Notre débat sur la monnaie : et si c’était à refaire ?

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Les experts reconnus vous diront qu’engager le dialogue avec les « amateurs éclairés » qui tentent de poser un œil critique sur leur discipline, est non seulement une perte de temps mais peut se révéler aussi une expérience dangereuse pour vous puisque votre nom se retrouve in fine associé aux thèses hétérodoxes dont vous avez accepté de débattre avec eux.

La discussion que nous avons engagée sur « la création monétaire » pourrait sembler leur donner raison. Arrivé au bout du parcours, j’ai trouvé beaucoup d’erreurs de raisonnement et parfois pire : quelques falsifications intentionnelles. La position où je me retrouve à l’arrivée est celle que j’avais au départ : celle des « experts » reconnus de la question, celle qu’exprime la théorie financière dominante telle qu’on la trouve exprimée dans les livres de référence de ma profession d’ingénieur financier.

Ai-je des regrets ? Non, et ceci pour plusieurs raisons. La première est que j’aurais pu continuer d’entretenir un doute : ma connaissance était-elle un véritable savoir ou bien l’aboutissement d’un endoctrinement ? Vous m’avez obligé de refaire le raisonnement entièrement, du début à la fin, et j’en ai éprouvé chacune des étapes au test de vos multiples objections. La deuxième, est mon intérêt en soi pour le fonctionnement de l’explication, je lui consacre mon livre à paraître et l’anthropologie des savoirs est celle à laquelle je m’identifie complètement. La troisième raison, est la découverte que j’ai faite à cette occasion du mécanisme de la manipulation de l’opinion par la désinformation. L’exemple est excellent : l’argent – un sujet qui nous touche tous de près ou de loin ; l’argent – un moyen que nous utilisons tous les jours sans que cela nous pose de problèmes ; les banques – qui nous prennent cet argent sous des prétextes multiples ; la monnaie – qui repose sur une « multiplication des pains » : la magie des « réserves fractionnaires » ; soit, au total, une combinaison fatale de mystère et de ressentiment qui nous fait suspecter l’existence d’un « scandale » et nous encourage à relâcher les principes que nous appliquons habituellement au raisonnement. J’ai pu constater ici que les « amateurs éclairés » ne prêtent pas suffisamment attention au fait qu’un maillon vicié dans le raisonnement (faux par naïveté ou par rouerie) l’invalide entièrement ; en ignorant cela ils tendent aux « experts » qu’ils critiquent les verges pour les battre.

Referais-je l’expérience ? Oui, parce que je reste convaincu qu’il existe des cas où les « amateurs éclairés » y voient en effet plus clair que les experts d’un savoir qui s’est fossilisé au fil des années. Oui, parce que je reste fasciné par le processus de la découverte : j’ai accepté autrefois un débat sur les OVNI, où j’ai découvert de la mauvaise foi dans les deux camps, j’ai ensuite accepté ici-même un débat sur 9/11 qui m’a permis de découvrir comment la morgue des experts les empêche de communiquer les résultats pourtant justes auxquels ils parviennent. Avis simplement à ceux qui ont quelque chose à vendre, de brun ou de noir : je ne vous tolérerai pas davantage.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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192 réponses à “Notre débat sur la monnaie : et si c’était à refaire ?”

  1. Avatar de Dav

    Pour répondre aux désirs de quelques-uns, je voudrais expliquer la démarche qui me fait insister sur la nature de la monnaie.
    Sur cette distinction réel/représentation du réel ou signifié/signifiant ou phénomène/modèle.

    J’ai l’intuition que la juste appréhension de la nature de la monnaie nous permet d’aboutir très facilement à la « condamnation » de la spéculation… Non pas en tant que condamnation morale. Mais en tant que condamnation logique.

    Autrement dit, il me semble que nous pouvons démontrer clairement en quoi la spéculation est absurde (qu’elle repose sur un mauvais raisonnement logique, ce qu’il est possible de faire) ce qui est une base beaucoup plus solide que de démontrer qu’elle est néfaste (qu’elle repose sur un mauvais raisonnement moral, ce qui n’est pas possible de faire).

    Puisque nous avons réussi à démontrer que la monnaie n’était pas réelle, en nous appuyant sur l’exemple des banques commerciales qui créent de la monnaie (à l’état de réserve de valeur).
    Puisque nous ne pouvons pas démontrer que le ballon n’est pas réel.
    Nous pouvons établir une distinction logique entre le ballon et le bout de papier qui représente le ballon.
    Entre l’objet physique et sa modélisation mathématique.
    Entre la « richesse » (attention au sens de ce mot piège) et la monnaie.

    En somme, nous avons des bases solides pour affirmer selon notre culture :
    La monnaie est un média de l’échange… (en s’appuyant sur la distinction signifiant/signifié ou réel/représentation)
    ou
    La monnaie est une modélisation mathématique du système physique de l’échange (en s’appuyant sur le distingo phénomène/modèle)

    Ainsi, que nous ayons une culture littéraire ou mathématique, nous en arrivons à dire la même chose.

    Voici comment nous pouvons, à partir de là, en déduire que la spéculation (contrairement à « l’investissement ») est théoriquement absurde, dans le cadre du système physique de l’échange. Je vais la faire courte; ça veut dire qu’il y aura des failles sur lesquelles il faudra sans doute revenir… (surtout qu’il est possible qu’au final, l’ensemble du raisonnement soit faux, même si, bien sûr, j’en doute 🙂 ).

