Questions à Jacques Attali à propos de « La crise, et après ? »

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Cher Jacques Attali, j’ai déjà eu l’occasion il y a quelques jours de dire de « La crise, et après ? » (Fayard 2008), qu’il s’agit d’un livre court mais percutant. Je n’évoquerai pas ici l’historique très précis que vous nous offrez du déroulement de la crise et pour lequel vous me mentionnez comme l’une de vos sources d’information. Vous avez également l’amabilité de voir en moi, aux côtés de Martin Wolf, de Nouriel Roubini, d’Andy Xie et de Raghuram Rajan, l’un des cinq visionnaires qui avaient prévu la crise financière et économique actuelle et l’ampleur qu’elle prendrait. Je passerai aussi sur les nombreuses analyses et propositions de remèdes sur lesquelles nous sommes d’accord vous et moi, comme la nécessité de viser des solutions mondiales plutôt que de choisir la voie du protectionnisme ou d’autres formes de repli nationaliste. Je vous poserai plutôt quelques questions sur les sujets où nos points de vue diffèrent.

Marché et état de droit

Vous évoquez la nécessité de rééquilibrer à l’échelle mondiale le pouvoir des marchés par celui de la démocratie et vous lisez dans la crise présente une faiblesse de l’état de droit due au fait que le pouvoir politique est fragmenté, distribué entre une poussière d’états dont le régime est dans le meilleur des cas, la démocratie, alors que les marchés sont, de par leur nature, planétaires. Il est logique que vous appeliez du coup à une gouvernance des marchés à leur échelle : celle du globe tout entier.

Les termes de cette équation supposent que la démocratie est de taille à maîtriser le titan des marchés. Mais disposons-nous de preuves que ce puisse être effectivement le cas ? Pensons par exemple à la capacité des marchés à corrompre le politique : combien de voix dans les élections pourtant « libres » des démocraties sont en réalité achetées directement ou indirectement par ceux qui disposent de la richesse ? Combien de nos dirigeants – élus et autres – agiront-ils avec détermination pour éliminer les paradis fiscaux alors que ceux-ci ont été créés pour leur bénéfice ?

La crise des subprimes a été rendue possible d’une part par les 200 millions de dollars dépensés par le lobby Fire (Finance, Insurance and Real–Estate) pour éliminer le Glass-Steagall Act de 1933 qui prohibait aux banques de dépôt de se livrer à des activités de courtage et à la spéculation, et d’autre part par les dizaines de millions de dollars dépensés par la Mortgage Bankers Association pour imposer les formes de prêts hypothécaires qui devaient conduire à la catastrophe que nous vivons maintenant. La Chamber of Commerce des États–Unis détermine la politique extérieure de ce pays depuis le XIXe siècle. On lui doit, entre autres, le renversement de Mossadegh en Iran en 1953 dont le monde paie encore aujourd’hui les conséquences, et l’occupation actuelle de l’Irak. Si le régime pourtant démocratique de la superpuissance qui joue en ce moment le rôle de gendarme du monde ne lui permet pas de prévenir les interférences des marchés dans la direction de ses affaires, comment peut-on espérer qu’il en irait mieux à l’échelle planétaire ?

Je considère quant à moi, vous le savez peut–être, qu’il existe une disparité essentielle entre démocratie et marchés : la première constitue une invention humaine, née d’un désir de pacification des relations entre les hommes, les seconds demeurent l’expression spontanée de la manière dont notre espèce réglait ses affaires à l’état sauvage : par la guerre de tous contre tous. Ce qui fait défaut à nos démocraties, n’est-ce pas de n’avoir pas encore étendu le principe démocratique aux domaines de l’économie et de la finance, d’avoir laissé en ces lieux des institutions humaines, des plages de sauvagerie ? Bien sûr, un équilibre s’installe – comparable à l’équilibre de la terreur lors des guerres froides – dans un univers de concurrence, mais cet équilibre est instable, ne pouvant survivre que si un contrôle étroit s’exerce à chaque instant. Sinon, dès que la surveillance se relâche, les plus faibles sont éliminés et une poignée de vainqueurs se partagent le terrain pour dicter leurs conditions. La victoire historique des démocraties sur les régimes totalitaires ne découle-t-elle pas du fait que les systèmes qui ne reposent pas sur le consensus s’épuisent en raison d’un coût de la surveillance trop élevé par rapport au surplus créé ? Pourquoi en serait-il autrement en économie ? Quelle énergie ne serait-elle pas libérée si la structure des entreprises cessait de mimer la hiérarchie militaire, si tant de ses ressources n’étaient mobilisées en leur sein dans un combat chimérique contre l’insubordination ?

Crises et cycles

Vous préconisez « d’investir à contre-cycle pour compenser à la fois l’excès d’optimisme et l’excès de pessimisme » mais en évoquant des « cycles » ne vous situez-vous pas déjà dans le camp des optimistes ? Me tournant vers le passé j’y discerne sans doute des crises en grand nombre mais je n’y vois aucun cycle. Je constate en effet que l’inventivité humaine nous a permis d’émerger de ces crises au bout d’un certain nombre – très variable d’ailleurs – d’années, mais s’il existe des recettes bien éprouvées pour créer des crises, comme une disparité scandaleuse des revenus ou l’envahissement des marchés par les spéculateurs, conditions qui furent réunies aussi bien en 2007qu’en 1929, il n’en demeure pas moins que chaque crise est sui generis en raison du progrès technologique intervenu entretemps et le fait que nous soyons sortis indemnes de chacune des précédentes ne nous dit rien du degré de destruction et de chaos qui aura été atteint quand celle-ci entrera dans sa phase finale.

Ne voyons-nous pas en ce moment les autorités financières y perdre leur latin ? Et quand vous évoquez un rôle accru pour le FMI ou la Banque Mondiale, qui nous garantira que leurs politiques seront mieux avisées dans l’avenir qu’elles ne le furent dans le passé, quand leur aveuglement idéologique les conduisit bien souvent à accroître la misère des populations des pays qu’ils guidèrent dans la gestion de leur dette ? Bien sûr, les années ont passé et l’on pourrait espérer que les progrès accomplis par la science économique entretemps assureront que de telles errances ne se reproduiront pas mais, comme vous le savez, le fait que les économistes se sont montrés incapables d’apercevoir la crise qui se profilait à l’horizon n’augure rien de bon. Nous savons même à quel point ils sont aujourd’hui enfermés dans des impasses théoriques, conséquence sans doute de la servilité dont ils ont fait montre vis–à–vis de ceux qui se sont présentés comme les commanditaires de leur savoir et les ont généreusement rétribués pour mener la « science » économique dans telle direction qui servait leurs propres intérêts plutôt que dans telle autre qui pourrait nous aider aujourd’hui.

Vous préconisez à juste titre que les agences de notation relèvent désormais du service public plutôt que d’être rémunérées pour leurs services par ceux qu’elles sont chargées d’évaluer. C’est en effet la voie du bon sens mais cette mesure résoudra-t-elle une question de fond, affectant d’ailleurs au même titre l’ensemble des modèles financiers : leurs modèles d’évaluation ne continueront-ils pas comme par le passé de reposer sur une prétention absurde de maîtriser l’avenir, et ceci quelles que soient les améliorations qu’on leur apporte ?

