Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Les experts reconnus vous diront qu’engager le dialogue avec les « amateurs éclairés » qui tentent de poser un œil critique sur leur discipline, est non seulement une perte de temps mais peut se révéler aussi une expérience dangereuse pour vous puisque votre nom se retrouve in fine associé aux thèses hétérodoxes dont vous avez accepté de débattre avec eux.
La discussion que nous avons engagée sur « la création monétaire » pourrait sembler leur donner raison. Arrivé au bout du parcours, j’ai trouvé beaucoup d’erreurs de raisonnement et parfois pire : quelques falsifications intentionnelles. La position où je me retrouve à l’arrivée est celle que j’avais au départ : celle des « experts » reconnus de la question, celle qu’exprime la théorie financière dominante telle qu’on la trouve exprimée dans les livres de référence de ma profession d’ingénieur financier.
Ai-je des regrets ? Non, et ceci pour plusieurs raisons. La première est que j’aurais pu continuer d’entretenir un doute : ma connaissance était-elle un véritable savoir ou bien l’aboutissement d’un endoctrinement ? Vous m’avez obligé de refaire le raisonnement entièrement, du début à la fin, et j’en ai éprouvé chacune des étapes au test de vos multiples objections. La deuxième, est mon intérêt en soi pour le fonctionnement de l’explication, je lui consacre mon livre à paraître et l’anthropologie des savoirs est celle à laquelle je m’identifie complètement. La troisième raison, est la découverte que j’ai faite à cette occasion du mécanisme de la manipulation de l’opinion par la désinformation. L’exemple est excellent : l’argent – un sujet qui nous touche tous de près ou de loin ; l’argent – un moyen que nous utilisons tous les jours sans que cela nous pose de problèmes ; les banques – qui nous prennent cet argent sous des prétextes multiples ; la monnaie – qui repose sur une « multiplication des pains » : la magie des « réserves fractionnaires » ; soit, au total, une combinaison fatale de mystère et de ressentiment qui nous fait suspecter l’existence d’un « scandale » et nous encourage à relâcher les principes que nous appliquons habituellement au raisonnement. J’ai pu constater ici que les « amateurs éclairés » ne prêtent pas suffisamment attention au fait qu’un maillon vicié dans le raisonnement (faux par naïveté ou par rouerie) l’invalide entièrement ; en ignorant cela ils tendent aux « experts » qu’ils critiquent les verges pour les battre.
Referais-je l’expérience ? Oui, parce que je reste convaincu qu’il existe des cas où les « amateurs éclairés » y voient en effet plus clair que les experts d’un savoir qui s’est fossilisé au fil des années. Oui, parce que je reste fasciné par le processus de la découverte : j’ai accepté autrefois un débat sur les OVNI, où j’ai découvert de la mauvaise foi dans les deux camps, j’ai ensuite accepté ici-même un débat sur 9/11 qui m’a permis de découvrir comment la morgue des experts les empêche de communiquer les résultats pourtant justes auxquels ils parviennent. Avis simplement à ceux qui ont quelque chose à vendre, de brun ou de noir : je ne vous tolérerai pas davantage.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
192 réponses à “Notre débat sur la monnaie : et si c’était à refaire ?”
Finalement, l’expérience humaine est une illusion d’optique de la conscience !
C’est Thomas Mur , qui essaye de définir une écologie libérale, qui m’a envoyé ce qui suit
Je ne pense pas que l’on puisse distinguer le fonctionnement de l’économie de la politique sociale; les deux sont intimement imbriqués. Proposer un antagonisme entre l’Etat et l’individu est une erreur, le groupe des individus (d’un pays) formant bien l’Etat. Qui plus est, laisser la propriété individuelle, et particulièrement celle des biens de production, grossir sans limite ne peut qu’aggraver les inégalités. Alors oui, la liberté de l’individu est importante, mais pas au point de lui permettre d’accumuler du capital sans limite et de devenir parfois aussi puissant qu’un Etat..
C’est la raison pour laquelle je propose la possibilité de transmission d’un capital « mobilier » sur une seule génération: ainsi le cumul générationel ne pourra pas avoir lieu et les « jouissances » d’un descendant des générations futures seront bien issues des fruits de son apport sociétal et non pas des apports sociétaux réalisés par ses ancêtres
Pour le premier exemple (le bâton) je dirais: » Ce bâton que vous avez trouvé par terre est le symbole des biens naturels qui appartiennent donc à la collectivité et non à celui qui l’a trouvé. Mais celui qui l’a trouvé ainsi que celui qui l’a transformé doivent chacun obtenir une juste rétribution pour leur travail.
Pour le second exemple, j’argumenterais seulement qu’il n’y a aucune raison qui puisse permettre à une usine de s’installer en amont, sauf si l’utilité collective est impérative sur les droits individuels du berger.
