J’ai écrit hier que cela me prendrait cinq ans de mettre au point une théorie de la monnaie qui me satisfasse. Je n’avais envisagé qu’un seul cas : celui où nous serions seuls, vous et moi, travaillant ensemble. Or, j’ai reçu du renfort, par courrier. Ute Höft me fait parvenir un exemplaire de Le syndrome de la monnaie de Helmut Creutz, originellement paru en 1993 et traduit de l’allemand par Economica en 2008.
Je vais pouvoir gagner du temps parce que l’auteur analyse de nombreux aspects de la monnaie auxquels je n’ai pas encore l’occasion de réfléchir, et que sur ceux dont j’ai débattu ici, nous disons lui et moi strictement la même chose.
Donc si mes explications pourquoi les banques commerciales ne créent pas de monnaie ex nihilo vous ont convaincu, vous n’apprendrez peut–être pas grand-chose en lisant les pages du livre que je reproduis ci-dessous (169 à 171) mais si vous croyez toujours à la création monétaire par les banques commerciales, un autre auteur réussira peut-être là où j’ai échoué jusqu’ici.
(Vous reconnaîtrez au passage dans le texte de Creutz mon « principe de conservation des quantités », mon explication des masses monétaires en termes de double emploi, ma « reconnaissance de dette », ainsi que la distinction que je fais entre flux monétaires et opérations comptables).
La « surmultiplication de la création monétaire »
La plupart des livres d’enseignement affirment que les possibilités de création monétaire des banques sont en principe illimitées. Elles ne sont restreintes que par des ratios d’encaisse ou de réserves bancaires qu’elles doivent maintenir auprès des banques centrales ou d’émission, soit de plein gré, soit parce qu’elles y sont obligées. Et cette relation entre le montant des réserves et l’accroissement monétaire est même calculée par les théoriciens de la surmultiplication de la création monétaire avec une grande exactitude mathématique. Si les réserves se montent en tout à 5 % du portefeuille des dépôts, les banques peuvent, à partir de chaque dépôt bancaire effectué créer un montant de crédit dix-neuf fois supérieur, neuf fois supérieur en cas de réserves de 10 % et quatre fois supérieur en cas de réserve de 20 %. Le résultat de la création monétaire est donc inversement proportionnel au montant des réserves retenues.
[Prenons l’exemple de 100 millions provenant d’une banque d’émission, soumis à des réserves fractionnaires de 10 %, et qui créeraient ainsi des « fonds de crédit » de 900 millions.]
En additionnant les crédits accordés en chaîne on arrive dès la troisième étape à un montant de 244 millions. En continuant ainsi la série infinie où les valeurs diminuent d’étape en étape, effectivement on arrive arithmétiquement à une somme de 900 millions, soit neuf fois plus que l’apport initial de 100 millions.
Mais si l’on reprend les opérations, pas à pas, en laissant la théorie de côté, on constate :
1) que lors de chaque réutilisation du premier dépôt supposé de 100 millions, suite au crédit qu’il a permis d’accorder, il se produit à chaque fois un nouveau dépôt d’un client quelconque de la banque, dépôt qui, bien entendu, peut être de nouveau prêté ;
2) que l’enchaînement des octrois de crédits et des constitutions de réserves par les banques tel qu’il est décrit ne peut se faire qu’aussi longtemps qu’aucun des déposants ne dispose de son avoir en effectuant un retrait ou un virement ;
3) qu’en réalité, au fil du processus, on n’assiste nullement à un accroissement de la masse monétaire mise en circulation, de quelque manière que ce soit, mais toujours à une réutilisation, tandis que, à chaque étape, la masse monétaire réellement existante est inéluctablement le résultat de l’addition des réserves constituées jusque-là et du crédit accordé en dernier, et équivaut au montant initial de 100 millions ;
4) que non seulement il ne se produit pas d’accroissement de la masse monétaire mais, qu’en fait, en ce qui concerne la masse monétaire active et axée sur la demande, elle diminue même constamment, étant donné que sur les 100 millions initiaux, des montants de plus en plus élevés sont gelés dans les réserves des banques jusqu’à être totalement absorbés ;
5) que l’utilisation répétée de la monnaie, que ce soit pour procéder à des achats, la prêter ou en faire cadeau, n’accroît jamais sa masse mais uniquement les opérations d’achats, de prêts ou de dons ainsi effectués, qui, bien entendu, additionnées, donnent des montants de plus en plus élevés.
Les faits énumérés ci-dessus sont encore plus clairs lorsqu’on se représente cet enchaînement, non pas au niveau de banques, mais au niveau d’opérations commerciales, et qu’il s’agit non plus de prêts à répétition mais de ventes à répétition. Là aussi, on peut supposer que chaque commerçant met dix pourcent de sa recette de côté et qu’il dépense le reste directement ou indirectement dans un autre magasin pour faire des achats. Là encore, l’addition des opérations d’achat donnerait le même résultat que celles des opérations de crédit dans le cas de la « surmultiplication de la création monétaire ». Et pourtant personne n’irait prétendre que la masse monétaire a été multipliée par neuf ou que les commerçants ont créé 900 millions [ex nihilo].
Où est donc l’erreur de raisonnement de certains théoriciens ?
L’erreur de la théorie classique de la création monétaire réside dans le fait qu’on additionne des avoirs ou des crédits se reconstituant au fil du temps, ou des postes de crédit, aux montants reçus au départ et qu’on déduit de cette addition qu’il y a une création monétaire ou une création de crédit. En d’autres termes : cette théorie assimile l’utilisation multiple de l’argent à un accroissement, elle confond moyen de transport et opération de transport. Mais, pas plus que l’utilisation répétée de wagons ou de camions pour des transports n’entraîne un accroissement du nombre de wagons ou de camions, l’utilisation répétée d’argent pour des achats ou des prêts n’entraîne un accroissement de son montant.
L’erreur de raisonnement et d’interprétation des théoriciens de la création monétaire est sans aucun doute due en grande partie au fait que l’on continue à considérer les avoirs et les portefeuilles de crédit comme du numéraire. Or, en fait, il ne s’agit que de postes de comptabilisation qui documentent le montant des prêts d’argent et les obligations de remboursement qui en résultent, sans que ceux-ci fassent augmenter la masse monétaire en circulation. C’est pourquoi tous les regroupements de numéraires et de dépôts sous la rubrique « masse monétaire » sont si discutables. Ceci vaut surtout pour l’addition des M1 et M3.
Helmut Creutz, Le syndrome de la monnaie, Economica, Paris (2008) : 169-171.
273 réponses à “Pourquoi il n’y a pas de « création monétaire » par les banques commerciales, par Helmut Creutz”
Suffisamment convaincant.
Toutefois, pour moi, la difficulté réside dans la question suivante : qu’est-ce que cela change, concrètement, que la masse monétaire soit égale uniquement au numéraire en circulation et que les autres montants disponibles comme moyens de paiement ne soit que des re-circulations du même numéraire de base (du moins comme potentialité) OU que ces différents montants soient considérés comme une masse monétaire surnuméraire à la forme scripturale (théorie habituelle des masses jusqu’à M3) ?
