vivons ? La tension qui ressort de la pensée d’Attali, c’est qu’il appelle de ses voeux un nouvel ordre mondial, alors que nous ne savons pas comment construire une politique mondiale qui ne nous échappe pas complètement, à nous les citoyens.
Dans le contexte actuel, on voit mal comment ce pouvoir mondial pourrait être autre chose que l’aboutissement des tendances totalitaires présentes dans le monde depuis le 20e siècle. Un tel pouvoir gouvernerait par encore plus de propagande, encore plus d’artifice, encore plus de manipulation. Comment alors croire qu’un monde où le pouvoir serait encore plus concentré, cette fois au niveau mondial, pourrait-nous bénéficier ? Attali semble aveugle au problème. Comme s’il croyait encore à la bénévolence des élites, comme si l’espèce humaine pouvait s’attendre à la venue d’un berger bienveillant prenant la direction du troupeau mondial…
Le conflit qui devrait nous faire réfléchir est donc le suivant : le monde dans lequel nous vivons appelle une régulation planétaire, mais nous ne savons pas comment faire de la politique au niveau mondial, si tant est que cela soit même possible étant donné les immenses disparités qui subsistent entre les différentes régions du monde. Dit plus rapidement, Attali en appelle à la politique pour nous sauver de l’économie alors même que la politique est en grande partie à l’origine du problème que nous rencontrons en économie.
Ce débat est-il très sérieux ?
Je suis désolée mais M. Attali était en première ligne lors de la grande opération de capatation du bien commun par les multinationales dans les années 80, en tant que conseiller de M. Mitterand…C’est sous « le règne » mitterandien que la place financière française fut déréglementée, le traité de Maachstricht signé, les velleités d’alternatives au capitalisme étouffées…
Franchement je suis écoeurée…M. Attali nous prend pour de veaux, il s’adresse à nous en omettant de préciser à quel point il participa à la construction administrative, idéologique, politique, économique ou financière du monde dans lequel nous vivons. L’orientation ultra-libérale n’est pas tombée du ciel, il fallait des hommes aux commandes pour permettre et mettre en place la transformation.
Pas un mot la dessus, pas une excuse, pas même le début d’une reconnaissance des erreurs commises….Par contre on s’inquiète d’une possible révolte…qui à ce stade de mauvaise foi, de mensonges, de travestissement de la réalité, semble pourtant plus que légitime…
IL s’agit ici d’agiter l’intelligence collective ?
Et bien réfléchissons à la position de ces pseudo-élites qui viennent nous faire la leçon quand leur seul dessein , bien loin de la défense de l’intérêt général, consiste essentiellement à conserver leur petite place parmi les dominants, à préserver le système hiérarchique avillissant et aliénant pour le plus grand nombre, à confisquer l’expression publique…
M. Attali fait partie du problème, ce qu’il est et a fait en sont la parfaite incarnation ?
Par quel tour de passe-passe peut-il apparaître sur ce blog comme possible contributeur à un début de solution ?
@ MOI.
Aimer la diversité n’ implique pas de nier l’ unité inévitable à terme du peuple de la terre.
Que se passera t-il lorsque les algorithmes de traduction permettront de se comprendre et de communiquer en temps réel ?
Il faudra bien changer.
Quelle est la nature de cette crise, sinon d’ additionner et amplifier par un formidable effet de levier, les petites trahisons individuelles à nos belles valeurs, ?
D’ ou vient cette schizophrénie d’ attendre de l’ état qu ‘il créee pour tous, ce que nous refusons de créer individuellement tous les jours (des prestations, mais pas d’ impots, ou encore des droits mais sans devoirs, ou encore la démocratie mais sans aller voter…). Que pouvait t on attendre de laisser ainsi l’ émission monétaire hors du controle démocratique ?
Attention au « matin brun ».
Libéralisme et démocratie
me semble être un ancrage plus approprié à la réflexion que marché et état de droit
La crise systémique dans laquelle nous entrons de plein pied nous renvoie non à des gestions techniques sectorielles mais à une réflexion GLOBALE sur la société.
Le libéralisme économique a comme pendant politique une organisation de la démocratie en votes d’alternances pour des partis : le citoyen peut choisir, mais son choix porte toujours sur la gestion de la société, un peu plus à gauche, un peu plus à droite, un peu plus verte ….mais JAMAIS sur la globalité sociétale, son sens, son organisation.
Nous sommes dans une démocratie de gestion ayant comme principe essentiel de maintenir un équilibre entre les acteurs selon les rapports de force du moment ( ces rapports de force inclinant toujours vers les acteurs riches et puissants )
Et non dans une démocratie de projet permettant à l’ensemble des citoyens de se mettre d’accord, par l’expertise et le débat, sur le projet de société. (Le vote permettant de compter et légitimer la décision)
De ce fait au lieu de démocratie se crée et s’auto alimente un SYSTEME sans possibilité pour nous de le maîtriser puisque nous ne disposons pas des outils politiques qui le permettraient. Il n’y a pas de pilote dans l’avion. Ce système est officiellement présenté comme étant une réalité naturelle s’imposant à nous comme un fait non soumis au débat.
Quand on a compris cela, on sait que la seule réponse crédible face à cette CRISE VITALE POUR L’HUMANITE , c’est la démocratie, la refondation démocratique :
PASSER D’UNE DEMOCRATIE DE GESTION A UNE DEMOCRATIE DE PROJET ET S’EN DONNER LES MOYENS.
Le reste : sommets internationaux, mesures x ou y, déclarations, programmes divers et variés est emplâtre sur jambe de bois.
C’est amusant que le billet précédent celui çi s’appelle justement » Un sacré farceur ! » … on se demande parfois qui sont les farceurs … vous en avez un autre: Attali!
Ca ne serait rien si ces farceurs se contentaient de faire des farces…
@ ghostdog
merci de remettre ainsi les pendules à l’heure.
@ tigue
Vous repartez en fait sur le débat concernant les boursicoteurs du site de Abadie ! Non, les gens ne sont pas tous comme vous les présentez. Des quantités de personnes acceptent de payer bien volontiers leur impôt, même s’ils ne sont pas d’accord quant à son utilisation, vont voter par devoir, même si c’est en se pinçant le nez, sont conscientes de leur devoirs envers la société, tentent de créer à leur échelle ce qu’ils aimeraient voir l’état faire à grande échelle… Oui ils existent !
Mais dans quel milieu vivez-vous ?
Qui commet ces « trahisons individuelles » ? Qui depuis des siècles soutient les tenants des seules valeurs de l’argent et de l’enrichissement personnel ? Ce sont effectivement ceux-là qui engendrent les crises. Mais par pitié, ne mettez pas tout le monde ainsi dans le même sac !