Quant au droit à détruire la Nature dont on a la « propriété », là encore je ne puis donner mon accord sur un concept aussi brutal. En effet, la Nature n’est pas propriété d’un seul, quelle que soit la petitesse de la fraction possédée. De plus, la Nature est un tout à l’échelle globale, et raser une forêt ou polluer un sol est un acte irresponsable et criminel, aussi bien envers ses contemporains qu’envers les générations futures. Enfin, même dans le cadre de l’idéologie libérale prônée dans l’exemple de Thomas, le droit à détruire la Nature dont on est « propriétaire » ne tient pas. De fait, la Nature, on le sait de mieux en mieux par les études scientifiques en environnement, fonctionne comme un tout à l’échelle globale, et donc en détruire une parcelle revient à porter préjudice à autrui, quelque part, ailleurs dans l’espace ou dans le temps, ce qui nous place dans le cas du berger et de l’usine.
Dans ce cas, le destructeur de la Nature doit cesser sa destruction ou réparer les dégâts, dixit l’idéologie. Pour prendre une analogie, la Nature est comme une grosse pendule très compliquée donc chacun des millions de rouage est utile. Si les petits démons qui habitent la pendule étaient des libéraux au sens donné ici, ils s’approprieraient chacun un rouage ou un bout de rouage. Donner à chacun le droit de détruire sa propriété reviendrait fatalement à détruire totalement au moins un rouage au bout d’un certain temps. Fatalement, tous les autres rouages cesseraient de fonctionner correctement, et en fin de compte, les personnes intéressées à lire l’heure seraient lésées. Il y a donc bien un préjudice causé à autrui par la destruction des morceaux de rouage.
Quand j’écris « je », je veux dire « nous » les sociétalistes ( http://wiki.societal.org/ )
@ tous, et notamment Paul, PYD, AJH, Étienne (derniers billets)
Quelques remarques :
1) Je crois qu’il convient avant tout de s’entendre absolument sur la portée réelle du terme « ex nihilo ». À mon sens, ce terme s’applique à tout moyen de paiement créé mais non basé sur une contrepartie en monnaie réelle (monnaie BC, encore appelée fiduciaire) (et anciennement en or).
Définir ainsi ce terme donne un tout autre éclairage au débat, le simplifie et l’ancre dans le réel et le mesurable.
En revanche, réfuter le terme « ex nihilo » en arguant du fait que la création est gagée sur la production de richesse future, revient à mélanger des pommes et des oranges, c’est-à-dire une quantité réellement créée de pouvoir d’achat immédiat et une quantité virtuelle, non mesurable, invérifiable et non certaine.
D’ailleurs, je signale que si cette production de richesse future n’a finalement pas lieu (ou pas complètement), des moyens de paiement auront ainsi été créés en trop, et donc pour le coup vraiment « ex nihilo ».
2) Partant, dès qu’il y a création de moyens de paiement au-delà de la contrepartie existante en monnaie BC, ces moyens sont créés « ex nihilo ». Ce qui pose un problème, largement théorique mais qui s’est quand même parfois concrétisé dans l’Histoire.
Bien sûr, c’est là qu’entre en jeu la loi des grands nombres (comme l’a bien expliqué PYD dans son dernier billet), qui veut que le risque d’une panique bancaire soit très faible. Et c’est bien là-dessus que les banques tablent.
Ne serait-il pas préférable de parler dans ce cas de moyens de paiement (d’argent) « virtuel » ?
3)
Mais c’est un mythe, une théorie, une illusion !!! Un danger ? je m’explique :
Vous êtes salarié. Chaque mois, votre entreprise vous verse votre salaire sur votre compte bancaire. En espèces (monnaie BC) ? Non ! En monnaie scrupturale, évidemment.
Or l’une des caractéristiques de la monnaie scripturale c’est que rien ne distingue un euro scriptural d’un autre euro scriptural, à la différence des billets, qui ont une existence matérielle (et sont numérotés).
Supposons que vous et moi soyons clients de la même banque et que j’y contracte un prêt pour acheter une maison. La banque va-t-elle me verser ce prêt en espèces (monnaie BC) ? Non ! En monnaie scrupturale, évidemment.
Partant, comment quiconque peut-il affirmer qu’une banque ne prête jamais les sommes déposées par ses clients ???
En effet, tous ces euros scripturaux sont consolidés dans les comptes de la banque, notamment pour qu’elle puisse déterminer si elle satisfait ou non aux ratios prudentiels, et sont donc totalement indifférenciés et indifférenciables ! Leur séparation/ventilation en soldes de comptes bancaires est purement comptable, mais les euros scripturaux sont placés dans un seul et même pool, utilisable par la banque à différentes fins !