Quel est fondamentalement l’enjeu de cette discussion ? (sur le plan juridique, économique, politique ?)
Il est très tard et je viens de lire d’un trait ce billet. Tanpis je pose la question qui me vient à l’instant. L’auteur ne semble pas intégrer la vitesse de circulation de la monnaie? Ce paramètre est pourtant présent et influe de diverse façons? Merci d’avance pour toute réponse
Bonne nuit pour ceux de ce fuseau horaire!
Au sens strict du terme, alors on pourrait dire qu’il n’y a création monétaire que quand les banques centrales font tourner la planche à billet alors ?
Toutes les confusions viendraient du fait que le système économique ne fait pas de différence majeure entre espèces et les autres moyens de paiement basés sur les comptes bancaires ?
D’un certain point de vue il peut sembler que le crédit finalement ne sert qu’à faire une avance sur des richesses futures à créer. On obtient un prêt, la banque fait quelques opérations comptables, nous avance ce qu’on compte bien recevoir plus tard et que nous rembourserons ensuite ? On prête parce que les emprunteurs paraissent crédibles, parce qu’on pense qu’ils ont les moyens de gagner cet argent dans le futur et ainsi rembourser l’avance faite, plus intérêts évidemment.
Rien n’est clair en économie décidément. C’est vrai qu’en même temps il n’est pas facile de concevoir la possibilité de prêter de l’argent qu’on ne possède même pas soi même mais que d’autres nous ont laissé à garder et faire fructifier, d’accorder des moyens de paiements démultipliés en fonction de l’argent qu’on a encaissé, et qu’on a encaissé de bien des manières différentes si bien qu’on ne sait même plus qu’elle est l’origine exacte et la nature de cet argent. Il y a de l’argent papier émis par les banques centrales, il y a des moyens de paiement très divers par chèque, carte de crédit, virement, etc. De l’argent qui n’a pas forcément la même durée de vie, et tout ceci se mélange inextricablement et indistinctement sur les comptes bancaires.
C’est le sens qu’on pourrait donner au proverbe l’argent n’a pas d’odeur ?
Tout ceci ressemble quand même à un vaste système pyramidal genre château de cartes.
Le monde est riche de dettes alors. Le système du crédit qui permet de multiplier les moyens de paiements, d’anticiper sur la création future de richesse ne fait que créer des dettes, des richesses assez potentielles qui n’attendent que de se réaliser ou non.
Quel dommage que le manque de connaissance approfondie embrouille tout comme en philosophie. Souvent on a les idées, mais pas les bons mots, le bon signe pour symboliser notre pensée effectivement. Mais l’idée est là.
Je suppose que c’est cela le crédit crunch, le fait que les différents acteurs économiques ne soient plus solvables, n’arrivent plus à rembourser ce qu’on leur avait prêté. Faute de confiance dans les différents acteurs, le cycle du crédit se tarit, on prête beaucoup moins, on se contente d’essayer de se faire rembourser ce qu’on a déjà prêté aux autres, ou alors de rembourser ce que les autres nous ont prêté, un engagement en appelant souvent des autres et nous y sommes tenus. Moins on peut tenir nos engagements de remboursement et moins les prêteurs seront disposé à prêter de nouveau.
J’en conclurais presque qu’il serait assez futile, dérisoire et dangereux même de vouloir résoudre les problème de crédit actuel en recourant à d’autres formes d’endettement comme celui que tentent les états ? Est-ce qu’on peut résoudre une crise du crédit en inondant le marché de crédit ? Est-il bon de résoudre les problème de dettes en créant d’autres dettes encore plus grandes qui ne feront que transférer le problème sur d’autres acteurs ou le différer dans le temps ?
Il va falloir qu’on parle sérieusement de cette question des dettes publiques et privées encore une fois. Cela devient un sujet de plus en plus récurrent partout. Et puis c’est intrinsèquement lié à la « création monétaire » non ? Banque commerciale et banques centrales, dettes privées et dettes publiques, argent papier et moyens de paiements. Où tout cela nous mène t’il avec le resserrement du crédit ? Ce n’est déjà pas si simple avec les banques commerciales, alors maintenant que des organismes comme la Fed compliquent la donne. J’avoue que je ne comprends rien mais absolument rien à la façon dont fonctionnent ces banques centrales et cette Fed en particulier. Un jour on va vraiment finir par perdre confiance dans l’intégrité de nos système financiers, la valeur et la stabilité de nos monnaies …
Merci d’avoir partagé ce texte pour ce qu’il étaye vos convictions.
Ca met fin, pour moi (mais j’avoue n’avoir fait que survoler, tant ça me paraissait ardu), à une impression de ‘spéculation’ sur la création monétaire que ce blog aurait été le premier à dénoncer.
Maintenant, je ne peux qu’espérer que vous continuerez à nous éclairer sur les divers mécanismes financiers, car je vous trouve passionnant.
et si ??? au préalable, on essayait de définir le terme de CREATION qui semble poser problème (en soi..?), et susciter des turbulences..
Approche constructive dans « le monde s’est-il créé tout seul ? » (xuan thuan, prigogine, jacquard, de rosnay, pelt, atlan) . Extrait : « Nous avons une créativité. Et les questions se posent par anticipation, par souci de l’avenir. Et automatiquement se posent aussi les questions de la mort et donc de la signification de la vie. Mais il faut nous faire à l’idée qu’à ces questions là aussi, la réponse est désormais totalement indéterminée » (Prigogine)
Bonjour,
Depuis le retour de Jean Bayard sur le post « Notre débat sur la monnaie : et si c’était à refaire ? » (http://www.pauljorion.com/blog/?p=1067) j’ai commencé à reprendre espoir…
Mais là c’est carrément l’euphorie ! L’extase ! And the winner is : Helmut Creutz ! Mais qu’on lui donne un prix Nobel, vite, n’importe lequel, mais un Nobel…qu’on puisse lui tirer dessus à boulets rouges à ce Helmut ! Et merci encore à toi Helmut car on a bien failli oublier le « ex nihilo » !
A propos de ex nihilo, un grand merci aussi à ghostdog pour le lien donné sur un autre post : http://carfree.free.fr/index.php/2008/02/02/lideologie-sociale-de-la-bagnole-1973/
André Gorz à qui je décernerais volontiers un prix, un vrai, en économie, pour l’apport de ce texte à la création ex nihilo…Sans parler d’écologie.
Et un grand merci à Monsieur Jorion pour ce blog si rafraîchissant !
PS : Au rythme où vont les choses, à votre place, je commencerais à les mettre de côté les mercis et les grands mercis, ou à les échanger…
ah..l’intérêt de la métaphore et du métalogue… je comprends mieux l’économie avec des wagons et des camions..
« erreur de raisonnement » donc…revenons à l’épistémologie et aux confusions de type logique ( encore Russell).. continuons donc à déconstruire avant de reconstruire.
