Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je voudrais revenir sur une question que j’ai déjà évoquée dans mon billet intitulé Le monde enchanté de Maurice Allais où je dissèque une citation de Maurice Allais et montre où est l’erreur de raisonnement. Ce billet appartenait à la phase « déconstruction ». Vous avez été nombreux à appeler à une phase de « reconstruction » et vous vous y êtes mis d’ailleurs sans m’attendre et vous avez bien fait. Le moment est venu de m’y mettre moi aussi parce que même si je ne pense pas qu’il y ait de scandale criant dans le mécanisme de création de la masse monétaire, une chose m’est apparue en tout cas clairement : le phénomène de la monnaie est très mal compris et encore plus mal expliqué.
Plusieurs d’entre vous se sont attaqués à la monnaie dans une perspective linguistique ou épistémologique, ce qui n’est pas un mauvais angle d’approche, même si on peut se perdre aussi très facilement dans ce labyrinthe. Je vais commencer par reprendre au philosophe des sciences Wolfgang Stegmüller la distinction qu’il a introduite entre « concept théorique » et « notion pré-systématique » (1). Un « concept théorique » a un sens fixé une fois pour toutes, une « notion pré-systématique » a un sens encore lâche : « tout le monde la comprend » mais en réalité, tout le monde la comprend différemment – suivez mon regard !
Eusèbe touche sa paie de 1000 €. Il en met 900 à la banque Tirelire et 100 dans sa poche. La banque Tirelire doit conserver des réserves fractionnaires de 10 % sur l’argent qu’Eusèbe a déposé sur son compte mais il reste 810 € [900 € – (900 € x 10%)] qu’elle peut prêter, et elle les prête effectivement à Casimir.
Boris Ascrizzi a proposé une très bonne illustration en termes de ballons et de petits billets qui prennent la parole au nom de ballons et disent : « Je reviens dans dix minutes ». Si j’appelle ballons et billets simultanément « monnaie », j’utilise le mot monnaie en tant que « notion pré-systématique » parce que le sens du mot n’est pas fixé : il s’applique à deux choses différentes.
Je vais moi introduire plusieurs termes dont j’entends bien qu’ils soient tous des « concepts théoriques », de telle manière qu’ils ne puissent servir que dans une seule fonction dans les raisonnements : argent, fortune et reconnaissance de dette .
Eusèbe touche sa paie qui est de l’argent. Il dépose 900 € de cet argent à la banque et laisse 100 € de cet argent au fond de sa poche. La banque Tirelire donne à Eusèbe en échange de son argent, une reconnaissance de dette de 900 €, conserve comme réserve 90 € de cet argent et donne à Casimir 810 € de cet argent. Casimir donne en échange à la banque Tirelire une reconnaissance de dette de 810 €.
Il y avait 1000 € en argent au moment où Eusèbe a reçu sa paie. Au bout de l’opération, 100 € de cet argent sont dans la poche d’Eusèbe, 90 € dans la poche de la banque et 810 € dans la poche de Casimir. Rien ne s’est perdu, rien ne s’est créé de cet argent : le total est toujours de 1000 €. L’argent respecte ce que j’appelle un « principe de conservation des quantités ».
La fortune est un nouveau concept : la fortune, c’est l’argent dont on est propriétaire : elle additionne l’argent qu’on a et l’argent qu’on vous doit. Cette addition est justifiée sur le plan juridique : l’argent qu’on vous doit vous appartient, vous en êtes légalement le propriétaire. La reconnaissance de dette témoigne de cette propriété et en confirme le montant. La fortune d’Eusèbe est de 1000 € (100 € dans sa poche, 900 € sur son compte à la banque) ; la fortune de la banque est de 900 € (90 € dans son coffre et 810 € dans la poche de Casimir) et la fortune de Casimir est de 810 € (dans sa poche). Le total des fortunes est de 1000 € + 900 € + 810 € = 2710 €. La somme des fortunes est 2,71 fois plus élevée que la somme d’argent.
Dans mon raisonnement, « argent », « reconnaissance de dette » et « fortune » sont des concepts théoriques : le sens de ces mots est sans ambiguïté. Les problèmes conceptuels n’apparaissent que si j’introduis maintenant la « notion pré-systématique » de monnaie et si j’appelle « argent » dans mon vocabulaire = monnaie, ma « reconnaissance de dette » = monnaie scripturale et ma « fortune » = encore une fois, monnaie. Dans ce cas-là, au bout de l’opération, le montant de ma « monnaie » a été multipliée par 2,71 pour une raison qui, si elle n’est pas nécessairement scandaleuse, n’en est pas moins totalement mystérieuse.
Ah oui, mon concept de fortune, c’est évidemment la « masse monétaire M1 », là aussi une expression malheureuse, si argent et reconnaissance de dette sont déjà tous deux de la « monnaie ».
Revenons alors à la fameuse citation de Maurice Allais :
« Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiement ex nihilo, car le détenteur d’un dépôt auprès d’une banque le considère comme une encaisse disponible, alors que, dans le même temps, la banque a prêté la plus grande partie de ce dépôt qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire. À chaque opération de crédit il y a ainsi duplication monétaire. Au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaie ex nihilo par de simples jeux d’écriture ».
Allons, allons Maurice : « moyens de paiement », « encaisse disponible », « dépôt », « opération de crédit », « monnaie », « jeux d’écriture » : pas étonnant qu’une chatte n’y retrouve pas ses jeunes !