« Initiés » et accès à l’information financière

Vous évoquez l’avantage indu dont bénéficient les « initiés » dans l’accès à l’information financière et vous semblez appeler de vos vœux une époque de plus grande transparence où « chacun, même le moins formé, pourra un jour calculer des dérivés et confectionner des produits structurés » mais – admettant même qu’il s’agisse là d’un progrès – quel bénéfice une meilleure transparence de l’information financière, obtenue à l’aide d’une surveillance accrue, apportera-t-elle dans le contexte présent de la distribution, non pas des revenus, qui peut être infléchie par la fiscalité, mais du patrimoine ? Un nouveau départ ne réclame-t-il pas nécessairement de remettre les compteurs à zéro pour ce qui touche aux colossales rentes de situation actuelles de ceux qui se sont appropriés au fil des siècles les communs : l’accès aux ressources naturelles, à la terre, à l’eau, aux ressources minières, ou la licence pour eux de polluer et de détruire la planète impunément ? Le caractère sacro-saint de la propriété privée ne doit-il pas être révisé dans les cas où cet a priori menace la survie-même de la planète ?

La spéculation

La spéculation demeure tolérée comme un mal nécessaire, on entend répéter – paradoxalement même encore aujourd’hui – l’argument spécieux qu’elle présente certains aspects positifs, comme d’offrir aux marchés une liquidité que leur est nécessaire. J’ai bien entendu réfuté ce sophisme. Je n’observe que des efforts sporadiques et anémiques de brider la spéculation, aucun de la supprimer. Elle est pourtant responsable des 145 dollars qu’avait atteint le baril de brut en juillet de cette année, envolée de son prix qui entraîna à sa suite celui des céréales et c’est donc bien elle qui provoqua les émeutes de la faim qui secouèrent plusieurs pays du Tiers-Monde, en Afrique, en Asie et même en Amérique avec Haïti. Lorsque le prix du pétrole s’effondre pour atteindre aujourd’hui à la baisse 42 dollars, ce sont les entreprises promouvant les énergies renouvelables qui se trouvent balayées par cette plongée et acculées à la faillite.

Ne croyez-vous pas alors que la spéculation doive être éradiquée et que l’interdiction que je propose des paris sur l’évolution d’un prix devrait être imposée ? Une telle prohibition maintient en place l’ensemble des marchés financiers existant aujourd’hui mais en interdit l’accès aux spéculateurs pour le réserver aux seuls agents économiques légitimes : ceux à qui ils procurent une fonction d’assurance contre des aléas inévitables, climatiques par exemple. Dernière question enfin : les pouvoirs en place dans les régimes démocratiques sont-ils prêts à voter une telle mesure ou bien ne le feront-ils que quand les peuples qu’ils représentent en principe les auront rappelés au sens du devoir par un appel du pied extra-parlementaire ?

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Partager :

78 réponses à “Questions à Jacques Attali à propos de « La crise, et après ? »”

  1. Avatar de antoine
    antoine

    +1 pour la bonne blague de Fab!

  2. Avatar de Alex

    Bonsoir à Paul et aux autres.
    Attali nous montre encore de quoi sa pensée découle, d’une sorte de déisme extrapolé au politique, soupoudré d’une vision élitiste du monde. Le monde d’en bas doit faire confiance à une caste appatride, mieux à même de penser pour la planète entière. Attali est extrêmement dangereux en ce sens qu’il croit promeut un seul et unique modèle de gouvernance, au final inaccessible à la démocratie, qui ne fera que pulvériser les droits individuels. L’on constate bien, empiriquement, que plus un pouvoir est global plus il est oppressant, les grands ensembles politiques sont toujours plus autoritaires et autocratiques que les petits, on y observe souvent un détachement confisquatoire du pouvoir. L’exemple de la cohabitation des espèces vivantes nous montre combien la collaboration à toute les échelles structurelle est fructueuse et surtout nécessaire, combien un système dynamique est plus fort lorsqu’il est fractionnaire et collaboratif.
    Attali est après tout tellement réactionnaire, il semble découvrir un monde trop chaotique et multiple, il ne veut pas qu’il échappe à l’élite occidental, il nous propose rien d’autre que le même modèle que celui d’aujourd’hui, celui de l’hyper puissance bureaucratique américaine, il se doit de proposer de le renouveler avant l’effondrement.
    N’en déplaise à Attali le nouvel ordre mondial fantasmé se transforme bien souvent en désordre absolue, il n’y a pas d’équation fondamentale…

  3. Avatar de MICHAUD
    MICHAUD

    L’état de « droit »…?
    Les textes fixent la morale (car nul n’est censé ignorer la Loi) mais le faible ignore que certaine forme de vol est autorisé par le droit.
    Donnez au plus humble l’arme du prédateur il s’en servira au mépris de son ancienne éthique.

    Ainsi va le monde de dictatures en démocraties.

  4. Avatar de Archimondain
    Archimondain

    Pauvre Attali.
    Ça c’est bien une raison pour laquelle je ne m’approcherais jamais de près ou de loin de la politique. Quoi que vous fassiez, vous finissez toujours par vous en prendre plein la gueule à un moment ou à un autre. Je me premets ici de contredire certain d’entre vous en replacant le résumé de wikipedia sur le livre ‘la voie humaine’ de cet hauteur :

    Le déséquilibre des forces entre marché et démocratie, en faveur du marché, conduirait à une précarité croissante des choses, des idées et des gens. Ce projet propose comme moyens d’action pour lutter contre la précarité généralisée :

    * La gratuité des biens essentiels : (nourriture, logement, connaissance, santé) : « Il faut que des choses et des services échappent aux marchés, cessent d’être échangés contre de la monnaie, il faut que du travail ne soit plus vendu, mais devienne libre et volontaire, créateur à la fois de richesse et de plaisir pour celui qui l’accomplit comme pour celui qui en bénéficie »[1].

    * La responsabilité : « Pour renforcer la démocratie face au marché et inviter les citoyens à exercer leurs droits, il faudrait pouvoir remettre en cause le principe de la délégation de pouvoir, la représentation, et aller vers une démocratie directe, permanente, sur mesure, en tous lieux, dans toutes les organisations publiques ou privées où des décisions collectives doivent se prendre ; en y associant tous ceux qui y sont concernés, soit parce qu’ils y habitent, soit parce qu’ils y travaillent, soit parce qu’ils en sont les usagers, soient parce qu’ils seront d’une façon ou d’une autre affectés par leur devenir. » [1]

    * Le savoir : « Chacun doit avoir les moyens […] de l’apprentissage, de la curiosité, du savoir en soi […] »[1]

    J’aurais volontier mis des passages du livre, mais je ne l’ai pas sur moi.
    Evidement, on peu reprocher le manque de propositions concrètes et l’inapplicabilité des mesures. Mais ne pouvons nous pas en faire de même pour nos interventions sur ce blog ?

    Peut-être est-ce une erreur de sa part de penser que le libéralisme actuel pourrait coexister avec le monde idéal qu’il préconise. Mais à croire certain d’entres vous, Mr Attali serait un élitiste réactionaire assoiffé de richesses personnels. Tout de même… Je pense que c’est aller un peu vite en besogne.

  5. Avatar de Shiva
    Shiva

    Bonjour,

    « interdire la spéculation sur les prix »

    Est à coup sur une idée habile, on pourrait imaginer facilement une réglementation qui corrigerait les dérives sans imposer la fermeture des marchés. Elle créerait une réorientation des produits de l’économie vers les acteurs productifs et l’État. Une forme de « révolution » qui ne dirait pas son nom, à mise en œuvre rapide, tout en limitant les risques de « blocages ».

    Appliquée à la spéculation sur les matières premières cela pourrait se traduire dans une réglementation simple: impossibilité de revente du même stock plusieurs fois, obligation de revente par fractionnement à plusieurs clients pour aller au plus vite (limitation du nombre de reventes) vers l’entreprise de transformation ou le consommateur final. Cela semble contrôlable et applicable rapidement.

    Pour les produits dérivés je crois qu’elle correspondrait à une interdiction complète (à voir ?).
    La suppression des moyens de couverture sur le cours des matières premières étant moins utile dans un marché non spéculatif. Mais ce marché rendu moins spéculatif devrait tout de même être suffisamment stable (là aussi, à voir).