Donc -oui : ne pas confondre moyen de transport (camion : substantif, forme) et opération de transport (transporter : verbe, processus; habituellement situé entre un sujet et un complément d’objet)
D’où en ce qui nous concerne confusion entre « utilisation multiple, répétée et accroissement ». On avance, mais continuons..
La métaphore transport me paraît riche et sa cartographie pertinente.. pour détecter les erreurs épistémo. Mais difficile de faire passer des mots et des flèches sur un blog.
Je vous propose un petit jeu: prendre un grand papier et différencier/relier : les produits transportés (argent liquide >citerne), messagers et destinataire, les réseaux, (routes et voies ferrées, swift), les gares et bases logistiques (euroclear, clearstream..), les tunnels.. les passages à niveau,
vitesse et accélération (m/s et m/s/s), les variations surface/volume (en éco je vois mal,mais il doit bien y avoir quelque-chose d’importantà ce niveau) …les péages, les contrôles (conservation des quantités !), les usines de production de nouveaux moyens de transport et de nouvelles marchandises et leur relation, etc… …et les voies de garage ! provisoires et définitives…
Un petit dessin plutôt que de longs discours… Si ce n’est ni « créatif », ni productif, mes excuses pour le temps perdu…Pour prochain rendez-vous, s’adresser au chef de gare…
–
Bonjour,
Dans wikipedia l’on trouve cette définition des aggrégats monétaires. Il est clairement stipulé par wikipedia que cette définition n’est pas finalisée.
Paul, à la lumière de ce que vous nous expliquez, pourriez vous nous en corriger les principales erreurs.
Que devrions nous donc comprendre de l’augmentation incensé de M1 aux US et Japon ces dernières décennies et sont envolées en ces années 2007 et 2008 aux US.
Merci,
Brehat.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_monétaire
Sommaire [masquer]
1 Composants de la masse monétaire
2 Impact des variations de la masse monétaire sur l’inflation
3 Régulation du niveau de la masse monétaire
4 Notes et références
5 Voir aussi
Composants de la masse monétaire [modifier]
Désolé lien précédent incomplet : http://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_monétaire
Les composantes de la masse monétaire sont des agrégats. Les agrégats monétaires sont des indicateurs statistiques regroupant dans des ensembles homogènes les moyens de paiement détenus par les agents d’un territoire donné. Il y a plusieurs niveaux d’agrégats statistiques dans la masse monétaire, selon le degré de liquidité.
M1 correspond aux billets, pièces et dépôts à vue.
M2 correspond à M1 plus les dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et les dépôts assortis d’un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois (comme, par exemple, pour la France, le livret jeune ou le CODEVI, le livret A et bleus, le compte d’épargne logement, le livret d’épargne populaire…)
M3 correspond à M2 plus les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires (IFM), et qui représentent des avoirs dont le degré de liquidité est élevé avec peu de risque de perte de capital en cas de liquidation (ex : OPCVM, certificat de dépôt.
M4 correspond à M3 plus les Bons du Trésor, les billets de trésorerie et les bons à moyen terme émis par les sociétés non financières.
Les billets et les pièces ne constituent qu’une fraction de la monnaie en circulation, la monnaie scripturale en représente maintenant plus de 90 %. Si la banque centrale produit la monnaie fiduciaire, les banques commerciales créent la monnaie scripturale en accordant des crédits sous l’égide des banques centrales. « Les crédits font les dépôts », selon un adage toutefois simplificateur.
Leduc @ 6 décembre 4h32 dit:
« Il va falloir qu’on parle sérieusement de cette question des dettes publiques et privées encore une fois. Cela devient un sujet de plus en plus récurrent partout »
En premier, bien potasser le livre de André-Jacques HOLBECQ et Philippe DERUDDER préfacé par Étienne CHOUARD
– La Dette Publique une affaire rentable – (éd. Yves Michel mai 2008)
et alors dit :
6 décembre 2008 à 10:19
J’avais pensé à ceci : Les banques: sont les gares « subordonnées » à la gare centrale de triage
Le sytème financier: ce sont les voies, les aiguillages, la circulation
La monnaie: ce sont les trains
Ces explications sont confuses et peu convaincantes.
Si les augmentations des masses monétaires ne sont pas issues des banques commerciales par la demande de crédit et leur capacité à les accorder, d’où viennent-elles ?
Oublions les termes ex-nihilo et scandale, les masses monétaires augmentent c’est un fait, quel est le mécanisme ?
Les explications d’un des commentateurs basées sur les monnaies fiduciaires bases et monnaies scripturales semblaient de bon sens et plus convaincantes.
Bru
L’opinion de Hayek (dans Prix et production) sur un certain nombre des questions que vous reprenez de post en post (qu’est-ce que la monnaie, y a-t-il conservation des quantités, le crédit fait-il partie de la monnaie, etc) :
But at this point we must take account of a new
difficulty which makes this concept of the total
quantity of the circulating medium somewhat vague,
and which makes the possibility of ever actually fixing
its magnitude highly questionable. There can be no
doubt that besides the regular types of the circulating
medium, such as coin, bank notes and bank deposits,
which are generally recognised to be money or currency,
and the quantity of which is regulated by some central
authority or can at least be imagined to be so regulated,
there exist still other forms of media of exchange which
occasionally or permanently do the service of money.
Now while for certain practical purposes we are
accustomed to distinguish these forms of media of
exchange from money proper as being mere substitutes
for money, it is clear that, ceteris paribus, any increase
or decrease of these money substitutes will have
exactly the same effects as an increase or decrease
of the quantity of money proper, and should therefore,
for the purposes of theoretical analysis, be counted as
money.
In particular, it is necessary to take account of
certain forms of credit not connected with banks which
help, as is commonly said, to economise money, or to do
the work for which, if they did not exist, money in the
narrower sense of the word would be required. The
criterion by which we may distinguish these circulat-
ing credits from other forms of credit which do not act
as substitutes for money is that they give to somebody
the means of purchasing goods without at the same time
diminishing the money spending power of somebody
else. This is most obviously the case when the creditor
receives a bill of exchange which he may pass on in
payment for other goods. It applies also to a number
of other forms of commercial credit, as, for example,
when book credit is simultaneously introduced in a
number of successive stages of production in the place
of cash payments, and so on. The characteristic
peculiarity of these forms of credit is that they spring
up without being subject to any central control, but
once they have come into existence their converti-
bility into other forms of money must be possible if
a collapse of credit is to be avoided. But it is important
not to overlook the fact that these forms of credits
owe their existence largely to the expectation that it
will be possible to exchange them at the banks against
other forms of money when necessary, and that, accord-
ingly, they might never come into existence if people
did not expect that the banks would in the future
extend credit against them. The existence of this
kind of demand for more money, too, is therefore no
proof that the quantity of the circulating medium
must fluctuate with the variations in the volume of
production. It is only a proof that once additional
money has come into existence in some form or other,
convertibility into other forms must be possible.
