Pourquoi il n’y a pas de « création monétaire » par les banques commerciales, par Helmut Creutz

J’ai écrit hier que cela me prendrait cinq ans de mettre au point une théorie de la monnaie qui me satisfasse. Je n’avais envisagé qu’un seul cas : celui où nous serions seuls, vous et moi, travaillant ensemble. Or, j’ai reçu du renfort, par courrier. Ute Höft me fait parvenir un exemplaire de Le syndrome de la monnaie de Helmut Creutz, originellement paru en 1993 et traduit de l’allemand par Economica en 2008.

Je vais pouvoir gagner du temps parce que l’auteur analyse de nombreux aspects de la monnaie auxquels je n’ai pas encore l’occasion de réfléchir, et que sur ceux dont j’ai débattu ici, nous disons lui et moi strictement la même chose.

Donc si mes explications pourquoi les banques commerciales ne créent pas de monnaie ex nihilo vous ont convaincu, vous n’apprendrez peut–être pas grand-chose en lisant les pages du livre que je reproduis ci-dessous (169 à 171) mais si vous croyez toujours à la création monétaire par les banques commerciales, un autre auteur réussira peut-être là où j’ai échoué jusqu’ici.

(Vous reconnaîtrez au passage dans le texte de Creutz mon « principe de conservation des quantités », mon explication des masses monétaires en termes de double emploi, ma « reconnaissance de dette », ainsi que la distinction que je fais entre flux monétaires et opérations comptables).

La « surmultiplication de la création monétaire »

La plupart des livres d’enseignement affirment que les possibilités de création monétaire des banques sont en principe illimitées. Elles ne sont restreintes que par des ratios d’encaisse ou de réserves bancaires qu’elles doivent maintenir auprès des banques centrales ou d’émission, soit de plein gré, soit parce qu’elles y sont obligées. Et cette relation entre le montant des réserves et l’accroissement monétaire est même calculée par les théoriciens de la surmultiplication de la création monétaire avec une grande exactitude mathématique. Si les réserves se montent en tout à 5 % du portefeuille des dépôts, les banques peuvent, à partir de chaque dépôt bancaire effectué créer un montant de crédit dix-neuf fois supérieur, neuf fois supérieur en cas de réserves de 10 % et quatre fois supérieur en cas de réserve de 20 %. Le résultat de la création monétaire est donc inversement proportionnel au montant des réserves retenues.

[Prenons l’exemple de 100 millions provenant d’une banque d’émission, soumis à des réserves fractionnaires de 10 %, et qui créeraient ainsi des « fonds de crédit » de 900 millions.]

En additionnant les crédits accordés en chaîne on arrive dès la troisième étape à un montant de 244 millions. En continuant ainsi la série infinie où les valeurs diminuent d’étape en étape, effectivement on arrive arithmétiquement à une somme de 900 millions, soit neuf fois plus que l’apport initial de 100 millions.

Mais si l’on reprend les opérations, pas à pas, en laissant la théorie de côté, on constate :

1) que lors de chaque réutilisation du premier dépôt supposé de 100 millions, suite au crédit qu’il a permis d’accorder, il se produit à chaque fois un nouveau dépôt d’un client quelconque de la banque, dépôt qui, bien entendu, peut être de nouveau prêté ;

2) que l’enchaînement des octrois de crédits et des constitutions de réserves par les banques tel qu’il est décrit ne peut se faire qu’aussi longtemps qu’aucun des déposants ne dispose de son avoir en effectuant un retrait ou un virement ;

3) qu’en réalité, au fil du processus, on n’assiste nullement à un accroissement de la masse monétaire mise en circulation, de quelque manière que ce soit, mais toujours à une réutilisation, tandis que, à chaque étape, la masse monétaire réellement existante est inéluctablement le résultat de l’addition des réserves constituées jusque-là et du crédit accordé en dernier, et équivaut au montant initial de 100 millions ;

4) que non seulement il ne se produit pas d’accroissement de la masse monétaire mais, qu’en fait, en ce qui concerne la masse monétaire active et axée sur la demande, elle diminue même constamment, étant donné que sur les 100 millions initiaux, des montants de plus en plus élevés sont gelés dans les réserves des banques jusqu’à être totalement absorbés ;

5) que l’utilisation répétée de la monnaie, que ce soit pour procéder à des achats, la prêter ou en faire cadeau, n’accroît jamais sa masse mais uniquement les opérations d’achats, de prêts ou de dons ainsi effectués, qui, bien entendu, additionnées, donnent des montants de plus en plus élevés.

Les faits énumérés ci-dessus sont encore plus clairs lorsqu’on se représente cet enchaînement, non pas au niveau de banques, mais au niveau d’opérations commerciales, et qu’il s’agit non plus de prêts à répétition mais de ventes à répétition. Là aussi, on peut supposer que chaque commerçant met dix pourcent de sa recette de côté et qu’il dépense le reste directement ou indirectement dans un autre magasin pour faire des achats. Là encore, l’addition des opérations d’achat donnerait le même résultat que celles des opérations de crédit dans le cas de la « surmultiplication de la création monétaire ». Et pourtant personne n’irait prétendre que la masse monétaire a été multipliée par neuf ou que les commerçants ont créé 900 millions [ex nihilo].

Où est donc l’erreur de raisonnement de certains théoriciens ?

L’erreur de la théorie classique de la création monétaire réside dans le fait qu’on additionne des avoirs ou des crédits se reconstituant au fil du temps, ou des postes de crédit, aux montants reçus au départ et qu’on déduit de cette addition qu’il y a une création monétaire ou une création de crédit. En d’autres termes : cette théorie assimile l’utilisation multiple de l’argent à un accroissement, elle confond moyen de transport et opération de transport. Mais, pas plus que l’utilisation répétée de wagons ou de camions pour des transports n’entraîne un accroissement du nombre de wagons ou de camions, l’utilisation répétée d’argent pour des achats ou des prêts n’entraîne un accroissement de son montant.

