J’ai écrit hier que cela me prendrait cinq ans de mettre au point une théorie de la monnaie qui me satisfasse. Je n’avais envisagé qu’un seul cas : celui où nous serions seuls, vous et moi, travaillant ensemble. Or, j’ai reçu du renfort, par courrier. Ute Höft me fait parvenir un exemplaire de Le syndrome de la monnaie de Helmut Creutz, originellement paru en 1993 et traduit de l’allemand par Economica en 2008.
Je vais pouvoir gagner du temps parce que l’auteur analyse de nombreux aspects de la monnaie auxquels je n’ai pas encore l’occasion de réfléchir, et que sur ceux dont j’ai débattu ici, nous disons lui et moi strictement la même chose.
Donc si mes explications pourquoi les banques commerciales ne créent pas de monnaie ex nihilo vous ont convaincu, vous n’apprendrez peut–être pas grand-chose en lisant les pages du livre que je reproduis ci-dessous (169 à 171) mais si vous croyez toujours à la création monétaire par les banques commerciales, un autre auteur réussira peut-être là où j’ai échoué jusqu’ici.
(Vous reconnaîtrez au passage dans le texte de Creutz mon « principe de conservation des quantités », mon explication des masses monétaires en termes de double emploi, ma « reconnaissance de dette », ainsi que la distinction que je fais entre flux monétaires et opérations comptables).
La « surmultiplication de la création monétaire »
La plupart des livres d’enseignement affirment que les possibilités de création monétaire des banques sont en principe illimitées. Elles ne sont restreintes que par des ratios d’encaisse ou de réserves bancaires qu’elles doivent maintenir auprès des banques centrales ou d’émission, soit de plein gré, soit parce qu’elles y sont obligées. Et cette relation entre le montant des réserves et l’accroissement monétaire est même calculée par les théoriciens de la surmultiplication de la création monétaire avec une grande exactitude mathématique. Si les réserves se montent en tout à 5 % du portefeuille des dépôts, les banques peuvent, à partir de chaque dépôt bancaire effectué créer un montant de crédit dix-neuf fois supérieur, neuf fois supérieur en cas de réserves de 10 % et quatre fois supérieur en cas de réserve de 20 %. Le résultat de la création monétaire est donc inversement proportionnel au montant des réserves retenues.
[Prenons l’exemple de 100 millions provenant d’une banque d’émission, soumis à des réserves fractionnaires de 10 %, et qui créeraient ainsi des « fonds de crédit » de 900 millions.]
En additionnant les crédits accordés en chaîne on arrive dès la troisième étape à un montant de 244 millions. En continuant ainsi la série infinie où les valeurs diminuent d’étape en étape, effectivement on arrive arithmétiquement à une somme de 900 millions, soit neuf fois plus que l’apport initial de 100 millions.
Mais si l’on reprend les opérations, pas à pas, en laissant la théorie de côté, on constate :
1) que lors de chaque réutilisation du premier dépôt supposé de 100 millions, suite au crédit qu’il a permis d’accorder, il se produit à chaque fois un nouveau dépôt d’un client quelconque de la banque, dépôt qui, bien entendu, peut être de nouveau prêté ;
2) que l’enchaînement des octrois de crédits et des constitutions de réserves par les banques tel qu’il est décrit ne peut se faire qu’aussi longtemps qu’aucun des déposants ne dispose de son avoir en effectuant un retrait ou un virement ;
3) qu’en réalité, au fil du processus, on n’assiste nullement à un accroissement de la masse monétaire mise en circulation, de quelque manière que ce soit, mais toujours à une réutilisation, tandis que, à chaque étape, la masse monétaire réellement existante est inéluctablement le résultat de l’addition des réserves constituées jusque-là et du crédit accordé en dernier, et équivaut au montant initial de 100 millions ;
4) que non seulement il ne se produit pas d’accroissement de la masse monétaire mais, qu’en fait, en ce qui concerne la masse monétaire active et axée sur la demande, elle diminue même constamment, étant donné que sur les 100 millions initiaux, des montants de plus en plus élevés sont gelés dans les réserves des banques jusqu’à être totalement absorbés ;
5) que l’utilisation répétée de la monnaie, que ce soit pour procéder à des achats, la prêter ou en faire cadeau, n’accroît jamais sa masse mais uniquement les opérations d’achats, de prêts ou de dons ainsi effectués, qui, bien entendu, additionnées, donnent des montants de plus en plus élevés.