Grâces soient rendues à l’esprit de synthèse de J.A. sur les problèmes de l’heure, mais j’aimerais être sûr qu’il n’y a pas trop de contresens:
1 Serait-il possible que J.A. pense vraiment aux victoires démocratiques sur la corruption des marchés (peut être provisoires) de Moralès ou Chavez en Amsud, après les sabotages des tentatives de Mossadegh ou Lumumba entre autres?
2 Quid de LA crise de notre époque, l’écologique, maintenant que l’on sait, en ayant pris conscience des effets amplificateurs de lamontée de la température globale sur les équilibres jouant sur la libération du CO2 piégé, qu’elle dépasse largement la gravité annoncée par le GIEC, basée uniquement sur les déséquilibres anthropiques directs?
3 Pourquoi cette remise à niveau des patrimoines ne concerne-t-elle que les patrimoines essentiels vus globalement ? Et sur le contresens classique du capitalisme « protecteur de la propriété privée », je renvoie à H. Arendt dont je conseille la relecture à J.A.
4 La spéculation est une conséquence (inévitable) de l’irréversibilité de plus en plus grande des activités et des situations économiques, induite par toujours plus de technique, et ne peut donc être jugulée par des mesures ne remettant pas cette évolution en cause. La vaincre réclame un système de valeurs privilégiant la réversibilité naturelle (celle du vivant). Et notamment en réintroduisant des mécanismes de « mort naturelle » du capital, que seules les crises engendrent actuellement.
5 Une régulation mondiale parfaite suppose une victoire démocratique définitive ce qui est inatteignable (cf§1). Ne pourrait-on pas lui assigner plutôt un objectif plus modeste et réaliste, concernant la prévention des risques liés à l’irréversibilité (cf par exemple le réchauffement climatique), et une simple aide aux problèmes localisés de la réversibilité naturelle (par ex une banque alimentaire dimensionnée sur les saisons).
Concernant le point 1.
Je suis à la fois contre P. Jorion et contre Attali.
1. Pour penser le marché, il faut penser la Nature et situer l’organisation des sociétés par rapport à elle. Deux alternatives :
a- soit l’organisation sociale est une caractèritique propre à l’espèce humaine et on peut alors la concevoir comme un prolongement de la Nature. A l’instar des espèces qui évoluent par la mutation de leurs caractères physiques, l’organisation sociale est le prolongement corporel des individus.
b- soit il existe une différence radicale entre la Nature et les organisations sociales. C’est selon moi la perspective grecque que Arendt et Vernant ont su détaché.
2. Penser la démocratie intervient après et s’inscrit dans le cadre dessiné ci-dessus :
a- Comment penser la Démocratie si la société est pensée comme la continuité de la Nature ? C’est le problème de l’accès à l’information qui se pose alors et dont J. Attali a parlé. Or affirmer comme il le fait que le marché est là pour assurer une allocation des ressources s’inscrit, selon moi dans cette perspective. Une telle proposition est de nature métaphysique et elle est intestable à grandeur nature. La modélisation de la concurrence « pure et parfaite » aboutit à une impasse dans le modèle Arrow et Debreu que ce dernier reconnut lui même. Sonnenchein (j’écorche peut-être son nom) a mis en évidence la faiblesse de ce modèle.
a’- Ce qu’avance Attali est même, et je ne pense pas qu’il tire les conséquences de ce qu’il dit, dangereux. Comment penser le mérite dans une société où il serait possible d’allouer efficacement les ressources ? On se laisse alors alors entraîner sur une pente qui nous ramène de Hayek.
b- Comment penser la démocratie dans une perspective où est posée la différence radicale entre l’organisation sociale et la Nature ? Vaste problème…
b’- Dans ce cadre, l’information est le seul produit des institutions et du rapport de force.
Bernard,
je vous renvoie si vous souhaitez approfondir votre analyse concernant le désastre écologique à l’excellent billet ici :
http://naufrageplanetaire.blogspot.com/2008/12/des-paradis-dans-lenfer-du.html
Cela concerne la destruction des forêts primaires indonnésiennes commise dans la plus parfaite indifférence…Vous y noterez la cruauté du déplacement forçé des populations, les nettoyages ethniques, bref, la plus parfaite illustration des désastres humains, écologiques et culturelles de la vente du bien commun à la voracité mortifère des industries occidentales encouragées par les organisations internationales ( FMI, banque mondiale, OCDE, OMC) ou les institutions européennes…
@Jean-François,
you’re welcome !
Bonne journée à tous
J’ai tiqué sur l’allocation efficace des ressources que produit le marché… Ah bon ?
Là, j’aimerai bien qu’on m’explique ces points là :
-Est que la concentration des entreprises et donc la constitution de monopole d’accès au ressources est une allocation efficace ?
-Est-ce que la gestion de ressources de ces entreprises est efficace ?
(J’aimerai, s’il y a une réponse à ce commentaire, que le 1er et le 2nd principe de la thermodynamique y soit introduit…)
@ tigue
Cher tigue, je « n’imagine » pas cette unite comme un aspect du futur, vous avez peut-etre raison, mais pas tout a fait quand meme 😉 :
Je la sens deja au present. Je vis ce lien-la dans mon corps, et je le ressens ainsi depuis que je suis enfant. Mon sentiment depasse d’ailleurs les seuls humains : je le sens aussi avec les « petits » peuples : aninaux, vegetaux, mineraux, et aussi les vastes elements.
Non, ce que je redoute, c’est la disparition de toute cette diversite, cette richesse extraordinaire, cette beaute aussi qui chaque jour est massacree par les hommes sous nos yeux a tous.
Qui parlera de la beaute que les hommes tuent ?
Je redoute l’impuissance de ceux qui aiment la beaute, le chant des peuples, les rites, les langues, les usages, les cascades d’eau fraiche, leur impuissance a sauver tout cela.
Notre trop petit nombre.
Je redoute la fin d’une Terre que j’ai tant aimee et que j’aime encore.
Par la domination d’une espece…, une seule ?
Et au sein de celle-ci, par la domination d’un modele…, d’un seul ?
Par l’exercice d’un pouvoir…, d’un seul ?
…Universel ?
Je crains un jour de voir arriver une grande dictature qui sera la pour imposer a l’humanite sa propre survie (d’espece predatrice), incapable qu’elle est de s’auto-responsabiliser et de s’auto-limiter sans y etre contrainte.
…Serai-je condamne a voir disparaitre tout ce que j’aime, si je vis encore 30, 40 ou meme 50 ans, beau centenaire a barbe blanche 😉 ?
Amicalement.