    Je ne parlerai pas des autres formes spéculatives actions et autres…

    L’application de l’interdiction spéculative sur les prix me semble très complexe à mettre en œuvre lorsque l’on parle de parité des monnaies.
    Comment interdire l’achat de devises au privé ?
    Cette forme de spéculation me semble pourtant profondément contre-productive puisqu’elle « pompe » directement « à la source » sur les économies des états !
    Il me semble que cette interdiction de spéculer sur le prix des monnaies n’est envisageable que sur la base de la création d’une monnaie mondiale unique.
    Qui dit monnaie mondiale unique dit; gestion mondialisée, centralisée, de son émission et du marché monétaire et de la finance…
    (une fixation définitive des taux des changes reviendrait au même puisqu’il faudrait un outil commun de décision d’émission et de gestion monétaire…)

    Donc, une organisation démocratique; mais… corruptible et contrôlable par des lobbys (impossible d’y échapper la corruption est un risque est inhérent à toute organisation humaine).

    Il faudra pourtant bien en passer par là; les réponses apportées par les pouvoirs politiques aux grands problèmes que rencontre l’humanité son très en deçà des enjeux, on ne peut que constater leur inadéquation, et chaque jour qui passe le constat n’est que plus criant. On assiste à un effondrement financier dans un contexte de réchauffement climatique insoutenable sur le moyen terme (très court en fait 50, 100ans ?), de surpopulation, de disparition programmée des principales ressources naturelles(là aussi à 50-100 ans) et des espaces cultivables. Pour chaque chaque État isolé, la seule solution c’est relancer la croissance, pour; plus de consommation plus de production, plus de pollution, accélération de la consommation des ressources naturelles…

    Je vois trois problématiques interdépendantes dont le traitement passe impérativement par une gestion mondialisée et si possible démocratique (à nous de mettre en place les gardes fous les contrôles et les appels du pied extra-parlementaires):

    -La gestion des ressources planétaires
    Les ressource naturelles, (pétrole,cuivre, etc…) mais aussi les ressources vivrières (par ex: l’agriculture n’a rien à faire dans l’économie de marché; la vente au plus bas prix d’un bien comme une voiture ou un téléphone portable bénéficie de la concurrence qui pousse à l’innovation, et c’est extra, bravo. Pour ce qui touche à la nourriture, c’est une grave catastrophe sur les plans: transports (carbone), santé(mélamine), condition animale, pollutions agricoles, autonomie nutritionnelle(famines, graines stérilisées génétiquement), impact diététique etc…).
    Ajoutons la gestion de l’espace terrestre et maritime, la préservation de notre biotope et bien sur nos biens les plus précieux, l’air, l’eau…

    – La gestion humaine
    Santé, nutrition, pauvreté, déplacement de populations, contrôles des naissances, conflits…

    – La gestion économique et financière
    Redistribution des richesse, maitrise de la croissance, équilibrage des économies, base financière stable et sûre…

    Ces trois « pôles » interdépendants ne me semblent plus administrables efficacement au niveau des états isolés et concurents. De plus un pourvoir démocratique, centralisé qui ne traiterait que d’une seule de ces questions n’auraient pas toute les clefs pour apporter les solutions suffisamment globales.
    Je milite donc plutôt pour une gouvernance mondiale, démocratique, ayant à charge de réglementer les trois pôles dont j’ai parlé, à transcrir dans la loi de chaque pays par les différents parlements (par exemple sur le modèle européen) ceci afin d’assurer un futur « vivable » à l’humanité.

    Quoi qu’il en soit les appels du pied extra-parlementaires me semblent, pour l’heure, devoir porter sur des demandes de réponses rapides à cette crise qui s’installe et non sur la mise en place d’un nouveau système à long voir très long terme.

    MM. Jorion et Attali que ne créez vous un comité d’experts internationaux affin d’exiger que les mesures indispensables soient prises rapidement pour éviter aux peuples de payer lourdement les abus des spéculateurs que vous dénoncez ?
    Ou considérez-vous que les gouvernement apportent actuellement des réponses suffisantes ?

    N’est-il est pas temps d’unir vos efforts et de parler d’une même voix ?

  6. Avatar de Paul Jorion

    @ Alice

    Pourquoi ne pas citer vos sources ?

    Si tu passes dans la vigne de ton prochain, tu pourras manger du raisin à ton gré, jusqu’à satiété, mais tu n’en mettras pas dans ton panier.

    Si tu traverses les moissons de ton prochain, tu pourras arracher des épis avec la main, mais tu ne porteras pas la faucille sur la moisson de ton prochain.

    Deutéronome 23 (24-25)

  7. Avatar de Alex

    @Archimondain
    Je n’ai pas non plus le texte sous les yeux, cependant il faudrait y adjoindre le « plan Attali », de la commission qu’il présida, pour enfin nous convertir aux joies du libéralisme. Attali représente ce que d’aucun appel une jolie caution de gauche, particulièrement mise en avant dans notre vielle Europe sociale démocrate, qui, avec quelques compagnons de routes (chroniqueurs politiques, BHL , etc… ) tente de se refaire une virginité. Oui, le monde qu’il a contribué a façonner s’effondre sous ses yeux et il tente, par de jolie intention, ne nous convaincre qu’il a compris la leçon, qu’il n’y reviendra plus, « Et après » comment se refaire. Mais que dit-il donc, quelles sont ses propositions réalistes? L’interrogation de Paul Jorion au sujet des techniques spéculatives est à ce sujet pertinente, Attali nous propose un monde meilleur par la fin, mais le début c’est surtout de ne rien changer, mais d’accentuer ce processus fort de concentration de pouvoir, de gestion globalisé, de domination bureaucratique que nous connaissons aujourd’hui. Il veut UNE instance internationale qui fera le bien pour nous tous. Cette instance sera sensé tout rendre gratuit et biens de tous, comme les ressources naturelles, l’eau tiède et je ne sais quelle bonté divine…
    C’est très beau mais inquiétant et irréaliste. Il faut avoir à l’idée que les forces qui dominerons un espace globale et unique risque de ne pas être celles de la médiation comme de la négociation. Paul Jorion le dit tout simplement par la phrase: « les seconds demeurent l’expression spontanée de la manière dont notre espèce réglait ses affaires à l’état sauvage », en ce sens expérience est mère de toute les sagesses.
    Ce que nous attendons donc d’un esprit comme Attali c’est aussi de remettre en cause le système sous son angle globalisé, car les maux attribués aux marchés le sont car ils sont globalisés, dominant, aucune représentation démocratique ne peut y avoir prise, c’est là l’avantage qu’a pris le capital, il n’as plus de front permettant de négocier les règles.
    A mon sens un nouveau monde passe par une déconcentration totale des pouvoir en place, peut être la fin d’un empire, et Attali ne semble pas l’entendre de cette oreille la.

  8. Avatar de b(r)ankignole
    b(r)ankignole

    Désolé pour ceux qui ne lisent pas l’anglais, mais comme Attali a 5 amis visionnaires qui lui sont reconnaissants j’ai pensé que ca pourrait les interesser

    The Financial Times, one of the most respected and widely read newspapers on the planet, features an editorial today that openly admits the agenda to create a world government based on anti-democratic principles and concedes that the term “global governance” is merely a euphemism for the move towards a centralized global government.

    For years we were called paranoid nutcases for warning about the elite’s plans to centralize global power and destroy American sovereignty. Throughout the 1990’s people who talked about the alarming move towards global government were smeared as right-wing lunatics by popular culture and the media.

    Now the agenda is out in the open and in our faces, the debunkers have no more ammunition with which to deride us.