––––––––––––-
(1) Wolfgang Stegmüller, 1976 The Structure and Dynamics of Theories, New York : Springer-Verlag
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
68 réponses à “Monnaie, « monnaie scripturale » et… monnaie”
Si il n’ y a qu’ un Boeuf a acheter au village, et que seul eusebe a l argent nécessaire pour l’ acheter il repartira avec le boeuf.
Si il y a une Societé de 9 Casimir, qui veut ce Boeuf, il ne partira pas avec ce Boeuf, ni son argent, ni sa fortune ne suffisant pas a contrer l’ offre de la société .
Au total, les quantités numériques d argent sont conservées, mais ce que l’ on peut acheter avec a diminué.
La Societe peut ainsi acheter tout le village, et ce qu’ Eusebe pouvait acheter avec son argent, il ne le peut plus.
Si il y a eu conservation de la quantité d’ argent, il n’ y a pas eu conservation de sa fonction (on ne peut rien acheter avec).
La fonction de. » l’ argent » a été transferee a « fortune ».
C est de ce point de vue (création fonctionnelle de moyens de paiements), que Maurice Allais n’ a pas tout a fait tord, même si les termes qu’ il emploie mélangent les formes, ils conservent néanmoins les fonctions, ce que ne fait pas votre billet, même s’ il clarifie remarquablement les formes.
Amicalement
Suite: le débat (absurde) sur la primauté de l’ oeuf ou de la poule, serait encore plus absurde si le concept de « poule » (ayant pour fonction de pondre un oeuf), était remplacé, par le nouveau concept, c a dire « la poule denuée de sa fonction ».
Le débat n’ a plus de sens si il porte sur des objets dont les fonctions (« definissantes ») ont changé.
Il est plus utile de redéfinir les objets a partir de leur fonctions.
La fonction de l’ argent est remplie par un nouvel « argent ».
C est ce nouvel argent qu’ il faut étudier, et il semble bien qu’ il soit crée ex nihilo.
Il ne faut pas s’ interesser a des poules qui n’ ont de poule que le nom.
« Plusieurs d’entre vous se sont attaqués à la monnaie dans une perspective linguistique ou épistémologique, ce qui n’est pas un mauvais angle d’approche »…
sémiologique aussi…
Il me semble que nous sommes dans le même cas de figure que les physiciens quantiques qui ont aussi de grosses difficultés à communiquer…et se représenter ce qu’ils font…
Certains ont peut-être une longueur d’avance « méthodologique » sur nous.
Je suggère aux passionnés d’aller faire un tour sur le site : http://mugur-schachter.net/ . Il y est question de » tissage des connaissances », « d’épistémologie formalisée » et de » méthode de conceptualisation relativisée » qui pourraient s’avérer utiles dans notre recherche de sens ( voir pour commencer « 7b » dans « publications sur site » ) . Les « pro » de l’économie iront probablement plus vite que moi.
Il me semble que la notion de monnaie en tant que subsitut ou intermédiaire d’échange de services ou de biens a pris son « autonomie ».
Le concept s’est « émancipé » selon les lois de…… l’évolution.
Il a « muté » en diverses formes de plus en plus complexes au point que ses concepteurs (au fait qui a « inventé » la monnaie?) ne le reconnaitraient plus.
L’argent est de plus en plus une abstraction c’est pourquoi il est de plus en plus virtuel et volatil.
Les meilleurs experts s’y perdent pendant ques les escrocs « légaux » en tirent la substantifique moelle.
Le système n’est pas réformable dans un monde libéral.
C’est pourquoi quand un dirigeant fait allusion au fait qu’il « n’envisage pas l’abandon de la propriété privée » afin de réformer le système on peut s’inquièter et
penser que
justement ce « dirigeant » voudrait REVISER cette notion fondamentale de nos sociétés modernes.
Certains sites font leur choux gras de la description du « nouvel ordre mondial » et de sa tendance impérialiste.
Est-ce que la crise ne serait pas le « signal » de la fin de récréation libérale et le début de « l’acceptation du bonheur insoutenanble » sous l’égide d’un empire organisé?
Faut-il devenir conspirationnistes et accepter l’idée que les bouleversements en cours ont été voulus par quelqu’un ou quelque chose?
Il ne faut pas se perdre dans le souci de l’ action.
C’ est le reproche qu’ on peut faire aux prosélytes qui réussiront a vendre leur salade quoiqu ‘il arrive, l’ enrobage étant secondaire (les ultra libéraux voudront « garantir » la propriété, les ultragauchistes, l’ abolir, etc…).
En coupant les feuilles qui dépassent ici ou là, Ils entretiennent le même arbre, alors qu ‘ils croient le changer.
Il ne faut pas laisser le débat « partir en sucette » maintenant, car nous tenons la bête, elle ne peut se faufiler, que si on la lache.
Maintenant qu ‘ on la tient, Il faut penser.
Comment prendre en compte dans le langage, le fait qu’une poule, dont l ‘essence est de pondre des oeufs, se transforme en un animal qui ne pond pas d’ oeufs, qui a des dents, et qui ressemble a une poule ?
Comment rendre compte de l’ évolution d’ un concept ?
Comment adapter la logique aristotélicienne a des concepts qui évoluent ? (quelle est la valeur de vérité de « telle proposition », si « telle proposition » varie en fonction de l’espace considéré (avant-apres changement de cadre).