L’erreur de raisonnement et d’interprétation des théoriciens de la création monétaire est sans aucun doute due en grande partie au fait que l’on continue à considérer les avoirs et les portefeuilles de crédit comme du numéraire. Or, en fait, il ne s’agit que de postes de comptabilisation qui documentent le montant des prêts d’argent et les obligations de remboursement qui en résultent, sans que ceux-ci fassent augmenter la masse monétaire en circulation. C’est pourquoi tous les regroupements de numéraires et de dépôts sous la rubrique « masse monétaire » sont si discutables. Ceci vaut surtout pour l’addition des M1 et M3.

Helmut Creutz, Le syndrome de la monnaie, Economica, Paris (2008) : 169-171.

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273 réponses à “Pourquoi il n’y a pas de « création monétaire » par les banques commerciales, par Helmut Creutz”

  1. Avatar de Sophie
    Sophie

    @Nadine

    Les billets de banque sont au passif de la Banque Centrale et comme à tout passif corresponds une créance à l’actif, cette créance est dans ce cas une dette (équivalente des billets de banque) des banques commerciales à la banque centrale. Mais vous avez vous même diminué une partie de votre dépot à vue – la dette de la banque envers vous – dans votre banque commerciale (votre compte est débité) pour obtenir ces billets.

  2. Avatar de antoine
    antoine

    mmm… c’est palpitant.
    J’adore.

    Savez vous pourquoi la scolastique médiévale interdisait le crédit ou le prêt à intérêt?
    – Ce fauteuil moelleux je vous le vends 300 euros.
    – Si vous me le prenez à crédit je vous le fais à 330 euros au final.
    Mais c’est bien le MEME fauteuil. Alors qu’est ce qui justifie la différence de prix?

    C’est… le TEMPS. Ce qui est monnayé ici, c’est le simple écoulement du temps. Après tout, vous auriez surement réussi à réunir les 300 euros AVANT la dernière échéance prévue pour le paiement des 330 euros.
    Or le TEMPS est pour les médiévaux chrétiens une pure libéralité de Dieu à l’égard des hommes. Lorsque je vends à crédit, je me permets de vendre quelque chose qui m’a été DONNE, et encore pas par n’importe Qui… Il s’agit donc:
    1/ d’un blasphème (revendez les cadeaux de vos proches à Noel pour le seul plaisir d’en tirer un bénéfice…) 2/ d’un viol de la Loi.
    Le temps n’appartient pas plus au vendeur qu’à l’acheteur (qu’ils soient d’accord ou pas ne change rien à l’affaire: le point étant que le temps n’appartient pas à tous mais à personne, il n’est pas une chose que chacun est libre d’exploiter à son avantage mais res nullius. Si les 30 euros devaient ensuite être partagé également entre tous les membres de la communauté, cela ne changerait rien à l’affaire sur le plan théologique, quoique la piste soit intéressante…) et c’est cette égalité devant l’écoulement du temps qui est pour ainsi dire « déviée » par le crédit.

    Amusant que nous en revenions à la question centrale du rapport de la communauté au temps lorsque nous discutons des conditions légitimes de la création de créances. A quoi sert une banque (quel est son intérêt pour la communauté?)? A quoi servent les créations de créance: quelles sont celles qui semblent nécessaires? Celles dont on peut se passer?

  3. Avatar de nadine
    nadine

    @Sophie
    Merci pour votre remarque interessante.
    Je ne pense pas en « monnaie-billet » , je raisonne toujours en monnaie banque centrale mais pour les exemples je parle de billets pour que ça soit plus imagé c’est tout et ça ne va pas plus loin.
    Pour le reste je vous réponds plus tard.
    A bientôt .

  4. Avatar de antoine
    antoine

    @ Nadine
    Merci pour vos interventions fort éclairantes je dois dire.

    Je veux juste préciser une chose.
    Quand DAV parle « d’argent-dette » c’est parce qu’il considère, dans une perspective anthropologique, que ces billets de 500 euros ont eux même été reçus en paiement d’une dette, c’est à dire en échange d’un service/bien, c’est à dire qu’il met l’accent sur le sens de l’institution même de la monnaie, AVANT ou plutôt EN DEHORS DE TOUT CONTRAT SOCIAL DETERMINE (le corollaire de sa position, c’est bien sûr qu’une communauté se dote des biens nécessaires à sa survie avant de se doter d’une monnaie, que la monnaie a de ce point de vue un caractère dérivé: la thèse est plausible comme le montre la possibilité même du troc).
    Sa définition a pour objectif de cerner l’essence de la monnaie en tant que telle, et n’a donc aucun rapport avec ce que telle ou telle communauté historique déterminée reconnaît ou pas comme susceptible de remplir cette fonction.

    De ce point de vue les créances comme les billets sont toujours fondamentalement de l’argent-dette. Ensuite une communauté politique particulière, disons les français, distinguent, à l’intérieur de la catégorie l’argent-dette (MONNAIE AU SENS philosophique-anthropologique) les créances (au sens juridique) et la monnaie (au sens juridique). Comprendre l’institution bancaire du point de vue juridico-légal, et comprendre l’institution bancaire du point de vue anthropologique sont deux choses parfaitement distinctes.

    Reste que si la distinction entre créance et monnaie (au sens juridico-legal) est vraie, et je vous fais confiance sur ce point (je précise que celle ci ne repose pas sur le fait que les deux ont des effets juridiques distincts mais que c’est bien plutôt le contraire, à savoir qu’elles ont des effets juridiques distincts parce que pour des raisons X Y et Z la communauté politique a estimé que l’interaction sociale dans chaque cas n’avait pas la même signification, et qu’elles devaient être dotées d’effets juridiques distincts), il semble que les institutions n’aient pas été conçues de manière à garantir le maintien de cette distinction (l’argent qui circule sur les comptes des banques rien ne vient préciser qu’il est une créance ou un simple dépôt). Et c’est LA le drame (ceci autorise les économistes à parler de création de créances, ou de création de « monnaie » mais pas au sens juridico-légal, bien sûr).