@ Benoit
Le site cité par Ghostdog (http://naufrageplanetaire.blogspot.com) est, à ce titre, proprement terrifiant…
Je ne doute pas que vous profitez de votre emplacement géographique pour sensibiliser les personnes autour de vous à ces dangers, et à la nécessité de refuser de toutes leurs forces de laisser perpétrer ce que l’on ne peut appeler autrement que des crimes contre l’Humanité…
Monsieur Attali, nous vous proposons notre plan d’urgence pour la crise actuelle en France:
1/ Création d’une ligne de TGV entre Paris et Le Havre. Le port du Havre devient une zone spéciale à fiscalité réduite. Le monopole d’embauche des dockers est supprimé, racheté par l’Etat.
2/ Suppression de l’ISF. Droits de mutation en ligne directe taxés à partir de 1,5 million et à 50%.
3/ Aucune aide pour l’automobile.
4/ Modification de la directive européenne sur la dépollution des véhicules. Contrairement aux normes américaines plus sévères elle n’utilise que le CO² comme référence interdisant ainsi la mise en service des moteurs hybrides essence/électricité. Interdiction du diesel comme carburant. Sauf pour les véhicules utilitaires qui auront l’obligation d’être dépollués, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
5/ Mise sous conditions de ressources de toutes les allocations, aides et subventions.
6/ Suppression des droits de mutation dans l’immobilier.
7/ Nationalisation de toutes les banques.
8/ Instauration d’un salaire étudiant, sous condition de ressources de la famille, avec
obligation de réussite aux examens et concours. Prêts d’honneur à taux zéro pour les plus démunis.
9/ Suppression des départements et Régionalisation de l’Education Nationale.
10/ Instauration de la TVA sociale pour diminuer les charge sur les salaires.
Le point 1/ développé par Jacques Attali (Marché et Etat de Droit) me conduit à cette réflexion :
Le verbe « réguler » veut dire aussi normaliser, standardiser, réglementer.
Le système bancaire à confondu sciemment « promesses d’argents » et créances toxiques pendant des années, que faut-il réguler d’une activité qui pour le commun des mortels apparaît tout simplement comme frauduleuse ?
L’Homme de l’Etat quand il légifère sur le marché n’a que deux possibilités : soit l’encadrer en le taxant plus ou moins pour garder un avantage concurrentiel par rapport à d’autres Etats, soit l’interdire purement et simplement. Le droit précède et accompagne le marché : Tant que les affaires allaient bien, le législateur prélevait les taxes et les impôts des riches banquiers, par impôts directs et indirects comme à Londres. Ces contribuables dont l’activité dans les banques étaient de présenter des bilans ou l’on confondait promesses d’argent et vrais bénéfices.
Le mot « Réguler » est alors à manipuler avec précautions, car même par ignorance, un système dont le préalable est une fraude, ou une omission volontaire (comme la signification du terme « réserve fractionnaire » et sa conséquence pour l’homme de la rue), est en fait une complicité d’escroquerie, voir de crime.
Jacques Attali résume sa pensée en disant que c’est l’asymétrie de l’information qui cause les crises.
Voilà une assertion totalement en contradiction avec la conception que Paul Jorion se fait de la crise puisque ce dernier
voit au contraire dans cette asymétrie de l’information une condition du bon fonctionnement des marchés ! (dans le cadre de l’économie néo-libérale).
C’est dit en toutes lettres dans son dernier livre : La crise des subprimes au séisme financier.
Jacques Attali ramène nombre des problèmes qu’il traite à une question de quantité et d’accès à l’information, celle des informations disponibles pour les agents économiques. Cette inflexion ne date pas d’hier. Dans un de ses premiers livres : La parole et l’outil, la théorie de l’information avait déjà une place de choix. Attali a au moins une certaine cohérence dans sa pensée, de ce point de vue. Il me semble toutefois que la théorie de l’information est une théorie qui a ses limites, et même est totalement inadaptée, dès lors qu’elle s’applique aux affaires humaines, dont l’économie est une composante.
Le monde économique serait parfait selon Attali si l’information qui y circule se distribuait de manière parfaite. Autrement dit si les souces de l’information étaient accessibles à tous et dans les meilleurs conditions. Encore que j’ai un doute, lorsque Attali parle d’asymétrie, évoque-t-il réellement tout le monde – jusqu’aux plus humbles travailleurs et chômeurs — ou bien exclusivement ceux qui sont en prise directe sur les marchés : les investisseurs et les entrepreneurs ? Il y a un début de réponse à cette question lorsqu’il dit qu’il n’y a pas assez de contre pouvoirs. Mais cela ne me semble pas de nature à founir une information pour tous, et qui plus est une information compréhensible par tous !
Il faut savoir que la théorie de l’information s’appliquait à l’origine aux télécommunications qu’il s’agissait d’optimiser dans leur fonctionnement.
L’information était donc l’information à transmettre. Le problème était de nature technique. Comment faire en sorte par exemple qu’il y ait le moins de déperditions possible entre le point de départ et l’arrivée. Comment améliorer le support, les « tuyaux »…Etc. Bref la théorie de l’information peut se résumer à la question de l’optimisation de la transmission d’une information d’un émétteur à un récepteur via un canal de tel ou tel type.
Or un agent économique ce n’est pas seulement un récepteur qui capterait dans des proportions plus ou moins grandes des informations que pourrait lui fournir le marché, les marchés. On retombe alors dans la veille conception du marché auto régulé. Dans cette hypothèse lorsque tous les agents connaissent bien les caractéristiques des autres agents économiques, leurs intentions, leurs motivations, les facteurs de production trouvent alors leur meilleure allocation possible et donc l’économie globale crée des richesses. Pour reprendre l’image d’Adam Smith : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais de leur souci de leur intérêt propre. », ce qui dans la théorie économique de Smith signifiait que le boulanger savait en connaissance de cause quel est précisement son intérêt propre. Autrement dit il sait qui sont ses concurrents, qui fournit la farine, à quel prix, et quels bénéfices il peut en tirer. Soit, même cela est vrai que pour autant que le dit boulanger pétrit sa farine dans un environnement homogène.
Le marché auto régulé est une fiction ou alors il ne peut fonctionner que dans le cas où le marché est homogène. Dans le cas du boulanger, ou même de l’entrepreneur du textile, c’est encore pensable au XVIII ème siècle. Les marchés sont locaux. Les matières premières sont produites aux alentours. Mais dès lors que le blé est produit à l’autre bout du monde il va sans dire que l’on a plus une connaissance suffisante des agents économiques concurrents. L’information qui parvient est passée par de multiples intermédiaires. QUi plus est rien ne garantit que le boulanger a une connaissance suffisante de l’économie-monde pour effectivement faire les meilleurs choix pour son industrie-commerce. Un monde où existerait une régulation mondiale et parfaite ne peut renvoyer qu’au modèle politique de la dictature. Je ne vois pas comment une telle régulation pourrait se réaliser sans un pouvoir coercitif très fort.