    A jaw-dropping editorial written by the Financial Times’ chief foreign affairs commentator Gideon Rachman entitled ‘And now for a world government’ lays out the plan for global government and how it is being pushed with deceptive language and euphemisms in order to prevent people from becoming alarmed.

    http://www.ft.com/cms/s/0/05c36962-c594-11dd-b516-000077b07658.html?nclick_check=1

  9. Avatar de Mary
    Mary

    Ne pourrait-on ajouter au tableau que vous évoquez sur les spéculations la baisse des ventes chez les constructeurs automobiles français, – 7% le mois dernier, ce qui a entrainé une mise au chomage technique d’une grande partie du personnel.

    Je n’ai entendu aucune corrélation entre la flambée du prix du pétrole l’été dernier suivie d’un assèchement des crédits à la consommation et cette chute de l’achat des voitures neuves.

    Et pourtant, les français sont fanatiques quant il s’agit de leurs voitures. Ils la bichonne, elle fait l’objet de toute leur attention.

    Voyez comme il est difficile de mettre en place du co-voiturage en campagne dans des zones où il serait pourtant le bienvenu. Lorsqu’on habite à la campagne, difficile de prendre les transports en commun. Lorsqu’ils ne sont pas inexistants, ils sont très chers. De grands bus sont la plupart du temps vides, trois trains le matin et quatre ou cinq le soir pour revenir de la grande ville. Le reste du temps, rien. Et pourtant, chaque village ces deux trois dernières années a rivalisé pour faire construire des zones pavillonnaires sécurisées.

    Tous ces néo-ruraux qui s’y sont installés ont bien été obligés de prendre leur voiture pour aller travailler en ville. Mais entre le crédit de la maison et tous les autres crédits à la consommation, pas de quoi acheter une nouvelle voiture.

    Merci Paul pour cette vision éclairante.

    Je me demandais pourquoi ces dernières années les constructeurs automobiles avaient autorisé les gros 4×4 a avoir des vitres tintées. Depuis la crise je crois que j’ai compris que les propriétaires de tels engins ont tellement peur de la manière dont ils ont acquis les sommes qui leur permettent d’acheter de tels engins qui consomment des 20/25L au 100Kms qu’ils ne veulent pas qu’on les dévisage, qu’on risque de les reconnaitre au cas où les choses tourneraient mal pour eux.

  10. Avatar de Sachakin

    Voici un consensus post crise de certains oracles qui pourrait vous intèresser

    « Ils ont toujours su que l’économie s’effondrerait. Que prèdisent-ils pour la suite? »
    (1) Traduit d’un texte paru le 07/12/2008 Par Jeff Vandam
    ______________________________________________________________________________________
    Diseuse de bonne aventure : Gerald Celente fondateur du Trends Research Institute, propriétaire du site collapseof09

    TRACK RECORD
    Prédictions du crash de 1987 , de la crise monétaire asiatique de 1997
    Il a annoncé en 2007 que les États-Unis allaient se diriger en 2008 vers la « version économique du 9 / 11 ».

    PREVISIONS ACTUELLES
    « Les produits vont être moins cher à acheter, mais devinez quoi? Vous allez avoir besoin de plus d’argent pour les acheter parce que votre dollar aura moins de valeur. Il n’y a pas d’exercice ou de politique monétaire qui puisse sauver tout cela. Vous ne pouvez pas sauver la situation en imprimant plus d’argent.  »
    ______________________________________________________________________________________
    Diseuse de bonne aventure :Nouriel Roubini , professeur à la NYU , président de RGE Monitor

    TRACK RECORD
    NR a prédit cette crise en 2006, pointant du doigt la crise du logement , les chocs pétroliers, et les taux d’intérêt

    PREVISIONS ACTUELLES
    «On se dirige vers une récession mondiale. Je m’attends à connaître la pire récession américaine des 50 dernières années. Je m’attends à ce que les Etats Unis connaissent un taux de chômage de 9 % ».
    ______________________________________________________________________________________
    Diseuse de bonne aventure : Peter Schiff
    Président de Euro Pacific Capital

    TRACK RECORD
    Il a publié la preuve du Crash à venir dans un ouvrage paru en Février 2007 sous ces termes: « Comment faire pour profiter de l’effondrement économique à venir ? ». Peter Schiff affirmait en Aout 2006: ‘recession is on the corner’-à voir aussi: la video sur u tube « 8/28/2006-Peter Schiff Predicts The US Economic Collapse With Unbelievable Accuracy »

    PREVISIONS ACTUELLES
    «Je prédis que l’économie s’effondrera. Le plus grand risque, est que le gouvernement ait tenté de résoudre le problème en faisant exactement ce qu’il est en train de faire, et qu’il n’ait pas agi à temps avec des mesures concrètes. Il va créer une autre Grande dépression, mais encore pire, car le coût de cette fuite coûtera plus cher et les effets seront vains.  »
    ______________________________________________________________________________________
    Diseuse de bonne aventure : Richard Russell
    Fondateur de l’indice Dow Theory Letters

    TRACK RECORD
    Il a prédit le point bas de 1974 ; il est sorti du marché avant les crashs de 1987 et 2000.

    PREVISIONS ACTUELLES
    « Tant que nous pouvons tenir le Dow Jones au-dessus de 7470, je pense que la situation laisse place à un peu d’espoir. C’est le niveau à mi-chemin entre le boom du marché en 1982 et lors de son èclatement en 2007. Je suppose qu’il va exploser ce niveau. La plupart des baisses des marchés connues jusqu’alors ont anéanti plus de 50 pour cent d’un marché haussier.  »
    ______________________________________________________________________________________
    Diseuse de bonne aventure : Barry Ritholtz
    Chef de la direction et directeur de la recherche de Fusion IQ , propriètaire du blog Big Picture

    TRACK RECORD
    Il a prédit le ralentissement èconomique actuel l’an dernier.

    PREVISIONS ACTUELLES
    « En Mars, les chiffres du premier trimestre seropublié, et c’est potentiellement un problème. Il s’agira juste de battre le consensus. Mais si les revenus continuent de baisser et que vous vous retrouvez avec de fortes contractions, qui serre trop fort les entreprises, alors c’ est un S & P à 400 ou 500 points. Je ne pense pas que ce soit probable, mais c’ est quelquechose qui peut arriver.  »
    ______________________________________________________________________________________
    Diseuse de bonne aventure : Jeremy Grantham
    Co-fondateur et président de LLC OGM

    TRACK RECORD
    Il averti de la bulle mondiale en avril 2007.

    PREVISIONS ACTUELLES
    « Je pense que cette pèriode de volatilité prendra fin bientôt et sera remplacé par un type de marchè qui ressemblerait plus à celui de 1974, où vous obtiendrez amèrement de manière résigné votre régime alimentaire régulier avec son flow de mauvaises nouvelles. »
    ______________________________________________________________________________________

    Par Jeff Vandam. Publié le 7 décembre 2008_
    (1) http://nymag.com/news/intelligencer/52772

  11. Avatar de Paul Jorion

    J’ai suivi le lien mentionné par Val dans son commentaire et j’y ai trouvé un monsieur très courroucé qui m’apprend qu’on ne jure que par moi à Saint-Germain-des-Prés. Sous sa plume, ça n’a pas l’air d’être un compliment mais je ne suis pas aussi regardant : coqueluche de Saint-Germain-des-Prés ! mazette !

  12. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Très bon billet de Paul, limpide, précis et incisif, sans doute l’un de ceux qui résume le mieux sa critique du capitalisme réellement existant (tout comme il y avait eu une critique du socialisme réellement existant.)
    Et, j’allais dire, presque comme d’habitude, nous retrouvons cette façon subtile de
    mener son combat dans le siècle en s’efforçant de rester sur la plan intellectuel s’épargnant alors tous les procès d’intention, gaspilleurs d’énergies. Il préfère lutter pied à pied, sans concessions pour montrer toute la pertinence de ses vues en réfutant point par point et sans complaisance les vues de ceux avec lesquels pour une raison x ou y il pourrait se montrer complaisant s’il n’avait pas cette indépendance d’esprit qui le caractérise et que lui confère un parcours atypique en marge des sphères du pouvoir politique et économique.