    En tout cas je commence à pouvoir hiérarchiser les différents niveaux conceptuels, et à pouvoir les associer avec les différentes problématiques associées à l’institution bancaire/financière. Merci à tous, et bien sûr à Paul.

  5. Avatar de Sophie
    Sophie

    Pour poursuivre la réflexion découlant de mes derniers messages, la monnaie est de toute façon une créance … et il n’y a aucune différence entre les deux si ce n’est que la monnaie (fiduciaire ou scripturale) est un type de créance particulier créé par une banque (commerciale ou centrale) mais que ce type particulier de créance ( qu’on appelle « monnaie » 😉 ) peut être utilisé par celui qui la détient en guise de moyen de paiement.

  6. Avatar de nadine
    nadine

    @sophie

    Quand vous affirmez que la monnaie fiduciaire est aussi une créance vous raisonnez, sans vouloir vous offenser, comme au siecle dernier ou la monnaie était étalonné sur l’or. Et là effectivement, l’etat avait une dette en or envers tout ceux qui détenaient sa monnaie.

    Aujourd’hui ce n’est plus le cas, c’est la raison pour laquelle on appelle cette monnaie, de la monnaie fiduciaire c’est à dire basé sur la confiance accordée à l’économie d’un pays.
    Pour ce qui est du bilan de la banque centrale celle ci se doit d’avoir des réserves en dollars, devises, or, titres ou que sais-je pour respecter des règles prudentielles en cas de fuite hors zone euros.

    Pour ce qui est du bilan en lui même je ne vois pas ou est le problème, la banque centrale fait sa comptabilité sur le même principe que les autres banques, la seule difference c’est qu’elle fait vraiment de la crèation monetaire ex nihilo !

  7. Avatar de Sophie
    Sophie

    @Nadine

    Je n’étais pas née lorsque la monnaie était encore adossée à l’or …

    Toutes les monnaies légales sont « fiduciaires » (même si on appelle fiduciaire les billets de banque – qu’il faudrait appeler plutôt « monnaie manuelle » – car pourquoi n’appelle t’on pas fiduciaire la monnaie scripturale centrale?) … si nous n’avions pas confiance en elles nous ne les accepterions pas.

    Les besoins en devises de la Banque Centrale n’ont rien a voir avec l’exemple que je donnais et l’or n’est plus qu’un matériau comme les autres, qui s’échange au même titre que l’étain, le nickel, l’uranium, etc, sur des marchés: mais il est vrai que la banque centrale en détient une certaine quantité dont la valeur varie suivant l’offre et la demande mondiale (ou la spéculation).

    La contrepartie des « billets de banque centrale » portés au passif de la Banque centrale, c’est les créances des banques commerciales (des titres par exemple) qu’elles transfèrent à la banque centrale (qui les mettra dans ses actifs, alors que la banque commerciale devra elle, porter ces montants en passifs) pour obtenir les billets, et ca n’a rien à voir avec les fuites de devises: là je crois que vous mélangez un peu tout.

    Il n’y a pas de création monétaire « littéralement » ex-nihilo … c’est une simple expression! La création monétaire (toute forme de monnaie) corresponds toujours à des contreparties , des créances (ce qui ne préjuge pas de la qualité de ces créances, bien sûr) faisant suite à une demande de crédit, ou des achats pour compte propre de la banque, ou pour des achats de devises.

  8. Avatar de Sophie
    Sophie

    Pour information, les réserves d’or de la BCE sont estimées à 10 milliards d’euros ( 18 millions d’onces) … on trouve ça sur le bilan annuel de la BCE ( http://www.ecb.int/pub/pdf/annrep/ar2007fr.pdf )

  9. Avatar de nadine
    nadine

    @Sylvie

    Vous dites: »pourquoi n’appelle t’on pas fiduciaire la monnaie scripturale centrale? »
    Je crois que c’est vous qui mélangez tout !!!

  10. Avatar de nadine
    nadine

    @Sophie
    Pardon pour l’erreur de prénom

    vous dites: »Il n’y a pas de création monétaire “littéralement” ex-nihilo … c’est une simple expression! La création monétaire (toute forme de monnaie) corresponds toujours à des contreparties , des créances . »

    Sauf quand on fait tourner la planche à billet comme sous la république de Weimar en 1923…mais c’est vrai vous n’etiez pas née.

  11. Avatar de phev
    phev

    http://www.econweekly.com/2008/04/feds-new-tools-i.html

    Les réponses à certaines questions sont exposées ici.

  12. Avatar de Sophie
    Sophie

    ”pourquoi n’appelle t’on pas fiduciaire la monnaie scripturale centrale?”

    C’était seulement pour faire remarquer qu’on appelle « fiduciaire » seulement une certaine forme de monnaie centrale (la monnaie manuelle, c’est-à-dire les billets et pièces), alors que si on a confiance (fidus) en ces billets, on devrait aussi avoir confiance dans la monnaie scripturale de la Banque Centrale et donc l’appeler également « fiduciaire » …

  13. Avatar de Brieuc Le Fèvre

    @Nadine,

    Sans vouloir vous offenser, je continue moi aussi à croire que la « monnaie fiduciaire » ou « monnaie banque centrale » est elle aussi une dette ex nihilo. Le porteur d’un billet en euros est porteur d’une créance contre la BCE. Cette créance est garantie… par l’établissement du cours forcé de l’euro fiduciaire! En effet, si un euro fiduciaire est capable de libérer un actif (pouvoir libératoire, l’actif revenant dès lors de jure au payeur), c’est tout simplement parce que le vendeur est obligé d’accepter cet euro comme paiement!

    Autrement dit, la BCE garantit sa dette envers vous en forçant les autres à l’accepter, et en vous assurant de mettre à votre disposition tout l’arsenal juridique et pénal nécessaire à établir votre bon droit! Ce qui n’empêche pas que, techniquement, l’euro fiduciaire est une créance.