Les faits énumérés ci-dessus sont encore plus clairs lorsqu’on se représente cet enchaînement, non pas au niveau de banques, mais au niveau d’opérations commerciales, et qu’il s’agit non plus de prêts à répétition mais de ventes à répétition. Là aussi, on peut supposer que chaque commerçant met dix pourcent de sa recette de côté et qu’il dépense le reste directement ou indirectement dans un autre magasin pour faire des achats. Là encore, l’addition des opérations d’achat donnerait le même résultat que celles des opérations de crédit dans le cas de la « surmultiplication de la création monétaire ». Et pourtant personne n’irait prétendre que la masse monétaire a été multipliée par neuf ou que les commerçants ont créé 900 millions [ex nihilo].
Où est donc l’erreur de raisonnement de certains théoriciens ?
L’erreur de la théorie classique de la création monétaire réside dans le fait qu’on additionne des avoirs ou des crédits se reconstituant au fil du temps, ou des postes de crédit, aux montants reçus au départ et qu’on déduit de cette addition qu’il y a une création monétaire ou une création de crédit. En d’autres termes : cette théorie assimile l’utilisation multiple de l’argent à un accroissement, elle confond moyen de transport et opération de transport. Mais, pas plus que l’utilisation répétée de wagons ou de camions pour des transports n’entraîne un accroissement du nombre de wagons ou de camions, l’utilisation répétée d’argent pour des achats ou des prêts n’entraîne un accroissement de son montant.
L’erreur de raisonnement et d’interprétation des théoriciens de la création monétaire est sans aucun doute due en grande partie au fait que l’on continue à considérer les avoirs et les portefeuilles de crédit comme du numéraire. Or, en fait, il ne s’agit que de postes de comptabilisation qui documentent le montant des prêts d’argent et les obligations de remboursement qui en résultent, sans que ceux-ci fassent augmenter la masse monétaire en circulation. C’est pourquoi tous les regroupements de numéraires et de dépôts sous la rubrique « masse monétaire » sont si discutables. Ceci vaut surtout pour l’addition des M1 et M3.
Helmut Creutz, Le syndrome de la monnaie, Economica, Paris (2008) : 169-171.
273 réponses à “Pourquoi il n’y a pas de « création monétaire » par les banques commerciales, par Helmut Creutz”
@ Dav
Créer des créances ex-nihilo…hum, dites simplement créer des créances ça suffira le « ex nihilo » n’est pas utile je pense.
@ Fred
Que les banques centrales ne contrôlent pas la quantité des crédits réalisés par les banques c’est possible. Mais la discution ne porte pas sur le contrôle mais sur la création monetaire par les banques privées.
Aprés tout la banque est une institution privée, si elle veut prendre des risques inconsidérés qui peut lui interdire sauf que comme les crédits ne sont que des créances, si la monnaie correspondante n’existe pas, tant que personne ne vient la réclamer ça va sinon c’est la sanction c’est à dire la faillite à moins d’un refinancement de celle ci pour éviter l’effet domino.
@ Nadine,
ce que vous appelez « cours légal », c’est ce que d’autres – AJH, Brieuc, … – appellent « cours forcé » (régime de ce qui ne peut, légalement, être refusé comme moyen de paiement).
Soit, tenons-nous en au droit. J’apporte 1000 € en billets et pièces à ma banque, et je demande qu’ils soient déposés sur mon compte courant. Tiens, au passage, où est mon compte courant, et où puis-je voir mes dépôts « à vue » ? Le surlendemain, une bonne partie de ce liquide n’est même plus ni dans l’agence ni dans une autre agence de cette banque (ni immobilisés à la BC). Avant hier, j’étais propriétaire de ce moyen de paiement ayant cours légal et forcé ; aujourd’hui je ne suis propriétaire que de promesses de paiement que me fait ma banque. Ma banque m’a-t-elle donc volé ? Quid de ma propriété, droit inaliénable ?
Où est-il écrit que ma banque a le droit de prêter ou confier cette monnaie à un tiers ? Que valent – je m’en tiens à votre propos – les engagements de tiers, banques, particuliers, entreprises, … de rembourser ma banque, donc moi ? Certainement pas assez pour garantir mon droit inaliénable. Et si la banque a – légalement – contracté un accord disant qu’une autre banque lui rendra tant, dont, implicitement, mon bien, à la date X, comment l’État peut-il tolérer que cette date soit plus tard qu’à la seconde où je déciderais de l’exiger ?
De qui se moquerait l’État (lui et sa constitution mise en conformité avec les traités de l’UE) lorsque la Banque de France indique, dans ses rapports, que le seul montant cumulé des dépôts à vue – ne parlons pas de l’encours des crédits – est de l’ordre de 5 fois supérieur à la masse monétaire qui, seule, serait « légale » ?
Bref, votre précision est instructive, mais elle ne démontre rien et ne change rien dans ce débat. La monnaie scripturale est légale, point. Illégitime, peut-être, mais c’est une autre affaire. D’ailleurs, personne n’a parlé, ici, de supprimer la monnaie scripturale, ni le système du crédit. Sinon vous, parce que votre propos, isolé, plaide pour cette solution…
@ Nadine, pour finir par deux autres exemple – on pourrait en piocher des dizaines.