    SI Paul avait été médecin nous pourrions dire qu’il a fait le bon diagnostic
    de l’état alarmant du malade (l’économie-monde) et qu’il propose les quelques mesures indispensables
    pour le remettre sur pied, sous peine de rechute encore plus grave.
    Rien d’excessif, d’utopique là dedans, si ce n’est qu’à situtation exceptionnelle il ne peut y avoir que des remèdes radicaux.

    Puisse Monsieur Attali entendre les critiques et surtout en tirer quelques conséquences en termes d’engagement politique. Il ne doit plus se contenter d’une position d’intellectuel arbitre. La crise est là. Il doit s’engager politiquement. Ses positions publiques doivent être claires. S’il pense avoir dans le passé pris des positions erronnées il doit le dire, ne serait-ce que pour donner toute crédibilité à ses positions présentes.

    Les critiques de Paul Jorion sont des critiques de fond. Elles méritent réponse sérieuse. Monsieur Attali de par la position privilégiée qu’il occupe a une responsabilité particulière dans la mesure où il la possibilité de rencontrer et de discuter avec la plupart des personnages clés du pouvoir, en France, et ailleurs. Il ne peut pas tout évidemment, mais il peut déjà beaucoup plus que la plupart d’entre nous, s’agissant, au moins, d’influer sur les décisions de certains politiques. Pour le reste, comme dit Paul, si rien n’est fait, l’extra-parlementaire s’exprimera !!

    Comme disait aussi feu Réné Dumont, précurseur de l’écologie politique, notre à venir c’est : « l’utopie ou la mort » !
    Une utopie, j’entends, basé sur une analyse sérieure et rigoureuse des faits et à partir de laquelle est proposée des perspectives nouvelles. Réné Dumont était ingénieur agronome et force de constater que nombre de ses « prédictions » se sont révèlées justes. Sur la question de la souveraineté alimentaire. Sur celle des limites de l’industrialisation de l’agriculture. Sur celle des limites naturelles au développement. Paul Jorion en qualité d’anthropologue, d’ingénieur financier, de penseur, et tout simplement d’homme sensible et qui se sent concerné par les affaires du monde, voit loin lui aussi. Sa chance, notre chance est qu’il allie expertise technique du monde financier (le coeur du système actuel) et pensée de ce système. Or qui dit pensée d’un système, implique une capacité à l’observer – par la pensée — en surplomb et donc en circonscrire précisément les limites, pour en proposer une réforme, afin que s’accomplisse une mutation.

    L’idée selon laquelle le mode d’organisation économique capitaliste ressortit à une hiérarchie toute militaire
    est un argument introuvable dans les quelques livres très critiques du captalisme parus ces dernières années.
    La logique intrinsèque des marchés est d’instrumentaliser l’économie pour servir sa cause, autrement dit la cause de quelques uns, de certaines catégories de privilégiés. Réformer les institutions politiques n’a donc aucun sens si celles-ci ne font pas de la question de l’économie une chose politique à part entière et non pas une sphère autonome dans laquelle le politique n’a le droit de faire des incursions que de manière superficielle et sporadique.

    Toute la question du partage équitable entre fruits du travail et du capital résulte évidemment de l’absence de démocratie au sein de l’univers économique. Les syndicats existent mais leur existence même prouve qu’ils exercent une pression toute extérieure, à la marge du système. La chose politique n’est donc pas intégrée aux processus de décision relatifs à la production, à la consommation. L’économie de marché demeure donc ce taureau fou érigé devant Wall Street, tout un symbole ! L’économie est une force brute indomptée, seulement combattu par des hommes un peu plus téméraires lors des crises sociales. L’animal n’a pas été domestiqué. Et s’il l’est c’est pour en faire un soldat de la guerre économique. L’économie de marché suppose le conditionnement des esprits et des corps pour accepter les inégales et impitoyables règles du jeu.

    La démocratie laissée aux portes des entreprises, c’est le point aveugle, inaperçu, et pour cause, des analyses éculées qui lient mécaniquement marché et démocratie.
    D’aucuns, comme Attali, continuent de penser que la démocratie et ses intitutions sont à même de réguler les marchés.
    C’est une profonde erreur d’analyse. La chute du mur de Berlin devait nous assurer un avenir radieux, celui du monde libre de toute tentation « socialiste ». Or, qu’à-t-on vu ? Un accroissement insupportable des inégalités à l’échelle de la planète et au sein même des pays dits riches. De veilles démocraties occidentales, poutant nullement menacées par un ennemi extérieur, qui a disparu avec la disparition de l’Union sovivétique, sombrer peu à peu dans l’idéologie sécuritaire ou même adoptant des politiques belliqueuses et liberticides sous pretexte d’une menace terroriste, laquelle n’aurait pourtant jamais pris un tel essor s’il n’avait fallu maintenir à tous prix un mode de vie érigé summum de l’existence humaine : le mode de vie américain. Bush avait même cru bon d’enfoncer le clou et de dire qu’il n’était pas négociable. Bref, les démocraties occidentales dans leur ensemble, car réglées sur le tempo américain et l’idéologie du marché ami intemporel de la démocratie, a été incapable de faire face aux défis qui la minaient de l’intérieur. Au final, le capitalisme s’est révélé de plus en plus totalitaire.

    Or ces défis, ce sont justement ceux que met en avant Paul Jorion qui peuvent se résumer en défi épistémoloque, écologique et défi social. Le défi intellectuel englobe tous les autres, et la question de la transparence et des agences de notation n’est pas la moins révélatrice.

    Or à quoi sert en effet d’avoir les plus beaux outils de contrôle si ceux-ci s’appliquent à une analyse superficielle et déphasée de la réalité globale ? Mesurer l’état d’un marché, comme son nom l’indique, ne fera qu’analyser le marché. Or tout le problème c’est que le marché pose lui-même problème. AInsi, s’agissant de l’écologie, tant que les ressources non renouvelables n’auront pas été soustraites, en amont, à la logique marchande court-termiste, le système continuera sur sa lancée de lutte concurentielle dévastatrice. Que les marchés soient libres et non faussés ou non ne change rien à l’affaire si la logique prédatrice constitue toujours leur moteur de l’économie. Dilapider l’eau, la biodiversité, polluer, détruire les éco-systèmes résulte d’une concurrence effrénée pour s’accaparer des ressources qui se sont constituées en autant de marchés « libres et non faussés ». A cet égard Paul met le doigt sur la question cruciale de la propriété. C’est évidemment là un sujet tabou pour les libéraux orthodoxes. Le marché des droits à polluer issus de Kyoto était certes une façon d’introduire cette problématique, mais il semble qu’on ait pris le problème dans le mauvais sens puisqu’il s’agit d’échanger des titres de propriété pour réduire une externalité négative dégagée par l’activité industrielle — le CO2 — plutôt que d’accorder une valeur positive à la terre, aux éléments naturels non renouvelables et de nous en faire payer le prix, et le cas échéant des prix tellement prohibitifs qu’il ne nous viendrait même plus à l’idée d’en user et abuser. Rester dans une logique d’externalités négatives revient seulement à repousser le problème du coté du marché, avec toutes les faiblesses que nous lui connaissons. Pressions, corruption, illimitation.