    (aparté: il ne faut pas confondre cours légal, c’est à dire « autorisé par la Loi » et « cours forcé ». Tout euro, fiduciaire ou scriptural, a cours légal, voir le post de Sophie à propos du code monétaire et financier: « La monnaie de la France est l’Euro », puis suivent des distinctions entre fiduciaire et scriptural, etc. Par contre, seul l’euro fiduciaire à « cours forcé », c’est à dire qu’il ne peut être refusé comme paiement d’une dette, avec des limites toutefois, qui font que au-delà de certaines sommes, le paiement en euros fiduciaires est limité ou interdit, et c’est l’euro scriptural (chèque ou virement) qui a cours forcé! C’est certainement une disposition de nos codes pour simplifier les choses :-0 )

    Je rebondis aussi sur l’intervention de Rumbo, à savoir que, comme lui, je considère que le fait d’avoir établi que les banques ne créent pas une monnaie ayant cours légal et forcé, mais une dette ayant seulement cours légal, n’enlève rien au scandale que représente pour la société le fait que les banques privées aient seules le droit de multiplier ces créances, selon leur seul bon vouloir.

    Car, quand tout va mal comme en ce moment, le fait que ces créances n’aient pas cours forcé crée de profonds courants de défiance, avec les corollaires que nous observons aujourd’hui (crise du crédit, effondrement de la consommation, chômage).

    En outre, le fait que l’octroi de crédit ne se fasse qu’à la discrétion d’entités privées soumises à la loi du profit entraîne une terrible distorsion dans le champ des activités humaines: seules celles considérées comme rentables financièrement sont dotées des moyens pécuniaires de se développer. Or, l’activité humaine ne se résume pas à gagner du fric. Il y a aussi la solidarité familiale, de voisinage, le bénévolat, l’entretien de personnes à charges, l’éducation des plus jeunes, etc, etc.

    Donc, j’en conclus malgré tout qu’il y a bien un scandale dans le droit des banques privées à multiplier les créances, et, comme telles, les instruments de libération de la dette.

    Brieuc

  14. Avatar de Shiva
    Shiva

    Toute monnaie est périssable, les banques centrales ne créent pas un nouveau billet dès qu’on leur en ramène un trop usé, elle le détruisent point à la ligne.
    La monnaie scripturale de banques centrales est détruite par son remboursement, elle n’est utilisée que par les banques.

    Si l’on considère que la monnaie fiduciaire, périssable, utilisée par l’économie, est achetée par les banque commerciale selon le même processus que la formation du crédit, on voit que toute la monnaie utilisée par l’économie provient des banques commerciales et se fabrique de la même façon…

    La totalité de la monnaie en circulation dans l’économie provient des banques commerciales et est périssable.

  15. Avatar de bese
    bese

    @ Shiva

    « Toute monnaie est périssable, les banques centrales ne créent pas un nouveau billet dès qu’on leur en ramène un trop usé, elle le détruisent point à la ligne. »
    Vous avez des sources ? Qui ramène les billets usagés et qui détermine qu’ils sont usagés ? Si c’est les banques commerciales qui font tous ça, ça veut dire qu’elles peuvent détruire la monnaie ?? Ça peut faire débat cette destruction 🙂

  16. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Brieuc Le Fèvre dit : 11 décembre 2008 à 17:58

    «  »En outre, le fait que l’octroi de crédit ne se fasse qu’à la discrétion d’entités privées soumises à la loi du profit entraîne une terrible distorsion dans le champ des activités humaines: seules celles considérées comme rentables financièrement sont dotées des moyens pécuniaires de se développer. Or, l’activité humaine ne se résume pas à gagner du fric. Il y a aussi la solidarité familiale, de voisinage, le bénévolat, l’entretien de personnes à charges, l’éducation des plus jeunes, etc, etc. » »

    Tout à fait.

    L’activité pécuniaire, si elle a sa contrepartie de base DANS la production de l’espace économique où elle s’applique couvre alors toutes les activités qui comporte des charges, soit: «  »familiales, de voisinage, le bénévolat, l’entretien de personnes à charges, l’éducation des plus jeunes, etc, etc. » »

    La création monétaire par des entreprises privées (les banques commerciales) qui ne serait plus de l’argent-dette (et tout ce qui y correspond bien entendu, car certaines « querelles » sur des mots, plus que sur des faits, ont un caractère trop « byzantin »), si cette création était libérée de l’hypothèque des exigences des actionnaires des dites banques commerciales (celles-ci ne pratiquant alors le crédit qu’uniquement avec l’argent de leurs déposants et rien d’autre) car cette création monétaire refléterait uniquement la richesse produite par la société (dont chacun d’entre nous est un actionnaire qui ne le sait pas hélas) cela enverrait le système fiscal actuel aux orties et servirait directement aux dépenses collectives, au passage, l’on verrait immédiatement les dépenses qui ne sont pas justifiées, et ceci, sans déficit ni intérêts ou frais financiers à payer à personne, ni rien prendre dans la poche de personne.

    Voici un rappel qui devrait parler et résonner à un certain nombre d’interventions faite sur ce billet.

    Un extrait de l’auteur, l’architecte Jean-Gaston Bardet (auteur dont j’ai déja plusieurs fois déjà cité des extraits, mais ils sont fondamentaux selon moi et pas mal d’autres, car on retombe toujours dessus):
    (….)
    « Il y a donc deux financements possibles de caractères totalement opposés : l’un provenant de l’épargne, de l’argent en – SUPLÉMENT – et l’autre projeté – PAR ANTICIPATION -. Dans le premier cas, l’autorégulation doit venir de l’offre des capitaux existants, dans le second, de la demande en besoins primaires les plus certains.