Mais les dépôts en espèces, me direz-vous ? Ils sont immédiatement convertis en euros scripturaux et rejoignent le même pool, tout en augmentant marginalement les réserves fractionnaires de la banque…
4)
Question : Comment pouvez-vous affirmer qu’il y a toujours conservation des quantités ? N’est-ce pas là une réflexion théorique, une illusion, un mythe ?
Voici un contre-exemple, qui, selon la formule de Paul, suffirait à invalider toute cette théorie s’il s’avérait exact :
• je contracte un prêt pour acheter une maison. À la moitié du terme, je deviens insolvable. La banque saisit la maison, et la revend, à perte. Elle ne récupère donc pas la totalité du montant prêté.
Où est la conservation des quantités ?
Si vous me dites que la totalité de l’argent existe toujours, mais ailleurs, dans d’autres mains (d’abord celles de vendeur), je réponds que ces « autres mains » ne nous concernent pas puisque le problème posé est celui de la création/destruction de moyens de paiement au niveau des banques…
Si avec 1 ballon on crée 9 « possibilités d’un ballon », ce n’est donc pas « ex-nihilo » , mais basé sur l’équation « 1=x ».
@Archimondain,
Vous ecrivez « cela implique comme le souligne Paul et bien d’autres, qu’il y a conservation des quantités (mais sur une promesse mensongère). En pratique, la études statistiques (domaine extrêmement puissant des mathématiques pour expliquer le monde) montrent que la promesse n’est pas mensongère puisque statistiquement, les gens ne vont pas réclamer leurs argent en même temps. Mais, les statistiques montrent aussi, que la promesse peut s’avérer mensongère, mais juste ‘très rarement’. On espère alors que ce très rarement n’arrivera pas »
Si l’ on accepte l’ idée que je défendais dans un post précédent, (sur les ballons que peu a peu je remplace par des unités de crédit) http://www.pauljorion.com/blog/?p=1057#comment-11085 : en substance, je disais que la monnaie « impersonnelle » a été remplacée par une autre monnaie » personnalisée » (le crédit), alors il est faux de dire qu ‘ en vertu de la loi des grands nombres tout le monde ne va pas retirer son argent en même temps.
En effet, dans une déflation, tout le monde est obligé de retirer ses unités de crédit en même temps (remboursement urgent des dettes car la dette est de plus en plus lourde a supporter lorsque les salaires ou profits baissent).
Ceci rappelle un débat sur le détournement du principe de l’ assurance avec des produits structurés construits avec des variables faussement indépendantes les unes des autres, qui lorsque le risque se réalise ne jouent pas le role de couverture si chèrement payé.
Je constate que dans le debat sur la monnaie Loic Abadie est d’ accord pour dire que la dette (« l’ unité de credit » pour moi) est l’ étalon de la monnaie http://www.pauljorion.com/blog/?p=1057#comment-11132
Il est fonctionnel de considérer que la dette (ou « unité de crédit » pour moi) est un des attributs de cet objet que nous essayons de voir : « la monnaie ».
Il est fonctionnel de remarquer que « la monnaie impersonnelle » est remplacée par le credit-dette « personnalisé », et que c’ est la ou il y a problème. Celui qui a acces au credit-dette est celui qui est riche ( il peut faire varier tous les prix a la baisse, et tout s’ approprier, quand les autres sont obligés de vendre).
Avoir acces au credit-dette, c’ est recevoir de la richesse.
Ce qu ‘il faut réguler c’ est cela, (Comme autrefois on a essayé de reguler la propriété privée (marxisme , libéralisme etc…))
Il est faux de croire qu ‘un système purement étatique serait obligatoirement meilleur, comme le rappelle justement Loic.
Voila a mon avis « la taille » du problème posé par la monnaie…ce n’ est pas simple, car on se rend compte, que cela relève de problemes philosophiques tres anciens : qu ‘est ce que l’ etre, que peut on connaitre…
La lecture de Bertrand Russel, par les matheux pourrait peut etre nous eclairer ?
@A-J Holbecq
‘Qu’ est-ce que l’argent pour vous ?’.
Pour moi l’argent représente le flux d’échange du travail (au sens philosophique du terme) de l’humanité. Comme aujourd’hui tout s’achète ou presque, l’argent a un immense pouvoir. Je développerais volontier sur la question, mais ce serait un peu long. Le fait qu’il soit papier ou scriptural ne change rien en soit. Cela n’est qu’une information. Il se trouve que quand l’argent dort sur des comptes en banque, il n’y dort en fait pas du tout. Il n’est plus là. Il est prêté. Même si la banque certifie le contraire. Les chiffres que vous donnez (qui représentent les divers agrégats monétaires à un instant t) suggère qu’il y a multiplication. Mais à mon avis, il n’y a multiplication que parce que l’on compte l’argent que les gens croient posséder et ne possède en fait pas. Si la masse monétaire augmente effectivement dans le temps, c’est à cause des nombreuses bulles inflationnistes, mais aussi parce que les richesses réels augmentent, elles aussi. (du moins selon les formules utilisées pour leurs calculs, car jamais les ressources naturelles ne sont inscrite dans la colone actif de la planète quand on estime le PIB de celle-ci). Il y a je pense une vrai réflexion à mener sur la légitimité et la signification des taux d’intérêts.