La seule dette de l’État français se monte à environ 2 fois la masse monétaire qui existe en pièce et billets en euros. Au plan de la zone euro, la dette publique doit être de 10 fois au moins supérieure à cette masse de monnaie fiduciaire en circulation.
La seule dette cumulée de l’État et des agents privés étasuniens – hors dettes des banques domiciliées aux USA – se monte à quelque chose comme une année de capacité de production des humains de toute la planète. Ca doit faire dans les US$ 50 000 milliards.
Vu le mal – la quasi impossibilité – qu’auront ces États à rembourser leurs dettes publiques, vous imaginez ce qu’il en serait s’ils étaient obligés de n’utiliser que 1/15 environ de la monnaie légale – la monnaie ayant cours forcé -, c’est à dire à ne payer qu’en billets ? Pour rembourser les quelques 100 milliards par an qu’ils paient de service de la dette, les États de la zone euro devraient préalablement réunir, à ce seul effet, le quart de tous les billets et pièces euros en circulation. D’après l’exemple français du moins, ils devraient en payer trois fois plus, mais ils empruntent chaque année deux fois plus qu’ils ne remboursent…
Bref, les États font comme tout le monde, ils utilisent la monnaie légale – scripturale à 96% -, et même, ils spéculent…
@ Moi :
– Je n’ai jamais dit que les garanties sont au bilan (elles ne peuvent d’ailleurs, à mon avis, nullement apparaître dans un quelconque compte de la banque puisque la banque n’est pas propriétaire de ces garanties).
– J’ai dit que les contreparties sont au bilan, de l’autre côté de la monnaie. Et je le maintiens en étudiant la comptabilité des banques. Je suis en train de vous préparer une compilation de documents formels et assez incontestables sur ce point.
Ce qui a pu vous induire en erreur, c’est la liste des exemples de contreparties que j’ai cités pour montrer que la banque peut consentir à une nouvelle dette sur un DAV (créer de la monnaie) en échange de toutes sortes de contreparties : contre un engagement de rembourser pris par un emprunteur solvable OU la propriété d’un bien immobilier OU la propriété de tout ou partie d’une entreprise (actions), etc.
C’est donc un malentendu. J’ai dû mal m’exprimer, pardon.
– Par contre, quand vous dites : « Au passif, la banque met un emprunt (à une autre banque) qui couvre le prêt qu’elle vient de faire ou débite son compte créances », je ne comprends pas du tout la logique de votre écriture (qui ne correspond à aucun manuel de comptabilité bancaire en ma possession). Auriez-vous une référence ? Un livre, une citation ?
Paul ne m’en donne toujours pas ; je suis vraiment en manque de références pour accréditer votre thèse que ne vois défendre qu’ici.
Comment « un emprunt (à une autre banque) inscrit au passif » (?) peut-il équilibrer une dette (monnaie, sous forme de DAV), elle aussi au passif ?
Cette écriture n’est pas équilibrée, si tous les montants sont au passif (à droite du bilan).
Est-ce un malentendu ou une erreur (peut-être de ma part) ?
Étienne.
@ Nadine :
Je n’ai pas le temps d’appronfondir ce soir (il faut dormir de temps en temps quand même), mais je veux juste vous signaler que la distinction fiduciaire vs scripturale n’a pas de portée du point de vue économique : les deux monnaies sont des signes doté d’un pouvoir d’achat, transmissibles simplement (je sais, je radote, mais c’est le coeur du débat).
Franchement, quand on vous paie par chèque ou par virement, considérez-vous que ces sommes n’ont pas de cours légal et que cette monnaie scripturale n’est pas une vraie monnaie à vos yeux ? On invente ici des problèmes qui n’existent pas, des distinctions qui ne servent à rien (sauf peut-être à cacher –involontairement– la simplicité du mécanisme essentiel).
Cette distinction juridique relève, à mon sens, pour ce qui concerne notre débat à enjeu politique, d’une errance sans utilité.
Je ne vois pas ce que vous avez à gagner à montrer (contre tous les auteurs !) que la monnaie n’est pas créée par les banques. Je ne vois pas.
Le pouvoir d’achat nouveau créé par un crédit ne vous saute pas aux yeux ?
Comment l’appelez-vous si ce n’est pas monnaie ?
Et quel est l’intérêt de ne pas l’appeler monnaie ?
Quelle est votre définition du mot monnaie ?
Amicalement.
Étienne.
J ai déjà expliqué maint fois que, pour des raisons épistemologiques et normatives, le point de vue juridique n’était in fine d’ AUCUN recours.