    Ainsi le financement bancaire – mis en lumière – est tout indiqué pour la construction et l’équipement immobilier profitant à l’ensemble du pays. Là où il n’y a pas à craindre de surproduction, c’est vraiment la demande qui fixe l’émission. Ce sont les besoins en logements, en routes, en ponts, en hôpitaux, en écoles, en forêts, qui cette fois, deviennent les régulateurs de la monnaie scripturale anticipée, si dangereuse dans ses anticipations. Mais dans ce cas, seuls des – OFFICES RÉGIONAUX – et non une banque de crédit centralisée (1) – permettraient d’avoir la CONFIANCE du public. Comme là, il s’agit de prêt de consommation et non de production, il ne peut plus être question d’intérêts. La Région ne peut être usurière. Le mécanisme bancaire, EN TANT QUE MÉCANISME, est utilisé sans compromission avec l’usure, il possède son autorégulation organique : la connaissance de la communauté dans ses besoins propres. C’est le SEUL cas où posant le Bien au départ, nous le récoltons à l’arrivée.

    Lorsque s’ajoutent les méfaits du prêt à intérêt de taux scandaleux (ndlr, plus des frais financiers sans nombre et à tout propos), de la monnaie scripturale non freinée par les besoins et de l’hystérie de la production, on dévale en roue libre vers la destruction obligatoire.

    La ruine vient d’une part de la Dette nationale (ndlr, et toutes les autres dettes intérieures, municipales, etc, etc) et ses intrêts reportés sur le peuple par l’impôt qui n’est plus « juste », ne répondant pas à un service rendu. Aussi se pose la question : faut-il rendre à César ce qui est à Mammon? » »
    (….)

    (1) Dont les méfaits sont dénoncés par Robertson, op. cit, et le thomiste irlandais R. P. Denis Fahey in – Money manipulations and Social Order -, (éd. Browne and Nolan, Dublin. année non précisée)

    J. G. Bardet

  17. Avatar de nadine
    nadine

    @Brieuc Le Fèvre

    Toujours aussi bien écrit mais pas convaincue !
    Dommage.
    A bientôt

  18. Avatar de Francis le Canadien
    Francis le Canadien

    Bonjour,

    Je découvre le monde de la finance ces derniers jours grâce à un déclencheur: le film l’Argent dette de Paul Grignon.

    Merci à ce site et tous ses intervenants et bien d’autres qui font avancer ma compréhension du système monétaire qui est à la base d’une compréhension de la crise et de l’économie. Internet nous permet d’émerger en conscience!

    Je constate tout de même une distortion dans les compréhensions. La création ex nihilo de l’argent n’est pas assez bien expliqué dans ce film. Ok, on nous montre l’évolution de cette pratique, le principe de création. Mais on ne présente pas sa contre-partie dans sa juste réalité. L’argent est créé parce que l’on s’engage à le rembourser sur quelque chose qu’on met en garanti: une maison, un bien, un travail. Et on explique peu ou à peine qu’au fur et à mesure du remboursement, l’argent est détruit. Bref, en théorie l’argent est crée pour permettre une transaction qui peut s’échelonner sur de courte période de temps ou sur de très longue dans le cas d’une hypothèque de maison.

    Donc elle est crée de la garantie de remboursement, sur une confiance en votre capacité de rembourser et non du vide comme plusieurs le laisse croire. Bref, la limite de l’invention de l’Argent est toujours ce qu’on peut mettre en garanti, grosso modo la valeur des actifs du monde, des biens de valeurs peut être mis en garantie, ainsi que tout bien qui se crée dans une économie, une production qui continue où des gens travaillent. L’argent, c’est un peu le carburant de la production économique. D’ailleurs, c’est plus pratique, on paie des employés avec des valeurs mis en gage plutôt que de leur donner des parties physiques de l’actifs de la compagnie qui ne serait pas vraiment échangeable en micro-partie, car la valeur d’une installation c’est son ensemble et sa capacité de produire quelque chose. Autrement, le travailleur devrait attendre que le bien qu’il produit soit vendu avant d’avoir sa paye.

    Bref, monétiser permet une fluidité des échanges. Et il ne faudrait pas donc jeter le bébé avec l’eau du bain.

    Sans prendre parti, ce processus semble encadré par des lois. On a donné aux banques la gestion de cette création monétaire.

    On a inventé ce système qui a une certaine logique, il faut le reconnaître pour permettre à l’économie moderne de tourner. Cela a permis la modernisation accélérée autant que le pétrole en un sens.

    Évidemment, il y a la question de l’intérêt, qui lui doit être prélevé quelque part, qui est le tribu de la banque pour sa gestion et son risque. Oui, on peut s’interroger sur ce système d’intérêts composés qui a cours lors d’emprunts à très long terme. Quand on pense qu’on va payer quasiment le double de la valeur d’une maison en 25 ans de paiements, il y a de quoi se demander en quoi la gestion de la monnaie d’une transaction coûte si cher pour l’acheteur de cette maison, surtout de nos jours où de plus en plus cette gestion est informatisée, quasi automatique.

    Il est donc un peu là le scandale. L’argent qui est créé n’enlève rien à personne. Elle ne fait que permettre l’acquisition contre des paiements échelonnés. Et l’intérêt devrait en principe coûter surtout la valeur de la gestion de cette transaction. Mais force est d’admettre que le système est bien plus gourmand et en fait dans ce prix on paye pour un système qui va au-delà de notre action individuelle d’emprunteur. En fait, toutes les erreurs des banquiers qui vont avoir un volume de mauvaises créances dont elles deviennent responsables en bout de ligne. On paye pour les pertes aussi dans cet intérêt. Un débiteur qui ne rembourse pas crée un trou dans le fond bancaire.

    Bref, la création d’argent est un pari pour les banques. Le pari que l’on va rembourser. Si on se met tous à refuser de rembourser. Nos banques se retrouvent avec ces dettes. Voilà la contrepartie, n’en déplaise à bankster.tv dont j’ai lu le bouquin qui comporte beaucoup trop d’approximations pour être pris au sérieux.

    Si les banquiers créent ex nihilo de l’argent sans contre-partie, alors comment expliquer la situation de faillite de plusieurs d’entre elle qui nécessite en ce moment une intervention vigoureuse des États pour soutenir le système bancaire.