Before proceeding to investigate whether there
exist any genuine reasons which would make changes
in the amount of the circulation necessary in order to
keep money entirely neutral towards the economic
process (i.e., to prevent it from exercising any active
influence on the formation of prices), it is useful to ask
whether, under the circumstances just described, it is
at all conceivable that the quantity of the circulating
medium can be kept invariable, and by what means
a monetary authority could attain that end. I may
say at once that, in spite of the qualifications that
I shall introduce later, this question seems to me
not merely a question of theoretical interest, but also
a question the answer to which may prove very
important in the shaping of a more rational monetary
policy.
The credit system of a country has very often been
compared to an inverted pyramid, a simile which serves
very well for our purpose. The lowest part of the
pyramid corresponds of course to the cash basis of the
credit structure. The section immediately above to
central bank credit in its various forms, the next part
to the credits of commercial banks, and on these
finally is built the total of business credits outside the
banks. Now it is only in regard to the two lower
parts, cash and central bank credit, that an immediate
control can be exercised by the central monetary
authority. So far as the third part, the credits of the
commercial banks, are concerned, it is at least con-
ceivable that a similar control could be exercised.
But the uppermost section of the pyramid–private
credits–can be controlled only indirectly through
a change in the magnitude of their basis, i.e., in the
magnitude of bank credit. The essential thing is
that the proportion between the different parts of the
pyramid is not constant but variable, in other words
that the angle at the apex of the pyramid may change.
It is a well-known fact that, during a boom, the amount
of central bank credits erected upon a given cash basis
increases, and likewise the amount of credits of the
commercial banks based on a given amount of central
bank credit, and even the amount of private credits
based on a given amount of central bank credit. This
is certainly true on the continent of Europe, where the
possibility of rediscounting takes to a large extent the
place of actual cash reserves. So that, even if central
banks should succeed in keeping the basis of the credit
structure unchanged during an upward swing of a cycle,
there can be no doubt that the total quantity of the
circulating medium would none the less increase. To
prevent expansion, therefore, it would not be sufficient
if central banks, contrary to their present practice,
refrained from expanding their own credits. To com-
pensate for the change in the proportion between the
base furnished by the credit and the superstructure
erected upon it, it would be necessary for them
actually to contract credit proportionally. It is pro-
bably entirely Utopian to expect anything of that
kind from central banks so long as general opinion
still believes that it is the duty of central banks to
accommodate trade and to expand credit as the increas-
ing demands of trade require. Unfortunately, we are
very far from the more enlightened times when, as
John Fullarton complained, » the words * demand’
and ‘ legitimate demand ‘ could not even be mentioned
in Parliament in connection with this subject un-
accompanied by a sneer « .* None the less, I am
strongly convinced that, if we want to prevent the
periodic misdirections of production caused by addi-
tional credit, something very similar to the policy
outlined above, absurd as it may seem to those accus-
tomed to present-day practice, would be necessary.
I do not delude myself that, in the near future, there
will be any opportunity of experimenting with such
a policy. But this is no excuse for not following the
implications of our theoretical arguments right through
to their practical consequences. On the contrary,
it is highly important that we should become fully
conscious of the enormous difficulties of the problem
of the elimination of disturbing monetary influences,
difficulties which monetary reformers are always so
inclined to underrate. We are still very far from the
point when either our theoretical knowledge or the
education of the general public provide justification
for revolutionary reform or hope of carrying such
reforms to a successful conclusion.
L’avatar du Dollar n’est pas le Dollar, celui de l’Euro non plus, …etc…
Les avatars des monnaies ne sont pas les monnaies, mais alors où est la VRAIE monnaie?
Les démonstration est très claire, on ne peut ajouter la masse de la chenille à celle du papillon pour connaitre la masse globale du système. Pourtant le système dépôts/crédits me semble impliquer un accroissement de la masse monétaire, pour deux raisons. La première est contenue dans la démonstration de Helmut Creutz:
« que l’enchaînement des octrois de crédits et des constitutions de réserves par les banques tel qu’il est décrit ne peut se faire qu’aussi longtemps qu’aucun des déposants ne dispose de son avoir en effectuant un retrait ou un virement »
et
« que non seulement il ne se produit pas d’accroissement de la masse monétaire mais, qu’en fait, en ce qui concerne la masse monétaire active et axée sur la demande, elle diminue même constamment, étant donné que sur les 100 millions initiaux, des montants de plus en plus élevés sont gelés dans les réserves des banques jusqu’à être totalement absorbés »
Effectivement si le premier dépôt est retiré en totalité, pas de problème la banque le possède en garantie auprès de sa banque centrale. Mais si le deuxième dépôt est retiré, la banque sera obligé (il me semble ?) de l’emprunter à sa BC qui devra le créer « ex-nihilo » (on y revient !) au moins temporairement.
La deuxième cause de création monétaire liée au système dépôts/crédit se trouve dans la production du différentiel d’ intérêts entre dépôts et crédits, qui n’existent pas dans la démonstration de M. Creutz , mais qui existent bien « in fine » dans le bilan des établissements de crédit. Comment et par qui cette monnaie est-elle créée ?
Il me semble que la transposition:
« Là aussi, on peut supposer que chaque commerçant met dix pour cent de sa recette de côté et qu’il dépense le reste directement ou indirectement dans un autre magasin pour faire des achats. Là encore, l’addition des opérations d’achat donnerait le même résultat que celles des opérations de crédit dans le cas de la « surmultiplication de la création monétaire ». Et pourtant personne n’irait prétendre que la masse monétaire a été multipliée par neuf ou que les commerçants ont créé 900 millions [ex nihilo] »
N’est pas suffisante pour représenter le système dépôts/crédit au regard de la création monétaire…
« L’art ou la manière d’en tirer ce qu’on veut » (un titre pour un futur post)
Le site « officiel » de l’auteur du livre que vous citez est ici: http://www.helmut-creutz.de/
L’auteur soutien la Geldreform, http://www.geldreform.de/ (notamment les travaux de silvio gesell, travaux également repris par paul grignon sur son prochain film)
Voir en francais: http://userpage.fu-berlin.de/~roehrigw/french/
Ils pronent la monnaie franche (voir monnaie fondante)
Ute Höft (qui est derrière la traduction) comme Helmut Creutz arrive a la même conclusion:
« Notre argent est une invention fantastique mais tel qu’il est aujourd’hui il finit par détruire notre monde ».
Bonjour,
Merci pour cette référence très intéressante ; j’ai bien sûr commandé ce livre.
En voici un commentaire intéressant.
(Au passage, je viens de finir de scanner le livre de Gesell, un très vieux livre qui est littéralement passionnant.)
Aussi séduisant et intéressant qu’il soit par ailleurs, il me semble qu’Helmut Creutz (amateur passionné, comme nous, si j’ai bien compris) commet (lui aussi) une erreur.
________________
Nous devrions d’abord correctement DÉFINIR le mot MONNAIE, en terme simples.
Que pensez-vous de cette définition, pour commencer ?
Aujourd’hui, il semble que TOUS ces signes soient des RECONNAISSANCES DE DETTES :
– soit des dettes de l’État (billets et pièces),
– soit des dettes des banques (provision des DAV, dépôts à vue).