Pour l’instant je ne comprends pas votre exemple; non, M1 n’est pas votre « fortune »; M1 c’est la monnaie banque centrale, dans votre exemple il n’y a pas d’équivalent à M1; par ailleurs le salaire de départ, dans le monde réel, est payé en monnaie privée et non en monnaie centrale, c’est même une obligation légale; quant à savoir pourquoi on parle de monnaie tant pour la monnaie banque centrale (M1) que pour les monnaies banques privées (M3-M1), cela tient à ce qu’elles servent les mêmes fonctions et se convertissent l’une en l’autre (sauf dans le cas des réserves obligatoires, où seule la monnaie banque centrale est acceptée), si bien que la distinction n’a pas de sens dans la vie de tous les jours : si vous payez en liquide vous passez par la monnaie banque centrale, si vous faites un chèque un virement un carte de crédit, vous passez par des monnaies banques privées.
Ce qui me frappe dans vos débats sur la monnaie, et c’est là qu’il n’y a malheureusement pas de miracle, c’est que, tout comme les économistes, vous vous fixez sur des exemples ad hoc et raisonnez à l’infini dessus, autrement dit vous construisez des modèles; un pas de plus et vous utiliserez les mathématiques qui rendront vos modèles incompréhensibles au tout venant, et vous serez alors vraiment devenus des économistes, vous poursuivrez à l’infini les mêmes querelles byzantines, etc.
@ Paul
Merci Paul. Avec ce billet, on avance.
Le chapitre premier de « Mécanismes et politique monétaires » de André Chaineau (douzième édition, février 2000) commence ainsi (page 19) : « La monnaie est constituée par l’ensemble des moyens de paiement , … »
Pour ma part,j’utilise la définition suivante : la monnaie est l’ensemble des moyens légaux de paiement . Maurice Allais traite d’ une création de moyens de paiement . Etes-vous d’accord avec ces définitions sensiblement identiques ?
Ces définitions sont peut-être qualifiables de pré-systématiques elles sont néanmoins bien définies : le paiement n’est pas le troc ; il met en jeu des moyens ( légaux) de paiement, de la monnaie.
Autre question : avec la définition de Maurice Allais, combien il y a-t-il de monnaie en circulation à l’instant où Eusèbe touche sa paie de 1000 € ? Combien il y en a-t-il quand Casimir s’en va avec ses 810 € ? Vous avez déjà fait le calcul, n’est-ce pas, 2,71 fois plus.
Alors, je rentre le chiffon rouge du ex nihilo et je vous demande si vous ne pourriez pas dire, avec Maurice Allais : au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaie par de simples jeux d’écriture …
Allons, allons , Paul : argent, fortune et reconnaissance de dette, c’est une belle et juste analyse, mais, pitié pour vos lecteurs: ne continuez pas à ergoter: ceci ne contredit en rien les propos de Maurice Allais mais les conforte plutôt. Voilà qui va peut-être permettre à certains d’y retrouver une partie de leurs petits.
Car, il en manque encore au moins deux, de petits :
Le premier : personne ici, me semble-t-il, n’a dit que la création monétaire ex nihilo était un scandale criant ni même un scandale tout court. Il a même été dit, que sans référence à une réalité matérielle, on ne peut faire autrement. Ce qui a été dit et redit, c’est que l’exclusivité de la création monétaire ex nihilo à des intérêts privés, ignorants par définition des intérêts collectifs était ce scandale à dénoncer et à faire disparaitre.
Le second : si Casimir est un homme très sérieux, vous savez bien que la banque Tirelire peut aller avec la reconnaissance de dette qu’ elle possède, chercher une peu ( jusqu’à 810 € ? vous saurez mieux répondre que moi) d’ argent du coté de la Banque Centrale. C’est le mécanisme du refinancement qui reste curieusement absent dans ce débat sur la monnaie. Eh, oui ; l’ l’argent aussi ( la monnaie centrale; au fait Eusèbe avait été payé en billets ? ) résulte d’un jeu d’écriture, mais je ne dis pas que c’est scandaleux.
D’abord comprendre. ensuite, discuter de ce qui est admissible, ou pas. Avançons-nous sur la compréhension ?
Personnellement,- mais j’admets pouvoir me tromper – je pense que la finance se calmerait fortement si elle n’avait plus la possibilité plus ou moins directe d’ élaborer ses » moyens légaux de paiement . Au contraire, les sociétés se libéreraient d’un lourd carcan si elles s’emparaient de ce pouvoir.
Merci Paul pour cet exercice de clarification.
Je n’ai que deux questions : si nous sommes d’accord pour dire qu’une reconnaissance de dette n’est pas la même chose que l’argent, alors pourquoi diable lui permettrait t-on d’être considérée comme de l’argent, c’est à dire d’en avoir tous les attributs ?
Par ailleurs, puisque la monnaie des banques centrales, c’est déjà de la reconnaissance de dettes, doit-on en conclure qu’il n’y a plus du tout « d’argent » dans le système ?
Elle se trouve là l’erreur de Maurice Allais et de Paul Grignon. Mais à mon avis, elle se trouve aussi là l’erreur de Boris Ascrizzi, car, de fait, nous considérons les reconnaissances de dettes comme de l’argent.
Ma conclusion personnelle, c’est qu’il peut y avoir création d’argent ex nihilo à la fin du processus, si et seulement si, le crédit se porte sur un acte spéculatif (le crédit, c’est l’allumette, le pyromane, la spéculation) et que cette création est au final le fait des banques centrales.
Ainsi, quand un investisseur fait un prêt immobilier auprès d’une banque commerciale pour faire construire une maison qu’il va vendre, il n’y a pas de création d’argent ex nihilo… la réserve de valeur que constitue la maison constitue une contre-partie décalée dans le temps.