Ce qu’on cherche c’est:
1/ ce qui se fait… et la grammaire juridique n’est certainement pas la plus indiquée pour ça.
2/ ce que l’on devrait faire… et c’est de ce point de vue politique et moral que le droit, éventuellement, pourra être dérivé.
C’est toujours intéressant de savoir ce que dit le droit à l’instant « t », mais ça ne va pas plus loin.
Ce qui est radicalement remis en question dans cette investigation sur la production d’avoirs/créances/monnaie/argent par les banques c’est, de manière ultime, à la fois la pertinence de la théorie comptable dans ce domaine et la pertinence des catégories même du droit. La justification des catégories juridiques n’est pas elle-même une question juridique, sauf à verser dans le pire positivisme juridique. Or c’est de cela que nous discutons.
Ceci dit, je commence à mieux cerner les différents enjeux derrière ces différentes conceptions de ce qu’est la monnaie.
– La monnaie est tout signe doté d’un pouvoir d’achat (conception morale, libérale je dirais, de la confiance).
– La monnaie, parmi tous les signes dotés d’un pouvoir d’achat, est seulement ce qui a cours légal (conception politique de la confiance).
– La monnaie est l’unité de compte d’une dette qui prend la forme d’une promesse en biens/services. Elle n’est rien à proprement parler (c’est un point de vue à la fois plus profond et plus complexe).
J’ai envie de dire:
Cela ne fait pas de différence, et cela fait une grande différence. Disons que cela nous oblige à nous concentrer sur les verbes d’action. Sur ce que FONT les agents.
On pourrait unir les deux points de vue du juriste et de l’économiste si demain l’Etat, par une loi votée au Parlement, donnait officiellement cours légal aux créances créées par les banques. La question resterait ouverte de savoir si les banques devraient avoir le droit de créer librement ces créances.
J’ai une question:
Admettons que demain tous les clients de la banque Tirelire décident de transférer leurs sous/créance jusqu’alors éparpillés sur différents comptes sur leur compte courant. Admettons qu’après demain la banque Tirelire fasse faillite.
Je suppose que les clients s’étonneraient de voir qu’ils ne disposent plus de l’argent placé sur ce compte courant. L’argent, même « virtuel », et justement parce-qu’il est virtuel et n’est qu’un signe associé à un pouvoir d’achat, DOIT TOUJOURS ETRE LA!
S’il n’y est plus, c’est que la banque les a mis dans sa poche et les a utilisé sans le consentement des déposants (c’est du vol).
De deux choses l’une:
Ou bien la banque n a effectivement pas le droit de faire travailler l’argent qui n’est pas explicitement investi par le client mais seulement déposé sur un compte (mission de type « coffre fort »), et celles qui s’y livrent doivent pouvoir être trainées devant les tribunaux (Est-ce vérifiable empiriquement en dehors d’une situation de faillite? La comptabilité des banques est-elle exigible par les déposants?).
Ou bien la banque a le droit de le faire et les clients sont stupides car ils n’ont pas compris qu’à chaque fois qu’ils « déposaient » leur argent durement gagné à la banque, ils se livraient en réalité à un prêt GRATUIT (voire même PAYANT pour eux: cf. les frais bancaires!), c’est à dire qu’ils prenaient un risque. celui de ne pas revoir leur mise. Pire que ça ils sont OBLIGES de prêter, car je ne crois pas recevoir mon salaire en monnaie scripturale.
Je comprend très bien pour ma part que cette question, loin d’être la plus simple comme l’écrit Nadine, soit un champ de mine pour la doctrine.
@ Antoine : 2ème solution, la Banque prête les dépôts des clients. Vous voulez le vérifier de manière empirique? Allez chez votre banquier et posez lui la question. Shiva a posté plus haut le lien Légifrance du texte de référence qui précise bien que tout ceci est parfaitement légal. Retournons la charge de la preuve : que ceux qui soutiennent que les banques ne prêtent pas les dépôts en apportent la preuve non pas par démonstration logique, mais de manière « empirique » comme ils le réclament de ceux qui soutiennent le contraire.
Pour info, il existe des comptes à vue rémunérés et gratuits. Le tout est de le savoir.
@ Etienne et les autres
La définition d’une monnaie ne peut être encadré que par des régles juridiques sinon devant les tribunaux comment fait on ? chacun fait n’importe quoi dans son coin ? Nos sociétés modernes ne peuvent pas exister si elles ne sont pas encadrées par le droit.
Certains veulent évacuer cette question juridique de la monnaie par ce que ça les dérange, ça remet en cause leur croyance qu’ils avaient transformé en certitude, mais cet angle de vue démontre de façon certaine qu’il n’y a pas de création monetaire ex nihilo.Toute notre société est batie sur le droit (le code des affaires, le code civil, le code fiscale, le code penal etc…). Chaque grosse entreprise à son service juridique car le droit en économie est fondamental.