    Puisque la monnaie est une modélisation mathématique du système physique de l’échange, cela signifie que le système physique peut tout à fait exister sans que sa modélisation n’existe. Autrement dit, la monnaie n’est pas un phénomène émergent du système physique de l’échange (comme on peut souvent le lire dans les revues économiques), elle est une modélisation mathématique émergente du système physique de l’échange; ce qui est très différent. Autrement dit, c’est l’homme qui intervient sur le système physique de l’échange, par la modélisation mathématique (le recours à l’abstraction), pour le faciliter ou l’améliorer.

    De là, nous pouvons en déduire, je pense, un deuxième savoir démontré :
    La nature de la monnaie est de faciliter l’échange (d’en être le média au sens technologique du terme)
    ou
    La nature de la modélisation mathématique du système physique de l’échange est de contourner les difficultés du système physique de l’échange (toujours par le recours à l’abstraction).

    Du coup, la question des intérêts ou de la spéculation ne se pose plus en tant que question morale, mais en tant que question logique : est-ce que les intérêts bancaires ou la spéculation facilitent l’échange ou contournent les difficultés du système physique de l’échange ?

    En ce qui concerne les intérêts bancaires, la question est complexe, car il faut distinguer le service rendu, son coût et surtout son ratio par rapport à la notion d’investissement… je vais laisser cette question de côté pour l’instant, si vous le permettez.

    En ce qui concerne la spéculation, la question me parait enfantine, par contre… encore nous faut-il démontrer que la spéculation parasite le système d’échanges sans jamais le stimuler (j’ai bien dit jamais : d’où son caractère absurde) !

    Mais pour cela, comme d’habitude, il va nous falloir bien définir ce qu’est la spéculation, ne serait-ce que parce que la spéculation, au sens propre, c’est ce que nous faisons tous à tout moment. Je rappelle que la spéculation, c’est simplement la mise en miroir de l’autre.

    Donc, quelle est cette spéculation qui serait absurde ?
    Et bien, c’est celle qui consiste à confondre l’amélioration de l’échange et l’amélioration du média de l’échange.
    (Celle qui tombe au fond dans le piège du déterminisme technologique, mais ceci est un autre débat)

    En effet, vous serez d’accord avec moi pour dire que l’amélioration de la modélisation mathématique du système physique de l’échange n’est pas la même chose que l’amélioration du système physique de l’échange.

    Or, que penser d’une logique qui consisterait simplement à augmenter la masse monétaire sans jamais augmenter les échanges ?
    C’est cela que nous pouvons appeler « spéculation » (mais je chercherais un autre mot pour le dire… spécillusion un truc comme ça…)

    En fait, on pourra nommer spéculation l’activité qui consiste à augmenter le nombre de représentations du ballon, sans jamais augmenter le nombre de ballons… par opposition à l’activité qu’on pourra nommer investissement, qui consiste à augmenter temporairement le nombre de représentations du ballons, afin de stimuler la production de ballons. (J’esquive volontairement pour l’instant le débat sur le bien fondé de cette production, c’est juste pour bien définir la différence entre spéculation et investissement).

    On va maintenant pouvoir prendre notre temps pour démontrer tranquillement que la multiplication quantitative des petits papiers conduit simplement à une dévaluation mathématique de la valeur des petits papiers sans création de « richesse » parce qu’elle tombe dans le panneau qui nous fait croire que la monnaie EST la « richesse », que le media EST l’échange, que le modèle EST le phénomène, que le signifié EST le signifiant, que le Réel EST la représentation, choisissez la formule qui vous convient.

  2. Avatar de A.
    A.

    @ Dav :

    « J’ai l’intuition que la juste appréhension de la nature de la monnaie nous permet d’aboutir très facilement à la “condamnation” de la spéculation… Non pas en tant que condamnation morale. Mais en tant que condamnation logique. »

    L’intérêt de ce débat est qu’en réfléchissant à la question de la monnaie, nous sommes obligés de raisonner dans un cadre qui ne se cantonne pas à l’économie puisque cette dernière en dépend.

    En l’occurence, je crois qu’il faut se méfier de la logique. On tombe, il me semble, dans l’argument ontologique sous l’effet de la lancée de notre entendement. On cherche ici la cause de la cause par laquelle la logique nous permet d’accèder à la cause première. Mais cette cause inconditionnée, qui n’est le prédicat de rien du tout, est un vue de l’esprit. Elle est nénamoins utile à des fins épistémologiques pour construire un système cohérent.

    Il faudrait se concentrer sur les signification implicites et explicites. La monnaie est d’abors et avant tout un rapport social. Comprendre la monnaie est une tentative de psychanalyser la société.

    En écrivant cela

  3. Avatar de Dav

    Je vais tout de suite prendre un exemple, parce que ma démonstration spéculation/investissement me parait encore un peu faible pour l’instant, donc autant la reprendre, il s’agit de la renforcer ou de la démolir :

    Voici un exemple qui la renforce :

    Dans l’étude de cas sur les ballons et les petits papiers, on voit bien que la fabrication des petits papiers facilite les échanges, mais au bout d’un moment on voit bien aussi que chaque ballon ne « vaut » plus un petit papier. Il y a une dévaluation monétaire de fait. Le fait que la monnaie soit à l’état de réserve de valeur ne change rien à cet dévaluation de fait.

    Au bout de la chaine, si on a fabriqué de nouveaux ballons correspondant aux petits papiers, alors on a investi.
    Au bout de la chaine, si on n’a pas fabriqué de nouveaux ballons correspondant aux petits papiers, alors on a spéculé.