Ou alors, autre hypothèse, le mouvement actuel d’uniformisation du monde serait encore accentué via un contrôle tous azimuts. Déjà commence une traçabilité de tous les produits en circulation. Et les humains ne seront pas en reste avec les implants sous-cutanés. L’état du marché mondial deviendrait connu à tout instant. Mais ce serait alors le règne absolu de l’économie de marché, réalisant alors une véritable société de marché. Autant dire une horreur. L’information serait parfaite mais se serait une information d’une pauvreté absolue puisque la liberté ses humains se réduirait au choix des produits A, B ou C dans un marché X, Y ou Z.. Et quand je dis produits j’y inclus les modes de vie, sous le règne du marché. Pour le coup c’est la réitération — le règne de la marchandise pour tout horizon social — du même sous couvert de changement. Certaines des idées développées dans certains livres de Jacques Attali hélas font le lit de ce genre de cauchemard. Par exemple, lorsque dans son dictionnaire du XXI siècle il voit se dessiner un marché de pièces détachées du corps humain.
Bref, l’économie abordée sour l’angle de la théorie de l’information c’est une économie du contrôle et de la manipulation, même si en apparence, le consommateur semble roi et voué à multiplier à l’infini ses modes de vie et de consommation.
En définitive Monsieur Attali élude la question des rapports de force inhérente au monde économique lui-même.
La transmission d’une information dans le monde des marchés c’est surtout un commandement. C’est une mécanique sociale aveugle. L’information des marchés porte en elle l’idéologie du marché. Le règne de l’information c’est le règne de l’homo écoenomicus : l’homme calculateur abstait du social et du domaine de l’inconscient. Ce qui disparaît dans ce type d’analyse c’est la nature intersubjective de tout rapport humain, y compris économique. Attali le reconnaît lui-même : l’allocation des facteurs de prodution n’a pas à être juste, il lui suffit d’être efficace.
Pourquoi Monsieur Attali, n’y aurait-il pas la possibilité que l’économie soit à la fois efficace et juste ?
Cliver l’économie entre ses aspects techniques et humains c’est la vouer de manière certaine au règne de la sauvagerie. Et la monnaie n’y change rien. Le développement de l’Europe doit une part de sa « réussite » à la mise en circulation de tonnes d’or et d’argent suite à la conquête de Amériques par les espagnols et les portugais. Or, vous le savez, ces conquêtes ont signifié la disparition de cultures anciennes et la mort sanguinaire de millions d’amérindiens. En l’occurence la monnaie n’a rien pacifié du tout, puisque pour la créer on a compté pour quantité négligeable d’autres êtres humains. Ne dit-on pas aussi que l’argent est le nerf de la guerre. L’argent permet la mise en réserve de valeur et permet d’investir pour le futur, c’est son coté positif, mais c’est aussi une terrible outil au service de la puissance, au détriment des faibles.
En conclusion, les agents économiques, ce ne sont pas seulement des investisseurs, des entrepreneurs et des consommateurs. Ce sont d’abord des travailleurs. Le travailleur, le grand oublié de vos analyses.
Vous voulez exclure du régime de la propriété certains bien inaliénables, très bien, c’est en effet indispensable si l’on veut éviter un désastre écologique et l’auto destruction de l’humanité.
Le grand historien et penseur de l’économie de marché, Karl Polanyi, disait que la terre, le travail et la monnaie ne devaient pas être soumis à la logique des marchés. Vous en êtes d’accord pour la terre d’une certaine façon, mais s’agissant du travail et de la monnaie, vous faites l’impasse. Je pense que l’on ne peut faire l’économie d’une réforme radicale du marché du travail.
J’irais même plus loin. Offrir sa force de travail sur un marché est une aberration source de beaucoup d’aliénations (voir article de Samedi). Il faut donc, au sein même de la sphère économique, introduire des dispositifs qui feraient en sorte que le travail ne soit plus l’objet d’un marché, marché qui plus est déjà soumis au marché des capitaux !!
Que je sache, la Grande-Bretagne n’est pas et n’a pas été « la plus parfaite démocratie » ni « la plus ancienne du monde ».
Sa constitution est depuis longtemps dominée par l’aristocratie. Elle a connu, tôt, une révolution… puis une restauration.
La City de Londres, pas plus que les (autres) espaces de non-droit (commun) incorporées à l’empire britanique, ne sont pas non plus des choses récentes.
Manifestement, il y a, dans le propos de J. Attali, un amalgamme entre état de droit et démocratie. Mais il est surtout très étonnant d’entendre dire, de la part de quelqu’un qui dénonce par avance tout « appel du pied extra-parlementaire », que l’état de droit n’existe « parfaitement plus » en Grande-Bretagne…, et plus encore de le dire sans ajouter qu’alors, il n’existe plus en France, dans toute l’Union européenne, aux États-unis, …
La démocratie, c’est le tirage au sort ; l’élection, c’est l’aristocratie. Chose admise d’Aristote à Rousseau, et oubliée depuis. Pour éviter les bavardages, je renvoie au site et aux écrits d’Étienne Chouard.
S’agissant d’élection libres, encore faut-il qu’elles aient une portée. Mais, même en deux lignes, on devrait prendre la peine de dire ce qu’il en est dans une Union européenne construite par traités, où plus aucun élu (sinon le Président, en France – mais il est de par son statut hautement incontrôlable) n’a le moindre pouvoir de proposer quoi que ce soit, et aucun pouvoir de refuser quoique ce soit en bien des matières. Une UE dans laquelle on laisse voter « ses citoyens » à ce genre de « législatives » mais surtout pas quand il s’agit de choisir quel pouvoir on donne à ses élus.
J’espère que la « théorie des coeurs » est moins superficielle que cette vision de la démocratie. Pour ma part, je ne vois pas l’intérêt d’aller plus loin, pour savoir comment se passent l’introduction des gros concepts suivants : marché, affectation, efficacité, transparence, …
Bref, je trouve que dans le propos de J. Attali, y a un flou très artistique (aristocratique plutôt) autour de la notion de démocratie. Faut-il s’en étonner ? S’agissant de conseils ou de savoir ce qu’il faut ou non condamner et quelles sont les « dérives » démocratiquement tolérables – de quel parlementarisme parle-t-on, déjà ? -, pardonnez-moi, M. Attali, si je ne me fie pas à l’avis de gestionnaires. On en a assez eu. Maintenant, ce blog est un très bel espace de discussion, de transmission d’idées et de savoirs, et il vaut la peine d’écouter tout le monde.
Je trouve accessoirement très présomptueux mais surtout symptomatique d’une pensée d’élite déconnectée des responsabilités de prôner aux agences de notation l’emploi de grilles de lectures tirées de (jeunes) théories macro-je-ne-sais quoi (au final, ce sont des humains, là-dessous) qu’on a dévelopée soi-même, et auquel on dit « croire ». Allez, qui se propose comme cobaye ? Ne vous battez pas…
« Si les élections servaient à quelque chose, ça fait longtemps qu’ils nous les auraient enlevées. » (Coluche)
Merci PierreYves D de pointer une autre faute d’analyse fondamentale de Mr Attali.