Pour répondre à Etienne en essayant d’être le plus simple possible :
Quand on fait un paiement par chèque, on dit simplement au vendeur: je veux acheter votre marchandise mais je n’ai pas l’argent sur moi, il est chez mon banquier, vous pouvez aller le récupérer avec ce bout de papier que je vous donne (le chèque).
En réalité la vente n’est pas realisée juridiquement tant que le vendeur n’a pas remis le chèque à sa banque et que celle-ci est demandé le virement des fonds . Si les fonds n’exitent pas le vendeur vient récuper sa marchandise et chacun rentre chez soi… du moins dans le meilleur des cas.
Avec la monnaie fiduciaire la vente est réalisé de suite pendant l’acte de vente sur place, car c’est la seule qui est cours légal.
C’est la difference fondamentale entre la monnaie fiduciaire et la « pseudo monnaie scripturale » qui n’est pas de la monnaie mais une créance.
Vous dites: « les deux monnaies sont des signes doté d’un pouvoir d’achat, transmissibles simplement. »
FAUX :seule la monnaie fiduciaire à ce pouvoir d’achat transmissible simplement car elle a cours légale, la monnaie scripturale est une creance et n’a pas cours légal, elle est donc soumise au droit des obligations.
Un autre exemple pour finir: Si je veux acheter une marchandise je peux écrire, à la limite, sur un petit bout de papier signé par moi même:
« Vous pouvez venir récupérer votre argent d’un montant X chez moi demain matin j’ai pas confiance aux banques elles sont entrain de faire faillite. » Si je suis connu et respectable le commerçant acceptera mon bout de papier car il me fait confiance mais pour autant ce même bout de papier n’est pas le resultat d’une création monetaire c’est une créance contre moi donc une dette c’est tout, rien de plus.
Je me suis créé un pouvoir d’achat le temps que le commerçant vienne chez moi et constate que ce n’était que du bleuf et là instantanement je comprends que j’ai inventé du pouvoir d’achat qui n’existe pas. J’ai fait de la création de créance qui n’a aucune valeur en soi si elle ne correspond pas à de l’argent réel. Le pouvoir d’achat existe réellement quand le commerçant prend possession de son argent en monnaie fiduciaire.
La bulle du crédit et donc de la crise actuelle est une illustration de ce que j’écris avec toutes ces banques centrales qui injectent par millier de milliard de la monnaie banque centrale pour que le système ne s’écroule pas parce que derriere les créances des banques c’est à dire en fait les crédits il n’y avait que du vent !
Amicalement
@Nadine
les milliers de milliard de la monnaie banque centrale ne sont aussi que du vent, car ce sont aussi des créances.
@Nadine
Vous n’avez pas rebondi sur ma remarque.
Il semblerait que la loi (le cours légal) ne s’applique pas sur la monnaie, mais sur le support de la monnaie (le véhicule).
A ce titre, le véhicule pièces/billets possède un cours légal tandis que le véhicule chèques/virement n’en a pas.
Mais dans les deux cas, la monnaie en tant que telle n’est pas l’objet du droit.
Par ailleurs, le principe de pouvoir libératoire semble indiquer que la monnaie est toujours adossée à une créance quelle qu’elle soit.
Enfin, il me semble qu’il est utile de dire « créance ex nihilo » pour identifier le cas où les créances émises ne possèdent pas de contrepartie immédiate à l’instant où on les émet, quand bien même elles en possèdent (parfois) au moment où elles sont remboursées. Il s’agit ainsi de comprendre que la banque qui émet ses créances à tire larigot ne peut pas honorer à l’instant T toutes les dettes qu’elle a envers ses déposants. Et que la moindre des choses serait que les déposants aient conscience du niveau de risque pris par la banque qu’il choisisse.
OK. Merci Julien.
1/
Alors ceci signifie que si la banque fait faillite et que j’ai déposé le tout sur un compte à vue gratuit je suis sûr de récupérer ma mise en cas de faillite de la banque Tirelire, j’ai bon? Pas besoin d’acheter de l’or c’est sûr?
Sur la légalité: OK
Que ce oit légal est une chose, que ceci ne soit pas précisé dans le contrat que je signe avec la banque en est une autre. Un tel contrat ne peut qu’être frappé de nullité. Je m’en vais de ce pas attaquer mon banquier en espérant que les dommages et intérêts couvriront les sommes diverses et variées honteusement prélevés par ce dernier. Je peux exiger le remboursement intégral de ces sommes indues. Je peux aussi porter plainte pour abus de confiance. 😉
M’en vais regarder ce contrat de ce pas, moi (l’affaire est d’autant plus grave si je suis un musulman pratiquant qui refuse de cautionner une forme ou une autre d’institutionnalisation du crédit ou de l’usure, car alors cela revient à me vendre un sandwich non hallal pour un sandwich hallal).