    En cas d’investissement, la valeur de la monnaie reste stable, tandis que la sanction de la spéculation devrait être logiquement la dévaluation de la monnaie. J’en tirerais une conclusion étonnante, mais logique (qui pose plein d’autres questions au demeurant) :

    En cas d’échec de l’investissement, il est totalement illogique en terme de modélisation mathématique de rembourser la partie du prêt qui repose les nouveaux petits papiers qui n’ont pas reçu leur pendant « ballons ».

    Autrement dit, il serait a priori « logique » de que l’impossibilité du remboursement rende la partie du prêt sans contrepartie caduque.

  4. Avatar de Dav

    @A.

    Vous dites : « En l’occurence, je crois qu’il faut se méfier de la logique. On tombe, il me semble, dans l’argument ontologique sous l’effet de la lancée de notre entendement. On cherche ici la cause de la cause par laquelle la logique nous permet d’accèder à la cause première. Mais cette cause inconditionnée, qui n’est le prédicat de rien du tout, est un vue de l’esprit. Elle est nénamoins utile à des fins épistémologiques pour construire un système cohérent. »

    Je suis désolé A., mais je ne comprends pas ce que veut dire « argument ontologique », ni « cause inconditionnée », ni « prédicat »…
    Mais il me semble a priori que ce que vous dites n’est pas très éloigné de ce que j’exprime en disant « on ne peut pas atteindre le réel », et qui rejoint la remarque d’Etienne d’ailleurs. En ce sens, je vous rejoins. Mais quoi d’autre que la logique pour fonder un raisonnement ?

    Du coup, je suis d’accord si vous me dites qu’il faut se méfier de la logique, à condition qu’il ne s’agisse pas de s’en défier.
    A partir de là, il s’agit de faire la différence entre un raisonnement faux (une erreur logique) et une raisonnement limité (le cadre logique).

  5. Avatar de A.
    A.

    @ dav :
    L’argument ontologique est le raisonnement pas lequel Descartes prouve l’existence de Dieu. Je ne vais pas entrer dans le détail de la démonstration (que je nsuis pas de maîtriser). Pour faire simple, l’existence de Dieu est affirmée en raison de la possibilité du concept de Dieu. Par extension, l’argument ontologique définit la manière dont l’entendement est conduit par sa structure même à remonter à une cause, et de cause en cause, on arrive à une cause première : Dieu en philosophie, la main invisible du marché en économie.

    De ce raisonnement on en déduit des exposés normatifs du genre : il faut + de concurrence pour faire baisser les prix ou l’existence de Dieu assure l’existence de tout ce qui est hors de moi (spatialement et « non-spatialement »).

    Dans ce cadre du marché ainsi pensé, tout est cohérent puisque l’entendement est parvenu à trouver la cause première qui fait que l’économie, en tant que science pure (au sens d’économie pure de Walras, est logiquement pensable sans contradiction interne.

    Sur le reste du message : nous sommes d’accord.

  6. Avatar de Dav

    Je reprends le bout de gras :

    « En cas d’échec de l’investissement, il est totalement illogique en terme de modélisation mathématique de rembourser la partie du prêt qui repose sur les nouveaux petits papiers qui n’ont pas reçu leur pendant “ballons”. Autrement dit, il serait a priori “logique” que l’impossibilité du remboursement rende caduque la partie du prêt sans contrepartie. »

    Qu’est-ce que ça voudrait dire en pratique avec un leverage ratio de 9?
    Cela voudrait dire que la banque qui, sur 100 petits papiers, en prêteraient 900, ne pourrait pas prétendre en récupérer plus de 100 en cas de défaut de paiement. Comme dirait l’autre étonnant, non ?

    A vous.

  7. Avatar de Dav

    @A.

    Ok, je comprends mieux maintenant. Auquel cas, il suffit juste de vérifier que nous ne sommes pas dans ce cas…
    Que nous ne faisons pas des contorsions pour atteindre un but que nous nous sommes fixé à l’avance (comme l’a fait Descartes).
    Au contraire, nous avons procédé dans l’autre sens… par exclusion.

    Nous n’avons pas démontré que Dieu (la monnaie) existait, nous avons fait le contraire.
    En ayant démontré que la monnaie n’existait pas, il nous est plus facile d’éviter les biais que vous dénoncez.

  8. Avatar de antoine
    antoine

    @ Candide

    C’est une question d’éxegèse je crois. Puisqu on etait dans le creationnisme. Mais peut etre des creationnistes partagent ils l idee que Dieu créé le code génétique quoique j en doute. J ai la flemme de vérifier j avoue.

  9. Avatar de Candide
    Candide

    @ Antoine

    Moi aussi, j’ai la flemme, et d’ailleurs, très franchement… 😉

  10. Avatar de Dav

    Voici une contribution de Gilles :

    « Pour en finir définitivement ( je lis et rien n’avance) sachez que notre conception de la monnaie a changé. La monnaie est composée de 4 entités distinctes :
    -l’argent en circulation : 1% de la monnaie
    -la masse monétaire : 11%
    -les dettes sécurisées : 13%
    -les produits dérivés : 75%
    Est-ce que l’on a “pensé” à cela avant d’écrire. »

    Je reprends ici ce commentaire qui m’interpelle.
    Qu’est-ce que ça signifie : 4 entités distinctes ?
    Est-ce que ça veut dire, qu’à un moment, ce n’est plus de la monnaie, ce serait « autre chose » ?
    Ou est-ce que ça veut dire que ce n’est pas la même monnaie, une autre monnaie ?
    Ou s’agit-il d’une même monnaie qui prendrait quatre formes différentes, auquel cas, quelles seraient les caractéristiques de ces quatre formes ?

    Merci à vous et à ceux que le sujet intéresse.

  11. Avatar de Gilles Bonafi
    Gilles Bonafi

    Bonjour Dav et les autres,
    il s’agit bien sûr de 4 formes de monnaies différentes. Je suis sidéré de voir à quel point nous avons une vision conventionnelle de la monnaie. Le problème provient en particulier de la 4ème « entité » car elle échappe à tout contrôle, contrôles qui ont été détruits je rappelle:
    « La SEC donc, l’organisme qui devait surveiller les marchés, est passée de 147 employés à 1 seul.
    Cette information a été donnée par Peter Welsh, représentant du Vermont au Congrès.
    Elle a d’ailleurs été reprise par Lynn Turner chef comptable de la SEC (donc, quelqu’un de fiable!) qui, témoignant sous serment a déclaré (lisez bien ce qui va suivre!):
    «Je pense qu’un écrémage systématique – appelez ceci comme vous voudrez – parmi les fonctionnaires a eu lieu dans cette administration, afin de saper ses capacités de contrôle.»
    Tu peux Dav trouver ceci dans mon article « krach mondial – les raisons cachées ». Mais dès que l’on parle de cela l’on devient un affreux théoricien du complot!
    Pour en revenir à notre 4ème « entité », il faut savoir que la majeure partie des produits dérivés qui représentent 75 % de la monnaie sont financés à crédit. Oui, tu as bien lu!
    Ils sont financés grâce au système des « Margin Loan » où comptes sur marge. Tu comprends mieux le « tsunami » dans lequel nous sommes et bientôt, tout va être emporté. Paul et les autres n’en parlent pas. Pourquoi, je n’ai pas la réponse mais je commence à me poser pas mal de questions!

  12. Avatar de Dav

    Je crois Gilles, qu’il faut qu’on soit plus précis.

    Par exemple… si tout ce bazard, c’est de la monnaie, pourquoi parler de masse monétaire pour une catégorie bien précise de monnaie ?

    Et puis, l’argent en circulation, je vois bien ce que c’est.
    Les dettes, maintenant, je vois mieux ce que c’est.
    Mais un « produit dérivé », pour l’instant, je n’ai qu’une vague idée de ce terme…
    Et une moins bonne idée encore de la manière dont vous parvenez à en estimer la « masse ».

    Je m’excuse de vous faire redéfinir ainsi votre propos, mais il me semble que la différence majeure entre les différents points de vue rationnels qui sont émis ici reposent sur des glissements sémantiques.

  13. Avatar de Dav

    Et puis j’oubliais le plus important :

    Etes-vous sûr qu’un produit dérivé soit de la « monnaie » ? Si oui, en quoi ?

  14. Avatar de tigue
    tigue

    Les produits dérivés sont des générateurs de liquidités, permettant de faire monter ou baisser le prix de ce qu’ on veut, et s’ approprier tout outil productif en faisant baisser le cours puis en déclenchant la vente panique d’ un titre de propriété (actions), par ailleurs, cela permet de s’ approprier tous les petits ballons du monde.

  15. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Dav: j’ai lu avec intérêt votre argumentation sur la « condamnation logique » de la spéculation. Au final, j’en retiens que la monnaie n’a pas de valeur intrinsèque autre que la confiance que nous lui accordons comme moyen d’échange. Dès lors spéculer sur la quantité de monnaie ne crée pas de richesse. C’est en effet logique… et ne vallait peut-être pas les efforts que vous avez consentis pour le démontrer.

    @ Gilles Bonafi : je comprends pas oú vous voulez en venir à travers vos derniers posts… Votre distinction entre 4 formes de monnaie n’a pas de sens. Vous semblez croire qu’un produit dérivé est une forme parrallèle de monnaie. Ou que l’argent en circulation ne fait pas partie dela masse monétaire…

    Quant à votre dernier commentaire sur la SEC et les raisons cachées de la crise , sans vouloir faire de procés d’intention, je les place leur apport au débat au même niveau que vos posts sur JFK et les « United States Notes » de 1963. J’en profites d’ailleurs pour vous dire que contrairement à ce que vous affirmez les « United States Notes » n’ont pas existé qu’en 1963 mais bien à plusieurs reprises dans l’histoire américaine, et qu’elles ont eu cours jusqu’en 1971. Je me demande comment Rumbo a pu rebondir sur votre commentaire en affirmant avoir été en possession d’un tel $ au Canada. La durée de vie d’un billet est de 10 ans environ… Une pièce de collection?

    Où l’on voit bien que rigueur et volontée de démontrer qu’on nous cache des choses (tout en récusant l’étiquette de comploteur…) sont 2 orientations difficiles à concilier!
    Bien respectueusement

  16. Avatar de Dav

    « Les produits dérivés sont des générateurs de liquidités, permettant de faire monter ou baisser le prix de ce qu’ on veut, et s’ approprier tout outil productif en faisant baisser le cours puis en déclenchant la vente panique d’ un titre de propriété (actions), par ailleurs, cela permet de s’ approprier tous les petits ballons du monde. »

    Pour l’instant, je n’ai pas compris. Et j’aimerais mieux cerner votre description/explication/intuition.

    Pourriez-vous me présenter un exemple de produit dérivé ?

    Est-ce que je peux traduire générateurs de liquidités, par générateurs de monnaie à l’état liquide (ayant la fonction d’échanges) ?

    « Le prix de ce qu’on veut », cela inclut bien sûr les devises, genre carry trade; y’a-t-il des interdits ?

    Comment le produit dérivé permet-il de « s’approprier » un « outil productif » (par exemple des usines) ? Je ne comprends pas un mécanisme que ne laisse pas sous-entendre le terme « dérivé » ?

    Et enfin, quel est le mécanisme d’achat des produits dérivés ?

    J’ai bien des intuitions/réponses sur ces questions, mais je voudrais approfondir l’analyse qu’on peut porter sur ces produits. Quel est en la part d’investissement (0, un peu) et de spéculation (partielle, totale) ?

    Et nous n’avons pas répondu à la question, peut-on considérer les produits dérivés comme de la monnaie ? Si oui/non, pourquoi ?

  17. Avatar de Dav

    @Tigue (j’ai repris votre billet, ici, où nous pourrons croiser les angles):

    Comment rapprocher mon “n’existe pas” précedent, de votre : “existe indépendamment de celui qui l’ observe” ?

    Si nous sommes tous les deux d’accord pour évacuer le solipsisme qui consiste à penser que le monde n’existe pas en dehors de nous (nous, observateur), alors il me semble que le rapprochement n’est pas difficile. Et dussions-nous mettre par convention, ce petit vertige aristotélicien à la poubelle que ça ne me gênerait pas plus que ça.

    Il y aurait donc :
    Les choses qui existent, que nous ne percevons pas. Nous les reconnaissons au fait que nous ne pouvons pas prouver qu’elles n’existent pas (ni ne pouvons prouver qu’elles existent au reste, mais ça n’a que peu d’importance).

    Les choses qui existent, que nous percevons. Nous les reconnaissons au fait que nous ne pouvons pas prouver qu’elles n’existent pas, et nous devons garder à l’esprit qu’elles existent pour nous sous la forme d’une représentation.

    Les représentations, qui n’existent pas, mais que nous percevons. Nous les reconnaissons au fait que nous pouvons prouver qu’elles n’existent pas, mais que nous ne pouvons pas prouver que les effets qu’elles produisent n’existent pas.

    Soit une catégorisation assez simple :
    Métaphysique
    Physique
    Mathématique

    De là, je dirais que la richesse relève de la métaphysique, le bien ou le service rendus de la physique, et la monnaie des mathématiques.

    Est ce une classe particulière d’ objets ? une classe pour laquelle la logique aristotelicienne est inopérante (ni vrai , ni faux).
    Comment rendre compte de la vérité relative à l’ espace considéré (au contexte ?), comment rendre compte de la vérité absolue, inateignable, ce qui prend la valeur: {mon “n’ existe pas pour nous” et votre “existe independament”}.

    Je doute qu ‘une télé appartienne cette dernière catégorie (4eme), j’ y verrais plutot des trucs plus spirituels…
    Mais nous risquons de gonfler passablement les lecteurs…

    Au total, il me semble qu ‘existent des phénomènes sur lesquels agissent les observateurs, mais qui n’ existent pas sans eux. Ces phenomenes sont le reel. A nous de decouvrir la fonction qui permet d’ agir sur ce reel et les relais physiques qui le permettent. L’ etude de la fonctionalité des phénomènes semble plus féconde, que l’ étude des seules manifestations de ces phénomènes dans un cadre donné.

  18. Avatar de Gilles Bonafi
    Gilles Bonafi

    Les produits dérivés sont de la monnaie car lorsque je gagne ou je perds avec ces produits financiers il s’agit d’argent réel. Par exemple la société générale a perdu 5 milliards qui étaient bien réels.
    En ce qui concerne les exemples de produits dérivés, je vais prendre l’exemple des CDS qui pose particulièrement problème.
    Les CDS sont des contrats financiers bilatéraux entre acheteurs et vendeurs de protection. L’acheteur de protection verse une prime, exprimée en points de base (un centième d’un point de pourcentage) par an en fonction du montant notionnel de l’actif, au vendeur de protection qui promet de compenser les pertes de l’actif de référence en cas d’événement de crédit.
    Il s’agit d’une transaction non-financée : sans obligation de mettre de côté des fonds pour garantir la transaction, le vendeur de protection reçoit des primes périodiques et augmente ses avoirs sans nul investissement en capital si aucun événement de crédit n’a lieu jusqu’à maturité du contrat. Dans le cas contraire, c’est très coûteux, il est contraint de faire un paiement contingent, donc de fournir des fonds (en monnaie réelle). Il s’agit donc d’une exposition hors-bilan (c’est pour cela que le pire est à venir !)
    En ce qui concerne les comptes sur marge (Margin Loan) voici un exemple qui va t’éclairer.
    Imaginons que tu achètes 1000 actions BNP à 50 euros, tu devrais donc débourser 50000 euros. Or, l’exigence de couverture d’un contrat de Margin Loan te permet de ne faire qu’une couverture de 10% (les taux de couverture varient en fonction du risque, de 1 à 50 %) soit 5000 euros. Tu as donc un prêt de 45000 euros et ceci est de l’argent réel car en cas de défaillance, il faudra rembourser.
    Le problème de ces contrats se nomme « appel de marge ».
    En effet, , les cours peuvent chuter. Lorsque la valeur des avoirs (la valeur des actions, moins ce que l’on doit au courtier) chute au-dessous de la couverture de maintien, le courtier envoie un  » appel de marge « . Cet appel de marge oblige à vendre les placements ou à déposer des fonds dans le compte.
    En gros, tu peux tout perdre et c’est ce qui se passe en ce moment.
    C’est étrange que personne ne soulève ce problème. Paul où es-tu?

  19. Avatar de Dav

    Oups… vous m’excuserez d’avoir oublié d’effacer mon copier/coller…
    Le message s’arrête donc à Mathématiques, vous l’aurez compris.

    ET pour parler de votre télévision, on peut imaginer que l’objet fait partie de la deuxième catégorie, mais que les représentations via lesquelles nous y avons accès (à cet objet physique) font partie de la troisième.

  20. Avatar de tigue
    tigue

    Paul a écrit énormément sur ce sujet.
    Par exemple, la crise des subprimes est due a un effet domino incluant ces produits.
    Un exemple de produit dérivé est le CDS : credit default swap.
    C est une assurance contre le défaut de paiement d’ une dette d’ entreprise par exemple.
    Le problème est qu’ il existe un détournement du principe de l’ assurance, avec l’ autorisation de spéculer sur les variations numériques de ces Cds (on joue alors qu’ on a pas de risque a couvrir ).
    Ce type de produit génère un montant notionnel (somme de tous les engagements) total supérieur a 500 000 milliards de dollars.
    Le volume des sommes dégagées par cette industrie sont fantastiques.
    Ces produits dérivés utilisés dans le secteur immobilier américain (mbs, cdo entre autres…), ont permi de financer la bulle immobilière et la consommation des ménages avec l’ argent des investisseurs a la recherche de placements pour leurs liquidités (chinois notemment).
    La baisse des prix immobiliers provoque des pertes sur la valeur de ces produits (les dettes immobilieres ont été transformees en titres-profuits derives-produits synthetiques négociables comme les actions).
    Les banques, les fonds de pension, les entreprises, acheteuses de ces titres perdant de l’ argent et devant se recapitaliser.

    Si vous étiez propriétaire d’ une entreprise et qu’ un fonds vous propose 4 fois le prix, vous lui vendez, et vous êtes payés avec de la monnaie qui vient majoritairement de là. De même si vous êtes une entreprise cotée en bourse et qu’ un tel zinzin, s’ intéresse a vous, il peut provoquer de façon durable la baisse du prix de l’ action et contraindre a déclencher un mouvement de vente, qui par effet boule de neige accelerera la chute des cours.
    Si par exemple, un gouvernement etranger est derrière le zinzin, cela pose problème.

  21. Avatar de Dav

    @Merci Gilles.

    Je vais tranquillement prendre le temps de digérer la partie technique de votre message…

    « Les produits dérivés sont de la monnaie car lorsque je gagne ou je perds avec ces produits financiers il s’agit d’argent réel. Par exemple la société générale a perdu 5 milliards qui étaient bien réels. »

    Trois questions :
    En imaginant bien sûr que la mise de départ n’est pas à crédit, histoire d’avoir un « produit dérivé » témoin 🙂

    Lorsque je gagne de l’argent avec ces produits financiers, d’où vient l’argent que je gagne ?
    Y a-t-il une augmentation de la quantité de monnaie existante dans le système ?
    Lorsque je perds de l’argent, cet argent est-il détruit ?

  22. Avatar de A-J Holbecq

    Si on veut parler de la même chose, il faut rester dans la définition « communément admise » de la monnaie.

    Chaîneau définit la « masse monétaire » de la manière suivante

    La masse monétaire est la somme des actifs monétaires que détiennent les agents économiques pour la réalisation de leurs transactions présentes et futures. Elle représente la somme de leurs encaisses

    A ce propos, je vous suggère de voir (graphique) les évolutions des masses monétaires aux USA depuis 1959

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Components_of_the_United_States_money_supply2.svg

  23. Avatar de Dav

    @Merci tigue

    Vous dites : « Les volumes des sommes dégagées par cette industrie sont fantastiques. Ces produits dérivés utilisés dans le secteur immobilier américain (mbs, cdo entre autres…), ont permis de financer la bulle immobilière et la consommation des ménages avec l’argent des investisseurs à la recherche de placements pour leurs liquidités (chinois notamment). La baisse des prix immobiliers provoque des pertes sur la valeur de ces produits (les dettes immobilières ont été transformées en titres-produits dérivés-produits synthétiques négociables comme les actions).
    Les banques, les fonds de pension, les entreprises, acheteuses de ces titres perdant de l’argent et devant se recapitaliser. »

    D’après vous tigue, que se serait-il passé en l’absence de possibilité pour l’Etat de s’endetter (et donc de créer de la monnaie en tant que réserve de valeur, sous la forme de dettes) ?
    Que se passerait-il si l’état cessait de gager une richesse hypothétique future en contrepartie de la fantastique masse monétaire qui se répercutent aujourd’hui sur elle, via les bons du trésor ?

    Pourrait-on en déduire comme je suis tenté de le faire qu’il y aurait eu simplement des pertes d’argent sur les produits toxiques et une gigantesque inflation sur tout le reste ? Démontrant ainsi un formidable excès de masse monétaire ?

  24. Avatar de Dav

    @AJH.

    Je crains qu’en ne prenant une définition conventionnelle de la monnaie, on ne vous renvoie très vite en contre-argumentaire une définition conventionnelle de la circulation de la monnaie (flux, réserve de valeur, tout ça)…

    Je pense qu’on gagne à oublier (pour l’instant), les définitions conventionnelles, et à faire, entre nous, ce travail de redéfinition permanente des termes que nous employons, au moment où nous les employons.

    J’imagine qu’au final, a posteriori, on retombera en partie sur les définitions conventionnelles.

  25. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Dav et Gilles Bonafi:

    Un produit dérivé c’est, en principe, comme des actions. À part certains produits dont Gilles donne l’exemple ci-dessus avec les CDS, le processus de titrisation des prêts est une transformation de ceux-ci en actions dont les cours montent et descendent indépendament du montant où elles ont été achetées en monnaie. Mais ce qu’explique Tique montre la fausseté de pareilles « formules » – toutes mélangées – (autre image: de l’huile végétale alimentaire et de l’huile de moteur sont toutes de l’huile, peut-on pour autant cuisiner avec un pareil mélange d’huiles?…). Si c’était du « béton », je poursuis l’image en disant que, en tant que professionnel du bâtiment, je ne donnerais jamais une garantie décennale à un pareil « béton ». Les Mines ou Véritas encore moins!….

  26. Avatar de tigue
    tigue

    @Dav:
    Les inflationnistes pensent que les prix des valeurs réelles vont forcément augmenter avec a terme le risque d’ hyperinflation (comme pendant la république de weimar).
    Les deflationistes pensent que la croissance artificielle financée a crédit se tarissant par la fermeture des vannes du crédit, il y aura des faillites dues notament a une baisse generalisee de la consommation (pas d’ accès au crédit= baisse de la conso aux us), donc baisse des prix (course au low cost) et donc des salaires, fermant la boucle du cycle déflationniste (déflation longue a » la japonaise ») Le transformation de la dette privée en dette publique, intervient quand l’ état renfloue, aide les citoyens…
    Les us peuvent faire ce transfert tant que les taux longs ( independants de la fed) sont bas, si ceux ci montent, la dette deviendra insupportable, et la interviendrait la tentation d’ eponger la dette par l’ inflation (mais il s’ ensuivrait une déflation).

    Mais comme le dit justement Paul, chaque crise est différente, et je pense personnellement, que ces notions déflation (deflation=baisse de l offre de monnaie) ou inflation,sont déjà obsolètes pour décrire ce qui se passe (il y a bien pour le moment « une déflation » du prix des actions, du prix des matières premieres, du prix de l’ immobilier…). Si l’ on accepte notre nouvelle définition « fonctionnelle » de la monnaie, l’ offre baisse localement (contraction du crédit) mais pas pour les zinzins qui continuent a tout acheter, pendant que les « humains » vendent.

  27. Avatar de Dav

    Merci pour votre réponse. Je vais détailler un peu l’interprétation que j’en fais.
    On va retomber sur des évidences, mais des évidences un peu mieux démontrées, cette fois, je pense.

    Nous avons donc eu ici un formidable accroissement de la masse monétaire sans création de richesses réelles. Le symptôme de ce formidable accroissement était l’inflation du prix des actifs dans la phase précédent le déclencheur de la crise… et maintenant, le symptôme de ce formidable accroissement de la masse monétaire sans création de « richesses » c’est, non pas la déflation, mais l’accroissement de la dette publique, dans lequel va se « stocker » l’excédent de masse monétaire.

    D’après moi, on en arrive à démontrer que ce formidable dysfonctionnement n’est pas dû au système de la création monétaire par le crédit, puisqu’on a vu que cette création pouvait soit permettre la création d’une richesse réelle (un investissement), soit permettre la création de la représentation d’une richesse (une spéculation) et qu’elle pouvait donc rester « neutre » en matière monétaire (conservation correcte du ratio richesse réelle/masse monétaire).

    J’en arrive donc à cette conclusion simple :

    Ce n’est pas le système de création monétaire qui est en cause dans la crise économique (on pourra lui attribuer d’autres maux, peut-être, comme la crise écologique… mais j’esquive ce débat pour l’instant).
    C’est le fait qu’on ait appliqué ce système de création monétaire à des représentations de richesse, et non pas à ce qu’on estime être des richesses réelles.

    Nous avons ainsi fabriqué un gigantesque système de dévaluation monétaire, à effet retard, par une augmentation massive de la masse monétaire sans contrepartie, et que nous sommes aujourd’hui contraint de stocker dans les dettes publiques, à l’état de réserve de valeur.

    J’irais jusqu’à envisager que le caractère cyclique de l’économie qu’on nous vend comme étant naturel, n’est en fait que l’enfant (naturel) de cette spéculation (le fait que nous considérions la représentation de la richesse comme une richesse en elle-même).

    Si nous sommes capables de démontrer ça, alors il nous faudra regarder comment/si nous pouvons cesser de considérer la représentation de nos richesses comme étant des richesses en elles-même.
    A ce titre, s’être débarrassée de l’étalon-or me semble plutôt aller dans le bon sens, contrairement à la manie que nous avons eu de tout déréguler.

  28. Avatar de Gilles Bonafi
    Gilles Bonafi

    Bonkour à tous,
    je vous envoie mon dernier article qui résume ce que je pense.

    La vérité sur la crise

    Sur le blog de Paul Jorion (un des économistes qui a annoncé la crise actuelle) a eu lieu un véritable débat sur la monnaie. Or, qu’est-ce que la monnaie ? La querelle est avant tout centrée sur la vidéo de Paul Grignon « l’argent dette. »
    Paul Grignon (ainsi que d’autres économistes dont Maurice Allais) déclare que les banques créent de la monnaie à partir de dettes. Le débat a été animé et Paul Jorion a affirmé que le raisonnement de Paul Grignon était faux.
    Pour ma part, je pense que le raisonnement de Paul Grignon est vrai dans le fond et faux sur la forme. En effet, il y a bien création d’argent à partir de dettes et je vais m’en expliquer.
    Notre conception de la monnaie a changé car il faut désormais introduire les produits dérivés dans sa définition. La monnaie est donc composée de 4 entités distinctes :
    -l’argent en circulation : 1% (de la monnaie)
    -la masse monétaire : 11%
    -les dettes sécurisées : 13%
    -les produits dérivés : 75%

    On le voit, les produits dérivés représentent l’essentiel de la masse monétaire, 630 000 milliards de dollars. Cela dépasse l’entendement car il s’agit de 13 fois le PIB mondial. Ils posent donc problèmes, d’énormes problèmes.
    Je vais illustrer ici pourquoi.
    Les produits dérivés sont de la monnaie car lorsque l’on gagne ou que l’on perd avec ces produits financiers il s’agit d’argent réel. Par exemple la société générale a perdu 5 milliards d’euros qui étaient bien réels.
    En ce qui concerne les exemples de produits dérivés, je vais choisir 2 exemples : les CDS (Credit default swap) qui sont au cœur de la tempête et représentent 62 000 milliards de dollars dans le monde et les comptes sur marge (Margin Loan) qui illustrent le dysfonctionnement de la bourse.
    Les CDS sont des contrats financiers entre acheteurs et vendeurs de protection. Il n’y a aucun fond pour garantir ces contrats et en cas de difficultés, le vendeur de protection est obligé de fournir de l’argent bien réel. Ces opération n’apparaissent pas dans le bilan des organismes financiers (on appelle cela une « exposition hors bilan ») et c’est pour cela que le pire est à venir !
    J’ai affirmé dans mon article « Barack Obama, dernier président des USA » :
    « L’OCC (Comptroller of the Currency, l’autorité de tutelle des banques) déclarait le 30 juin 2008 que les banques commerciales US possédaient 182 100 milliards de dollars de produits dérivés. Son dernier rapport (30 septembre 2008) précise que JP Morgan Chase détiendrait 43 000 milliards de dollars en produits dérivés et Citigroup 17 500 milliards soit plus que le PIB mondial. Les sommes en jeu sont colossales et, pour rappel, les entreprises sont interconnectées à l’aide de CDS pour un montant de 62 000 milliards de dollars. Les premières défaillances ont commencé, nous assisterons donc bientôt, par effet domino, à l’implosion du système. »
    J’ai d’ailleurs indiqué que la fermeture des bourses aurait lieu bientôt car je pensais que Citigroup s’effondrerait. Mais ce n’est que partie remise et malgré les sommes colossales investies pour renflouer les banques, elles s’écrouleront.
    En ce qui concerne les comptes sur marge (Margin Loan) voici un exemple qui va vous éclairer car il faut comprendre à quel point la bourse fonctionne de manière irrationnelle.
    Imaginons que l’on achète 1000 actions x ou y à 50 euros, il faut donc débourser 50000 euros. Or, l’exigence de couverture d’un contrat de Margin Loan permet de ne faire qu’une couverture de 10% (les taux de couverture varient en fonction du risque, de 1 à 50 %) soit 5000 euros. Nous avons donc un prêt de 45000 euros et ceci est de l’argent réel car en cas de défaillance, il faudra rembourser.
    Le problème de ces contrats se nomme “appel de marge”.
    En effet, les cours peuvent chuter. Lorsque la valeur des avoirs (la valeur des actions, moins ce que l’on doit au courtier) chute, le courtier envoie un ” appel de marge “. Cet appel de marge oblige à vendre les placements ou à déposer des fonds dans le compte.
    En gros, on peut tout perdre et c’est ce qui se passe en ce moment.
    J’espère vous avoir éclairé sur les arcanes de la finance.
    Il va falloir maintenant se réveiller car le navire est en train de sombrer et comme l’explique J.K. Galbraith :
    « L’économie de marché est volontiers décrite comme un héritage ancien. En l’occurrence, c’est une escroquerie, ou plus exactement une erreur communément admise. Trop de gens apprennent l’économie dans des manuels qui entretiennent encore les dogmes de la production concurrentielle des biens et des services et de la capacité d’acheter sans entraves. En fait, il peut n’y avoir qu’un ou quelques vendeurs assez puissants et persuasifs pour déterminer ce que les gens achètent, mangent et boivent. » Les nouveaux mensonges du capitalisme Publiée dans le Nouvel Observateur (4/11/05) Interview de John Kenneth Galbraith par François Armanet.

    Gilles Bonafi

  29. Avatar de Dav

    @Gilles

    Si j’étais vous, je renforcerais le début de l’analyse. Si j’ai bien compris ce que vous m’avez expliqué, le problème n’est pas dans le système de création monétaire en lui-même via le crédit, mais dans l’objet du crédit.

    Il n’y a « création monétaire » qu’en raison du fait qu’il n’y a pas eu création de véritable richesses en face.

  30. Avatar de Dav

    En somme, si on avait appliqué le crédit à des vraie richesses (entreprise, production…), nous aurions eu une grande augmentation de la production (fabrication de « richesses » stimulées par le crédit) mais pas d’augmentation du ratio masse monétaire/richesse (ou petits papiers/ballons, si vous préférez).

    En revanche, parce qu’on a appliqué le crédit à de fausses richesses (monnaie et assimilée), nous avons eu une grande augmentation de la monnaie et assimilée et ce faisant du ratio masse monétaire/richesse.

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