Des reconnaissances de dettes suffisamment FIABLES, émises par des débiteurs suffisamment indestructibles, pour inspirer CONFIANCE à tout le monde et servir de monnaie d’échange.
L’échange a lieu en faisant CIRCULER LE TITRE de la dette (titre éventuellement dématérialisé, peu importe), un peu comme on fait circuler une traite ou un chèque par endossement (sauf qu’il n’y a pas toujours besoin d’endos : pour la monnaie fiduciaire –billets et pièces–, on n’a pas besoin de signer au dos du titre pour céder la créance).
Les mécanismes de la circulation monétaire s’apparentent donc à la CESSION DE CRÉANCE.
_________________________
Si vous me le permettez, je vais décrire deux fois le même mécanisme, de façon comparable pour faire sentir le PARALLÈLE qui existe entre l’État créateur de monnaie-pouvoir-d’achatet les banques créatrices de monnaie-pouvoir-d’achat (dites-moi si je me trompe, s’il vous plaît) :
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Si Jean (avec les créditistes) a raison, il suffit aux hommes de produire la monnaie (fiduciaire et/ou scripturale) en proportion de ce que les producteurs sont capables de produire pour ne JAMAIS causer d’inflation, et créer l’ABONDANCE qui n’est une utopie que parce que nous nous imposons nous-mêmes une rareté non nécessaire.
Au contraire, le système de L’ARGENT DETTE ACTUEL crée et entretient UNE RARETÉ (non nécessaire) puisqu’il interdit à l’État de créer librement de la monnaie permanente, et puisque TOUTE MONNAIE NOUVELLE DOIT ÊTRE BIENTÔT DÉTRUITE (rareté de la monnaie qui, à l’évidence, ne profite qu’à quelques privilégiés qui en perçoivent le prix – le prix de l’argent, c’est l’intérêt– et qui, eux, et eux seuls, vivent dans l’abondance).
==============================
Donc, pour revenir au raisonnement de Helmut Creutz, je trouve qu’il ne prend pas en compte (il fait comme si n’existait pas) la création de POUVOIR D’ACHAT, indiscutablement observée quand la banque prête plus qu’elle ne possède.
Je trouve que la comparaison avec les moyens de transport ne tient pas : certes, la réutilisation d’un wagon plusieurs fois ne multiplie pas le nombre de wagons, évidemment ; certes, la réutilisation plusieurs fois de la même monnaie ne multiplie pas la monnaie : personne n’a jamais dit cela, que je sache : on parle là de la vitesse de CIRCULATION de la monnaie qui est un AUTRE SUJET.
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Enfin, si on a vu que les deux dettes se ressemblent (celle de l’État et celle des banques), il est important de souligner une différence de taille : on l’oublie (ou on fait semblant de l’oublier), si les dettes des banques doivent toutes être remboursées (les banques ne peuvent créer que de la monnaie temporaire), L’ÉTAT, LUI, PEUT FORT BIEN CRÉER DE LA DETTE QU’IL NE REMBOURSERA JAMAIS, de la monnaie PERMANENTE.
Il lui suffit de le décider. C’est une question POLITIQUE.
Ainsi, les 26 milliards que va engager la France pour relancer notre économie le seront à coup de dette publique, par de la monnaie temporaire et coûteuse, une monnaie qui se paiera cher, plus tard, avec nos privations, nos souffrances, nos impôts futurs, alors qu’on aurait aussi bien pu créer de la monnaie permanente et gratuite, sans endetter finalement qui que ce soit.
(Il aurait mieux valu penser également, d’ailleurs, à fermer un peu les frontières pour éviter que tout cet argent ne file vers les caisses délocalisées de concurrents déloyaux qui ne respectent ni les hommes ni la nature.)
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Mais décidément, chaque jour un peu plus, on se demande si les gouvernants du monde servent l’intérêt général ou des intérêts particuliers.
S’ils s’avérait que nos représentants se soient mis hors de notre contrôle pour ne plus servir que quelques acteurs influents, ce serait bien de notre faute de A à Z, nous qui nous préoccupons si peu de contrôler et punir les pouvoirs (toujours dangereux, par nature), tant il est vrai qu’il n’y a pas de mauvais pouvoir, il n’y a pas d’un côté des « gouvernants vicieux » et de l’autre des « gouvernés vertueux », il n’y a pas de complot des méchants puissants qui écraseraient leurs gentils sujets :
Quelques remarques à cette adresse ainsi que le chapitre 12 « LA « CRÉATION MONÉTAIRE » PAR LES BANQUES COMMERCIALES », du livre de Creutz.
J-P Voyer
Shiva dit : 6 décembre 2008 à 12:38
Je suis tout à fait d’accord avec son intervention.
Et sous réserve de mon défaut de compréhension rapide et suffisamment lucide, quelques interrogations.
De même, losque H. Creutz écrit:
Question->à 3) » (….)la masse monétaire réellement existante est inéluctablement le résultat de l’addition des réserves constituées jusque-là et du crédit accordé en dernier, et équivaut au montant initial de 100 millions »
Question->Ce: « …et du crédit accordé en dernier … signifierait une série constante de crédits divers? Donc, ici ce serait un « arrêt sur image » d’un mouvement?
Plus loin, lorsque H. C. écrit:
« (…) la masse monétaire active et axée sur la demande, elle diminue même constamment, étant donné que sur les 100 millions initiaux, des montants de plus en plus élevés sont gelés dans les réserves des banques jusqu’à être totalement absorbés »
Question->Ces: … montants de plus de plus élevés sont gelés….jusqu’à être totalement absorbés. Absorbés comment et par quoi? Cela paraît abscons.
Plus loin H. C. écrit:
« 5) que l’utilisation répétée de la monnaie, que ce soit pour procéder à des achats, la prêter ou en faire cadeau, n’accroît jamais sa masse mais uniquement les opérations d’achats, de prêts ou de dons ainsi effectués, qui, bien entendu, additionnées, donnent des montants de plus en plus élevés. »
Question->Il faudrait prendre en compte la vitesse de circulation de la monnaie? (de même d’ailleurs, plus haut à 3)
Plus loin H. C. écrit:
« Les faits énumérés ci-dessus sont encore plus clairs lorsqu’on se représente cet enchaînement, non pas au niveau de banques, mais au niveau d’opérations commerciales, et qu’il s’agit non plus de prêts à répétition mais de ventes à répétition. Là aussi, on peut supposer que chaque commerçant met dix pourcent de sa recette de côté et qu’il dépense le reste directement ou indirectement dans un autre magasin pour faire des achats. Là encore, l’addition des opérations d’achat donnerait le même résultat que celles des opérations de crédit dans le cas de la « surmultiplication de la création monétaire »
Question-> Là aussi, la vitesse de circulation doit-elle être prise en compte?
Enfin lorsque l’auteur parle de la confusion entre moyen de transport et opération de transport et du nombre de wagons et de camion, je sais que les exemple analogiques sont limités, mais l’ « explication », ici, est-elle dans le nombre de véhicules de transport ou dans ce qu’ils tranportent? Et toujours rien sur la quantification des mouvements de tout cet ensemble, à quelle vitesse s’effectuent ces mouvements?