2/
Reste le problème suivant (désolé de vous imposer cela mais je capte que dalle):
Moi et la Banque Tirelire pouvons en droit (de jure) en même temps utiliser la somme que j’ai prêté. Celle-ci a donc déjà été doublée, au sens où la quantité de « signes associés à un pouvoir d’achat » a été doublée.
Est ce à ceci qu’on objecte: « non, parce qu’en fait vous et la banque ne l’utilisez pas en même temps… »? La banque est juste tenue de vous payer aussi rapidement qu’il lui est possible de le faire.
a- la banque investit l’argent
b- la banque récupère les intérêts
c- la banque vous rend l’argent que vous lui avez prêté.
Admettons que le cycle complet prenne un dizième de seconde. Ca donne:
a- je reçois mon salaire X
b- je prête l’argent à la banque (que je le « dépose » sur mon compte). J’ai zero. sur mon compte. La banque a X.
c- un dixième de seconde plus tard j’ai récupéré X, la banque m’ayant remboursé. La banque n’a plus que les intérêts perçus sur X.
Effectivement il n’y aurait pas là de création de « créances » comme « signes potentiellement dotés d’un pouvoir d’achat » par les banques (à ce niveau là du moins) qui se contentent de capter l’intérêt (en échange d’un certain nombre de services). Le système fonctionne tant que nous faisons confiance à la banque pour faire des investissements judicieux et tant que nous nous faisons confiance les uns les autres pour rembourser les emprunts que nous avons contracté auprès d’elles.
La première des implications est qu’une banque qui s’effondre ne peut s effondrer que parce qu’elle a eu un comportement de prédation vis à vis des emprunteurs (quel est le taux d’intérêt juste?) ou parce-qu’elle a joué les prêts des « déposants » au LOTO en pariant par exemple sur la fluctuation des prix, ce qui n’est pas un « investissement productif ». Interdire les paris sur les prix et interdire les investissements non productifs (produits financiers divers et variés), est ce la même chose?
@Etienne: c’est vous qui dites : « LA MONNAIE CRÉÉE à l’occasion d’un crédit APPARAÎT bien sûr au bilan de la banque qui a prêté : AU PASSIF (à droite, du côté de ses dettes). »
En ce qui me concerne, je ne pense pas avoir dit que le prêt allait au passif. Lorsqu’une banque ouvre un crédit à un client, elle met ce crédit à l’actif. Et elle l’équilibre au passif soit par un emprunt équivalent, soit par un débit sur ses dépôts clients.
Bien que parti sur l’idée de la possibilité que Paul Jorion avait tort, j’ai bien dû me rendre à ses arguments et je vois de moins en moins où serait la possible création monétaire des banques. Pourquoi faudrait-il d’ailleurs renflouer les banques si elles créent de l’argent elles-mêmes? En réalité, une banque fait des bénéfices:
1) sur les commissions et frais pris sur chaque transaction sur laquelle elle sert d’intermédiaire.
2) en jouant sur les différents taux d’intérêt. Ainsi, elle vous prête de l’argent à un taux supérieur à celui qu’elle a obtenu sur l’emprunt qu’elle a fait ailleurs.
@Moi
« Lorsqu’une banque ouvre un crédit à un client, elle met ce crédit à l’actif » … erreur, c’est au passif (dans les Dépôts à vue) et c’est la créance qu’elle mets à l’actif.
@Nadine : « derriere les créances des banques c’est à dire en fait les crédits il n’y avait que du vent ! »
Oui, ou plutôt des promesses de remboursement de gens insolvables (personnes privées, banques, spéculateurs, etc).
Ceci dit, où est passé l’argent? Car si on renfloue les banques, c’est parce qu’il y a un trou et où est passé ce qu’il y avait dans le trou?
Il y a plusieurs candidats:
– ceux qui ont fait fortune dans le monde de la finance (salariés, actionnaires, etc)
– ceux qui ont fait fortune dans le monde de l’immobilier (promoteurs, entrepreneurs, agents, etc).
– le citoyen américain qui vit à crédit depuis longtemps.
Reste à voir qui payera la dette de l’état, c’est-à-dire qui rebouchera in fine le trou. Il faut déjà remarquer qu’une bonne partie des dettes s’est déjà répercutée sur les états du monde entier alors que l’argent du crédit était principalement aux USA (autrement dit, l’argent est remonté aux USA et ne redescendra sans doute plus auprès des créanciers étrangers).