    Ce qu’on peut reprocher aux banques en ce moment, c’est qu’elle ont fait confiance sans prendre suffisamment la mesure du risque de très nombreux débiteurs. C’est son job, de contrôler cet aspect.

    Voilà longtemps que je me pose une question en Amérique. Ici, différente de la carte bancaire ou débit (nos dépôts), la carte de crédit s’est multipliée de façon délirante. Elle est un crédit pour achat sans contrôle à rembourser contre de fort intérêts 19% environ. Elle est devenue monnaie courante, depuis des années, on m’en a offert des masses. Si on rembourse notre achat avec la carte de crédit en dedans d’un mois, il n’y a pas de frais. Si on l’utilise bien, on nous double, triple, quadruple la marge de crédit, le plafond d’achats possibles. C’est si facile quand on a un job reconnu, bien payé, d’avoir au-delà de 30 000 dollars. Les groupes financiers se compétitionnent le marché sans se consulter. bref, on peut se retrouver avec pas mal de crédits sans se faire poser beaucoup de questions. Évidemment, ici tout le monde s’en sert et nombreux se font piéger à s’endetter à très fort taux pour maintenir leur niveau de vie (ou rester à niveau!).

    Ici, c’est fabuleux, comment depuis des années je vois les gens toujours rouler dans des bagnoles quasiment neuves ou récentes, la frénésie consommatrices est toujours entretenu par les pubs comme si l’argent poussait dans les arbres, alors que de toute évidence les jobs sont délocalisés, que les jobs nouveaux sont dans le service et peu payants ou dans la bulle informatique et de la téléphonie qui nous endettent tous depuis dix ans. Même ces jobs se délocalisent. Voilà 20 ans qu’année après année, au Québec, et ailleurs au Canada, on coupe dans les services sociaux progressivement, patiemment, avec astuce pour nous dégager un peu de l’impôt et nous encourager à la consommation. Tous, nous participons à la dilapidation des actifs de l’État pour garder notre pouvoir de dépenser. L’avidité entretenue pour des choses inutiles est aussi un moteur de la machine à repenser.

    J’avais bien remarqué que la récession qu’on aurait dû avoir en 2000-01 avait été contourné par un coup de baguette magique. ET j’avais la vague idée qu’on l’avait fait en créant davantage de dettes, en émettant du crédit à tout va.

    Ici, on nous répète que le consommateur n’est pas au rendez-vous des fêtes et c’est préoccupant, j’en conviens il n’achète plus assez pour faire tourner l’économie. Le consommateur serait prudent, serait frileux, bla bla bla. Le consommateur est arrivé au bout de son crédit. Il est endetté à ce point qu’il ne peut plus se permettre de trop bouger. Je prévoie une vague sans précédent de faillite personnelle en Amérique. Pour le moment, au Canada, nos banques tiendrait le coup, nos gouvernements se sont fabriqués une crise parlementaire pour reporter les décisions budgétaires à la fin janvier. Mais tout s’arrête partout dans une logique imperturbable de la machine enrayée.

    Et curieusement, je lisais ce matin l’analyse d’un anglais qu’on peut lire ce matin sur Contreinfo (désolé je ne peux prendre en ce moment la référence précise, leur serveur semble en difficulté). En Grande-Bretagne, on a fait la même chose qu’ici.

    Bref, le système s’écroule parce qu’on s’est tous illusionnés (banquiers, gouvernements, les travailleurs, on s’est tous laissé séduire par cette vie facile qui plaçait notre avenir en gage).

    Nous passerons tous à la caisse maintenant…

    Évidemment, ce système s’il nous pousse tous à la ruine, devra être repensé en profondeur. Le capitalisme a aussi à intégrer certaine réalité environnementale et éthique (Les droits de l’Homme). Tout cet assujettissement du monde croissant à une classe de possédants qui dans ce système auront le droit de récolter tous les actifs dévalués et les ressources pour des bouchées de pain.

    La souveraineté de l’ensemble des habitants de la planète aura à être discuté aussi.

    Enfin, cette crise qui s’annonce sans précédant en nous mettant en plein visage nos contradictions aura l’effet positif, il faut l’espérer d’amener l’humain à repenser son fonctionnement global. Évidemment, bien des acquis seront remis en cause… et de grands chaos sont prévisibles…

    On peut s’acharner à accuser les banquiers, mais en définitive le problème demeure l’appropriation des biens, des capacités de production, des richesses et des territoires de la planète par une minorité au travers d’un système dont les banques ne sont qu’une composante. Pour le moment, beaucoup d’Occidentaux en profitent encore bien confortable à papotter des pensées à l’écran. Le pékin, quasi esclave, qui bosse pour alimenter notre monde artificielle que nous payons à crédit, est bien en droit de s’attendre qu’on se mette à bosser réellement pour l’aider à améliorer sa vie…

    Espérons que le papottage sera créatif, le monde a bien besoin de bonnes idées!

  19. Avatar de Moi
    Moi

    @Francis le Canadien : je partage entièrement votre point de vue. Va falloir passer à la caisse, surtout aux USA. Et je ne vois pas comment ils pourront s’en sortir à moins de se serrer la ceinture et de réindustrialiser le pays au lieu de laisser les chinois produire à leur place. La relation USA-Chine est d’ailleurs fascinante, une véritable relation maître-esclave hégélienne.

  20. Avatar de Francis le Canadien
    Francis le Canadien

    @Moi:

    Au Canada, on redoute le contre-coup qui approche et déjà se dessine: 80% de notre marché d’exportation est américain. Beaucoup d’usines font des mises à pied massive en ce moment. Ma conjointe est française et je crois comprendre que le français moyen a une attitude beaucoup plus disciplinée face à l’argent. Ça permettra de certes mieux s’en sortir. La crise du crédits cependant paralyse les opérations partout et de plus en plus.

    Cependant, je crois que la crise du crédit cache l’autre problème structurelle celui-là de l’économie: les délocalisations. On ne parle pas de ce phénomène et pourtant.