D’autre part tout argent émis qui ne circule pas est, pour l’économie en général, comme s’il n’existait pas. C’est une certitude. ou alors, quelles explications?
« on n’assiste nullement à un accroissement de la masse monétaire mise en circulation, de quelque manière que ce soit, mais toujours à une réutilisation »…
Réutilisation en vertu de quel droit ?
On peut certes faire l’analyse du phénomène économique, mais Etienne CHOUARD a raison de rappeler que celui-ci s’inscrit dans un cadre légal…
L’ARGENT : Un révélateur d’un disfonctionnement humain ?
Par Gilbert Dubouch
Le terme « argent » est un terme moderne pour exprimer ce qui existe depuis l’aube de l’humanité à savoir, un moyen d’étalonner (une unité de mesure) les échanges, donc les communications, entre les hommes.
L’argent, un moyen
Il s’agit donc d’un médium utilisé pour se nourrir, pour échanger et pour créer ; il est, à ce titre, neutre, c’est-à-dire qu’il contient les 2 polarités fondamentales de la manifestation divine puisqu’il peut très bien être utilisé à bon ou à mauvais escient mais également à bon et à mauvais escient. Or, aujourd’hui comme hier, « l’argent » est l’objet de tous les phantasmes, de toutes les projections, de toutes les convoitises. Pourquoi un médium, dont l’existence n’a d’autre but que de fluidifier les relations humaines, a-t-il été chargé de (presque) tous les maux de l’humanité ? Pourquoi de neutre, « l’argent » est-il devenu sale, corrupteur, bénéfique, maléfique, objet de culpabilité voire de culpabilisation … ?
Une recherche de réponse pourrait nous mener à ce grand débat sur l’intérêt ou la plus-value recueillie sur des sommes possédées. La perception d’intérêt, de plus-values sur « l’argent » prêté ou placé serait la plus grande hérésie humaine car contraire au principe divin qui met à la disposition de tout humain Sa Création afin que celui-ci en jouisse comme bon lui semble mais en respectant l’harmonie collective. Il y a là deux erreurs d’appréciation : d’une part, parce que la Création divine n’est pas parfaite dans le sens achevée, elle est parfaite dans son fonctionnement, mais elle est en devenir comme IL l’est LUI-même. Tout est mouvement, évolution et chaque règne (minéral, végétal, animal, humain) a fourni une base d’évolution au règne suivant par « une plus-value » qui a permis l’évolution du minéral, au végétal, à l’animal et à l’humain. La plus-value est donc une création divine et l’humain essaie de la répliquer, maladroitement peut-être, à travers le principe de plus-value et d’intérêt sur le médium « argent » ; d’autre part, encore une fois, on cherche la source d’un mal-être hors de soi en fustigeant ceux qui s’enrichissent, et qui enrichissent les autres, au lieu de chercher en soi ce qui nous perturbe personnellement ( est-ce parce que nous ne sommes pas récipiendaires de ces plus-values ? ).
Une autre piste pourrait nous mener aux anathèmes lancés contre la « Finance internationale » et tous ses corollaires tels que : corruptions, asservissements, paupérisations, thrombose financière, influences néfastes … Et de proposer des contrôles, des taxes, des amendes, des protections etc. Mais question : qui sera récipiendaire des sommes recueillies ? Comment ces sommes seront-elles redistribuées ? Où iront-elles ? Qui sera le garant de la « moralité » de l’utilisation de ces sommes ? Quels seront les critères de répartition ? Et, surtout, qui sera le garant, du garant, du garant qui garantira la moralité et la juste redistribution ? Qu’est ce que la moralité et qu’est-ce qui est juste en ce domaine ? On s’aperçoit qu’il y a d’un côté, les perversions liées à la possession de sommes d’argent colossales par une poignées d’humains et de l’autre, une poignée d’humains également tentant de rétablir un « équilibre », en fonction de leur conception de l’équilibre. Là, de nouveau, le médium « argent » est chargé de toutes les responsabilités du sous-développement, de la corruption, de la paupérisation …
L’argent : un messager
Il n’est point utile de développer tous les comportements face à « l’argent ». En effet, cela équivaudrait à faire un listage de tous les méandres du psychisme humain. Parce qu’en réalité, « l’argent », en tant que médium relationnel entre les hommes, prend la couleur, l’odeur que nous voulons bien lui donner, chacun selon son histoire et son vécu. Ainsi que nombres de traditions spirituelles l’ont décrit, « l’argent » peut être comparé au sang circulant dans un corps humain. Le sang est un messager livrant les « informations et les colis » qui lui ont été confiés par tous les organes du corps, sans exception, là où cela doit être livré et jusqu’au plus petit bout de chair, chaque partie selon ses besoins. La perfection de la création divine réside dans ce type de fonctionnement, notamment. Le sang peut être comparé à une énergie irriguant parfaitement le corps : il doit en être de même de « l’argent ». Il devrait, dans l’idéal, irriguer, selon les besoins, chaque être humain composant l’humanité. Nous savons tous que ce schéma n’est pas encore en vigueur. Il commence, toutefois, à se mettre en pratique par le système des « micro crédits » créé par Mr YUNUS au Bangladesh grâce à la « Grameen bank » en 1981. Cette création des micro crédits fait constater qu’il y a une voie qui, elle, crée et apporte une réelle solution. Cette réalisation est sans « effet de manche », elle a été mise en place pour les plus humbles dans un pays qui était l’un des plus pauvres au monde. Actuellement, cette réalisation tente d’être adaptée dans des pays développés tels que la France. Ainsi, il est possible de synthétiser cette entreprise en disant que c’est par une analyse, sans concession, de l’état des besoins d’une population, des forces dont dispose le pays et de la responsabilisation de chacun face à l’utilisation des ressources mises à disposition, avec la volonté de concrétiser des solutions trouvées, qu’une répartition harmonieuse du médium « argent » pourra commencer à se mettre en place. Cela passera par une remise à plat de l’attitude de chacun face à « l’argent », toujours sans concession mais aussi sans jugement ni critique. Il est possible de constater que les comportements face au médium « argent » peuvent se résumer à deux attitudes :
* de possession
* de pouvoir
Ces deux attitudes ont une origine psychologique commune : le désir de posséder comme celui du pouvoir ont, comme substrat identique, le désir de reconnaissance que ce soit de la communauté familiale ou clanique, de la société, du conjoint etc.
« L’argent » n’est pas la cause de ce dysfonctionnement, il en est simplement un révélateur. Si tout un chacun parvenait à comprendre, à travers son utilisation, les rouages intimes qui président aux abus, aux excès en tout genre dont il fait l’objet, alors l’humanité entrerait dans un véritable « âge d’or ».
source : soleil-levant.org
Merci à Fred L. de nous donner l’occasion de relire l’un des textes fondateurs du « monétarisme », on y voit en particulier, qu’au lieu d’essayer de clarifier ce qu’on entend par monnaie, von Hayek propose de considérer comme « monnaie » tout ce qui peut s’échanger, ce qui ouvre la voie à ces définitions de « masse monétaire », de M1 à M4, qui permettent de compter les mêmes sommes d’argent de 2 à 5 fois.