@Greg
D’après ce que j’ai compris, et pour ne pas faire mentir la citation de « Denis Clerc, professeur d’économie « Déchiffrer l’économie », Chapitre 4 La monnaie et le crédit, p. 163. » repérée par gilles Bonafi, oui, la banque peut inscrire 9 morceaux de papiers au compte d’un client alors qu’elle ne possède qu’un seul ballon. Mais au moment où ces ballons fictifs doivent sortir de la banque (retrait en espèce ou tranfsert vers une autre banque), alors celle-ci est dans l’obligation de fournir 9 vrais morceaux de papier (et pas ceux qu’elle a créé à partir de rien). En ce sens, la vidéo de Paul Grignon porte à une grande confusion, car à partir des 1111,11 de départ en banque centrale, elle peut effectivement créditer le compte d’un client de 10.000. Et celui-ci peut aussi faire un chèque avec (dans la vidéo, il achète une voiture par chèque). Tant que le chèque n’est pas encaissé, les 10.000 n’ont pas besoin de contraparties réelles. Evidement, la vidéo fait l’impasse la dessus, et ne précise pas que au moment de l’encaissement du chèque, les actionnaires seront dans l’obligation de rajouter 10.000 avant de les donner (ils leurs restera alors les réserves fractionnaires obligatoires).
Autre remarque,
De même que Paul, considère qu ‘il faut invalider un raisonnement qui contient une erreur, il me semble important d’ invalider d’ emblée toute théorie qui proposerait des solutions, sans avoir été bâtie préalablement sur une théorie (fonctionnelle) de la monnaie.
C’ est là que ce situe le prosélytisme contre lequel il faut lutter.
« La science ne cherche pas à énoncer des vérités éternelles ou de dogmes immuables ; loin de prétendre que chaque étape est définitive et qu’elle a dit son dernier mot, elle cherche à cerner la vérité par approximations successives. »
(Bertrand Russell / 1872-1970 / ABC de la relativité / 1925)
J’y comprends plus rien à ce débat et pour le coup je crois que c’est Paul Jorion qui entretient la confusion avec des phrases du genre « La position où je me retrouve à l’arrivée est celle que j’avais au départ : celle des « experts » reconnus de la question, celle qu’exprime la théorie financière dominante telle qu’on la trouve exprimée dans les livres de référence de ma profession d’ingénieur financier. »
Les experts reconnus de l’économie, et même tous les manuels, disent qu’il y a bien création monétaire par les banques privées lorsqu’elles font un prêt. Ce qui se résume à « le crédit fait les dépots et non l’inverse ». Or, moi j’avais cru que Boris et Paul Jorion soutenaient qu’il n’y avait pas de création monétaire…
@Archimondain,
Merci beaucoup de cette clarification de 1ere importance pour moi 🙂
Je n’avais pas bien intégré la contrepartie dans ma compréhension du phénomène.
Je comprend mieux le point de vue selon lequel au niveau unitaire (un crédit), il n’y a pas de création monétaire ex nihilo par les banques commerciales. Et la conservation des quantités se justifie.
Je comprend également qu’au niveau macro, cette création existe, du fait du différentiel temporel d’émission des crédits et de l’encaissement en bout de chaine de ceux-ci. Ensuite j’imagine qu’il ne s’agit que d’un jeu de compensation entre banques, jeux à somme plus ou moins nulle à long terme. Du coup le système pris dans son ensemble est créateur de monnaie…
Merci de me corriger si je me trompe à nouveau 😉
@Paul Jorion.
Si le premier avait effectivement dit « Ceci est à moi », peut-être les pieux aurait-ils été arrachés, qui sait.
Mais concrètement, je crains que le premier et les suivants n’aient plus exactement énoncé la phase : « Ceci est chez moi ». Et que devant ce sympathique chez, nul n’est rien trouvé à dire, bouclant ainsi la boucle, que : « prouvez-le ».
Mais je m’en vais moi aussi commencer par le début : vous dire en premier lieu bonjour ; parcourir ensuite les précieuses archives de votre blog avant que d’ouvrir à nouveau ma bouche de néophyte en économie. Promis.