    Le problème de la production locale ou ré-industrialisation est de compétitionner avec des entreprises orientales dont la main d’oeuvre ne coûte rien. Et ici, impossible de vivre vraiment à 2$ de salaire par jour par exemple! Maintenir nos niveaux de vie dans le contexte d’une délocalisation continue est une problématique qui me semble de loin plus importante que la réalité bancaire qui n’est que le fluide des échanges que contrôlent les banques en rendant disponible des crédits. Je crois que nous allons vers une implosion du niveau de vie en Occident et ici en particulier. On nous a fait croire qu’on rebondirait en étant plus technique, plus de pointe. Quand je vois Bombardier, une grosse boite d’ingénérie qui fait des avions au Mexique maintenant, je me demande ce qu’on pourra trouver pour nous occuper d’ici peu. Mon copain planche pour Général Electrique, encore pour le moment, dans la région de Montréal, sur des gazinières électriques de luxe et design pour le grattin richissime. Voilà la logique des marchés, je ne vois pas en quoi cela fait avancer la collectivité ni lui d’ailleurs qui voudrait bien travailler sur son prototype de voiture électrique qu’il a commencé il y a 5 ans.

    J’en viens à penser que la technologie (transport, téléphonie, informatique) permet maintenant cette mondialisation de la production et d’utiliser de plus en plus une main d’oeuvre plus docile motivé par une progression de son niveau de vie. Le taylorisme qui déménage pour une bouchée de pain. Voilà peut-être l’aspect dont on ne parle pas assez de cette crise. Si on a une crise financière, c’est qu’on a inventé par tous les moyens des façons de garder nos industries vivantes sans créer une contrepartie réelle dans les marchés d’exportation. On se fabrique, par exemple de belles maisons, qu’on a pas les moyens vraiment de s’offrir. Il a fallu inventer du crédit pour cela, s’aveugler pour ne pas voir qu’une économie nationale ne peut pas éternellement survivre si elle ne tire pas des richesses de son commerce extérieur tout en achetant à l’extérieur au meilleur prix. Si nos machines à faire de la richesse doivent partir ailleurs pour rester rentable, au final il n’y a plus de machine à faire de la richesse. Des grosses boites en informatique, en téléphonie se révèle en difficulté. Les 3 géants de l’automobile sont au bord de la faillite parce qu’il manque de liquidité! Des histoires pour nous endormir. Cette industrie se casse la figure devant une concurrence bien plus efficace qui a même le culot comme Toyota de venir ouvrir des usines au USA en ce moment de crise des GM, Chrysler et Ford en comateux en ce moment.

    On va leur donner des sous puisé dans la dette publique pour survivre encore un an ou deux avec un respirateur artificiel, la mort approche. Bref, qu’elle soit traditionnelle ou émergeante nos entreprises se cassent la gueule.

    Enfin, l’économie française n’a-t-elle pas ces mêmes défis… L’Europe échappe-t-elle a cette nécessaire ou désespéré spéculation… qui tente d’apporter une réponse à la délocalisation. Si votre marché interbancaire est paralysé, si le crédit n’est plus disponible à cause des abus de spéculation, des mauvaises créances, c’est qu’il doit bien y avoir un déficit commercial qu’on tente chez vous aussi de noyer par l’invention d’un crédit pour entretenir l’insoutenable.

    Enfin, on nous serine qu’il faut maintenir un marché mondial, une libéralisation des marchés, que le protectionnisme serait une erreur. Toujours est-il qu’une machine capitaliste mondiale est tellement complexe qu’elle échappe à l’entendement, je crois, à voir la plupart des économistes donner des avis émotifs et non logiques tellement à courte vue sur l’évolution de cette machine. De cette situation profitent les intérêts argentés du monde qui se sont toujours plus enrichis même au cours de ces dernières années. Ils continuent de faire des affaires, au Mexique ou en Chine, en Europe de l’est ou en Argentine!

    Finalement, le film de Paul Grignon, permet peut-être de détourner notre attention du vrai problème auquel personne n’a de solution: la délocalisation que permet la mondialisation!

  21. Avatar de barbe-toute-bleue
    barbe-toute-bleue

    @Francis le Canadien :
    La délocalisation permet d’accentuer la concentration du capital. Donc, à court terme, beaucoup y voient un intérêt bien personnel.
    A plus long terme, la machine est aveugle, et sans réelle cabine de pilotage, donc c’est le court terme de certains, qui aura décidé sur le long terme de l’ensemble, et l’inertie liée à ceci, va tailler à sa mesure la profondeur et la longueur de la crise.

    Pour la monnaie, j’ai peur qu’il n’y ait pas eu de Dieu pour prévoir un système à pourvoir justement le monde, même si les plus privilégiers dans la collecte tous azimuts de toutes les valeurs, y auraient eu intérêt. Le savent-ils ?
    On se retrouve dans un certain état, un peu par hasard, et ceux en position de rebricoler pour que la machine aille un peu plus loin, le font en fonction des catastrophes qui se sont présentées, et plutôt pour aller vers un avantage qu’ils peuvent s’imaginer.

    Aujourd’hui il y a du bricolage en perspective. D’où l’utilité des crises … pour les survivants, bien sûr.

    Philosophie de bar-tabac, exact ! … et cynique en plus… Pourtant ce fil est extrèmement intéressant et instructif grâce aux efforts de vous tous. A quand des réponses de réflexion collective, appliquées pour la collectivité.

  22. Avatar de Brieuc Le Fèvre

    @ tout le monde,

    de fait, après lecture des derniers post, il apparaît clairement que notre monde n’est pas capable de gérer le développement. Se réfugier derrière des dogmes pour s’en laver les mains est une politique de l’autruche. La main invisible est invisible… parce qu’elle n’existe pas.

    Le marché n’alloue pas les ressources au meilleur prix au meilleur endroit au meilleur moment. Il les alloue aux acteurs économiques qui ont en ce moment et en ce lieu le plus de fric pour les obtenir. Il suffit pour cela de voir les stocks alimentaires mondiaux partir dans des digesteurs pour être transformés en carburants pour les bagnoles des « riches » occidentaux (je mets « riches » entre guillemets, car nous sommes, vous l’aurez compris, surtout riches de nos dettes).