Quand un acheteur fait un prêt immobilier auprès d’une banque commerciale pour acheter sa résidence principale, il n’y a pas de création d’argent ex nihilo… mais une simple anticipation de l’argent que l’acheteur « crée » par son travail et qui lui sert à rembourser.
Mais quand un spéculateur fait des prêts immobiliers à tire larigot pour acheter des biens sans y toucher (pas de travaux), puis les revendre en l’état avec une plus value, et refaire des prêts immobiliers, le tout ad libidum, alors, il y a création d’argent ex nihilo, car, dans ce cas-là, la seule façon de permettre une conservation des quantités, c’est la création d’argent « ex nihilo » au final… par les banques centrales.
Moi qui ne participe pas aux debats sur la monnaie,
moi qui lit vos interventions en diagonale,
et qui les survole de plus en plus vite,
m’arretant rarement sur un commentaire pour le lire en entier,
moi qui ait de + en + l’impression d’y comprendre de – en – ,
et bien la, pour une fois… j’ai tout compris, moi !
Ca vous etonne ?
Merci Paul.
@ Paul Jorion
Vous pensez l’argent, ce que vous appellez fortune (le terme patrimoine serait plus idoine selon moi), et la reconnaissance de dette sous le concept général de monnaie.
Le temps, les concepts d’actif et de liquidité n’apparaissent pas (certainement un oubli volontaire).
Eusèbe détient 1000 sous forme d’actif totalement liquide. Par un accord avec la banque, il dépose 900 à la banque. Ces 900 constituent ce que Maurice Allais qualifie d’encaisse diponible puisqu’il peut les retirer à tout moment. La banque prête 810 à Casimir. La banque détient une créance qui est un actif illiquide puisqu’elle n’est pas en mesure de récupérer à sa guise ces 810. Cet actif illiquide a une propriété que l’actif liquide (l’argent) ne possède pas. Il est une réserve de valeur supérieure au montant nominal de cet actif puisqu’il engendrera des intérêts.
Vous écrivez :
« La fortune d’Eusèbe est de 1000 € (100 € dans sa poche, 900 € sur son compte à la banque) ; la fortune de la banque est de 900 € (90 € dans son coffre et 810 € dans la poche de Casimir) et la fortune de Casimir est de 810 € (dans sa poche). Le total des fortunes est de 1000 € + 900 € + 810 € = 2710 €. La somme des fortunes est 2,71 fois plus élevée que la somme d’argent. »
1000 € d’actif liquide + 900 € de passif (au sens comptable)de la banque sous forme liquide + 810 d’actif de la banque sous forme illiquide+ x la somme des intérêts actualisés au moment t où cette addition est formulée. Donc la Somme du patrimoine est > à 2,71 plus élevée que les 1000 € d’actifs de départ.
@A.
Pour clarifier ce débat, je pense qu’il est nécessaire de bien séparer les deux questions et de ne pas les mélanger :
– d’une part, la question des mécanismes monétaires et la façon dont fonctionne la conservation des quantités.
– d’autre part, la question des intérêts perçus et la pression qu’ils exercent sur cette conservation des quantités.
Si on mélange les deux questions, on est sûr de rien comprendre.
Mais en effet, la question des intérêts perçus est essentielle.
Cet article est éclairant. Malgré tout je partage aussi le même questionnement que Dav. Ce qui est nommé « argent » n’est lui-même qu’un billet, une reconnaissance de dette. Quelle est donc dans l’exemple la différence en essence entre une reconnaissance de dette nommée « argent » et une reconnaissance de dette nommée « reconnaissance de dette »? Si ce n’est que d’un côté le débiteur est l’Etat et de l’autre une banque privée (voire même encore aussi l’Etat quand celui-ci garantit le dépôt d’Eusebe).
L’argent que touche Eusèbe est sensé avoir une contrepartie, c’est implicite. Si les banques, ainsi, ne prêtent QUE l’argent de leurs déposants en respectant les procédures légales, il n’y a rien à redire à ce stade. La démonstration ici est bonne, et, sauf erreur, il n’est pas question d’intérêts ici, ou pas encore. Il n’est pas évoqué non plus les garanties qu’aura nécéssairement donné Casimir pour emprunter, garanties qui, dans le fond, permettent d’ « enclencher » la « machine bancaire ». Sans ces garanties-là, pas de crédit, pas de monnaie.
À partir du mot: – Fortune -, le cocktail et la combinatoire bancaires vont se mettre en branle. À mesure de la « complexité » grandissante des produits financiers, la réalité économique et sociale d’une part, puis le reflet financier d’autre part (reflet de plus en plus pseudo financier) vont diverger, jusqu’à, nous y sommes en plein, que l’ « avalanche » financière et bancaire, puis monétaire engloutisse les vrais acteurs économiques. Les seuls qui ont réellement voix au chapitre en matière financière et monétaire, et dont l’écrasante majorité ne le sait pas.