Il ne s’agit peut–être pas d’introduire la confusion délibérément mais c’est bien à cela que l’on arrive : à un « Tout est dans tout et réciproquement » généralisé, où l’on considère à la fois le système monétaire comme fermé : « monnaie centrale », et comme ouvert : plus toutes les promesses de richesses à venir. La raison, il la donne à mots couverts : « Où le pouvoir doit-il s’exercer ? » D’où faut-il tirer les ficelles ? Et il donne la réponse : à partir des banques centrales.
Ceci dit, la manière dont il s’y prend est intéressante aussi : éliminons le public de ce genre de discussions, à qui il dit, « C’est si compliqué que vous n’y comprendrez jamais rien » (« the education of the general public ») autrement dit : « Circulez, y a rien à voir = Laissez les experts s’occuper de cette question », même s’il ajoute que l’expertise des experts n’est peut–être pas au point non plus (« our theoretical knowledge »). Quoi qu’il en soit, la conclusion est celle qui sied à l’un des plus formidables théoriciens du conservatisme : « Surtout ne touchons à rien = laissons le pouvoir à ceux qui l’ont déjà » : » We are still very far from the point when either our theoretical knowledge or the education of the general public provide justification for revolutionary reform or hope of carrying such reforms to a successful conclusion. »
Cette démonstration de Creutz et Jorion n’est pas conforme aux explications de la FED quand elle décrit comment les banques commerciales créent l’argent qu’elles prêtent…
http://www.truthsetsusfree.com/ModernMoneyMechanics.pdf (lire les pages 6 à 11 suffit)
Alors en qui avez-vous le plus confiance pour comprendre comment fonctionne le système bancaire sur les réserves fractionnaires ?
Moi j’ai largement confiance en la FED pour m’expliquer cela… Plus qu’en des personnes qui ne travaillent pas dans ce domaine !
La vérité est que personne ne perd son pouvoir d’achat !
D’ailleurs à chaque fois que vous dîtes que des gens risquent de perdre leur dépôt car il a été prêté vous employez toujours le conditionnel car il n’y a aucun exemple de ce type ! Tout simplement car le dépôt des uns n’est pas prêté aux autres !
@ Eminence Thénar
Pouvez-vous être plus spécifique ? Où se trouve la réfutation de ce que nous avançons dans ce gros document ? Un numéro de page par exemple ?
D’où tenez-vous que je « ne travaille pas dans ce domaine » ?
@ Eminence Thénar
Je viens de lire le texte entier, il dit exactement la même chose que Creutz et moi-même. D’où tenez-vous qu’il dise le contraire ?
Pardon, Paul, mais j’ai repris ce texte parce qu’il me semblait répondre à votre question – pour autant que je la perçoive 🙂
Hayek explique en creux pourquoi il retient une conception large de la monnaie : parce qu’il veut construire une théorie monétaire des cycles économiques et que, de ce point de vue, ses idées valent pour tout ce qu’il appelle monnaie et pas seulement pour M1. Sa thèse – qu’il reprend à Mises – est en gros que le fonctionnement du système de crédit contient en lui le germe des crises, puisque chaque crise débute par une abondance de crédit déformant les perspectives d’investissement. Cette abondance excessive pouvait être provoquée par la banque centrale (chemin que suivra le monétarisme mais en rajoutant l’hypothèse d’une monnaie externe, ce que Hayek ne croyait pas, en tout cas dans ce livre) ou par les banques commerciales. Keynes ne dira pas autre chose, sauf qu’il ira plus loin. Pour lui, ce n’est pas la création monétaire en soi qui est la cause des crises, il faut encore ajouter la spéculation; sans spéculation une abondance de crédit peut tout au contraire favoriser la croissance, analyse qui fonde depuis les politiques monétaires expansionnistes.
Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ces idées vous repoussent alors qu’elles sont les plus compatibles avec votre vision globale de la situation actuelle (pour autant que je me la représente), puisque ce sont les seules qui permettent de comprendre la crise actuelle (même si pour une analyse plus globale, il faudrait faire appel à Marx et aux post-keynésiens, puisque la déformation de la répartition du surplus au détriment des salaires est un facteur crucial). La définition de la monnaie n’est pas une question en soi, autrement cela devient de la scolastique; une définition dépend du problème que l’on considère; quel est le problème que vous considérez ? S’il s’agit de la création monétaire, alors oui, il vaut mieux définir largement la monnaie pour en comprendre l’impact sur le fonctionnement de l’économie.
La raison pour laquelle il n’est pas absurde de définir largement la monnaie, c’est que cela correspond à sa propriété la plus profonde en ce qu’elle permet une projection vers le futur, tant individuelle que globale. Aujourd’hui la monnaie n’est plus seulement un intermédiaire des échanges, elle est aussi ce qui permet au capitalisme de se projeter dans le futur et d’évaluer collectivement le monde, ce qu’on appelle traditionnellement sa fonction de réserve de valeur. Cette définition large de la monnaie est nécessaire pour comprendre l’impact de l’incertitude et le rôle de la spéculation dans nos économies, c’est tout l’apport de Keynes d’avoir soutenu cette conception large de la monnaie, tandis qu’au contraire les monétaristes nous ont rencentré sur la définition étroite de la monnaie comme base monétaire, ce qui nous a rendu de nouveau aveugles aux question de crédit, d’incertitude et de spéculation. En cela le monétarisme s’est fait l’allié des « rentiers » et des « capitalistes », qui ont à nouveau bénéficié de la spéculation (d’autant plus qu’on reprivatisait et dérégulait les banques) tandis que les gouvernements (puis les banques centrales) maintenaient l’austérité salariale et une faible inflation.
Si je comprends bien tout ce débat, la multiplication des opération de transport (pour reprendre l’analogie) n’est pas vraiment problématique statistiquement.
Il y a quand même cette ‘magie’, qui transforme une opération de transport utilisant un wagon en une deuxième opération de transport n’utilisant pas de wagon (intérêt sans valeur ajouté par exemple). Cela n’est pas possible dans le monde rationnel, un nouveau wagon est forcément créer pour rétablir l’équilibre.
Comme le rappelle Étienne, on ne manipule que des opérations de transport. Impossible de calculer les moyens et leurs évolutions à partir des opérations seules. Si scandale il y a, on ne le verra jamais. Peut être que quelqu’un est capable d’évaluer le % de wagon créer ‘ex-nihilo’ à partir d’une opération de transport. A moins que cette création n’existe pas non plus ?
Bonjour à tous.
A propos du ModernMoneyMechanics
En suivant les liens présenté dans d’autres posts de ce blog, je suis aussi tombé sur ce ModernMoneyMechanics il y a un ou deux jours. Car il est dit par Bankster que c’est sur ce document de la Fed que Paul Grignon s’est majoritairement basé pour faire son film. Un tel document est assurément très intéressant.