@Sophie : oui, vous avez raison, j’ai dit crédit au lieu de créance. Mais cela ne change rien, la créance est à l’actif, la dette contractée auprès d’une autre banque ou des déposants est au passif. Pas de création monétaire.
@Moi
Alors comment appellez-vous l’inscription au passif du montant d’un prêt, équilibré par la créance de ce prêt à l’actif ?
@Sophie : de quoi parlez-vous? Du montant qui a été crédité sur le compte du client emprunteur? Cela ne fait pas partie du bilan de la banque mais du bilan du client (c’est une dette au passif du client). D’ailleurs ce compte sur lequel le client a reçu l’argent du prêt est peut-être dans une autre banque.
@Moi
Non, je parle bien du bilan d’une banque … les DAV (« la monnaie » des clients de la banque = les dépôts) sont au passif, les créances à l’actif.
Lorsqu’une banque accepte de faire un crédit à une entreprise ou un particulier elle porte simultanément sur ses comptes (de banque) le montant à son passif et la créance à son actif.
@ Sophie & Moi
Score : Sophie 1 versus Moi 0
@Sophie : les DAV sont portés au passif de la banque dès que vous déposez votre argent chez elle, elle n’attend pas de faire un prêt pour cela. Lorsque la banque fait un prêt, soit elle a suffisamment dans les DAV, soit elle emprunte à une autre banque. Autrement dit, lorsque vous déposez de l’argent en banque, vous leur faites un prêt. Charge à elle d’en faire ce qu’elle veut.
Ex: 2 clients viennent déposer chacun 100€, la banque met 200€ à son passif. Une entreprise vient demander un prêt de 300€ à la banque, la banque met 300€ à son actif et doit encore mettre 100€ à son passif (les DAV couvrent 200€ et elle doit encore trouver 100€ ailleurs, par exemple auprès d’une autre banque).
@Moi
Vous êtes dans l’erreur, mais libre à vous de le penser.
@moi
vous dites: »Ceci dit, où est passé l’argent? Car si on renfloue les banques, c’est parce qu’il y a un trou et où est passé ce qu’il y avait dans le trou? »
Ou est parti cette argent?
Nulle part ! il n’existe pas sinon ça ne serait pas du vent! D’ou dèflation
Mais attention si les banques centrales veulent renflouer tout ce que doivent les banques (à savoir peut être des millions de milliard en produit dérivé) tout ça risque de finir par de l’hyperinflation comme sous la république de weimar en allemagne en 1923 je crois.
Amicalement
Bonsoir,
Je crois qu’il manque, dans la plupart des analyses, le facteur temps…
En effet, comme je l’ai montré sur un autre fil, la banque qui « prête » de la monnaie obtenue on ne sait où (et cela seul est un problème, car si la monnaie centrale est elle-même une dette, tout est dette, mais ce n’est pas le sujet de mon intervention), la banque, donc, ne crée pas une « monnaie », si l’on accepte la définition que seule la monnaie centrale fiduciaire est une « monnaie ». Elle crée une créance (cela dit, je continue, comme Etienne, à croire que la confusion d’usage règne entre « monnaie » et « créance », les deux se mélangeant allègrement sur les comptes, et s’échangeant sans distinction aucune d’un compte à l’autre, avec la même valeur d’usage).
Cette créance sera effacée par le remboursement de l’emprunteur, dans le meilleur des cas. Mais plus tard. C’est là qu’intervient le facteur temps. Car entre le moment de sa création, et le moment de son remboursement (extinction), la créance aura circulé comme une monnaie, avec de facto exactement le même pouvoir libératoire (même si de jure, ce ne devrait pas être le cas).
C’est la persistance de la créance dans le temps qui est le facteur créateur de liquidité. Parce que, durant le temps qu’elle circule, la créance sera déposée sur divers comptes, et utilisée comme garantie pour créer d’autres crédits, qui eux-même perdureront un temps prédéfini, etc.
Si Maurice Allais préconise qu’il ne devrait pas être possible de couvrir des créances d’un terme donnée par des emprunts de terme plus court, il y a sûrement une raison, et cette raison, c’est le travail du temps, le déphasage entre créance et remboursement!
Ajoutez à cela l’intérêt sur les créances, et vous obtenez une belle spirale infernale! Et comme le dit Nadine, quand les acteurs s’aperçoivent qu’il y a seulement du vent derrière les créances (i.e. des emprunteurs insolvables, en créances dans d’autres banques ou en monnaie, peu importe), le système s’effondre.
A ce point, les BC peuvent seulement tenter de regonfler la baudruche en créant, ex nihilo, de la monnaie centrale à court terme, adossée à… à rien d’autre en fait que la confiance dans le fait que l’Etat sur lequel sont tirés les « bons du trésor » acceptera de les reprendre au terme de l’opération dite « de refinancement ».