Mr Attali dans la droite ligne occidentale vit dans un monde de signes (comme ceux des mathématiques) qui ne vise
qu’a des calculs purement logique. La théorie de l’information est utile dans le domaine de la transmission de signaux
physiques et ne peut etre utiliser que dans ce domaine là. Au proprata des parametres des matériaux utilisés, les mathématiques y sont un outil fondamental. Utiliser ces mêmes outils dans le domaine de l’économie est un non-sens
car le fondement du social dont fait partie l’économie politique est l’échange entre personnes, échange sanctifié dans le
contrat. Et là les lois mathématiques et/ou physiques ne s’appliquent plus tout simplement. Utiliser les maths comme
outil dans la comptabilité est utile, surement pas en économie politique. Les errances de la finance sont dues pour
l’essentiel aux modèles mathématiques créés par des purs matheux (talentueux certes) pour un environnement ou ils
ne peuvent pas être utilisés sans catastrophe. Ceux qui embauche des matheux pour gérer de l’économique ou du politique font une faute fondamentale soit par ignorance soit par cupidité.
De même utiliser un système de signe est ce qui mène au gouvernement mondial. La logique pure dit que pour réguler
il faut passer à un niveau d’abstraction supérieur. Donc les états doivent abandonner leur souveraineté au profit du
gvt mondial. Grave faute d’analyse encore qui veut faire disparaitre les différences hors la différence est constitutive de
l’humain, à travers son identité, sa personnalité, collectivement par sa langue, sa culture, son histoire etc…. Ce sont
ces différences qui font la richesse des relations humaines, l’échange marchand étant une des relations humaines, donc la richesse financière passerait surement plus par un accroissement des différences et donc du nombres d’échanges.
La multiplication des échanges multiplie la richesse de chacun. Lorsque tous es jouets sont fabriqués en chine le seul échange est celui de l’importateur. Tous les distributeurs passent par lui seul. La standardisation, uniformisation et autres indifférenciations ne peuvent qu’appauvrir tous les humains. Dans tous les domaines des relations humaines. Et si les prix augmentent, quelle importance, les salaires devront bien suivre. Le monde des normes dans tous les domaines est encore une faute d’analyse.
On voit combien la primauté donnée à la logique pure, comme aux maths, comme à la philosophie mène droit à la négation de l’humain. Car même si logiquement une proposition est vraie, socialement elle est fausse, et éthiquement encore plus. Mais nous sommes dirigés par des humains qui ne travaillent qu’àvec des chiffres et qui ne voient plus
que celà.
@ Jean François
vous dites Mais « dans quel milieu vivez-vous ? »
Je vous retourne la question, êtes-vous un extra terrestre joyeux de passage ? avez vous des verres colorés pour voir le monde ? Allumez vous la télé ?
Il n’ y a pas si longtemps, au Rwanda, de pauvres hommes noirs ont assassiné d’ autres pauvres gens, noirs comme eux et pauvres comme eux. Ils se sont appropriés leurs biens.
Il n’ y a pas si longtemps, de pauvres jeunes de Banlieue ont brûlé systématiquement les biens de leurs propres voisins pourtant modestes, leur propres écoles, leurs propres gymnases, des maternelles avec des voitures béliers.
Alors vous allez me dire : « mais c’ est pas leur faute… ils étaient désespérés ».
Moi, je vous réponds, de leur donner quelques milliards, et du pouvoir, et vous verrez si ceux là vous construiront un monde meilleur.
Ils feront exactement comme ceux qui ont le pouvoir et l’ argent : ils voudront le garder, car ils ne sont pas meilleurs (ni pires) que les affreux spéculateurs (ceux que vous voyez peut être dans le site de Labadie).
Cette façon que vous avez, de déresponsabiliser les acteurs de ce drame mondial (nous, et personne d’ autre que nous) est consternante, vous feignez de ne pas voir que toute la société est submergée d’ individualisme, et que c’ est de là que vient cette crise. Vous feignez de croire, comme dans la chanson « qu ‘il suffirait de presque rien… » (une révolution quand même) pour que tout s’ arrange enfin.
Le chemin est beaucoup plus long que cela et il passe par la refondation des idées (objet de ce site), dépolluées de concepts faux, dépolluées de la logique bivalente, qui crée des oppositions là ou il n’ y avait que malentendu devant la complexité. .
Cette crise ne se résoudra pas a coup de décrets ou d’ élections, il faut changer individuellement, et je rejette l’ idée selon laquelle le comportement vertueux que vous décrivez serait la règle : il est l’ exception, mais il n’ en a pas toujours été ainsi.
On nous servira du Keynesianisme à gogo, si la boisson est a la mode.
Bienvenue au Bar, mais le Patron est le même, il a juste troqué son blazer de Trader pour une casquette de Gavroche.
Que certains (les spéculateurs ?) soient plus malins que d’ autres pour profiter de cette situation, ne me pose pas de problème pour dire la même chose.
Blâmer ceux là sans changer nous-même, ne fait que valider à posteriori leur attitude, et faire croire que ceux là sont « nés mauvais », alors qu’ ils le sont devenus au contact de leurs semblables..
Enfin, il y a de l’ espoir, de tout ceci naîtra sûrement la disparition de l’argent, et son remplacement par du crédit ciblé, dont il ne tient qu’ a nous, citoyens, de prendre le contrôle démocratique.
L’ internet est bien une invention militaire au départ, pourtant nous pensons plus efficacement et plus vite, à plusieurs sur ce blog, qu’ au milieu d’ une foule en colère a coups d’ effets de manche et de hauts parleurs.
@tigue: « Aimer la diversité n’ implique pas de nier l’ unité inévitable à terme du peuple de la terre. »
De quelle unité inévitable à terme parle-t-on? Si c’est d’unité biologique, elle existe déjà. Si c’est d’unité culturelle ou politique, cela ressemble pour moi à la mort de la culture et de la politique et c’est bien là un vieux rêve libéral. La culture et la politique sont en effet par essence des domaines de différenciations, d’oppositions et de dépassement de ces oppositions (comment peut-il y avoir recontre sans différence préalable?). Les anciens le savaient si bien qu’en Grèce celui qui ne choisissait pas un parti politique était puni de mort ou d’exil. Ne parlons même pas du mythe biblique de la tour de Babel qui a des accents étrangement contemporains.
Pour ma part, je pense que l’uniformisation culturelle et politique dont rêvent certains est la sclérose assurée et la mort programmée de notre espèce. Si tant est que notre nature l’accepte car en ce qui me concerne, je lutterai toujours d’instinct contre un gouvernement mondial. D’autres s’y opposeront aussi. Compterez-vous nous supprimez ou nous faire rentrer de force dans ce moule unique? On a déjà fait tant de choses au nom de la paix et de la liberté, et sincèrement, que cela ne m’étonnerait pas beaucoup.