C’est cette ignorance que l’ « on » fait persister, à dessein dirait-on, pour laisser la voie libre aux « spécialistes financiers » qui, c’est bien connu et on le voit de partout… ont toutes les compétences de nature à préserver la richesse produite par une équité toujours plus grande… La sécurité économique n’est-t-elle pas chaque fois mieux et clairement comprise par tous et beaucoup mieux assurée aujourd’hui qu’auparavant?…
MICHAUD dit: 4 décembre 2008 à 09:39, le « conspirationisme » est une invention journalistique pour disqualifier ceux qui mettraient leur nez où il ne faut pas. Les « théories conspirationistes » sont souvent des délires, seulement, que je sache, les délires n’intéressent pas les chercheurs et investigateurs honnêtes et sérieux. Mais l’ « essentiel » est que cela permette aux « intéressés » qui lancent eux-mêmes ce genre de terminologie: « conspirationiste », de jeter l’eau sale du bain avec le bébé qui s’y trouve, et en même temps de salir les chercheurs honnêtes pour les neutraliser, voire les inquiéter.
@ Dav
Les deux questions n’on font qu’une puisque le concept de monnaie intégre toutes ces dimensions.
En effet, les 810 prêtés par Casimir sont, pour employer le vocabulaire de PJ, aussi bien argent que fortune. En effet, l’argent dont dispose Casimir est un actif totalement liquide (ou totalement fongible) qu’il peut utiliser sans coûts de transations. Ils sont en même temps une fortune, dont la propriété est transférée au cours de la durée du prêt entre la banque et Casimir. La fortune de la banque au moment t est une monnaie dont la forme est illiquide ou infongible. Elle ne peut procéder à un échange de cette créance pour acquérir un bien sans régler un coût consistant au transfert de cette créance à un tiers afin de d’obtenir de la monnaie liquide.
L’intérêt à payer par Casimir est le prix de la réservation de ces 810 € par la Banque. Les 810 de fortunes de la Banque.
sont bruts et les 810 nets incluent les intérêts car ils sont l’objet du contrat entre Casimir et la Banque.
@ Moi :
L’argent est totalement fongible. La reconnaissance de dette ne l’est pas. Tu ne peux pas la donner à la boulangère
Billet très clair … il a le mérite d’éclairez les notions variées et parfois contradictoire que recouvrent le mot monnaie.
Mais j’en reviens à une remarque que j’avais déjà faite … je vais toutefois la reformuler dans la nouvelle terminologie que vous adoptez :
Que se passe-t-il quand la fortune devient beaucoup plus importante en volume que l’argent, par utilisation récursive des prêts avec réserves fractionnaires (suite par exemple à une bulle économique qui suscite l’endettement) ? Lors d’un retournement, la bulle explose et en théorie la fortune doit être détruite … pas l’argent mais la fortune. Aussi, les actifs dont la valeur dépend de cette fortune doivent perdre de leur valeur : déflation, typiquement dans l’immobilier.
Mais personne ne veut vraiment supporter une déflation, surtout pas ceux qui pensaient bénéficier de leur fortune pour profiter d’une heureuse retraite. Le seul choix alors de la banque centrale, qui ne peut indéfiniment créer de la dette publique pour injecter de l’argent, est de soutenir la fortune par la création d’argent ex-nihilo : la « planche à billet » ou la « monétisation de la dette ». Sur ContreInfo aujourd’hui :
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« … les autorités sont donc confrontées à une double impossibilité. Soit racheter autant que faire se peut les créances douteuses pour ralentir la déflation, la destruction de valeur, la disparition du crédit et leurs effets sur l’économie, soit laisser mourir les banques et les entreprises chargées de ces promesses irréalisables, et constater l’appauvrissement des salariés, l’étranglement des foyers endettés par l’immobilier, ce qui entraînerait alors la chute de pans entiers de l’économie.
C’est évidemment la première voie qui a été choisie. Mais la question de son financement devient chaque jour plus cruciale. Les Etats disposent de deux solutions. La première, classique, consiste à emprunter en émettant des bons du Trésor. Elle devrait cependant être confrontée assez rapidement à l’éclaircissement des rangs des acheteurs potentiels, inquiets sur la solvabilité des émetteurs. La récente hausse des contrats d’assurance sur la dette américaine et britannique traduit déjà cette méfiance. La seconde, nettement plus innovante – ou iconoclaste, c’est selon – consiste à financer la dette par une émission de monnaie, ex nihilo.
Ben Bernanke, le directeur de la Réserve Fédérale américaine, qui est crédité d’une réputation de spécialiste des mécanismes de la déflation, avait indiqué dès 2002 que dans ces circonstances, l’arme ultime de la « monétisation de la dette » devrait être employée. Ce terme technique désigne une pratique fort simple dans son principe, consistant à racheter les dettes de l’Etat ou du privé avec de la monnaie créée pour l’occasion par la banque centrale. Ce qu’en d’autre temps on aurait décrit comme l’usage de la « planche à billets ». Cette mesure, présentée comme une continuation de la politique monétaire actuelle sous la forme d’un « assouplissement quantitatif » n’en est pas moins un aveu d’échec. Elle contrevient à toutes les règles de la rigueur monétariste qui régnait ces dernières années parmi les économistes et les banquiers centraux – tout au moins en apparence, tant était grande leur sévérité intraitable contre tout risque d’inflation attribuée aux salaires, mais sans limite leur bienveillance concernant l’inflation des actifs et du crédit. »
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Ma question est … si la seule alternative après une explosion du rapport fortune/argent est d’assister à la destruction de valeur par la déflation (presque inacceptable en raison des risques sociaux et politiques qui en découlent) ou alors de procéder la « monétisation de la dette », on ne peut pas affirmer que les notions de fortune et d’argent sont découplées, non ? Ou alors est-ce la résolution des conflits sémantiques sur le sens du mot monnaie qui conduit monétiser la dette ?
Merci !