@Archimondain
je répète ma question, puisque vous avez écrit
” statistiquement, les gens ne vont pas réclamer leurs argent en même temps. “
Qu’est ce que c’est « réclamer son argent » ? demander des billets de banque ? Dans ce cas c’est vrai, il n’y en a pas immédiatement pour tout le monde (il faudra attendre que les imprimeries tournent)
Si c’est demander à ma banque de faire un virement à une autre banque, c’est déplacer le problème.
Mais de toute façon, quelque soit la monnaie (l’argent) dont nous disposons (tous les « signes » stockés sur tous les genres de comptes) il en manque pour assurer les termes du contrat avec les fournisseurs de monnaie (d’argent) c’est à dire les banques … puisqu’elles ont, pour nous, créé toute cette monnaie, mais que seuls des crédits futurs créeront les intérêts dus…
Lisez donc parmis certains bulletins de l’ADED les deux suivants sur http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=PageADED (en bas)
– Pas d’argent sans endettement
– Marché de dupes , dont j’extrait
@ Greg et Archimondain
Peut-être tout le problème réside-t-il dans ces « jeux à somme plus ou moins nulle à long terme ».
La crise actuelle ne démontre-t-elle pas que la marge de variation par rapport à cette somme nulle peut être très importante et jeter à bas toute une économie ?
On ne peut pas raisonner sainement en mélangeant des sommes calculées sur la base de valeurs instantanées à un temps T et des sommes virtuelles dont la valeur est estimée à un temps T+x. En effet, on ne connaît pas le taux de variation sur l’intervalle de temps x, et on risque donc d’avoir créé des moyens de paiement ex nihilo si à T+x la production de richesse future est inférieure à l’estimation (souvent un véritable pari !) effectuée en T.
@ tous
Je n’ai malheureusement pas eu le temps de lire tous vos commentaires du matin, mais je compte bien me rattraper ce soir, connaissant toutes les pépites qu’on doit pouvoir y trouver. Je voudrais quand même rapidement vous faire part d’une révélation qui m’est apparu ce matin. C’est en réfléchissant aux suites de la crise que j’y ai vu plus clair (mon intention n’est pas de faire dévier le débat sur la monnaie) :
Hyperinflation ou déflation : le débat sur les suites de la crise économique fait rage.
L’erreur de chacun repose sur la compréhension de la nature de la monnaie.
D’un côté, les hyperinflationnistes n’arrivent pas à comprendre que la monnaie n’a pas uniquement la fonction d’échanges, et que sa fonction spécifique de réserve de valeur lui permet de s’appuyer sur le vide (l’absence de contrepartie immédiate que constitue la dette) pour fabriquer de la monnaie. En ce sens, il n’arrive pas à saisir le principe de monnaie, en tant que dettes.
Mais d’un autre côté, les déflationnistes, analysent la fonction de « réserve de valeur » de la monnaie, comme étant de nature distincte à sa fonction d’échanges (cash), alors ils commettent l’erreur de penser que ce n’est pas la même « monnaie »… Or, quand il y a un appel au cash, on demande à la monnaie de changer de fonction, c’est à ce moment-là qu’on se rend compte qu’il s’agit quand même de « monnaie ».
Le mouvement de déflation n’est possible que si il y a un phénomène de compensation (en l’occurence, la dette publique) qui permet la création monétaire de nouvelle monnaie ayant la fonction de réserve de valeur (dettes, donc pour compenser). Dans le cas contraire, on est dans l’explosion d’un système monétaire, une hyperinflation causée par la dévaluation forte des monnaies.
Les deux scenarii sont possibles parce qu’ils dépendent de l’ampleur du phénomène de compensation.
Les deux visions sont possibles car elles reposent toutes les deux sur une mauvaise vision de ce qu’est la monnaie.
Une distorsion entre les différents aspects symboliques qu’on lui confère.
La monnaie n’a qu’une seule nature… mais trois fonctions.
En ce sens, je crois qu’il faudrait proposer à Boris Ascrizzi, une fiche philo de terminale sur la distinction nature/fonction 🙂
Russell raconte dans son autobiographie comment, en réfléchissant sur la classe (l’ensemble) des classes qui ne sont pas membres d’elles-mêmes, il a eu pour la première fois l’impression de se trouver confronté au paradoxe sous une forme vraiment scientifique. Il explique comment, pendant deux ans, cette difficulté a bloqué sa pensée. Il dit n’avoir résolu ce paradoxe qu’à partir du moment où il décida qu’il n’avait d’autre solution qu’une interdiction : il ne faut pas construire des propositions autoréférentes. Il est intéressant de noter que même un esprit aussi éminent que Russell n’a su résoudre ce type de problème qu’en interdisant, de façon tout à fait dictatoriale, l’AUTORÉFÉRENCE. ( P. Watzlavick dans « Bateson, premier état d’un héritage », seuil, 1988)
Avant de « faire une synthèse », peut-être conviendrait-il de repérer dans les commentaires ci-dessus les propositions auto-référencielles, et si possible de les éviter à l’avenir…
vous parlez du paradoxe du barbier qui rase tous ceux qui ne se rasent pas eux même ?
