Si l’on veut éviter que l’histoire prenne ce tour terrible, il est temps de comprendre que tout cela trouve sa source dans le déséquilibre entre le marché et l’état de droit : il réduit la demande, la transfère sur la dette et crée des rentes financières majeures, légales, a-légales, illégales, voire criminelles. Parfaitement conscients des risques que le développement anarchique des marché fait alors courir au monde, les « initiés » font tout pour maximiser leurs profits, comme des voleurs se hâtant de rafler le plus possible d’or dans les coffres d’une banque, prenant tous les risques dans les dernières secondes d’un hold-up, juste avant l’arrivée de la police.
Il est temps de comprendre que les contribuables paient aujourd’hui les bonus des banquiers qui les ont plongés dans une pareille situation. Il est aussi temps de voir que cette crise peut représenter une chance pour le monde, ultime alerte sur tous les dangers d’une globalisation anarchique et gaspilleuse.
Jacques Attali, La crise, et après ? (Fayard 2008).
Je reviendrai plus longuement sur ce livre court mais percutant.
30 réponses à “Les frères Raptout”
Il est bien cet extrait, merci 🙂
Étienne.
non seulement « ils » ont raflé le plus possible d’or dans les coffres mais la » police » vient de leur en donner l’équivalent ;pourquoi s’arrêteraient « ils » donc en si bon chemin? qui oserait donc « les » dénoncer nominativement ?
Au lieu de cela nous avons droit à la « vision » de Jacques Attali qui substitue à l’antienne éculée « ….rien ne vaut une bonne guerre » celle de . »…rien ne vaut une bonne crise… » mais il sait de quoi il parle l’ancien dirigeant de la BIRD !
à Wall Street, la fanfare de Manahattan n’est pas prête à s’arrêter de jouer cette petite mélodie qui nous éloigne de plus en plus de la réalité de Main Street:
je ne sais pas si la musique est capable de modéliser un système mais il me semble que les notes et les mélodies de ce groupe de Seattle illustre assez bien ce qui ce passe actuellement aux USA; Death cab for Cuties, des visionnaires…
Depuis le temps que j’écoute les albums, je trouve qu’ils collent de plus en plus à la réalité.
Bonjour à tous,
Monsieur Jorion,pour une fois je ne partage pas votre avis. J. Attali. Il y a peu (en févier 2008), prévoyait (dans le journal Le Monde) un retour de la croissance pour 2009… Il n’a rien vu venir alors que vous nous expliquiez depuis longtemps ce qui nous attendait.Maintenant il nous sort un bouquin,trés habilement écrit, où on trouve ce que lecteurs veulent lire en ce moment.
Mr Attali est un homme aux multiples compétences, mais en matière d’économie c’est loin d’être un visionnaire. Bref, lisez plutôt sa biographie de Ghandi, si ce n’est déjà fait…
Au passage un grand merci pour ce blog et pour vos livres qui m’ont vraiment ouvert des horizons nouveaux, et ce n’est pas une simple formule de politesse.
Il faut sortir les houes et les livres sur la culture de la pomme de terre. Et arrêter de bavarder (étymologie : bave).
@ Lacrise
Je dirais plutot :
Bavardons encore un peu, en cultivant nos pommes de terre, tant que le prix réel de l’énergie nous en laisse le temps…c’est si bon de croire que l’on sait tant de choses…
Il est intéressant de lire aussi l’analyse de Frédéric Lordon dans son article du « Monde Diplomatique », intitulé « les disqualifiés » (dont J. Attali fait parti, même si c’est dans la version longue de l’article).
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/LORDON/16500
Disqualifier les gens c’ est exactement ce qu’ il ne faut pas faire.
C’ est reproduire le même schéma, et faire une autre erreur, sans s’ élever pour comprendre que le cadre (pour ou contre le libéralisme) est faux dans un cas comme dans l’ autre.
Au lieu de profiter de leur savoir sur leurs erreurs, sur ce qui les a trompés, sur ce qui les a poussés ( et d’ autres) a trop croire en un modèle, quand il fallait l’ évaluer, on les contraint a se murer dans la défense.
Que va t on nous vendre maintenant ?
On est mals.
A quoi sert il de faire du credit social, ou du credit machin, ou que sais je encore, si la voracité humaine reste la même ?
Ces systèmes seront détournés comme tous les autres qui les ont précédés.
On ne peut pas changer l’ homme par de simples décrets.