@Moi
« Compterez-vous nous supprimez ou nous faire rentrer de force dans ce moule unique? On a déjà fait tant de choses au nom de la paix et de la liberté, et sincèrement, que cela ne m’étonnerait pas beaucoup »
Je ne rêve, ni ne souhaite particulièrement un gouvernement mondial, je ne fais que constater qu ‘il existe déjà.
On en a viré les citoyens, c’est tout.
La violence dont vous parlez est imaginaire, la brutalité de la mondialisation qui vous pousse a inscrire vos petits aux cours d’ Anglais ou de Chinois, elle, est bien réelle,
Mais dans quel monde vous vivez ?
Est-ce que je n’ai affaire ici qu’a des Baby-boomers qui n’ont connu que les 30 glorieuses ? Des retraités confortablement installés maintenant et qui dissertent doctement sur les malheurs du monde ?
Je suis né avec la crise. Ca paraît débile comme ça et c’est peut-être un non-sens économique, pourtant. 73. J’ai 35 ans. Et je n’ai rien connu d’autre. On pourrait prétendre que la « bouche pleine », je dramatise. Que je n’y comprends rien. C’est peut-être, c’est sûrement vrai.
Mais je n’ai connu que ça. Voir le salaire de mon père – cadre moyen – suffisant pour faire vivre une famille de 5 personnes en 70, devenir progressivement « tout-juste » et ce, même à 3, une fois mon frère et ma soeur partis. Et pas de grands projets pour les études, juste la fac, financée largement par des petits boulots – qui n’ont de petits boulots que le nom et les salaires, entre nous – dont on connait les effets sur les cursus. Gestion calamiteuse, absence de projection, de prévoyance ? Peut-être. Est-ce que l’on se pose seulement la question de ce « grand progrès démocratique » qu’est le travail des femmes ? (Aucune objection en ce qui me concerne, rassurez-vous… Mais n’était-ce pas juste une nécessité vitale parce qu’un seul salaire, stabilisé et sans plus aucune évolution – ou presque – sur 20-30 ans n’y suffisait plus ? ) C’est un peu comme le marché de la cigarette au début du siècle, imaginez ! 50% de la population, un marché potentiel énorme, bloqué, empêché, par une norme sociale, « ça ne se faisait pas »… Et puis maintenant les jeunes au boulot dès 14 ans, et les vieux jusqu’à 70.
La question sous-jacente c’est : « à qui profite notre travail ? » Les chiffres récents de l’OCDE, qui n’est pourtant pas un nid de bolchéviques, sur l’évolution des inégalités, sont édifiants. (Et justes ? Pas pires ?? Vraiment ???)
Moi je n’ai connu que la crise et ses arguments sur le marché du travail. Trop jeune, pas assez qualifié, cursus sans rapport, puis trop de périodes d’inactivité, trop de chômage, ça doit pas être un bosseur, trop qualifié, vous n’êtes pas à votre place. Enfin la spirale des boulots pourris, sous payés, même dans l’administration qui entretient son pool de précaires surqualifiés pour des Contrats à Fin Déterminée. Puis re-chômage, formation – je suis titulaire de 2 licences et d’un BTS – précarité et re-boulots pourris, descente des salaires – on est obligés, maintenant – pour finir avec un chömdu sous le RMI, si si, c’est possible, obligé d’accepter n’importe quelle « offre »… (Comme un cadeau.)
Un exemple. Pour donner des cours à un élève de Terminale, je me suis vu proposé 12 euros de l’heure, inclus précarité/transport, 10% respectivement. Soit moins de 10 euros. Je fais 70 kms pour aller les donner, en train, tarif aller-simple :12.40. Et bien sûr ce qui est déduit de mon chômdu : 1euro pour 1 euro gagné. Contrairement aux simulations sur les sites ANPE/ASSEDIC (environ 55/45). Au finish à part la SNCF et la « collectivité » – chouette je suis « moral ! » même si je préfère rêver que mon chômage est prélevé sur l’ISF et n’ai guère de scrupules sur l’argument bidon du « profiteur » – je ne vois pas qui est gagnant. Enfin surtout pas moi (« code 51 : employé de maison », ça vous dit quelque chose ?). Ca me prend en général 6 heures pour ZERO euros. Le samedi.
Bon on pourrait se dire qu’il faut que je devienne le « self-manager » de ma vie.
Ben justement. Entre 98 et 2003, des copains ont monté une boite. Un ébéniste, un musicien. Un étudiant en philosophie (moi) les rejoint trois mois plus tard. C’est un business angel qui finance – 10 millions de francs lourds, site et démarrage – depuis sa holding. Charité ? Coup de pouce d’un self made man vieillissant désireux de donner leur chance à des petits jeunes ? La réalité est moins idéale. Montage financier. Nous lui payons son investissement (friche industrielle) avec nos loyers. Il défiscalise sur nos pertes. (Il est associé majoritaire 2/3 avec un gérant salarié actionnaire minoritaire 1/3) Puis au bout de 5 ans revend à … un investisseur. 10 ou 15 points demandés nos loyers s’envolent de 600 000 francs par an, trois mois avant la vente. « Finex ! », fin de l’exercice. Nous faisions vivre 10 personnes. 3 familles. On se concertait pour les horaires à adapter en fonction des charges familiales, on essayait de payer « décemment » nos employés (1000 euros nets au début) et de respecter l’humain… Mais ce n’est pas un modèle viable à l’heure actuelle. Et de toute façon, fort de cette petite expérience je peux vous dire que la variable d’ajustement c’est nécessairement les salaires (chez nous les 2/3 du CA à peu de choses près).
Ah oui j’oubliais… Le gérant salarié et moi-même avions les plus gros salaires : lui parce qu’il était gérant et moi parce que je gérais les rapports clientèle et assurait la partie commerciale… 1385 euros nets mensuels. Pas de primes, pas de 13e mois, pas de CE, du lundi au dimanche, potentiellement de 8h le matin à 1h le matin (large amplitude d’ouverture au public).
Alors quoi maintenant ? Après ce petit épanchement ?
Je peux vous dire qu’un Attali qui vient faire le paon sur les plateaux télé en disant (France 2 l’autre soir au JT) « soyez revendicatifs » quand on collabore indifféremment avec Mitterrand, Sarkozy… Je me marre.
Où j’en suis ?
15 ans de navigation entre études, petits boulots, amères expériences… Une seule chose : j’ai, petit-à-petit, appris à me passer de tout. Bagnole, appart’ – je vis dans un garage aménagé par un ami maintenant – il faut bien que je mange (des OGM pas le choix !) et le cumul chômdu-allocs me fournit un confortable 600 euros mensuels, moins le loyer, moins la mutuelle, grosso merdo, il me reste entre 100 et 150 euros pour « vivre ». 3 ou 5 euros par jour…
Où j’en suis moi qui n’ai connu que la crise ?