Mais je trouve encore cela trop compliqué. Toute ces histoires de fortunes, de reconnaissances de dette, etc…
Pourquoi ne dit-on pas simplement que la banque prend les 810 appartenant à Eusèbe et les prête à Casimir ?
Je sais bien que Jacque et beaucoup d’autres m’ont dit que c’était une erreur de penser que la banque prêtait l’argent des déposants. Mais si ce post est juste (et je crois bien qu’il l’est), force m’est de constater que Si, la banque prête bien l’argent des déposants. sur ces 2710 €, 1710 ne sont pas utilisés. (100+90 sont ‘utilisés’ pas Eusèbe et la banque. Si Camille n’utilise pas les 810 restant, une banque pourra alors encore en prêtter 90%, soit 729, augmentant la masse d’argent virtuelle, et ce récursivement jusqu’à une multiplication par 10.). Mais une multiplication par 10 de la masse monétaire n’est possible que parce que 1/10 de cet argent est réellement utilisé. (les intérêts étant donc perçus par rapport à une quantité 100 fois plus grande que la quantité d’argent prêté et directement utilisé).
@ A.
Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris votre exemple… pourriez-vous le détailler davantage étape, par étape ? ou le reformuler ?
Par ailleurs, je suis d’accord, les deux questions sont liées, mais c’est juste une approche pédagogique, c’est plus simple de dissocier deux mécanismes, par exemple, en regardant comme ça marche sans intérêts perçus, puis comment ça marche avec les intérêts perçus.
@ DLW.
« Est-ce la résolution des conflits sémantiques sur le sens du mot monnaie qui conduit monétiser la dette ? »
Ce serait la démonstration IRL d’une grossière faute théorique quant au concept même de ce qu’est vraiment la monnaie en tant que dettes.
Je rejoins complètement ce questionnement/cette analyse.
Je suis un Candide sur cette question de monnaie… j’ai donc le droit de poser toutes les questions idiotes qui me passent pas la tête en lisant cet article et les commentaires !
1/ Le ratio patrimoine (mot que je préfère à fortune) / argent observé actuellement est de 9 à 10. Il s’est donc passé quelque chose entre l’exemple donné (ratio 2,7) et la situation actuelle… N’est-ce pas le mécanisme de titrisation en cascade qui a produit ce gonflement du ratio à partir d’une situation « saine » telle que décrite dans l’exemple ?
2/ La situation décrite dans l’exemple est-elle complète ? Les commentaires sur les intérêts, le temps, la banque centrale et le rapport dette (privée ou publique)/argent paraissent montrer que nous ne sommes pas au bout de nos peines.
3/ La situation décrite est-elle vraiment « saine » ? Les banques ont-elles vraiment le droit de prêter (tout ou partie) à des tiers les dépôts qui sont faits par les particuliers ou les entreprises ? Il me semble avoir lu que non sur le blog de Jean Bayard…
4/ La circulation de l’argent induit semble-t-il une « inflation » fonction de sa vitesse… Le jeux des intérêts n’y est pas pour rien. Et quand on arrive à une circulation quasi-instantanée, le dénominateur (unité de temps entre deux opérations soumises à intérêts ou à majoration spéculative sur les intérêts) devient si petit que le ratio explose quel que soit le numérateur (patrimoine).
Voilà c’était pour rappeler que l’économie (politique) est une science humaine comme les autres.
Juste une rajouture à mon commentaire ci-dessus sur cet exemple très aproprié de Paul. Normalement ce devrait être Eusèbe et Casimir les contrôleurs et les administrateurs de la banque Tirelire; ici ces deux sont le résumé de la société. Cette banque Tirelire n’existerait même pas s’ils ne produiaient pas les biens et les services. Pour ce qui est de la – naissance de l’argent -, ce sont eux deux, et personne d’autre, qui sont les propriétaires de la banque Tirelire devant la loi de la société. Naturellement, rien n’interdit que des banques se forment et travaillent en prêtant l’argent de leurs déposants, gros avantage d’une couverture monétaire de 100% (au minimum avec M1).
À Dominique Larchey-Wendling dit: 4 décembre 2008 à 11:42
On peut sûrement faire fortune avec de l’argent vrai, mais on ne fait fortune, dans cet ordre financier-là, qu’avec un argent faux antagoniste en tout point avec l’argent vrai. Beaucoup de gens pourraient devenir riches avec de l’argent vrai et ne le peuvent pas au final à cause de cette combinatoire financière, celle qui s’est écroulée sous nos yeux et que les tenants du système financier actuel font tout leur possible pour la restaurer d’une manière ou d’une autre.
Une recente deconvenue :
La perception d’un mandat au bureau de poste local reglé par un billet de 50 Euros douteux lors de son controle au bureau de tabac du coin, m’oblige a m’interroger sur la quantité exponentielle de faux billets en circulation.
Etant en tant qu’usager incapable de proceder a une verification aux guichets des banques, postes etc.. puisque guichets coté public, non munis d’appareils de controle, nous en sommes reduits a faire confiance …
Cette carence generale laisse entrevoir la possible tentation : l’Etat en passe de devenir faux monnayeur..
Faut-il rapprocher le terme « création de monnaie » avec celui qu’utilisent les « entrepreneurs » pour décrire et justifier leur modèle :
– création de richesses –
Maurice Allais était un protectioniste qui ne disait pas son nom. Ensuite on sait depuis la crise de 1929 qu’il faut maitriser la masse monétaire et que le fonctionnement des banques est souvent irrationel.