    La concurrence libre et non faussée est une contradiction dans les termes. Une concurrence exprime toujours un rapport de force : elle n’est donc jamais faussée. Toute force obéit à un principe d’économie. Elle va donc là où la mène la pente naturelle, autrement dit celle que lui fournit clé en main le capitalisme de marché épaulé par le système parlementaire.
    Qu’on y songe, que serait une concurrence non faussée ? Selon la théorie libérale ce serait une économie où les agents capitalistes connaîtraient à tout moment l’état du marché et seraient capables de connaître les intentions de chacun des acteurs de manière à pouvoir anticiper rationnellement leurs décisions respectives. Nous savons depuis longtemps que cette façon de voir les choses n’a rien de réaliste puisqu’elle suppose à la fois
    l’existence d’agents rationnels soustraits à toutes les motivations inconscientes, sociales qui déterminent en grande partie les choix des divers agents économiques. Cela est si vrai que le néo-libéralisme — celui instruit des pensées de Hayek –, a lui-même fait le deuil de cette idée de marché tranparent à lui-même. Et celui-ci d’en tirer toutes les conséquences : il fait mine de se référer à la concurrence libre et non faussée mais cette concurrence est en réalité une concurrence pleinement assumée dans son aspect inégalitaire et prédateur. Le néo-libéralisme, via par exemple la théorie des coûts de transaction de Williamson de justifier la susbstitution des liens de commandement et la formation d’oligopoles pour limiter les coûts inhérents aux incertitudes du marché, et de faire appel, en aval, à une sous-traitance qui, elle, est mise en concurrence. Nous savons ce que concrètement cela signifie : la concurrence des systèmes sociaux. Une division du travail à l’échelle internationale qui répond à des impératifs purement financiers.

    Lorsque les Etats eux-mêmes s’enquièrent d’établier une concurrence saine ils ne font le plus souvent que déshabiller Pierre pour habiller Paul. L’union européenne s’est montrée experte en la matière. Elle rétablit une concurrence au profit du secteur privé mais au bout du compte, même si le prix peuvent baisser (et encore pas toujours !) la qualité des services diminue pour tout le monde, où alors il faut payer plus, et donc être un privilégié économique.

    Que dirait-on d’un médecin qui utilise un scanner dernier cri et qui pour finir prescrirait à son patient une bonne saignée, comme du temps de Molière ?! Il me semble que dans le domaine économique, nous en soyons encore à ce stade …

  13. Avatar de Hagouchonda
    Hagouchonda

    Là je ne suis pas fier de vous mais pas du tout…

    «Je considère quant à moi, … blablabla … l’expression spontanée de la manière dont notre espèce réglait ses affaires à l’état sauvage : par la guerre de tous contre tous. »

    La guerre de tous contre tous n’a rien à voir avec le SAUVAGE mais est le fait du civilisé. L’homme sauvage vie en bande tribale dont les membres coopérent intimement pour le bien de tous. Et ces bandes coopérent entre elles pour le bien de la tribu toute entière et les tribus unient en confédération font exactement la même chose.

    La guerre de tous contre tous ça c’est la manière civilisée. La compagnie A cherche à anéantir la compagnie B. Le seigneur A cherche à voller les terres du Seigneur B. L’entrepreneur cherche à exploiter ses esclaves-à-gages (employés) et leur verser le salaire le plus misérable possible. L’entrepreneur cherche à roulé ses clients. Les politiciens s’entre déchirent et ont recour à toute les bassesses pour s’accaparer le pouvoir et le garder.

    Vous faites de la projection monsieur Jorion…

  14. Avatar de Jean-Paul
    Jean-Paul

    Merci beaucoup pour ce superbe texte, Paul. Ce n’est pas parce que la nature humaine est complexe et toujours fondamentalement brutale qu’il faut se résigner au nom du réalisme à laisser une minorité faire n’importe quoi, – parfois au mépris des lois et des réglementations existantes -, du moment que ce n’importe quoi soit financièrement profitable à très court terme. Pour caricaturer, je doute qu’une société dans laquelle un voleur de mobylette est condamné à une peine de prison ferme quand il est pris, pendant qu’un « responsable » économique conserve tous ses avantages acquis même quand il a fait perdre des centaines de millions à ses actionnaires, et leur emploi à ses collègues salariés, par orgueil, par bêtise ou simplement par impéritie, puisse aller bien loin sans imploser, particulièrement quand les pertes sont toujours épongées par la collectivité, et les gains repartis entre une minorité d’initiés. Est-il naïf par exemple de demander tout simplement que l’on refuse de laisser fonctionner plus longtemps des bourses hyper spéculatives, dont la valeur globale varient de +/5 % par jour dans l’indifférence générale, et empêchent ainsi la mise en place de toute mesure de relance économique efficace parce qu’elles en détruisent par avance la valeur réelle ?

  15. Avatar de Paul Jorion

    Certains d’entre vous entreprennent de m’enseigner l’anthropologie et me tancent vertement : certaines populations du Tiers-Monde que je vise apparemment quand j’évoque l’« homme à l’état sauvage », ne pratiquent pas la guerre de tous contre tous.

    Non, le mot « sauvage » n’appartient plus – et ceci depuis la fin du XIXe siècle – au vocabulaire de l’anthropologie et quand j’utilise ce vocable, je ne renvoie à aucune population contemporaine, ni ayant même existé aux temps historiques ! Quand je parle de l’« homme à l’état sauvage », il s’agit toujours d’une référence au mythe inventé par Thomas Hobbes au XVIIe siècle pour renvoyer aux temps hypothétiques où l’homme est animal mais pas encore « homme » : l’expression appartient au vocabulaire philosophique et non anthropologique. La « guerre de tous contre tous » définit pour Hobbes l’état de nature.

  16. Avatar de thelast
    thelast

    @ Paul Jorion

    Bonjour Paul,
    je suis en general assez d’accord avec vous mais la je ne peux vous donner raison.

    Vous dites de la spéculation: « Elle est pourtant responsable des 145 dollars qu’avait atteint le baril de brut en juillet de cette année, envolée de son prix qui entraîna à sa suite celui des céréales et c’est donc bien elle qui provoqua les émeutes de la faim qui secouèrent plusieurs pays du Tiers-Monde, en Afrique, en Asie et même en Amérique avec Haïti. Lorsque le prix du pétrole s’effondre pour atteindre aujourd’hui à la baisse 42 dollars, ce sont les entreprises promouvant les énergies renouvelables qui se trouvent balayées par cette plongée et acculées à la faillite. »·

    J’ai l’impression qu’à travers cette phrase vous dites que la spéculation est responsable d’émeutes de la faim.
    Soyons clairs. Dans des pays où les revenus sont bas, quand vous achetez un service, vous acheter surtout le prix de l’essence (en gros aux USA le prix du taxi c’est surtout le taux horaire du chauffeur et en haiti, le prix du taxi c’est surtout le prix de l’essence). Et le prix du brut est extremenent bas. même à 150 ou même à 300$ le baril, le prix du brut est extrement compétitif par rapport aux bénéfice qu’il procure. Son prix gravement sous estimé est un avantage à court terme que nous paierons très cher.

    Vous pouvez consulter le site de Jean Marc Jancovici suivant http://www.manicore.com/documentation/esclaves.html
    Vous verrez très facilement de quoi il s’agit.

    Un prix élevé de l’énergie est quelque chose de normal. Ce qui n’est pas normal c’est un prix bas de l’énergie comme ce que l’on voit depuis 3 ou 4 générations. Tout le monde dit que les trajectoires de developpement que nous avons ne sont pas soutenables et on s’étonne quand ça s’écroule …

    La maitrise du prix de l’énergie est qq chose de vital pour nous tous (haitiens compris). Pour les Haitiens ce qui se passe change peu de chose il crevent la dalle. Ce qui est sur c’est qu’on les a encourager à se developper sur un mode de vie ou l’énergie est bon marché alors que c’est une situation qu’il n’ont jamais connu et tout d’un coup on tente de changer de modele. Je sais que vous souhaitez trouver ou creer une sorte de constitution pour la finance. Mais si on exclut le (vrai) cout de l’energie dans la demarche ne passe t on pas à côté d’une partie essentielle du commerce?