En ce qui concerne l’effet multiplicateur du crédit. Le document en question n’a de cesse de parler de création monétaire. Pourtant, et toujours en fonction des faits exposés par le document, la formulation de création monétaire quand il s’agit de la multiplication du crédit par réserves fractionnaires semble inapproprié. (voir le post de Paul). Il ne s’agit pas d’idéologie, de philosophie de la monnaie ou de quoi que ce soit de ce genre, mais seulement de faits. L’effet multiplicateur du crédit tel qu’il est décrit partout ou je l’ai vu expliqué, n’est pas de la création. Cette formulation est abusive.
En revanche, d’après ModernMoneyMechanics, il y a bien une création d’argent qui, pour le coup, surgit réellement de nulle part. C’est la création par les banques centrales. Et ce, d’une manière qui me semble des plus étranges : par l’achat de bons du trésor. Le document ne s’attarde malheureusement pas sur cette partie, qui me semble pourtant être la seule relatant une réelle création : Les banques centrales, quand elle veulent augmenter la masse monétaire en circulation le font en achetant des bons du trésors à partir d’argent nouveau. Et quand elle veulent la diminuer, elle vend ces même bons. L’achat se fait à partir d’argent nouveau, créé à partir de rien. Et l’argent récupéré de la vente est détruit. Pourquoi diable des bons du trésor ?
Je me pose alors une foule de questions :
1/ Est-ce le même fonctionnement pour la FED, la BCE et les autres banques centrale ?
2/ Si une banque commerciale achète un bon du trésor à l’état, peut-elle le faire en créant de l’argent complètement nouveau ? Ou cela est-il uniquement le privilège de la banque centrale ? (a priori, c’est juste le privilège des banques centrales, mais on ne sais jamais).
3/ Existe-t-il d’autres actifs ayant le même pouvoir de ‘création monétaire’ que les bons du trésors ?
4/ Sérieusement, si cet argent est réellement créé à partir de rien pour financer la dette de l’état, pourquoi diable l’état ne le créé-t-il pas lui même (à partir de rien : rien de plus facile 🙂 ) et sans avoir à payer d’intérêts ?
5/ Ce n’est pas vraiment une question : Ce processus de contrôle de la masse monétaire avec injection et retrait de dette du pays me paraît des plus douteux. Ce qu’on attend d’une dette, c’est qu’elle soit remboursée rapidement. Pas qu’on en fasse un actif financier duquel en en suce le maximum d’intérêt. Il me semble bien que c’est ainsi que les choses se passent aux états-unis, et pas seulement par rapport aux sub-primes, mais aussi par rapport aux T-Bond ? Pensez-vous que j’ai tord ? Savez-vous si les choses se passe différemment en Europe avec la BCE ?
Chère Eminence, écoutez donc le conseil de G. Bernard Shaw :
« laissons faire les fous, voyez où les sages nous ont menés… »
@ Fred L.
Je ne nie pas l’intérêt de ressusciter ces textes. Je me contente comme vous l’avez vu d’analyser le passage de von Hayek que vous citez. Je suis un fanatique de la clarté conceptuelle et je dis : « Voyez à qui l’opacité profite ! », à von Hayek et ses complices.
Sur von Hayek et Keynes. J’y ai déjà fait allusion : « On me dit, si von Hayek avait tort, c’est donc que Keynes avait raison, n’est-ce pas ? » Et je réponds : « Les économistes aimeraient bien que si l’un d’eux a tort, un autre d’entre eux ait nécessairement raison. Je n’exclus pas cette hypothèse mais il y a trop de choses en économie que tous ensemble (Marx et post-Keynésiens y compris) n’ont pas expliquées pour que je ne l’écarte pas a priori ».
Archimondain dit :
@ 6 décembre 2008 à 20:50
« »4/ Sérieusement, si cet argent est réellement créé à partir de rien pour financer la dette de l’état, pourquoi diable l’état ne le créé-t-il pas lui même (à partir de rien : rien de plus facile ) et sans avoir à payer d’intérêts ?
5/ Ce n’est pas vraiment une question : Ce processus de contrôle de la masse monétaire avec injection et retrait de dette du pays me paraît des plus douteux. Ce qu’on attend d’une dette, c’est qu’elle soit remboursée rapidement. Pas qu’on en fasse un actif financier duquel en en suce le maximum d’intérêt. Il me semble bien que c’est ainsi que les choses se passent aux états-unis, et pas seulement par rapport aux sub-primes, mais aussi par rapport aux T-Bond ? Pensez-vous que j’ai tord ? (….) » »
Mais Archimondain, tu as déduit exactement la vérité! Et ces « détails » cruciaux sont durs à faire passer tellement profond sont ancrés les réflexes des uns et des autres. Souvent il faut comprendre et « enquêter » en creux et par défaut. C’est le règne de l’implicite contre l’explicite.
Je remets par copié collé de ce que je transmettais dans: « Tout notre Débat sur la Monnaie »
Rumbo @ le 12 août 2008 à 9h44.
Voici:
– L’exemple des obligations est élucidant. Voici, en résumé et actualisé ce que disait en substance l’inventeur américain Thomas Edison. Si un pays peut émettre, par exemple, une obligation d’une valeur de 50 euros, le même pays peut très bien émettre un billet de 50 euros. Si l’obligation est bonne, pourquoi le billet (ou les chiffres comptables) de 50 euros ne le serait pas ?
La différence est criante, mais dissimulée sous toute une série d’ “écrans et de rideaux de fumée”.
La différence entre l’obligation et la monnaie (ici l’euro) est donc que l’obligation permet aux prêteurs d’argent de ramasser au bilan 2 fois le montant de l’obligation, plus quelques 20% additionnels, alors que l’argent mis en circulation ne paye que ceux qui contribuent à la production et à tout ce qui est utile à la vie ici-bas. Il est absurde de dire que notre pays peut émettre 500 millions en obligations, et pas 500 millions en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l’un engraisse les usuriers, et l’autre aiderait le peuple. Si l’argent émis par le gouvernement n’était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes non plus. C’est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour augmenter la richesse nationale, doit s’endetter et se soumettre à payer des intérêts ruineux à des groupes d’intérêts qui s’introduisent, indirectement mais ABSOLUMENT, dans les gouvernements eux-mêmes et font élaborer des “lois” pour assurer leurs seuls intérêts contre ceux de la société, laquelle qui n’y voit goutte et soupire d’impuissance.
(….)
De grâce, arrêtons d’insulter la providence, nous avons tous les moyen de concevoir un système d’argent dont l’étalon est la production. –
Je m’étonne que ma question soit restée totalement inaperçue :
Toutefois, pour moi, la difficulté réside dans la question suivante : qu’est-ce que cela change, concrètement, que la masse monétaire soit égale uniquement au numéraire en circulation et que les autres montants disponibles comme moyens de paiement ne soit que des re-circulations du même numéraire de base (du moins comme potentialité) OU que ces différents montants soient considérés comme une masse monétaire surnuméraire à la forme scripturale (théorie habituelle des masses jusqu’à M3) ?
Quel est fondamentalement l’enjeu de cette discussion ? (sur le plan juridique, économique, politique ?)