Je m’en fous… Et je débranche maintenant. Je vis plutôt bien, en fait. Loin de toutes ces contraintes absurdes, loin de ce lien médiéval de soumission – et de « loyauté » maintenant, ah ! la belle morale qui ne s’applique qu’à ceux qui n’ont pas de pouvoir ! – à l’égard de l’entreprise, de l’esprit d’entreprise. Je n’accepterai plus ces conditions de travail dégradantes, ce vol de ma seule richesse : le temps. Mon temps ne vaut pas 8 ou 10 ou 12 ou 15 euros de l’heure. Mon temps n’a pas de prix, c’est tout ce que j’ai. Celui de vous lire M. Jorion et vous les commentateurs. Celui de jouer avec mes chats ( 1 euro et quelques de thon par jour, mais je ne leur filerai pas les horreurs de la bouffe pour animaux). De cultiver mon jardin (enfin celui de mon proprio au sens propre) et ma cervelle. Je n’ai plus besoin de rien et surtout plus d’envies matérielles. Est-ce que j’en meurs ? Suis-je le parfait petit modèle de ce que « l’on » veut voir poindre : la jeunesse à 600 euros de la Grèce et d’Europe ? Même si pour la jeunesse je peux déjà repasser !
600 euros c’est pas dramatique. C’est de les mesurer à l’aune de ce que l’on nous impose de désirer qui nous déchire. C’est de les mesurer aux modèles dominants de la réussite sociale qui nous tue. Et je me partage, vous avez pu le constater, entre révolte, si je m’évalue selon ces critères (sociaux, normatifs, économiques…) et résignation (j’aimerais dire « renoncement » sur le mode bouddhiste, mais c’est difficile). Une chose est sûre, je ne rejoindrai plus le monde du travail, je ne consommerai plus ou le minimum (internet quand tu nous tiens…), ne laisse plus mon argent à la banque, ne donne plus d’argent aux opérateurs de téléphonie mobile, ni aux constructeurs automobiles, ne serai jamais propriétaire (on se demande ce que ça veut dire avec des crédits à 40 ans, 25 pour la maison, 15 pour le terrain ?), et tenez-vous bien, j’arrive encore à distraire de l’argent pour soutenir journaux anarsociatifs (CQFD, je recommande, histoire de rigoler un peu) et association de chômeurs (Actuchômage, que je recommande aussi, pour voir ce que vivent les vrais gens touchés par la vraie crise et le modèle de société dans lequel nous évoluons… enfin peut-être pas M. Attali ?!)
Stupide justification a posteriori de mes échecs persos ? Tentative de narration, mise en scène, ou quoi ?!
Je le dis et le redis : je ne donnerai plus une seconde de mon temps pour enrichir quelqu’un d’autre. Je ne reviendrai pas en deuxième semaine. Une fois mort je serai mort. Et là plus question de guitare, de cultures sympas (intellectuelles et végétales), de rapports humains basés sur autre chose que la compétition, la comparaison, la domination… Une fois mort c’est trop tard.
Si ce que l’on me propose c’est 8 à 12 heures par jour de travail débile dans des conditions indignes pour enrichir les voisins d’Attali, c’est non.
Je crois que le système génère les causes de sa propre implosion. Voir la Grèce, voir les banlieues en France… Je me suis moi-même radicalisé, cela doit se sentir, et pourtant je n’avais pas spécialement le profil. Et je ne suis pas le plus à plaindre, j’ai une vie intellectuelle et sociale suffisemment riche pour remplir ces longues heures qui me restent. Parasite ? Profiteur ? A 600 euros par mois ? C’est pas des milliers de milliards là, hein, juste six centaines. Imaginez la colère de ceux dont le premier jour est placé sous ce signe ! Imaginez la colère de ceux qui jouent le jeu et finissent par comprendre que c’est raté, fichu, foiré d’avance ! La révolte gronde. Elle a jailli en Grèce. Je la salue. D’autres foyers s’allument, se propagent… Tant mieux. C’est quand la bête est à terre qu’il faut l’achever. « Appel du pied extra parlementaire » joli euphémisme.
C’est pas beau, c’est pas joli ça, M. Attali, c’est pas gentil « l’appel du pied »…
Mais oh ?! Réveillez-vous ! Ce sont des millions de personnes qui meurent de faim de notre faute, c’est la planète entière qui se meurt loin de nos yeux, écosystèmes, pans entiers de la biodiversité, on a externalisé nos destructions, on a spolié les peuples de la planète pendant des siècles, on corompt tout ce que l’on approche, on pervertit tout ce que l’on touche, la capacité de l’argent comme « mesure de valeur » à tout aplanir, à tout mélanger, est un fléau terrible :
« Combien pour la vie de cet enfant là-bas ? » et « Combien pour cette espèce animale ? », « Combien pour ces plantes et ces arbres que l’on reverra plus ? » et « Combien pour ce peuple aux populations… remplaçables ? »
Exemple récent sur un site d’éco : « Ce pauvre vieux paysan de l’île de Ré doit-il payer l’ISF parce que des bobos parisiens dans le sillage de Jospin sont venus lui pourrir son île ? » Réponse mi ironique, mi argumentée : sans doute. Parce que d’après les lois du marché il serait bien plus intéressant pour lui de vendre sa propriété et de placer ses ronds en banque pour partir vivre ailleurs… Sans doute d’ailleurs dans un paradis fiscal. Sans rire ! Intéressant. Intéressant pour lui. Intéressant ? Mais s’il ne veut pas partir ? C’est que c’est pas intéressant pour lui, justement. C’est quoi cette capacité à déterminer l’intérêt des gens, des peuples, des autres ? Et pépé là… Il fait quoi ? Il place son argent en bourse et il perd tout… Ca c’est intéressant, sûr.
OHOH ! C’est ça notre monde aujourd’hui. L’économie de marché est une guerre sans pitié, menée loin de nous, populations protégées jusqu’à il y a peu – mais il semblerait que ça ne doive pas durer. Ajustements structurels obligent, éducation, services publics, protection sociale, tout y passe. Je lisais l’autre jour un article sur la réforme du système éducatif, les suppressions de postes, la baisse des heures pour les élèves. Arrivé aux 2/3 je me rends compte que c’est un article belge et non français. J’ai fait un bref passage dans l’éducation nationale récemment, je connais donc un peu les problématiques. C’est l’Europe toute entière qui vibre aux sirènes de l’ultra libéralisme. France, Italie, Belgique, Espagne, à qui l’OCDE prescrit encore plus de la même potion (article récent sur le « bon élève espagnol qui doit pourtant face à la crise déréguler encore et toujours plus », que j’espère retrouver…) et ça c’est dans le domaine de l’éducation que je connais vaguement mieux que le reste. J’imagine que ça ne doit pas être extrêmement différent ni dans les autres pays, ni généralement dans le monde.
Il n’y a pas des « gens qui meurent » tournure agréablement passive. Il y a des gens que nous tuons chaque jours. Si nous avons les moyens de faire en sorte qu’il ne meurent pas de faim, loin, ou de froid, chez nous, c’est que nous les assassinons, point. Toutes ces petites collaborations quotidiennes, tous ces petits consensus que l’on n’interroge plus (la bagnole pour aller chercher le pain, le portable gnagna, les fringues trucs, les vacances ch’ais pas où, habiter à la cambrousse et bosser à 100 kms, etc, etc) c’est ça qui les tue !
Alors on peut bien dire avec M. Attali c’est pas beau « l’appel du pied extra parlementaire » !
Mais moi qui n’ai jamais été membre d’aucun parti, n’ai jamais voté, (on verra quand on arrêtera de confisquer le pouvoir avec des appareils de partis, quand on donnera sa juste valeur au vote blanc, etc) jamais manifesté, si ça pète maintenant je serai dehors et j’irai me colleter les CRS. Pas pour améliorer ma situation matérielle, je pense avoir expliqué que cela m’indifférait maintenant, mais pour combattre un système corrompu, perverti, qui enchaine les peuples en leur volant leur temps et menace maintenant l’avenir de vos enfants (je n’en ai pas et ne compte pas, du moins dans ce monde, en mettre au jour… les pauvres !). Ca ne changera pas si vous ne faites rien.
Et vous vous réveillerez, hier, dans un état policier où les chiens descendent dans les écoles, ou les SDF sont emprisonnés, les chômeurs poursuivis, les femmes et les vieux spoliés de leurs pensions, les étrangers sobrement « reconduits », la bouffe et l’eau empoisonnées s’il en reste derrière C… Cola et M…santo, ou la paix c’est la guerre, ou la liberté c’est l’esclavage ! Mieux, un esclavage librement consenti. Ca me rappelle un peu la passivité des heures sombres de notre histoire. A moins que ce soit la peur.
@2casa
merci
Bonjour,
Je ne partage pas cette idée, qui semble sympathique en apparence : « Interdire les paris sur l’évolution des prix »
C’est à mon sens une proposition d’extrême-gauche, qui revient de fait à nier la propriété privée, donc à attaquer le cœur même de la démocratie (il n’y a pas de liberté sans liberté d’entreprendre et liberté de commercer, les expériences socialistes l’ont démontré).
Je m’explique :
Les paris sur l’évolution des prix font partie intégrante de toute décision d’achat d’un actif patrimonial.
Lorsque je décide de ne pas acheter un bien immobilier dans le contexte actuel, je fais un pari sur les prix : celui qu’il est surévalué, et que je pourrai obtenir le même bien à un prix inférieur dans quelques années. C’est une forme de spéculation.
Lorsque je place mon patrimoine en placements d’abri, je fais aussi un pari sur les prix : j’espère pouvoir acheter des actions ou d’autres actifs pour moins cher dans quelques temps, le temps que la crise se soit amplifiée.
Nous faisons tous des paris de ce type, que ce soit en achetant un actif patrimonial, en vendant ou en ne le faisant pas, et nous sommes donc tous des spéculateurs.
Interdire les paris sur l’évolution des prix, c’est tout simplement interdire la possibilité d’acheter ou de vendre un logement, une action, ou n’importe quel autre actif patrimonial…donc interdire la possession d’un patrimoine.
C’est imposer une dictature socialiste !
Sur les marchés à terme, les « spéculateurs » sont une contrepartie indispensable aux acteurs qui souhaitent s’assurer contre une variation des cours : sans eux, le marché à terme n’existerait pas.
Alors réguler les excès oui, mais interdire est une position qui est pour moi dangereuse et extrême.
Et pour réguler, il y a une méthode toute simple, qui consiste à s’attaquer au carburant des grands excès spéculatifs : le crédit. Le vrai problème réside dans le contrôle du crédit, et pas ailleurs.
La spéculation excessive n’est qu’une des nombreuses destinations que trouvent les flots de monnaie temporaire créés par la bulle de crédit.
C’est bien le crédit qui permet aux opérateurs de trader du forex à levier 100, des futures sur indices à levier 15-20 ou des CFD à levier 20-30 (spéculation qui est effectivement sans grand intérêt et n’a que peu d’utilité économique !)
Et nous en revenons alors au cœur du problème, c’est-à-dire la monnaie et le crédit : C’est bien le système actuel de réserve fractionnaire sans garde-fous sur les leverage ratios des banques qui permet les grands excès (avec une contribution massive des états au phénomène, les dirigeants adorant les stratégies de fuite en avant dans le crédit), par la faculté qu’il offre aux banques de produire du crédit (donc de la monnaie « temporaire » qui dans les faits devient presque permanente) en quantité quasiment illimitée.
Deux solutions :
1) Imposer des leverage ratios très stricts aux banques (5 à 10) pour encadrer la production de crédit.
2) Si cela ne suffit pas, passer à un système de réserve pleine (système « Rothbardien »). Etant pragmatique, je pense qu’il vaudrait mieux essayer l’option 1 « pour voir » avant la « 2 » qui est plus radicale.
Si on les appliquait, les excès spéculatifs s’éteindraient tout naturellement, faute de carburant.
Cela dit, comme presque tous les libéraux, j’ai à la base une conception de la vie et de la société pragmatique, empiriste et sceptique. Je ne crois pas que des individus même très intelligents aient la capacité de régenter un système aussi complexe que le monde actuel…Ils peuvent juste placer quelques garde-fous utiles.
La démocratie donne de meilleurs résultats que les régimes autoritaires parce que le pouvoir y est dilué et qu’une large place est laissée à la capacité d’auto-organisation du système.
Enfin pour moi les cycles existent bien, ce sont même eux (notamment les cycles de Kondratieff et Minsky) qui m’ont permis de voir arriver la crise à temps. A la base de ces cycles, il y a un invariant qui est la psychologie des foules…et cet invariant nous montre qu’au bout de quelques décennies de « calme relatif », les foules perdent toujours la notion de risque et font sauter les gardes-fous mise en place après la grande crise précédente.
Voilà pourquoi je reste très fataliste et sceptique sur les chances de succès à long terme d’une « régulation ». Tout au plus peut-elle apporter quelques décennies sans gros excès, ce qui n’est déjà pas mal du tout.
Mais ensuite il arrivera forcément un moment au cours du cycle suivant où les foules feront sauter la « régulation » et prépareront les excès et la crise suivante. C’est sans doute une loi du comportement humain que d’avancer par à coups (vagues d’elliott de Prechter).