Quand on vous le dit: « le temps, c’est de l’argent ». Voilà peut-être la vérité nue derrière cette phrase bateau. C’est le temps qui permet de multiplier les créances sans augmenter la monnaie centrale, ce qui permet de les utiliser un moment « comme une monnaie ». N’en déplaise à Nadine, je ne me cache pas derrière une illusion, mais c’est un fait: la plupart des actes libératoires en affaires sont le fait de créances échangées « comme une monnaie ». La créance a, peut-être à tort, peut-être illégitimement, mais elle a le même usage, le même pouvoir que la monnaie. Du moins quand tout va bien…
Brieuc
@Brieuc le fèvre
D’abord à tous je voudrais que vous m’excusiez pour les fautes d’orthographe mais j’ai horreur de me relire .
Monsieur Brieuc Le Fèvre je vous remercie pour votre honnêteté intellectuelle en reconnaisant que les banques privées ne créent pas la monnaie .
Vous dites : »La créance a, peut-être à tort, peut-être illégitimement, mais elle a le même usage, le même pouvoir que la monnaie. Du moins quand tout va bien… »
Mais le fait que tout va mal en ce moment démontre que la créance ne peut pas être assimilé à de la monnaie !
En tout les cas merci pour votre texte très bien écris et trés clair.
Dav dit :
9 décembre 2008 à 20:50
et
Brieuc Le Fèvre dit :
10 décembre 2008 à 19:07
Je crois que vous dites tous les deux la même chose, c’est bien ça?
Oui rumbo, je me retrouve tout à fait dans l’explication de Brieuc.
En effet, maintenant que nous avons déconstruit la part « d’illusion » qui se trouve dans l’analyse de Paul Grignon, et des théoriciens de la multiplication monétaire, il s’agit aussi de déconstruire la part d’illusion qui consiste à croire qu’il n’y a du coup aucun problème à ce que les banques commerciales créent du crédit à tour de bras, sous prétexte que ça ne crée pas vraiment de la monnaie.
Cette part d’illusion consiste à penser que, parce que ce n’est pas de la monnaie, personne ne considère qu’il s’agit de monnaie disponible. Et que l’accroissement de cette croyance conduit à générer un « effet fortune », qui lui a de grosses incidences sur la structure des prix.
En somme, il s’agirait de dire :
Ok, nous sommes d’accord, les banques commerciales ne créent pas de monnaie.
Et pourtant, quand le facteur temps s’accroit, que le nombre d’intermédiaires augmentent, et que la part de créances devient disproportionnée, tout se passe très exactement comme si, cela créait de la monnaie…
Nous en avons un cas d’école sous les yeux.
Ah et puis, il s’agirait aussi de poursuivre le raisonnement sur la nature de la monnaie pièces/billets émise par les banques centrales, parce que ça me semble procéder de mécanismes très exactement similaires, sauf erreur de ma part.
@sophie, @les autres
vous dites: »les milliers de milliard de la monnaie banque centrale ne sont aussi que du vent, car ce sont aussi des créances. »
FAUX car si le domaine d’utilisation de la monnaie fiduciaire (je parle de l’euro) reste dans la zone euro, votre billet de 50 euros par exemple n’est pas une dette de l’état . L’état ne vous doit RIEN contrairement à une créance. D’ailleur c’est la raison pour laquelle on l’appelle aussi de la monnaie permanente ou de l’argent au sens commun du terme.
La monnaie fiduciaire n’est pas une dette de l’Etat c’est simplement un moyen légalisé et garantie, accepté par tous, un contrat social si vous voulez, pour échanger des biens sans passer par le troc.
Imaginez une personne qui sonne à votre porte avec une valise de billet de 500 Euros et vous dit: je viens acheter votre maison, vous pouvez lui fermer la porte au nez car cet argent en vérité ne lui permet d’acheter que ce qu’on veut bien lui vendre.
Alors que si ce monsieur a une crèance contre vous (ou de l’argent dette pour reprendre un terme qui peut porter à confusion) il peut faire saisir votre maison contre votre volonté pour que la dette soit remboursé.
Donc la monnaie fiduciaire n’est pas une créance ou son image une dette.
Article L111-1 du code monétaire et financier
La monnaie de la France est l’euro. Un euro est divisé en cent centimes.
Il n’est pas fait du tout référence, avec l’utilisation du mot « monnaie », au « véhicule »… et le code sépare ensuite monnaie fiduciaire et monnaie scripturale
Partie législative
Livre Ier : La monnaie.
Titre II : La monnaie fiduciaire.
Titre III : Les instruments de la monnaie scripturale.
je crois que vous devriez arrêter de penser « monnaie = billets » … les nord américains font également la différence money / currency / deposits / si je ne me trompe pas