Ce dont on ne parle jamais c’est de la masse. Celle des populations. En 1940 les USA ne possédaient que 132 millions d’habitants, c’était une puissance moyenne. L’Angleterre était la première puissance mondiale. La destruction de l’Europe en 1914/1918 avait déja opéré un premier transfert des richesses et des populations européennes vers les USA. La seconde guerre mondiale acheva le transfert vers les USA des stocks d’or européens, les populations un peu moins, elles furent exterminées sur place. Voila comment les USA sont devenus la première puissance mondiale avec aujourd’hui plus de 300 millions d’habitants. Le vrai début de la crise c’est l’abandon de l’étalon or. Depuis les USA se font financer par les autres, d’abord le Japon, ensuite la Corée et aujourd’hui la Chine mais également l’Union Européenne. Si le Japon est englué dans sa trappe à liquidités depuis 1990 c’est en raison des accords dit du Plaza de 1985 qui avait pour but de casser la vigueur du dollar. Souvenez vous à l’époque on avait un dollar pour dix francs français, en hausse de 100% par rapport à 1980 où il ne fallait que 5 francs français pour acheter un dollar.
Ce sont les masses de population qui font la différence. A une époque la Russie avait la même population que la France. Et puis la démographie russe explosa pendant que la France conservait une sorte de malthusianisme de riches catholiques.Le résultat ne s’est pas fait attendre: la Révolution Russe de 1917 et la création de l’URSS.
Aujourd’hui on a peur des masses asiatiques. Les premières banques mondiales sont aujourd’hui chinoises. Si les européens ne s’étaient pas absurdement fait la guerre en 1914 puis en 1939 l’Europe serait aujourd’hui trois fois plus riche et les USA ressembleraient à une sorte d’Australie métissée par le Mexique, une puissance moyenne isolée, éloignée.
Les USA d’aujourd’hui sont un peu comme l’Europe d’autrefois. La puissance et la désunion interne, la puissance militaire en plus….
A. dit « L’argent est totalement fongible. La reconnaissance de dette ne l’est pas. »
Cette différence ne me semble pas tenir. La reconnaissance de dette « non argent » (puisque l’argent est aussi une reconnaissance de dette) peut aussi servir à acheter le pain chez la boulangère (par carte magnétique). Pour parler de mon cas personnel, j’ai très rarement du cash sur moi, je paye tout par carte de banque y compris mon pain, le parcmètre, le cinéma, etc. Et je ne suis pas un cas exceptionnel.
Mon compte courant (qui est la reconnaissance de dette de la banque lorsqu’il est créditeur) me semble totalement fongible. La seule limite est que le commerçant possède un appareil qui permet de payer en monnaie électronique (en Belgique, c’est très rare de tomber sur un commerçant qui n’en possède pas). Mais ce genre de problème peut aussi survenir avec de l’argent en billet, ainsi il m’est arrivé de me voir refuser l’entrée d’un autobus parce que je n’avais sur moi qu’un billet de 50€ et que le chauffeur n’avait pas la monnaie à me rendre sur le prix du ticket.
« La fortune d’Eusèbe est de 1000 € (100 € dans sa poche, 900 € sur son compte à la banque) ; la fortune de la banque est de 900 € (90 € dans son coffre et 810 € dans la poche de Casimir) et la fortune de Casimir est de 810 € (dans sa poche). »
Eusèbe fait fortune en travaillant ; de même pour Casimir. La Banque fait fortune sur le dos d’Eugène et de Casimir.
Conclusion : mieux vaut être banquier que travailleur.
J’ai parfois été découragé de la complexité de certains débats sur la monnaie tellement il y avait de paramètres imbriqués, aujourd’hui vous avez écrit cet article dans lequel l’explication semble très simple car vous avez « éliminé » de nombreux paramètres du raisonnement (certain ont évoqués l’absence de la notion des intérêts dans votre démonstration, je rajouterait l’absence de la notion de spéculation et également l’absence de la notion de valeur relative de la monnaie….), si le contenu semble tout à fait correct il y a beaucoup trop de manques pour qu’il soit valable.
D’après moi c’est le fait d’avoir éliminé tout ces paramètres qui vous permet de dire « Dans mon raisonnement, “argent”, “reconnaissance de dette” et “fortune” sont des concepts théoriques : le sens de ces mots est sans ambiguïté. » car si on réintègre à votre raisonnement la notion d’intérêt, de spéculation et de valeur relative de la monnaie le concept de « Fortune » retrouve toute sont ambiguité.
@pop : il n’y a pas que les populations… c’est oublier les moyens de la puissance, en particulier le premier de ceux qui ont fait la différence : la disposition d’abondantes sources d’énergie après la révolution industrielle (charbon pour l’Angleterre, pétrole pour les Etats Unis) ; quid du renversement en cours avec la raréfaction générale des ressources ?
@Paul : merci de nous conduire à nous extraire des impasses dues à une insuffisante distinction de ce à quoi se réfèrent les différents usages du terme « monnaie » ; je suis cependant gênée par le choix du mot « fortune » (mais aussi « patrimoine »), qui éveille l’idée d’une propriété pleine et entière ; je ne trouve pas pour le moment de terme plus approprié, mais il me semble qu’il s’agit de « droits à », d’étendue variable et avec des qualités différentes, comme la liquidité, selon les acteurs, Eusèbe étant celui qui dispose des droits les mieux garantis (mais qui ne le mettent pas à l’abri de variations sur ce qu’il peut se procurer grâce à ces droits).
Par ailleurs, la recherche de clarification amène à proposer des situations très simplifiées et stables, mais cela ne risque-t-il pas de conduire à perdre de vue la dynamique à la base de ces crises à répétition, fondées sur la variabilité (largement manipulée) des valeurs ?
Comment décrire l’économie (et sa cousine la finance) sans prendre en compte le parametre « temps »?
Tous les événements qui régissent les actions humaines sont mal décrits si on ne tiernt compte du fait que le temps « humain » s’écoule de façon non linéaire…en fonction des aléas de l’histoire.
Et ce
Que les aleas soient purement le fait des grands nombres ou que l’histoire soit « manipulée ».
Or « l’histoire » accélère en période de crise.
Autrement dit , si les stats peuvent sembler décrire correctement un modèle économique en temps de paix (ce qui fait la fortune des spéculateurs et des assureurs), elles ne le peuvent plus quand la peur motive les actes.
C’est alors que la monnaie ,hors de contrôle, sort du modèle statistique.
Quel aspect prend le diagramme représentant la fortune d’Eusèbe quand elle a été distribuée entre lui-même, son banquier et les divers allocataires de crédit en parallèle ou en cascade EN FONCTION DU TEMPS et selon les vécus de chacun.
Le schéma très simple au départ devient vite arborescent et inintégrable même sans tenter de représenter le facteur temporel.
Existe-t-il une représentation spatio-temporelle de la masse monetaire ( ou d’une fortune privée) à la façon des diagrammes amplitude/fréquence/temps de l’analyse du son d’un instrument???
@ Moi
Les sommes disponibles sur un compte courant sont liquides et peuvent être échangées sans coût. Que l’échange se fasse par pièce ou par carte bancaire ou autre.
Par contre, un portefeuille d’action ou bien une épargne bloquée ne sont pas fongibles et leur transformation en liquidité nécessite soit du temps, soit de l’argent.
Je ne comprends pas.Pour moi , le concept de la fortune à un instant donné c’est l’argent qu’on a ,plus l’argent qu’on me doit ,moins l’argent que je dois. La fortune est le résultat d’une opération ou l’on doit retrouver le principe de conservation des quantités d’argent.
Nous vous proposons un moment de détente, vous semblez en avoir besoin!
« Il faut s’habituer à un pétrole cher. »
« Le baril atteindra immanquablement le seuil des 200$ avant la fin de l’année. »
« Nous sommes déjà entrés dans l’ère de l’après-pétrole. »
« L’immobilier ne baissera pas. »
« Les banques françaises sont solides. Elles font partie des établissements bancaires les plus contrôlés au monde. »
« La crise du subprime ne touchera pas l’Europe. »
« Les Etats-Unis sont à l’abri de toute récession grâce aux bienfaits du crédit pas cher. »
« Le marché français de l’immobilier est sain et non spéculatif. Il faut se dépêcher d’acheter. »
« Les résultats de Natixis seront peu impactés par la crise du subprime. »
« Il n’y a pas de bulle immobilière en France. »
« La France ne sera pas touchée par la récession. »
« Le budget 2009 de l’Etat sera à l’équilibre pour la première fois depuis 30 ans. »
« Nous assisterons à un atterrissage en douceur des prix de l’immobilier. Il n’y aura pas de baisse brutale. »
« Il n’y aura plus de pétrole dans 10 ans. »
« Les constructeurs automobiles français ne seront pas touchés par la crise, contrairement aux américains qui ne produisent que des gros véhicules gourmands en essence. »
« Il y’a une pénurie de logements en France. »
« La Chine ne sera pas touchée par la crise mondiale. »
« Les banques françaises n’ont pas besoin d’une quelconque aide de l’Etat pour passer la crise. Elles ont suffisamment de fonds propres. Et toute augmentation de capital est pour l’instant exclue. »
« La Banque des Noisettes affiche une excellente solidité financière. Charly a mené de main de maître de belles opérations d’acquisition de croissance externe ces dernières années. Les premiers fruits sont attendus pour 2008. »
« L’Inde est un pays où les touristes sont en totale sécurité. »
« Les banques françaises continueront à jouer leur rôle de financement de l’économie. »
« Les prix des matières premières ne peuvent pas baisser. »
« Le blé et le lait vont devenir des aliments de base très rares à cause du réchauffement de la planète. »
« Les retraités américains ont un excellent niveau de vie parce qu’ils ont l’intelligence de placer l’intégralité de leurs économies en bourse. »
« Le CAC 40 dépassera les 6000 points à la fin 2008. »
…
Devenez Expert!
Un métier sûr et bien payé. Devenez expert ! Dans le cadre de son développement, la Société des Experts Anonymes recrute de nouveaux consultants. Votre mission consistera à proposer votre expertise dans les médias (presse écrite, radio, télévision). Vous serez amené à exposer votre point de vue sur tous les sujets, essentiellement sur ceux que vous maîtrisez le moins. Formation assurée par un ancien vendeur d’électroménager de chez D…y. Excellente présentation exigée. Vos talents d’orateur et votre force de persuasion seront un atout. La priorité sera donnée aux énarques et diplômés des grandes écoles de commerce. Une spécialisation en finance internationale serait un plus. Connaissances sur le marché des matières premières (blé et pétrole) appréciées. Vous bénéficierez d’un fixe annuel brut de 140ke et de commissions non plafonnées sur chacune de vos interventions publiques. Vous arrondirez vos fins de mois en publiant des livres recueillant vos meilleures prédictions aux éditions Bob Laf. Tickets restaurant à hauteur de 120 euros par repas. Remboursement des frais (costumes et taxis).