    Le système bancaire mondialisé crée de la monnaie de dette. Celle-ci est attribuée en premier lieu aux entreprises rentables. Celles-ci à leur tour investissent dans des productions qui seront susceptibles d’être achetées, donc du superflu pour les riches plutôt que du nécessaire pour les pauvres. Leur rentabilité est, dans un contexte de mondialisation, assurée par une féroce compétition, et une course au bas prix, et donc à la compression des masses salariales.

    C’est une spirale descendante qui force les acheteurs solvables à s’endetter pour consommer au delà de leur force productive. Cet endettement, par un miracle digne d’un chaudron de sorcière, se transforme en monnaie qui sert à financer des déficits productifs.

    Pendant ce temps, le climat pète les plombs, le Sud crève de faim, l’océan se vide et meurt de pollutions diverses, l’eau potable disparaît, etc.

    Le développement humain n’est synonyme ni de croissance, ni de libéralisation, ni de marché, mais de volonté politique et de liberté individuelle.

    La libre entreprise est un leurre quand la rentabilité financière est posée comme un a priori incontournable. Seule une révolution de l’économie, avec à la clé le financement d’entreprises sociétalement rentables, sera un facteur du développement.

    @Nadine: je suis désolé de ne pas vous avoir convaincue, mais je vous retourne le compliment 😉

  23. Avatar de antoine
    antoine

    « Pour la monnaie, j’ai peur qu’il n’y ait pas eu de Dieu pour prévoir un système à pourvoir justement le monde »
    Une foi interdit le crédit et l’usure, je crois qu’on ne craint plus grand chose non? Ce que dit la Loi, pour un musulman, de ce point de vue, est suffisant.

  24. Avatar de nadine
    nadine

    Monsieur Brieuc Le fèvre ce texte là ma convaincue.

    Pour finir mes interventions sur ce blog qui n’engage que moi cela va de soi je dirais que:

    La monnaie fiduciaire ou plus généralement la monnaie banque centrale : c’est l’argent !
    Le crédit c’est l’argent qu’on vous prête: c’est de la dette ! Ce n’est pas de la création monetaire !
    Les banques font de la création de dette et elles en ont tellement fait qu’il n’y a pas assez d’argent sur terre pour boucher le trou (Je rappelle que selon certaines sources à vérifier on parle de million de milliard de dollards dans la sphère virtuelle des produits dérivés).
    Cette bulle est le vrai « crime » des banques mais que voulez vous… miam miam les intérêts et commissions en tout genre !
    Pour sortir de la crise certains diront : s’ il n’y a pas assez d’argent y a cas le fabriquer puisque l’argent n’est plus étaloné sur l’or. Faisons tourner la planche à billet ! bref monétisons la dette: résultat c’est l’hyperinflation en perspective à l’echelle mondiale.
    D’autres diront au contraire que c’est aux états de s’endetter d’avantage en finançant de grands travaux pour injecter de l’argent dans le circuit et permettre ainsi de rembourser cette dette: à mon avis pas jouable, on doit trop.
    On a vraiment l’impression que c’est une fuite en avant vers l’inconnu !
    Je rajouterai pour les tenants de la création monetaire ex-nihilo par les banques privées, que cette erreur grossiere doit lourdement les handicaper pour la compréhension de la crise actuelle .
    Enfin un grand merci pour le blog de Paul Jorion l’un des rares experts à avoir prévu la crise ( Monsieur Jacques Attali l’a confirmé).
    Bonne continuation à tous

  25. Avatar de Moi
    Moi

    @nadine: « et permettre ainsi de rembourser cette dette: à mon avis pas jouable, on doit trop. »

    Qui doit trop? Les banques? D’autres?
    Et à qui doit-on trop?

  26. Avatar de bese
    bese

    @Shiva

    Dans le pdf, l’article 3 précise qu’il y a échange et non destruction des billets usagés :
    « Les BCN échangent, sur demande et en vertu des conditions
    énoncées au paragraphe 2, les billets en euros authentiques
    ayant cours légal qui sont mutilés ou endommagés »

    Pas de nouveau débat alors

  27. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    De mémoire :
    Le PIB du monde est de 50 000 milliards de dollars,
    la valeur ESTIMEE des produits dérviés & co est de 13 le PIB mondial, soit environ 650 000 milliards de dollars.
    Pour les CDS c’est 65 000 milliards de dollars.
    C’est un ordre de grandeur puisque on n’a pas de compte de tous ces échanges de gré à gré qui s’apparentent dans la pratique a de la monnaie privée (et dire que les échanges SEL et autres monnaies alternatives sont limités a quelques milliers d’euros !!! c’est du foutage de g… le !)

  28. Avatar de samedi
    samedi

    @ Francis le Canadien,

    je voulais vous adressez ce message à vous aussi.

  29. Avatar de nadine
    nadine

    @moi
    vous dites: »Qui doit trop? Les banques? D’autres?
    Et à qui doit-on trop? »
    Tout le monde doit à tout le monde et il n’y a pas l’argent

    Tentative d’explication la plus simple possible:
    Les dépots sont les dettes des banques avec lesquelles elles font les créances (les crédits) qui ces créances redeviennent des dettes envers les banques ( les crédits font les dépots) avec lesquelles elles refont des creances et ainsi de suite.Vous voyez que dans ce systeme il n’y a pas d’argent à proprement parlé à part quelques réserves obligatoires. C’est une bulle qui gonfle très vite même en y mettant des règles prudentielles à partir du moment ou il y a une demande de crédit. (La boucle fonctionne à l’envers quand on rembourse les credits.)
    Quand la bulle éclate c’est comme une bulle de savon il ne reste rien puisqu’il n’y avait pas d’argent derriere la seule chose qui puisse rester ce sont les reconnaissances de dette mais là après c’est le tribunal qui intervient !

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