@Étienne Chouard (27 novembre 2008 à 00:22 )
Bravo pour ce post !
Sur l’explication qu’avancera Jean Bayard, si je peux anticiper :
1. La banque (bA) crée sa monnaie temporaire au bénéfice de son client emprunteur (A) et met la dette de celui-ci en contre-partie. La masse monétaire bancaire augmente immédiatement.
2. Son client n’emprunte pas pour le plaisir de rembourser, notamment l’intérêt qui va nourrir son banquier : il achète.
3. Sa monnaie temporaire est donc désormais sur le compte de son vendeur (B), dans une autre banque (bB) vraissemblablement. Le crédit de A a fait le dépôt de B.
4. entre A et bA il n’y a plus qu’un compte courant plus ou moins à l’équilibre et une dette de A vis-à-vis de bA.
5. entre B et bB il y a un compte courant exédentaire que B va utiliser : on se rend compte que cet argent là ne peut plus être détruit par A ni bA ; bB n’y touche pas, ne le reprête pas.
6. A l’échelle du système bancaire dans son entier, tout reste en équilibre.
7. Au fur et et à mesure du remboursement du capital, la dette de A diminue et la monnaie correspondante est détruite à l’échelle bancaire globale. La masse monétaire bancaire se réduit, l’équilibre bancaire global est toujours constaté.
bA qui avait initialement constaté une fuite de sa monnaie la retrouve et l’annule dans le temps tandis que d’autres banques constatent une fuite correspondante. (bA s’enrichit des intérêts que A a dû gagner en plus du capital, au « détriment » de ceux qui lui ont payé son travail ou ses biens vendus)
8. Si A défaille, alors sa banque bA se subsitue à lui pour rembourser le capital (et s’assoit sur les intérêts qu’elle aurait touché) via ses réserves. Il y a toujours équilibre. Mais bA s’appauvrit si la vente du gage est impossible ou d’un montant insuffisant.
Les possesseurs de la monnaie initiale de A, qui a circulé, sont pas concernés.
C’est ce point qu’avancera Jean, je pense. Si ce n’est A sur ses revenus c’est bA sur ses réserves ou la vente de la garantie.
—-
Evidemment les temps modernes conduisent à pousser le raisonnement :
L’euphorie s’étant développée, ou l’escroquerie ayant été poussée trop loin ou trop vite ; bA a trop d’impayés, ses réserves sont liquidées. Elle vend des actifs, augmente son capital, émet un emprunt … enfin, si elle le peut.
Sinon elle défaille et est reprise par une concurrente. A ce moment soit le nouveau propriétaire tape dans ses propres réserves (en comptant se refaire sur la durée), soit il rencontre encore des impayés, toujours plus nombreux. Ses confrères et concurents aussi. Les prix des garanties, toutes mises en vente, chutent. Les marchés sont gelés. Les réserves fondent.
La monnaie temporaire ne peut plus être détruite puisque les créances ne peuvent plus être remboursées. L’Etat intervient … avec l’argent des contribuables. Nous en sommes là.
Le cercle verteux du dégrisement continue.
L’Etat ne peut plus lever d’argent par l’impôt car la récession réduit les bénéfices des sociétés et les revenus des contribuables, produit du chômage, qui réduit la consommation, qui produit des faillites, qui etc… Que l’Etat va tenter de contre-balancer : alors que ses recettes diminuent, ses engagement augmentent.
L’Etat doit lever de l’argent par l’emprunt mais ceux qui ont du capital surveillent très attentivement le risque de non remboursement. Les taux des emprunts d’Etat, cours et longs, montent. Ce qui accroît le risque, ce qui fait monter les taux, accroît la récession, qui etc…
C’est déjà demain.
L’Etat ne peut plus lever d’argent, ni par l’impôt ni par l’emprunt : ceux qui ont du capital refusent de prêter, les taux des emprunts d’Etat, cours et longs, sont au plus haut. L’Etat doit imprimer la monnaie manquante. C’est la défaillance de sa monnaie. Les dettes sont remboursées en monnaie de singe.
C’est après-demain.
« en sorte que lorsqu’on parle de la nature de l’homme, de celle des animaux (…) ce mot signifie (…) la quantité totale, la somme des qualités dont la nature, prise dans la première acception, a doué l’homme, les animaux (…) »
Merci.
On pourrait dire, ainsi, s’agissant de la nature de la monnaie, que ce mot signifie la somme des qualités dont elle est dotée.