C’ est un processus long et difficile, la crise actuelle, fait partie de ce processus, et il y a des éléments positifs déjà, qui n’existaient pas autrefois…C’ est bien un endettement « massif et déraisonnable » qui est a l’ origine de la création de l’ outil de communication que nous utilisons tous les jours, comme la parole. Ces technologies étaient bien militaires au départ.
Je ne serais pas surpris que la crise actuelle marque la disparition de l’ argent, qui sera enfin remplacé par autre chose.
En attendant, on a l’ internet, les mails, les blogs: la communication quasi instantanée entre beaucoup d’ hommes…cela vaut bien une crise des bits de données dans les serveurs des banques.
Il ne tient qu’ à nous de faire que cela en reste là, et pour celà, il faut pas trop s’ énerver.
Qualification et disqualification. On a mainte fois entendu que si les états avaient renoncé à leur droit de frapper, créer la monnaie, l’argent, c’est parce que cela lui procurait un pouvoir trop immense, une source de corruption et d’abus. Un peu comme on a séparé les pouvoir en politique pour éviter toute forme de dictature, on a privé l’état de son droit de créer de l’argent parce que sans doute on estimait que les individus politiques n’auraient pas pu résister à la tentation de l’abus. On a donc donné ce droit à des organismes privé, des banques centrales « indépendantes », des financiers professionnels qui géreraient cela pour le mieux. Résultat, évidemment, c’est encore pire, les abus ont eu lieu et les financiers qui ne sont plus soumis à aucun contrôle ou presque, qui suivent quelques règles pour la forme profitent de dérégulation toujours plus grandes. Il y aurait sans doute beaucoup de chose à dire à ce sujet sur la FED qui est quand même la banque centrale privée des USA depuis très longtemps, qui fait à peu près tout ce qu’elle veut dans l’opacité la plus totale et qui est quand même la base même de l’autorité monétaire de la première puissance mondiale, et de la monnaie de change, de réserve, de paiement internationale.
Je crois qu’avant d’essayer de comprendre quoi que ce soit à la monnaie, je vais acheter un bon bouquin sur le fonctionnement, les règles, l’histoire de la réserve fédérale américaine, s’il en existe biensur.
Jacques Attali a raison mais quid de la nouvelle bulle en formation, la bulle des déficits et dépenses publiques? Quand on aura obtenu la « mère de toute les bulles » qui paiera? Va-ton vers des prélèvements de 80% des PIB? L’argentinisation est-elle notre avenir? Ou encore la brésilisation? Ce sont des possibilités à envisager, l’argentinisation pour l’Europe et la brésilisation pour les USA. Comment les éviter?
@ classes moyennes
et pourquoi pas plutôt l’islandisation pour l’Europe ?
Attali est un socialiste qui ne trouve aucun paradoxe à habiter neuilly, ville connue pour ne pas respecter le quota minimum de logements sociaux .Celà ne rend pas idiot pour autant, mais pour le moins, suspect.
Comme écrivain, Attali cible l’air du temps : éfficace pour doper les ventes.Son dernier livre arrive au moment où les gens se posent des questions sur la crise .Cependant , en ces temps difficiles , l’opinion publique commencera t’elle à se douter qu’un économiste qui ne voit rien venir est comparable à la vigie du titanic, ou préfera t »elle une fois encore l’emprise de l’image, la seule voix de ceux qui présentent bien ( ou en d’autres termes : « les grandes gueules ») ?.
Dans son livre « une brève histoire de l’avenir »(2006) , Attali prévoit une « fin de l’empire américain » , mais la voit lointaine … tout en approchant d’assez près la réalité de la crise actuelle , extrait :
» …les ménages américains devront vendre leurs logements donnés en garantie de leurs crédits,le prix de l’immobilier aux états-unis baissera massivement , la pyramide du crédit dont l’assise est la valeur des logements américains s’éffondrera.Les ménages endettés deviendront insolvables .Les compagnies d’assurances exigeront le paiement des primes. L’état fédéral sera incapble de venir au secour des plus faibles , étant lui même paralysé , à l’instar de tout le système financier américain.La production ralentira et le chômage atteindra des proportions jusque là inconnues.