    Ce que j’essaie d’expliquer c’est que un litre d’essence (1$) fournit beaucoup plus service qu’une personne pendant une journée. Je peux vous fournir les ordres de grandeurs; je vous jure que c’est à se dresser les cheveux sur la tete.

    Si le commerce est considéré comme un echange de service, je vois mal comment en exclure le prix de l’energie.

  17. Avatar de fab
    fab

    Monsieur Jorion,

    « Il faut donc une voix qui s’élève, une voix calme, sereine, pour nous expliquer comment on pourrait s’y prendre pour changer notre démocratie et donc je l’espère nous redonner une motivation, un sens… » (Je me cite dans mon précédent message !)

    Bon a priori vous n’avez pas envie d’être cette voix !? Je trouve ça dommage.

    Donc si j’ai bien compris on continue avec le cocktail analyse, musique et…ex nihilo ?

  18. Avatar de MICHAUD
    MICHAUD

    @ Brankignol

    Le 10 à 15h14 je citais exactement le passage RACHMAN que vous découvrites à 22h58.
    Synchronicité retardée?
    Ou bien les grands esprits boivent aux mêmes sources.

    Ce texte exprime nos craintes il suffit de voir ce qui se passe dans les rues de Barcelone Bologne qui suivent Athènes.
    En tous cas nous sommes OK pour lire PJ..
    LOL

  19. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Thelast (but not least?) : je ne comprends pas très bien votre raisonnement, et y vois même la pointe d’une contradiction. Vous justifiez d’une part la spéculation, en minimisant son impact sur le coût de l’énergie (« un prix élevé de l’énergie est quelque chose de normal » vous dites), et 3 lignes plus bas, vous insistez sur la nécessité de maîtriser le prix de l’énergie : « La maîtrise du prix de l’énergie est quelque chose de vital pour nous tous ». Comment maîtrisez-vous le prix de l’énergie si ses variations reposent sur une spéculation effrénée sans gardes fous? Vive le pétrole à 500 € le baril?

    Pour ma part, le prix « juste » de l’énergie (si tant est qu’on se résigne à utiliser des énergies non-renouvelables qui ont un prix par opposition au solaire), c’est une équation avec le temps des hommes qui la produisent et la destruction de matière premières qu’entraîne cette production.

  20. Avatar de patrice

    Après les bons du trésor, la fed veut émettre ses propres obligations!

    http://blog.inisos.fr/2008/12/la-fed-veut-sa-propre-dette/

    est-ce le début d’un défaut de paiement organisé?
    est-ce l’aveu que les montagnes de dettes qu’on génère déjà ne suffisent plus?

    La crise, et après…
    En effet, se placer dans une optique de « cycle » est une vue très optimiste!

  21. Avatar de fab
    fab

    Miroir…

    Nous ne vivons plus que par et pour la consommation. (De nouveau et juste par plaisir : http://carfree.free.fr/index.php/2008/02/02/lideologie-sociale-de-la-bagnole-1973/)
    Même nos réflexions, nos analyses, nos critiques concernent principalement le système de consommation. C’est normal diront certains, c’est le monde dans lequel nous vivons ! Oui, mais c’est un peu vite oublier que la majeure partie de la population mondiale ne vit pas ce système de la même manière que nous. Et c’est aussi oublier que ce système n’apporte plus de sens à nos vies, quoiqu’on en dise ! Quand notre vie se résume à : travailler pour consommer, consommer et critiquer la société de consommation, je me pose naturellement la question de notre évolution ! Avons-nous réellement évolué ? Pourquoi n’a-t-on pas le cran de se regarder dans un miroir ? Dès la naissance nous sommes immergés dans le système de consommation. Puis vient la période scolaire, durant laquelle l’idée de réussite, d’une réussite standardisée est continuellement mise en valeur, où l’apprentissage et la connaissance n’ont pour seul objectif que l’avenir professionnel, et le temps extra scolaire est quasi totalement centré autour de la consommation. La peur s’installe, il faut à tout prix penser à son avenir ! Et l’habitude est prise (donnée ?) de ne pas porter ses réflexions au-delà du socialement correct. Et enfin c’est le temps du travail (Travail, du bas latin VIe siècle) tripálÄ­us du latin tripálÄ­um, instrument de torture à trois poutres…Une poutre dans chaque œil, soit ! Mais la troisième ?), où la compétition et la consommation font loi, et le temps disponible et consacré à une réflexion autre, « « « « philosophique » » » », disparaît totalement. Et c’est la retraite ! Le Saint Graal ! Et là encore nous sommes poussés à la consommation. Mais il y a tout de même quelques rebelles parmi nos joyeux retraités, qui profitent de ce temps « libre » pour avoir des pensées libérées du système de consommation…Mais leur voix a plus de mal à se faire entendre maintenant qu’ils sont vieux ! Ils n’ont plus l’énergie nécessaire, ou tout simplement pas le courage d’avouer qu’ils aient pu être aveugles pendant tant de temps.

    Miroir, miroir, dis-moi que je suis le plus beau et que mon mode de vie est le meilleur qui soit ! Dis-moi que les autres habitants de cette terre qui vivent différemment sont sous-développés ou au mieux en voie de développement ! Dis-moi surtout, ô miroir, que la preuve que je ne me trompe pas est que j’essaie d’offrir la même vie à mes enfants…en mieux ! Dis-moi encore, mon beau miroir, que si je suis doté d’un télencéphale hyper développé, c’est pour m’en servir et pas pour perdre mon temps, donc mon argent, à des réflexions stériles ! Et s’il te plaît, gentil miroir, pourrais-tu, quand tu me renvoies mon image, lisser un peu l’arrière-plan et enlever ces images, ces représentations de la misère humaine, de la famine et autres détails, et ce afin que ma pensée ne soit pas perturbée, que je puisse fournir le meilleur de moi-même !

    Bon, c’est pas tout, le temps c’est de l’argent ! A part ça je vais bien. Et vous ?

  22. Avatar de Jason
    Jason

    Analyse intéressante, et certains commentaires ne le sont pas moins.
    Je reste néanmoins persuadé qu’il est vain de cogiter sur la finalité de cette crise, et du meilleur moyen de moraliser le monde de l’après crise. Ca ne se passera pas comme ça.
    Certes, cinq « visionnaires » officiellement reconnus, cela parait peu… Mais en réalité, beaucoup redoutaient ce qui s’est produit, clairement ou à mots couverts.
    Et j’ai personnellement beaucoup de mal à croire que, par aveuglement ou dogmatisme, les dirigeants de ce monde -je parle des tenants ultimes de la finance, pas des politiques qui ne sont que leur pantins- se soient laissés surprendre, aveugles et sourds.

    Oui, cette crise était prévisible, pour ne pas dire inéluctable. Sans l’allumette subprime, elle aurait eu lieu quand même, juste un peu plus tard.

    La progression linéaire n’était pas tenable : raréfaction des matières premières, montée des pays émergents. « Ils » l’ont clairement laissé se produire. « Ils » en avaient les moyens.

    Pour quelle finalité ? Je l’ignore. Mais il est clair que cela se terminera au moins par une perte de démocratie.

    Car « l’appel du pied extra-parlementaire » peut déboucher sur quoi ? Sur un « Ok, bon peuple, on va vous écouter » ? Quelle utopie !

    La révolution française a conduit au régime de la terreur, puis à Napoléon. Ce scénario n’est donc pas le plus souhaitable.

    Mais quelle place reste-t-il à l’optimisme ? Je me sens spectateur d’un film dont je ne pressens pas une fin heureuse….

  23. Avatar de alice
    alice

    @ paul

    j’ai oublié (des fois, il ne faut pas chercher loin ;))

  24. Avatar de bernard
    bernard

    Paul,

    Toute la subtilité (peut être cachée) ou l’ambiguïté de votre position me paraît condensée dans le titre de votre premier paragraphe.