Une seule nature, trois qualités (ce que j’appelais fonctions)…
Et que Boris se mélange les pinceaux entre qualités et nature.
Une bonne analogie serait sans doute celle d’une molécule et de son état (gazeux, solide, liquide).
C’est pas parce qu’une molécule est à l’état gazeux qu’elle n’existe pas.
Autrement dit, c’est pas parce que la monnaie est à l’état de réserve de valeur qu’elle n’est pas vraiment de la monnaie qui doit pouvoir se transformer très vite en « liquide », si nécessaire 🙂
Pour pousser le mode provoc’ un peu plus loin, je dirais que nos esprits sont apparemment colonisés par l’illusion de la monnaie qui n’est pas vraiment de la monnaie. Pour renvoyer chacun à sa méprise, je retiens donc d’une part :
« Il faut croire au Père Noël pour voir un scandale dans le fait qu’il n’existe pas ».
Qui me semble exprimer très justement le biais des… « anti ex nihilo » pour le dire vite.
« Il faut croire au Père Noël pour ne pas voir un scandale dans le fait que personne n’a pensé à acheter de cadeaux ».
Qui me semble être une façon d’exprimer le biais de la façon de penser des plus « orthodoxes ».
la poule est un animal qui pond des oeufs et qui vient elle même d’ un oeuf.
Si il existe un animal qui pond des oeufs, mais qui ne viendrait pas lui même d’ un oeuf, alors c’ est autre chose qu’ une poule.
Si il existe un objet qui donne une poule mais qui n’ aurait pas été pondu par une poule préalablement, alors ce n’ est pas un oeuf.
L’ est un attribut de la poule, il n’ existe pas sans elle.
La question de l existence de l’ un sans l’ autre, n’ a pas de sens.
il fallait lire « L’ oeuf est un attribut de la poule »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Russell
Sur la distinction nature/fonction. Je ne crois pas qu’une fiche de terminale suffirait.
En fait la distinction nature/fonction s’adosse à la totalité de l’histoire de la pensée occidentale.
Ce qu’est la nature d’une chose (qu’est ce qu’une « chose »?) relève de la métaphysique (qu’est ce que l’essence de l’essence?), et implique des discussions de fond de Socrate à Heidegger (c’est LA recherche qui oriente toute sa vie, et au fond il n’est pas tellement eloigné de Wittgenstein…) en passant par la scolastique médiévale (quoddité/quiddité).
Ca contrairement à ce que pensait Wittgenstein « saying that metaphysics is non sense IS non sense.
L’idée et l’usage même qu’on fait du concept de « fonction » est typiquement moderne en revanche. Il pose des tonnes de difficultés en sociologie/anthropologie mais aussi en philosophie de la nature et en particulier en biologie (quand il s’agit de penser la pertinence du concept de « finalité », l’exemple canonique étant celui du « système immunitaire »).
Evidemment tout le problème vient de l’articulation des deux concepts « nature »/ »fonction ». Et on redécouvre ici le problème « théorie normative » et « théorie descriptive/explicative ».
1/ Est ce que NOUS fixons d’abord le rôle de la monnaie pour nous même (c’est une institution et nous décidons d’en faire ce que NOUS voulons en faire), auquel cas nature et fonction de la monnaie sont intimement soudés… Dans un second temps il faudra comparer ce qui se fait avec ce qui devrait se faire, et poser de nouvelles regles du jeu.
(au sens strict de ce qui se passe quand on change les règles d’un sport collectif… on redistribue les capacités à agir des joueurs de manière à obtenir un certain résultat… voire les discussions sur une évolution éventuelle des regles du rugby… mais, et c’est là l’essentiel ceci implique que ce qui compte avant tout, le point de départ, ce ne sont pas les « règles » mais « l’institution » et sa signification sociale… nous n avons pas besoin d’un droit constitutionnel de l economie, nous avons besoin d’un droit constitutionnel de l’entreprise, d’un droit constitutionnel du systeme bancaire etc etc… ceci implique de renouer avec le thomisme et de rompre avec tout ce qui dérive ici de la philosophie moderne de la loi depuis Guillaume d’Ockam).
2/Ou bien est ce que nous cherchons à décrire « la façon dont la monnaie est produite hic et nunc »? Et dans ce cas vient dans un second temps une appréciation morale qu’il faudra justifier, et de manière toute aussi rigoureuse qu’on le fait pour le reste (on peut partager l’analyse de Paul, qu’elle quelle soit et malgré tout, pour des raisons indépendantes, trouver tout cela parfaitement immoral/ incompatible avec l’idéal de respect mutuel entre égaux ou un idéal quelconque de la coopération socialel!!!). Et retour à la case 1/
(j’ai parfois l’impression que Paul estime que nous devrions tous être d’accord sur ce qui constitue une faute morale ou pas, la question se résumant ensuite à comprendre ce qui se passe avec la monnaie pour savoir si oui ou non ce qui se passe effectivement rentre dans la case « faute morale ». D’ailleurs il faudrait déjà discuter en amont quel est le « point de vue moral » pertinent lorsque l’on parle d’un bien public).
Quoiqu’il en soit dans cette perspective d’explicitation du réel, on ne peut que partir des fonctions observées de la monnaie A L INTERIEUR DU SYSTEME QUI EST LE NOTRE (jeu de rôles) , et pas de sa « nature », qui sera de toute façon déduite, dans un second temps, des fonctions observées. Peut-être même est-il impossible de remonter de toutes les fonctions observées à UNE nature.
Un manuel d’économie qui commence par un présupposé du type « la monnaie est X » et « la monnaie à pour fonctions a,b,c » pose problème. Il empêche de situer CORRECTEMENT le niveau du discours…
– Il essentialise ce qui au fond n’est qu’artificiel (la loi des grands nombres n’y change rien). De plus -car ces deux idées ne se recoupent pas exactement- il oublie qu’il ne fait que « décrire » l’état d’un système PARTICULIER. Et enfin, il donne la forme d’un jugement analytique à ce qui n’est qu’un jugement synthétique a posteriori, en mettant la conclusion au début (on se fout, du strict point de vue de l’analyse, de connaître l’histoire de la monnaie, les proriétés de l’or comme monnaie, puisqu’aujourd hui la monnaie est tout autre chose).
– Plus grave, il commet un paralogisme plus ou moins involontaire entre les ordres normatifs et descriptifs.
Un tel manuel commence mal et son manque de rigueur condamne sa crédibilité.
Je reste persuadé que cette question est capitale… et que création ex nihilo ou pas, la question de savoir si la façon dont la monnaie est produite/circule est politiquement/moralement adéquate, n’est pas et ne sera jamais une question d’économie, ou alors déconomie normative c’est à dire de philosophie politique et morale appliquée.
Par ailleurs, qu’on ne puisse pas décrire correctement « ce qui se passe » alors qu’il s’agit d’une institution humaine dépasse l’entendement! En sciences de la nature ce genre de chose est tout à fait légitime. Mais ne pas comprendre ce de quoi nous sommes les auteurs tend à montrer que la question est toujours déjà de facto normative (a chaque grammaire normative sa description de la réalité… reste à arbitrer entre elles, sur le plan normatif).
Qui plus est, des institutions qui sont incompréhensibles pour les citoyens experts sont trop complexes pour un régime démocratique. La clarté prime l’efficience en politique. C’est un argument que les républicains n’ont jamais sous-estimés (plus les règles sont compliquées, plus les possibilités de manipulation des citoyens par d’autres citoyens sont élevées, et les conditions d’un contrôle efficace de l’institution par les citoyens ne sont pas no plus remplies).
Me reste à prendre des cours de macro. Mais ca vaut le coup d’y consacrer une dizaine d’années.
Pour l intrusion des non specialistes dans le debat:
L’argument classique est qu’on gagne en légitimité ce qu’on perd sur le plan épistémique lorsue les experts discutent entre eux. Toute la difficulté, et ce n est pas possible sur un blog, consiste alors à chercher « la meilleure formule », avec l’établissement de différentes règles procédurales dans la tenue de ces débats. Il y a ainsi des discussions publiques fermées/ semi-ouvertes/ ouvertes…
Toutefois on n a pu montrer que le fait d’intégrer les non spécialistes, parties prenantes ou pas, permettait de mettre l’accent sur des dimensions du problème que les spécialistes n’avaient pas perçu, ou jugeaient à tort évidentes par elles-mêmes (voire l’intégration – qui fut source de conflits terribles – des malades dans la gestion de l’épidémie de Sida). Sur le plan personnel le spécialiste gagne toujours beaucoup à ce genre de débat. Ne serait-ce que parce que ca l oblige à s’assurer de la valeur de ce qu’il sait… étant souvent obligé de se confronter à des objections « à la con » plus problématiques que prévues au départ (je parle d’expérience).
Pour ma part, j’estime que si ce genre de débat permet ne serait ce que de montrer au non specialiste que la question est problématique, de montrer ce que fait exactement le chercheur, les raisons et les enjeux pratiques qu’il a à se poser des questions a priori abstraites, de présenter ses doutes, ses hesitations même si elles ne sont que ponctuelles, et de donner envie de se lancer soit même dans l aventure (comme c’est le cas pour moi), alors il vaut largement le coup.
@ nuknuk66,albert,hypolite et …..
SVP Epargnez-nous les reproductions d’articles en entier et le dictionnaire des citations .Faites un joli dessin et Paul le publiera.Bien à vous.