La crise pourrait aussi venir plus directement de l’incapacité du système financier à conserver son épargne qui ira se placer de façon de plus en plus spéculative dans des fonds gérés sur internet à partir de paradis fiscaux.La rentabilité des capitaux ne pourra plus être maintenue par la hausse des valeurs d’actifs.La crise financière éclatera. »
(source p225-p226)
PS /Manque au minimum 1 million de logements en france, y’a 1 million de logements en trop en espagne ….ha ben tiens, on n’a qu’à echangé !
http://idata.over-blog.com/0/21/77/58//neuillygif.gif
@ Bob
Magique ces DCFC , une découverte.
@ tous
Mr Attali est un type remarquable et respectable.Un brillant esprit de synthèse .Les insultes gratuites n’honorent pas ceux qui les portent ni les lecteurs de ce blog.Oui à la critique constructive.Non à l’intolérance.
Pas étonnant que les frères Raptout soient pires que l’oncle Picsous! Qui est « bon enfant » à ses heures.
Je recommande la lecture du livre de jacques Attali: Sigmund Warburg un Homme d’Influence, publié vers 1985, que j’avais lu une dizaine d’années après sa parution par un livre empruté à une bibliothèque, c’est pour ça que j’ai oublié l’éditeur (google donnera tous les renseignements). Il y a là un récit de l’ « évolution » de la banque au XXème siècle qui en dit – très – long, à travers le prisme de J. Attali, entre autres sur des « mœurs » des plus grands banquiers, jusqu’à l’aide de ces derniers aux Bolchéviques, et une foule de faits, dont certains déterminants,initiés par S. Warburg, ce qui peuvent aider, à présent, à mieux comprendre l’ « aboutissement » actuel.
Vu l’activisme de l’auteur dans et auprès de nombre d’organisations mondialistes, c’est une plume de toute « sécurité ».
On peut trouver J. Attali intelligent, il n’est reste pas moins que c’est un opportuniste comme le détail fort bien Frédéric Lordon dans son article du MD où il critique fort justement l’auteur du rapport « Attali » justement qui ne prône rien de moins que la dérégulation comme la solution aux problèmes de la France. Dans le contexte qui s’est officiellement ouvert en juillet 2007 mais dont un fin analyste comme JA n’a pas pu manquer de sentir l’arrivée bien avant, il fallait oser. Aujourd’hui ce même JA n’a pas de mots assez dur contre la dérégulation financière qui « risque de nous plonger dans un nouveau conflit mondial ». Heureusement que « la peur » a fait réagir nos gouvernements qui n’ont pas commis les mêmes erreurs qu’en 1930 … mais « le danger n’est pas écarté » … non il ne l’est pas et ce que font nos dirigeants n’y change pas grand chose.
Je trouve un peu osé de sa part de dénoncer le nouvel âge d’or du capitalisme (par comparaison aux années 20, les « Golden Twenties ») après son occurrence et de ne pas voir en lui les causes premières de la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui … y aurait-il là des conflits d’intérêts entre sa « pensée » et son ambition « d’exister » aux yeux des pouvoirs : penser ou exister, il faut choisir.
Dans une émission récente, JA a bien montré les limites de sa pensée machiniste, enfermée dans la religion du progrès technique qui a enrôlé toute une génération, génération qui justement a profité au maximum de la manne de l’énergie pas chère :
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=464
mms://a988.v101995.c10199.e.vm.akamaistream.net/7/988/10199/3f97c7e6/ftvigrp.download.akamai.com//10199/horsgv/regions/siege/france3/cesoiroujamais/20081204_csoj.wmv
On ne s’en sortira pas tant que nos dirigeants penseront majoritairement la seule solution à nos problèmes repose dans l’amélioration du progrès technique, et que sans lui, nous sommes condamnés … car dans ce cas nous le sommes définitivement. Sans le pétrole et les autres énergies fossiles, toute l’ingéniosité de l’homme n’aurait pas permis le développement de ces deux derniers siècles. Le pétrole n’est pas une invention de l’Homme même s’il a su trouver le moyen de l’exploiter jusqu’à en devenir dépendant pour son alimentation.
@ Béber : on peut avoir de l’argent et être de gauche : Attali, Keynes ou Engels. On peut ne pas en avoir et être de droite : les ouvriers couillonnés en 2007 …
@Classes moyennes : la dette est un vrai problème mais c’est également un discours idéologique dont la véritable portée est de présenter comme inéluctable toute diminution des dépenses publiques. Comment y faire face : augmenter les impôts des plus riches dont les revenus, du patrimoine et du travail, ont cru bien au-delà des 10% par an.
@Tous : allez voir l’étude de Camille Landais sur la question des inégalités de revenus (école d’économie de Paris). C’est édifiant et cela va dans le sens de ce que dit JA.
@ Classe moyennes : pas d’argentinisation, ni d’islandisation qui impliquent une reaction à la crise d’une société homogène culturellement. Pour la France : bresilianisation , monter vos murs de deux mètres et poser y du barbelé.
Tout d’abord merci pour ton dernier livre et ce blog!
Concernant Jacques Attali, il peut faire toutes les analyses qu’il veut et publier tous les bouquins qu’il peut…
il n’empêche que cet homme était proche du gouvernement il y a déjà 20 ans et qu’il n’a rien fait pour faire évoluer la France
dans le bon sens…
JE VIENS DE LIRE LE DERNIER LIVRE DE JACQUES ATALLI.COMME D’HABITUDE L’ANALYSE EST PARFAITE MAIS LES SOLUTIONS SONT AU MIEUX IR
EALISTES.GOUVERNANCE MONDIALE ,TOUT LE MONDE COOPERR,TOUT LE MONDE EST GENTIL ET INTELLIGENT, LES HYPERS RICHES ACCEPTENT DE PARTAGER ETC..
RIEN SUR LA GLOBALISTION QUI TIRE LES REVENUS DES CLASSES MOYENNES OCCIDENTALES VERS LE BAS
FAIREDU PROTECTIONISME ENTRE PAYS DE NIVEAUX DE VIE EQUIVALLENTS EST UN NON SENS.
NE PAS EN FAIRE VIS A VIS DES PAYS DANS LESQUELS LES SALARIES SONT DES ESCLAVES C’EST UN DOGME QUI NOUS FERA EXPLOSER.
TOUT LE RESTE N’ EST QUE DU BAVARDAGE INTELLIGENT OU PAS.
La mutualisation de la dette revient à créditer les banques de fonds qui leur permettront de se gaver de bons du trésor.
Notés AAAAA comme le andouilles.
Pas de prêter.
L’Islande : un aperçu de l’avenir
L’Islande est confrontée à une catastrophe économique et sociale. Sa population de 300.000 personnes subit, plus qu’aucun autre pays avancé et de façon plus immédiate, l’impact de la crise financière mondiale.
C’est la raison pour laquelle ce qui est en train de se passer en Islande est un aperçu des évolutions qui vont inévitablement se produire dans des pays bien plus grands et sur la scène internationale.
Le système bancaire de l’Islande s’est effondré, plongeant l’économie toute entière dans un déclin qui va s’accélérant. En l’espace de sept jours au mois d’octobre, les trois principales banques du pays sont devenues insolvables et le gouvernement a été forcé d’intervenir pour les reprendre. Le gouvernement travailliste de Gordon Brown en Grande-Bretagne a eu recours aux lois anti-terroristes pour essayer de faire revenir de force les centaines de millions investis en Islande par des particuliers, des fonds de retraites d’entreprises, des municipalités, des associations caritatives et des forces de police. La plupart de ces investissements ne seront pas récupérés.
L’échelle colossale des pertes provient de ce que l’Islande a cherché à devenir un centre d’investissements spéculatifs internationaux, et ce en indexant les taux d’intérêt des banques à l’inflation qui dépassait les 15 pour cent. Les banques islandaises proposaient des taux d’intérêt souvent supérieurs de 50 pour cent aux taux disponibles ailleurs.
A leur apogée, les banques islandaises détenaient des avoirs étrangers équivalant à dix fois le produit intérieur brut (PIB) du pays, avec la majorité de ces investissements fondés sur des prêts internationaux. Cela représentait une énorme bulle spéculative reposant sur une pyramide de dettes non viables.
L’Islande est effectivement en faillite et incapable de rembourser ses dettes colossales. Les pertes subies par ses créditeurs étrangers sont estimées à plus de 40 milliards de dollars. Icesave, la banque en ligne de Landsbanki par exemple a attiré plus de 6,75 milliards de dollars d’investissements du Royaume Uni et 1,5 milliards des Pays-Bas. Ces deux pays exigent que ces sommes leur soient retournées, mais il s’agit d’une dette plus élevée que la totalité du PIB de l’Islande. Comme l’a fait remarquer Jon Danielsson, directeur d’études à la London School of Economics, « En comparaison, le montant total des réparations exigées de l’Allemagne à la fin de la Première guerre mondiale tournait autour de 85 pour cent de son PIB. »
L’Islande n’a évité le défaut de paiement que par l’obtention de 10 milliards de dollars d’aide financière. Un prêt de 2,1 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) lui a été accordé. C’est la première fois qu’un pays développé reçoit une telle aide, depuis la Grande-Bretagne en 1976. Cela va s’accompagner d’exigences de « programmes d’ajustements structurels » du type subi par de nombreux pays pauvres d’Afrique et d’Asie de façon à ce que les dettes mondiales puissent être « administrées ». De plus, La Suède, la Norvège, le Danemark et la Finlande ont prêté 2,5 milliards de dollars, ainsi que des prêts supplémentaires accordés par d’autres pays européens qui craignent l’impact d’un effondrement économique total.
L’économie est en train de s’effondrer. En termes de monnaie circulant dans le pays le PIB s’est contracté de 15 pour cent, mais du fait de l’effondrement de la valeur de la couronne islandaise cela représente 65 pour cent en euros. La monnaie islandaise est quasiment impossible à échanger internationalement. La valeur de la couronne a diminué de moitié et l’inflation atteint 17,1 pour cent et augmente de 1,74 pour cent chaque mois. Le prix des produits essentiels a grimpé encore plus vite, dont les prix de l’alimentation de 30 pour cent.
Chaque jour des entreprises mettent la clé sous la porte et des milliers de travailleurs sont licenciés. On pense qu’environ un tiers de la population a perdu la totalité ou la plus grande part de ses économies. La situation est si mauvaise que dans les sondages un tiers des sondés disent songer à émigrer. De nombreux jeunes, qualifiés, sont déjà partis.
C’est dans ce contexte qu’ont lieu les protestations politiques qui se tiennent régulièrement dans la capitale Reykjavik et qui sont dirigées contre le gouvernement de coalition du Parti de l’Indépendance et de l’Alliance sociale démocrate ainsi que contre le FMI.
L’inquiétude est palpable au sein des médias et des cercles dirigeants quant à l’avenir de l’Islande. Max Keiser a écrit dans le Huffington Post, « Qui aurait pu prévoir une révolution en Islande ? »
Il rapporte comment un peu plus tôt, « J’ai demandé au responsable de la recherche à la banque Kaupthing si lorsque la bulle de la dette mondiale exploserait, les gens pourraient “se soulever” avec colère comme ils l’avaient fait en France dans les années 1780. La question l’avait fait rire. Aujourd’hui les Islandais appellent à la révolution, au sens littéral. »
Le journal économique Fall Street.com pose lui aussi la question, « Qui aurait jamais imaginé que l’Islande serait quasiment dans une situation d’anarchie économique et de révolution ? »
Néanmoins, les craintes s’étendent bien au-delà du destin économique et politique de l’Islande. Danielsson insiste pour dire que, « Il est nécessaire que les dirigeants européens prennent de toute urgence des mesures pour empêcher que des choses similaires ne se produisent dans de petits pays ayant un secteur bancaire important. »
La Hongrie a déjà négocié un emprunt de 16 milliards de dollars auprès du FMI et de 8 milliards auprès de l’Union européenne, ce qui requiert des coupes budgétaires massives dans les services, les emplois et les retraites, et requiert aussi le gel des salaires des travailleurs et la perte de leur bonus annuel s’élevant à 8 pour cent de leur salaire. L’Ukraine s’est vu accorder un prêt de 16,5 milliards de dollars par le FMI et la Biélorussie, la Serbie, la Roumanie, la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie seraient activement à la recherche de prêts.
On prédit que l’Irlande va suivre le même parcours que l’Islande. All News Web Ireland déclare que « Il y a de fortes chances que l’Irlande soit le prochain pays d’Europe à subir une grosse dégringolade. “Le marché irlandais de l’immobilier est excessivement cher et le niveau des dettes ici crève le plafond : Les gens commencent à se rendre compte que les maisons ça ne se mange pas, et les investissements américains commencent à se tarir, la bulle va éclater” argumente Sean McCarthy, conseiller financier dans le secteur bancaire irlandais. “Quand la bulle de l’immobilier va vraiment se dégonfler ici et que la panique va prendre le dessus, alors que dieu vienne en aide à l’Irlande.” »
Le blog d’investissement Credit Writedowns fait remarquer que alors que « l’Irlande était le premier pays à proposer des garanties à tous ses déposants, » le « pays a un secteur financier colossal qu’il n’est pas possible au gouvernement irlandais de garantir ». De ce fait, « Il reste à voir s’il existe un courant souterrain de panique quant à la fragilité du système bancaire irlandais qui pourrait conduire le pays au même destin que celui de l’Islande. »
De plus, la peur de voir les faillites nationales conduire à des troubles politiques et sociaux ne se limite pas aux petits pays. Il y a de sérieuses discussions concernant la possibilité d’un destin similaire touchant la cinquième économie plus importante, le Royaume-Uni.
Patrick Hosking a posé la question suivante dans le numéro de Times du 22 octobre, « La Grande-Bretagne est-elle juste une version plus grande de l’Islande ? La City de Londres commence assurément à ressembler un peu trop à Reykjavik, mais avec des bâtiments plus grands et un peu moins de morue… Dans les faits, les banques du pays sont en grande partie en faillite. Le plan de sauvetage de 500 milliards de livres du gouvernement a pour but principal non pas de faire que les banques continuent de prêter aux petites entreprises et aux particuliers qui veulent devenir propriétaires, mais d’éviter une calamité financière inimaginable. »
Hosking conclut par un avertissement sinistre: « Les banques fournissent les fondations et la plomberie de toute l’économie. Une perte de confiance en elles pourrait encore faire s’effondrer la totalité de l’édifice capitaliste… Au risque de sembler hyperbolique, nous ne devrions pas nous inquiéter de savoir si ce sera un Noël maigre pour les commerçants (ce sera le cas), mais si la Grande-Bretagne et l’Occident sont sur le point de plonger dans une période économique ténébreuse qui durera des années et s’accompagnera d’un chômage de masse et d’agitation sociale. »
C’est cette compréhension des implications de la crise économique mondiale actuelle qui doit à présent commencer à informer et animer la renaissance politique du mouvement ouvrier internationalement et sa réorientation sur un programme socialiste en vue d’abolir le système capitaliste.
Chris Marsden, le 2 décembre 2008.
http://www.wsws.org/francais/News/2008/dec08/isla-d02.shtml
« ultime alerte » ??? Vous voulez rire ou quoi ? Comme si le libéralisme ambiant actuel avait pour prétention d’éradiquer les crises…
La crise est INHERENTE au libéralisme. l’un ne va pas sans l’autre !
Quant à la question de savoir s’il faut ou non tenter le tout pour le tout pour grapiller un maximum, partout où c’est possible (et socialement responsable), la réponse est OUI, OUI, et OUI-OUI-OUI. Car, la question est : où en est-il le « bon père de famille » qui a investi ses économies dans les actions Fortis ? Où en est-il le travailleur de chez Ford, GM ou Chrysler qui pensait économiser pour sa pension ? La réponse est la même : il est RUINE !!!
Alors, la situation est telle qu’il n’y a que deux solution : bouffer ou être bouffer ! C’est la jungle. LA JUNGLE ! C’est triste à dire , mais c’est ainsi…
Pour l’heure (et pour longtemps encore je le crois), la seule limite est celle de la conscience personnelle, et c’est pour cela que j’ai dit n’investir que dans du « socialement responsable ». Mais personne ne m’y oblige : c’est un choix personnel !!!
Ceci dit, la question persistante pourrait être : pourquoi la crise est-elle inhérente au libéralisme ? La réponse est tellement simple qu’elle est déroutante.
Le libéralisme, c’est la maximisation des profits. Toutes choses étant égales par ailleurs, si l’un gagne, cela veut dire que l’autre perd. Et cela jusqu’à un tel point que l’autre finira par se révolter, ou déclarer forfait et rendre les armes. Les subprimes, c’est exactement cela : les pauvres ont fini par rendre les armes, criblés de dettes. Et ils finiront par se révolter, si les nantis continuent tant et plus à vouloir accumuler des profits.
Aujourd’hui, aux USA, 5% des gens détiennent 55% des richesses. Cela se passe de commentaires…
C’est désolant que les gens continuent de croire que le libéralisme puisse être profitable à tous.
C’est désespérant que l’expérience acquise par tous (les privatisations multiples, la dégradation des relations sociales inter-entreprises, les pertes d’emplois, …) n’ouvre pas les yeux à plus de gens sur la nocivité du capitalisme.
C’est affligeant que certains persistent à affirmer qu’il n’y a pas d’alternative au mode actuel (forcément, tous les détracteurs se sont fait soit assassiner soit dégommer. Et si Chavez est toujours en place, ce n’est pas la faute des USA , loin s’en faut)…
C’est déroutant que chacun accepte d’être réduit à sa dimension purement économique de « consommateur ». N’avez vous pas conscience d’être PLUS que cela ???
Le libéralisme est un système totalitaire et réducteur qui profite un maximum à un minimum de gens !
Et le jour où une masse critique de gens comprendra cela, le monde changera.
Mais pas avant…
Le système américain qui a fait faillite n’a rien de libéral. Quand Paul Jorion propose l’interdiction des paris sur les prix, c’est une mesure libérale. Spéculer sur les matières premières ou l’immobilier comme on a pu le faire depuis moins de dix ans, quand on a les super riches qui disposent de biens valant des dizaines de millions à proximité du reste de la population qui patauge dans le crédit permanent, le sous emploi ou la ganstérisation sociale, ce n’est plus libéral mais une sorte de dictature impériale masquée par le marketing. En comparaison les villes européennes du moyen âge était dit fois plus libérales (l’air de la ville rend libre, les bourgeois remplaçaient les seigneurs, un immeuble était un échantillon de la société)
A ceux qui attaquent Neuilly près de Paris, détrompez vous, ce n’est pas ce qu’il y a forcément de mieux, beaucoup d’immeubles sont assez ordinaires, il y a beaucoup d’illusions, vivre dans un bel appartement haussmanien avec le tapage des voisins qui traverse les vieux planchers en bois et plâtre ce n’est pas forcément le mieux. D’ailleurs après 1945 Neuilly et une partie des arrondissements voisins n’avaient aucune valeur, personne n’en voulait, la mode était à la vie dans de grandes copropriétés toutes neuves et plus éloignées. Ce qui a redonné vie à ces lieux anciens c’est la quasi impossibilité de circuler en voiture depuis le début des années 1980.
Je partage le point de vue de Liberal.
Trop souvent on associe le capitalisme et l’économie libérale de marché. Ce sont des constructions théoriquement et pratiquement distinctes, voire antagonistes.
S’agissant de J. Attali, que j’ai eu l’occasion de croiser quelque fois à l’IUF. Je dirais que c’est un intellectuel doté d’une culture colossale. Il est également doté d’un grand sens politique. Idéal pour un tableau de l’état du monde à l’instant t. Mais j’ajoute aussi que ce n’est pas un chercheur, encore moins un penseur. N’attendez aucune idée originale de sa part, aucune créativité, aucune audace. Si vous êtes un maniaque de la clarté conceptuelle, d’arguments tranchants comme une lame de rasoir, passez également votre chemin. N’en espérez aucune profondeur.
Pour être complètement honnête je dirais que je partage le point de vue de Strauss (Léo) sur l’opposition de la figure de l’intellectuel à celle du philosophe. Ce qui n’est pas un compliment pour J. Attali.
« Trop souvent on associe le capitalisme et l’économie libérale de marché. Ce sont des constructions théoriquement et pratiquement distinctes, voire antagonistes. »
??
Rassurez moi, l’économie libérale de marché est basée sur l’organisation du travail dans le salariat, la propriété privée des moyens de production et la recherche permanente de la nouveauté par la mise en concurence ?
si on est d’accord, l’économie libérale de marché est une variante du capitalisme.
Pour faire suite à l’article « L’Islande : un aperçu de l’avenir », voici deux nouvelles fraîches :
Londres mise sur la dévaluation de la livre pour combattre la récession
http://fr.biz.yahoo.com/10122008/388/londres-mise-sur-la-devaluation-de-la-livre-pour-combattre.html
USA: le déficit de l’Etat fédéral se creuse de manière spectaculaire
http://fr.biz.yahoo.com/10122008/202/usa-le-deficit-de-l-etat-federal-se-creuse-de.html
@liberal: « Le système américain qui a fait faillite n’a rien de libéral. »
Ce genre de phrases me rappelle furieusement quelque chose. Du genre, les communistes disant que l’URSS n’était pas communiste, le véritable communisme étant autre chose qui n’a jamais été appliqué. »
source : And now for a world government – par Gideon Rachman pour le Financial Times le 8 décembre 2008.