    Son titre « état de droit » est l’exacte définition des états que l’on appelle « démocraties » mais ne saurait se superposer à celui de démocratie que vous utilisez ensuite dans tout le corps de texte.

    Vous démontrez ainsi subrepticement que nos états occidentaux gouvernés par le marché (et dont le principe de fonctionnement en la matière se résume à l’inscription dans le droit des concepts toujours plus nombreux et inacceptables des « avantages comparés ») ne sont pas des démocraties.

    Ceci est évidemment une proposition encore sacrilège, et le terme vrai d’  « incompatibilité » est remplacé dans le texte par celui de « disparité » qui est plus acceptable, suggérant l’acceptation de la notion d’états déjà démocratiques, mais dont la démocratie « économique » peut être améliorée.

    Je ne pense pas possible la réforme interne du système , car reconnaître cet antagonisme c’est s’exclure de fait de toute gouvernance de niveau suffisant pour aller vers la démocratie de façon naturelle et progressive.

    Cela supposerait de garder son analyse suffisamment masquée pour atteindre le pouvoir et ensuite garder le contrôle d’une action défavorable à l’establishment financier.

    Il me semble que l’histoire récente des USA a démontré qu’il est désormais impossible de prétendre atteindre le pouvoir: le cas auquel je pense est celui de Howard Dean qui portait à mon sens cette capacité, et qui s’est vu brutalement disqualifié par son propre parti lorsque, lors de la campagne de fin 2004, le masque n’a pas pu cacher suffisamment le danger que sa pensée représentait pour le marché, jugement porté dans son parti, à priori « progressiste ».

    Il n’est pas indifférent de noter que ce fut précisément à partir des doutes émis sur la sincérité de l’enquête sur le 11 septembre à partir de son interview du 2 décembre 2003 sur la radio NPR?.

  25. Avatar de MICHAUD
    MICHAUD

    @ Jason
    A votre avis qui sont-« ils »?
    Est-il concevable que cette immense « erreur » ait été scénarisée jadis, quelque-part par quelqu’un dans un but de domination?
    Genre « ordo ab chao »?
    Ou bien tout ceci ne résulte-t-il que de l’évolution naturelle massacrée par les lois du hasard?

  26. Avatar de Shiva
    Shiva

    @fab

    Votre texte me plait beaucoup…

    « Elles accouchent à cheval sur une tombe, le jour brille un instant, puis c’est la nuit à nouveau. »
    S.B.

    Je vais bien merci, je vis, sans plus, mais sans heurts. Je cultive mon jardin…

    En attendant des jours pires.

  27. Avatar de Shiva
    Shiva

    @MICHAUD
    @ Jason

    Qu’est-ce qui pousse celui qui à amassé de quoi vivre 10 vies à souhaiter égaler celui qui à de quoi en vivre 100 et envie celui qui à de quoi en vivre 1000 ?

    Si ce n’est une conception idéologique du monde et de la puissance individuelle, je ne serais pas étonné que ces grands mégalomanes aient des vues sur nous et notre destin.

    Au choix:
    – contrôle du nombre d’êtres humains par peur de l’avenir
    – élimination du risque d’être dépossédés de leur fortune (fardeau…) par la mise en place des structures adéquates (nouvel ordre mondial)
    – croyance en une race supérieure de bergers qui se doit de contrôler le troupeau
    – on assiste à une guerre des clans
    – …

    Pour ma part je crois qu’un nouvel étage de pouvoir se met en place, les anciennes structures G7-8-15-20, FMI, Banque mondiale, ONU, OMC ne suffisent plus. Maintenant que les plaques économiques américaine, asiatique, européennes sont en place on va assister à l’arrimage du dernier étage de la fusée. Sa mise en œuvre se réalisera selon la stratégie préparée du choc par la crise. Quand on a bien eu peur, la structure infernale, antidémocratique, réductrice dés libertés, favorisant l’élite devient une raisonnable planche de salut, et personne (si tout va bien) ne doute que la nouvelle organisation n’est que le reflet de l’élan des hommes de bonne volonté qui vont travailler mains dans la mains après le chaos…

    Au final on aura une belle structure aux allures démocratiques qui pilotera la finance et l’économie mondiale.
    Comme un gouvernement composé d’un seul ministère qui ne gouvernerait que l’économie pour libérer de tout contraintes et entraves sans autre préoccupation.
    Si on n’y prend part, cela se fera sans nous et contre nous, la fenêtre de tir c’est de profiter de « l’effet de choc » pour doubler les « sauvages » et assurer la démocratie et la multipolarité de ce futur gouvernement du monde.

    Entre big brother ultra démocratique et libéral et le big brother staliniste et ultra étatique le chemin n’est pas large…

    Mais c’est le seul !

  28. Avatar de antoine
    antoine

    Pour être plus précis s’agissant de Hobbes. Ceci est une précision et ne remet pas en cause la clarification faite par Paul.

    L’Etat de nature et l’Etat Leviathan sont en perpétuelle compétition. Il n’y a pas un « avant « et un « après » l’éclair de la raison qui brille dans la nuit et qui conduit à l’institutionnalisation du « Pacte » et dans le même mouvement, du Droit en tant qu’Institution. Bref l’Etat de nature ne désigne pas un Etat prépolitique qui serait révolu pour certains et pas pour d’autres.

    Quand Hobbes utilise l’expression Etat de Nature il a en vue une description de la condition humaine telle qu’elle est ici-bas (hic et nunc) et il prétend à une véritable description anthropologique. L’Etat de Nature et l’Etat de Droit SE SUPERPOSENT. Leviathan et Behemoth se livrent une guerre perpétuelle.

    La Tradition parlait de Loi naturelle mais pas d’Etat de nature.
    [La différence entre les deux, c’est que quand je pars de la Loi naturelle j’accorde une priorité au Devoir sur le Droit, alors que quand je pars de l’Etat de Nature je ne peux qu’accorder une priorité du Droit sur le Devoir. In fine, c’est parce que pour lui -et nous à sa suite-, s’il n’y a pas de Devoir naturel parfait il y a en revanche un Droit naturel parfait fondé sur la peur de la mort violente/du fait d’autrui. Locke mettra avant la peur de la mort la peur de crever de faim, et même, plus radicalement « la peur de la peur ». Ceci définit notre « modernité » politique. Hobbes est ainsi le premier théoricien moderne des Droits de l’Homme, le premier auteur authentiquement libéral, donc.].
    En fait la Tradition utilisait aussi le concept d’Etat de Nature, mais quand Hobbes parle d’Etat de nature il rompt avec la Tradition qui n’utilisait l’expression que pour l’opposer à l’Etat de Grâce, expression qui désigne dans la théologie chrétienne l’état de l’Homme avant la Chute. Par là on voit que la théorie de l’Etat de Hobbes présuppose la constitution par lui d’une nouvelle anthropologie en rupture avec la pensée classique et médiévale, qui a été rendue possible/pensable par le progrès de la « science » de l’époque associée à une conception « mécaniste » de l’univers. L’anthropologie matérialiste de Hobbes est exposée dans le « De Corpore ». L’Etat est la « Machina Machinarum ».
    Du point de vue de Hobbes, le « sauvage » n’existe pas. Le « civilisé » non plus. Il n’y a à chaque instant que des « corps » qui eux existent bien et qui sont soumis à ces deux forces.

  29. Avatar de antoine
    antoine

    Mon grand père à 98 ans. Je lui ai parlé de la crise…
    Au début il ne me croyait pas. Il m’a juste posé une question: les gouvernants sont-ils toujours aussi ignares et arrogants? IGNARES / ARROGANTS… Tout est dit.

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta