Montagnes russes

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

J’ai fait cette constatation empirique relative à la nature humaine que l’on accorde beaucoup plus de poids à ce que j’avance quand la bourse baisse que quand elle est à la hausse. Alors, avec une chute aujourd’hui de 5,59 % du CAC 40 et de 7,70 % du Dow Jones Industrial Average à la bourse de New York, je suis presque assuré de vous voir suspendu à mes lèvres.

J’ai annoncé de grands désastres à venir et je ne me suis encore jamais ravisé, alors quand la bourse grimpe on se dit : « Il s’est peut–être trompé ! Après tout, tant mieux ! » Moi, j’adopte alors un profil bas : je connais les « fondamentaux » comme on dit, et je sais que je n’aurai pas longtemps à attendre avant de pouvoir repointer mon nez.

La demande baisse aux États–Unis, que l’on déclare aujourd’hui en récession depuis décembre dernier. Un an pour déceler une récession, bravo ! Je vous l’annonçais moi le 2 février, dans Les États–Unis sont-ils en récession ?, pas trop mal pour le repérage, et avec dix mois d’avance sur les économistes officiels. Après une période d’optimisme modéré, j’ai le sentiment qu’on reparlera beaucoup de finance et d’économie dans les jours qui viennent, accrochez-vous !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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33 réponses à “Montagnes russes”

  1. Avatar de bernard
    bernard

    @ Rumbo

    Votre dénombrement des actionnaires est pour moi fondamentale dans l’analyse du monde réel, et donne la vraie raison à l’absence d’analyse en profondeur de la crise par les milieux « autorisés » et donne la mesure de la résistance à un vrai changement.

    L’actionnaire intégral, celui qui n’a que ses revenus d’actions pour vivre, a comme caractéristique fondamentale d’être quelqu’un dont l’avenir ne se confond plus avec celui de son monde réel mais dans celui de son revenu actionnariel.
    Il ne vit plus « en temps réel », mais « en but futur ».

    Le problème des petits actionnaires du monde développé de l’ouest est que, pour la plupart, il s’agit d’actionnaires « à l’insu de leur plein gré » qui sont très proches de cette définition.

    Une première fraction, les anciens actifs qui ont pu se créer un revenu à travers leur fonds de pension constitue peu ou prou la majorité des seniors anglo saxons.

    Une seconde fraction est celle des actifs vivant en régime capitaliste, en train de constituer leur « actif futur ».

    Une dernière fraction, apparue récemment, est constituée par l’ensemble des actifs qui ont décidé d’utiliser, cette fois volontairement ou cédant aux sirènes, la spéculation boursière comme moyen, principal ou accessoire, de s’assurer une existence confortable, mais sans avoir les moyens de leur objectif.

    Il est évident que c’est cette population, suffisamment nombreuse , qui a adhéré de fait et conforté ainsi l’environnement mental et politique actuel généré par les gros actionnaires aux USA, dont on a pu voir dernièrement les métastases partout en Europe, et notamment chez les nouveaux pays de l’UE.

    Mais cette façon de vivre en « but futur » a été aussi été littéralement imposée au plus grand nombre encouragé ou contraint à l’emprunt (pour rester compétitif, ou simplement vivre), avec comme seul perspective, cette fois d’éteindre une dette que l’effet des intérêts creuse démesurément, la mondialisation ayant supprimé l’effet correcteur de la hausse des salaires sur l’injustice de l’intérêt.

    Alors survient la « crise » qui n’est que l’effet des deux manifestations les plus éclatantes de la finitude du monde, à savoir l’effet du pic pétrolier, et la raréfaction des populations mondiales encore non exploitées, (associé, lui, diminution du bénéfice marginal de cette exploitation), et qui a commencé à incurver la croissance de la productivité mondiale globale alors que l’accroissement de la population mondiale perdure.

    La solution de fond de la crise apparaît donc comme la mise au premier rang des priorités, de toutes les initiatives qui vont privilégier la conception d’une vie en « temps réel », les provisions certes nécessaires du type « but futur » étant uniquement des biens réels, et constituées et dimensionnées de façon à surmonter les catastrophes locales et/ou temporelles.

    Celà passe par la fin de la prédominance de « l’avantage comparé » dévolu aujourd’hui à l’actionnaire sur le producteur, dont le premier étage pourrait être le rétablissement des la hausse des rémunérations des activités « temps réel » si on ne veut pas renoncer tout de suite à l’intérêt, ou, mieux, la fixation d’un taux d’intérêt citoyen autour de 0 (débattu démocratiquement) pour toute activité d’investissement (privée ou publique).

  2. Avatar de A.
    A.

    @ tous :

    Allez regarder « le Crash alimentaire » disponible sur le site internet d’Arte. Je crois que l’achat d’actions d’entreprises agro-alimentaires est un bon placement à court terme …

  3. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    bernard dit :
    3 décembre 2008 à 12:18

    Oui, merci de votre appréciation, et vos développements sont cohérents. J’associerais: temps réel, à: unité de valeur entre la production des bien et des services et la monaie étant sont reflet exact. Production et monnaie sont indissociables, sans quoi le pouvoir d’achat est amputé. Sur cette base intangible, déterminée à la base, par la seule production des biens et des services, l’on peut avancer en richesses produites grâce au progrès (1) et la création de la monnaie effectuée par un organisme représentant la société civile productrice, les banques ne prêtant que l’argent de leurs déposants. De facto, nous sommes tous des – actionnaires – des entités socio-économiques dont nous relevons et nous ne le savons pas vraiment.

    Il faut nous défaire du système financier à actionnariat privé, lequel joue un rôle sociale et public complètement usurpé et toxique à haute dose, car il « travaille » pour l’enrichissement de ses actionnaires et non pour l’enrichissement et la sécurité économique de la (ou les) société. La société, qui est comme une association de facto, doit prendre le contrôle de la création de SA monnaie, les compétences ne manquent pas, et que les banques fassent enfin leur vrai métier de gèrer l’argent de leur déposants.

    (1) inclu le vrai progrès qui sera celui de notre insertion non antagoniste dans l’environnement et l’écosystème au lieu d’en être les prédateurs, ce qui se retourne tout naturellement contre nous.

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